Thème 3 histoire – Les mutations de la France depuis 1945 Question obligatoire – La Ve République : cadre institutionnel, vie politique, défis européens Introduction : un régime fondé par Charles De Gaulle (1890-1970) A la Libération en 1944, le régime de Vichy dirigé par Pétain s’effondre. C’est le général De Gaulle, chef de la Résistance pendant la guerre, qui prend la direction du pays à la tête d’un gouvernement provisoire. En 1945, une Assemblée est élue pour élaborer une nouvelle Constitution (texte définissant la forme et le fonctionnement d’un régime), celle de la IVe République. Mais De Gaulle est en désaccord avec cette Constitution et il démissionne dès 1946. Pendant quelques années, il va diriger un parti qui réclame la révision de la Constitution mais faute de succès électoral il se retire de la vie politique en 1953. Comme le craignait De Gaulle, la IVe République qui dirige la France de 1946 à 1958 est confrontée à une forte instabilité ministérielle, c’est-à-dire que les gouvernements sont souvent renversés par l’Assemblée nationale, en particulier dans le contexte de la guerre d’Algérie, qui va conduire à la chute de la IVe République et au retour au pouvoir de De Gaulle. I) Organisation et fonctionnement des pouvoirs : la Constitution de 1958 1) Naissance de la Ve République En mai 1958, la nomination d’un Président du Conseil (chef du gouvernement) favorable au dialogue avec le FLN déclenche une manifestation à Alger des pieds noirs attachés à l'Algérie française. Ils s'emparent du gouvernement général d’Algérie et forment un Comité de salut public avec le soutien de l’armée. Ils appellent De Gaulle à revenir au pouvoir, ce à quoi il se déclare prêt. L’opinion française ne s’y oppose pas car elle n’a plus confiance en la IVe République et considère De Gaulle comme le seul homme politique capable de résoudre la crise algérienne. Les députés de gauche sont hostiles au retour de De Gaulle mais les partis de droite y sont favorables, de même que le Président de la République René Coty, qui nomme De Gaulle Président du Conseil. Celui-ci accepte à condition d’obtenir les pleins pouvoirs pour rédiger une nouvelle Constitution. Malgré l’opposition des députés de gauche, l’Assemblée nationale lui confie le pouvoir le 1er juin 1958. La Ve République naît officiellement le 28 septembre 1958 lorsque les Français acceptent la nouvelle Constitution par référendum. De Gaulle est élu Président de la République le 21 décembre 1958. 2) Un nouvel équilibre des pouvoirs La Constitution de la Ve République est conforme à la conception gaullienne du pouvoir : un pouvoir exécutif (Président de la République et gouvernement) renforcé par rapport au pouvoir législatif (Assemblée et Sénat). Fiche « La Constitution de la Ve République » 1) La Ve République présente plusieurs éléments de continuité avec la IVe République. Le Président de la République est toujours élu pour 7 ans au suffrage indirect par de « grands électeurs ». Il désigne le chef du gouvernement, lequel doit avoir le soutien de l’Assemblée nationale au risque d’être renversé. Le pouvoir législatif (Parlement) est composé de deux chambres, l’Assemblée nationale élue au suffrage universel et le Sénat élu au suffrage indirect. Les deux assemblées concourent à la formation de la loi. 2) Mais sous la Ve République, le pouvoir du Président de la République est considérablement renforcé : il peut dissoudre l’Assemblée et consulter directement les Français par référendum. Par l’article 49-3, son gouvernement peut imposer l’adoption d’une loi sans vote et par l’article 16 le Président peut prendre les pleins pouvoirs en cas de crise grave. 3) L’instabilité ministérielle qui caractérisait la IVe République est évitée sous la Ve grâce à deux mesures : pour renverser le gouvernement, l’Assemblée doit voter une motion de censure à la majorité absolue des députés et non plus à la majorité simple comme sous la IVe République. Or le gouvernement dispose généralement d’une majorité plus solide que sous la IVe République car les députés ne sont plus élus au scrutin proportionnel (qui facilitait la représentation des petits partis) mais au scrutin uninominal majoritaire qui favorise les grands partis. 