Sommaire N° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 !"#$%&'()$*+,- .$%+,/%+0 ÉDITORIAL 3 Prise en charge des pathologies du vieillissement : pluridisciplinarité, réflexion bénéfice/risque, hiérarchisation Support aging pathologies: multidisciplinarity, benefit risk reflection, priorization A. Madjlessi CONGRÈS-RÉUNION 6 Table ronde sur les troubles de l’équilibre du sujet âgé SFORL, 16-18 octobre 2010, Paris M. François ÉDITORIAL Prise en charge des pathologies du vieillissement : pluridisciplinarité, réflexion bénéfice/ risque, hiérarchisation Support aging pathologies: multidisciplinarity, benefit risk reflection, priorization A. Madjlessi* DOSSIER THÉMATIQUE 11 Les troubles de l’équilibre des personnes âgées Dizziness and falls on elderly D. Bouccara La douleur de la personne âgée : évaluation Pain in elderly: assessment V. Darees La presbyacousie Presbycusis I. Mosnier, D. Bouccara L’appareillage du sujet âgé Hearing aid for elderly S. Deys CAS CLINIQUE 32 Cancers cutanés du vieillard : un traitement “à la carte” Skin cancers in the elderly: an “a la carte” treatment V. Patron, P. Osenda, K. Aubry, J.P. Bessède REVUE DE PRESSE 35 Résumés de la littérature internationale M. François EN PLUS... ❖ Sélection de lecture l 10 ❖ Petite annonce l 34 ❖ Agenda l 37 ❖ Nouvelles de l’industrie pharmaceutique l 37 L e vieillissement de la population suit une courbe exponentielle depuis les dernières décennies. Les pathologies accompagnant le vieillissement, en particulier les maladies entraînant une déficience cognitive et sensorielle, sont elles aussi en augmentation. Il n’est pas rare que plusieurs pathologies évoluent et interfèrent, et leur prise en charge doit être réfléchie, coordonnée et hiérarchisée. Cet état de fait doit nous engager dans une révision profonde de nos pratiques et de nos réflexions autour de la polypathologie gériatrique. Selon les pathologies et les problèmes, il est parfois nécessaire de faire intervenir plusieurs spécialités ou compétences et d’avoir une réflexion préalable globale avant de se lancer dans un traitement, qu’il soit médicamenteux ou non. La réflexion doit être fondée sur le maintien de l’autonomie et de la qualité de vie du patient et de son entourage, le bénéfice réel apporté, et le suivi progressif de la prise en charge * Gériatre des hôpitaux, Société française de réflexion sensoricognitive (Sofresc). La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 | 3 ÉDITORIAL proposée. Le vieillissement de la population et l’hétérogénéité de ce vieillissement d’une personne à l’autre et d’un organe à l’autre font que l’âge chronologique n’a pas de signification réelle et ne doit pas entrer en ligne de compte pour la mise en place ou non d’un traitement. En revanche, l’âge physiologique, la polypathologie, la prise en considération des souhaits du patient et de son environnement ainsi que l’autonomie et la qualité de vie sont les éléments qui doivent contribuer à la réflexion bénéfice/risque. Les oto-rhino-laryngologistes, comme la plupart des spécialistes, sont de plus en plus souvent confrontés à la gériatrie et à la complexité de certaines prises en charge. La presbyacousie en est un bon exemple : elle peut avoir un retentissement très important sur l’autonomie et la qualité de vie du patient, mais elle est souvent sous-diagnostiquée, voire non diagnostiquée. Même lorsque le diagnostic est posé, nous sommes encore trop souvent confrontés à l’absence d’une prise en charge adaptée, et notamment à une sous-utilisation des appareillages auditifs. Toutes ces difficultés doivent nous amener à adopter une réflexion globale autour du patient âgé et de son entourage, qui tienne compte de l’ensemble des problèmes médicaux, sociaux, psychologiques, financiers et environnementaux. Il est important d’employer ce temps et d’impliquer le patient, l’entourage, l’audioprothésiste, l’ORL, le médecin généraliste, le gériatre, l’orthophoniste et parfois d’autres professionnels (psychologue et assistant social), pour arriver à faire en sorte que la prise en charge de la presbyacousie soit la plus complète possible et que son retentissement soit réduit à son minimum. Chez certaines personnes, l’hypoacousie peut s’accompagner d’une difficulté à tolérer un environnement bruyant ou les discussions en groupe, ce qui peut être à l’origine d’un isolement social et d’un repli sur soi pouvant contribuer à l’apparition d’un syndrome dépressif. Par ailleurs, compte tenu de l’importance des perceptions sensorielles dans la vie relationnelle, il n’est pas étonnant qu’un lien puisse s’établir entre l’altération de ces perceptions et une atteinte des fonctions cognitives. Mais, au-delà d’une simple association liée à l’âge, l’hypoacousie semble aggraver le risque de démence, comme le suggèrent plusieurs études longitudinales récentes. Un déclin de l’audition peut être prédictif d’une altération des fonctions cognitives. Ces données confirment l’importance des fonctions sensorielles dans la préservation de l’intégrité des capacités cognitives. Quant aux troubles de l’équilibre, souvent complexes, ils sont aussi un bon exemple de cette prise en charge gériatrique, qui fait intervenir une multitude de facteurs intriqués agissant les uns par rapport aux autres, les uns compensant les autres. Leur prise en charge nécessite souvent l’intervention de plusieurs spécialistes, outre l’ORL. Une fois le diagnostic affiné, il faut hiérarchiser les étiologies (ophtalmologiques, neurologiques, vestibulaires, etc.), puis mener une réflexion destinée à déterminer quelle intervention sera la plus utile et la plus bénéfique par rapport à l’état général du patient et aux autres facteurs intercurrents. Une des particularités de ces patients polypathologiques est que le symptôme ou le problème mis en avant n’est pas toujours le plus important, si bien que les problèmes d’évolution lente et insidieuse (les maladies neurodégénératives en particulier) peuvent souvent passer inaperçus pour un non-gériatre. Toutes ces réflexions nous poussent à progresser dans le domaine de la prévention et de la prise en charge en amont des pathologies, en ayant un regard large et concerté entre les différentes spécialités, pour poser le diagnostic précoce des pathologies les plus handicapantes avec le vieillissement. Avec la progression de la réflexion gériatrique et le nombre de plus en plus important de personnes âgées, diagnostiquer et traiter avec les moyens disponibles n’est plus suffisant : il convient de réfléchir à la prévention et au “bien vieillir”. Il faut communiquer largement, dès le plus jeune âge, autour des éléments permettant de vieillir ou de vivre le mieux possible avec le moins de handicaps possibles. Il faut évoluer vers un regard positif sur le vieillissement : avec les années qui passent, de plus en plus de personnes vont être concernées ! ■ Claudie Damour-Terrasson et toute l’équipe éditoriale vous souhaitent une très belle fin d’année 2010 au fil de nos pages papier et numérique 4 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010