L`Artère Maxillaire - Université de Nantes

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2006-2007
UNIVERSITE DE NANTES
L'Artère Maxillaire
Par
Romain Pinsonneau
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. J. LE BORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2006-2007
UNIVERSITE DE NANTES
L'Artère Maxillaire
Par
Romain Pinsonneau
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. J. LE BORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
I EMBRYOGENESE
1.1. Mise en place de l'appareil artériel
1.2. Origine de l'artère maxillaire
1.3. Morphogenèse de la région maxillaire
II ETUDE ANATOMIQUE
2.1. Situation anatomique
2.2. Protocole de dissection
2.2.1. But
2.2.2. Matériel
2.2.3. Méthode
2.3. Anatomie descriptive
2.3.1. Naissance
2.3.1.1. Artère carotide externe
2.3.1.2. Artère maxillaire
2.3.2. Trajet
2.3.3. Rapports
2.3.4. Collatéralités
2.3.4.1. Branches proximales à destinée pariétale
2.3.4.2. Branches pour les muscles de la mastication
2.3.4.3. Branche alvéolaire inférieure
2.3.4.4. Branches méningées moyenne et accessoire
2.3.4.5. Branche alvéolaire supérieure
2.3.4.6. Branche infra-orbitaire
2.3.4.7. Branches distales de la fosse ptérygo-palatine
2.3.5. Vascularisation des fosses nasales
III IMAGERIE
3.1. Artériographie
3.2. Angiographie par résonance magnétique
3.3. Scanner injecté
IV L'EPISTAXIS
4.1. Diagnostic
4.1.1. Diagnostic de gravité
4.1.2. Diagnostic positif
4.1.3. Diagnostic différentiel
4.2. Etiologies
4.3. Traitement par hémostase régionale
V APPLICATION : HEMOSTASE REGIONNALE
5.1. Ligatures artérielle
5.1.1. Ligature de l'artère maxillaire par voie transantrale
5.1.2. Ligature de l'artère sphéno-palatine par voie endoscopique
5.2. Embolisation sélective de l'artère maxillaire
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Remerciements
Je remercie Monsieur le Professeur Joël LEBORGNE pour m’avoir permis de réaliser ce sujet.
Je remercie l’ensemble des professeurs d’anatomie de la faculté de Nantes pour m’avoir donné
goût à l’anatomie et fait découvrir le domaine expérimental des dissections.
Je remercie Monsieur le Docteur Olivier MALARD pour m’avoir conseillé et aiguillé dans la
réalisation de ce mémoire.
Je remercie également Monsieur le Professeur Benoît DUPAS et Madame Marie GAYET pour leur
attention et le don de clichés d'artériographie et de Scanner.
Je tiens à remercier très sincèrement Monsieur Stéphane LAGIER et Monsieur Yvan BLIN pour
leurs conseils et soutien tout au long de l’année.
Enfin je désire remercier l’ensemble des personnes qui ont pu travailler au laboratoire à mes côtés
et en particulier Joseph Château, pour son support amical et technique, sans lequel ce travail
n’aurait pu être réalisé.
INTRODUCTION
L’artère maxillaire, ancienne artère maxillaire interne, est une artère sinueuse qui par sa
richesse en collatérales et anastomoses, participe à la vascularisation d’un vaste territoire :
l'ensemble de la face avec les régions temporale profonde, infra-temporale et ptérygo-maxillaire,
l'oreille, les méninges, les fosses nasales, le naso-pharynx, l'oropharynx ainsi que la cavité buccale
avec notamment le palais. C’est dire son rôle fondamental dans la vascularisation de la tête et la
voûte crânienne.
Son implication est dès lors très importante en cas de pathologies ou traumatismes hémorragiques
touchant notamment la face, les cavités endonasales ou para-nasales, et plus spécifiquement dans le
cadre des épistaxis.
L’objectif de cette étude réside alors dans l’anatomie descriptive de l’artère maxillaire et de ses
collatérales appuyée par des dissections anatomiques, supplée par son étude radiologique et dont le
dessein est d’introduire certaines applications chirurgicales comme la ligature artérielle ou la
radiologie interventionnelle pour le traitement de l'épistaxis.
I EMBRYOGENESE
1.1. Mise en place de place de l’appareil artériel
Au cours de la 4ème semaine du développement, le bulbe cardiaque se prolonge par une
dilatation, le sac aortique. Du sac aortique partent de chaque côté de l'extrémité crâniale deux
aortes, ventrale et dorsale, unies par six paires d'arcs aortiques destinés aux arcs branchiaux.
Les arcs aortiques de l'homme apparaissent dans un ordre cranio-caudal et forment un panier
d'artères autour du pharynx.
Les arcs aortiques (4ème semaine)
D'après Larsen
1.2. Origine de l'artère maxillaire
La première paire d'arcs aortiques se forme dès le 22ème jour lorsque le processus de
plicature de l'embryon qui amène les tubes endocardiques dans le futur thorax, oblige également les
extrémités crâniales des aortes à dessiner une anse dorso-ventrale.
Elle se trouve alors dans le mésenchyme épaissi de la 1ère paire d’arcs pharyngiens, les arcs
mandibulaires, puis s'en suit le développement des autres arcs par angiogénèse dans les arcs
branchiaux correspondants, en incorporant des cellules du mésoderme splanchnopleural
environnant.
Cependant les deux premiers arcs aortiques régressent dès que les suivants apparaissent. C’est ainsi
que la première paire involue presque complètement, laissant des fragments à l'origine de l'artère
maxillaire. La deuxième paire, quant à elle, appartenant à l'arc hyoïdien, participe à l'artère
stapédienne ayant des branches maxillaire, mandibulaire et supraorbitaire.
Ces trois portions s'anastomosent avec une artère pharyngienne ventrale naissant du sac aortique,
laquelle avec le 3ème arc aortique, participera à la formation de la carotide externe.
