Les soins de support en ORL DOSSIER THÉMATIQUE

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DOSSIER THÉMATIQUE
Cancérologie et ORL
Les soins de support en ORL
Supportive care for head and neck cancer patients
F. Scotté*, S. Hans**, E. Kempf*, S. Marsan*, C. Tessier**, A. Sauvignet-Poulian**,
G. Vialatte de Pémille**, V. Siméone**, D. Brasnu**
L
* Unité de soins de support, oncologie médicale, hôpital européen
Georges-Pompidou, Paris.
** Service d’oto-rhino-laryngologie,
hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
e concept de soins oncologiques de support
(SOS) a été développé en Belgique sous l’égide
de Jean Klastersky en 1990. Attentif au problème
des neutropénies en cours de chimiothérapie,
J. Klastersky a créé l’association internationale en
soins de support appelée MASCC (Multinational
Association for Supportive Care in Cancer). Élargis
aux différentes souffrances ressenties par le patient
au cours de sa maladie cancéreuse, les soins de
support ont par la suite été promus dans le monde
entier avec l’apparition dès 2004 d’une session spécifique lors du congrès de l’ASCO. En France, les états
généraux du cancer, à la fin des années 1990, ont
imposé un regard spécifique sur les qualités de vie
et de prise en charge des patients atteints de cancer.
La consultation d’ancrage, qui donnera naissance au
dispositif d’annonce, tout d’abord, puis la création
d’un groupe issu de la fédération des centres de
lutte contre le cancer aideront au développement
du concept en France.
Un texte fondateur publié dans plusieurs revues
reprend alors les modalités et objectifs d’organisation de ces soins de support dans les établissements privés et publics (1).
Vient ensuite le premier Plan cancer et la circulaire de
la direction de l’hospitalisation et de l’organisation
des soins (DHOS) du 22 février 2005 (2) qui définit
les soins de support comme l’“ensemble des soins
et soutiens nécessaires aux personnes malades tout
au long de la maladie conjointement aux traitements
onco-hématologiques spécifiques, lorsqu’il y en a”.
Le travail français autour des soins de support intègre
alors une démarche symptomatique de soins, orientés
vers la prise en charge des effets indésirables du cancer
(douleur, dénutrition, etc.) et de ses traitements
(neutropénies chimio-induites, mucites postradiques,
douleurs postopératoires, etc.). Le concept intègre
également une démarche d’organisation et de coordination des soins autour du patient atteint de cancer
en imposant un lien indispensable entre les diffé-
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rentes équipes le prenant en charge, depuis l’annonce
de sa maladie jusqu’à son accompagnement en fin
de vie ou sa réhabilitation à une vie normale “après
cancer”. Ce dernier point s’est plus particulièrement
développé vers 2007 avec l’apparition, lors du congrès
de l’ASCO, d’une session intitulée “survivor care”.
Il était alors question de la vie après la maladie et
des souffrances vécues par le malade tant physiquement et psychologiquement que socialement. On
découvre les troubles cognitifs (mémoire et attention)
postchimiothérapie et radiothérapie, on insiste de
nouveau sur les toxicités cardiaques à long terme. Le
gouvernement, à l’instar du Plan cancer, reprend la
convention de Belorgey (2001) afin d’aider le recours
aux emprunts des anciens malades et développe la
convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un
Risque Aggravé de Santé).
Le second Plan cancer, rédigé par Jean-Pierre
Grünfeld et présenté en décembre 2009 par le
Président de la République française, poursuit cet
effort de développement des SOS, et met l’accent
sur les soins de ville et les liens entre les équipes
intra- et extrahospitalières, indispensables à une
bonne continuité des soins.
La place des réseaux est renforcée et des référentiels
communs de prise en charge dans le domaine des
SOS sont mis en place lors d’une rencontre nationale
de ces réseaux en décembre 2010, sous l’égide de
l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (AFSOS).
Cette association, créée en 2008 par le regroupement de différents mouvements et présidée par
Ivan Krakowsky, à l’origine du développement du
concept en France, a plusieurs missions dont, bien
entendu, l’aide à l’organisation et au développement
des SOS. Elle s’appuie sur plusieurs commissions, qui
travaillent sur la démarche participative, la formation
et la recherche. Elle fait tomber les frontières en
regroupant des acteurs francophones des pays du
Nord (Québec) au Sud (pays africains). L’AFSOS
Résumé
Les soins de support en cancérologie ORL ont depuis longtemps une place importante, liée aux situations
pathologiques et sociales des patients. L’impact relationnel des troubles de la voix, la dénutrition souvent
en lien avec l’atteinte des muqueuses et les douleurs nécessitent une prise en charge globale adaptée.
La place des agents stimulant l’érythropoïèse est également à redéfinir dans le contexte d’un impact mal
identifié sur la réponse tumorale. Ces différents points sont repris et viennent compléter le thème plus
général de la prise en charge thérapeutique des cancers ORL, en plein essor depuis quelques années.
collabore avec l’ensemble des sociétés savantes qui
nourrissent le développement des SOS, telles que
la Société française de psycho-oncologie (SFPO),
la Société française d’accompagnement palliatif
(SFAP) ou encore la Société française d’évaluation
et de traitement de la douleur (SFETD).
