24 LA MESURE DE LA CROISSANCE ET DU DÉVELOPPEMENT La croissance économique constitue un véritable enjeu pour toute société. En effet, c’est son intensité qui explique le rythme des créations d’emplois et, plus généralement, l’élévation du niveau de vie d’un pays. Cependant, elle ne doit pas être confondue avec la notion plus qualitative de développement. LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE q La croissance économique est un phénomène durable et mesurable La croissance économique correspond à l’augmentation soutenue et durable de la production d’un pays; elle se distingue de l’expansion, phase temporaire d’amélioration de la conjoncture. Elle est mesurée par le taux de variation de la production exprimée en termes bruts (c’est-à-dire en intégrant les amortissements entre deux périodes). Dans la Comptabilité nationale française, ainsi que dans la plupart des statistiques internationales, elle est évaluée par le PIB (produit intérieur brut). C’est un agrégat représentant la valeur des biens et services produits pendant l’année par les agents résidant à l’intérieur du territoire national (quelle que soit leur nationalité). Le PIB est calculé en additionnant les valeurs ajoutées (voir fiche 17) des différentes branches. On ajoute à ce total la TVA et les droits de douane de façon à mesurer le PIB aux prix du marché. Ce dernier se décompose en un produit marchand (évalué par le biais des prix) et un produit non marchand (évalué à partir du coût des facteurs de production). q Les limites des agrégats comme indicateurs de la croissance Les indicateurs de mesure de la croissance économique sont restrictifs. Ainsi, la production domestique n’est pas prise en compte dans le PIB. De même, le secteur informel couvrant les activités économiques non officielles (c’est-à-dire l’économie souterraine comprenant le travail au noir, non déclaré, et d’autres activités illicites comme le trafic de stupéfiants) échappe aux statistiques. Or, dans de nombreux pays en développement une partie importante de l’activité s’effectue hors marché : échanges sous forme de troc, rémunérations en nature, autoconsommation. En outre, les agrégats de mesure de la croissance prennent mal en compte les effets externes (ou externalités), c’est-à-dire les conséquences des activités économiques sur l’environnement. LE DÉVELOPPEMENT q Qu’est-ce que le développement ? Le développement est un ensemble de transformations structurelles qui accompagnent la croissance économique. Il se manifeste par des changements démographiques (la diminution du nombre d’enfants par femme, par exemple), économiques (l’industrialisation, la 58 salarisation), sociales (l’urbanisation, les changements dans les valeurs sociales et les comportements) et politiques (l’avènement de régimes démocratiques). C’est un phénomène qualitatif de long terme. En tant qu’objectif, le développement (appelé « développement humain ») se doit de satisfaire les besoins fondamentaux des hommes, c’est-à-dire couvrir les besoins physiologiques, mais aussi ceux comprenant une dimension culturelle (instruction, loisirs, etc.). Il doit également toucher l’ensemble des populations et doit être compatible avec la sauvegarde de l’environnement; dans ce cas, on parle de développement durable ou soutenable. q Comment mesurer le développement ? L’indicateur de développement le plus souvent utilisé est le PIB ou le PNB par habitant; la croissance de ces indicateurs donne une estimation du niveau de vie d’une population, c’est-à-dire de la quantité de biens et de services qu’un indiR APPORT DE L 'ONU vidu peut acquérir (par ses SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN revenus ou le recours au créRang IDH 1975 2005 dit), produire lui-même (son High human development autoconsommation) ou se 1 Norvège 0,866 0,963 procurer gratuitement (services non marchands). 6 Suède 0,863 0,949 Le PIB ou le PNB par habi10 États-Unis 0,866 0,944 tant permettent d’effectuer 11 Japon 0,854 0,943 des comparaisons entre des 15 Royaume-Uni 0,845 0,939 pays de taille différente et de 16 France 0,852 0,938 les classer. Ils ne sont pourtant pas des indicateurs satisfaiMedium human development sants du niveau de développe58 Libye – 0,799 ment. En effet, ils constituent 62 Russie – 0,795 des moyennes qui masquent 127 Inde 0,411 0,602 les inégalités au sein du pays 135 Pakistan 0,346 0,527 considéré. Low human development q L’IDH 153 Haiti – 0,475 Élaboré en 1991 par l’ONU 169 Burundi 0,282 0,378 (Organisation des Nations 174 Mali 0,232 0,333 unies), l’IDH (indicateur de 177 Niger 0,237 0,281 développement humain) D’après le rapport 2005 du PNUD-Données 2003. cherche à rendre compte du « développement humain ». Il combine trois critères : la longévité de la population, le niveau d’instruction et le niveau de richesse (voir fiche 65). L’IDH fait apparaître de très grands écarts entre pays, à l’instar du classement des pays selon leur PNB par habitant. Cependant, il n’y pas de lien systématique entre niveau de revenu et développement humain. 59