Système artériel céphalique (4e semaine)
Artère stapédienne
3e, 4e et 6e Arcs
Artère
maxillaire
7e
Artère
intersegmentaire
Aorte
Artère pharyngienne
ventrale
D'après Larsen
1.3. Morphogénèse de la face
Concernant les éléments squelettiques, le premier arc pharyngien sera à l'origine entre autre
de l'alisphénoïde, de l'os maxillaire, de l'arcade zygomatique et d'une partie de l'os temporal, tandis
qu'au niveau musculaire, les muscles de la mastication (temporal, masséter et ptérygoïdiens) en
dériveront également.
Formation osseuse de la tête
D'après Langman
Les structures osseuses en orange dérivent du 1er arc branchial
La face humaine se constitue, entre la 4ème et la 10ème semaine, par la fusion de cinq bourgeons
faciaux: le processus fronto-nasal, deux bourgeons maxillaires et deux bourgeons mandibulaires.
Les structures qui en dériveront telles que les placodes nasales à l'origine du nez, des fosses nasales
et du palais, et les mâchoires supérieure et inférieure seront donc issues du 1er arc pharyngien dont
l'artère principale est la future maxillaire. Les sinus para-nasaux, quant à eux, se développeront par
la suite, avec une pneumatisation qui se poursuit pour la plupart (sauf ethmoïdes) après la naissance,
avec notamment le sinus maxillaire jusqu’au 4e mois environ.
On comprend ainsi comment cette artère vascularise l'ensemble des éléments de la face
précédemment cités, et cette organogénèse engendre donc un parcours infra-temporal irrégulier
avec de nombreuses collatérales pour assurer la vascularisation des éléments osseux, musculaires et
cutanéo-muqueux de cette région.
II ETUDE ANATOMIQUE
2.1. Situation anatomique
L'artère maxillaire est avec l'artère temporale superficielle, l'une des deux branches
terminales de l'artère carotide externe.
Son trajet dans la région ptérygoïdienne ou infra-temporale est très sinueux, oblique en dedans et un
peu en avant, décrivant une courbe à concavité postéro-interne.
La région ptérygoïdienne s'inscrit dans un cadre osseux où nous retrouvons :
en avant : les os maxillaire, zygomatique et malaire où loge le sinus maxillaire
en arrière : l'os temporal avec ses processus mastoïde et styloïde
latéralement : l'arcade zygomatique en haut, la mandibule avec son condyle et son processus
coronoïde
médialement et en haut : l'os temporal et l'os sphénoïde
Tête osseuse : vue latérale
haut
avant
Arcade
zygomatique
Grande aile de l'os
sphénoïde
Os temporal
Méat
acoustique
externe
Fosse
ptérygo-palatine
Processus
mastoïdien
Os maxillaire
Processus styloïde de
l’os temporal
Processus ptérygoïdien
latéral
2.2. Protocole de dissection
2.2.1. But
Le but de la dissection est de décrire le trajet de l’artère maxillaire, depuis son origine
jusqu’à sa terminaison, ainsi que la disposition de ses collatérales.
2.2.2. Matériel
Les dissections ont été réalisées sur trois sujets :
-Un sujet formolé, côté droit et gauche, sujet féminin de 82 ans.
-Un sujet formolé, en coupe sagittale droite, sujet masculin de 87 ans
-Un sujet injecté par l'artère carotide droite, côté droit et gauche, sujet féminin de 84 ans.
Plusieurs instruments ont été utilisés :
-des bistouris
-des lames n°23
-des ciseaux à bouts mousses
-des ciseaux à bouts pointus
-des pinces à dissection
-des porte-lames et fils de suture
-une scie de Gigly
-une pince gouge et de Citelli
-un moteur et une fraise
-produits pour injection (encre de chine, latex...)
2.2.3 Méthode
Les pièces anatomiques sont installées sur un billot.
Dans un premier temps, pour la description anatomique de l'artère maxillaire et des
structures annexes, nous envisageons un abord infra-temporal.
Coupe frontale du pharynx (vue antérieure)
haut
Muscle temporal
gauche
Muscle ptérygoïdien médial
Nerf alvéolaire inférieur
Artère maxillaire interne
Muscle masséter
Espace para-tonsillaire
Muscle ptérygoïdien latéral
Artère faciale
Glande sous-mandibulaire
D'après Kamina
L’incision cutanée, en Y, débute en regard du méat acoustique externe descendant
verticalement jusqu’à l'angle goniaque et continuant le long du corps mandibulaire sur 4 cm. Elle
longe ensuite la limite inférieure de la fosse temporale définie par l'arcade zygomatique, allant
jusqu'à l'incisure supra orbitaire, et se poursuit enfin le long de la limite postérieure de la fosse
temporale sur 7 cm environ.
Ceci nous permet de récliner un vaste lambeau temporal laissant apparaître le fascia du muscle
temporal sur lequel parcourt l'artère temporale superficielle, et les muscles de la mimique de la face
avec les fascia parotidien et massétérique.
Vue latérale de la face (la peau étant réséquée)
haut
avant
Muscle temporal
Arcade zygomatique
Rameaux du nerf facial
Glande parotide
Artère temporale
superficielle
Muscle grand
zygomatique
Conduit parotidien
Corps adipeux de la
joue
Muscle masséter
Artère faciale
Pour accéder et visualiser l'axe artériel que forment les artères carotide externe et maxillaire, il faut
réaliser en premier lieu une parotidectomie totale en réclinant le conduit parotidien et le nerf facial,
puis une résection des muscles masséter et temporaux permettant alors la résection de la branche
verticale de la mandibule. Le muscle ptérygoïdien latéral s'insérant sur la face interne de la
mandibule est écarté tandis que le muscle ptérygoïdien médial est disséqué.