La pathologie ORL impose un regard spécifique sur
les souffrances des malades en raison, notamment,
de particularités liées à la pathologie. Le cancer
des voies aéro-digestives supérieures (VADS)
atteint des organes importants pour les relations
sociales, la parole et l’alimentation. Il touche
des patients souvent défavorisés, aux problèmes
sociaux multiples, bien qu’une population beaucoup
plus large commence à être atteinte, notamment
en raison des contages à papillomavirus humain
(HPV). Un comportement addictif reste encore
fréquent, nécessitant également une prise en charge
adaptée. L’environnement du patient, enfin, requiert
un important travail d’organisation au regard du
matériel nécessaire à une trachéotomie ou à une
gastrostomie d’alimentation.
Stratégie actuelle
du traitement des cancers
des VADS
Dans les cancers de stade avancé, le concept de
préservation d’organe est devenu le “gold standard”
permettant d’obtenir le contrôle locorégional du
cancer tout en préservant les fonctions relationnelles
du patient. Élaboré pour les cancers du larynx et du
pharynx, le concept de préservation d’organe tend à
être appliqué aux autres cancers des VADS.
Ainsi, en pratique, pour les cancers du larynx et de
l’hypopharynx, il correspond à la conservation des
différentes fonctions physiologiques du larynx : la
protection des voies aériennes supérieures avec une
déglutition sans fausse route, la respiration et la
phonation sans trachéotomie.
Ce concept repose sur 3 principes thérapeutiques : la
chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. De
nombreuses stratégies associant ces 3 traitements
se sont développées pour éviter la laryngectomie
totale, qui compromet la communication et la vie
relationnelle.
Depuis les années 1990, plusieurs études randomisées
américaines et européennes ont comparé l’utilisation
de protocoles de préservation d’organe associant
chimiothérapie et radiothérapie au traitement chirurgical de référence, la laryngectomie totale. Elles ont
montré l’intérêt de ces protocoles de préservation
d’organe en termes de qualité de vie.
Certaines équipes préfèrent proposer en première
intention une intervention chirurgicale aux patients
atteints d’une tumeur de stade avancé accessible à
une chirurgie partielle (conservatrice des fonctions
physiologiques du larynx) sur les plans oncologique et
fonctionnel. Cette attitude permet ainsi de préserver
la radiothérapie comme une arme thérapeutique pour
les localisations métachrones qui surviennent dans 10
à 20 % des cas.
Les protocoles de radio-chimiothérapie ont relancé
l’évaluation de la qualité de vie des patients atteints
d’un cancer de stade avancé du larynx et du pharynx.
Ces traitements concomitants ont une toxicité importante : il est ainsi nécessaire chez plus de 50 % des
patients d’avoirs recours à une nutrition entérale par
sonde naso-gastrique ou, au mieux, par gastrostomie.
Paradoxalement, il semblerait que la qualité de vie
des patients traités par une association radio-chimiothérapie concomitante dans le cadre d’un protocole
de préservation d’organe ne soit pas meilleure que
celle de ceux traités par une laryngectomie totale.
Les douleurs liées aux traitements, la dysphagie et les
troubles de la mastication seraient à l’origine de cette
observation. En effet, les questionnaires de qualité de
vie analysent de nombreux paramètres physiques et
psychiques. À distance du traitement, les séquelles ne
sont pas les mêmes en fonction du traitement réalisé
mais le résultat final de l’étude peut être comparable.
L’intégrité anatomique des larynx préservés n’est pas
un critère suffisant. La fonctionnalité de ces larynx
doit être analysée. La majorité des études de préservation d’organe ne prend guère ce facteur en compte.
L’analyse fonctionnelle des larynx préservés est
complexe et doit tenir compte de plusieurs facteurs :
la respiration, la déglutition et la phonation.
Pour les cancers de stade précoce, la chirurgie
minimale invasive s’est imposée progressivement.
La chirurgie transorale par voie endoscopique
au laser CO2 a été développée pour les tumeurs
précoces des cordes vocales depuis les années 1980.
Mots-clés
Cancer ORL
Soins oncologiques
de support
Agents stimulant
l’érythropoïèse
Nutrition
Mucite
Summary
Supportive care in cancer have
for a long time an important
place, connected to the pathological and social situations
of the patients. The relational
impact of voice disorders, the
undernutrition often correlated with mucosal damage
and pain require an adapted
and global care. The place of
the erythropoesis-stimulating
agents is also to be redefined in
the context of a badly identified
impact on the tumoral growth.
These various points are developed and complete the more
general theme of head and
neck cancer therapeutic care,
which is taking off for some
years.
