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Dossier
(RE)DÉCOUVERTE DU SAMU 34
Dans les coulisses du
SAMU 34
Objectif Lettre
N°249 - Avril 2012
Quelle est la diérence entre le SAMU et le SMUR ? A partir de quel moment une équipe est envoyée
auprès d’une personne en diculté ? Quels professionnels de santé partent dans le véhicules ? ...
Autant de questions que l’on peut se poser quand on parle de cee équipe hospitalière un peu spéciale
de par son organisation. Quand minutie, rigueur et traçabilité s’allient.
Qu’est ce que le SAMU ?
Il s’agit du Service dAide Médicale Urgente,
lieu de réception des appels durgence du 15.
Ces appels sont pris en charge par un ARM
puis si nécessaire par un médecin régulateur
hospitalier qui analyse la gravité et engage les
moyens de secours et de soins adaptés. Ceux
ci peuvent être à l’échelle départementale ou
régionale en collaboration avec les autres éta-
blissements de santé. Le SAMU réceptionne
aussi les appels intra-hospitaliers afin d’assu-
rer les urgences survenant dans l’établisse-
ment ainsi que les transferts des patients réa-
nimatoires.
Qu’est ce que le Centre 15 ?
Structure intégrée au SAMU, le agents du
Centre 15 répondent aux appels relevant de la
médecine générale, du conseil médical et des
problèmes de santé publique. Les acteurs du
Centre sont les mêmes que ceux du SAMU,
renforcés la nuit, les week-ends et les jours fé-
riés par des médecins régulateurs provenant
de la médecine libérale.
Quels sont les projets à venir
du SAMU-Centre 15 ?
L’un des prochains projets est de s’inter-
connecter de manière harmonieuse avec le
Centre de Traitement de l’Alerte (18) des
Sapeurs-pompiers. Lobjectif, pour 2014 est
d’unifier le lieu de réception des appels de
secours, de réguler les moyens engagés et
de coordonner les interventions des diffé-
rents partenaires de l’Aide Médicale Urgente
(AMU), tout en préservant la spécificité de
chacun dans leurs missions propres.
Le SAMU aura également comme effecteur,
un corps de médecin appelé correspondant
SAMU qui agira à la demande du SAMU -
Centre 15 en partenariat avec le SDIS dans
les zones où la médicalisation des secours
n’est pas ou peu assurée aujourd’hui.
Qu’est-ce que le SMUR ?
Il s’agit du Service Mobile dUrgence et de
Réanimation. Il est plus approprié de parler
des SMUR puisque chaque SAMU active des
ambulances médicalisées ou para-médicali-
sées par du personnel hospitalier. Les SMUR
ont pour missions de se rendre au chevet
des patients, d’en assurer la prise en charge
puis de les transporter vers le service le plus
adapté. Le SAMU de Montpellier est respon-
sable de l’activation de 6 SMUR, Montpellier,
Béziers, Sète, Ganges, Lunel et Agde (unique-
ment l’été).
Un équipage du SMUR est généralement
constitué d’un ambulancier spécialisé, d’un
IDE ou IADE et d’un médecin. Cet équipage
peut se trouver à bord d’une Unité Mobile
Hospitalière (UMH) et d’un VLM (Véhi-
cule Léger Médicali). L’hélicoptère consti-
tue le vecteur SMUR le plus adapté pour les
missions les plus éloiges et extrêmement
urgentes.
Quels sont les projets du SMUR de
Montpellier ?
An de répondre à un problème de san
publique, un véhicule de transport et du
matériel embarqué spécifique sont en cours
dacquisition pour les patients souffrant d’une
obésité morbide, des patients sous assistance
circulatoire externe et ceux nécessitant un
conditionnement volumineux (contamination
chimique par exemple)
Une modification seau de radio télécom-
munication avec une migration vers un sys-
tème numérique appelé Antarès permettra
une amélioration de la qualité et la sécurité
des transmissions.
Sont prévues également la modernisation et
l’informatisation du dossier médical et de la
géolocalisation des équipes par l’utilisation
de terminaux informatiques embarqués.
