Les muscles ptérygoïdiens : insertions, innervation, vascularisation

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2012-2013
UNIVERSITE DE NANTES
Les muscles ptérygoïdiens : insertions, innervation,
vascularisation et rapports
Par
Braud Jean-Philippe
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr. F. ESPITALIER
Dr. E. FRAMPAS
Pr. A. HAMEL
Dr. O. HAMEL
Dr. M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Dr. G. MEURETTE
Dr. J.M. SERFATI
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
1
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2012-2013
UNIVERSITE DE NANTES
Les muscles ptérygoïdiens : insertions, innervation,
vascularisation et rapports
Par
Braud Jean-Philippe
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr. F. ESPITALIER
Dr. E. FRAMPAS
Pr. A. HAMEL
Dr. O. HAMEL
Dr. M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Dr. G. MEURETTE
Dr. J.M. SERFATI
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
2
REMERCIMENTS
Pour commencer, je voudrais remercier les personnes ayant participé directement ou indirectement
à la réalisation de ce mémoire, c'est-à-dire :
-L’ensemble des professeurs d’anatomie de la faculté de médecine de Nantes pour la transmission
de leur savoir mais aussi de leur intérêt vis-à-vis de l’anatomie, et tout particulièrement le Pr. Robert
qui a bien voulu m’accorder un peu de son temps pour me guider dans ce travail.
-Stéphane Lagier et Yvan Blin pour leur savoir-faire, leurs conseils et leur bonne humeur durant
cette année.
-Le docteur Delemazure pour son aide quant à la réalisation de la partie radiologique.
-Ainsi que l’ensemble de mes camarades du master d’anatomie pour les moments passés au
laboratoire.
3
Plan
I Introduction 5
II Rappels
1) Embryologie6
2) Anatomie
a)
b)
c)
d)
e)
Muscles ptérygoïdiens7
Régions pharyngiennes-céphaliques9
Innervation10
Vascularisation11
Articulation temporo-mandibulaire13
3) Physiologie14
III Méthode15
IV Résultats16
V Discutions
1) Commentaires concernant les dissections25
2) Pathologie des tumeurs de la région
a) Sémiologie26
b) Imagerie27
c) abord chirurgical de la région30
VI Conclusion33
4
I. INTRODUCTION
Les muscles masticateursqui sont au nombre de huit nous permettent deux fonctions essentielles,
d’une part la mastication, sans laquelle la survie ne serait pas possible, et d’autre part la phonation
qui facilite grandement notre vie sociale et donc la survie des communautés. Ils sont aidés dans ces
deux fonctions par des muscles peauciers s’insérant autour de la bouche : l’orbiculaire de la bouche
etles muscles mentonniersqui permettent des mouvements plus fins des lèvres.
Chaque hémiface possède quatre muscles manducateurs/masticateurs à proprement parler qui sont
donc paires et symétriques avec ceux de l’hémiface controlatérale. La classification habituelle décrit
deux muscles masticateurs externes, le muscle masséter attaché sur le versant externe de l’angle de
la mandibule et se dirigeant vers l’arcade zygomatique pour s’y insérer et le muscle temporal,
attaché au processus coronoïde de la mandibule, passant en dedans de l’arcade zygomatique et
s’insérant sur la ligne courbe temporale inférieure de l’os pariétal. Ces deux muscles sont recouverts
par des fascias portant les mêmes noms que ces derniers.
Nous nous intéresserons dans ce qui va suivre plus particulièrement aux muscles manducateurs
internes qui sont le muscle ptérygoïdien latéral et le muscle ptérygoïdien médial. Ceux-ci se
retrouvent dans la partie interne de l’hémiface à laquelle ils appartiennent en prenant comme repère
sagittal la branche montante de la mandibule où ils s’insèrent tous les deux. Leur nom provient de
leur seconde insertion, c'est-à-dire des processus ptérygoïdes de l’os sphénoïde qui sont décrits
comme étant les griffes de cet os central de la base du crâne.
Tous les muscles manducateurssont innervés par le nerf mandibulaire, troisième branche du nerf
trijumeau qui laisse ici un de ses rares rôles moteurs. On remarque alors l’importance fonctionnelle
de la mastication par le fait que les deux grands nerfs de la face y participent : le nerf facial, nerf
moteur de la face, en innervant les muscles peauciers et le nerf trijumeau, nerf sensitif de la face, en
prenant en charge les muscles manducateurs. Leur vascularisation est assurée par l’artère maxillaire
qui provient elle-même de l’artère carotide externe, le réseau veineux est relativement semblable au
réseau artériel. Ces muscles agissent en mobilisant les articulationstemporo-mandibulaires qui
correspondent à des articulations condyliennes, permettant ainsi l’élévation, l’abaissement ou
encore la diduction de la mandibule.
L’objectif de ce mémoire sera de réaliser un condensé des connaissances anatomiques disponibles à
propos des muscles ptérygoïdiens et de la région environnante pour confronter celles-ci aux
dissections réalisées dans le cadre de ce master. Nous allons donc commencer par des rappels
embryologiques, anatomiques et physiologiques puis nous dévoilerons les résultats de nos travaux
pour finir par une confrontation des données.
5
II. Rappels
1) Embryologie
La formation des muscles ptérygoïdiens se fait à partir des arcs branchiaux qui apparaissent lors du
22ème jour. Ces derniers sont au nombre de cinq et apparaissent dans l’ordre cranio-caudal, il y a
l’arc branchial 1, 2, 3, 4 et 6 (le cinquième ne se développant jamais chez l’homme où alors
régressant rapidement) qui sont constitués sur leur versant externe par de l’ectoderme, sur leur
versant interne par de l’endoderme avec entre les deux un axe mésenchymateux provenant du
mésoderme para axial. Chacun sera à l’origine d’un élément osseux, musculaire, artériel et nerveux,
chaque nerf suivant les muscles du même arc branchial lors de leurs migrations. Ils sont séparés
entre eux par une poche branchiale en interne et une fente branchiale en externe.
