Numéro best of biblio VIH Traitement antirétroviral : plus tôt, c’est mieux ! Valérie Martinez (Service de médecine interne, hôpital Antoine-Béclère, Clamart, faculté Paris-Sud, Inserm UMR S996) Contexte L’efficacité des traitements antirétroviraux est basée sur l’obtention d’une charge virale indétectable, inférieure à 50 copies/­ml, associée à une restauration immunitaire avec un taux de CD4 > 500/mm3. Cette efficacité est obtenue pour la majorité des patients avec les traitements actuels. La taille du réservoir viral est déterminée en mesurant l’ADN proviral dans les cellules mononucléées sanguines (CMNS) des patients et ce réservoir est considéré, avant l’introduction d’un traitement antirétroviral, comme un marqueur indépendant du risque de progression vers un taux de lymphocytes CD4 bas et vers le stade sida. Instaurer tôt un traitement antirétroviral, idéalement durant la primo-infection, a un impact positif sur les paramètres biologiques comme la déplétion du réservoir et la restauration du système immunitaire. Néanmoins, les données restent relativement restreintes, du fait des durées limitées des traitements instaurés en phase de primo-infection dans les études anciennes, et de l’absence de comparaison entre patients traités dès le stade de la primoinfection et ceux traités au stade de l’infection chronique. Le but de cette étude est de décrire la dynamique de l’ADN proviral et des cellules immunitaires T dans le cadre d’une cohorte prospective et monocentrique de patients traités soit en primo-infection, soit en infection chronique. À cela s’ajoute une analyse des facteurs prédictifs à la fois d’un réservoir viral faible et d’une reconstitution immune optimale sous traitement. Méthode Cette étude s’est déroulée de janvier 2005 à janvier 2011 à Orléans ; elle a inclus tous les patients infectés par le VIH-1, recevant et répondant à un traitement antirétroviral. L’inclusion correspond à la date de la première valeur de charge virale inférieure à 50 copies/ml sous traitement antirétroviral. Deux groupes de patients ont été constitués : les patients traités dans les 4 mois suivant le diagnostic de primo-infection virale, et ceux traités plus tardivement, en phase chronique. Tous étaient suivis dans l’étude jusqu’à la survenue d’un échec virologique (charge virale entre 50 et 200 copies/ml sur 2 prélèvements successifs ou supérieure à 200 copies/­ml sur 1 seul prélèvement, ou patient perdu de vue). Le seuil de détection pour la charge virale était à 50 puis à 20 copies/ml et, pour l’ADN proviral, à 5 copies/PCR, avec des résultats exprimés en nombre de copies par million de CMNS, par million de lymphocytes CD4 et par ml de sang. L’analyse a évalué la proportion de patients présentant une réponse viro-immunologique optimale définie par un faible réservoir (ADN proviral < à 2,3 log10 copies/106 CMNS), et une normalisation des marqueurs de reconstitution immune (CD4 > 500/mm3, pourcentage de CD4 > 30 % et ratio CD4/CD8 > 1). Trois cent sept patients ont pu être inclus : 35 ayant commencé un traitement anti­rétroviral durant la primo-infection et 272 traités au stade de l’infection chronique avec un suivi médian de 6 ans. Dans le groupe “primo-infection”, les hommes étaient plus nombreux, tous symptomatiques, moins fréquemment infectés par les virus des hépatites. Les patients traités en infection chronique avaient un nadir de lymphocytes CD4 plus bas et étaient plus souvent au stade B ou C. 12 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXIX - n° 1 - janvier-février 2014 Commentaire L’instauration d’un traitement antirétroviral durant la primo-infection représente une opportunité-clé de pouvoir réduire le réservoir viral et d’aboutir à un statut optimal en termes de reconstitution immunitaire. Référence bibliographique Hocqueloux L, Avettand-Fènoël V, Jacquot S et al. Longterm antiretroviral therapy