26 DOSSIER Cancer colorectal >> DOSSIER Des avancées dans le traitement Infos ... Incidence fréquente Le cancer colorectal est extrêmement commun dans les pays industrialisés. Chaque année, on recense, en Europe, plus de 350 000 nouveaux cas dont plus de la moitié à un stade avancé. C’est la seconde cause de mortalité par cancer en France, avec 36 000 nouveaux cas et 16 000 décès par an. La survie du patient dépend du stade d’avancement du cancer. Depuis 10 ans le traitement du cancer colorectal était stagnant. L’AMM pour l’oxaliplatine ouvre un espoir. Mais d’autres agents thérapeutiques ciblés s’annoncent prometteurs pour prolonger la vie des malades tout en maintenant leur qualité de vie. P our un malade atteint de cancer colorectal à un stade précoce et localement limitée, la médiane de survie à 5 ans est d’environ 85-90 %. Lorsque la tumeur envahit les intestins, cette survie est de 6080 % et baisse à moins de 30 % dans des cas de cancer métastatique avancé. Des progrès Des progrès diagnostiques et thérapeutiques ont été accomplis comme la détection plus précoce aux stades I-II, l’amélioration récente des techniques chirurgicales et une meilleure identification des patients de bon pronostic (stades II a et III a) ou de mauvais pronostic. Par ailleurs, on espère que l’utilisation de marqueurs biologiques du futur pourrait prédire l’efficacité et la toxicité des traitements. Un médicament fondé sur la molécule oxaliplatine est déjà utilisé depuis 1996 au stade métastatique du cancer colorectal. Plus récemment, il a obtenu une extension d’indication en France dans le traitement adjuvant du cancer du côlon de stades III après résection complète de la tumeur initiale, en association avec le 5-fluorouracile et l’acide folinique (LV5FU2). L’intérêt de la bithérapie oxaliplatine/ LV5FU2 comparée à une monothérapie (LV5FU2) a été démontré dans l’étude MOSAIC incluant 2 246 patients de stade II et III dans 146 centres : chez les patients de stade III ayant subi une résection chirurgicale de la tumeur initiale, la survie sans récidive à 3 ans était de 73 % dans le groupe bithérapie versus 65,7 % dans le groupe LV5FU2. Concernant les effets indésirables, il importe d’être attentif à la survenue de la neuro- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 pathie sensorielle périphérique dont la plupart ont régressé après traitement. Ainsi, six mois après l’arrêt, 1,3 % des patients ont présenté une neuropathie de grade 3. L’EGFR nouvelle cible L’activation des récepteurs du facteur de croissance épidermique entraîne une activation de la tyrosine kinase et une cascade de signaux, déclenchant ainsi la prolifération cellulaire et d’autres manifestations clés susceptibles d’induire une progression tumorale telles que l’inhibition de l’apoptose, la perte de différenciation, la stimulation de l’angiogenèse et la formation des métastases. L’EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) est donc devenu une nouvelle cible thérapeutique vu qu’il s’exprime dans une grande variété de cancers chez l’homme (on détermine son expression grâce aux tests immuno-histochimiques). Toutefois, le pourcentage des malades qui l’expriment varie en fonction du type de tumeur. L’EGFR est exprimé dans 100 % des cancers ORL, 82 % des cancers colorectaux métastatiques, 95 % des voies aérodigestives supérieures, 40 à 91 % du cancer du poumon, 14 à 91 % du cancer du sein, 50 à 90 % des cancers rénaux, 35 à 70 % du cancer de l’ovaire, 90 % du cancer du col de l’utérus. Plusieurs agents ciblant l’EGFR sont en cours d’investigation clinique, afin de répondre au besoin constant de développer les nouveaux traitements plus efficaces et mieux tolérés que les cytotoxiques. Le cétuximab, premier anticorps monoclonal anti-EGFR, bloque le signal médié par l’EGFR et inhibe le processus métasta- tique ainsi que les mécanismes de réparation des cellules tumorales après chimiothérapie et radiothérapie. Son activité antitumorale a été démontrée sur plusieurs modèles tumoraux (lignées cellulaires, xénogreffes) et par les données cliniques dans les tumeurs colorectales avancées et exprimant l’EGFR. Étude européenne Comme le montrent les résultats de l’étude européenne BOND qui a porté sur les patients présentant un cancer colorectal métastatique, lourdement prétraités et ne répondant plus à la chimiothérapie à base d’irinotécan, le cétuximab seul ou en association avec l’irinotécan est susceptible de relancer une régression tumorale : l’association de ces deux produits a permis le contrôle de la maladie de 55,5 % chez 22,9 % des patients et le cétuximab en monothérapie a enrayé la croissance tumorale de 32,4 % chez 10,8 % des malades. Par ailleurs, le produit possède un bon profil de tolérance et n’augmente pas les effets indésirables typiquement observés sous irinotécan. Les réactions d’hypersensibilité peuvent apparaître chez 5 % des patients lors de la première administration, d’où les recommandations de prémédication par un antihistaminique. L’effet indésirable le plus fréquemment rapporté est l’éruption acnéiforme (pustules multiples au niveau de la face, du cou et du tronc) chez plus de la moitié des patients. Il faut savoir que ce rash cutané a été corrélé avec une bonne réponse thérapeutique et qu’il disparaît totalement à l’arrêt du traitement. LC