C’est le premier arc branchial qui permet la formation des muscles ptérygoïdiens et de tout l’appareil
manducateur comme le montre le tableau ci-dessous :
Arc pharyngien
1
Artère
Branche
terminale de
l’artère maxillaire
Squelette
Marteau et
enclume de
l’oreille moyenne
à partir d’un
cartilage(de
Meckel)/
mandibule, os
maxillaire, os
malaire et partie
squameuse de
l’os temporal à
partir de la
membrane qui
entoure le
cartilage
Muscles
Muscles :
temporal,
masséter,
ptérygoïdiens,
mylo-hyoidien,
ventre antérieur
du digastrique,
tenseur du voile
du palais et
tenseur du
tympan
Nerfs
Nerf maxillaire et
mandibulaire du
trijumeau
Ce premier arc sera ensuite à l’origine d’un bourgeon maxillaire et d’un bourgeon mandibulaire à la
fin de la quatrième semaine de développement, ceux-ci se développant autour du stomodeum et
participant ainsi à la formation de la face[5].
6
1) Anatomie
a) Muscles ptérygoïdiens
Région des ptérygoïdiens d’après F. Legent
Cranial
Antérieur
e
M. Ptérygoïdien latéral
M. Ptérygoïdien médial
A) Muscle ptérygoïdien latéral
Pour commencer nous allons décrire les muscles à proprement parler. Tout d’abord le muscle
ptérygoïdien latéral qui comme son nom l’indique occupe une place plus externe par rapport à son
homologue médial et est constitué de deux faisceaux :
-Le faisceau supérieurqui prend naissance au bord inferieur de la partie temporale de la grande aile
du sphénoïde ainsi qu’au tiers supérieur du bord latéral de la lame latérale du processus ptérygoïde.
-Et le faisceau inférieur qui a pour origine les deux tiers inférieurs du bord latéral de la lame latérale
du processus ptérygoïde ainsi que la tubérosité maxillaire.
Les deux faisceaux se dirigent alors vers l’arrière et le dehors, en précisant toutefois que le faisceau
supérieur est assez horizontal alors que le faisceau inférieur est un peu oblique vers le haut, pour
venir s’insérer sur le bord antero-interne du col mandibulaire et sur la capsule de l’articulation
temporo-mandibulaire.
Il présente une forme de cône dont le sommet est dirigé vers le condyle mandibulaire[1] [4].
7
Antérieur
Droite
Coupe transversale, vue supérieure, au niveau de la fosse ptérygo-palatine
M. Masséter
M. ptérygoïdien
latéral
M. ptérygoïdien
médial
M. Temporal
Artère maxillaire
B) Muscle ptérygoïdien médial
Le muscle ptérygoïdien médial prend son origine au niveau du bord médial de la lame
latérale,(avecnéanmoinsun faisceau sur le bord latéral de cette même lame joignant ses fibres à
celles du ptérygoïdien latéral) sur le bord latéral de la lame médiale du processus ptérygoïdeet sur le
processus pyramidal de l’os palatin. Oblique en bas, en arrière et vers le dehors il s’insère sur le bord
médial de l’angle de la mandibule, on peut alors remarquer sa symétrie par rapport au muscle
masséter et le qualifier d’équivalent médial de ce-dernier.
Il possède une forme de quadrilatère et est plus épais que son homologue latéral[1].
Notons qu’il peut exister un fascia entre ces deux muscles : le fascia inter-ptérygoïdien. Ce dernier
connait des épaississements que sont le ligament sphéno-mandibulaire (de l’épine du sphénoïde a la
lingula), le ligament stylo-mandibulaire (du processus styloïde à l’angle interne de la mandibule) et le
ligament ptérygo-mandibulaire, ces derniers permettent une plus grande stabilisation. Rouvière
utilise même ce fascia pour diviser la loge des masticateurs en deux : logesptérygoïdiennes externe
et interne[2], cependant certains auteurs notamment Truffert, qui parle de constatation
d’amphithéâtre, ou encore De Kersaint-Gilly, décrivant la région des ptérygoïdiens comme une unité
fonctionnelle non cloisonnée,s’opposent à cette division du fait de l’inconstance de cette structure
anatomique[9].
8
b) Régions pharyngiennes-céphaliques
Ces muscles se situent dans la fosse infra-temporale qui est la plus antérieure des régions
pharyngiennes-céphaliques décrites par F. Legent. Elle se situe donc en avant de la région
retrostylienne limitée en avant par le rideau stylien, et de la loge parotidienne (qui appartient ellemême à la région préstylienne).
Espace latéro-pharyngé et fosse infra-temporale d’après F. Legent
Cranial
Région para-tonsillaire
Antérieur
e
Fosse infra- temporale
Espace
Retrostylien
Loge
Parotidienne
La fosse infra-temporale qui nous intéresse ici est limitée en haut par la partie horizontale de la
grande aile du sphénoïde, en dedans par le processus ptérygoïde, en avant par l’os maxillaire et en
dehors est limitée seulement à sa partie inférieure par la branche horizontale de la mandibule.
Elle est de plus subdivisée en trois, on a :
-La fosseptérygo-palatine en avant et en dedans où l’on trouve notamment le foramen sphénopalatin.
-La région retro-maxillo-zygomatique en avant et en dehors occupée par un tissu cellulo-graisseux : le
corps adipeux de la joue (ou boule de Bichat).