Keywords
Head and neck cancer
Supportive care in cancer
Erythropoietin stimulating
agents
Nutrition
Xerostomia
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DOSSIER THÉMATIQUE
Cancérologie et ORL
Les soins de support en ORL
Elle permet d’obtenir des résultats carcinologiques
identiques à ceux de la chirurgie par voie externe
et par radiothérapie sans trachéotomie transitoire,
une durée d’hospitalisation moins importante, une
meilleure qualité de voix, une meilleure qualité de
vie, et elle a un coût moins important. Depuis les
années 1990, cette technique a été pratiquée par
différentes équipes pour des patients sélectionnés
atteints d’un stade avancé de tumeur glottique et/ou
supraglottique, chez lesquels elle est le plus souvent
complétée par une radiothérapie postopératoire.
Pour les autres tumeurs des VADS difficilement ou
non accessibles par voie endoscopique au laser, l’utilisation du robot Da Vinci® développé par Intuitive
Surgical Inc. est intéressante. La chirurgie robotisée
a plusieurs avantages :
➤ une vision en 3 dimensions contre 2 dimensions
en cœlio-chirurgie classique ;
➤ une vision stable car l’optique est maintenue et
mobilisée par un des bras articulé du robot ;
➤ une gestuelle plus précise et plus fine grâce à
une plus grande liberté dans les 3 axes de l’espace ;
➤ une suppression du tremblement physiologique ;
➤ le chirurgien étant assis dans l’axe de la console,
il travaille dans des conditions ergonomiques plus
favorables.
Dans le cadre de la cancérologie des VADS, les
avantages de la chirurgie robotisée sont les suivants :
➤ l’accès par la chirurgie robotisée à des sites
anatomiques non accessibles classiquement par la
voie endoscopique ;
➤ l’absence de cicatrice cervicale ;
➤ l’absence de trachéotomie ;
➤ l’absence d’alimentation par sonde nasogastrique ou de gastrostomie ;
➤ l’obtention d’une meilleure qualité de vie ;
➤ la chirurgie robotisée permet de réaliser des
sutures et par conséquent des lambeaux pédiculés
et libres, ce que l’on n’obtient pas en recourant à la
chirurgie classique par voie endoscopique.
Les inconvénients de la chirurgie robotisée sont
dominés par son coût (achat du robot, frais importants de maintenance et achat de matériel à usage
limité). Les premiers travaux rapportés sont préliminaires ; les résultats oncologiques et fonctionnels à
moyen et à long terme ne sont pas connus.
La voix
Les techniques de réhabilitation vocale après sacrifice
du larynx ont évolué ces dernières années. La récupération de la voix et de la parole est obtenue soit par
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voie œsophagienne soit par voie trachéo-œsophagienne avec mise en place d’un implant phonatoire.
Les shunts ne sont quasiment plus utilisés en raison
de leurs nombreuses complications.
La mise en place d’un implant nécessite non seulement
une éducation du patient et de sa famille aux soins et
aux différents problèmes que peut entraîner l’implant
(fuites, intrusion, extrusion, etc.), mais également
une collaboration multidisciplinaire étroite entre
les orthophonistes et les chirurgiens pour la prise
en charge du patient afin d’optimiser les résultats.
En préopératoire, à l’hôpital européen GeorgesPompidou (Paris), ont été développées des consultations systématiques avec les orthophonistes pour
tous les patients qui doivent subir une laryngectomie
totale. Le patient peut ainsi poser toutes les questions
qu’il souhaite à propos de l’intervention chirurgicale,
des suites opératoires immédiates, des soins et des
conséquences de la chirurgie sur sa voix, sur sa respiration ou sur sa déglutition, ainsi qu’au sujet de la
rééducation. Ces consultations permettent également,
lorsque le patient le souhaite, de rencontrer une
personne laryngectomisée totale, opérée depuis
quelques années, afin de parler avec elle, de lui poser
des questions, d’entendre sa voix, et de se projeter
dans l’“après-laryngectomie”.
Les consultations préopératoires permettent de
proposer au patient l’information la plus précise et
adaptée possible sur les techniques rééducatives
entre lesquelles le patient peut choisir (voix oro-œsophagienne ou trachéo-œsophagienne) et d’en indiquer
les avantages et inconvénients. Le patient pourra
visualiser et toucher le matériel, et les différentes
étapes de la prise en charge seront abordées.
En outre, le patient bénéficie systématiquement
d’une consultation avec un psychologue et, parfois,
avec un psychiatre (oncopsychiatre).
De nombreux matériels médicaux destinés aux
patients laryngectomisés totaux ont été développés
ces dernières années. Un travail a été fait afin que
la plupart de ces dispositifs soient accrédités par
les instances de la sécurité sociale, pris en charge
à 100 % et donc deviennent accessibles à tous les
patients.
La réalisation d’une canule de trachéostomie souple
et plus courte, en silicone, a amélioré le confort
du patient, moins blessé lors des nettoyages de la
canule.
