Byetta R ev u e de presse B Coordination : Estelle Louiset (Rouen) Acide folique et risque de cancer de la prostate Acides gras oméga 3 et oméga 6 plasmatiques et insulinorésistance chez des patients coronariens Cancer et dénutrition : rôle de la renutrition et de l’EPA Rfx6 : un nouveau facteur de transcription impliqué dans la formation des îlots de Langerhans TMEM127 : un nouveau gène de susceptibilité aux phéochromocytomes Microalbuminurie et grossesse chez des patientes diabétiques de type 1 : devenir materno-fœtal ? 126 Des apports élevés en folate (vitamine B9) sont associés à une réduction du risque de cancer. Toutefois, des études récentes indiquent qu’une supplémentation à haute dose pourrait augmenter le risque de cancer colorectal chez les sujets ayant des lésions prénéoplasiques. Les apports conseillés sont de 300 à 400 µg/j. Des études ont évalué l’effet de l’apport en folate (1 mg/j) sur le risque de cancer de la prostate. Une analyse secondaire de l’étude AFPPS (Aspirin/Folate Polyp Prevention Study), réalisée chez 643 hommes suivis pendant 10,8 ans en moyenne, montre que l’aspirine n’a pas eu d’effet sur le risque de cancer de la prostate. La probabilité de développer un cancer de la prostate était plus élevée chez les sujets supplémentés en acide folique à forte dose (9,7 % contre 3,3 % chez ceux ayant reçu un placebo). En revanche, chez les sujets témoins, il a été observé une relation inverse entre la concentration plasmatique en folates et le risque de cancer de la prostate. Ces observations contradictoires pourraient être liées à l’activation de lésions prénéoplasiques préexistantes par l’apport en folates à forte dose, mais également à une différence d’effet des formes naturelles et synthétiques de l’acide folique. Ces données méritent d’être confirmées et incitent à la prudence dans la supplémentation en folate. J.M. Lecerf (Lille) • Figueirido JC et al. J Natl Cancer Inst 2009;101:432-5. • Mason JB et al. Nutr Rev 2009;67:206-12. • Dary O et al. Nutr Rev 2009;67:235-44. Acides gras oméga 3 et oméga 6 plasmatiques et insulinorésistance chez des patients coronariens Les études chez l’animal suggèrent que les acides eicosapentaenoïque (EPA) et docosahexaenoïque (DHA) peuvent réduire l’insulinorésistance. Les données obtenues chez l’homme sont contradictoires, suggérant en outre des effets identiques des acides gras (AG) oméga 6 et oméga 3. La teneur en AG des phospholipides plasmatiques et l’insulinorésistance (HOMA-IR) ont été mesurées chez 734 sujets canadiens 8 semaines après un accident coronarien aigu. Les sujets porteurs d’un syndrome métabolique avaient des concentrations plus élevées en C16:0, C18:0 et AGPI n-6, alors qu’ils présentaient des teneurs plus basses en EPA et DHA. Le HOMA-IR était corrélé positivement à la teneur en AG saturés et AGPI n-6, mais négativement aux niveaux d’AGPI n-3 (EPADPA) chez les sujets ayant un syndrome métabolique. Les teneurs en AGPI n-3 et AGPI n-6, ainsi que le rapport n-6/n-3, étaient associées au HOMA-IR chez les sujets ayant un syndrome métabolique quels que soient l’apport en AG saturés, l’âge, le sexe, la pression systolique, la sédentarité, la consommation de tabac, le tour de taille et les taux de triglycérides et de cholestérol HDL. Ainsi, les AGPI n-3 (EPA et DHA) sont associés à une diminution de l’insulinorésistance chez les patients coronariens ayant un syndrome métabolique. Il reste à examiner l’existence d’une éventuelle relation de causalité. J.M. Lecerf (Lille) • Nigam A et al. Nutr Metab Cardiovasc Dis 2009;19:264-70. Cancer et dénutrition : rôle de la renutrition et de l’EPA La chirurgie du cancer de l’œsophage est une chirurgie agressive souvent pratiquée chez des patients