Diverticulose : une anomalie le plus souvent bénigne – Test Santé

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LA DIVERTICULOSE
Même si vous
n’en êtes pas
conscient, il est
possible que votre
côlon présente de
petites hernies ou
diverticules. Cela
ne doit pas vous
inquiéter outre
mesure.
Une anomalie intestinale
le plus souvent bénigne
Dans la
plupart des
cas, la
diverticulose
n’entraînera
jamais de
problèmes
diverticules lors de l’un ou l’autre
examen de l’intestin, mais s’ils ne
provoquent pas de plaintes, aucun
traitement n’est recommandé.
Rare avant 40 ans, la présence de
diverticules devient plus fréquente
avec l’âge : à partir de 60 ans, plus
de la moitié des gens en ont et vers
85 ans près de 7 personnes sur 10.
On ignore les causes exactes du
phénomène. Toutefois, on note un
lien entre une alimentation pauvre
en fibres et le risque de diverticulose. Celle-ci est plus fréquente
dans les pays dits développés,
ce qui serait lié aux (mauvaises)
habitudes alimentaires. L’obésité
semble également un facteur favorisant, tout comme un manque
d’activité physique.
Parfois des plaintes
peu spécifiques
Certaines personnes ont périodiquement des plaintes peu spécifiques, c-à-d qui peuvent avoir des
causes variées : coliques ou douleurs dans le bas-ventre, ballonnements, flatulences, constipation
et/ou diarrhée... Souvent, la douleur s’intensifie quand on mange
et s’atténue quand on va à selle ou
que l’on évacue des flatulences.
Dans certains cas ces problèmes
test santé 99 octobre/novembre 2010
Bien des personnes, les hommes
comme les femmes, ont sur la paroi du gros intestin ou côlon de petites hernies ou "diverticules". Une
anomalie appelée diverticulose.
Leur nombre varie de quelques
diverticules isolés à des dizaines,
voire plus.
Dans près de 80 % des cas, la diverticulose n’entraîne aucune
gêne et restera asymptomatique
tout au long de la vie. Ce n’est donc
pas une maladie et il serait insensé
d’examiner tout un chacun pour
vérifier la présence ou l’absence
de diverticules. Il arrive qu’un médecin découvre fortuitement des
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LA DIVERTICULOSE
Dix à 25% des
personnes
qui ont des
diverticules
risquent de
développer
un jour une
diverticulite
Mais il n’est pas démontré qu’ils
soulagent vraiment les symptômes pénibles attribués aux diverticules.
Pour soulager les douleurs abdominales, certains conseillent
aussi le paracétamol. Il n’y a pas
d’études pour confirmer que c’est
efficace. Quant à l’aspirine, l’ibuprofène et les autres antidouleurs
à action anti-inflammatoire, on les
déconseille le plus souvent, car ils
peuvent endommager l’intestin.
Gare à l’inflammation
Pour confirmer un diagnostic
de diverticulite, on procède
généralement à des examens
d’imagerie médicale.
test santé 99 octobre/novembre 2010
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seraient dus à la présence de diverticules. Mais on ignore totalement
le pourcentage de plaintes réellement attribuable aux diverticules.
Il peut parfaitement s’agir d’autre
chose, par exemple d’un syndrome du côlon irritable. Si le médecin finit quand même par conclure
que les plaintes sont liées aux diverticules, on dira que le patient
souffre de "maladie diverticulaire". Pour soulager les symptômes,
on conseille alors généralement
d’augmenter les apports en fibres,
notamment par une consommation accrue de fruits et légumes
(on espère du même coup réduire
le risque d’une évolution vers une
inflammation potentiellement
dangereuse, la diverticulite, mais
cela reste très hypothétique).
Pour traiter les symptômes, on
préconise parfois aussi des suppléments de fibres (son de blé,
psyllium, méthylcellulose...) ou le
recours à certains laxatifs (lactulose, par exemple). L’utilité de ces
traitements est incertaine.
Certains médecins prescrivent
également des antispasmodiques,
contre les spasmes de la digestion.
Parfois, les diverticules peuvent
provoquer un saignement. Dans
la majorité des cas, celui-ci se résorbe spontanément, mais si l’hémorragie est importante une hospitalisation peut être nécessaire.
Toutefois, le risque majeur lié à la
diverticulose est l’inflammation
d’un ou de plusieurs diverticules,
un problème baptisé "diverticulite". On estime, sans trop de certi-
tude, que 10 à 25 % des personnes
ayant des diverticules vont un jour
développer une diverticulite. Celle-ci se caractérise notamment par
une douleur intense dans le basventre et des troubles du transit
(généralement de la constipation,
parfois de la diarrhée), mais aussi
par de la fièvre, une sensation de
malaise général, parfois des nausées et vomissements.