-La région des ptérygoïdiens en arrière des deux autres et où se situe les deux muscles du même
nom. Elle communique également en haut et en dehors avec la fosse temporale (en passant en
dedans de l’arcade zygomatique), en haut et en dedans avec l’endocrâne via le foramen ovale et en
arrière avec la loge parotidienne viale tunnel stylo-mandibulaire (boutonnière rétro-condylienne de
Juvara)qui permet le passage de l’artère maxillaire (le tunnel stylo-mandibulaire est limité en dedans
9
par le ligament sphéno-mandibulaire, en dehors par la branche montante de la mandibule et en haut
par le plan sous temporal)[3].
c) Innervation
Ces deux muscles comme nous l’avons rappelé dans l’introduction sont innervés par le nerf
mandibulaire : troisième et plus grosse branche du nerf trijumeau. Ce-dernier quitte le ganglion de
Gasser (trijumeau) reposant sur une dépression de la pointe du rocher de l’os temporal pour
emprunter le foramen ovale et rejoindre la fosse infra-temporale où il retrouve le ganglion otique sur
son versant médial.
Il donne alors de nombreuses branches collatérales (huit), avec tout d’abord le rameau méningé qui
remonte vers le crâne par le foramen épineux.Le nerf mandibulaire se divise ensuite en deux
branches terminales :
- La branche antérieure avec le nerf temporo-buccal innervant le muscle ptérygoïdien latéral lors de
son passage entre les deux faisceaux de ce dernier et se divisanten nerf temporal profond antérieur
moteur et nerf buccal sensitif. Ses deux autres branches sont le nerf temporal profond moyen et
lenerf massétérique qui innerve le muscle masséter, cette collatérale passe juste au-dessus du
muscle ptérygoïdien latéral.
- Le tronc postérieur est à l’origine de quatre branches. Le tronc commun des nerfs des muscles :
ptérygoïdien médial, tenseur du voile du palais et tenseur du tympan.Le nerf auriculo-temporal vers
l’arrière pour la parotide, l’articulation temporo-mandibulaire, le pavillon de l’oreille et la membrane
tympanique.Survient ensuite le nerf lingual qui se dirige vers le bas et l’avant pour apporter la
sensibilité extéroceptive des deux tiers antérieurs de la langue et via la corde du tympan, qui a lieu
entre le muscle ptérygoïdien médial et la face médiale de la mandibule, la gustation et la sécrétion
salivaire des glandes sublinguale et submandibulaire. Ce dernier à un rapport particulier avec le canal
de la glande submandibulaire(de Wharton) lors de son passage à côté de la langue, d’abord en
position supéro-interne, il passe au-dessus, en dehors puis revient vers le dedans en passant en
dessous.
Sa dernière branche qui est juste en arrière du nerf lingual est le nerf alvéolaire inférieur qui donne le
nerf mylo-hyoidien, pour le muscle du même nom et le ventre antérieur du digastrique, avant de
pénétrer dans le canal mandibulaire à l’entré duquel se trouve l’épine de Spix (ou lingula). Dans ce
canal, il prend en charge l’hémi-dentition inférieure et ressort au niveau du foramen mentonnier, on
parle alors de nerf mentonnier, pour prendre en charge la sensibilité de la lèvre inférieure et du
menton[2].
10
Nerf mandibulaire vu dans la fosse infra-temporale, après section du muscle ptérygoïdien
médial d’après Rouvière et Delmas
Cranial
Antérieur
d) vascularisation
Branches collatérales de l’artère maxillaire
Cranial
Antérieur
e
1 : Artère auriculaire profonde 9 : Rameaux ptérygoïdiens
2 : Artère tympanique antérieure
10 : Artère buccale
3 : Artère méningée moyenne 11 : Artère du canalptérygoïdien
4 : Artère méningée accessoire12 : Artère palatine descendante
5 : Artère massétérique13 : Artère pharyngienne
6 : Artère temporale profonde 14 : Artère alvéolaire supéro-postérieure
7 : Artère temporale profonde 15 : Artère infra-orbitaire
8 : Artère alvéolaire inferieure
16 : Artère sphéno-palatine
11
La vascularisation de ces deux muscles est assurée par une branche issue de l’artère carotide
externe. Cette dernière nait de la bifurcation du tronc carotidien, région du glomus
carotidien, sur le versant antéro-interne avant de revenir en position latérale vis-à-vis de son
homologue interne. Elle abandonne en premier l’artère thyroïdienne supérieure, puis l’artère
linguale en position antérieure et pharyngienne ascendante en position profonde, vient alors
l’artère faciale en antérieure et occipitale en postérieure, sa dernière collatérale est l’artère
auriculaire-postérieure. Sa division finale nous donne alors deux artèresterminales, l’artère
temporale superficielle et l’artère maxillaire qui nous intéresse ici car c’est elle qui
vascularise les muscles ptérygoïdiens. Cette dernière prend naissance en arrière et en
position interne vis à vis du col de la mandibule.
Son cheminement connait deux variations fréquentes, elle peut passer du versant médial du
muscle ptérygoïdien latéral à son versant latéral en passant en dessous de ce muscle, on
parle de variété superficielle ou bien passer entre les deux faisceaux de ce-dernier dans la
variété profonde. Dans les deux cas elle rejoint la fosse ptérygo-palatine en se terminant en
artère sphéno-palatine qui traverse le foramen du même nom pour rejoindre les cavités
nasales.
Parmi ces branches les plus importantes il faut citer l’artère méningée moyenne qui nait en
dedans de la mandibule, passe par le foramen épineux pour rejoindre la cavité
intracrânienne et laisser la trace de son passage sur la face interne de nombreux os. A ce
même niveau nait aussi l’artère alvéolaire inférieure circulant sur le bord latéral du muscle
ptérygoïdien médial pour rejoindre le canal mandibulaire. Les branches
ptérygoïdiennesnaissent lors du passage de l’artère maxillaire sur le versant latéral du muscle
ptérygoïdien latéral.
De nombreuses variations existent cependant parmi ces branches.
Le réseau veineux est calqué sur celui artériel avec comme veine conductrice la veine
jugulaire externe[1].
