Déséquilibres électrolytiques Nicolas Garin Service de médecine interne générale HUG Programme Composition corporelle: compartiments Déterminants des flux à travers les membranes biologiques Sodium Potassium Conclusion Compartiments • H2O = 50 - 60% volume corporel • 2/3 intracellulaire (IC), 1/3 extracellulaire (EC) • EC: 1/3 intravasculaire, 2/3 interstitiel • Exemple: choc hypovolémique sur hémorragie de 1000 cc Perfusion de 1000 ml de G5% Perfusion de 1000 ml de NaCl 0.9% Répartition de l’eau Déterminants des flux à travers les membranes biologiques Régulation volume extracellulaire: les forces de Starling Déterminants des flux à travers les membranes biologiques Potentiel électrique de la membrane cellulaire Objectifs de la cellule • Maintenir son volume → maintenir son osmolarité • Maintenir son milieu interne riche en potassium et pauvre en sodium • Maintenir son potentiel électrique de membrane → propriétés de conduction du potentiel d’action (neurones, cardiomyocytes) • Δ Na, Δ K → stress osmolaire, Δ excitabilité membranaire • *Na+ (+Cl) = principal déterminant de l’osmolalité effective du compartiment extracellulaire • Δ *Na+ → Δ osm EC → Δ volume EC et IC – Hyponatrémie : œdème cellulaire , hypertension intracrânienne, encéphalopathie – Hypernatrémie: déshydratation cellulaire, muqueuses sèches, encéphalopathie • La quantité de Na dans le corps détermine le volume du compartiment extracellulaire rétention sodée (activation chronique du système rénine-angiotensine-aldostérone dans l’insuffisance cardiaque, cirrhose)→ oedèmes, ascite, épanchements pleuraux Perte massive de sel (vomissements, iléus) →Tachycardie, hypotension et insuffisance rénale fonctionnelle La quantité d’eau libre dans le corps détermine la natrémie: vasopressine • Neurones hypothalamiques sensibles à l’osmolarité • Autres stimuli: hypovolémie; nausées; douleur; multiples médicaments; pathologie intracrânienne (HSA, tumeur) • Sécrétion paranéoplasique par certaines tumeurs Encéphalopathie métabolique Hyponatrémie Clinique Hypernatrémie 125-130 Irritabilité, N/V, malaise 145-150 120-125 Céphalées, somnolence 150-155 <120 ROT vifs, épilepsie, coma, décès >155 Règles générales •La vitesse d’installation du trouble est primordiale. Plus l’installation est brutale, plus les symptômes sont importants et apparaissent précocément. •Adaptation cérébrale par synthèse d’osmolytes (hypernatrémie), ou secrétion de solutés organiques (hyponatrémie) •La vitesse de correction doit être proportionnelle à la vitesse d’installation Dysnatrémie: le docteur peut être dangereux hyponatrémie Causes fréquentes • Hypernatrémie • Manque d’apport en eau libre • Pertes excessives de liquide hypotonique (sudations, diurétiques de l’anse, diarrhées, diabète insipide…) • Hyponatrémie • Rétention H20 >> Na -> états d’hypovolémie effective • Rétention H20 (SIADH) • Potomanie, apports trop importants en liquide hypotonique • Algorithme en cas d’hyponatrémie / hypoosmolarité: 1/ déterminer la volémie 2/ déterminer la réponse rénale (osmolarité, natriurèse) Débit tubulaire Activité aldostérone [K] sérique [K+] intracellulaire • • • • • Maintient du volume cellulaire, Contrôle d’enzymes intracellulaires, Synthèse de protéines et DNA, Maintient du potentiel transmembranaire Régulation du pH intracellulaire Causes d’ hyperkaliémie: Hyperkaliémie redistributive Apport massif: crush syndrome, accident transfusionnel, syndrome de lyse Diminution des capacités excrétrices rénales • Dépendantes de l’aldostérone: hypoaldostéronisme médicamenteux, hormonal (Addison) • Dépendantes du débit tubulaire: insuffisance rénale aigue ou chronique Hyperkaliémie redistributive Exemple hyperkaliémie • Décompensation diabétique: – Hypersomolarité • Perte d’H2O intracellulaire • Perte de potassium cellulaire – Hypoinsulinémie, acidose métabolique • Diminution de l’entrée du potassium dans les cellules – Diurèse osmotique • Pertes urinaires de potassium Hyperkaliémie avec déplétion des stocks intracellulaires Effets de l’hyperkaliémie • Faiblesses puis paralysies musculaires flasques • Troubles de la conduction et arythmiques cardiaques – Aggravés par hypocalcémie, hyponatrémie, acidémie – D’autant plus sévères que l’installation est rapide Répercussions ECG Traitement de l’hyperkaliémie • Stabiliser le potentiel de membrane Calcium IV • Shift extracellulaire->intracellulaire Béta2 mimétiques Correction de l’acidose Insuline-glucose • Diminution du contenu corporel Restaurer diurèse Diurétiques de l’anse Hémodialyse Causes d’ hypokaliémie: Hypokaliémie redistributive: alcalose, insuline, béta2 mimétiques… Manque d’apports Pertes extrarénales: vomissements, diarrhées, sudations profuses Pertes rénales: • Augmentation débit tubulaire Traitement de l’hypokaliémie • Correction des valeurs de kaliémie, suivie de réplétion des stocks corporels Pour une baisse de 1 mmol de la kaliémie, il faut à peu près 350 mmol de potassium Souvent associé à déplétion en magnésium Attention à la concentration et à la vitesse de perfusion Attention à l’hypokaliémie lors de décompensation diabétique Conclusions (1) • L’appréhension des troubles électrolytiques requiert une connaissance des compartiments corporels et de la physiologie / pathologie du passage de l’électrolyte de l’un à l’autre • Un changement de la volémie intra et extra cellulaire peut être étroitement liée au trouble électrolytique • La *+ sérique de l’électrolyte ne prédit pas nécessairement un déficit en contenu corporel de l’électrolyte (distribution, quantité d’eau libre…) Conclusions (2) • Il est très utile de connaître la réponse des reins au trouble électrolytique pour élucider sa cause • La majorité des troubles électrolytiques ont une base multifactorielle • La correction rapide d’un trouble électrolytique peut être plus délétère que le trouble lui-même • …les médicaments sont, en intrahospitalier, l’une des causes majeures de troubles électrolytiques MERCI !