Secondairement, un sujet pour lequel nous avons préalablement réalisé une injection
sélective de l'artère carotide externe droite est abordé par voie transantrale, en créant un volet infra
orbitaire rectangulaire aux dépens de la paroi antérieure des sinus maxillaires, une incision le long
du dorsum du nez et deux incisions horizontales d’environ 8 cm allant de l’aile du nez à la partie
latérale de l'os zygomatique sont pratiquées
Volet infra-orbitaire
Foramen infra-orbitaire
Artère
infra-orbitaire
Nerf infra-orbitaire
La paroi antérieure du sinus maxillaire est ainsi réséquée, puis la muqueuse sinusale et le périoste
de la paroi postérieure sont incisés.
2.3. Anatomie descriptive
2.3.1 Naissance
L'artère maxillaire une branche terminale de l'artère carotide externe.
2.3.1.1. Artère carotide externe
Les artères carotides externes droite et gauche vascularisent les régions antérieures du cou,
la face et les téguments de la tête.
Chaque carotide externe naît de la carotide commune au niveau du bord supérieur du
cartilage thyroïde à hauteur de C4 et se termine sous le col de la mandibule, en artère temporale
superficielle et artère maxillaire.
A son origine, elle est antéro-médiale par rapport à l'artère carotide interne.
Elle monte verticalement sur une longueur de 2 cm environ, puis s'incline latéralement et en avant
pour devenir latérale à l'artère carotide interne.
On peut définir deux sections pour l'artère carotide externe : une partie cervicale et une partie
céphalique.
Une section cervicale donnant des branches thyroïdienne supérieure, linguale, occipitale et
pharyngienne ascendante, mais dans notre étude, nous nous intéressons essentiellement à la partie
céphalique où l'artère devient infra parotidienne, puis intra parotidienne, c'est-à-dire la section qui
donne naissance à l'artère maxillaire.
L'artère carotide externe est d'abord recouverte par le ventre postérieur du muscle
digastrique et par la face postérieure du muscle stylo-hyoïden, qui la sépare de la partie inférieure
de la glande parotide.
Elle va donner deux collatérales, l'artère faciale dont le niveau d'origine est variable et l'artère
auriculaire postérieure.
Puis l'artère traverse le diaphragme stylien et la glande parotide, où elle se divise en artère
temporale superficielle et artère maxillaire.
Artère carotide externe
Veine maxillaire(réclinée)
haut
avant
Artère maxillaire
Artère carotide
externe
Muscle stylo-hyoïdien
Ventre postérieur du
muscle digastrique
Artère faciale
2.3.1.2. Naissance de l'artère maxillaire
Née à l'intérieur même de la parotide, derrière le col du condyle mandibulaire, elle pénètre
dans la région par la « boutonnière rétro condylienne » de Juvara, que limite en dedans le ligament
tympano-maxillaire.
Le nerf auriculo-temporal, situé au-dessus de l'artère sort de la région par cette boutonnière.
Vue Médiale
Foramen ovale
Ligament
sphéno-mandibulaire
Nerf mandibulaire
et ganglion otique
Nerf auriculotemporal
Artère maxillaire
interne
Processus
styloïde
Ligament
stylomandibulaire
Artère et nerf
alvéolaires inférieurs
(V 3)
D'après Netter
Comme rapport antérieur, on retrouve la veine rétro mandibulaire qui bifurque également à ce
niveau, c'est à dire à la réunion des veines temporale superficielle et maxillaire.
Artère et veine maxillaires
Méat acoustique
externe
Artère temporale
superficielle
haut
avant
Artère transverse de la
face
Artère maxillaire
Veine
rétromandibulaire
Artère et nerf
alvéolaires
inférieurs
Veine maxillaire
2.3.2. Trajet:
D'abord dans la région ptérygoïdienne: elle suit un trajet variable suivant sa position:
▪ Tantôt en variété profonde, elle s'éloigne de l'aponévrose ptérygo-temporo-maxillaire, et se
redresse pour passer entre les deux faisceaux du ptérygoïdien latéral.
▪ Tantôt en variété superficielle: elle est plus basse, gagne rapidement la face externe du
ptérygoïdien latéral, en une courbe à concavité supérieure, et se place en dehors du faisceau
inférieur de ce muscle.
Artère maxillaire (variété profonde)
Artère temporale
superficielle
Muscle
ptérygoïdien
médial
Artère
maxillaire
interne
Muscle
ptérygoïdien
latéral
D'après Kamina
2.3.3. Rapports:
Latéralement :
Le condyle de la mandibule
Le ptérygoïdien médial
Les veines maxillaires : elles collectent un large plexus veineux très dense, le
plexus ptérygoïde, drainant l'ensemble de la région infra-temporale. On comprend alors bien que
cette région, très vascularisée, rende difficile une chirurgie par voie infra-temporale tant le
saignement est important.
Veines des régions orale et pharyngienne
D'après Netter
Médialement :
Le ligament sphéno-mandibulaire
Le fascia ptérygo-mandibulaire
Le nerf mandibulaire (V3) et ses branches auriculo-temporal, alvéolaire
inférieur, lingual et buccal, avec une véritable gaine vasculaire qui les sépare de l'artère maxillaire.
haut
Rapports nerveux de l'artère maxillaire
avant
Nerf
auriculo-temporal
Nerf mandibulaire
(V3)
Artère maxillaire
Artère méningée
moyenne
Nerf buccal
Artère alvéolaire
inférieure
Nerf lingual
Le nerf auriculo-temporal est un rapport un peu particulier: en naissant au niveau du nerf
mandibulaire (V3), il passe au-dessus de l'artère maxillaire en cravatant généralement l'artère
méningée moyenne. Cependant il peut aussi parfois entourer et cravater l'artère maxillaire induisant
une variation de sa trajectoire.
haut
Nerf auriculo-temporal
avant
Nerf
auriculo-temporal
Artère méningée
moyenne
Artère maxillaire
Au-delà de la région ptérygoïdienne, elle pénètre ensuite dans la fosse ptérygo-palatine et entre en
rapport avec:
en avant: la tubérosité maxillaire, contre laquelle elle se réfléchit, en décrivant une courbe à
convexité antérieure
en dehors: le corps adipeux de la joue, et le processus temporal de l'os malaire
en haut: le nerf maxillaire supérieur (V2)
en bas: la veine maxillaire
Puis, se dirigeant en dedans, elle pénètre alors à la partie haute de la fente ptérygo-palatine où elle
va alors emprunter un chemin plus tortueux et donner différentes branches.
