Place de la simulation dans l’amélioration de la sécurité des soins Gadget ou outil pédagogique indispensable ? Forum Qualité‐Sécurité Service Qualité des soins Jeudi 24 novembre 2011 T. Laroche Infirmier répondant Qualité et chargé de formation, service d’Anesthésiologie, HUG 1 Plan • Pourquoi la simulation ? • Arguments « Pour / Contre » • Quelles sont les preuves ? • Conclusion 2 Monteriez-vous dans un avion dont le pilote et l’équipage ne se sont jamais entrainés en simulation ??? 3 Des leçons venues d’ailleurs What Went Right Lessons for the Intensivist from the Crew of US Airways Flight 1549 (15.01.2009) Eisen L.E., Savel R.H. Chest 2010; 136:910‐917 Chesley Burnett Sullenberger Eléments contributifs au sauvetage des passagers > culture de la sécurité > respect des check‐lists > entraînements au simulateur 4 Qualité des soins, sécurité et simulation Aux USA: 40‐100’000 patients/année meurent des suite d’erreurs médicales ≈ un Boeing 747 / j En Suisse ? Estimation : 13860 EIG évitables 0.2 décès associés à un EIG évitable /1000 journées = 2800 décès « Nous devons changer la manière dont nous formons nos médecins et autres professionnels des soins » RECOMMANDATION 8.1: « Il faut incorporer des programmes de formation multidisciplinaires des équipes médicales, qui incluent la simulation… » 5 Institute of Medicine, 1999 Formation et performance des équipes Traditionnellement, les formations des professionnels des soins se focalisent sur: R Flin, QSHC 2004 6 Cycle d’apprentissage en simulation Low- tech simulators Simulated / standardized patient Complex task trainers Screen-based computer simulators Realistic patient simulators Analyse des besoins Définition d’objectifs Débriefing Programmation informatique Rédaction de vignette clinique 7 Intérêts et avantages de l’apprentissage en simulation Absence de risque pour le patient et l’apprenant Les erreurs sont « permises », on apprend de ses erreurs Formation d’individus et/ou d’équipes multidisciplinaires Possibilité de planifier et de répéter la formation Possibilité d’entrainer des situations rares mais graves Possibilité d’enseigner des compétences « techniques » et « non‐techniques » (travail d’équipe, leadership, communication, etc.) Apprentissage « contextualisé », expérience pratique, pratique réflexive et feedback Possibilité d’étudier les performances à des fins de recherche, enseignement ou évaluation 8 « Simulation = gadget » Les arguments des détracteurs • Coût élevé • Manque de réalisme • Risque « d’apprentissage négatif » • Emotions et stress différents de la réalité • Simulateur = « humiliateur » • Pas de preuve de son efficacité • Pas de preuve de sa validité 9 Quelles sont les preuves ? Étalon‐or de la médecine factuelle: « Étude randomisée contrôlée » Souvent difficile à réaliser en pédagogie « Outcomes » difficiles à mesurer Méta‐analyses difficiles actuellement Une évaluation « systématique » des études actuelles est possible par le modèle de Kirkpatrick 10 Modèle de Kirkpatrick : Évaluation des « effets » d’une formation 4 niveaux d’évaluation 4: Résultats (Bénéfices pour les patients) 3: Comportements (impact sur la pratique) 2: Connaissances/compétences 2b: mesurées 2a: auto évaluées 1: Réactions (satisfaction) modifié d’après Kirkpatrick D, 1967 11 Niveau 1 : Réactions / Satisfaction • Niveau de satisfaction élevé « expérience agréable, enrichissante… » Kurreck M, Can J Anaesth 1996 • Haut degré de réalisme des scénarios 7.8 / 10 4.3 / 5 Devitt JH, Anesthesiology 2001 Données SimulHUG 12 Niveau 1 : Réactions / Satisfaction Formations multidisciplinaires au HUG: Qu’en pensent les participants ? Réalisme et choix du scénario 5 4.3 4.8 Utilité de la formation 4 5 3 4.3 4.4 J'ai beaucoup appris Utile pour ma pratique 4.7 4 2 3 1 2 0 Réalisme Choix approprié 1 0 Formation obligatoire 13 Niveau 2b : Connaissances/Compétences Compétences techniques: ACLS • • • 41 internes de médecine (2ème année) Tous certifiés ACLS Pré‐test / post‐test design • Intervention: – 4 x 2h formation ACLS sur mannequin simulateur avec débriefing • Résultats: – Amélioration des scores de 24 % – Taux de succès: 17 % pré‐test→ 100% post‐test Wayne DB, J Gen Intern Med 2006 14 Niveau 3 : Impact sur la pratique Larsen CR et al. Performances des participants lors de leur première salpingectomie élective Les chirurgiens formés sur simulateur sont plus rapides et techniquement plus habiles 15 Niveau 4 : Impact sur les patients • • Design: Etude rétrospective monocentrique Cohorte: BJOG 2006 – NN singleton céphalique de 98 à 2003 – Année 2000: intervention • Intervention: 1 jour de formation annuel multidisciplinaire – Théorique + interactive (CTG, Guidelines, Discussion de cas) – Pratique: 6 scénarios d’urgences obstétricales (Procidence, dystocie, …) • Outcomes mesurés (pré et post intervention): – Score APGAR à 5’ ≤ 6 – Neonatal Hypoxic‐ischeamic‐encephalopathy (HIE) 16 Niveau 4 : Impact sur les patients BJOG 2006 1998–1999 (n= 8430) 2001–2003 (n= 11,030) Relative risk 5’ Apgar ≤ 6, n (rate / 10,000) 73 (86.6) 49 (44.4) 0.51 (0.35–0.74) HIE n (rate / 10,000) 23 (27.3) 15 (13.6) 0.50 (0.26–0.95) Mod /severe HIE n (rate/10,000) 16 (19.0) 11 (10.0) 0.53 (0.24–1.13) 17 Conclusions Simulation : outil/méthode pédagogique Individus / équipes multidisciplinaires Compétences techniques/non techniques Formation nécessaire briefing/ débriefing 18 Le mot de la fin… "...les industries dont l’activité présente des risques pour la vie humaine, et dont la sécurité dépend d’opérateurs qualifiés, n’ont pas attendu des preuves irréfutables des bénéfices de la simulation pour l’adopter. Selon moi, l’anesthésie ( toutes les professions et spécialités de la santé) ne devrait pas faire exception.” Gaba DM, Anesthesiology 1992 19