L’indicateur avancé du Crédit Mutuel, calculé à partir des données de fin septembre, confirme la poursuite du ralentissement de l’économie française. La crise financière internationale ne peut que peser sur l’économie réelle de la France et des pays de l’Union européenne. Le climat des affaires se dégrade aussi bien dans l’industrie que dans les services et la construction. L’activité industrielle (-1,9 % sur un an en glissement) a retrouvé son point bas de l’automne 2006 malgré des divergences importantes entre les secteurs. Cette tendance explique la contraction du PIB au rythme de 1,2 % l’an au deuxième trimestre. Par ailleurs, la nouvelle dégradation de l’opinion des chefs d’entreprise sur les perspectives d’activité augure d’une poursuite de la détérioration de la demande d’ici la fin de l’année, en ligne avec les carnets de commandes qui continuent de se L’INDICATEUR AVANCE ANTICIPE UNE dégarnir ; elle conduit à prévoir une FAIBLE CROISSANCE nouvelle contraction du PIB au Octobre 2008 – N° 218 troisième trimestre 2008. Des reports d’investissements productifs pourraient prolonger et amplifier le mouvement. Les banques ont durci leurs critères d’octroi de crédit, mais le rythme de croissance annuel concernant les crédits à l’investissement s’inscrit encore en hausse de 14 % en août. De même, les difficultés de trésorerie demeurent contenues avec une progression des crédits de +14,1 % sur un an contre 15 % le mois précédent, même si les difficultés de recherche de financement se poursuivent. Concernant les ménages, leur moral, pour la première fois depuis juillet 2007, s’est amélioré sous l’effet d’une atténuation des anticipations inflationnistes alors que la remontée du chômage s’amplifie et que le pouvoir d’achat diminue. La consommation en produits manufacturés ne progresse plus. Pour la première fois depuis onze ans, les achats s’inscrivent même en léger recul sur un an (-0,1 %), diminuant les recettes de TVA. Aussi, le déficit public dépassera probablement le seuil de 3 % en 2009, étant donné le surcroît de dépenses. La Banque centrale européenne, qui avait maintenu son taux directeur à 4,25 % le 2 octobre dernier, a annoncé une baisse d’un demipoint de son principal taux à 3,75 % le 8 octobre. Cette décision a été coordonnée par la Fed et la BCE avec la Banque d’Angleterre et les instituts d’émission suisse, canadien et suédois pour enrayer la crise financière. L’indicateur conjoncturel avancé du Crédit Mutuel, qui anticipe d’environ 6 à 8 mois la croissance de l’économie française, a été mis en place en septembre 1992 avec la collaboration de François Milléquant, Chargé de Recherche au CNRS, Directeur d’Industries et Services Iéseg (Recherches économiques sur les secteurs industriels et les services), qui a développé un outil régional avec le groupe de Lille. L’indicateur avancé a fait l’objet, pour la troisième fois en mai 2007, d’un test afin de contrôler la stabilité et le pouvoir prédictif des séries sélectionnées. La même méthode de lissage a été utilisée. L’indice d’ensemble, qui est constitué de 6 sous-indicateurs, se définit en variation par rapport à 100 qui n’est pas l’origine des observations mais une situation tendancielle à long terme de l’économie qui évolue progressivement un mois après l’autre. L’indicateur avancé repose désormais sur 33 séries statistiques, visant à couvrir les principaux secteurs de l’activité et tenant compte notamment des influences exercées par l’extérieur. La vision plutôt micro-économique des sphères financière et réelle adoptée en 1992 a été préservée dans la nouvelle version 2007. Les séries ont été choisies pour leur aptitude à détecter les inflexions de l’activité. Trois séries ont été retirées, en revanche quatre ont été introduites. Chaque série est corrigée des variations saisonnières et lissée par une moyenne mobile pondérée. Les résultats sont ensuite regroupés dans 6 sous-indicateurs « thématiques ». Méthodologie International Le sous-indicateur «international» poursuit sa chute. Le ralentissement économique, parti des Etats-Unis, s’est étendu au Japon et à la zone euro, mais il gagne désormais les économies émergentes. Les prix des produits de base continuent de refluer, témoignant d’une demande qui fléchit Le baril de Brent se maintient sous la barre des 80 dollars. Dans la zone euro, la dégradation de la conjoncture pèse sur le marché du travail. M é n a g e s La composante «ménages», après une forte baisse, tente de repartir à la hausse. Le moral des Français s’est redressé en septembre pour le deuxième mois consécutif, mais à partir d’un niveau très déprimé. Les achats de voitures neuves se sont rapprochés de la ligne des 2 millions en taux annuel en septembre. Mais, la décélération des prêts à l’habitat persiste et s’explique à la fois par de moindres projets immobiliers et par une plus grande sélectivité des banques. F i n a n c e s Le sous-indicateur «finances» bénéficie de la croissance des dépôts des résidents français malgré l’aggravation de la crise financière. La forte chute des indices boursiers n’est pas encore prise en compte, même si la performance des indices en septembre était déjà médiocre. La défiance s’est accentuée entre les banques, le taux de l’euribor à trois mois dépasse la ligne des 5 % alors que le taux des emprunts d’Etat à 10 ans oscille autour des 4,4 %. A c t i v i t é L’agrégat «activité» pâtit des destructions d’emplois dans l’industrie et le tertiaire. Le taux de chômage remonterait légèrement à 7,4 % fin 2008 contre 7,2 % auparavant alors qu’il baissait depuis début 2007. Les faillites d’entreprises, certes amplifiées par la vigueur des créations observée de 2003 à 2007, ont augmenté de (+18,5 % sur un an), mais ne frappent plus uniquement les jeunes entreprises. Le climat des affaires se dégrade dans tous les secteurs. D e m a n d e L’agrégat «demande» a interrompu son cycle baissier dans un contexte économique affecté par les remous financiers. Dans le secteur de la construction non résidentielle, les permis de construire ont stoppé leur modeste rebond pour repartir à la baisse. Dans l’industrie, les carnets de commandes sont jugés un peu inférieurs à la normale. Néanmoins, les ventes de véhicules utilitaires résistent (+14 % depuis janvier pour les plus de 5 tonnes). P e r s p e c t i v e s La crise financière se répercute sur le climat des affaires. Le moral des industriels a encore baissé en septembre pour descendre nettement sous sa moyenne de longue période. La production industrielle, malgré son rebond de juillet, est retombée sur son point bas de l’automne 2006. Dans tous les secteurs industriels, au vu des perspectives personnelles de production, l’activité continuerait à ralentir au cours des prochains mois. 2