juin 2015 - Chambre d`Agriculture Pyrénées Orientales

publicité
PROTECTION DES CULTURES
LES LIMACES EN MARAICHAGE
Les limaces causent régulièrement d'importants dégâts en maraîchage. La salade sous abri
comme en plein champ subit des pertes considérables dans certains cas. En général, les limaces
se manifestent surtout en automne et dans une moindre mesure au printemps. Les dégâts sont de
différents ordres. On peut observer la consommation du feuillage et des racines qui cause la
destruction des plantules dès la plantation ou des souillures entre les feuilles des plants plus
développés qui rendent la marchandise invendable.
MORPHOLOGIE
Le corps des limaces est divisé en 4 parties :
d'abord la tête avec 4 tentacules et la
bouche. Deux des tentacules portent des
yeux mais les 4 servent d'organes olfactifs,
gustatifs et tactiles.
La bouche contient 2 mâchoires dures avec
lesquelles la nourriture est découpée et une
langue (radula) pourvue de "petites dents"
qui lui sert de râpe.
Derrière la tête, se trouve le bouclier avec sur
le coté l'orifice respiratoire.
La partie ventrale contient le pied très musclé
avec lequel l'animal peut se déplacer.
Derrière le bouclier se situe la partie caudale
qui contient les organes sexuels.
Tout le corps est recouvert de mucus sécrété
C'est la petite limace grise, aussi appelée
"loche".
Elle mesure entre 3 et 5 centimètres et dans
certaines
conditions
peut
atteindre
6 centimètres.
Elle est gris/blanchâtre, parfois marron clair,
avec des dessins plus foncés sur le dos.
Elle vit surtout à la surface du sol et dans des
conditions d'humidité favorables, consomme
en général tout végétal vert.
Dans des conditions sèches, elle s'attaque
aussi aux racines.
Sa voracité est assez impressionnante, elle
peut manger un tiers de son poids par nuit.
 Deroceras laeve
par une glande. Ce mucus sert de protection
contre la déshydratation et de lubrifiant pour
la reptation.
QUELLES ESPÈCES ?
On trouve quelques espèces qui occasionnent la plupart des dégâts en maraîchage.
 Deroceras reticulatum
D. laeve est plus petit que l'espèce décrite
ci-dessus (2 à 2,5 cm).
Cette espèce est connue pour sa mobilité
importante.
Cette limace se déplace pour manger
surtout tôt le matin.
5
SERRES ET PLEIN CHAMP ‐ n° 342 ‐ juin 2015
PROTECTION DES CULTURES
Les limaces en maraîchage
 Arion hortensis
Les limaces sont hermaphrodites, ce qui veut
dire mâle et femelle à la fois mais néanmoins
pas au même moment. D'abord les organes
mâles sont actifs, les spermatozoïdes sont
stockés dans une spermathèque et ensuite
les
organes
femelles
sont
activés
sous
l'influence des hormones.
Dans
certaines
conditions,
les
limaces
peuvent s'autoféconder mais, en général, la
fécondation est croisée.
La femelle pond entre 100 et 300 œufs en
petits paquets de 15 à 25. Ils sont déposés
entre les mottes ou autres trous dans la terre.
On les trouve aussi très facilement sous des
abris comme des poches en plastique ou de
Cette limace, aussi appelée limace noire ou
encore limace des jardins, mesure entre 2 et
4 cm. Le corps est assez allongé et très foncé,
avec deux bandes latérales plus claires.
Elle peut être active toute l'année, avec une
baisse d'activité cependant en été.
Cette espèce est plus difficile à repérer, vue
son
habitude
à
se
cacher
à
plusieurs
centimètres de profondeur dans le sol.
L'activité des limaces est étroitement liée au
cycle de températures et à la lumière.
En dessous de 3 à 4°C, l'activité est pratiquement nulle. Pour des températures inférieures
-3°C,
les
limaces
meurent
mais,
en
période de gel, elles se cachent assez
profondément dans le sol et se protègent
ainsi contre le froid.
L'humidité est un facteur très important. Il faut
savoir que le corps des limaces est constitué
de 85 % d'eau et sa peau est incapable
d'éviter l'évaporation.
Sans humidité, la production de mucus est
impossible et la limace ne se peut pas se
déplacer.
SERRES ET PLEIN CHAMP ‐ n° 342 ‐ juin 2015
L'éclosion intervient en fonction de la température après trois mois à 5°C et après trois
semaines à 10°C.
