12 Actualité Santé Épilepsie Comment vivre une grossesse ? L’épilepsie est définie comme l’expression d’une perturbation électrique des neurones ou d’une partie d’entre eux. Il est important de faire la distinction entre la crise d’épilepsie et l’épilepsie-maladie. Celle-ci n’empêche pas une grossesse si le traitement est bien conduit. I Infos ... Diagnostic Le diagnostic repose sur l’examen clinique du patient et sur l’interrogatoire des témoins. Pour le confirmer, un EEG permet, à partir d’électrodes posées sur le sommet de la tête, d’enregistrer des potentiels électriques cérébraux. Cet examen est généralement réalisé entre les crises. Lorsqu’une cause lésionnelle est suspectée, le médecin prescrit une IRM cérébrale. l existe plus de 50 formes différentes d’épilepsie ! Seul un interrogatoire approfondi combiné à des investigations complémentaires peut conduire au diagnostic du type d’épilepsie. On ne peut parler de l’épilepsie comme maladie que lorsque les crises se répètent spontanément, c’est-à-dire en l’absence de facteur déclenchant identifié. Et pour qualifier une épilepsie, il faut au moins deux crises sans cause. Une crise d’épilepsie étant, elle, un symptôme banal d’agression cérébrale qui peut survenir à l’état isolé dans des circonstances très diverses : traumatisme crânien, fièvre, infection, prises de toxiques, etc. Parmi ces crises, on doit distinguer encore deux grands types : les crises généralisées (60 %) et les crises partielles ou focales (60 %), auxquelles il faut ajouter 10 % d’épilepsies indéterminées. À l’intérieur de ces deux groupes figurent des subdivisions qui rendent compte des différentes causes de l’épilepsie. On distingue ainsi les épilepsies idiopathiques (20 %), les épilepsies symptomatiques (40 %) et les épilepsies cryptogéniques (40 %). Quant à l’état de “mal épileptique” au cours duquel les crises perdurent plus de 20 minutes, il constitue une urgence parfois vitale. Une maladie parfois mortelle Malgré tous les progrès des traitements qui vont jusqu’à la chirurgie, la maladie enregistre une mortalité surélevée en particulier dans les formes pharmacorésistantes ou mal contrôlées où les risques sont multipliés par cinq. Cette surmortalité est liée, au risque de mort subite inattendue (MSIE) survenant chez un Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005 jeune adulte en bonne santé, majorée par les accidents sur la voie publique et par les suicides plus fréquents que dans la moyenne nationale. Un meilleur contrôle de la maladie épileptique et une prise en compte du contexte dépressif pourrait réduire de 40 % cette surmortalité. La femme en âge de procréer En France, 500 000 personnes sont concernées aujourd’hui par la maladie épileptique, dont 100 000 femmes en âge de procréer. Chez ces dernières, outre les risques communs comme la mort subite, les traumatismes dus aux chutes parfois sévères et aggravés, il existe des risques spécifiques. Certains concernent la contraception, car quelques antiépileptiques peuvent réduire l’efficacité d’une couverture contraceptive par estroprogestatifs, d’où des risques de malformation congénitales, ou le post-partum avec l’allaitement et le danger de chutes avec le bébé. Par ailleurs, chez la femme où il existe des influences hormonales complexes, certaines molécules antiépileptiques génèra des effets secondaires (prise de poids, éruptions cutanées, pilosité excessive, baisse de la libido, etc.). Même si ces effets indésirables restent rares, ils sont à prendre en compte. Tout d’abord, si le trouble persiste, un médicament doit être remplacé par un autre. Ensuite, les interactions médicamenteuses, avec les estroprogestatifs comme on l’a vu, mais aussi avec certains antibiotiques et antiulcéreux sont à surveiller. Pourtant, il est parfois difficile de distinguer la part due à la maladie elle- même ou à ses causes et celles provenant des médicaments. La grossesse La grossesse est possible pour la plupart des femmes épileptiques. Si la majorité des grossesses se déroule sans complication, il existe des risques nécessitant la mise en place de mesures préventives. Une surveillance particulière doit être réalisée au cours de la grossesse du fait d’une augmentation de la fréquence des crises en début, en fin de grossesse et pendant le post-partum immédiat. En bref : que ce soit pour un désir de contraception, ou de grossesse, le traitement antiépileptique doit entrer en compte dans le suivi de la femme en âge de procréer. Un traitement adapté est nécessaire en choisissant les molécules en adéquation avec les problématiques potentielles de la patiente. Chez les femmes en âge de procréer, le choix doit se porter, quand cela est possible compte tenu du type d’épilepsie, vers des molécules antiépileptiques de nouvelle génération qui n’ont pas ou peu d’effets inducteurs. Le traitement doit être adapté avant la conception avec une monothérapie quand c’est possible, une surveillance clinique conjointe avec le gynécologue et le neurologue, et avec une bonne observance par la patiente. Après l’accouchement, un bon contrôle des crises par un suivi médical régulier et une éventuelle aide à domicile préviendront le risque d’accidents. Il existe, par ailleurs, des registres prospectifs de grossesse qui permettent de mieux identifier les risques des médicaments disponibles pour en évaluer le bénéfice/risque. ALP – Ligue française contre l’épilepsie (LFCE) : www.Ifce-epilepsies.org – Medec 2005 : d’après l’intervention du Dr A. Arzimanoglou, Hôpital Robert-Debré, Paris.