12
e) Articulation temporo-mandibulaire
Ces muscles permettant la mobilisation des articulations temporo-mandibulaires, qui
fonctionnent ensemble, il est donc nécessaire de décrire ces dernières. La partie temporale
est constituée du tubercule articulaire en avant, formant une saillie transversaleet se
prolongeant en avantpour donner le processus zygomatique, et de la fosse mandibulaire en
arrière. Cette dernière se situe en avant du méa acoustique externe et est divisée en deux
par la fissure petro-tympano-squameuse, seule sa partie antérieure participe à l’articulation.
Avec ceci, s’articule le processus condylienappartenant à la mandibule, orienté légèrement
vers l’avant et le dedans. Egalement divisé en deux, on remarque un bord antérieur convexe
et un bord postérieur plus aplati.
Les deux surfaces n’étant pas congruentes, un disque articulaire permet l’adaptation, celui-ci
est plus épais en arrière qu’en avant. Cette articulation est également renforcée par une
capsule et deux ligaments : un latéral et un médial. Il convient de préciser que deux types de
fibrescomposent la capsule, des fibres longues allant de l’os temporalà la mandibule et des
fibres courtes allant aussi sur chacun des deux os mais avec une insertion sur le disque. Ces
fibres courtes en position postérieure forment une structure limitant l’ouverture de la
bouche en empêchant le disque d’avancer : le frein méniscal postérieur[2].
Cranial
Antérieur
Coupe sagittale passant par l’articulation temporo-mandibulaire
disque articulaire
m. ptérygoïdien latéral
13
3) Physiologie
Les muscles ptérygoïdiens ont plusieurs actions, tout d’abord ils permettent la propulsion de
la mandibule en amenant le disque et le processus condylien vers l’avant, mouvement limité
cependant par le frein temporo-méniscal. Et de ce fait, notamment les muscles ptérygoïdiens
latéraux, permettent aussi l’abaissement de cette dernière. En effet, ce mouvement de
propulsion est indispensable pour permettre ensuite la rotation antéro-postérieure de la tête
mandibulaire avec le disque articulaire amenant les incisives inférieures vers le bas.
Le muscle ptérygoïdien médial permet l’élévation de la mandibule, mouvement qui débute
par une rotation postero-anterieure de la tête mandibulaire, où intervient le muscle
ptérygoïdien médial, et se terminant par une rétropulsion amenant le disque et la tête
mandibulaire dans leur loge.
Tous ces mouvements nécessitent l’action conjointe et similaire des muscles ptérygoïdiens
(latéral ou médial) homo et controlatéraux pour mobiliser les deux condyles mandibulaires.
Le mouvement de diduction qui consiste en une translation latérale de la mandibule
nécessite deux actions, du côté controlatéral à la translation on observe une propulsion
grâce au muscle ptérygoïdien latéral alors qu’en position homolatérale il y a une rotation
externe. Ce mouvement est donc dû à la contraction controlatérale du muscle ptérygoïdien
latéral[1].
Mouvement de l’articulation temporo-mandibulaire
lors de l’ouverture de la bouche
Cranial
Antérieur
1 : Avancé du disque par
traction du muscle
ptérygoïdien latéral
2 : Rotation antéropostérieure du condyle
mandibulaire
14
III. Méthode et matériel
Au total quatre sujets ont été nécessaires pour réaliser ce travail :
-Une femme de 80 ans.
-Un homme de 82 ans.
Une coupe sagittale médiane a été réalisée sur ces deux pièces fraiches afin d’obtenir quatre
hémifaces pour la réalisation d’abords externes et internes.
-Un homme de 81 ans (pièce fraiche) pour la réalisation d’une coupe frontale.
-Une femme de 84 ans (pièce formolée) pour la réalisation de coupes transversales.
L’ensemble de ces pièces a dû être congelé pour permettre la réalisation des coupes à la scie
à bande.
Parmi les outils du laboratoire d’anatomie de Nantes, des paires de ciseaux, des pinces à
dissection, des portes lames, une scie manuelle et une scie à bande ont été nécessaires.
15
IV. Résultats
1) Abord externe
La dissection a débuté par la résection de la peau en partant de la partie supérieure de
l’angle de la bouche et en remontant jusqu'à l’insertion supérieure du pavillon de l’oreille,
pour ensuite redescendre vers le cou. La peau du menton ayant aussi été retirée, nous avons
pu obtenir une exploration assez large de la partie inférieure du visage.
Le premier plan de coupe nous montre donc un certain nombre de muscles peauciers
(abaisseur de l’angle de la bouche, buccinateur, grand zygomatique), la glande parotide avec
son conduit (canal de Stenon) longeant en dehors le muscle masséter, l’artère et la veine
faciale ainsi que le corps adipeux de la joue.
Abord externe, coté gauche
Cranial
Antérieur
1
3
2
4
6
5
1 : Corps adipeux de la joue
4 : Muscle masséter
2 : Conduit parotidien
5 : Muscle platysma
3 : muscle grand zygomatique
6 : Muscle buccinateur
16
Apres resection des muscles peauciers, nous pouvons observer l’insertion du muscle
masseter sur la mandibule et remarquons également les terminaisons du nerf alvéolaire
inférieur pour le houppe du menton d’une part et la lèvre inferieure d’autre part.
Abord externe coté gauche
Cranial
Antérieur
Veine faciale
Division du nerf
mentonnier
Artère faciale
Ganglion
lymphatique cervical
Glande Submandibulaire
Les ptérygoidiens ne nous apparaissent qu’après avoir retiré cet ensemble, de plus pour une
meilleure visibilité de ceux-ci la mandibule a été luxée et donc les muscles ptérygoidiens
détachés de celle-ci. Notons que sur le premier sujet on observe l’artère maxillaire qui passe
entre les deux faisceaux du muscle ptérygoidien lateral .