Fosse ptérygo-palatine
haut
avant
Artère temporale
superficielle
Artère maxillaire
Muscle
ptérygoïdien
médial
Artère alvéolaire
supérieure
Artère transverse
de la face
Muscle constricteur
inférieur du
pharynx
Nerf
lingual
Conduit parotidien
(coupé)
Enfin, elle se termine dans la fosse ptérygo-palatine, où ses rapports deviennent étroits avec:
en haut : le nerf maxillaire supérieur (V2) et son rameau infra-orbitaire
en haut et en arrière : le nerf et le ganglion sphéno-palatins
Elle se termine alors par l'artère sphéno-palatine située sur la face postéromédiale du sinus
maxillaire, laquelle emprunte un canal situé entre l'os palatin et l'os sphénoïde, le foramen sphénopalatin.
2.3.4. Collatéralités:
Dans son court trajet de 4 à 5 cm, l’artère maxillaire émet en moyenne 14 branches
collatérales.
Chacune est décrite au cours de notre étude.
L'artère maxillaire (vue latérale)
D'après Netter
2.3.4.1. Branches proximales à destinées pariétales
Dans la partie proximale de l'artère maxillaire, on trouve tout d'abord l'artère auriculaire
profonde, puis l'artère tympanique antérieure qui emprunte la fissure pétro-tympanique. Les
artères vascularisent respectivement l'oreille externe et le tympanum.
Pendant les dissections, une artère naissant également dans cette portion a été observée
correspondant à l’artère transverse de la face qui est pourtant habituellement branche de l’artère
temporale superficielle.
2.3.4.2. Branches à destinées musculaires
De nombreuses autres branches sont responsables de la vascularisation des muscles
masticateurs, telles que:
-l'artère masséterique traversant l'incisure mandibulaire (entre le condyle et le coroné)
-les artères ptérygoïdiennes, à destination des muscles ptérygoïdiens médial et latéral
-l'artère buccale, passant à la face latérale du muscle buccinateur, vascularisant aussi la
région jugale
-les artères temporales profondes, avec des rameaux antérieurs et postérieurs
haut
Artères temporales profondes (vue latérale)
arrière
Artères temporales
profondes
antérieure et
postérieure
Muscle temporal
(réséqué)
Arcade
zygomatique
(réséquée)
Artère maxillaire
2.3.4.3. Branche alvéolaire inférieure
L'artère alvéolaire inférieure naissant sur le bord inférieur de l'artère maxillaire, descend
obliquement en avant accompagnée du nerf homonyme, s'engage dans le foramen mandibulaire et
parcourt le canal mandibulaire. Elle donne notamment une branche linguale.
haut
Vue médiale
arrière
Muscle ptérygoïdien médial
Nerf auriculo-temporal
Artère maxillaire
Corde du tympan
Ligament sphéno-mandibulaire
Ligament stylo-mandibulaire
Artère et nerf alvéolaires
inférieurs
Nerf lingual
Muscle masséter
D'après Kamina
2.3.4.4. Branches méningées moyenne et accessoire
L'artère méningée moyenne est la plus grosse collatérale et la plus importante des artères
méningées.
En rapport direct latéro-postérieur du nerf mandibulaire (V 3), elle emprunte seule le foramen
spinosum entrant ainsi dans la boîte crânienne.
Région infra-temporale (vue latérale)
haut
avant
Dure- Mère
Nerf mandibulaire
dans le foramen
ovale
Artère méningée
moyenne
Artère maxillaire
Elle se divise sous la dure-mère en deux branches, frontale et pariétale. La branche frontale parcourt
la grande aile du sphénoïde, vers l'os frontal, et la branche pariétale se dirige en arrière, vers l'os
occipital et les granulations arachnoïdiennes. Elle donne une branche pétreuse qui pénètre dans le
hiatus du grand nerf pétreux et l'artère tympanique supérieure, qui parcourt le canal du muscle du
malleus.
Les méninges (vue latérale)
haut
avant
Dure- Mère
Branche frontale
Branches
pariétales
Avec injection à l'encre de chine de l'artère méningée moyenne et de ses collatérales
L'artère petite méningée ou accessoire, quant à elle, pénètre dans le crâne par le foramen
ovale avec le nerf mandibulaire (V3). Pouvant naître également de l'artère méningée moyenne, elle
vascularise le ganglion otique.
Fosse infra-temporale (vue latérale)
haut
avant
Nerf
auriculo-temporal
Artère méningée
moyenne
Nerf
mandibulaire
Artère méningée
accessoire
Artère
maxillaire
2.3.4.5. Branches alvéolaires supérieure et postérieure
L'artère alvéolaire supérieure et postérieure descend, appliquée contre la tubérosité du
maxillaire, et emprunte les foramens alvéolaires. Elle peut donc être étudiée par voie infratemporale, comme jusqu'à présent l’ensemble des collatérales présentées.
Fosse ptérygo-palatine (vue postéro-latérale)
haut
avant
Dure-mère
Nerf et artère
infra-orbitaires
Artère
maxillaire
Artère alvéolaire
supérieure et
postérieure
Foramen
alvéolaire
Elle se termine en deux rameaux dentaires qui s'engagent dans les foramens alvéolaires. Elle
parcourt les canaux alvéolaires et se distribue au sinus maxillaire, aux molaires, prémolaires et
gencives.
