L ’indicateur avancé du Crédit Mutuel, calculé à partir des données de fin janvier, a retrouvé sa tendance de longue période, mais annonce une croissance toujours modérée en dépit du rebond du PIB, en volume, au rythme de 2,4 % l’an au quatrième trimestre 2009. La reprise de l’activité intervient dans un contexte qui devrait déboucher sur une période d’hésitation assez longue avec un niveau de risque économique durablement élevé. Pourtant, la France a connu une récession moins sévère que les autres pays européens. Le PIB a reculé de 2,2 % contre 4 % en zone euro. Cette particularité s’explique par un moindre recul des exportations que celui subi par les économies plus dépendantes des échanges internationaux, mais aussi par une baisse plus modérée des dépenses d’investissement et une plus forte résistance relative des dépenses de consommation des ménages. Les L’INDICATEUR AVANCE SE REDRESSE, achats de biens manufacturés ont MAIS ANNONCE UNE CROISSANCE LENTE augmenté de 5,9 % en glissement en 2009, soutenus par les Février 2010 – N° 233 immatriculations de voitures qui ont approché les 2,4 millions. Compte tenu du niveau élevé du taux de chômage et de comportements encore attentistes, même si les signes de stabilisation du marché immobilier se multiplient, les ménages pourraient de nouveau stabiliser leur taux d’épargne à un niveau proche de 17 % de leur revenu disponible brut au premier semestre 2010. Les entreprises, avec la baisse de leur chiffre d’affaires et aussi la crainte de manquer de financement, ont fortement contracté leurs coûts ainsi que leurs investissements et stocks. La valeur ajoutée des sociétés a baissé de 1,4 % en 2009 et l’encours des crédits bancaires a augmenté de 0,9 %. Aussi, les banques vont accompagner et conforter la reprise, en acceptant de débloquer 38 milliards d’euros pour les investissements des PME. Seules les entreprises privées, en investissant et en se restructurant, permettront à la France de mettre en œuvre sa stratégie à moyen terme de maîtrise des finances publiques en stabilisant les dépenses de l’Etat. Mais l’objectif d’un déficit des comptes publics à 3 % du PIB en 2013 ne pourra être réalisé sans une hypothèse de retour rapide à une période de forte croissance. La Banque centrale européenne a maintenu le 4 février dernier son principal taux directeur au plancher historique de 1 %. En mars, elle détaillera sa stratégie de sortie des mesures non conventionnelles d’injection de liquidités à court terme. Méthodologie L’indicateur conjoncturel avancé du Crédit Mutuel, qui anticipe d’environ 6 à 8 mois la croissance de l’économie française, a été mis en place en septembre 1992 avec la collaboration de François Milléquant, Chargé de Recherche au CNRS, Directeur d’Industries et Services Iéseg (Recherches économiques sur les secteurs industriels et les services), qui a développé un outil régional avec le groupe de Lille. L’indicateur avancé a fait l’objet, pour la troisième fois en mai 2007, d’un test afin de contrôler la stabilité et le pouvoir prédictif des séries sélectionnées. La même méthode de lissage a été utilisée. L’indice d’ensemble, qui est constitué de 6 sous-indicateurs, se définit en variation par rapport à 100 qui n’est pas l’origine des observations mais une situation tendancielle à long terme de l’économie qui évolue progressivement un mois après l’autre. L’indicateur avancé repose désormais sur 33 séries statistiques, visant à couvrir les principaux secteurs de l’activité et tenant compte notamment des influences exercées par l’extérieur. La vision plutôt micro-économique des sphères financière et réelle adoptée en 1992 a été préservée dans la nouvelle version 2007. Les séries ont été choisies pour leur aptitude à détecter les inflexions de l’activité. Trois séries ont été retirées, en revanche quatre ont été introduites. Chaque série est corrigée des variations saisonnières et lissée par une moyenne mobile pondérée. Les résultats sont ensuite regroupés dans 6 sous-indicateurs « thématiques ». International Le sous-indicateur «international» poursuit sa lente remontée. Si l’Asie émergente dynamise le commerce mondial, les échanges internationaux restent modérés aux Etats-Unis et en l’Europe Aussi, la hausse des prix des produits de base a été interrompue et le Brent s’approche des 71 dollars le baril. Dans la zone euro, la dernière enquête dans l’industrie confirme la poursuite de l’amélioration. Les stocks sont jugés anormalement bas. M é n a g e s La composante «ménages» se redresse. Les dépenses en biens durables, tirées par les ventes d’automobiles portées par la prime à la casse, augmentent. Par ailleurs, le moral des ménages est en nette amélioration par rapport au niveau historiquement bas atteint à la fin 2008, mais reste inférieur au niveau moyen de ces quinze dernières années. La demande de prêts à l’habitat s’est renforcée en fin d’année (+4 % sur un an en décembre). F i n a n c e s Le sous-indicateur «finances» bénéficie du différentiel de taux entre le long terme et le court terme. L’euribor à trois mois se situe sous les 0,7 %, alors que l’OAT dix ans est à 3,44 %. En 2009, les placements des ménages sont estimés à près de 125 milliards d’euros contre 127,5 milliards en 2008. Les dettes souveraines réveillent l’aversion au risque. L’indice CAC 40, qui approchait les 4000 points, est revenu sur la ligne des 3600 points (le 12 février). A c t i v i t é L’agrégat «activité» s’est hissé au-dessus de sa moyenne de longue période. Le chômage a marqué une pause en fin d’année, limitant la hausse de 2009 à 18,5 % (2 611 700 demandeurs d’emploi). Si les défaillances d’entreprise ont accentué leur baisse en décembre, elles n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant la crise. La conjoncture s’est améliorée dans les services, mais aussi dans l’industrie de biens intermédiaires et dans la branche automobile. D e m a n d e L’agrégat «demande» stagne. Dans le bâtiment, les permis de construire de locaux non-résidentiels ont reculé de 10,7 % en 2009, les investisseurs restant très sélectifs. Les immatriculations de véhicules industriels de plus de 5 T sont en baisse. Les carnets de commandes dans les biens intermédiaires ou dans les biens de consommation se regarnissent, mais sont considérés comme très peu étoffés. Les ventes de gazole diminuent quelque peu. P e r s p e c t i v e s Le climat des affaires dans l’industrie s’améliore, mais les perspectives personnelles de production dans l’industrie restent peu élevées et se dégraderaient même dans la branche des biens de consommation. Les industriels doivent baisser leurs coûts pour regagner des parts de marché et enrayer rapidement la contraction industrielle. Malgré l’amélioration des trésoreries, l’investissement dans l’industrie baisserait de 3 % en 2010. 2