Trichloroéthylène et risque de cancer du rein, solvant chloré

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Trichloroéthylène
Messages clés
Le trichloroéthylène est un solvant chloré utilisé principalement pour le dégraissage et le
nettoyage des métaux. Il est aussi utilisé dans l’industrie du caoutchouc, des produits d’entretien,
des peintures et vernis…
Le trichloroéthylène est en cancérogène avéré pour l’homme (groupe 1 du CIRC) pour le
cancer du rein.
Des risques de cancer du foie et de lymphome non­Hodgkinien sont suspectés d’être associés à
une exposition au trichloroéthylène, mais les données scientifiques sont actuellement insuffisantes
pour conclure.
L’inhalation est la principale voie d’exposition au trichloroéthylène. Pour la population générale,
c’est l’air des espaces clos qui constitue la première source d’exposition (émissions intérieures et
transfert de la pollution extérieure). Il existe plusieurs types de valeurs réglementaires qui visent à protéger les populations de
l’exposition au trichloroéthylène : valeurs guides pour l’air intérieur, valeurs repères
(population générale) et valeurs limites d’exposition professionnelle.
Trichloroéthylène: propriétés et utilisation
Trichloroéthylène et cancer
Exposition au trichloroéthylène: voies et sources
Valeurs réglementaires
Evolutions récentes
Trichloroéthylène : propriétés et utilisation
Le trichloroéthylène est un composé organique halogéné volatil : il s’agit d’un liquide incolore, presque
insoluble dans l’eau. C’est en revanche un excellent solvant pour des substances synthétiques ou naturelles
telles que les graisses, huiles, matières grasses, cires, résines, etc. Il a été utilisé entre 1930 et 1950 dans les pressings, avant d’être remplacé par le perchloroéthylène. Il est
aujourd’hui utilisé principalement (95%) pour le dégraissage et le nettoyage des métaux (CIRC, 1995). Il est
plus rarement utilisé pour d’autres utilisations telles que l’industrie du caoutchouc, des produits d’entretien,
des peintures et vernis, et comme intermédiaire de synthèse de composés chlorés, etc.
Trichloroéthylène et cancer
Classé cancérogène probable par le CIRC (groupe 2A) depuis 1995, le trichloroéthylène a été classé en
octobre 2012 comme cancérogène avéré (groupe 1) pour l’homme, pour le cancer du rein. Pour l’Union
Européenne, il s’agit d’un cancérogène de catégorie 1B, c’est­à­dire d’une substance devant être assimilée
cancérogène pour l’homme. Une étude cas­témoin française a notamment démontré une association entre une exposition professionnelle
au trichloroéthylène et un risque augmenté de cancer du rein : les employés fortement exposés au
trichloroéthylène avaient deux fois plus de risque de développer un cancer du rein que les non exposés
(Charbotel, 2006). Ce lien a été confirmé dans une étude réalisée en Europe de l’est (Moore, 2010) et dans
plusieurs méta­analyses (Scott, 2011 ; Karami, 2012). L’effet cancérogène du trichloroéthylène sur le rein est
du à la formation de métabolites génotoxiques formés lors de sa dégradation (CIRC, 2012). Certaines données montrent également une augmentation du risque de cancer du foie et de lymphome non­
Hodgkinien suite à des expositions au trichloroéthylène. Cependant, le niveau de preuve reste limité pour ces
associations, et les mécanismes de cancérogénèse correspondants ne sont pas identifiés (CIRC, 2012). Exposition au trichloroéthylène : voies et
sources
Le trichloroéthylène est produit uniquement par synthèse chimique. Il n’en n’existe aucune source naturelle
connue.
Exposition de la population générale
Du fait du caractère très volatil du trichloroéthylène, la voie principale d’exposition est l’inhalation : 99% du
trichloroéthylène utilisé est libéré dans l’air (Ineris, 2005). Les autres voies d’exposition, mineures, sont
l’ingestion d’eau contaminée et l’absorption cutanée lors de douches ou de l’utilisation de produits de
nettoyage (OMS, 2010). Dans l’air extérieur, le trichloroéthylène provient principalement des émissions du milieu industriel. Mais c’est
l’air des espaces clos qui constitue la source principale d’exposition au trichloroéthylène pour la
population générale (HCSP, 2012) : il provient alors du transfert de la pollution extérieure ou des émissions
des sources intérieures qui en contiennent (produits domestiques tels que détachants à moquette,
nettoyants pour vitres, etc.) ou de sa volatilisation à partir de produits de consommation ou de construction
(dalles de moquette, PVC, colles, résines, etc.). Le trichloroéthylène peut également provenir des sols pollués
ou des eaux contaminées (dégradation des eaux souterraines accidentelle ou mauvaise élimination), et ainsi
augmenter sa concentration dans l’air intérieur. Du fait de sa faible solubilité dans l’eau et de sa volatilité, le
trichloroéthylène ne contamine cependant les eaux qu’à l’état de traces (HCSP, 2012). Les concentrations en trichloroéthylène dans l’air intérieur en France et à l’étranger sont généralement de
l’ordre du µg/m3 (HCSP, 2012).