Cranial
Abord externe, côté gauche, premier sujet
Antérieur
1
1 : Muscle ptérygoïdien
latéral, faisceau supérieur
5
2 : faisceau inférieur
2
3 : Nerf lingual
4 : Muscle ptérygoïdien
médial
5 : Artère maxillaire
3
4
17
Sur un deuxième sujet, nous retrouvons l’autre variation la plus fréquente de l’artère maxillaire,
quand celle-ci passe en dessous du faisceau inférieur du muscle ptérygoidien latéral. Pour ensuite
aller rejoindre la fosse ptérygo-palatine en laissant ses différentes branches.
Abord externe, côté gauche
Deuxième sujet
Cranial
Antérieur
Artère temporale profonde
Artère alvéolaire supéro-postérieure
Artère buccale
Artère maxillaire
Artère alvéolaire inferieure
18
Pour continuer la disssection, il a fallu soulever le muscle ptérygoidien lateral pour pouvoir
observer le nerf mandibulaire descendre au travers du foramen ovale et se diviser ensuite en
trois branches principales. Notons aussi la présence de la structure permettant le goût des
deux tiers anterieurs de la langue : la corde du tympan.
Cranial
Antérieur
Abord externe ,coté gauche
Disque mandibulaire
Nerf auriculo-temporal
Nerf alvéolaire inférieur
Corde du tympan
En observant plus précisement la zone d’emergence du nerf mandibulaire on reussit à mettre
en évidence le rameau meningé se dirigeant versle foramen épineux ainsi que la naissance
du ligament sphéno-mandibulaire. Notons aussi en avant la communication avec la fosse
ptérygo-palatine.
Cranial
Antérieur
Abord externe ,coté gauche
Rameau méningé
Foramen ovale
Ligament sphéno -mandibulaire
19
En suivant le cheminement du nerf lingual et en retirant le muscle mylo-hyoidien nous pouvons aussi
montrer son rapport intime avec le conduit submandibulaire. On remarque que le nerf est d’abord
supérieur puis en passant par le dehors pour revenir vers le dedans il devient inferieur au canal.
Abord externe, côté gauche
Cranial
Antérieur
Glande
sublinguale
Muscle mylo-hyoïdien
Conduit
submandibulaire
2) Abord interne
Pour réaliser un abord interne, les muscles du plancher de la bouche, la langue et la muqueuse
buccale ont été retirés tout comme les corps vertébraux de C1 et C2. Nous retrouvons l’artère
carotide externe et ses premières branches, en remarquant que les artères linguale et faciale se
rejoignent, le muscle tenseur du voile du palais et en dessous le muscle ptérygoïdien médial. Le nerf
lingual et le nerf hypoglosse sont aussi mis en évidence.
Cranial
Abord interne, côté droit
Antérieur
Nerf lingual
Muscle tenseur du voile
du palais
Artère thyroïdienne
supérieure
Tronc
linguo-facial
Nerf hypoglosse
20
Le muscle tenseur du voile du palais retiré, la partie proximale de l’artère carotide externe
sectionnée et le muscle ptérygoïdien médial coupé, en laissant ses insertions, on peut alors observer
la partie centralede la fosse infra-temporale et ses différents éléments. Notamment le ligament
sphéno-mandibulaire et son insertion au niveau de la lingula mandibulaire, ainsi que le nerf V3 et ses
différentes branches avec l’artère méningée accessoire suivant son axe pour remonter vers le
neurocrâne.
Abord interne, côté droit
Cranial
Insertion du m.
ptérygoïdien médial
Antérieur
Ligament sphénomandibulaire
Muscle
temporal
Processus styloïde
21
Pour mieux apprécier les différentes branches du nerf mandibulaire, nous agrandissons ensuite la
région où celui-ci se divise.
Abord interne, côté droit agrandi
Cranial
1 : Nerf temporo-buccal
Antérieur
2 : Artère méningée
moyenne
1
6
2
3
3 : Nerf auriculo-temporal
4 : Nerf lingual
5 : Nerf alvéolaire inférieur
4
5
6 : Artère méningée
accessoire
Certaines structures ligamentaires ont aussi pu être mises en évidence lors de cet abord comme nous
le montre les clichés suivants.
Abord interne,Cranial
côté droit
Antérieur
Ligament sphéno-mandibulaire
Ligament stylo-mandibulaire
22
Lorsque l’on retire ces différentes structures ligamentaires ainsi que l‘insertion du muscle
ptérygoïdien médial, on observe premièrement le ligament collatéral médial recouvrant l’insertion
du muscle ptérygoïdien latéral sur le condyle mandibulaire, insertion que l’on observe plus
précisément dans un second temps. Ceci nous permet aussi de voir le pédicule alvéolaire inferieur.
Abord interne,Cranial
côté droit
Antérieur
Insertion mandibulaire du
m. ptérygoïdien latéral
Ligament collatéral médial
Ligament collatéral
médial
Nerf alvéolaire inferieur
Artère alvéolaire
inférieure
Lingula mandibulaire
3) Coupes frontales et transversales
Une coupe frontale et trois coupes transversales ont ensuite été réaliséesgrâce à la scie à bande
Coupe
Cranialfrontale (hémiface droite)
Cette coupe nous permet de bien visualiser les deux
faisceaux du muscle ptérygoïdien latéral avec un
espace graisseux les séparant.
Droite
5
4
3
2
6
1
On note aussi les deux insertions du muscle
ptérygoïdien médial : sur la mandibule et le processus
ptérygoïde.
Enfin elle permet de vérifier la qualification
d’équivalent médial du masséter pour ce qui est du
muscle ptérygoïdien médial, en effet ces muscles sont
presque symétriques en prenant comme repère la
branche horizontale de la mandibule. Le ptérygoïdien
médial est cependant plus incliné par rapport à la
verticale (30 degrés contre 15 degrés pour le
masséter).