4) La Ve République est un régime semi-présidentiel : c’est un régime parlementaire dans la mesure où le gouvernement peut être renversé par le Parlement mais le Président dispose néanmoins de pouvoirs étendus. II) Vie politique 1) La République gaullienne (1958-1969) a) Le triomphe de la République gaullienne (1958-1965) De 1958 à 1962, De Gaulle parvient tout d’abord à mettre fin à la guerre d’Algérie. Convaincu que la décolonisation est inévitable, il propose aux Algériens l’autodétermination, ouvrant la porte à l’indépendance. Cette politique est violemment rejetée par les partisans de l’Algérie française, dont certains extrémistes forment l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) à l’origine de manifestations et d’attentats. Mais De Gaulle n’hésite pas à faire réprimer ces opposants car il s’est assuré par référendum qu’il avait le soutien de l’opinion : 75 % des Français ont approuvé l’autodétermination en 1961 et 90 % ont approuvé l’indépendance de l’Algérie en 1962. Un de ces attentats le vise directement en 1962 (vidéo PetitClamart + annonce TV référendum). Il saisit l’occasion pour lancer une réforme de la Constitution, l’élection du Président au suffrage universel. Il explique aux Français que son successeur serait plus légitime ainsi, et annonce qu’il va consulter les citoyens par référendum. Mais ce projet de réforme est rejeté par tous les partis sauf le parti gaulliste (UNR). Une motion de censure obtient la majorité à l’Assemblée et renverse le gouvernement. Mais De Gaulle riposte par la dissolution de l'Assemblée et remporte finalement une double victoire : le référendum donne 62 % de oui à la réforme constitutionnelle et les élections législatives donnent une majorité solide au parti gaulliste. Une fois établi solidement au pouvoir, De Gaulle s’emploie à renforcer son prestige en restaurant « le rang de la France » dans le monde. Cette politique de grandeur passe d’abord par la dissuasion nucléaire : la première bombe atomique française explose en 1960. La France étant désormais capable d’assurer ellemême sa défense, De Gaulle n’hésite pas à prendre ses distances avec les USA en se retirant de l’OTAN en 1966 et amorce un rapprochement avec des pays du bloc de l’Est. Pourtant, les premières élections présidentielles en 1965 montrent que l’opinion française n’est plus entièrement derrière De Gaulle. b) L’usure du pouvoir (1965-1969) Les élections de 1965 sont une déception pour De Gaulle : il n’est pas réélu au 1er tour comme il l’attendait. Il est certes largement réélu au second tour (55,2 %) face à François Mitterrand, mais son prestige est atteint. Les élections législatives de 1967 confirment le recul du parti gaulliste, qui conserve tout juste la majorité. En effet, l'opposition s'est peu à peu réorganisée au centre et surtout à gauche sous l’impulsion de François Mitterrand qui parvient à fédérer toute la gauche non communiste. L'opposition reproche à De Gaulle sa pratique personnelle du pouvoir, sa politique étrangère jugée aventureuse et sa politique sociale conservatrice. Mais c'est la crise de mai 1968 qui révèle l'ampleur des oppositions à la République gaullienne. Vidéo : mai 68, la contestation, Gulliver, 2006 (16 min) Comment débute la crise de mai 68 ? Quelles en sont les 3 étapes ? La crise de mai 68 débute par un mouvement des étudiants parisiens qui dénoncent l'insuffisance des moyens de l'université dont la fréquentation a explosé dans les années 1960. Mais ces étudiants issus du baby-boom dénoncent aussi l'immobilisme de la société, toujours fondée sur les valeurs d'ordre et d'autorité, qu'ils jugent dépassées ; ils réclament une libération des mœurs ; ils dénoncent aussi le capitalisme et la société de consommation. Au début du mois de mai, des meetings sont organisés dans les facultés de Nanterre et de la Sorbonne. Mais ce blocage des facultés entraîne une intervention de la police qui procède à des arrestations. Cela déclenche des manifestations, dont la répression conduit à de nouvelles émeutes. Les plus violentes ont lieu dans le quartier latin (où se trouve la Sorbonne) dans la nuit du 10 au 11 mai : c'est la « nuit des barricades ». La crise étudiante devient une crise sociale à partir du 13 mai car des grèves éclatent dans tout le pays. Les ouvriers, influencés par les étudiants, veulent une transformation des