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DOSSIER
Cancer colorectal
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Des avancées dans le traitement
Infos
...
Incidence
fréquente
Le cancer colorectal
est extrêmement
commun dans les
pays industrialisés.
Chaque année, on
recense, en Europe,
plus de
350 000 nouveaux
cas dont plus
de la moitié
à un stade avancé.
C’est la seconde
cause de mortalité
par cancer en
France, avec
36 000 nouveaux
cas et 16 000 décès
par an. La survie
du patient dépend
du stade
d’avancement
du cancer.
Depuis 10 ans le traitement du cancer colorectal était stagnant. L’AMM pour l’oxaliplatine
ouvre un espoir. Mais d’autres agents thérapeutiques ciblés s’annoncent prometteurs
pour prolonger la vie des malades tout en maintenant leur qualité de vie.
P
our un malade atteint de
cancer colorectal à un
stade précoce et localement limitée, la médiane de survie
à 5 ans est d’environ 85-90 %.
Lorsque la tumeur envahit les
intestins, cette survie est de 6080 % et baisse à moins de 30 %
dans des cas de cancer métastatique avancé.
Des progrès
Des progrès diagnostiques et thérapeutiques ont été accomplis
comme la détection plus précoce
aux stades I-II, l’amélioration
récente des techniques chirurgicales et une meilleure identification des patients de bon pronostic
(stades II a et III a) ou de mauvais
pronostic. Par ailleurs, on espère
que l’utilisation de marqueurs biologiques du futur pourrait prédire
l’efficacité et la toxicité des traitements. Un médicament fondé sur
la molécule oxaliplatine est déjà
utilisé depuis 1996 au stade métastatique du cancer colorectal. Plus
récemment, il a obtenu une extension d’indication en France dans le
traitement adjuvant du cancer du
côlon de stades III après résection
complète de la tumeur initiale, en
association avec le 5-fluorouracile
et l’acide folinique (LV5FU2). L’intérêt de la bithérapie oxaliplatine/
LV5FU2 comparée à une monothérapie (LV5FU2) a été démontré
dans l’étude MOSAIC incluant
2 246 patients de stade II et III
dans 146 centres : chez les patients de stade III ayant subi une
résection chirurgicale de la tumeur
initiale, la survie sans récidive à
3 ans était de 73 % dans le groupe bithérapie versus 65,7 % dans
le groupe LV5FU2. Concernant les
effets indésirables, il importe d’être
attentif à la survenue de la neuro-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
pathie sensorielle périphérique
dont la plupart ont régressé après
traitement. Ainsi, six mois après
l’arrêt, 1,3 % des patients ont présenté une neuropathie de grade 3.
L’EGFR nouvelle cible
L’activation des récepteurs du facteur de croissance épidermique
entraîne une activation de la tyrosine kinase et une cascade de
signaux, déclenchant ainsi la prolifération cellulaire et d’autres manifestations clés susceptibles d’induire une progression tumorale
telles que l’inhibition de l’apoptose, la perte de différenciation, la
stimulation de l’angiogenèse et la
formation des métastases. L’EGFR
(Epidermal Growth Factor Receptor) est donc devenu une nouvelle
cible thérapeutique vu qu’il s’exprime dans une grande variété de
cancers chez l’homme (on détermine son expression grâce aux
tests immuno-histochimiques).
Toutefois, le pourcentage des
malades qui l’expriment varie en
fonction du type de tumeur.
L’EGFR est exprimé dans 100 %
des cancers ORL, 82 % des cancers colorectaux métastatiques,
95 % des voies aérodigestives
supérieures, 40 à 91 % du cancer
du poumon, 14 à 91 % du cancer
du sein, 50 à 90 % des cancers
rénaux, 35 à 70 % du cancer de
l’ovaire, 90 % du cancer du col de
l’utérus.
Plusieurs agents ciblant l’EGFR
sont en cours d’investigation clinique, afin de répondre au besoin
constant de développer les nouveaux traitements plus efficaces et
mieux tolérés que les cytotoxiques. Le cétuximab, premier
anticorps monoclonal anti-EGFR,
bloque le signal médié par l’EGFR
et inhibe le processus métasta-
tique ainsi que les mécanismes
de réparation des cellules tumorales après chimiothérapie et
radiothérapie. Son activité antitumorale a été démontrée sur plusieurs modèles tumoraux (lignées
cellulaires, xénogreffes) et par les
données cliniques dans les tumeurs colorectales avancées et
exprimant l’EGFR.
Étude européenne
Comme le montrent les résultats
de l’étude européenne BOND qui
a porté sur les patients présentant
un cancer colorectal métastatique,
lourdement prétraités et ne répondant plus à la chimiothérapie à
base d’irinotécan, le cétuximab
seul ou en association avec l’irinotécan est susceptible de relancer
une régression tumorale : l’association de ces deux produits a permis le contrôle de la maladie de
55,5 % chez 22,9 % des patients
et le cétuximab en monothérapie
a enrayé la croissance tumorale de
32,4 % chez 10,8 % des malades.
Par ailleurs, le produit possède un
bon profil de tolérance et n’augmente pas les effets indésirables
typiquement observés sous irinotécan. Les réactions d’hypersensibilité peuvent apparaître chez 5 %
des patients lors de la première
administration, d’où les recommandations de prémédication par
un antihistaminique. L’effet indésirable le plus fréquemment rapporté est l’éruption acnéiforme
(pustules multiples au niveau de
la face, du cou et du tronc) chez
plus de la moitié des patients.
Il faut savoir que ce rash cutané a
été corrélé avec une bonne
réponse thérapeutique et qu’il disparaît totalement à l’arrêt du traitement.
LC
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