Ensuite, les dispositifs de filtre de trachéostomie
se sont nettement améliorés, tant sur le plan
quantitatif (meilleure étanchéité de la protection)
que qualitatif (amélioration de l’aspect esthétique des filtres et meilleure qualité de filtre). Les
DOSSIER THÉMATIQUE
patients portent, très tôt après leur intervention,
des filtres qui s’adaptent sur leur canule souple de
trachéostomie et qui réduisent de façon significative la quantité des sécrétions trachéales. Par la
suite, lorsque la canule peut être partiellement ou
totalement retirée en journée, le patient peut coller
un adhésif transparent autour de son trachéostome
et y insérer une cassette filtre, assurant la protection
de son trachéostome, tant sur le plan de la filtration
que sur celui du maintien de l’intimité corporelle
(orifice trachéal non visible). Certaines patientes
utilisent mêmes ces filtres comme base de fixation
de bijoux.
Des dispositifs, appelés “protecteurs de douche”,
permettent aux patients de prendre des douches
dans de meilleures conditions et en toute sécurité.
En effet, du fait de la présence du trachéostome,
les bains de mer, le bateau, la natation, les douches
sans protection, n’étaient jusqu’alors plus possibles
du fait de l’éventuelle pénétration de l’eau dans
l’orifice. Ces protecteurs de douches, abouchés
aux adhésifs précédemment décrits, sont des tubes
coudés tournés vers le bas, permettant à l’eau de
la douche de ruisseler sans pénétrer à l’intérieur du
trachéostome, et au patient de respirer tranquillement.
Enfin, des dispositifs appelés “valves automatiques”
permettent aux patients employant la technique de
réhabilitation vocale de la voix trachéo-œsophagienne d’obturer automatiquement le trachéostome
pour émettre des sons, sans utiliser leurs mains, qui
“redeviennent” disponibles lorsqu’ils parlent.
Le suivi orthophonique d’un patient opéré d’une
laryngectomie totale consiste donc en une prise en
charge depuis le postopératoire jusqu’au moment où
il se sentira capable de communiquer à nouveau avec
son entourage familial et social. Ce suivi repose sur
un apprentissage de la technique de réhabilitation
vocale adapté au patient et des incidences de celui-ci
(nettoyage et entretien de l’implant, autonomie du
patient vis-à-vis de ce suivi). Il consiste également à
l’informer sur le matériel adapté à son cas. Enfin, il
porte sur un suivi de sa déglutition et des incidences
des différents traitements sur ses qualités de voix
et de vie.
Cette rééducation allie bien évidemment des aspects
techniques à une prise en charge éminemment
relationnelle et un accompagnement psychosociomédical des patients dans ces moments bien
particuliers pour eux.
Les nouvelles techniques de préservation d’organe,
permettant de limiter les séquelles post-thérapeutiques des cancers des VADS sont, bien entendu, une
évolution majeure dans l’amélioration de la qualité
de vie de ces patients. Il s’agit de proposer des
associations thérapeutiques de chirurgie conservatrice avec radiothérapie et chimiothérapie (3). L’évolution des techniques chirurgicales, et notamment
la robotisation des gestes, devraient également
apporter de nouvelles améliorations dans le confort
de vie post-thérapeutique des patients.
Anémie, agents stimulant
l’érythropoïèse, transfusions
L’anémie est un problème courant lors des cancers
des VADS, en particulier en raison des risques hémorragiques liés à la pathologie. Le recours aux transfusions et à des gestes d’embolisation ou d’hémostase
permet d’agir contre le symptôme tout en écartant
la cause évidente de la perte sanguine. Ces gestes
d’embolisation se sont développés ces dernières
années grâce au travail des équipes de radiologie
interventionnelle.
Toutefois, la question de l’anémie liée aux traitements
anticancéreux a entraîné de nombreuses discussions, parfois houleuses, depuis la publication des
résultats de l’étude de M. Henke et al. en 2003 (4).
L’essai DAHANCA, mené au Danemark, a quant à lui
enregistré des résultats similaires sur une population
de patients également traités par radiothérapie (5).
L’étude de M. Henke et al., menée auprès de
patients en cours de radiothérapie dans le cadre
d’une néoplasie tête et cou, avait pour objectif de
déterminer l’impact d’un traitement par un agent
stimulant l’érythropoïèse (ASE) en prévention de
l’anémie, pour améliorer l’oxygénation tissulaire et
l’efficacité de la radiothérapie, en plus de la qualité
de vie. Les taux d’hémoglobine des patients avant le
début du traitement par ASE étaient supérieurs à 12
voire à 13 g/dl. Les cibles d’hémoglobine atteintes
en fin de traitement dépassaient les 15 g/dl pour
atteindre jusqu’à 18 g/dl. Un impact négatif en termes
de taux de réponse et de survie a alors été constaté,
avec pour effet immédiat une régulation drastique
des prescriptions d’ASE en cancérologie ORL.
La population des patients, pour la plupart traités
par sels de platine, pourvoyeurs d’anémie chimioinduite, présente malgré tout un risque majeur
d’anémie et d’altération de sa qualité de vie en cours
de traitement par chimiothérapie. La prescription
d’ASE en cancérologie ORL n’est pas interdite mais
doit suivre strictement les recommandations
proposées par les sociétés savantes, dont nous
La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 2 - février 2011 |
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DOSSIER THÉMATIQUE
Cancérologie et ORL
Les soins de support en ORL
rappellerons l’algorithme décisionnel diffusé par
l’EORTC (figure).