dénutris. Elle entraîne des modifications métaboliques, immunitaires et des complications postopératoires lourdes avec une diminution de la masse maigre, et en particulier de la masse musculaire, responsable d’une sarcopénie aggravant une dénutrition préexistante liée à l’anorexie et à l’état inflammatoire. Le TNFα (ex-cachexine) est une cytokine inflammatoire impliquée dans ce cercle vicieux puisqu’elle contribue à la protéolyse. A.M. Ryan et al. ont étudié les effets d’une supplémentation nutritionnelle orale en un acide gras oméga 3 à longue chaîne, l’acide eicosapentaenoïque (EPA), sur la qualité de vie de patients opérés d’un cancer de l’œsophage en complément d’une alimentation entérale standard. Il s’agit d’une étude randomisée en double aveugle. Le groupe test a reçu une formule enrichie de 2,2 g d’EPA avant et 21 jours après l’intervention, alors que le groupe témoin a été alimenté avec la formule entérale standard. Cinquante et un patients ont terminé l’étude. La teneur en EPA des membranes des monocytes et la teneur sérique en EPA ont augmenté significativement dans le groupe test. Dans ce groupe, la composition corporelle est restée inchangée après l’opération, alors que la masse maigre a diminué de 1,9 kg dans le groupe témoin. Sous EPA, les réponses au stress étaient plus faibles pour le TNFα, ainsi que pour les interleukines IL-10 et IL-8. Cette étude montre qu’une supplémentation en EPA avant et après l’opération renforce les effets de la nutri- >>> Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 5 - mai 2010 Scrib Acide folique et risque de cancer de la prostate BYET prére inject synth BYET (0,25 BYETT chez oraux fois p non r déjeu BYETT sousPatien à effe de l’e CONT ET PR diabè des c rénale une i rénale chron chez d foncti après les pa patien pancr hémo suspe repris les m < 25 k être e peut R ev u e de presse >>> tion entérale chez des sujets devant subir une intervention chirurgicale pour un cancer de l’œsophage, avec une action bénéfique sur la composition corporelle, et sans effet défavorable sur l’évolution après l’opération. Le retentissement sur la qualité de vie mériterait d’être mesuré à plus long terme. J.M. Lecerf (Lille) • Ryan AM et al. Ann Surg 2009;249:355-63. Rfx6 : un nouveau facteur de transcription impliqué dans la formation des îlots de Langerhans Durant le développement embryonnaire, le facteur de transcription neurogénine 3 (Neurog3) initie la différenciation de tous les types cellulaires endocrines à partir de l’endoderme pancréatique. Le programme génétique qui complète la différenciation des cellules progénitrices en cellules endocrines matures n’est pas complètement élucidé. S.B. Smith et al. ont recherché les gènes coexprimés avec Neurog3. Ils ont choisi d’étudier Rfx6, un membre de la famille des protéines Regulatory Factor X-box Binding (Rfx). Les chercheurs ont montré que, chez des souris déficientes en Rfx6, les cellules endocrines des îlots de Langerhans ne se développent pas, à l’exception des cellules produisant le polypeptide pancréatique. L’analyse génétique des enfants présentant un syndrome autosomal récessif de diabète néonatal, dont on retrouve certaines caractéristiques chez les souris Rfx6–/–, a permis d’identifier des mutations de Rfx6 chez l’homme. Cette étude démontre que Rfx6 agit en aval de Neurog3, et contrôle la différenciation des cellules β pancréatiques. Ces données représentent une avancée importante dans la compréhension du diabète et ouvre de nouvelles perspectives pour la génération de cellules β in vitro en vue de thérapies cellulaires. B. Duvillié (Paris) • Smith SB et al. Nature 2010;463:775-80. 