Artères alvéolaires supérieure et postérieure (sinus maxillaire réséqué)
haut
avant
Nerf alvéolaire
supérieur
Artère
alvéolaire
supérieure et
postérieure
Lèvre
supérieure
Gencive
supérieure
2.3.4.6. Branche infra-orbitaire
L'artère infra-orbitaire, est étudiée quant à elle, d'une part, pour ce qui est de son origine
dans la région infra temporale, et pour ce qui est de sa terminaison par voie infra-orbitaire. A son
origine, elle accompagne le nerf maxillaire supérieur (V2) et parcourt le sillon et le canal infraorbitaires.
haut
Artère et nerf infra-orbitaires (vue latérale)
gauche
Graisse periorbitaire
Paroi latérale du
sinus maxillaire
(écarté)
Plancher de
l'orbite réséqué
Artère infraorbitaire
Nerf infraorbitaire
Sinus
maxillaire
Elle sort par le foramen infra orbitaire et s'épanouit dans de nombreux rameaux destinés à la
paupière inférieure et à la joue. Elle donne l'artère alvéolaire supéro-antérieure qui traverse le
maxillaire et se termine en rameaux dentaires. Elle irrigue ainsi le sinus maxillaire, les incisives et
les canines supérieures.
Région infra-orbitaire
Canal infraorbitaire
Artère
infra-orbitaire
Sinus
maxillaire
La paroi antérieure du sinus maxillaire a été trépanée
2.3.4.7. Branches artérielles distales dans la fosse ptérygopalatine
La partie terminale de l'artère maxillaire et ses branches terminales sont situées dans
l'arrière-fond de la fosse ptérygo-palatine. L'étude par un abord postéro-inférieur est rendue difficile
à cause de l'accès étroit en raison de l’interposition des processus ptérygoïdes, et de l'extrême
sinuosité de ces artères, la voie transantrale apparaît donc la plus appropriée, permettant un abord
antérieur de celles-ci.
haut
Arrière-fond de la fosse ptérygo-palatine (vue antérieure)
gauche
Ostium du
sinus maxillaire
Artère
maxillaire
interne
Muqueuse des
fosses nasales
Artère
infra-orbitaire
Artère palatine
descendante
Limite de
résection de la
paroi
postérieure du
sinus
En réséquant le mucopérioste, la paroi postérieure osseuse du sinus maxillaire ainsi que la paroi
intersinuso-nasale, nous pouvons alors mettre en évidence l'artère maxillaire dans son trajet rétrosinusien et ses branches alvéolaires supérieures précédemment décrites, palatine descendante,
ptérygopalatine et vidienne.
Voie
transantrale
Artère infra-orbitaire
A. nasale postéro-latérale
Artère maxillaire interne
A.sphéno-palatine
A.septale postéro-latérale
A. palatine descendante
Foramen rond du nerf
maxillaire (V2)
A. du canal palato-vaginal
Artère du canal ptérygoïdien
Vue transversale D'après Kamina
L'artère palatine supérieure ou descendante, qui descend à travers le foramen et le canal
grands palatins. Elle donne les petites artères palatines pour le palais mou, et l'artère grande palatine
qui franchit le foramen grand palatin pour se diriger en avant sur le palais dur. Elle se termine dans
le septum nasal.
L' artère vidienne ou artère du canal ptérygoïdien, qui traverse le canal du même nom, et
se distribue à la voûte du pharynx, la trompe auditive, les muscles élévateurs et tenseurs du voile du
palais.
Artère vidienne (vue antéro-supérieure)
haut
gauche
Artère vidienne
Artère maxillaire
L'artère ptérygo-palatine, qui suit le condyle ptérygo-palatin, et irrigue aussi la voûte
phayngée, la muqueuse du cavum et des choanes.
Branches terminales de l'artère maxillaire (vue antérieure)
haut
Artère
ptérygo-palatine
gauche
Artère
maxillaire
Artère
sphéno-palatine
Artère palatine
descendante
Enfin l’artère maxillaire prend le nom d’artère sphéno-palatine en franchissant le foramen
sphéno-palatin et se divise dans la cavité nasale en deux branches :
-une branche médiale avec l’artère nasale postéro-septale (ou naso-palatine), laquelle
vascularise le septum nasal en se dirigeant vers le canal palatin antérieur.
-une branche latérale ou artère nasale postéro-latérale qui ira vasculariser les cornets
moyen et inférieur.
Branches terminales de l'artères terminales de l'artère maxillaire (vue antérieure)
A. nasale
postéro-septale
A. nasale
postéro-latérale
Muqueuse de la
fosse nasale
(réséquée)
haut
gauche
Artère sphéno-palatine
Limite de
résection de la
paroi
postérieure du
sinus
2.3.5. Vascularisation des fosses nasales
L'irrigation artérielle des fosses nasales ne dépend cependant pas que de l'artère carotide
externe, il est tributaire des deux systèmes carotidiens très anastomotiques :
-carotide externe, par:
l'artère sphénopalatine précédemment décrite
l'artère faciale qui après s'infléchir sur le bord inférieur de la mandibule, monte sur
la face obliquement en haut et en avant, jusque dans le sillon naso-génien, pour finalement se
terminer dans l'angle de la paupière. Par l'intermédiaire de l'artère labiale supérieure, elle
vascularise le septum (artère de la sous-cloison) et l'aile du nez.
-carotide interne qui, par l'intermédiaire de l'artère ophtalmique, fournit les artères
ethmoïdales antérieure et postérieure. Ces artères naissant de l'orbite réalisent un court trajet sur
la lame criblée puis gagnent et irriguent la partie supérieure des fosses nasales.
Vascularisation artérielle de la cloison nasale. Innervation sensorielle
Ainsi se trouvent réalisés
différents réseaux artériels
anastomosés
entre
eux,
notamment dans la région
antéro-inférieure de la cloison
où le réseau anastomotique
constitue la tâche vasculaire,
source fréquente d'épistaxis.
D'après Legent et Perlemuter
III IMAGERIE
Les moyens d'imagerie moderne ont révolutionné progressivement l'étude de l'artère maxillaire ,
de la distribution de ses branches collatérales, ainsi que la connaissance de la topographie des
territoires qu'elle vascularise.