Si les ASE ont fait couler beaucoup d’encre, les transfusions sanguines restent elles aussi à risque pour
la survie des patients, comme l’a montré une étude
présentée à l’ASCO (8). Il conviendra donc d’être
vigilant et de traiter impérativement toute autre
cause d’anémie (notamment les lésions hémorragiques) avant de poser l’indication d’une transfusion
ou de décider d’un traitement par ASE, à réserver
aux patients sous chimiothérapie.
Nutrition
La nutrition est un enjeu majeur en cancérologie
ORL : du fait de leur nature ou des traitements,
l’ensemble des lésions touchant les VADS sont
en relation avec une gêne à la déglutition et avec
des apports nutritionnels malaisés. Les difficultés
concernent la déglutition des aliments solides
ou des liquides, des troubles de l’appétence, des
fausses routes qui peuvent entraîner des pneumopathies et vont conduire le patient à diminuer
ses apports nutritionnels. Le risque de déshydratation et de dénutrition est important. Lors d’une
enquête épidémiologique évaluant, auprès de
1 903 personnes, l’impact de leur maladie sur leur
état nutritionnel, 49 % des patients touchés par un
cancer des VADS étaient dénutris (9).
Corriger les causes de l’anémie en dehors de celle liée au cancer
Hb normale
Anémie symptomatique
Hb entre 9 et 11 g/dl
Anémie asymptomatique
Hb entre 11 et 11,9 g/dl
Hb < 9 g/dl
Traitement
prophylactique
non recommandé
Initier traitement
par ASE
Considérer
un traitement par ASE
en tenant compte
des facteurs individuels
Évaluer le besoin
en transfusion
et considérer
un traitement par ASE
en tenant compte
des facteurs individuels
Traiter pour atteindre une Hb d’environ 12 g/dl
Individualiser le traitement pour maintenir le taux cible
avec un minimum de traitement
ASE : agent stimulant l’érythropoïèse ; Hb : hémoglobine.
Figure. Algorithme de traitement de l’anémie de l’EORTC (6, 7).
148 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 2 - février 2011
La dénutrition a été définie par la Haute Autorité de
santé (HAS) en 2007 comme étant “un état pathologique qui résulte d’un déséquilibre persistant entre les
apports et les besoins de l’organisme. Ce déséquilibre
entraîne des pertes tissulaires, notamment musculaires, qui ont des conséquences fonctionnelles
délétères”.
L’évaluation de l’état nutritionnel de chaque patient
doit faire partie de l’examen clinique initial et
comporter :
➤ une recherche de l’étiologie de cette dénutrition ;
➤ une évaluation du poids actuel, du poids de base
et de la vitesse de perte de poids, ainsi qu’une mesure
de l’indice de masse corporelle (IMC = P/T2) ;
➤ une évaluation des ingestats et des dépenses
énergétiques ;
➤ un complément par des données biologiques
(albumine, préalbumine, notamment) afin de
permettre une analyse plus approfondie et adapter
les démarches de renutrition.
Une perte de poids de 5 à 10 % du poids initial en
1 mois ou de 10 à 15 % en 6 mois est un indicateur de
dénutrition modérée. Une perte de poids supérieure à
10 % en 1 mois ou à 15 % en 6 mois est un indicateur
de dénutrition sévère.
Rappelons quelques données clinico-biologiques
sur :
➤ l’IMC :
– IMC entre 17 et 18,50 : dénutrition légère,
– IMC entre 16 et 16,99 : dénutrition modérée,
– IMC inférieur 16 : dénutrition sévère ;
➤ l’albuminémie :
– dénutrition modérée : albuminémie entre 30 et
35 g/l,
– dénutrition sévère : albuminémie entre 25 et
30 g/l,
– dénutrition profonde : albuminémie inférieure
à 25 g/l.
La prise en charge nutritionnelle est indispensable à
l’accompagnement d’un patient atteint d’un cancer
des VADS, non seulement en termes de qualité de vie
mais également pour permettre que les traitements
soient menés à terme.
Avant de commencer une radiothérapie, une sonde
de gastrostomie d’alimentation est habituellement
mise en place. Il s’agit d’une intervention consistant
à réaliser, au niveau de l’abdomen, un orifice faisant
communiquer l’estomac avec l’extérieur, par le biais
d’une sonde qui permettra d’introduire l’alimentation directement dans l’estomac.
La gastrostomie peut être posée soit par une équipe
de radiologie interventionnelle, soit par voie percutanée endoscopique.
DOSSIER THÉMATIQUE
Dans les deux cas, une sonde fine est passée par
l’œsophage jusqu’à l’estomac et elle est ressortie
par le ventre après que l’on a fait un petit orifice.
Ces 2 techniques sont dites “percutanées” et sont
mieux supportées que les techniques chirurgicales,
surtout pour les patients fragilisés.
