RSX « Un nouveau support Olympique, De nouvelles contraintes

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RSX
« Un nouveau support Olympique,
De nouvelles contraintes musculo-tendineuses ».
Bertrand GUILLO
Dr Olivier CASTAGNA
Depuis quelques mois la nouvelle planche Olympique (RSX) est disponible. Les meilleurs
planchistes, membre de l’équipe de France enchaînent les entraînements, et les résultats du
Mondial de Cadix témoignent du très haut niveau des français (es).
Fort de ces mois d’entraînement et du récent stage réunissant, préparateur physique,
entraîneurs, kinésithérapeute et médecin, il nous paraît intéressant de faire partager nos
réflexions. Pour ce faire, nous nous appuierons sur l’expérience acquise lors du changement
de support survenu en 1996 lorsque la « Mistral » remplaça le « Lechner ».
Introduction.
Le principe de l’entraînement physique consiste à imposer à l’organisme une charge de travail
induisant un stress sur l’organisme. Face à ce stress, celui ci réagit en augmentant l’aptitude
physique du domaine sollicité. Ainsi un travail en force induira une destruction des fibres
musculaires qui, secondairement, permettra la formation d’une masse musculaire plus
volumineuse et plus tonique. Pour obtenir ce résultat trois notions fondamentales sont à
respecter.
• Une augmentation progressive de la charge de travail,
• La mise ne place d’un temps de récupération suffisant entre chaque séance
d’entraînement
• Un apport alimentaire spécifique suffisant pour permettre aux muscles de se
remodeler.
L’application de ces trois règles nous paraît fondamentale. Le non respect d’une d’entre-elles
conduira le sportif à la blessure par sur-sollicitation.
Spécificité de la RSX.
Il est à présent clairement établi que la RSX présente un gréement plus lourd, plus rigide avec
une surface de voile plus importante que la Mistral. De même le flotteur étant plus large et
l’aileron plus profond le maintien du flotteur est plus difficile.
De ce fait, les contraintes mécaniques imposées aux planchistes sont non seulement nouvelles
mais aussi plus importantes (en tout cas différentes) qu’elles ne l’étaient en Mistral.
Bien entendu, les muscles, tendons et articulations des sportifs vont s’adapter à ces nouvelles
contraintes. Il faut cependant veiller à respecter cette adaptation. Pour les sportifs qui feront
l’acquisition de cette nouvelle planche il faudra éviter d’enchaîner trop précipitamment les
séances (heures) de navigation.
Si le sportif doit apprendre à la « maîtriser », son organisme doit lui aussi se modifier afin de
s’adapter aux nouveaux efforts imposés. Il nous paraît donc intéressant d’augmenter
progressivement le temps de navigation sur cette planche afin d’éviter des blessures qui ne
feraient que retarder l’apprentissage de ce nouveau support.
Technopathie et zones de faiblesse sur RSX :
- Jonction cervico-dorsale.
Cette jonction correspond à la zone de transition entre une région à grande mobilité (la région
cervicale), et la région dorsale qui est beaucoup plus fixe. Elle subit des contraintes de
cisaillement très importantes. La traction des membres supérieurs, qui joue sur les deux
étages, peut être à l’origine de lésions cervico-dorsale. Ces contraintes entraînent des
souffrances au niveau : nerveux (plexus brachial), musculaires (tensions excentriques),
fascias (étirements).
Proposition de travail :
Stretching très doux (la zone subit déjà des contraintes d’étirements).
Ce travail doit se faire sur toute la zone cervicale jusqu’aux scalènes, pour normaliser les
tensions. Travail de la posture de type ELDOA en y associant le travail hypopressif. (cf : gym
Hypopressive).
- Zone inter scapulaire (D3-D7) :
Cette zone subit aussi des nombreuses contraintes, aussi bien sur le plan musculaire que
nerveux par traction excentrique.
Dans cette zone les fixateurs d’omoplates (romboides, trapèzes sup, moyen, inf), les fascias,
la zone de glissement de la scapula, et le système nerveux sont étirés. Ce phénomène étant
générateur de douleurs récurrentes.
Proposition de travail :
Il paraît important de réaliser un travail d’apprentissage sur les fixateurs d’omoplate qui
permettent de verrouiller la zone postérieure du thorax au cours de la traction sur membres
sup. Il faudra veiller à effectuer les mouvements de tirages de manières correctes. C'est-à-dire
que le mouvement de traction doit partir de l’épaule qui se doit d’être le starter du mouvement
(épaule fixée qui commence la traction puis le mouvement de traction du membre sup.)
Le travail de l’amélioration du caisson thoracique semble intéressant pour jouer sur l’effet
pneumatique antérieur, et donc aider les muscles postérieurs à effectuer leurs « tirages »
On pourra l’envisager de deux manières :
1. Renforcer les pectoraux, deltoïdes, triceps, grand dentelé par pull over, développé
couché…) pour augmenter la résistance du caisson thoracique et jouer le rôle de
poutre composite.
2. Ainsi qu’un travail plus global pour solliciter ces muscles (qui sont le relais des
chaînes postérieures avec le membre sup. et la ceinture scapulaire) dans les trois axes
de l’espace, sans trop de charge pour relâcher leurs antagonistes sur programmés et ou
fatigués (rhomboïdes, trapèzes…) en insistant sur le grand dentelé.
- Epaules :
Là encore, la tension du gréement étant plus importante qu’en Mistral, les épaules subissent
une contrainte excentrique et isométrique qui induit deux types de lésions : instabilité de
l’épaule, et douleurs sur le trajet du biceps.