1 : muscle ptérygoïdien médial
3 : muscle ptérygoïdien latéral, faisceau supérieur
2 : muscle ptérygoïdien latéral, faisceau inférieur
4 : muscle masséter
5 : muscle temporal
6 : lame médiale du processus ptérygoïde
23
Antérieur
Gauche
Coupe transversale passant par le condyle mandibulaire
1 : muscle ptérygoïdien latéral
6
2 : muscle ptérygoïdien médial
3
9
8
2
5
3 : processus ptérygoïde
4 : condyle mandibulaire
5 : apophyse coronoïde
1
7
6 : corps adipeux de la joue
7 : trompe d’Eustache
4
Ventral
8 : muscle temporal
Gauche
9 : muscle masséter
Cette coupe nous permet quant à elle d’apprécier les deux insertions du muscle ptérygoïdien latéral :
sur le condyle de la mandibule et la partie latérale de la lame latérale du processus ptérygoïde. Elle
nous montre aussi comment le ptérygoïdien médial vient se retrouver entre les deux lames de cette
même structure.
Antérieur
Coupe transversale passant par
la branche horizontale de la mandibule
Gauche
1 : muscle masséter
2 : muscle ptérygoïdien médial
3 : glande parotide
1
4 : veine jugulaire externe
5 : muscle sterno-cleïdo-mastoidien
6 : veine jugulaire interne
2
7 : artère carotide interne
3
8
8 : ventre postérieur du muscle
digastrique
4
7
6
5
On observe grâce à cette coupe les différents rapports du muscle ptérygoïdien médial. Tout d’abord dans sa
partie postérieure, il répond à la parotide dans laquelle passe notamment la veine jugulaire externe,
latéralement il répond à la mandibule et médialement au rideau stylien qui limite l’espace préstylien.
24
V. Discussions
1) Commentaires concernant les dissections
Les dissections centrées sur les muscles ptérygoïdiens nous ont permis d’explorer une grande partie
de la face et notamment la fosse infra-temporale. On pourra discuter ici des muscles en eux-mêmes
et des différents éléments passant entre ces derniers.
Tout d’abord pour les insertions de ces deux muscles, on remarque sur chacun des sujets que le
ptérygoïdien médial possède également une insertion sur le versant latéral de la lame latérale du
processus ptérygoïde, joignant ainsi ses fibres à celles du ptérygoïdien latéral. Cette observation nous
conduit donc à penser qu’une division de la région en logesptérygoïdiennes externe et interne
pourrait prêter à confusion car ces deux muscles fonctionnent ensemble et forment plutôt «l’unité
fonctionnelle non cloisonnée » que décrit Alex De Kersaint-Gilly.
La limite de ces loges est aussi facteur de discussion. En effet le fascia inter-ptérygoïdien n’ayant pas
pu être mis en évidence semble bien inconstant, cependant on ne saurait conclure quant à son
existence, le nombre de dissections étant trop faible. Le ligament sphéno-mandibulaire a lui été
retrouvé sur les deux dissections réalisées par un abord interne.
Pour ce qui est de la vascularisation, les deux variétés les plus fréquentes ont été observées, à savoir
la variété profonde passant entre les deux faisceaux du ptérygoïdien latéral et la variété superficielle
passant sous le faisceau inférieur de ce même muscle.
Enfin, les plus grosses branches du tronc postérieur et le tronc antérieur du nerf mandibulaire ontété
observés. Cependant la division du tronc antérieur n’a pas pu être mise en évidence tout comme la
branche du tronc postérieur innervant notamment le ptérygoïdien médial.
25
2) Pathologie des tumeurs de la région
a) sémiologie
Pour commencer, il convient de préciser que les tumeurs de cette région sont le plus souvent
découverteslors de bilan d’extension d’autres tumeurs, en effet la sémiologie de cette zone est
relativement peu spécifique et peut facilement conduire le clinicien à des diagnostics erronés. Malgré
cela en connaissant l’anatomie, on peut facilement comprendre les signes qui doivent nous faire
rechercher une tumeur de la fosse infra-temporale.
Ces tumeurs peuvent avoir comme origine une région voisine (carcinomes adénoïdes kystiquessur la
parotide) et envahir secondairement la région des ptérygoïdiens ou bien se développer dans celle-ci
(schwannome, rhabdomyosarcome), on parlera alors de tumeurs primitives.
On pourra donc fréquemment retrouver à l’examen clinique du patient :
-une douleur d’évolution lente (parfois plusieurs années) continue ou évoluant par crise se
déclenchant par exemple lors de la mastication. Celle-ci est plutôt localisée sur le territoire du nerf
mandibulaire mais la localisation précise pourra varier d’un sujet à l’autre (le territoire du nerf
mandibulaire n’est pas toujours respecté).Ceci peut s’expliquer par l’atteinte des différents éléments
nerveux de la zone ou bien encore par la compression de l’artère maxillaire elle-même entourée de
nombreux filets sympathiques.
-des troubles articulaires temporo-mandibulaires à type de trismus, de limitation de l’amplitude
d’ouverture buccale ou bien encore d’une latero-déviation de la mandibule du côté opposé à la
lésion. Ceci par contraction du muscle ptérygoïdien latéral qui peut se retrouver irrité par la tumeur.
-des troubles tubaires à type d’otite moyenne aigue du fait de la proximité de la portion
cartilagineuse de la trompe d’Eustache.
-une tuméfaction pouvant s’observer en endobuccale, au niveau de la région jugale, dans la région
sus-temporale ou encore en arrière au niveau de la parotide. Cette aide au diagnostic n’apparait que
tardivement.
-des atteintes des structures nerveuses pouvant entrainer une agueusie lorsque la corde du tympan
est touchée, une hypoesthésie de l’hémi langue lorsque c’est le nerf lingual ou encore une
anesthésie du rameau dentaire inferieur lorsque le nerf alvéolaire inférieur est atteint.
-Enfin des adénopathies cervicales signent un processus métastatique[7].
26
b) imagerie
Comme vu ci-dessus la clinique ne permettant qu’une orientation assez vague vers le diagnostic des
pathologies de la région, des examens complémentaires sont nécessaires.