La sonde peut également être posée par acte chirurgical : la partie souple de l’estomac est rapprochée de
la paroi du ventre et un orifice est réalisé. La cicatrisation d’un orifice fait chirurgicalement demandera
3 mois environ.
L’intervention peut être réalisée sous anesthésie
générale, mais elle est généralement bien supportée
sous anesthésie locale lorsque ce sont les méthodes
percutanées qui sont concernées.
Lors d’une gastrostomie endoscopique percutanée,
un fibroscope est introduit dans l’estomac, gonflé
par insufflation d’air. La source de lumière, située à
l’extrémité de l’endoscope, est dirigée vers la paroi
externe et est visualisée sur la peau du patient : une
incision est faite à ce niveau, après anesthésie locale,
permettant d’y introduire un guide métallique qui est
saisi par le fibroscope. Ce dernier est retiré et le guide
métallique est connecté au cathéter de gastrostomie. La
traction du guide à travers la peau permet le passage du
cathéter de l’estomac à travers l’incision cutanée (10).
Le choix du type de gastrostomie dépend de l’expérience de l’équipe qui la réalise. Quelle que soit la
méthode, la nutrition par la sonde peut être mise
en place quelques heures après la pose.
Des recommandations de bonne pratique ont été
publiées et insistent sur l’information du patient
quant à la pose, l’utilisation et les éventuelles
complications inhérentes à ce dispositif (11, 12).
Une initiative intéressante a été mise en place par
l’équipe de l’hôpital européen Georges-Pompidou
depuis 1998, de manière informelle puis institutionnalisée dans les “3C” (centre de coordination
en cancérologie) en 2007. Il s’agit d’une prise en
charge conjointe des troubles de la déglutition par un
tandem orthophoniste-diététicien (13). Cette consultation permet de mettre en commun les compétences
de 2 professionnels de santé au service de l’amélioration de la qualité de déglutition du patient.
La consultation ortho-diététique concerne tout
patient ayant des difficultés à s’alimenter ou
reprenant une alimentation orale, qu’il soit ou non
porteur d’une sonde d’alimentation entérale.
Cette consultation est proposée par le médecin ORL,
le radiothérapeute, l’oncologue médical ou l’orthophoniste au cours de la prise en charge.
Le patient, et si possible son conjoint, sont reçus
durant environ 1 heure, au cours de laquelle un bilan
des capacités de déglutition, des apports caloriques,
des goûts alimentaires et de l’évolution pondérale
éventuelle est effectué. Il repart systématiquement
avec un “semainier” à remplir et une liste de conseils
alimentaires et fonctionnels, réactualisés en fonction
des progrès réalisés ou des difficultés rencontrées.
Le patient est revu environ tous les 15 jours (début
de prise en charge) à un mois. Les prises en charge
peuvent durer de quelques semaines à quelques
mois selon l’évolution du patient.
Cette démarche s’inscrit dans les soins de support
en cancérologie. Il s’agit avant tout de permettre le
maintien et surtout une amélioration de la qualité
de vie du patient.
Douleurs
La douleur est une symptomatologie fréquente en
pathologie ORL, qui nécessite une prise en charge et
des formes galéniques adaptées. Une revue systématique de la littérature a porté sur 39 publications dont
le thème principal était la douleur (14). La plainte
algique est retrouvée chez près de la moitié des
patients avant le début du traitement anticancéreux.
Ces douleurs sont présentes pendant le traitement
chez 81 % des malades, en fin de traitement chez
70 % et elles persistent encore à 6 mois de la fin
des traitements pour 36 % d’entre eux. Un tiers des
patients se sont plaints de douleurs supérieures à
celles éprouvées en préopératoire et en préradiothérapie après une association chirurgie radiothérapie,
classique en cancérologie des VADS (15).
Le lien avec la radiothérapie est étroit et différentes
techniques d’irradiation peuvent être proposées
pour limiter les douleurs. Dans le cadre de l’analyse
faite dans cette étude, l’irradiation par modulation
d’intensité (IMRT) ne semble pas faire plus décroître
la plainte algique pendant le traitement que la radiothérapie conventionnelle. Les résultats sont contradictoires entre les études concernant les douleurs
post-thérapeutiques (14).
Ces douleurs sont principalement liées à l’atteinte
muqueuse lors de l’irradiation. La gestion optimale
des mucites, tant dans la prévention que dans le
traitement curatif, est primordiale pour améliorer la
qualité de vie des patients. D’autres causes peuvent
néanmoins être évoquées, l’atteinte tumorale en
particulier, mais également l’inflammation, les
complications infectieuses ou, encore, les complications sensorielles chimio-induites. Ces douleurs
affectent les fonctions relationnelles (alimentation,
contacts physiques tels que des baisers, etc.),
La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 2 - février 2011 |
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DOSSIER THÉMATIQUE
Cancérologie et ORL
Les soins de support en ORL
la communication (élocution, expression du visage),
mais également tout apport buccal, nourriture
comme médicaments. La prise en charge de la
douleur doit donc s’appuyer sur les traitements
antalgiques propres, mais également sur toute
l’organisation en soins de support autour du patient.