Dans des cas peu sévères, le patient
peut souvent être soigné à domicile. Le traitement est un bref régime
liquide (yaourts, bouillons, jus de
fruits sans pulpe...), pour mettre le
côlon au repos. Souvent aussi, on
prescrit des antibiotiques. Normalement, une amélioration se
produit dans les jours qui suivent,
à défaut de quoi il faut aviser.
Si toutefois le patient est très malade, très âgé ou souffre d’autres
affections, une hospitalisation
s’impose, pour optimiser la prise
en charge. Des examens sanguins
Les diverticules se trouvent le plus souvent sur la dernière
partie de l’intestin, le côlon sigmoïde
Gros intestin
(côlon)
Côlon sigmoïde
Diverticules
Coupe d’un
diverticule
ETUDES EN COURS
AMÉLIORER LA PRISE EN CHARGE
´
´
´
Les traitements de la diverticulite n’ont à ce jour pas été évalués de manière optimale.
Parmi les questions en suspens, citons la réelle utilité des
antibiotiques dans les cas non compliqués de diverticulite,
ainsi que l’utilité des ablations préventives (on manque de
données pour décider en connaissance de cause si et quand
cette opération se justifie).
Des études sont actuellement en cours, notamment aux PaysBas, pour remédier à ces lacunes. Les résultats permettront
d’améliorer la prise en charge des diverticulites. Une bonne
chose, d’autant plus que le nombre de cas serait en augmentation.
Les
traitements
de la
diverticulite
sont mal
évalués
dès que le patient avait vécu deux
nouveaux épisodes de diverticulite. On en est un peu revenu. Le
bénéfice réel de cette chirurgie
préventive n’est pas clairement
établi. Si le principe n’est pas
abandonné, on ne devrait en tout
cas plus y procéder automatiquement après seulement deux
récidives. Signalons encore que
l’on propose parfois même cette
opération aux personnes qui,
après guérison d’une diverticulite, continuent à avoir simplement des douleurs abdominales,
si celles-ci perturbent fortement
leur qualité de vie. Cependant,
on ne dispose pas d’études pour
affirmer que l’effet bénéfique supposé l’emporte sur les risques et
inconvénients de l’opération.
Maurice Vanbellinghen
Traitement chirurgical
parfois nécessaire
Parfois, le traitement de l’inflammation nécessite une intervention
chirurgicale. C’est surtout le cas
quand il s’agit d’une diverticulite
dite compliquée :
- présence d’un abcès ;
- présence d’une fistule (conduit
anormal qui s’est formé entre le
côlon et un organe voisin, par
exemple la vessie) ;
- occlusion (blocage empêchant le
passage des selles) ;
- péritonite (inflammation qui
s’étend à la cavité abdominale et
qui peut être mortelle).
Il est alors fréquent que l’on doive
enlever une partie du côlon.
Pour ce faire, on a de plus en
plus souvent recours aux opérations laparoscopiques, où l’on
introduit les instruments à travers de petites incisions. Il n’est
pas certain que cette technique
soit toujours préférable à une
opération traditionnelle à ventre ouvert. Le principal avantage démontré est que l’opération
laparoscopique permet normalement un retour à domicile
plus rapide (par exemple après
5 jours au lieu de 7). En ce qui
concerne notamment le risque
de complications et l’évolution
à long terme, les données sont
moins claires.
Opérations préventives
remises en question
Une opération est parfois également proposée aux personnes
qui refont régulièrement des
diverticulites. Il est vrai que les
rechutes peuvent être pénibles.
On peut donc se dire que le
plus simple est encore d’éliminer tout simplement la source
du problème, c-à-d le segment
d’intestin porteur de diverticules. On a longtemps affirmé
que cette opération se justifiait
QUE FAIRE ?
La diverticulose
n’entraîne que rarement
des problèmes
Une alimentation riche en fruits et légumes et une activité physique suffisante
réduisent probablement le risque de développer des diverticules.
´
Dans la majorité des cas, la diverticulose
ne provoquera jamais de symptômes.
´
´
La découverte fortuite de diverticules
asymptomatiques ne nécessite aucun traitement.
Il peut parfois se produire une inflammation appelée diverticulite. Une mise au repos
du tube digestif et des antibiotiques suffisent
le plus souvent pour traiter le problème.
´
Dans des cas particuliers, traiter l’inflammation nécessite une opération.
´
test santé 99 octobre/novembre 2010
et d’imagerie médicale (échographie ou CT-scan, par exemple) seront généralement effectués pour
confirmer et préciser le diagnostic.
Dans la majorité des cas, on note
une amélioration rapide.
Après guérison, environ un tiers
des patients n’aura plus jamais de
problèmes. Un nombre analogue
continuera à ressentir périodiquement des douleurs abdominales,
sans pourtant qu’il soit question
d’une inflammation. Et environ
un tiers souffrira de nouveaux épisodes de diverticulite.
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