FEUILLET D’INFORMATION La dysplasie anale Sommaire La dysplasie anale est une affection précancéreuse, mais il ne s’agit pas d’un cancer à proprement parler. Les personnes vivant avec le VIH, y compris les femmes, courent un risque accru de dysplasie anale. Il est possible de réduire ce risque en pratiquant le sécurisexe — surtout en évitant les relations anales passives non protégées (se faire enculer ou être bottom). Cependant, les condoms ne réussissent pas à empêcher complètement la transmission du VPH (virus du papillome humain) — un virus qui peut causer la dysplasie anale. Les tests de dépistage permettent de détecter la dysplasie ou des changements précancéreux. Si l’on traite ces affections précancéreuses, il est possible de prévenir le cancer. Qu’est-ce que la dysplasie anale? La dysplasie anale est une affection précancéreuse. Il s’agit de changements anormaux dans les cellules qui tapissent le canal anal (muqueuse). Lorsque les cellules anormales se réunissent en grappes, elles créent un motif visible que l’on appelle lésion. Les lésions de bas grade peuvent progresser et devenir des lésions de haut grade. Ces dernières sont plus dangereuses parce qu’elles sont susceptibles d’évoluer plus rapidement en cancer. Mais ce ne sont pas toutes les lésions qui progressent. Certaines d’entre elles régressent, ce qui veut dire qu’elles rétrécissent ou disparaissent. Certaines autres peuvent persister, ce qui veut dire qu’elles demeurent présentes mais ne changent pas. L’anus s’étend de l’ouverture anale jusqu’à environ 4 cm à l’intérieur du corps, là où il se joint au rectum. La portion située à l’intérieur La dysplasie anale du corps s’appelle le canal anal. La dysplasie anale se produit majoritairement dans deux endroits : la « jonction », soit l’endroit où le canal anal rencontre le rectum; et la peau périanale située à l’extérieur de l’ouverture anale. Les cas de dysplasie grave dans la zone périanale sont également désignés par le terme maladie de Bowen. Quelle est la cause de la dysplasie anale? Il existe un lien entre la dysplasie anale et un virus courant appelé virus du papillome humain (VPH). Le VPH est un virus répandu qui compte environ 100 souches différentes, dont un grand nombre se transmet par voie sexuelle. Le VPH cause des problèmes très semblables chez les deux sexes. Certaines souches provoquent des verrues, y compris les verrues génitales. Ces souches ne sont pas responsables des cas de dysplasie anale grave ou de cancer. page 1 de 5 D’autres souches (notamment les souches VPH 16 et 18) peuvent causer le cancer anal et le cancer du col de l’utérus; on appelle cellesci des souches à risque élevé ou oncogènes (qui provoquent le cancer). Les souches qui peuvent causer la dysplasie anale grave et le cancer peuvent également causer le cancer du col utérin chez les femmes. Nos cellules fabriquent des protéines qui contribuent à prévenir la dysplasie et le cancer. Le VPH peut désactiver ces protéines, ce qui permet à la dysplasie de se développer. Le VIH et la cigarette interagissent avec le VPH de sorte à rendre ces changements plus probables. On a établi un lien clair entre la dysplasie anale et le VIH et un faible compte de cellules CD4+. Qui est sujet à la dysplasie anale? Puisque la dysplasie anale est susceptible d’évoluer en cancer anal, les deux maladies partagent plusieurs facteurs de risque. Les hommes gais qui ont des relations sexuelles anales passives (les bottoms) sont les plus à risque de se faire infecter par le VPH et de présenter un cancer anal. Ce risque s’accroît en présence du VIH. Les autres personnes à risque vis-à-vis du VIH, tels les utilisateurs de drogues injectables, courent également un risque accru de cancer anal, mais dans une moindre mesure que les hommes gais qui ont des relations anales passives. Les femmes qui ont des relations anales ou qui ont déjà eu un cancer du col utérin sont également plus susceptibles de présenter une dysplasie anale. Le risque s’accroît aussi pour les personnes dont l’immunité est affaiblie (mais qui sont séronégatives), telles que les receveurs d’un don d’organe. Le fait d’avoir plusieurs partenaires sexuels augmente le risque de contracter le VPH anal. Le tabagisme est également un facteur de risque de dysplasie anale. La dysplasie anale Prévention Le sécurisexe, y compris les activités sans pénétration, aide à réduire le risque de transmission du VPH. Les condoms ne réussissent toutefois pas à bloquer complètement l’infection par le VPH parce qu’il est possible que le virus soit présent sur la peau qui n’est pas couverte par le condom. L’arrêt du tabagisme peut également contribuer à réduire le risque de dysplasie anale. Le recours à une thérapie antirétrovirale pour combattre le VIH pourrait réduire le risque de dysplasie anale. Un régime alimentaire riche en légumes verts crucifères (choux, brocoli, choux de Bruxelles), tomates et thé vert pourrait