Peu d’études permettent une analyse correcte des
traitements et des prises en charge antalgiques. Ces
dernières reposent dans la plupart des cas sur les
outils habituels en suivant les 3 paliers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et notamment
sur les opioïdes, mais elles s’appuient également
sur les traitements anti-inflammatoires et les
médicaments à tropisme neurologique. Ces douleurs
sont en effet souvent complexes, mêlant origines
nociceptives et neurogènes. La prise en charge par
des équipes spécialisées est bien entendu intéressante, lorsqu’elle est possible…
Le trismus est une autre source de douleurs en cancérologie des VADS ; sa prévalence s’élève à 25,4 %
après radiothérapie conventionnelle et à 5 % après
IMRT, d’après une méta-analyse de 22 études (16).
Aucune recommandation de prise en charge n’émerge
de cette méta-analyse, bien que certaines propositions soient intéressantes. La première est bien
entendu l’amélioration des techniques d’irradiation
telles que l’IMRT. Viennent ensuite les techniques de
prévention et la limitation de la toxicité résultant
d’une prise en charge précoce avant instauration des
symptômes. Un procédé de mise en mouvement des
articulations de la mâchoire (TheraBite System®) a
été développé et semble (bien que l’étude n’ait pas
été contrôlée) efficace (17). Il limiterait la fibrose
postradique et aiderait à la mobilisation de l’articulation temporo-mandibulaire, en cause dans les
douleurs. Par ailleurs, des exercices de physiothérapie
pourraient être utiles contre le trismus, ainsi que des
injections de toxine botulique, qui amélioreraient les
scores de douleur et les spasmes, sans amélioration
toutefois du trismus lui-même (18, 19).
Mucites radio-induites
La prise en charge et les recommandations autour des
mucites est régulièrement mise à jour par le groupe
de la MASCC, affiliée à l’ISOO (International Society
of Oral Oncology). Une récente analyse de la littérature concernant l’impact des traitements anticancéreux sur les glandes salivaires et la xérostomie
a été publiée par ce groupe d’experts (20). Sur
255 articles analysés, 72 portaient sur des études
interventionnelles et 49 sur l’IMRT.
150 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 2 - février 2011
La revue des différents essais randomisés semble
prouver un impact bénéfique de l’IMRT sur les
fonctions des glandes salivaires et la xérostomie,
par comparaison avec les techniques conventionnelles. Le bénéfice en termes de qualité de vie semble
plus important en post-thérapeutique, plus de
6 mois après la fin de la radiothérapie. Les patients
rapportent une nette amélioration à 24 mois de la
fin des traitements.
L’amifostine, utilisée en radioprotection, a apporté,
il y a quelques années, un espoir d’amélioration des
complications postradiques. Les différentes études,
souvent contradictoires et au bénéfice peu significatif, ont joué en défaveur de son utilisation. Ses
effets indésirables parfois sévères (nausées, vomissements, hypotension, réactions allergiques) ont limité
son indication par voie intraveineuse. L’utilisation de
l’amifostine par voie intraveineuse, comme par voie
sous-cutanée, n’apporte donc que peu de bénéfices.
Les agents agonistes muscariniques, et notamment
la pilocarpine, permettent d’améliorer la fonction
des glandes salivaires et, de fait, la xérostomie
induite par la radiothérapie. La posologie est en
général de 5 mg trois fois par jour de pilocarpine,
avec des doses pouvant monter à 30 mg/j par voie
orale. Trois études randomisées versus placebo
ont montré un bénéfice significatif pour 50 % des
patients (21-23). Les principaux effets indésirables
rencontrés avec la pilocarpine sont des sueurs, une
pollakiurie et des céphalées, le plus souvent minimes
à modérées. Une vigilance est malgré tout recommandée en raison du traitement au long cours pour
les patients insuffisants respiratoires chroniques,
hypertendus et en arythmie cardiaque. La pilocarpine
est contre-indiquée en cas de glaucome, d’ulcère
gastrique et d’asthme non contrôlé. Son utilisation
bénéfique en postirradiation ne semble pas apporter
de bénéfice en cours de radiothérapie, sauf dans
une étude qui a trouvé qu’elle avait un impact
positif sur la xérostomie à 12 mois de la fin de l’irradiation (24). L’utilisation de substituts salivaires tels
que l’hydroxyéthylcellulose a montré un bénéfice
en termes de qualité de vie en améliorant les effets
liés à la xérostomie sur les plans relationnel, de
l’activité, du goût et de la qualité de vie (25). Une
étude de transfert de glande sous-mandibulaire en
sous-mental (en zone non irradiée) a été proposée
avec des résultats intéressants mais nécessitant
d’être développés (26).
L’acupuncture est une technique qui a montré des
effets positifs au cours de plusieurs études. Malgré
l’effectif limité des différents essais et le caractère
double aveugle impossible à effectuer, les différents
DOSSIER THÉMATIQUE
résultats obtenus sont en faveur d’une efficacité
intéressante des techniques d’acupuncture sur la
xérostomie et, de fait, sur la qualité de vie (27).