Selon les interventions, le SAMU devient une porte d’entrée vers l’hôpital
Les docteurs Dumont, Maille et Sebbane nous présentent le SAMU,
le Centre 15 et le SMUR.
«l’hélicoptère
constitue le vecteur
SMUR le plus adapté
pour les missions
éloignées
et très urgentes»
Dossier
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Une expérience riche et une cohésion de métiers
Ce mois-ci Objectif Lere lève le voile sur les coulisses du SAMU - Centre 15 et du SMUR.
C’est une réelle découverte que de partir à la rencontre de ces diérents professionnels souvent perçus dans le milieu de la santé
comme de simples transporteurs. Rencontre avec des professionnels passionnés
Avant l’intervention
Un métier en première «ligne»
Autrefois standardistes, les anciens PARM sont désormais appelés
ARM (Assistant de Régulation dicale). Ils sont les premiers inter-
locuteurs, la première oreille, la première voix. Sous la responsa-
bilité du médecin régulateur, les ARM traitent 1000 à 2000 appels
quotidiens. Ils doivent comprendre en quelques secondes l’objet réel
d’une demande : détresse vitale engagée, conseil médical, problème
médico-psycho-social, médecin de garde, transport médicalisé dun
patient hospitalisé ...
Les seuls repères sur lesquels reposent les décisions de ces profes-
sionnels sont des mots, la conduite d’entretien, l’interrogatoire médi-
cal et la tension d’une voix, des cris ... Le risque lors de l’évaluation
est malheureusement possible car ils ne visualisent ni le patient
ni la situation réelle. Or, les moyens SMUR, sapeurs-pompiers et
sanitaires du département ne sont pas extensibles. Les ARM et le
médecin régulateur en assurent donc la coordination et la disponi-
bilité. An que le choix des moyens soit pertinent et adapté à l’état
de santé du patient, il importe que ces professionnels puissent s’assu-
rer de l’objet réel de la demande, d’évaluer le(s) critère(s) de gravité
éventuel(s) et le risque potentiel.
Les ARM et le médecin régulateur accompagnent la prise en charge
du patient en recueillant les bilans de l’intervention en cours, ren-
forcent si besoin les moyens, recherchent et avertissent le service
d’accueil adapté à la filière de soins.
Les situations qui illustrent le métier
Des appels ne relevant pas du 15, il y en a beaucoup : Insulte, blague
d’enfants, soirée trop arrosée, commande de pizzas en anglais, les
exemples ne manquent pas. Pourtant, un jour, un ARM reçoit un ap-
pel dune personne respirant fort, et très vite, comprend qu’il ne s’agit
pas d’un jeu. Après avoir trouvé son adresse via l’annuaire inversé, la
décision est prise avec le médecin d’engager des moyens. Sur place,
l’équipe découvre un homme qui venait de se suicider. En état de
souffrance extrême, il avait composé le 15.
Savoir identifier une demande derrière les milliers d’appels quoti-
diens, localiser, identifier l’urgence d’une demande, accompagner,
soutenir, engager et coordonner les moyens tel est le métier de ces
professionnels.
L’hôtellerie, soutien des conditions de travail
des professionnels du SAMU-SMUR
Tenue professionnelle réglementaire, repas, repos, hygiène des lieux
de vie sont les conditions sinéquanones de la vie des professionnels
du SAMU et du SMUR qui vivent 24/24h, ensemble. Pour ce faire,
l’équipe compte parmi ses effectifs des agents d’hôtellerie dont la
mission est de contrôler et d’assurer la logistique des tenues vesti-
mentaires, parkas SMUR, repas. L’hygiène des locaux des deux
bâtiments est très stricte car une cinquantaine de personnes est quo-
tidiennement présente. Ces professionnelles invisibles et peu recon-
nues sont les garantes du respect des gles de vie de la collectivité et
du bien être des équipes.
Entre autres missions, les agents d’hotellerie contrôlent
et assurent la logistique des tenues vestimentaires.
