LIBÉRALE En tête des dépenses de santé Antidépresseurs

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LIBÉRALE
Antidépresseurs
En tête des dépenses de santé
La dépression est une maladie grave. Les derniers
chiffres de la Caisse d’assurance maladie démontrent
que les antidépresseurs figurent parmi les trois prescriptions qui génèrent le plus de frais de remboursement. Sont-ils toujours prescrits à bon escient ?
E
n France, la prescription des psychotropes est plus élevée que dans les autres
pays. Les anxiolytiques sont prescrits
deux fois plus souvent que les antidépresseurs
qui arrivent pourtant en tête des dépenses de
santé. La dépression représente un coût, de
8,5 milliards de francs selon le Credes, ce qui
suscite bien des interrogations. Y aurait-il abus
de consultations ? Serait-ce une solution de facilité de prescription ? Serions-nous un pays où
l’on vit mal ? Ces interrogations ne doivent cependant pas faire oublier que la dépression est
une maladie grave. Elle représente 15 % des
tentatives de suicides et, sans traitement adapté,
l’évolution est souvent mauvaise.
La révolution des IRS
Les premiers médicaments antidépresseurs ont
été découverts en 1957, avec l’identification des
propriétés thérapeutiques de l’imipramine et de
l’iproniazide. Mais, très vite, on se rend compte
que leurs effets secondaires sont dangereux. Vers
les années 70, les recherches se fondent sur la
biologie moléculaire. L’indalpine et la zimélidine
inaugurent un certain nombre de produits vite
retirés du marché en raison de leurs effets
toxiques. C’est alors qu’arrive la fluoxétine, inhibiteur de recapture de la sérotonine (IRS) dont la
propriété est de combiner effet anxiolytique et
potentialité stimulante. La prise unique quotidienne simplifie la prescription et a pour résultat
une meilleure observance... et une plus grande
consommation. Mais ces produits qui ont certes
provoqué une révolution ont leurs propres limites. Ainsi, aucun produit n’agit en moins de 12
à 15 jours. En outre, ils se révèlent inefficaces
chez deux patients sur trois en première prescription sans qu’on puisse l’expliquer. Cela réduit sensiblement l’efficacité de la thérapeutique.
Mais le constat est que, si des tranquillisants sont
souvent prescrits alors qu’il s’agit d’une dépres-
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sion, les nouveaux antidépresseurs, eux, sont
prescrits de façon intempestive. Ou encore ils
sont peu prescrits chez les personnes âgées sous
prétexte “qu’il est normal d’être dépressif quand
on est vieux”. Cependant, ce sont des médicaments dangereux quand le traitement n’est pas
suivi selon des règles très précises concernant
notamment la durée, une interruption brutale
pouvant entraîner des rechutes graves.
Aujourd’hui, les nouvelles molécules, qui ont
tout de même transformé le traitement mais
aussi les mentalités grâce à leur médiatisation,
requièrent encore des efforts de recherche. Car
les antidépresseurs actuels améliorent l’état de
60 à 70 % des patients déprimés mais le placebo améliore également celui de 30 à 40 % de
ces patients...
L.G.
États dépressifs : définition commune
• Les troubles doivent constituer un changement net
par rapport à l’état antérieur. Leur durée doit atteindre
au moins deux semaines pendant lesquelles ils sont
complètement présents.
• Il doit exister un trouble de l’humeur dépressif ou
une perte des intérêts et du plaisir.
• Les symptômes doivent être accompagnés de trois
ou quatre autres symptômes au moins qui sont moins
spécifiques : culpabilité, idée de suicide, troubles de
l’appétit, insomnie...
• Le syndrome doit induire une souffrance significative. Il doit aussi avoir un impact sur la vie socioprofessionnelle ou familiale. La pertinence de cet
impact varie tout de même selon les cultures.
• Le trouble n’est expliqué par aucun autre trouble ou
deuil récent “normal”. Au-delà d’un certain temps
et/ou en présence de certains symptômes mélancoliques, le deuil pourrait être considéré comme un
trouble dépressif.
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