3.1. L'artériographie
haut
avant
A. maxillaire
A. occipitale
A. faciale
A. carotide externe
A. carotide
interne
A. carotide commune
Artériographie sélective carotidienne (cliché Dr J. Drouineau, d’après Kamina)
La radiographie de l'artère maxillaire après injection d'un milieu de contraste radio-opaque reste
l'examen de référence pour la visualisation de l'artère et de l'ensemble de ses collatérales,
permettant de comprendre les territoires qu'elle vascularise.
Cependant, elle comporte des inconvénients : elle est invasive, et qui plus est, bien qu'elle soit
demandée pour des patients souffrant par exemple d'épistaxis, elle ne doit pas être effectuée tant que
les saignements ne sont pas contrôlés par les techniques conventionnelles (de type méchage des
fosses nasales).
3.2. L'Angiographie par Résonance Magnétique (ARM)
Ce cliché d'angiographie par résonance magnétique avec acquisition en contraste de phase, met
ici en évidence les deux artères maxillaires droite et gauche ainsi que les branches collatérales en
coupe transversale.
Cliché d'angiographie par résonance magnétique en contraste de phase (coupe transversale)
D’après Thyl Snoeck
Ce type de cliché permet une bonne visualisation du trajet de l'artère dans un plan, avec une
précision accrue par rapport à l'artériographie.
On peut notamment noter sur ce cliché une variabilité intra-individuelle du trajet de l'artère
maxillaire. Effectivement on retrouve une variété dite profonde à gauche, où l'artère parcourt la face
interne du ptérygoïdien latéral et une variété superficielle à droite où elle parcourt cette fois-ci la
face externe.
3.3. Le scanner injecté
L’utilisation d’un produit radio-opaque permet de mettre en évidence l’ensemble du système artériel
injecté tout en mettant en évidence les structures osseuses. L’artère maxillaire, dans les clichés
suivants, est ainsi visible et s’ inscrit alors dans ses rapports osseux.
Cliché de scanner injecté
en coupe para-sagittale,
passant par l’orbite gauche.
Cliché en coupe coronale
passant par l’oropharynx et la fosse infratemporale.
IV BASES ANATOMIQUES ARTERIELLES DES EPISTAXIS
La fréquence des épistaxis est expliquée par la richesse de la vascularisation des cavités nasales.
Celle-ci dépend du système carotidien externe, par les artères maxillaire et faciale, et du système
carotidien interne, par l’artère ophtalmique via ses branches ethmoïdales antérieure et postérieure.
4.1. Diagnostic:
L'épistaxis est une hémorragie issue des cavités nasales et des sinus. Très fréquente, elle impose
toujours la même démarche au clinicien:
-la reconnaître
-en apprécier l'abondance et le retentissement
-en rechercher la cause, tout en assurant le traitement
4.1.1. Diagnostic de gravité:
Quelque soit le tableau clinique initial, l'épistaxis est à l'origine d'une déperdition sanguine dont il
faut:
-apprécier le retentissement: par l'examen clinique (sueurs, pouls, tension artérielle) et la biologie
(hémogramme, hématocrite)
-préciser le contexte (âge, antécédents pathologiques et hémorragiques (personnels et familiaux),
traitements, mode de survenue,...)
4.1.2. Diagnostic positif:
Schématiquement, deux tableaux cliniques peuvent être individualisés selon l'abondance et le
retentissement de l'hémorragie.
Epistaxis bénigne:
Elle est le tableau clinique le plus fréquent.
Elle se traduit par un écoulement de sang rouge d'apparition brutale mais de faible abondance.
Elle cède en général, soit spontanément, soit par simple compression.
L'état général du patient est satisfaisant. Cette épistaxis correspond le plus souvent à un saignement
au niveau de la tâche vasculaire, et le diagnostic est fait aisément par une simple rhinoscopie
antérieure.
Epistaxis grave:
Dans 10 % des cas, l'épistaxis peut être grave par son abondance immédiate ou sa répétition.
• Par son abondance
Il s'agit d'un épisode hémorragique important sous forme
d'un écoulement de sang rouge
bilatéral
souvent mixte : à extériorisation antérieure et postérieure
L'état général du patient est altéré (faciès pâle, pouls rapide et faible, tension artérielle plus basse
que la normale). L'examen ORL est souvent difficile dans ce cas, et l'hospitalisation s'impose avec
bilan biologique, pose de voie veineuse et traitement local immédiat.
•Par sa répétition
A chaque épisode, l'épistaxis apparaît comme plutôt bénigne, mais sa persistance sous forme d'un
écoulement postérieur dégluti ou la répétition fréquente des épisodes va entraîner une spoliation
sanguine importante dont la gravité est la même que dans la forme précédente.
4.1.3. Diagnostic différentiel:
Lorsqu'on assiste à l'extériorisation antérieure ou postérieure de sang par voie nasale, le
diagnostic ne pose pas de problème particulier, mais celui-ci est plus difficile chez un patient en
décubitus dorsal où le saignement dégluti (notamment dans un contexte de réanimation) peut
s'extérioriser secondairement sous forme d'hématémèse ou de melaena.
Le diagnostic d'une hémorragie digestive haute avec rejet de sang par voie nasale est facilement
redressé après l'examen ORL qui ne trouve pas de cause nasale à cette hémorragie.
Après mouchage et évacuation des caillots, la rhinoscopie ou l'endoscopie nasale, l'examen de
l'oropharynx permettent de préciser l'importance et le site du saignement, et orientent déjà souvent
le diagnostic étiologique.
4.2. Etiologies
Elles sont nombreuses, et parfois difficiles à préciser.
Un bilan soigneux doit toujours être réalisé, clinique, endoscopique et radiologique, en dehors de
toute période hémorragique, à la recherche d'une étiologie.