conditions de travail. Le Premier Ministre Georges Pompidou organise alors des né- gociations entre patronat, syndicats et gouvernement qui débouchent sur les accords de Grenelle le 27 mai : le SMIG est augmenté de 35 %, les autres salaires de 10 %. Mais ces accords ne mettent pas fin aux grèves car les ouvriers ont d'autres revendications. La crise étudiante et la crise sociale débouchent alors sur une crise politique : la gauche dénonce l'incapacité du gouvernement face à la crise et Mitterrand se déclare prêt à prendre la tête d'un gouvernement provisoire. Mais De Gaulle, après s’être assuré du soutien de l’armée, annonce qu'il ne se retirera pas et qu'il va dissoudre l'Assemblée. La stratégie de De Gaulle est un succès : en juin, la campagne législative occupe toute la scène médiatique et les grèves s’essoufflent. Aux élections, les gaullistes, qui se présentent comme le parti du retour à l'ordre, remportent une large majorité car les évènements de mai ont inquiété une grande partie de l’opinion. Mais De Gaulle, âgé de 78 ans est conscient que son pouvoir a été fragilisé, envisage de se retirer du pouvoir. En avril 1969, il consulte une dernière fois les Français par référendum pour une réforme constitutionnelle portant sur la régionalisation et la réforme du Sénat, et annonce qu'il démissionnera si le vote est négatif. La gauche et une partie de la droite font campagne pour le non, qui l'emporte à 52 %. De Gaulle démissionne. 2) La République entre continuité et rupture (1969-1981) a) Georges Pompidou, l’héritier de De Gaulle (1969-1974) Pompidou, Premier ministre de 1962 à 1968, est largement élu en 1969. Il s’est présenté comme l’héritier de De Gaulle tout en annonçant une « ouverture dans la continuité » pour répondre aux aspirations de mai 68. Il laisse donc son Premier ministre Jacques Chaban-Delmas mener une politique intitulée la « nouvelle société », qui commence à libéraliser l'audiovisuel (suppression du Ministère de l'information) et à favoriser le dialogue entre syndicats et patronat dans le but de mieux répartir les bénéfices de la croissance. Mais cette politique de réformes inquiète une partie de l'électorat gaulliste donc en 1972 Pompidou choisit, en vue des législatives de 1973, de remplacer Chaban-Delmas par Pierre Messmer qui mène une politique beaucoup plus conservatrice. A la fin de 1973, le premier choc pétrolier déclenche la crise économique alors que Pompidou, malade, meurt en avril 1974. Aux présidentielles, le candidat à la succession de Pompidou est Jacques Chaban-Delmas. Mais une partie des gaullistes, menés par Jacques Chirac, soutient le leader de la droite libérale Valéry Giscard d'Estaing, qui est élu de justesse face à Mitterrand. Il nomme Chirac Premier ministre. b) Valéry Giscard d’Estaing, un style nouveau (1974-1981) Agé de 48 ans seulement, le premier Président non gaulliste de la Ve République veut donner une image plus moderne de sa fonction, plus proche des Français et de leurs préoccupations dans un contexte de crise. Il lance de nombreuses réformes visant à moderniser la société (abaissement de la majorité de 21 à 18 ans, loi Veil légalisant l'avortement) et à renforcer la démocratie (le contrôle de l'Etat sur la TV diminue avec le remplacement de l'ORTF par plusieurs sociétés de télévision et de radio ; les parlementaires peuvent désormais saisir le Conseil constitutionnel). Face à la crise économique, Giscard choisit une politique de relance : pour maintenir la consommation malgré la hausse du chômage, les chômeurs perçoivent des indemnités équivalentes à leur salaire pendant un an. Mais cette politique économique entraîne une explosion du déficit public et se heurte au désaccord des gaullistes : Jacques Chirac démissionne de son poste de Premier ministre en 1976. Il est remplacé par l'économiste libéral Raymond Barre, ce qui provoque un changement brutal de politique : la politique de relance par la consommation est remplacée par une politique de rigueur destinée à maîtriser le déficit public et diminuer les charges des entreprises. Mais ces mesures ne parviennent pas non plus à réduire le chômage et leur impopularité renforcent l'opposition face à Giscard : - après sa démission en 1976, Chirac réorganise le mouvement gaulliste en créant le RPR (Rassemblement