Exposition en milieu professionnel
En 2004, en France on estimait à 4350 tonnes la quantité de tricholoéthylène utilisée en milieu professionnel
(INRS, 2005) et son usage régresse régulièrement depuis son classement par le CIRC en 1995 (InVS, 2009)
et par l’UE en 2004. D’après l’enquête SUMER, en France, en 2003, 153 600 employés (soit 0,9% des
salariés) des différents secteurs concernés étaient exposés au trichloroéthylène sur leur lieu de travail, et 36%
d’entre eux ne bénéficiaient pas de protection collective (DARES, 2005). Les tableaux de maladies professionnelles qui se rapportent à des expositions au trichloroéthylène (tableau 12
du régime général, et 21 du régime agricole : préparation, emploi, manipulation de trichloroéthylène) ne
considèrent à ce jour aucune affection cancéreuse. Valeurs réglementaires
Le trichloroéthylène étant un cancérogène sans seuil d’innocuité, l’objectif est de toujours maintenir sa
concentration la plus basse possible, quel que soit le milieu.
En milieu général
Une valeur guide pour l’air intérieur (VGAI) a été proposée par l’Anses en 2009 : pour les effets non
cancérogènes, elle est de 800 µg/m3 ; pour les effets cancérogènes, elle est de 2,3µg/m3 pour un risque vie
entière de 10­6 (être exposé à cette concentration pendant toute sa vie correspond à un risque de 1/1 000
000 de développer un cancer), et de 23 µg/m3 pour un risque vie entière de 10­5 (Anses, 2009).
En milieu professionnel
Afin de protéger les travailleurs de l’exposition au trichloroéthylène, le Code du travail (article R231­56 et
suivants) stipule notamment :
l’obligation de substitution si cela est techniquement possible ou, à défaut, l’utilisation en système clos ;
la limitation du nombre de salariés exposés ;
l’obligation d’effectuer des contrôles de niveaux d’exposition par un organisme extérieur.
La valeur limite d’exposition professionnelle au trichloroéthylène en France est de 75 ppm* (405 mg/m3)
pour une exposition moyenne de 8 heures par jour de travail. Pour des expositions à court terme, elle est de
200 ppm (1080 mg/m3) (HCSP, 2012). Evolutions récentes
Depuis octobre 2012, le trichloroéthylène est classé cancérogène avéré (groupe 1) par le CIRC pour le risque
de cancer dur rein.
En juillet 2012, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a publié, pour le trichloroéthylène, des valeurs
repères d’aide à la gestion dans l’air des espaces clos (HCSP, 2012). Ces valeurs sont déterminées sur la base
des VGAI proposées par l’Anses, et ont pour but d’indiquer un ou plusieurs seuils à partir desquels des actions
de protection de la santé doivent être mises en place.
Deux valeurs de gestion pour la pollution de l’air intérieur par le trichloroéthylène ont été recommandées par
le HCSP :
une valeur repère de qualité d’air intérieur (VR) : 2 µg/m3
Cette valeur est applicable immédiatement, avec un délai de 5 ans pour la mise en place d’actions
correctives. une valeur d’action rapide (VAR) : 10 µg/m3
Cette valeur implique la mise en place d’actions correctives dans le but d’abaisser le niveau de concentration
de TCE sous 2 µg/m3, avec un délai d’action maximum de 6 mois. Ces valeurs ne s’appliquent que pour les expositions chroniques (elles ne s’appliquent pas en cas d’exposition
à court terme). Le HCSP recommande des mesures de concentrations intérieures dans les immeubles d’habitation ou locaux
ouverts au public se trouvant à proximité d’une source de contamination. Auteur: Unité cancer environnement
Relecteur: Dr Barbara Charbotel, médecin épidémiologiste en santé au travail, Lyon
Nos fiches sur ce thème
Cancer du rein
Classification des subtances cancérogènes par le CIRC
Classification européene des substances cancérogènes
Perchloroéthylène
Trichloroéthylène, tétrachloroéthylène, et autres solvants chlorés (évaluation du CIRC)
Valeurs de référence
Pour aller plus loin
Rapports et textes officiels
AFSSET, 2009 : Avis relatif à la proposition de valeurs guides de qualité de l’air intérieur pour le
trichloroéthylène
Etudes et publications scientifiques
Charbotel, 2006 : Case­control study on renal cell cancer and occupational exposure to TCE
CIRC, 2012 : Monographie volume 106. Carcinogenicity of trichloroethylene, tetrachloroethylene (...)
Karami, 2012 : Occupational trichloroethylene exposure and kidney cancer risk: a meta­analysis
Moore, 2010 : Occupational trichloroethylene exposure and renal carcinoma risk
Scott, 2011 : Trichloroethylene and cancer: systematic and quantitative review of epidemiologic (...
Informations des publics
Ineris, 2005 : Fiche trichloroéthylène
INRS, 2011 : Fiche trichloroéthylène
Site Substitution­CMR sur le trichloroéthylène
Mise à jour le 21 avr. 2016
Copyright 2016 ­ Centre Léon­Bérard
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