1re Journée de télémédecine : téléneurologie Rôles des ARH dans l’établissement de la télémédecine ● M. Hommel*, P. Vandenbergh** e SROS 3 doit comprendre un volet traitant spécifiquement des orientations prioritaires pour les cinq années à venir en matière de télésanté, comprise comme l’association de techniques de télécommunication à l’expertise médicale pour délivrer des soins et de l’information. L’objectif prioritaire de la télésanté est le soin de qualité pour le malade. L’ARH a un rôle de coordonnateur régional, avec la participation des différents acteurs de santé, pour : l’information, la coordination stratégique et technique, l’évaluation et la définition des objectifs de soins, telle la prise en charge de l’AVC. L L’INFORMATION L’information véhiculée par la télésanté fait appel à des transferts de fichiers, en particulier des fichiers d’images (scanner, IRM, etc.) et à la télé-expertise. Cette dernière modalité, particulièrement efficiente en neurologie, vise à apporter de la compétence dans le cadre des réseaux et filières de soins. Ce sont les modalités de vidéoconférences, associées aux transferts d’images, dont les films vidéo en particulier d’examens cliniques au lit du malade et dans le contexte de l’urgence qui font l’originalité de cette modalité d’information. Cette information : – améliore la qualité de l’information médicale, sa diffusion, sa rapidité, sa sécurité, sa confidentialité et sa traçabilité ; – permet une mutualisation des moyens telles l’offre de soins ou l’expertise au niveau d’une région ; – améliore la compétence par des formations par exemple des téléformations des praticiens et soignants ; – améliore la réalisation de la recherche (annonces, e-CRF, etc.). – alimente les projets organisationnels : • la connaissance du nombre de malades et de leur bassin de vie permet d’ajuster l’offre de soins avec l’évolution démographique, de combiner qualité des soins et proximité ; • l’information sur l’activité par la télésanté permet la production de rapports sur l’activité par pathologie, sur l’organisation des soins et la fluidité des filières. Ceux-ci permettent de prendre des mesures pour améliorer la qualité et l’efficience. * Unité neurovasculaire, département de neurologie, CHU de Grenoble. ** Agence régionale d’hospitalisation Rhône-Alpes, Lyon. 380 LA COORDINATION STRATÉGIQUE ET TECHNIQUE L’ARH a pour rôle, à travers le SROS, d’être promoteur de l’installation de la télésanté dans une région. L’ARH a un rôle de régulation afin d’éviter la dispersion des moyens et des données médicales ainsi que la dispersion des initiatives pour des problématiques similaires. Ce développement régional doit tenir compte des objectifs nationaux (dossier médical personnel, vigilance, etc.). Ceci implique une traduction technique avec des éléments modulaires tels l’identification régionale du patient, l’annuaire des professionnels et des structures, la plate-forme d’échange de données médicales, le dossier patient réparti, la trajectoire et le suivi du patient. À travers des disciplines et des maladies comme l’AVC par exemple, l’ARH peut tester le fonctionnement de la télésanté et harmonise sa généralisation. L’ÉVALUATION L’évaluation de la télésanté participe à l’évaluation du SROS. Les critères sont d’une part liés au développement technologique, son adéquation au cahier des charges, son fonctionnement et le déploiement des outils dans la région. L’utilisation de la télésanté par les différents acteurs, le suivi des trajectoires des patients et leurs caractéristique sont aisés à évaluer et il est possible d’estimer les gains organisationnels et d’efficience auxquels contribue la télésanté. En revanche, les impacts attribuables à la seule télésanté sur la qualité des soins et sur le malade individuellement sont plus difficiles à mesurer. LES OBJECTIFS DE SOINS APPLIQUÉS À L’AVC Ils comportent du point de vue du malade et de sa trajectoire de soins, les aides techniques indispensables à l’établissement d’un réseau de soins gradué et à l’amélioration de la filière de soins conformément aux indications de la circulaire DHOS/DGS/DGAS N° 517 du 3 novembre 2003. Ce réseau de soins gradué est un réseau interétablissement pour l’admission à la période aiguë de l’AVC. La filière de soins au niveau des unités neurovasculaires (UNV) et des hôpitaux de proximité implique l’accès à la compétence et une amélioration de l’efficience. Lors de la réadaptationréinsertion au domicile, ou de l’accès aux EHPAD, une information de qualité entre les secteurs sanitaire et médico-social est indispensable. La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 10 - décembre 2004 • Lors de l’alerte, le centre 15 avec son annuaire de procédures de soins dans les AVC, peut contacter les différentes unités neurovasculaires de son bassin d’intervention. Il régule les transferts avec la connaissance de la disponibilité des lits, en fonction des caractéristiques du malade et l’adresse, par exemple, dans une unité neurovasculaire qui pratique la thrombolyse, ou encore vers un centre hospitalier de proximité. Les modalités de transfert seront alors adaptées à un objectif de soins déterminé. • L’admission d’un malade avec un AVC dans un hôpital de proximité, premier maillon du réseau, entraîne son enregistrement, éventuellement l’alerte et la transmission d’informations (enregistrement du malade, données cliniques, imagerie cérébrale, vidéo de l’examen clinique, vidéoconférence entre les médecins, décision ou non de transfert interétablissement et indications thérapeutiques dont la thrombolyse ou autres expertises et traitements d’urgence). • L’admission dans un hôpital avec une UNV ou UNV de référence peut entraîner la même démarche que précédemment. S’y ajoutent les missions de permanence de soins, d’expertise médico- La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 10 - décembre 2004 technique, d’accès aux plateaux médico-techniques, de régulation de la filière, de documents de formation et d’incitation à la recherche. • À la fin de l’hospitalisation en UNV, la disponibilité des places en soins de suite (rééducation et soins de suite médicalisés) étant connue et une place conforme au projet de soins trouvée, le transfert d’informations vers ces structures est favorisé par le réseau de télésanté. • Au-delà des soins de suite, la poursuite de la réadaptation au domicile, l’information sur la prévention de la rechute, la réponse à des demandes d’avis de la part de la médecine libérale peut améliorer la prévention et réduire les réhospitalisations indues. CONCLUSION Toutes les technologies utiles en télésanté existent. Leur développement, déploiement et utilisation en routine pour l’amélioration des soins du patient sont l’un des défis des prochaines années. ■ 381