pour la République). Devenu maire de Paris en 1977, il prône un retour aux pratiques gaulliennes pour faire face à la crise. - à gauche, Mitterrand est parvenu en 1971 à rassembler le PS (qui a remplacé la SFIO en 1969), le PC et le Parti radical de gauche. Cette alliance permet à la gauche de remporter les municipales de 1977 et seul un désaccord avec le PC l'empêche de s'imposer aux législatives de 1978. Au deuxième tour des présidentielles de 1981, l'alliance de la gauche permet la victoire de Mitterrand face à Giscard, peu soutenu par le RPR. Pour la première fois depuis 1958, la vie politique est marquée par l'alternance, c’est-à-dire la succession au pouvoir de tendances politiques différentes (droite/gauche). 3) Alternances et cohabitations (1981-2007) a) La gauche au pouvoir (1981-1986) Une fois élu, Mitterrand dissout l'Assemblée et les législatives de 1981 donnent la majorité absolue au PS. Le gouvernement peut donc lancer un vaste programme de réformes, destinées à marquer une rupture symbolique (abolition de la peine de mort, autorisation des « radios libres » non contrôlées par l'Etat, création de l’ISF...) et surtout à lutter contre la crise : - nationalisation d'entreprises industrielles (Thomson, Usinor, ...) et bancaires (Paribas) pour permettre à l'Etat de contrôler davantage l'économie et préserver l'emploi. - retraite à 60 ans au lieu de 65 ans, système de pré-retraite, réduction du temps de travail de 40 à 39h, 5e semaine de congés payés pour réduire le chômage et développer le secteur des loisirs. - création d'emplois dans la fonction publique, augmentation du SMIC de 10 %, des allocations familiales de 25 % pour tenter de relancer la consommation. Mais ces mesures ne réduisent pas le chômage, fragilisent la compétitivité des entreprises et font exploser le déficit public, ce qui conduit le gouvernement à adopter une politique de rigueur dès 1983, pour réduire les dépenses publiques. Cette politique suscite de nombreuses protestations à gauche et ne donne pas de résultats suffisants pour éviter la défaite du PS aux législatives de 1986. La victoire de la droite crée alors une situation inédite dans la Ve République : la cohabitation, c’est-à-dire que le Président de la République et le Premier ministre, tous deux représentants du pouvoir exécutif, appartiennent à des courants politiques opposés. b) Trois cohabitations (1986-2002) Mitterrand doit choisir Jacques Chirac, leader de la nouvelle majorité, comme Premier ministre. Celui-ci adopte une politique libérale, en facilitant les procédures de licenciement et en privatisant 65 entreprises dont certaines qui avaient été nationalisées 5 ans auparavant (Paribas) et TF1, qui devient la première chaîne privée. Mais cette politique est très impopulaire, ce qui vaut à Chirac d'échouer aux présidentielles de 1988. Et Mitterrand, qui s'est fait le défenseur des « acquis sociaux » face à son Premier ministre, est réélu à l'âge de 72 ans. Il dissout une nouvelle fois l'Assemblée, mais les législatives de 1988 ne sont remportées que de justesse par la gauche et le PS ne dispose pas de la majorité absolue. Les trois Premiers ministres qui se succèdent (Michel Rocard jusqu'en 1991, Edith Cresson jusqu'en 1992, Pierre Bérégovoy jusqu'en 1993) sont donc limités dans leur action et ne remettent pas en cause les mesures libérales du gouvernement Chirac. Cela conduit à une écrasante victoire de la droite aux législatives de 1993, entraînant une deuxième cohabitation avec Edouard Balladur (1993-1995). Alors que le Président est miné par la maladie, Balladur parvient à mener une politique de rigueur avec des privatisations (Renault) tout en restant populaire, ce qui le pousse à se présenter aux présidentielles de 1995. Mais c'est l'autre candidat de la droite, Jacques Chirac, qui s'impose face au candidat du PS, Lionel Jospin. Chirac avait placé au centre de sa campagne la promesse de réduire la « fracture sociale » et de modérer le libéralisme. Pourtant il charge son Premier ministre Alain Juppé de mener une politique de rigueur et de réformer la Sécurité sociale et les retraites (la durée des cotisations passe de 37,5 ans à 40 ans). Ces réformes entraînent un énorme mouvement de grèves en décembre 1995 et poussent le gouvernement à reculer en partie (la réforme des retraites ne s’appliquera pas aux fonctionnaires). Dans l'espoir de retrouver une légitimité, Chirac décide alors de dissoudre l'Assemblée en 1997 mais les législatives donnent la victoire à la gauche : c'est une troisième cohabitation. Le gouvernement Jospin (1997-2002) bénéficie d'une embellie économique jusqu'en 2000, ce qui lui permet de réduire la dette tout en mettant en œuvre d'importantes réformes sociales : 35 heures, création des emplois-jeunes aidés par l'Etat, de la CMU, du PACS. Le chômage diminue sensiblement. c) La République en crise depuis 2002 En 2002, Jospin semblait bien placé pour les présidentielles mais il échoue dès le premier tour en raison notamment de la division de la gauche qui a présenté de nombreux candidats et par le fait qu'il a sous-estimé le thème de l'insécurité exploité par la droite. La présence au second tour de Jean-Marie Le Pen révèle en fait un profond malaise de la vie politique française. Le premier tour des présidentielles de 2002 marque en fait l'apogée de deux tendances observables depuis les années 1980 : - la montée de l'abstention : 18,6 % au premier tour des présidentielles 1988, 21,6 % en 1995, 28,4 % en 2002. - la montée du vote protestataire (vote exprimant un rejet des partis politiques modérés de la gauche et de la droite) en faveur de l'extrême gauche (2,4 % en 1988, 5,3 % en 1995, 10,4 % en 2002) et surtout de l'extrême-droite (14,4 % en 1988, 15 % en 1995, 19,2 % en 2002). Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce malaise : - les partis de gouvernement ont été touchés par la médiatisation de multiples scandales dans les années 1980-1990, exploités par le FN. - aucun gouvernement depuis les années 1970 n’a été capable de réduire le chômage ou d’agir sur les tendances de fond de l'économie (DIT, libéralisation des échanges). Il en résulte une remise en cause du modèle capitaliste (succès de l'extrêmegauche) et surtout un sentiment d'incompétence de la classe politique exploité par le FN, dont les idées séduisent un nombre croissant de Français : rejet de l'intégration européenne, dénonciation de l'immigration accusée d'être à l'origine du chômage et de l'insécurité. - les cohabitations sont accusées de favoriser l'immobilisme et d'atténuer les différences entre droite et gauche, entraînant un désintérêt des électeurs. C'est cette idée qui a poussé Chirac à réformer la constitution en 2000 avec l'adoption du quinquennat visant à aligner la durée du mandat présidentiel sur celle du mandat des députés. De plus, une loi de 2001 inverse le calendrier électoral pour que les présidentielles précèdent les législatives, de manière là encore à éviter les cohabitations. Cette réforme, et surtout le choc provoqué par la présence du FN au second tour des présidentielles en 2002, ont en effet entraîné un recul de l'abstention aux présidentielles de 2007 (16 %) et un score plus faible du FN (10,4 %), le candidat Sarkozy ayant il est vrai repris dans sa campagne des thèmes habituellement développés par l'extrême-droite. Depuis 2002, l'UMP né de la fusion du RPR et d'une partie de l'UDF, est majoritaire à l'Assemblée. En 2003, la réforme des retraites des fonctionnaires est adoptée malgré d’importants mouvements de contestation et d’autres réformes vont dans le sens de la rigueur et de la libéralisation. Cependant, aux législatives de 2007, la gauche ne parvient pas à s’imposer : le PS est confronté à des divergences internes et critiqué par l’extrêmegauche pour le fait d’accepter la mondialisation libérale. Corrigé de la fiche « La vie politique sous la Ve République » Vue d’ensemble 1) Présidents de la Ve République : De Gaulle 58-65 et 65-69, Pompidou 69-74, Giscard d’Estaing 74-81, Mitterrand 81-88 et 88-95, Chirac 95-2002 et 2002-2007, Sarkozy 2007-2012. Principaux Premiers ministres : Pompidou (62-69), Chirac (74-76), Chirac (86-88), Balladur (93-95), Jospin (972002) 2) En 1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002, la France connaît une cohabitation, c’est-à-dire que le Président de la République et le Premier ministre appartiennent à des courants politiques opposés. Le Président voit son rôle réduit pour l’essentiel à la politique étrangère ; il ne peut s’opposer à la politique du Premier ministre qui a l’appui du Parlement. 