initiated during primary HIV-1 infection is key to achieving both low HIV reservoirs and normal T cell counts. J Antimicrob Chemother 2013; 68(5):1169-78. Traitement antirétroviral : plus tôt, c’est mieux ! Numéro best of biblio À retrouver sur le site www.edimark.fr Diapositive 1. Diapositive 2. À retrouver sur le site www.edimark.fr >>> Diapositive 3. ANIMEZ VOS RÉUNIONS AVEC LES DIAPORAMAS “ZOOM DU JOUR” E-journal en direct de la 21st CROI 2014 Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections RETROUVEZ-NOUS À PARTIR DU 4 MARS SUR : www.edimark.fr/ejournaux/CROI/2014 Site réservé aux professionnels de santé MARDI MERCREDI JEUDI 4 MARS 5 MARS 6 MARS BOSTON 3-6 MARS 2014 Consultez le e-journal sur votre smartphone Avec le soutien institutionnel de Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique. Le contenu est sous la seule responsabilité du coordonnateur, des auteurs et du directeur de la publication qui sont garants de son objectivité. Sous l’égide de La Lettre de l’Infectiologue - Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson - Rédacteur en chef : Pr Pierre Tattevin La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXIX - n° 1 - janvier-février 2014 | 13 Numéro best of biblio VIH Résultats Évolution de l’ADN proviral : ▸ Durant les 2 premières années, il y a un déclin rapide de l’ADN proviral, à la fois chez les patients traités en primo-infection et chez ceux traités en infection chronique, avec des demi-vies similaires. ▸ La seconde phase de décroissance est plus lente, avec une demi-vie plus courte dans le groupe “primo-infection” que dans le groupe “infection chronique”. Les données finales montrent que les patients traités en primo-infection avaient des niveaux d’ADN viral plus faibles que ceux traités en infection chronique : 69 % des patients traités en primo-infection avaient un ADN proviral < 2,3 log copies/106 CMNS versus 13 % pour ceux traités en infection chronique. Les résultats sont similaires, quand on regarde en nombre de copies/million de CD4 ou par ml de sang. De plus, l’analyse en régression logistique a montré que l’instauration d’un traitement antirétroviral durant la primo-infection, un nadir de CD4 > 500/mm3 et un ADN proviral préthérapeutique < 3,3 log copies/106 CMNS étaient des facteurs prédictifs de l’aboutissement à un faible réservoir viral (< 2,3 log/106 CMNS) sous traitement. La reconstitution immune est de meilleure qualité dans le groupe traité en primo-infection que dans celui traité en infection chronique en termes de taux de CD4 médian (883/­mm3 versus 619/mm3), de pourcentage de CD4 (41 % versus 31 %), et en termes de ratio CD4/ CD8 (1,31 versus 0,77 ; p < 0,0001 pour ces 3 variables). Ces 3 marqueurs sont normalisés chez 80 % des patients traités en primo-infection versus seulement 26 % des patients traités en infection chronique. De même, 97 % des patients traités en primo-infection avaient un taux de CD4 > 500/mm3 versus 70 % de ceux traités en infection chronique. L’analyse en régression logistique a mis en évidence qu’un traitement instauré lors de la primo-infection, un rapport CD4/CD8 > 0,5 avant l’instauration des traitements antirétroviraux et une durée d’indétectabilité supérieure à 4 ans sont prédictifs d’une restauration immune optimale, alors qu’un nadir de CD4 < 200/mm3 est associé à une moindre chance d’obtenir cette restauration immune. II L ’auteur déclare participer ou avoir participé à des i­nterventions ponctuelles pour BMS, Gilead Sciences, J­ anssen-Cilag, Abbvie, MSD et ViiV Healthcare ; avoir été prise en charge (transport, hôtel, repas), à l’occasion de déplacements pour congrès, par BMS, Gilead Sciences, Janssen-Cilag, Abbvie, MSD et ViiV Healthcare. À retrouver sur le site www.edimark.fr Diapositive 4. 14 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXIX - n° 1 - janvier-février 2014 Diapositive 5.