Au téphone, il faut très vite comprendre l’objet de l’appel
et déclancher les moyens approprs
Dossier
Objectif Lettre
N°249 - Avril 2012
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Pendant l’intervention
L’ambulancier n’est pas qu’un conducteur
Lambulancier SMUR, comme tout Ambulancier Diplômé d’Etat
(DEA) est issu de la catégorie des agents techniques et ouvriers.
Pourtant, ce professionnel participe quotidiennement à la prise en
charge directe des patients. Focus sur ce métier méconnu et mal
reconnu.
Après avoir reçu l’ordre de déclenchement du SAMU-Centre 15,
l’ambulancier doit repérer sur carte le lieu d’intervention et définir
l’itinéraire adapté. Difficile de conduire dans l’urgence car celui-ci
doit en permanence anticiper, prévenir, ajuster sa conduite à l’état de
circulation, de la route, des travaux, des automobilistes, des piétons.
Malgré le contexte d’urgence, il est impératif que celui-ci garde la
maîtrise de son véhicule. Il est garant de la sécurité du patient et de
l’équipe qu’il transporte. Laccès au patient n’est pas toujours aisé et
des obstacles peuvent rendre la mission plus délicate : une résidence
avec plusieurs digicodes, un escalier en colimaçon, un ascenseur trop
étroit, un accès ou un stationnement impossible.
Arrivé sur les lieux, la tension ne redescend pas. Lambulancier
SMUR est un des maillons essentiel de l’équipe SMUR et va donc
participer au coté du decin ou de l’inrmier à la préparation et
la mise à disposition du matériel, à une gestuelle réanimatoire, au
soutien de l’entourage, de la famille, au conditionnement du patient
jusque dans le véhicule puis dans le service d’accueil. La mission de
l’ambulancier se termine après entretien de l’ambulance et la «ré-
arme». Ce terme de guerre définit le reconditionnement, l’hygiène,
larification du véhicule et du matériel embarq afin de se rendre
disponible immédiatement pour une autre intervention.
Les ambulanciers du SMUR de Montpellier ont cette particularité
d’être formés et très impliqués dans la mise en place et l’utilisation
des moyens logistiques, des lots catastrophes utilisés dans le cadre
des plans de secours.
Ils participent donc pleinement à l’engagement de ces dispositifs qui
permettent de prendre en charge un nombre important de victimes
et y compris dans le cadre d’alerte chimique, de risque radiologique.
In fine, et même si la plus part d’entre eux ne l’avoueront pas, ces
professionnels restent des êtres humains et peuvent éprouver un sen-
timent de frustration réel lié à l’échec d’une réanimation.
Les inrmiers, inrmiers-anesthésistes et les médecins
Ces professionnels sont au coeur du dispositif interventionnel et leur
mission est centrée sur la prise en charge du patient en urgence en
s’adaptant à l’environnement qu’il l’entoure. La prise en charge du
patient démarre bien avant le départ du véhicule.
Chaque matin, les
IDE et IADE effec-
tuent avec le reste de
l’équipe, la vérification
complète du maté-
riel embarqué suivant
une check-liste. Ces
mesures de contle,
d’entretien, de suivi
vont indéniablement
garantir l’efficience
des gestes sur inter-
vention.
La prise en charge pré-
hospitalière doit être
rapide et efcace et ces
équipes doivent réagir
très vite. Ils assurent
des soins en extérieur,
le froid ou la chaleur
gênant bien souvent la
gestuelle technique. Pas de matériel de soutien adapté au domicile
des patients tel qu’un pied à perfusion, pas de patient allongé sur un
brancard à hauteur donc il faut travailler au sol et accroupi, pas de
place pour disposer son matériel.
Accoucher une femme dans un véhicule, perfuser un patient incar-
céré dans la cabine d’un camion sur une autoroute, assurer la sur-
veillance, les soins lors du transfert d’un nourrisson intubé sur une
route chaotique... ces conditions parfois extrêmes demandent une
rigueur absolue, une maîtrise du geste et une coordination de chaque
membre de l’équipe.