3) La droite gouverne depuis 1958 sauf de 1981 à 1986, de 1988 à 1993 et de 1997 à 2002. Dates-clés 4) En 1958, la Ve République naît avec le retour au pouvoir du général De Gaulle, nommé Président du Conseil et investi des pleins pouvoirs par le Parlement pour établir une nouvelle Constitution, adoptée par référendum. 5) L’année 1962 marque un tournant dans la vie politique française car, pour renforcer la légitimité du Président de la République, De Gaulle fait adopter par référendum l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Cette décision renforce la bipolarisation (partage des forces politiques entre un bloc des droites et un bloc des gauches) car elle impose un 2e tour à deux candidats donc un report des voix derrière l’une ou l’autre des candidatures. La bipolarisation est également favorisée par le mode de désignation des députés : le scrutin uninominal majoritaire à deux tours favorise également les grands partis de la gauche ou de la droite. 6) Les événements de mai 1968 constituent un tournant dans la Ve République car ils montrent avec éclat le rejet de la politique de De Gaulle, et accélèrent son retrait un an plus tard. 7) L’année 1981 marque également un tournant dans l’histoire de la Ve République car pour la première fois la gauche accède au pouvoir : c’est le début de l’alternance (c’est-à-dire la succession au pouvoir de tendances politiques différentes). 8) On peut parler d’une crise politique en 2002 car le Front National accède au second tour de l’élection présidentielle, ce qui peut être interprété comme une crise de confiance en la capacité des partis classiques de gauche et de droite. Politique économique 9) Jusqu’en 1973, la France connaît la croissance des Trente Glorieuses. Le choc pétrolier de 1973 marque le début d’une période de croissance irrégulière et de crises successives. 10) Face à cette conjoncture économique difficile, les gouvernements ont mis en œuvre deux types de politiques : - des politiques de relance : elles visent à maintenir le pouvoir d’achat par des aides sociales et par l’intervention de l’Etat dans l’économie (augmentation des indemnités de chômage, des allocations familiales, création d’emplois publics, nationalisations d’entreprises en 1981). - des politiques de rigueur (ou d’austérité) : elles visent à réduire le déficit public pour pouvoir réduire l’imposition des entreprises et maintenir leur compétitivité. Elles s’accompagnent de mesures de libéralisation (privatisations d’entreprises, recul du contrôle de l’Etat sur l’économie). Entre 1974 et 1983, les gouvernements ont adopté surtout des politiques de relance, dans l’espoir que la crise serait de courte durée. Mais depuis 1983, les politiques de rigueur sont les plus pratiquées pour tenter de faire face aux déficits publics. III) La France et la construction européenne 1) La France a été un acteur majeur de la construction européenne… L’idée d’une Europe unie, née dans l’entre-deux-guerres, apparaît comme une nécessité au lendemain de 1945 pour éviter tout nouveau conflit entre les pays européens. La France, confrontée à la perte de ses colonies, voit dans l’intégration européenne un moyen de conserver son influence internationale face aux deux Grands. Elle fait donc partie des membres fondateurs de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), une organisation qui avait établi en 1951 un marché unique pour le charbon et l’acier entre la France, la RFA, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Ce sont ces six pays qui forment la CEE (Communauté économique européenne) en 1957. De Gaulle est opposé à l’idée d’une Europe supranationale ou fédérale, dans laquelle les décisions prises par l’Europe s’imposeraient aux pays membres. Il n’en contribue pas moins à renforcer la construction européenne par le rapprochement avec l’Allemagne, qui permettra de multiples avancées dans la construction européenne. Les successeurs de De Gaulle sont tous favorables à la poursuite de la construction européenne. Pompidou est pour l’élargissement de la CEE vers de nouveaux pays et accepte l’entrée du RoyaumeUni que De Gaulle refusait en raison de l’alliance étroite des Britanniques avec les Etats-Unis. Giscard fait renforcer les institutions européennes, avec par exemple l’élection au suffrage universel du Parlement européen. Mitterrand a soutenu le traité de Maastricht (1992) qui fait de l’Europe une union non seulement économique mais aussi politique (monnaie unique, politique étrangère et de défense commune…). 