128 TMEM127 : un nouveau gène de susceptibilité aux phéochromocytomes Microalbuminurie et grossesse chez des patientes diabétiques de type 1 : devenir materno-fœtal ? Les phéochromocytomes sont des tumeurs développées aux dépens du tissu chromaffine qui sécrètent des catécholamines. Environ 25 à 30 % des formes sont déterminées génétiquement. Cinq gènes de susceptibilité étaient connus jusqu’à présent : RET (avec un tableau clinique de néoplasie endocrinienne multiple de type 2, NEM-2) ; NF1 (neurofibromatose de type 1) ; VHL (maladie de Von Hippel-Lindau) ; SDHB et SDHD. RET est un proto-oncogène qui code pour un récepteur à activité tyrosine kinase. NF1 est un gène suppresseur de tumeur qui code pour la neurofibromine 1, un régulateur négatif de la voie de signalisation RAS. VHL est aussi un gène suppresseur de tumeur ; il intervient dans l’ubiquitination et la dégradation dans le protéasome du facteur HIF-1α en présence d’oxygène. SDHB et SDHD sont des gènes qui codent pour une enzyme mitochondriale du cycle de Krebs, la succinate déshydrogénase. Un nouveau gène de susceptibilité vient d’être identifié par l’équipe de P. Dahia. Ce gène, localisé sur le chromosome 2q11, code pour une protéine transmembranaire nommée TMEM127, qui serait un régulateur négatif de la voie mTOR. TMEM127 qui est colocalisée avec la protéine mTOR activée au niveau périnucléaire est associée de façon dynamique au trafic intracellulaire endosomal. Dans une cohorte de 103 patients présentant un phéochromocytome, des mutations germinales de TMEM127 sont retrouvées dans 30 % des tumeurs familiales et 3 % des cas sporadiques. Par ailleurs, on constate une perte d’hétérozygotie au niveau du locus TMEM127 dans tous les phéochromocytomes présentant une mutation de TMEM127. Ces travaux soulignent l’importance de l’étude des formes familiales de phéochromocytome pour élucider les mécanismes de la tumorigenèse. I. Lihrmann (Rouen) Nous savons qu’une néphropathie avérée en cours de grossesse chez les diabétiques de type 1 est associée à un risque plus élevé de prééclampsie et d’accouchement prématuré. En revanche, on ne sait pas si une micro­albuminurie est associée aux mêmes conséquences. L’équipe de P. Damm a suivi de façon prospective une cohorte de 846 patientes diabétiques de type 1 enceintes qui étaient normoalbuminuriques ou microalbuminuriques et normotendues en début de grossesse. Les HbA1c étaient de 7,2 % au premier trimestre et de 6,6 % au troisième. La prévalence de microalbuminurie était de 10 %. Les patientes microalbuminuriques étaient caractérisées par une durée de diabète plus longue, plus souvent nullipares avec un IMC, un taux de rétinopathie, une tension artérielle et une HbA1c plus élevés que les autres femmes. Quarante et un pour cent des patientes avec microalbuminurie ont développé une prééclampsie, versus 12 % des normoalbuminuriques. En analyse multivariée, les facteurs prédictifs de la prééclampsie étaient la microalbuminurie, la nulliparité et l’HbA1c du troisième trimestre. Le facteur prédictif d’accouchement prématuré était l’HbA1c du troisième trimestre. Cette étude confirme que l’existence d’une microalbuminurie en début de grossesse et un contrôle glycémique insuffisant chez les patientes diabétiques de type 1 sont fortement associés à la prééclampsie et à un accouchement prématuré. Indépendamment de la nécessité absolue du contrôle glycémique, il convient de se poser la question d’un traitement antihypertenseur chez ces femmes normotendues mais microalbuminuriques, dont l’objectif serait la réduction du risque de prééclampsie et par conséquent du risque d’accouchement prématuré. • Qin Y et al. Nat Genet 2010;42:229-33. A. Vambergue (Lille) • Jensen DM et al. Diabetes Care 2010;33:90-4. Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 5 - mai 2010