Le pilote d’hélicoptère, partie intégrante de l’équipe
Le SAMU travaille en partenariat et, ce depuis de nombreuses an-
nées avec la société HDF qui met à disposition trois pilotes. Leur
savoir-faire et leur présence dynamique viennent compléter les com-
pétences de l’équipe médicale et soignante.
Derrière leur regard affable, ne nous y trompons pas, ces profes-
sionnels participent pleinement à la qualité et la sécurité de prise
en charge des patients. On pourrait presque comparer l’hélicoptère
blanc à une unité de réanimation dans laquelle on ne peut tenir de-
bout et dont la surface ne dépasse pas 1m
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. La gestuelle réanimatoire
y devient vite très compliquée.
Le pilote doit alors trouver un endroit pour se poser en urgence et
avertir très rapidement le SAMU-Centre 15.
Dès l’arrivée de l’hélicoptère, la course contre la montre continue
Dossier
Rédaction : Bénédicte Boutin-Mostefa, Dr Dumont, Anlique Frésard, Dr Maille, Dr Sebbane.
Crédit photos : Stéphanie Bonjean-Montel.
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Après l’intervention
Trouver une aiguille dans une botte de foin
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’équipe du SMUR et des
Urgences compte parmi ses agents des techniciens dits «biomédi-
caux». Tous saluent et reconnaissent le «plus» quils apportent au
quotidien. Ils doivent faire preuve dastuce, de créativité et surtout
s’adapter aux conditions d’utilisation des appareils en SMUR. Car là
plus qu’ailleurs, les appareils sont mobilisés, malmenés sous la pres-
sion de l’urgence.
Ainsi, au retour d’intervention ou lors de la vérification quotidienne,
à chaque fois qu’une défaillance est détectée, ils doivent distinguer
le problème technique dune mauvaise utilisation soit d’un brancard,
d’un bip CO, d’un respirateur, d’un scope, d’une couveuse.
Dans la plus part des cas, ils trouvent une solution immédiate, ac-
compagnent la pratique lorsque nécessaire, réparent l’appareil ou
font du lien avec les services concernés.
Leur longue expérience, 70 ans à eux deux, a permis l’aboutissement
et la conception de l’aménagement des couveuses de transport néo-
natal et pédiatrique. Ce fut et c’est encore aujourd’hui, le fruit d’un
travail de longue haleine d’analyse des besoins des utilisateurs qui
témoignent de sérieuses qualités d’écoute et d’adaptation
Chaque chose a sa place et chaque place a sa chose
Léquipe est composée d’aide-soignants, dagents de désinfection et
d’une ancienne ambulancière qui investissent pleinement la mise en
oeuvre du matériel destiné aux interventions par leur rigueur, leur
expérience et leur minutie.
Dans la salle de reconditionnement, tout y est minutieusement rangé
et répertorié. On parle bien sur de l’ensemble du matériel embarqué
nécessaire pour une prise en charge médicale adaptée à l’état de san-
d’un patient. Cela va du kit d’accouchement, à la planche à mas-
ser, aux couveuses, aux sacs à dos qui regroupent tout le nécessaire
d’intervention, en passant par les pousse-seringues, les respirateurs.
Créatifs et manuels, il ont même crée une étonnante machine à rem-
bobiner les cordelettes de fixation d’intubation.
Après être passé en salle de décontamination, le matériel est contrô-
lé puis re conditionné afin d’assurer une opérationnalité immédiate.
Un système de scellés permet astucieusement de savoir ce qui a été
utilisé ou pas. La totalité du matériel interventionnel est en kit pour
faciliter la gestuelle de réanimation.
Les observer travailler, cest voir la précision à l’oeuvre. Rien ne
doit manquer sur intervention car un oubli peut-être très vite pré-
judiciable. Leur regard est affûté, expérimenté et modeste. En un
clin doeil, ces professionnels voient ce qui manque, une valve mal
positionnée, un bloc de respirateur mal remonté, un médicament à
recommander.
Ces agents de maintenance sont la preuve qu’un SMUR demande une
vigilance de tous les instants, une vérification, un suivi, une rigueur.
«une vigilance
de tous les instants,
une vérication,
un suivi, une rigueur,
les maîtres mots
des agents du SMUR»
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