Chapelle Saint Louis – Rouen le 25 janvier 2007 à 19h30

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Chapelle Saint Louis – Rouen
Place Rougemare
le 25 janvier 2007 à 19h30
le 26 janvier 2007 à 20h30
Réservations au 02 35 98 45 05
texte de Falk Richter
avec Solène Froissart
mise en scène et traduction d’Anne Monfort
TOUT.
EN UNE NUIT.
de Falk Richter
Mise en scène et traduction : Anne Monfort
Avec : Solène Froissart
Scénographie : Cécilia Delestre
Création sonore : Annabelle Brouard et Alban Guillemot
Création lumière : Cécile Robin
Création vidéo : Xanaé Bove et Marc Saclier
Chorégraphie : Valérie Zeitoun
Administration : Jean-Baptiste Pasquier
Avec l'aide à la maquette du DICREAM, la participation artistique de
l'ENSATT, le soutien de la Mairie du XXe et du Goethe Institut ainsi que
l'appui de Mains d'œuvres, du Théâtre Ephéméride, du Staatstheater
Saarbrücken, et de Naxos Bobine.
La traduction est lauréate du programme Transfert Théâtral du Goethe
Institut.
L'Arche est agent théâtral du texte représenté.
Le spectacle a été créé au théâtre-studio d'Alfortville en juin 2005.
Tout. En une nuit est un projet pluridisciplinaire qui mêle jeu, vidéo, son... Le texte de
Falk Richter sur lequel s'appuie le travail de l'équipe relate la solitude d'une femme qui
ne parvient pas à établir un contact avec l'homme qui l'a quittée. A moins qu'il n'y ait
plusieurs femmes ? A moins que l'homme n'existe pas ? Il nous a donc semblé important de multiplier les réalités ou les solutions possibles, à la manière de Lynch,
Cronenberg ou Modiano, où les indices, le parcours réflexif s'avère plus intéressant
que le but. Cette situation se reflète dans le texte où les aléas et les errances du personnage prennent le pas sur l'objectif final. Le style de Richter, tel que j'ai essayé de le
rendre dans la traduction, travaille sur la création d'images concises et d'accumulation
inattendue. Pour refléter et signaler ces différents degrés de réalité, plusieurs supports
sont convoqués : la vidéo, le son, le corps de la comédienne. La vidéo comme le son
peuvent s'avérer indice de réalité presque documentaire ou au contraire un support
onirique. Dans ce texte dépourvu de situations immédiates, la narration sera assumée
tour à tour selon les différents supports, afin d'établir les " fractales ", " fiction de cohérence ", les éléments épars qui forment une personnalité. Dans une société marquée
par la prolifération d'images et de sons, comment trouver son chemin sinon dans le
jeu et l'appropriation de ces éléments ? Les différents supports fonctionnent en cocréation ; la narration fragmentée, constituée d'indices, tente de travailler avec l'imaginaire et l'inventivité du spectateur, libre de chercher un chemin et de s'y retrouver.
Après les ébauches de dérèglement et de dérapage en direct précédents, la troisième
partie, elle, mènera jusqu'à une explosion d'images et de sonorités, où vidéo, son et
comédienne réagiront en direct, suivant des codes propres établis tout au long du
spectacle. Les deux premières parties auront ébauché des systèmes esthétiques et
chorégraphiques en lien avec la musicalité du texte, avec des motifs récurrents : des
objets, des gestes décalés, réapparaîtront d'un passage à l'autre, suggérant ou évoquant les éléments répétitifs du texte (le filet, la mer, les animaux, le sang sur le front),
qui seront réutilisés dans un ordre qui ne sera jamais fixe, mais correspondra à l'écoute des différents partenaires entre eux. Ainsi pourra s'ébaucher, pour le spectateur, des
explications, la " fiction de cohérence " évoquée par l'auteur : certains gestes, comme
celui du sang sur le front, trouvera un écho en vidéo. La troisième partie du texte relate le même traumatisme vécu par la femme sous différentes formes. Conformément à
cette dramaturgie du zapping, l'ordre du fantasme et celui de la réalité se téléscopent,
d'une surface de projection à l'autre. Outre quelques scènes-clefs, un certain nombre
de séquences émergeront dans un ordre aléatoire, voire se concurrenceront, en fonction des contraintes données par le son et la vidéo : la comédienne offrira alors en
direct plusieurs variations de type de jeu, d'ambiance, sur le même thème. Cette
démarche pourra même se doubler d'une confrontation entre les deux comédiennes
qui créent le spectacle en alternance, dans la vidéo comme sur le plateau.