2) Mais depuis 1992 les Français s’interrogent sur le bien-fondé de l’UE Le référendum organisé en 1992 pour l’adoption du traité de Maastricht (seulement 51 % de oui) montre que l’opinion est loin d’être entièrement convaincue par l’approfondissement de l’UE. Les Français, comme beaucoup d’autres Européens, restent attachés à leur identité nationale et sont réticents à l’idée que leur Etat perde une partie de sa souveraineté, par exemple en matière de monnaie ou de contrôle aux frontières. L’UE est aussi accusée d’être dirigée par des technocrates, c’est-à-dire par de hauts fonctionnaires qui ne tiendraient pas compte des conséquences sociales de leurs décisions, jugées par une partie de l’opinion trop libérales (ouverture totale à la concurrence internationale). Cette méfiance à l’égard de l’Europe apparaît clairement en 2005 lorsque les Français rejettent par référendum le traité constitutionnel qui devait poursuivre l’approfondissement de l’UE dans le sens du traité de Maastricht. Et le fait que ce traité ait malgré tout été adopté, malgré son rejet par référendum en France, aux Pays-Bas et en Irlande, a renforcé la méfiance de l’opinion vis-à-vis de l’UE, surtout dans un contexte de crise financière qui remet en question la survie de l’euro. Sujet d’étude – Les jeunes a) Une catégorie sociale nouvelle en quête de reconnaissance dans les années 1960 1) Les jeunes désignent les personnes entre 15 et 25 ans, c’est-à-dire situées entre la dépendance infantile et l’indépendance de l’âge adulte. 2) Plusieurs facteurs expliquent le poids croissant de cette catégorie sociale à partir des années 1960 : - le baby-boom, période de forte natalité dans les années qui suivent la Seconde guerre mondiale, a fait augmenter le nombre de jeunes dans la société des années 1960. - l’accès à l’enseignement secondaire et à l’enseignement supérieur se démocratisent, ce qui retarde l’entrée des jeunes dans la vie active. 3) Dans les années 1960, la culture jeune se caractérise par ses goûts musicaux (rock) et vestimentaires (jeans, T-shirt…), ses modes de consommation (radio, disques, électrophone…). Elle veut se distinguer des gens plus âgés. 4) En mai 1968, les étudiants revendiquent d’abord une réforme de l’université qu’ils jugent inadaptée à leur époque. Mais les jeunes souhaitent plus largement une société plus libre, comme le résume le slogan « il est interdit d’interdire ». Ils veulent une libération des mœurs et une plus grande liberté d’expression car les médias étaient encore très contrôlés par l’Etat. Ils rejettent enfin la société de consommation et le capitalisme. b) La jeunesse entre reconnaissance et nouvelles inquiétudes depuis les années 1970 5) Plusieurs réformes montrent que les revendications de mai 68 ont été prises en compte : - Pompidou commence à libéraliser l'audiovisuel (suppression du Ministère de l'information) et favorise le dialogue entre syndicats et patronat dans le but de mieux répartir les bénéfices de la croissance. - Giscard lance de nombreuses réformes visant à moderniser la société (abaissement de la majorité de 21 à 18 ans, loi Veil légalisant l'avortement) et à renforcer la démocratie (le contrôle de l'Etat sur la TV diminue avec le remplacement de l'ORTF par plusieurs sociétés de télévision et de radio ; les parlementaires peuvent désormais saisir le Conseil constitutionnel). - Mitterrand lance un vaste programme de réformes destinées à marquer une rupture symbolique (abolition de la peine de mort, autorisation des « radios libres » non contrôlées par l'Etat, création de l’ISF...) 6) La fin de la croissance économique des Trente Glorieuses a compliqué la situation des jeunes car ils ont beaucoup plus de mal à trouver un emploi stable depuis les années 1970, même avec un diplôme. 7) Au début du XXIe siècle, la culture jeune se caractérise entre autres par ses modes de communication : de manière individuelle, l’insertion dans les réseaux de communication numériques (portable, réseaux sociaux sur internet), et de manière collective par les manifestations.