aussi réduire le risque de cancer. Le vaccin contre le VPH est très efficace pour prévenir les cancers et les précancers génitaux associés au VPH, surtout si la personne vaccinée n’a jamais été infectée par les souches 16 ou 18 du VPH, soit celles visées par le vaccin. Si une personne a eu de nombreux partenaires sexuels, elle risque d’avoir déjà contracté ces souches du VPH, et le vaccin pourrait être inefficace. Le vaccin est sans danger mais coûte cher et n’est couvert que par certains régimes d’assurances privés. Symptômes Malheureusement, la dysplasie anale ne provoque souvent aucun symptôme spécifique avant que l’affection ne soit bien avancée et qu’elle n’ait évolué en cancer. Ces zones de dysplasie ne peuvent être détectées par un médecin lors d’un examen digital. La présence de bosses aux alentours et à l’intérieur de l’anus pourrait signaler la présence de verrues anales, mais plusieurs verrues anales situées dans le canal anal ne provoquent aucun symptôme. Les verrues anales ne sont pas dangereuses en soi, mais elles nous préviennent de la présence d’une infection au VPH et un risque possible de cancer. Dans les cas de cancer anal avancés, il peut y avoir de la douleur et des saignements anaux, une page 2 de 5 sensation de pression dans l’anus, une nouvelle bosse, des démangeaisons ou un écoulement. Toutefois, ces symptômes ne sont pas spécifiques au cancer anal, car ils sont souvent associés à d’autres affections. Diagnostic Les examens médicaux réguliers, y compris une évaluation de l’anus, aident à détecter précocement les cancers peu développés, mais pas la dysplasie anale. Un frottis anal peut aider à détecter la dysplasie, mais le test Pap est susceptible de manquer les lésions. Les patients qui sont atteints de douleurs, de saignements anaux ou d’autres malaises chroniques devraient subir un examen du canal anal. L’examen du canal anal peut s’effectuer de plusieurs façons. Lors d’un examen digital, le médecin insère un doigt ganté dans le canal anal afin de détecter des bosses. L’anuscopie permet de visionner la muqueuse du canal anal à l’aide d’un dispositif (anuscope) muni d’une lumière vive. Enfin, il existe une sorte d’anuscopie spéciale appelée anuscopie à haute résolution (AHR); cette dernière se sert d’un amplificateur pour fournir des images plus détaillées de la muqueuse. Pendant cette intervention, on rehausse l’apparence des lésions en appliquant d’abord sur la muqueuse une mince couche de vinaigre dilué. L’AHR n’est pas largement accessible. On peut diagnostiquer une dysplasie du canal anal à l’aide d’un frottis anal et d’un test Pap, tout comme on le fait pour détecter le cancer du col utérin chez les femmes. On insère un coton-tige dans l’anus pour prélever des cellules qui sont ensuite examinées au microscope afin de détecter des changements précancéreux. Chez les personnes qui courent un risque élevé de cancer anal, le test Pap anal et l’AHR devraient être réalisés annuellement lorsque les installations nécessaires existent. Quoique utile, le test Pap peut générer des résultats « faussement négatifs » (ou des La dysplasie anale « faux négatifs »). Autrement dit, le rapport de laboratoire pourrait indiquer un résultat « normal » même si une dysplasie est détectée dans le canal anal par l’ARH. Le test Pap peut aussi donner un résultat « faussement positif » (ou un « faux positif ») — le rapport de laboratoire fait état d’une dysplasie, mais l’ARH n’en détecte aucune. La dysplasie ne peut être détectée par examen digital parce que les lésions en question ne peuvent être senties au toucher, bien que certaines verrues plus grandes puissent être repérées par le doigt. De plus, la tomodensitométrie (scan) et l’IRM (imagerie par résonance magnétique) ne permettent pas de détecter les dysplasies, mais peuvent détecter le cancer. D’autres examens, notamment la sigmoïdoscopie et la coloscopie, ne permettent pas d’examiner adéquatement le canal anal. Il ne faut pas présumer qu’on a subi un dépistage du cancer anal parce qu’on a fait l’objet d’une coloscopie. Si une lésion ou autre anomalie est détectée dans le canal anal, il se peut que le patient soit dirigé vers un spécialiste des maladies anorectales. Dans le cadre de son évaluation, le spécialiste pourrait choisir d’effectuer une biopsie anale (il s’agit de prélever un petit fragment de tissu à l’intérieur du canal anal). Ensuite, les pathologistes examineront le tissu au microscope afin de confirmer ou d’écarter un diagnostic de dysplasie. Dans certains cas, lorsque la dysplasie est présente à l’extérieur de l’anus, il est possible de la détecter en écartant les fesses. Souvent, les lésions apparaissent sous forme de zones cutanées foncées ou de zones humides roses qui démangent. Une biopsie permet de poser le diagnostic. Résultats des tests Plusieurs termes médicaux sont utilisés pour décrire les résultats des tests utilisés pour dépister la dysplasie