" Une femme se retrouve dans une situation qu'elle connaît pour l'avoir déjà vue dans
des films et essaie d'y être authentique ". Ainsi commence Tout. En une nuit. Le texte
indique trois parties, intitulées " une chambre d'hôtel ", " un taxi ", " grisaille matinale
", des lieux qui n'en sont pas, entre mémoire et imagination. Les deux premiers mouvements sont traités comme deux narrations indépendantes, mettant en scène deux
personnages différents. L'ambiance mystérieuse et le travail gestuel, parfois proche
du mime minimaliste, de la première partie évoquent le film noir, tandis que la partie
intitulée " un taxi " campe un personnage plus joué, plus excessif, dans la lignée peutêtre des femmes d'Almodovar. Seuls quelques passages se font écho, dans la lignée
d'un travail sur le motif, l'unité minimale susceptible de répétition, qui a été mené
conjointement avec les différents mediums du projet. La troisième partie, " grisaille
matinale ", est à l'image d'un des mots-clefs de la pièce, " Netz ", terme qui signifie à la
fois filet et réseau : les différents personnages, les codes de jeu, les niveaux de réalité
se mêlent, enfermant la comédienne, tout en créant un réseau de significations.
En effet, la problématique générale de Tout. En une nuit, chère à Falk Richter, correspond à celle du jeu du comédien : dans un monde saturé, où le trash est aseptisé
par la télé, on ne peut être authentique qu'en s'appropriant des références visuelles
et sonores et en les assimilant. Apprivoiser les accidents créés par les machines permet l'émergence finale du sujet : " je…je… ".
Cette dramaturgie générale de la pièce s'accompagne d'une évolution spécifique aux
éléments multimedia : dans la première partie, le personnage qui regarde un film
devient progressivement un être qui se retrouve lui-même dans un statut fictionnel
et dont la réalité est mise en doute, suivant le principe du rêve où on se trouve à la fois
dans l'histoire et hors de l'histoire. Le film sort progressivement de la télévision pour
venir s'imposer sur le plateau, dans une temporalité gérée en direct ; le son envahit
progressivement le plateau. La deuxième partie travaille, elle aussi, sur les niveaux de
réalité : la voix du personnage peut devenir celle de la radio du taxi, tandis que la
vidéo assume apparemment un rôle décoratif, représentant la route suivie par l'héroïne, suivant la phrase du texte " je roule à l'intérieur de moi sans me déplacer ".
Anne Monfort
Anne Monfort a créé sa compagnie, le Théâtre de l'Heure, après avoir travaillé avec
Thomas Ostermeier, Jacques Nichet et Lukas Hemleb. Elle a également été dramaturge de Jean-François Peyret sur Des chimères en automne et a collaboré avec Lucie
Valon et Thomas Ferrand. Le Théâtre de l'Heure s'intéresse à des créations contemporaines notamment par son compagnonnage avec le jeune auteur français David
Blumental, ainsi qu'avec Falk Richter : Anne Monfort a créé Dieu est un DJ, au festival
off d'Avignon en 2002 - reprise en novembre 2004 au Théâtre National de Sarrebrucket a traduit la plupart des pièces de cet auteur. Elle a aussi travaillé en Allemagne, où
elle a été invitée au Forum junger Bühnenangehöriger dans le cadre des
Theatertreffen à Berlin en 2004, ainsi qu'à la rencontre de traducteurs au festival de
Mülheim en 2003.
Solène Froissart a travaillé avec Armel Roussel sur le triptyque Intimité/Obscénité
(CDN de Normandie, Centre d'Art et d'Essai de Mont Saint Aignan), sur plusieurs créations de Thomas Ferrand (Projet Libéral, Les matériaux d'A), ainsi que sur N13,
Laboratoire d'Imaginaire Social, création de David Bobée, Médéric Legros et Antonin
Ménard, (CDN de Normandie). Elle travaille régulièrement avec plusieurs compagnies
normandes (Elan Bleu).
