Les grands syndromes gériatriques dans le contexte opératoire Gaétan Gavazzi Clinique universitaire de médecine gériatrique, CHU de Grenoble, Université J Fourrier L’évolution démographique est marquée par un vieillissement accéléré depuis plusieurs décennies, mais de façon plus récente ce vieillissement est essentiellement lié à celui de la population déjà âgée (plus de 65 et de 75 ans) ; cela aboutira à un triplement des populations de plus de 80 ans, en France, dans les 20 à 30 ans qui viennent. Cette population est bien sûr porteuse de plus de pathologies chroniques et présente plus souvent des pathologies aiguës dont certaines nécessitent une intervention chirurgicale. L’évolution du nombre d’intervention chirurgicale concernera donc de plus en plus de patients âgés à très âgés. Les critères évolutifs des prises en charge chirurgicales prennent en compte la mortalité et l’efficacité de la procédure et pour certaines le résultat fonctionnel de l’organe concerné. Il est régulièrement rapporté que l’âge est un facteur de surmortalité opératoire et postopératoire. Ainsi, la question des risques pré et postopératoire est au premier plan pour diriger au mieux les décisions médicales (intervenir ou ne pas intervenir, poursuivre des prises en charge agressives ou limiter les soins à ce qui est raisonnable). S’il est connu que les pathologies chroniques modifient les risques opératoires, une des questions fondamentales est de savoir si le vieillissement en lui-même est un facteur de risque. Sur un plan physiologique, le vieillissement des organes est caractérisé par une diminution des réserves fonctionnelles des organes en dehors même de toute pathologie chronique ; pourtant, les risques de décompensation d’organes augmentent à la faveur de tout stress ou pathologie aiguë, notamment en cas d’intervention chirurgicale et ce même en l’absence de pathologie chronique connue. Cependant, ce vieillissement est hétérogène au niveau populationnel (chacun ne vieillit pas à la même vitesse) mais aussi individuel (les structures et les organes ne vieillissent pas tous à la même vitesse). Le critère « âge chronologique » s’il peut représenter un facteur de risque n’est donc qu’un témoin très partiel du vieillissement individuel. D’autres critères sont nécessaires pour mesurer le vieillissement individuel et en l’absence de biomarqueurs fiables, 26 MAPAR 2012 l’évaluation gériatrique standardisée est la seule technique actuellement disponible pour l’approcher. Ces caractéristiques se retrouvent actuellement dans les études menées chez les populations âgées présentant des problématiques spécifiques appelés « syndromes gériatriques » qui accompagnent les pathologies aiguës et en compliquent la prise en charge ; les syndromes les plus étudiés actuellement et auxquels on peut se référer, sont le syndrome confusionnel, le syndrome d’immobilisation, la dépendance fonctionnelle, la malnutrition protéino-énergétique et la iatrogénie. A partir de ces constats, on peut définir 4 typologies de patient âgé en fonction de la présence de pathologies chroniques et de la conservation de leurs réserves fonctionnelles. Ceux qui présentent une altération de leur réserve fonctionnelle sont à haut risque de décompensation d’organe et de présenter des syndromes gériatriques. Il paraît donc essentiel de dépister, de reconnaître ces patients à haut risque afin d’adapter leur prise en charge en pré- comme en postopératoire. L’intervention gériatrique, par la prise compte de la vulnérabilité, devrait permettre de façon collaborative d’adapter au mieux la prise en charge de ces patients âgés opérés.