anale. page 3 de 5 Résultats du test Pap • normal : Il n’y a aucun signe de changement anormal dans les cellules prélevées; • ASCUS ou atypique (cellules squameuses atypiques d’importance indéterminée) : Les cellules sont anormales, mais aucun diagnostic certain ne peut être posé; • LSIL (lésion squameuse intraépithéliale de bas grade) : Ce résultat indique la présence d’une dysplasie légère; • HSIL (lésion squameuse intraépithéliale de haut grade) : Ce résultat indique la présence d’une dysplasie modérée ou grave. Résultats d’une biopsie • normal : Il n’y a aucun signe de changement anormal dans les cellules prélevées; • LSIL ou AIN-1 (néoplasie intraépithéliale anale de grade 1) : Ce résultat indique la présence d’une dysplasie légère ou de bas grade; • HSIL ou AIN-2/3 (néoplasie intraépithéliale anale de grade 2/3) : Ce résultat indique la présence d’une dysplasie grave ou de haut grade. Cela veut dire que la quasi-totalité ou la totalité des cellules prélevées pourraient être précancéreuses. Traitement Le traitement de la dysplasie anale varie selon l’ampleur de la lésion et sa classification comme lésion de bas ou de haut grade. Les lésions de bas grade comportent un faible risque et ne sont pas habituellement traitées, mais on continue de les observer afin de détecter tout signe de progression. Les lésions de haut grade devraient probablement faire l’objet d’un traitement, même si la meilleure thérapie n’a pas encore été établie. Les options comprennent les suivantes : • traitement au laser ou par coagulateur infrarouge : Cette technique détruit la lésion à l’aide d’un faisceau de lumière et de chaleur intense. Elle peut causer La dysplasie anale de l’inconfort et de la douleur (donc la région doit être « gelée » à l’aide d’une anesthésie locale) et il peut y avoir des saignements légers par la suite. Cependant, il s’agit d’une chirurgie d’un jour et un seul traitement pourrait suffire; • TCA (acide trichloroacétique) : On traite la lésion par l’application d’un coton-tige imbibé d’acide. Cette technique est simple et indolore, mais quatre traitements ou plus pourraient s’avérer nécessaires sur une période de plusieurs semaines; • chirurgie : La lésion est enlevée par un chirurgien; • attendre et observer : Parfois, la dysplasie est trop étendue pour être enlevée sans causer de dégâts à l’anus. Dans un tel cas, le médecin peut choisir d’observer la lésion pendant plusieurs mois ou années. Si un cancer se développe, il pourra être traité tôt et avec de bons résultats. Après le traitement Malgré l’efficacité des traitements de la dysplasie anale, le risque de récurrence est élevé chez les personnes ayant le VIH. Un suivi régulier est donc important à la suite du traitement. Dysplasie anale et multithérapie antirétrovirale Le recours à une combinaison de médicaments anti-VIH efficace (également appelée multithérapie antirétrovirale) peut réduire le risque de certains cancers et d’infections associés au sida. Toutefois, la multithérapie ne semble pas prévenir le cancer anal. Crédits Auteur : Irving E. Salit, M.D. Traduction : Alain Boutilier Publié : 2013 page 4 de 5 Communiquez avec nous par téléphone 1.800.263.1638 416.203.7122 par courriel [email protected] par la poste 505-555 rue Richmond Ouest Boîte postale 1104 Toronto ON M5V 3B1 par télécopieur 416.203.8284 Déni de responsabilité Toute décision concernant un traitement médical particulier devrait toujours se prendre en consultation avec un professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) qui a une expérience des maladies liées au VIH et à l’hépatite C et des traitements en question. CATIE (Réseau canadien d’info-traitements sida) fournit, de bonne foi, des ressources d’information aux personnes vivant avec le VIH/sida et/ou l’hépatite C qui, en collaboration avec leurs prestataires de soins, désirent prendre en mains leurs soins de santé. Les renseignements produits ou diffusés par CATIE ne doivent toutefois pas être considérés comme des conseils médicaux. Nous ne recommandons ni n’appuyons aucun traitement en particulier et nous encourageons nos clients à consulter autant de ressources que possible. Nous encourageons vivement nos clients à consulter un professionnel ou une professionnelle de la santé qualifié(e) avant de prendre toute décision d’ordre médical ou d’utiliser un traitement, quel qu’il soit. Nous ne pouvons garantir l’exactitude ou l’intégralité des renseignements publiés ou diffusés par CATIE, ni de ceux auxquels CATIE permet l’accès. Toute personne mettant en application ces renseignements le fait à ses propres risques. Ni CATIE, ni l’Agence de santé publique du Canada, ni le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, ni leurs personnels, directeurs, agents ou bénévoles n’assument aucune responsabilité des dommages susceptibles de résulter de l’usage de ces renseignements. 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