TS2, Lundi 17 novembre 2015 Contrôle de géographie – Des cartes pour comprendre le monde En vous appuyant sur les deux documents, nourris de vos connaissances personnelles, vous discuterez de l’existence d’une limite Nord-Sud, en critiquant notamment sa pertinence. Votre étude portera un regard critique sur les apports et les limites des représentations cartographiques utilisées. Doc. 1 – Le PIB par habitant en 2012 (Banque Mondiale) Doc. 2 – La population et l’IDH, PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), 2011 Correction du contrôle – Des cartes pour comprendre le monde Je vous rappelle ici la méthodologie de l’épreuve de commentaire de document(s). L’épreuve se présente toujours de la même ma nière : une consigne assez large (qui commence par « en vous basant sur les documents et sur vos connaissances personnelles ») qui accompagne un ou deux documents à étudier. Ci-dessous, je vous rappelle comment organiser votre réponse. Introduction - La limite Nord-Sud est une ligne imaginaire qui divise le monde en deux : au nord de cette ligne se trouvent - Présentez le sujet. les pays développés, riches ; au sud de cette ligne se trouvent les pays en développement, plus pauvres. Cette - Posez la problématique. limite offre donc une clé importante de lecture géoéconomique du monde. - Présentez rapidement les - Nous pouvons nous demander si cette limite, créée il y a plusieurs décennies, est encore pertinente pour documents. décrire un monde qui ne cesse de se complexifier. - Annoncez le plan. - Pour répondre à cette question, nous étudierons deux documents : un planisphère figurant le PIB/habitant en 2012 (Banque Mondiale), et un cartogramme figurant la population et l’IDH des différents pays du monde en 2011 (PNUD). - Dans un premier temps, nous verrons que la limite Nord-Sud offre une clé de lecture géoéconomique pertinente et utile à la compréhension du Monde. Puis nous critiquerons cette limite, qui peut paraître obsolète et inadaptée à la complexité de notre monde actuel. Développement I – Une limite pertinente entre pays du Nord et pays du Sud A – Une limite basée sur le PIB Organisez la réflexion en parties distinctes. La limite, bien que non tracée sur les documents donnés, est « visible » sur le doc. 1. En effet, le PIB (produit intérieur brut) est un indicateur économique qui mesure l’ensemble des richesses produites à l’intérieur des frontières d’un Etat. Les pays qui apparaissent en rouge (PIB supérieur à $30000/hab.) sont en Amérique du Nord, en Europe Occidentale, le Japon et l’Australie et Nouvelle Zélande. On y ajoute deux des dragons asiatiques : Taïwan et Singapour. Ce sont les pays développés. L’ensemble Amérique du Nord – Europe Occidentale – Japon forment la Triade, les pays moteurs de la mondialisation. La carte, en projection Mercator, Les pays qui apparaissent en jaune voire en blanc sont les pays en développement dites pays du Sud. On y trouve la plupart des pays asiatiques, l’Amérique Latine et l’Afrique (et notamment les pays d’Afrique Subsaharienne qui sont les PMA – pays les moins avancés). B – Et confirmée par l’IDH L’IDH (indice de développement humain) ne mesure pas seulement la richesse, il mesure le développement, c’est-àdire qu’il évalue les conditions de vie d’une population. Compris entre 0 et 1, cet indicateur prend en compte l’espérance de vie à la naissance, la scolarisation (à travers le taux d’alphabétisation) et le PIB/hab. Et le cartogramme nous confirme cette césure Nord-Sud : les pays à fort PIB ont aussi un fort IDH. Parmi les pays dont d’IDH dépasse 0.85, on trouve les pays précédemment cités, membres de la Triade ou dragons asiatiques ou autre. Mais davantage de pays apparaissent en orange sombre sur ce cartogramme, comparé au doc. 1. Nous allons tenter d’expliquer cela. Conclusion : répondez à la problématique. II – Mais dont l’existence peut paraître obsolète dans un Monde toujours plus complexe A – Des cas particuliers trop nombreux pour justifier le maintien de cette limite Nous observons bien des cas de pays qu’on a rangés dans l’une ou l’autre catégorie, mais dont les indicateurs de développement viennent remettre en cause la division Nord-Sud du monde : - Les pays émergents, dont la croissance économique est rapide et importante, viennent talonner, voire dépasser certains pays du Nord. C’est le cas du Mexique, dont le PIB est similaire à la Russie, mais dont l’IDH est supérieur à la Russie, pays anciennement communiste devenu capitaliste après 1991. D’une façon générale, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui s’affirment à l’échelle mondiale sont pourtant répartis sur les deux côtés de la limite Nord-Sud : la Russie est au Nord, les autres sont au Sud. Les deux indicateurs que sont le PIB et l’IDH nous montrent que cela n’est pas forcément justifié. - Il en est de même pour l’Arabie Saoudite, pays producteur de pétrole, qui apparaît comme riche (doc. 1) et plutôt développé (doc. 2) alors qu’il fait officiellement encore partie des pays du Sud (probablement en raison des très fortes inégalités sociales). - Quant à la Chine, seconde puissance mondiale après les Etats-Unis en PIB absolu, elle n’apparaît sur aucun document comme une puissance quelconque. En effet, les plages colorées sont à l’échelle des pays et ne distinguent pas les différentes régions : la Chine littorale est pourtant l’une des principales façades maritimes mondiales, avec des ports d’importance planétaire comme Hong Kong ou Shanghai. B – Une nouvelle donnée à prendre en compte : la population Sur le cartogramme, la taille des pays est proportionnelle à leur population. Et nous avons du mal à reconnaître le monde : la Chine et l’Inde, les deux grands géants démographiques avec plus d’un milliard d’habitants chacun, semblent écraser le reste de pays du monde par leur importance démographique. D’une façon générale, l’Asie est plus peuplée que les autres continents. Les Etats-Unis, l’Indonésie et le Brésil suivent ensuite les deux géants dans la classification des pays les plus peuplés du monde. Cette classification est indépendante de la limite Nord-Sud. Or la population peut constituer un atout majeur : réserve de main d’œuvre qui attire les délocalisations, c’est aussi un bassin de consommation qui motive l’économie. La Chine et l’Inde sont ainsi des pays où les délocalisations sont nombreuses, ce qui contribue à leur prospérité économique. C – Un nom à modifier ? La limite Nord-Sud est poreuse, comme nous l’avons vue, et son existence n’est pas toujours très pertinente. Son tracé très sinueux, avec l’Australie et la Nouvelle Zélande situés dans l’hémisphère sud mais appartenant au Nord, semble compliqué. Le nom de Nord et de Sud n’apparaît pas pertinent, d’autant plus que le « Nord » est très varié (comprenant à la fois des poids lourds comme la Triade, mais aussi les pays d’Europe centrale, moins développés), et le « Sud » forme un groupe tout aussi hétérogène (comprenant des pays émergents ou encore des PMA, de niveaux très inégaux de développement). La limite Nord-Sud a le mérite d’exister, elle permet d’appréhender l’inégal développement des différentes parties du Monde. Cependant, elle est figée, et peut apparaître caduque dans un Monde en mouvement, à l’heure de la mondialisation. Elle est simpliste, rangeant les pays dans des catégories bien définies, alors que la réalité est toute autre, avec par exemple l’émergence de nouveaux comme acteurs incontournables de la mondialisation.