Alban Guillemot est ancien élève en réalisation sonore de l'ENSATT. Il collabore avec
Michel Raskine ainsi qu’avec des conteurs. Ses univers sonore travaillent sur l’espace,
la matérialité de la voix, la création de nappes mentales.
Tout. En une nuit :
"A mesure que le personnage convoque les images de son histoire et de ses fantasmes, l'espace scénique se dévoile, les rideaux à lattes qui le dessinent étant levés et
baissés au gré des évocations. La plasticité lumineuse de l'effet est remarquable mais
plus remarquable encore est l'effet de distorsion topographique : on a alors l'impression de voyager à l'intérieur d'une âme qui dévoilerait elle-même le territoire de son
intimité et en ferait exploser les frontières. Ce spectacle, dont on sent que l'intelligence en a guidé la conception et la réalisation, évite néanmoins les risques du formalisme et de l'excès théorique : la sensibilité s'y déploie avec d'autant plus de force que le
fond est magnifié par la forme. Une très belle réussite esthétique et théâtrale, servie
par de jeunes artistes de grand talent. " (Catherine Robert, TheatreOnline, 16 juin 2005)
"La mise en scène d'Anne Monfort par la multiplication des jeux de regards entre l'actrice, les modèles d'actrices, et les spectateurs, regards happés, distraits, morcelés,
reconstituent la difficulté du regard contemporain à se poser, se concentrer. Solène
Froissart reste dans un entre-deux, entre le personnage et elle-même. Ce retrait relatif
interprète le doute d'un être quelconque, pris entre humilité et désir de grandeur, de
sublime, entre présent et fiction, à la recherche d'un désir pour quelque chose, pour
quelqu'un dans un monde où les objets se dissipent au fur et à mesure qu'on les
approche.Tout. En une nuit. est un passage, près de soi d'une inquiétude qu'on reconnaît, inquiétante et étrange, celle de l'humain qui se découvre étranger au monde où
il vient au jour." (Mari-Mai Corbel, exorde.fr, 9 juillet 2005)
Dieu est un DJ :
Cécile Robin est ancienne élève de l’ENSATT. Elle travaille régulièrement avec le
Théâtre de l’Heure, la Comédie de Valence et la Compagnie de la Mandarine Blanche.
Cécilia Delestre, ancienne élève en scénographie à l'ENSATT, a préalablement réalisé
plusieurs scénographies pour le Théâtre de l'Heure : Dieu est un DJ, Les Hôtes, Le Fou qui
parle. A partir de la concrétude de la matière, elle conçoit des espaces minimaux et
abstraits. Elle a une approche pluridisciplinaire et travaille à la fois pour le théâtre, la
danse, les arts plastiques, le cinéma, ou l’opéra.
"Un couple en crise expose ses déboires devant des téléspectateurs et internautes.
Pour exprimer leur malaise, la jeune femme enceinte et son compagnon s'abandonnent verbalement devant une caméra…..Les acteurs jonglent sans cesse entre le rire
et l'amertume, le désir fusionnel et l'incompréhension amoureuse. Ils s'affrontent, se
cherchent, se déchirent sans trouver une issue à leurs difficultés existentielles. La gestuelle scénique est, par périodes, d'une extrême rapidité. Les corps s'enchevêtrent, se
débattent, miment l'acte d'amour. Comment remédier à cette douleur insurmontable? La fin de la pièce ressemble à un véritable coup de massue où l'énigme est élucidée." (Le Dauphiné Vaucluse, 13 juillet 2002)
"La fascination un peu sale pour la petite lucarne qui pousse à l'exhibitionnisme forcené et qui nous met en porte à faux, nous, public avide de sexe, de traumatismes mis
à nu, de violence. Dans cette pièce le public est filmé, il se voit en train de scruter les
éructations dépressives de ce couple de comédiens…. Une mise en scène fantaisiste
et dynamique." (Hebdo Vaucluse, 19 juillet 2002)
Remerciements à la compagnie l'Elan Bleu, Muriel Bourdeau et Tristan Coloma.
"On apprécie une mise en scène remarquable, rappelant la mise en abyme de la vie
du couple. " (La Provence, 18 juillet 2002)
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