Proposition de travail :
Améliorer la qualité du mouvement de tirage.
Ne pas négliger le travail des antagonistes (Grand pectoral, sous scapulaire, deltoïde
antérieur..).
- Epicondylites :
L’augmentation des tensions sur les membres supérieurs s’étend aussi à l’articulation du
coude dont l’anatomie est fragile et les passages de nerfs complexes. Une épicondylite
(douleur sur la zone de la tête radiale) est possible. Les causes de cette pathologie sont
multiples : Wishbone trop haut, impacts de la tête radiale lors des mouvements de pumping,
lésion du nerf radial par étirement, ou tension des épicondyliens
Proposition de travail :
Massages, étirements des containers (fascias entres radius et cubitus, tête radial…)
Ballottements légers du membres sup. pour détendre et aider au retour du sang (glaçage
éventuellement)
Etirement du membre sup. par des techniques de glissements proximo-distal : mise en tension
de toute une chaîne allant de la main au rachis cervical puis augmenter la tension sur une des
extrémités tout en laissant l’autre se relâcher un peu.
- Tension dans les avant bras :
Une fois de plus, comparé au gréement de la Mistral, le gréement RSX est plus grand, plus
lourd, la rigidité du mat différente, et la surface de voile plus élevée : une nouvelle technique
de pumping doit être apprise. En effet, inconsciemment, le véliplanchiste habitué à une
fréquence de pumping en mistral, doit réapprendre (modifier) son geste en RSX. Au début le
n’étant pas parfaitement exécuté, les phases de contraction musculaire ne sont pas toujours en
phase avec la cadence optimale de pumping. Il en résulte des contractions excentriques
importantes pourvoyeuses de lésions musculaires.
Enfin, l’augmentation de la surface de la voile induit des efforts concentriques isométriques
élevés qui compriment le réseau artériel des muscles des avant-bras. Cette compression
entraîne une baisse de la perfusion des muscles et donc des tétanies musculaires.
Proposition de travail :
Etirement des chaînes de fermetures et d’ouverture. Ne pas oublier d’envisager le travail de
strech dans un mouvement en 3 D, spiroïde. Strech en rotation interne et rotation externe à
partir de la main.
- Membres inférieurs
Du fait de sa largeur, le contrôle du flotteur RSX impose des efforts musculaires plus
importants qu’en mistral. Il semble aussi que dans le clapot, les chocs soient plus importants.
Enfin et surtout la position du sportif est beaucoup plus fléchie qu’en mistral.
Ainsi, contrairement, à ce que l’on pouvait voir en Mistral, les genoux des planchistes
deviennent douloureux. Ce sont des douleurs rotuliennes et/ou de surcharge méniscale.
Pour la tension rotulienne : le sportif réalise une contraction isométrique très élevée des
extenseurs de la jambe (quadriceps, droit antérieur, vastes interne et externe, crural) avec un
buste en retrait (sollicitation max des muscles fessiers), ce qui impacte la rotule dans la
trochlée, et qui finit, par compression, à rendre la patela douloureuse.
La pathologie méniscale, quant à elle, est la conséquence de l’important travail isométrique
des cuisses. En effet, une véritable « fatigue musculaire » apparaît lors de la navigation. Cette
fatigue se traduit par une diminution de l’irrigation des muscles (hypoxie locale), et par
conséquent, un travail musculaire de mauvaise qualité. Sur le plan fonctionnel, il en résulte
une baisse de la qualité de proprioception du membre inférieur et donc une instabilité du
genou.
L’équilibre entre le travail des ischios jambiers et le quadriceps est un élément de
progression. L’angle et la position de flexion permettent d’allumer plus ou moins la charge
des ischios ou du quadriceps. Un angle plus ou moins idéal ferait bosser le quadriceps et les
ischios ensemble et faciliterait leur travail (à chercher ???). On peut imaginer un travail de
prévention sur un plateau (cf photos. Merci à Olivier Rachet (kiné équipe de France de ski
pour son travail sur ce plateau).
Enfin la pression élevée au niveau des cuisses se répercute au niveau des pieds et plus
particulièrement de la voûte plantaire.
Propositions de travail :
- Récupération des membres inférieurs : streching sur toute la chaîne musculaire sollicitée.
- Travail de proprioception sur plan instable.
- Sollicitation des membres inférieurs sur un plan instable, avec une sollicitation max de la
sangle abdos par un travail alterné entre exercices hypopressifs et gainage volontaire.
Il ne nous paraît pas judicieux d’utiliser des plateaux d’équilibre habituellement proposés en
rééducation car ils sont trop instables, mais plutôt le plateau reebook®, ou assimilé. Ce qui se
rapproche plus du support et permet d’effectuer des exercices classiques de gainages.
- Sollicitation des membres inférieurs sur un plan instable, avec une traction dans différents
plans de l’espace pour recréer la tension et le travail de VO2 local au niveau quadriceps.
Le travail du caisson (abdominale, et thoracique).
C’est bien évidemment un élément à ne surtout pas à négliger. Il permet le gainage et fait le
lien entre les fortes tensions des jambes et des bras. La résistance à la flexion se fait par la
force des muscles postérieurs, mais aussi par une résistance pneumatique, (avec un travail des
muscles antérieurs) ! On pourrait donc envisager un travail PPG sur le diaphragme, transverse
de l’abdomen, sans négliger les pectoraux, grand dentelé…
Dans ce cadre nous vous proposons de vous reporter au dossier spécifique sur le renforcement
musculaire du abdomino-lombaire que nous venons de rédiger.
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