L’utilisation du laser basse fréquence fait également
partie des thérapies possibles pour soulager les
lésions muqueuses. Plusieurs résultats prometteurs
ont été diffusés avec, pour principaux problèmes, les
accès au matériel et à la formation des soignants.
Volet social
La situation sociale de nombreux patients suivis pour
une néoplasie ORL est souvent difficile. La prise en
charge conjointe avec les services sociaux du centre
de prise en charge, mais également avec la caisse
d’assurance maladie dont dépend le patient est donc
indispensable, afin de permettre un retour à la vie
sociale ou simplement son maintien. La reprise d’un
emploi, de projets immobiliers, la couverture sociale
sont autant de questions mises en cause par la
maladie. Des solutions existent : la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) attribue
ainsi une allocation adulte handicapé au patient
lorsque, en raison de sa maladie, le patient est dans
l’incapacité de travailler et n’a pas d’ouverture de
droits à la sécurité sociale, afin qu’il puisse bénéficier
des prestations légales.
Une carte d’invalidité peut également être demandée
à la même MDPH. Cette carte, avec un taux d’incapacité supérieur à 80 %, prodigue au patient un
avantage fiscal (possibilité d’ajouter une demi-part
sur sa déclaration de revenus).
Le passage en invalidité est proposé lorsque l’état
de santé ne permet pas la reprise de l’activité
professionnelle. Cette mesure est effective lorsque
le praticien-conseil (du centre de sécurité sociale)
estime que l’état du patient est stabilisé. Elle ouvre
le droit à des pensions.
➤ Pension de catégorie 1 (possibilité de travailler
à mi-temps) : le montant de la pension est égal à
30 % du salaire (plafonné) de base des 10 meilleures
années de travail.
➤ Pension de catégorie 2 (la personne ne peut
plus travailler) : la pension accordée correspond à
50 % du salaire de base des 10 meilleures années
de travail ; s’ajoute généralement le complément
des caisses de prévoyance ou, éventuellement, des
aides sociales sous certaines conditions (allocation
supplémentaire invalidité).
➤ Pension de catégorie 3 (la personne ne peut plus
travailler et a besoin de l’aide d’un tiers pour effectuer les actes de la vie quotidienne) : le montant
correspond à celui de la pension de catégorie 2,
assorti d’un forfait tierce personne, actuellement
de 1 029,10 €, non imposable.
Le travail de réinsertion sociale passe également
par la possibilité de reprendre des projets d’investissements, mêmes minimes. Depuis la loi du
31 janvier 2007 relative à l’accès au crédit des
personnes présentant un risque aggravé de santé,
instituant une convention nationale (convention
AREAS), il devrait y avoir une facilitation de
l’accès aux prêts et assurances pour les personnes
présentant un risque lié à leur état de santé.
Les prêts à la consommation dans la limite d’un
plafond de 15 000 €, avec une durée de remboursement inférieure à 4 ans, sont envisageables sans
obligation préalable de remplir un questionnaire de
santé. Il est donc possible de souscrire cet emprunt
sans mentionner ses antécédents néoplasiques, à
condition d’être âgé de moins de 50 ans.
Concernant les prêts immobiliers ou les prêts professionnels, importants pour la réinsertion sociale des
anciens malades, la convention AREAS permet de
souscrire un emprunt plafonné à 300 000 € pour les
moins de 70 ans. Le coût de l’assurance est plafonné
pour l’acquisition de la résidence principale et les
prêts professionnels. Les assurances couvrent, dans
le cadre de cette convention, les risques de décès,
d’invalidité totale temporaire ou permanente et la
perte totale et irréversible de l’autonomie.
Il est par la suite possible de faire appel à une
commission de médiation (de la convention AREAS),
en cas de désaccord sur les termes du contrat d’assurance.
L’association “Vivre Avec” a largement participé aux
discussions menées autour de cette convention et
est un accès utile et aidant pour les malades (28).
Des aides financières peuvent également être
proposées aux patients :
➤ Le fonds d’action sociale de la caisse primaire
d’assurance maladie peut attribuer des aides financières, après évaluation, à ses assurés, qui se retrouvent dans une situation difficile sur le plan financier.
Il peut s’agir :
– d’une aide alimentaire ou d’une aide relais, afin
de pallier les délais d’obtention, souvent trop longs,
des prestations légales ;
– d’une participation à l’intervention de service de
maintien à domicile (prise en charge d’heures d’aide
ménagère, de portage de repas, etc.) ;
– d’une aide pour l’achat d’une prothèse ou de
matériel médical peu remboursés.
➤ La ligue contre le cancer peut également être
sollicitée sur ces mêmes sujets.
■
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Retrouvez la suite
des références
bibliographiques
sur notre site
www.edimark.fr
La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 2 - février 2011 |
151
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancérologie et ORL
Les soins de support en ORL
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