Le nombre de générations par an est
variable en fonction de l'espèce.
La loche peut avoir 2 générations par an
dans le sud de la France, mais une seule dans
le
nord,
Arion
hortensis
fait
une
seule
génération par an dans tous les cas.
BIOLOGIE
à
morceaux de bois.
LE DÉPLACEMENT
Les limaces se déplacent lentement selon
l'espèce entre 2 et 7 mètres par nuit.
Si l'environnement est favorable (nourriture,
humidité), elles peuvent rester plusieurs jours
sur place. La nourriture est repérée à l'aide
de ses tentacules (odorat et toucher).
LES ENNEMIS NATURELS
Les ennemis naturels des limaces sont surtout
les oiseaux, les taupes, les musaraignes, les
rats et les blaireaux et dans des zones
cultivées les grenouilles, crapauds et lézards
sont prédateurs. Toutefois, l'impact pratique
de ces organismes est limité.
6
PROTECTION DES CULTURES
Les limaces en maraîchage
FACTEURS FAVORISANT LE DÉVELOPPE-
anti-limaces sous le piège (les granulés
MENT DES LIMACES
causent leur mort).
Etant donné les rôles prépondérants de
Ces pièges ne peuvent en aucun cas servir
l'humidité et de la température, le dévelop-
de moyen de lutte mais plutôt à signaler leur
pement et la consommation des limaces sont
présence, un peu comme les panneaux
à leur maximum entre 15 et 20°C.
jaunes englués dans les serres permettant la
La structure du sol est également très impor-
détection précoce des insectes ravageurs.
tante. Les limaces préfèrent des sols motteux
ou caillouteux et surtout des sols argileux ou
LES MOLLUSICIDES
argilo calcaires.
Deux substances actives sont homologuées
En terrain sableux, le problème limace est
sous de nombreuses marques commerciales :
beaucoup plus aléatoire.
 Le métaldéhyde,
Les débris végétaux, les prairies, les terrains en
 Le phosphate ferrique.
friche, les mauvaises herbes sont aussi des
La dernière substance active est autorisée en
abris très appréciés des limaces.
Agriculture Biologique.
Toutes
sont
disponibles
sous
forme
de
granulés, en général avec un additif répulsif
LA LUTTE CONTRE LES LIMACES
Pour établir une stratégie de lutte efficace
contre les limaces, il faut tenir compte de
l’ensemble des éléments de biologie.
On a vu aussi que les débris végétaux
favorisent la présence de limaces. Par conséquent, la première mesure à suivre est
d'éliminer tous ces abris potentiels autour des
parcelles et serres à cultiver.
Ensuite, le travail de sol est très important.
L'absence de mottes et de cailloux évite bien
des problèmes et un tassement de la surface
à cultiver est bénéfique.
Pendant les périodes où le sol n'est pas
cultivé, l’entretien et un travail de sol régulier
détruisent de nombreux œufs et de jeunes
limaces par dessèchement.
Pour contrôler la présence effective des
limaces, il suffit de mettre quelques pièges en
place. Ces pièges peuvent être constitués
d'un matériel maintenant l'humidité, comme
le carton ondulé, une tuile plate, un sac
pour chiens et chats, etc ... et certains avec
un
additif
éviter
les
augmentant
l'amertume
consommations
pour
accidentelles
(bitrex).
En fonction de leur procédé de fabrication
(par voie humide ou sèche), ils sont plus ou
moins résistants à la pluie.
Le moyen d'utilisation de ces granulés est de
les épandre avant la plantation ou entre les
rangs après plantation.
Dans le cas de plantation sur paillage
plastique, la meilleure stratégie est d'épandre
les granulés avant la mise en place du
paillage.
Depuis quelques années, un moyen de lutte
biologique a été mis au point.
Cette alternative de lutte se fait à l'aide d'un
nématode Phasmarhabditis hermaphrodita
qui parasite les limaces (et escargots) mais
son
coût
limite
dans
la
pratique
son
développement.
plastique ou de jute posé sur le sol.
Pour améliorer l'attractivité, on peut arroser
les alentours du piège et pour éviter qu'elles
ne
7
s'échappent,
mettre
des
granulés
Leen SCHOEN, SICA Centrex
Contact : 06 76 78 90 93
SERRES ET PLEIN CHAMP ‐ n° 342 ‐ juin 2015
Téléchargement