Longtemps dominé par le scanner, l’imagerie de la fosse infra-temporale a beaucoup évolué ces
dernières années grâce à l’apparition de l’IRM, notamment pour les structures molles qui nous
intéressent ici.
Nous verrons dans un premier temps des clichés normaux de la région puis deux exemples de
tumeurs pouvant se développer ici.
Coupe axiale, IRM séquence T2, passant par le condyle mandibulaire
1 : sinus maxillaire
2 : Corps adipeux de la joue
3 : Fosse ptérygo-palatine
2
1
4 : Muscle ptérygoïdien latéral
4
5 : Condyle mandibulaire
3
7 6
5
6 : Muscle masséter
7 : Muscle temporal
Coupe axiale, IRM séquence T2 passant par la branche montante de la mandibule
1 : rhinopharynx
2 : Muscle ptérygoïdien latéral
3
2
1
3 : Muscle masséter
27
Coupe axiale, IRM séquence T2 passantpar la branche horizontale de la mandibule
1 : Muscle ptérygoïdien médial
2 : Muscle masséter
3 : Parotide
2
1
3
Coupe frontale, IRM séquence T2
1 : sinus sphénoïdal
2 : Muscle ptérygoïdien latéral,
faisceaux supérieur et inferieur
3 : Muscle ptérygoïdien médial
4 : Muscle masséter
1
5
2
5 : arcade zygomatique
4
3
28
La première pathologie que nous allons maintenant illustrer est un schwannomedu nerf
mandibulaire, tumeur bénigne dérivant des cellules de Schwann. Cette tumeur est l’une des plus
fréquentes de la région.
Coupe axiale, IRM séquence T2
Coupe frontale, IRM séquence T1 avec gadolinium
1
1
1 : Schwannome
En voyant l’importance de ces tumeurs on comprend très vite la gêne fonctionnelle qu’elles peuvent
entrainer lors de la mastication. De plus, on remarque sur la coupe frontale que la tumeur infiltre le
foramen ovale pour remonter au-dessus de la base du crâne.
La deuxième illustration concerne un rhabdomyosarcome, tumeur mésenchymateuse maligne qui se
développe chez les enfants. Cette tumeur intéresse donc tout particulièrement les muscles
ptérygoïdiens
Coupe axiale, IRM séquence T2
1
1 : Rabdomyosarcome
Coupe frontale, IRM séquence T2
1
29
Ici la tuméfaction fait saillie à l’extérieur (visible sur la coupe axiale) et donc une masse doit être
palpable en position latérale. Toute la région est envahie et les ptérygoïdiens ne sont pas visibles
dans cette tumeur, on remarque aussi sur la coupe frontale, l’infiltration du foramen ovale.
c) Abord chirurgical de la région
De nombreux abords chirurgicaux ont été proposés pour aborder la fosse infra-temporale, nous
allons décrire ici trois techniques permettant d’avoir accès à la région des ptérygoïdiens.
Premièrement nous allons décrire une voie dite limitée, c'est-à-dire moins invasive que les voies dites
larges mais ne permettant l’exérèse que de tumeurs bénignes de petites tailles. Pour atteindre les
muscles ptérygoïdiens, il faudra passer par un abord latéral, deux options sont alors présentes : soit
les voies dites latérales supérieures, soit les voies dites latérales inferieures. Nous décrirons ici la voie
latérale inferieuretransmandibulaire décrite par F. Legent.
La chirurgie commence par une incision cutanée pré auriculaire qui est rejointe au processus
mastoïde par une incision cutanée parallèle à la branche horizontale de la mandibule en prenant
garde au rameau mentonnier du nerf facial.
Cranial
Voie latérale inférieure
Antérieur
30
Le lambeau cutané est récliné vers l’avant jusqu'à la boule de Bichat, la parotide détachée à sa partie
postéro-inférieure et le masséter desinséré de son attache mandibulaire.Une ostéotomie horizontale
de la branche montante de la mandibule est alors réalisée permettant de découvrir le muscle
ptérygoïdien médial[6] [8].
Cranial
Voie latérale inférieure
Antérieur
Dans un second temps, nous allons décrire une voie large concernant des tumeurs de tailles plus
importantes. Il s’agit de la méthode décrite par Crockett et qui est une voie antérolatérale
supérieure.
L’incision cutanée comporte ici un segment sous orbitaire, un segment latéro-nasal passant au milieu
de la lèvre supérieure et un segment horizontal passant par la commissure labiale.
Voie antérolatérale supérieure
Cranial
Gauche
31
Une fois le lambeau de peau retiré vers l’extérieur, une triple ostéotomie est réalisée pour refouler le
processus zygomatiquevers le bas avec le muscle masséter toujours inséré dessus. De même, le
processus coronoïde de la mandibule est lui aussi sectionné et remonté vers le haut afin de préserver
l’insertion du muscle temporal. On retrouve alors le muscle ptérygoïdien latéral[6].
Cranial
Cranial
Voie antérolatérale supérieure
Antérieur
Gauche
Une dernière méthode peut être proposée, celle-ci beaucoup plus large, consiste en une voie
hémifaciale complète avec incision coronale totale (nécessite donc une calvitie) combinée à une
incision de lifting pour préservation de l’oreille externe. Ceci se poursuit par une incision de résection
mandibulaire assez basse.
La large ouverture cutanée permet ensuite la réalisation de nombreux gestes comme
parotidectomieou encore résection de l’arcade zygomatique. La fosse infra-temporale est ici
relativement accessible et cette méthode, comme le précise l’auteur J-M Vaillant, permet d’éviter les
dommages disgracieux sur la partie médiale de la face[10].