On distinguera les causes locales (les traumatismes iatrogènes comme la chirurgie endonasale, les
tumeurs, les traumatismes maxillo-faciaux, les inflammations...) des causes générales avec les
maladies hémorragiques telles que la maladie de Rendu-Osler-Weber (angiomatose hémorragique
familiale), les troubles de l’hémostase (purpuras) ou même l'hypertension artérielle. L’épistaxis est
dite essentielle lorsque aucune cause n’est retrouvée.
En fonction de l'origine du saignement, les solutions thérapeutiques seront alors évidemment
différentes.
4.3. Traitements par hémostase régionale
Les traitements sont variables selon l'étiologie et l'abondance de l'épistaxis. Toutefois, un certain
nombre de gestes s'impose en période hémorragique.
L’hémostase régionale est un moyen thérapeutique essentiel, entrant dans le cadre de notre étude.
On y recourt lorsque les premières manoeuvres classiques d'hémostase locale ( compresssion
bidigitale, tamponnement par méchages, cautérisations,...) n'ont pas permis l'arrêt de l'hémorragie.
Compte tenu de la richesse de la vascularisation des cavités nasales et de ses anastomoses, l'action
thérapeutique est d'autant plus efficace que l'oblitération artérielle s'effectue à proximité de l'origine
du saignement.
V APPLICATIONS : HEMOSTASE REGIONNALE
5.1. Ligatures artérielles
5.1.1. Ligature de l'artère maxillaire par voie transantrale
Les branches de l'artère maxillaire (artère palatine descendante, artère vidienne, artère ptérygopalatine et artère sphéno-palatine), forment un véritable plan vasculaire recouvrant le plan nerveux
formé par le ganglion sphénopalatin et ses branches ainsi que par le nerf maxillaire supérieur.
Sous anesthésie générale ou neuroleptanalgésie, on effectue une large trépanation de la paroi
antérieure du sinus maxillaire. La muqueuse sinusienne est retirée de la paroi postérieure, et sous
microscope opératoire, on trépane les deux tiers internes de la paroi postérieure du sinus maxillaire.
Le périoste est incisé, et l'artère maxillaire est facilement repérée, oblique en haut et en dedans, soit
immédiatement, soit en disséquant la graisse de la région. En dedans, le processus palatin est
réséqué de façon à dégager l'artère sphéno-palatine.
Arrière- fond de la fosse ptérygo-palatine
(vue antérieure)
haut
gauche
Artère ptérygopalatine
Artère sphénopalatine
Artère
maxillaire
Artère palatine
descendante
Artère
infra-orbitaire
L'interruption vasculaire est réalisée par clips non ferromagnétiques, soit unique en dedans, au
voisinage du trou sphéno-palatin, soit triple: maxillaire à sa partie externe, sphéno-palatine en
dedans, palatine descendante.
Il est important de noter que lors de l'incision de la paroi postérieure du sinus, les risques de
saignement sont importants, accrus par la présence du drainage veineux dense.
Les ligatures chirurgicales de l’artère maxillaire sont devenues exceptionnelles. En pratique, les
épistaxis en situation d’échec thérapeutique après hémostase locale vont nécessiter un traitement
autre qui est, soit une ligature endoscopique, soit une embolisation sélective, deux types
d’interventions que nous allons détailler.
5.1.2. Ligature endoscopique de l'artère sphénopalatine
Elle a remplacé les ligatures du tronc de l’artère maxillaire qui sont désormais exceptionnelles par
voie chirurgicale.
Après anesthésie locale de la fosse nasale, ou bien plus souvent sous anesthésie générale, elle est
réalisée sous contrôle optique et s'adresse aux épistaxis postérieures. Après l'entrée du fibroscope
dans la narine, on se dirige vers le méat moyen, en dedans du cornet moyen. On peut alors
notamment repérer l'ostium du sinus maxillaire latéralement après le processus unciforme
Vue endonasale gauche du méat moyen
Ostium du sinus
maxillaire
Cornet moyen
Puis, après le repérage de la fontanelle postéro-supérieure, la muqueuse est incisée verticalement
juste en arrière de celle-ci. Le lambeau muqueux est ruginé en sous-périosté jusqu'à l'entrée du
foramen sphéno-palatin (ablation du processus unciforme)
Méatotomie moyenne réalisée par voie endoscopique
Cavité du sinus
maxillaire gauche
Méatotomie
moyenne
L'artère sphéno-palatine et ses branches de division sont repérées et ligaturées par mise en place de
clips ou coagulées à la pince bipolaire.
Ligature de l'artère sphéno-palatine gauche par voie endoscopique
Muqueuse
endo-nasale
Périoste du
maxillaire
Artère sphénopalatine
Clip non
ferromagnétique
Cette technique nécessite une bonne connaissance de la chirurgie endonasale sous guidage optique,
et peut être rendue difficile par une reprise du saignement lors de l'approche de la région
d'émergence artérielle.
Enfin, la ligature endoscopique de l’artère sphéno-palatine est généralement associée à une ligature
des artères ethmoïdales, branches de l’artère carotide interne.
5.2. Embolisation suprasélective de l'artère maxillaire
La radiologie interventionnelle est une alternative intéressante aux ligatures vasculaires. Elle permet
une occlusion distale du territoire artériel à l'origine de l'hémorragie. Après cathétérisme des
branches du système carotidien externe, on injecte des particules résorbables ou non ( SPONGEL ®,
IVALON ®, microcoils...) sous forme scopique. L'embolisation doit souvent être effectuée de façon
bilatérale en raison de la richesse des anastomoses et des suppléances. Lorsque ce geste est réalisé
chez un patient méché, les mèches peuvent être retirées sur la table radiologique pour apprécier
l'efficacité de l'embolisation sur l'hémostase.
Ce type d'intervention est indiqué dans le cadre d'épistaxis grave à retentissement important, après
échec de traitements plus simples. Elle porte sur les branches des artères maxillaire et faciale,
effectuée de façon bilatérale, et permet des phases de rémission assez longues.
La maladie de Rendu-Osler-Weber, maladie héréditaire autosomique dominante, est caractérisée par
une anomalie de la structure du capillaire, où la symptomatologie clinique consiste en la présence de
télangiectasies atteignant les muqueuses des cavités nasales et buccale, à l'origine d'épistaxis
récurrentes.
Le traitement étant difficile, l'embolisation sélective apparaît comme étant une méthode de choix
efficace.
Artériographie carotidienne gauche
Artériographies per- et post- embolisation pour une maladie de Rendu-Osler.
D'autres indications de l'embolisation existent, notamment lorsqu'une dévascularisation du territoire
irrigué par l'artère maxillaire est nécessaire.
Avant
Après
Artériographies avant et après embolisation sélective de la maxillaire permettant une
dévascularisation complète, réalisée chez un enfant
souffrant d'un fibrome naso-pharyngien traité par exérèse endoscopique pure.
Cette technique permet donc d’emboliser sélectivement les artères maxillaires et faciales, mais en
revanche aucun geste de ce type n’est réalisé sur les artères ethmoïdales car elles dépendent du
territoire carotidien interne.
Enfin, c'est une technique « lourde » nécessitant une équipe radiologique entraînée. Non dénuée de
risques, de rares complications ont été décrites, à l'origine d'accidents neurologiques périphériques
(nerfs crâniens) ou centraux.
Elle reste cependant très précieuse dans certaines pathologies angiomateuses, et on doit y penser
avant une éventuelle ligature vasculaire, qui la rendrait alors impossible.
DISCUSSION
L'étude anatomique réalisée montre une hétérogénéité du trajet l'artère maxillaire et donc
une variation de sa position vis-à-vis de ses rapports directs que sont les muscles ptérygoïdiens
médiaux et latéraux, ou les structures nerveuses.
Les sujets étudiés paraissaient présenter tout d'abord des variétés dites profondes de chaque côté, où
la partie proximale de l'artère parcourt la face interne du muscle ptérygoïdien médial avant de
finalement regagner la fosse ptérygo-palatine. De nombreux auteurs font référence à ces variations
observées entre les individus, tandis qu'une étude des variations anatomiques de cette même artère
réalisée sur 15 sujets par Thyl Snoeck, à l’université de Bruxelles et la Haute Ecole de Paul Henri
Spaak, présente une variabilité intra individuelle à hauteur de 1/3 des cas étudiés, sans prévalence
de la latéralité.
De plus nous avons pu observer pendant notre étude que le nerf auriculo-moteur qui sort du
foramen ovale, latéralement par rapport au nerf maxillaire, bifurque en cravatant soit l'artère
maxillaire soit l'une de ses branches, la méningée moyenne. On peut alors supposer que cette
variation influencera la naissance de l'artère méningée accessoire qui vascularise le ganglion otique,
laquelle peut naître de chacune de ses deux artères.
Au niveau de la fosse ptérygo-palatine, l'artère maxillaire offre une trajectoire très sinueuse,
avec différents replis sur elle-même selon les sujets. On pourrait alors songer à une grande
variabilité quant à son trajet en arrière du sinus maxillaire, d'autant plus que ce dernier, dont le
développement définitif ne s'acquiert qu'après la naissance, varie énormément morphologiquement.
Mais, expérimentalement, cette hypothèse ne s'est pas vérifiée et au contraire, en disséquant par
voie transantrale la paroi postérieure du sinus maxillaire, l'artère maxillaire dans sa section
terminale se retrouve étonnamment avec des trajectoires comparables.
Concernant enfin les branches distales de l'artère maxillaire, des variations sont cependant
notables, quant à la naissance de celles-ci, leur calibre ou même leur trajectoire. L'artère palatine
descendante a, par exemple, un parcours qui varie par rapport au sinus maxillaire avant de rejoindre
le foramen grand palatin.
En conséquence, dans le cadre d'une intervention chirurgicale sur l'artère maxillaire, où une
ligature par exemple serait envisagée, notre étude montre, en premier lieu, que son abord par voie
infra-temporale est peu envisageable : d'une part à cause de ses rapports directs, avec les structures
musculaires, les structures nerveuses à l’instar des branches du nerf mandibulaire, et les structures
veineuses dont le plexus est très dense; d'autre part, en raison de sa trajectoire profonde, aléatoire et
tortueuse.
En revanche, l'abord transantral prend tout son sens puisque la dissection va léser beaucoup
moins de structures avec un risque hémorragique amoindri, et que la précision de l'intervention est
quant à elle accrue.
Cependant, la voie endoscopique apparaît désormais la plus adaptée pour envisager une
ligature de sa branche sphéno-palatine dans le traitement des épistaxis, afin de préserver au
maximum les structures annexes en garantissant une intervention minutieuse et très efficace, avec la
possibilité de ligaturer les artères ethmoïdales, branches de l’artère ophtalmique.
Quant à l'utilisation de la radiologie interventionnelle, avec notamment l'embolisation
suprasélective des branches collatérales de la carotide externe par cathétérisme, c’est une solution
thérapeutique très intéressante dans la prise en charge de l’ épistaxis, des maladies angiomateuses,
ou tout simplement dans le but de dévasculariser l'ensemble du territoire qu'elle irrigue. Cette
technique, plus spécialisée, a cependant l'avantage d'être moins traumatisante et, dès lors, plus
élégante.
CONCLUSION
L'artère maxillaire, en naissant de la carotide externe et en se terminant au contact des fosses
nasales réalise l'essentiel de la vascularisation de la face et de ses téguments. Sa responsabilité est
dès lors majeure dans l'ensemble des processus hémorragiques des fosses nasales, influençant ainsi
les modalités d'intervention et les techniques chirurgicales en vue d'une hémostase. Les moyens
modernes offrent désormais des possibilités de plus en plus efficaces et de moins en moins
traumatisantes pour les patients, tandis qu’elles permettent de pallier aux différents obstacles
anatomiques du corps humain.
Artère
infraorbitaire
REFERENCES
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Anatomie topographique, descriptive et fonctionnelle
Tome 1, Le système nerveux central, la face, la tête et les organes des sens
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