Les progrès techniques de l’endoscopie permettent maintenant son utilisation afin d’éviter les
séquelles esthétiques et fonctionnelles des voies présentées ci-dessus. On peut notamment par voie
endonasale et en passant par le sinus maxillaire arriver face aux muscles ptérygoïdiens (la partie
latérale de la fosse infra-temporale est difficilement explorable par cette voie). Cependant
l’étroitesse de la voie rend difficile l’utilisation d’instruments et la sortie de la tumeur le cas échéant,
c’est pourquoi on l’utilisera pour réaliser unebiopsie, vérifier la qualité d’une exérèse ou repérer les
structures nobles afin d’aider le geste dans la chirurgie future[11].
32
VI. Conclusion
Situés dans la fosse infra-temporale, les muscles ptérygoïdiens fonctionnant ensemble font partie
intégrante du système masticateur. Leur position profonde les rend cependant beaucoup plus
difficilement explorables que les muscles masticateurs externes (muscles masséter et temporal).
Cette difficulté entraine certaines discutions entre auteurs, certainsprétendent que le fascia interptérygoïdien pourrait servir à diviser la région des ptérygoïdiens en deux (externe et interne) et
d’autres que cette division ne serait pas justifiée. Au terme de ce travail, nous pensons aussi au
regard notamment de l’inconstance du fascia inter-ptérygoïdien qu’une division de la région en deux
n’est pas justifiée.
La deuxième difficulté qui résulte de leur position profonde concerne la prise en charge des tumeurs
de la région. Premièrement une sémiologie assez peu spécifique conduira difficilement au diagnostic,
c’est pourquoi en cas de doute il faudra rapidement se tourner vers l’imagerie. Celle-ci pourra se
faire via un scanner pour l’observation des structures osseuses ou une IRM pour les structures molles
(les ptérygoïdiens).
Et deuxièmement, l’abord chirurgical sera lui aussi difficile. L’imagerie aura encore une place centrale
car elle permettra de choisir la voie la plus adaptéeparmi les nombreuses décrites. Il faudra choisir la
voie la moins disgracieuse sur le plan esthétique et permettant de ne pas léser les structures nobles
de la région.Sur ce point la microchirurgie par voie endoscopique permet de nombreux espoirs.
33
Références
1) Kamina, anatomie clinique tome 2 : tète, cou, dos ; ParisMaloine 2006 p87-98, p225-233
2) Rouvière Henri et Delmas André, Anatomie humaine tome 1 tête et cou ; 15eme édition, Masson
p126-128, 147-152, 226-229, 288-294, 566-574
3) Legent François, Cahiers d'anatomie O.R.L. 2. nez, pharynx ; p71-74
4) Boudou Emilie,Place du muscle ptérygoïdien latéral dans le système cranio-mandibulaire ;
mémoire d’anatomie
5) Larsen, Embryologie humaine deuxième Edition française ; de boek 2003 p351-378
6) Menier Yves, la fosse infra-temporale (région Ptérygo-maxillaire) anatomie application à l’étude de
ses voies d’abord ; thèse pour le doctorat en médecine p52-54, p66-67, 1984 1985
7) Valton Emmanuel-Dominique, étude sémiologique des tumeurs primitives et secondairesde la
fosse ptérygo-maxillaire ; thèse pour le doctorat en médecine, p63-78, 1982 1983
8) Legent François, Fosse ptérygo-maxillaire division topographique. Moyen d’exploration Abord
transmandibulaire de la région des ptérygoïdiens ; publiée dans annales d’oto-laryngologie et de
chirurgie cervico-faciale vol 98 n9 p435-442, 1981
9) De Kersaint-Gilly Alex, La région ptérygo-maxillaire étude clinique, anatomo-radiologique et
pathologique ; publiée dans Journal of Neuroradiology vol 9 n4 p271-283, 1982
10) Vaillant J-M, chirurgie de la fosse infra-temporale une voie d’abord cutanée améliorée ; publiée
dans annale de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale vol95 n6 p446-450, 1994
11) C. Bailleul, P. Bordure, M. Gayet-Delacroix, C. Beauvillain de Montreuil. Chirurgie de la fosse
infratemporale. EMC. Technique chirurgicale – tète et cou 2007. 1-12 (Article 46-040)
34
Les muscles ptérygoïdiens : insertions, innervation, vascularisation et rapports
Braud Jean-Philippe
Laboratoire d’anatomie – Faculté de médecine de Nantes
But
L’objectif de ce travail était d’appréhender l’anatomie des muscles ptérygoïdiens et de la région dans
laquelle ces-derniers se trouvent, en décrivant notamment leurs insertions, leurs rapports et les
différents éléments vasculo-nerveux de la fosse infra-temporale. Pour ensuite pouvoir réaliser une
comparaison avec ce qui a déjà été décrit. Un questionnement plus clinique concernait aussi la prise
en charge des tumeurs de la région des ptérygoïdiens.
Matériel et méthode
L’ensemble des dissections a été réalisé au laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine de
Nantes. Quatre sujets ont été nécessaires :
-Deux pour la réalisation de coupes sagittales médianes permettant ainsi l’obtention de quatre
hémifaces à partir desquelles deux abords internes et deux abords externes ont étéobtenus.
-Un pour la réalisation d’une coupe frontale
-Un pour la réalisation de coupes transversales
Résultats
Ces dissections ont en effet permis de décrire les insertions, l’innervation, la vascularisation et les
rapports des muscles ptérygoïdiens.
Conclusion
Les muscles ptérygoïdiens s’insèrent tous deux sur le processusptérygoïde du sphénoïde ainsi que sur
la mandibule. De nombreux éléments passententre ces deux muscles notamment les branches du
nerf mandibulaire qui les innervent et l’artère maxillaire permettant leur vascularisation.
Leur position profonde les rend difficilement explorables ce qui peut poser problème pour les
pathologies de la région notamment les tumeurs. L’imagerie et le développement de nombreuses
voies d’abord chirurgicales permettent cependant une prise en charge.
Mots clefs : muscle ptérygoïdien latéral, muscle ptérygoïdien médial, fosse infra-temporale
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