PRISE EN CHARGE DES VARICES CEMV (Polycopié de Phlébologie) Polycopié Phlébologie p.1 REMERCIEMENTS Pierre Fabre / Kreussler Ce polycopié a bénéficié du soutien financier de 2 partenaires du CEMV pour assurer la logistique (réunions pédagogiques de travail, mise en page, impression). Polycopié Phlébologie p.2 SOMMAIRE 1. Préface ................................................................................................................................. p 2. Les objectifs d’enseignement ............................................................................................... p 3. Rappels : concepts clés nécessaires à la compréhension du traitement des varices .......... p a. Anatomie des veines des membres inférieurs ....................................................... p b. Physiologie ............................................................................................................. p c. Physiopathologie .................................................................................................... p d. Insuffisance veineuse chronique : épidémiologie, clinique et classification ........... p e. Définition et description des varices, terminologie ................................................. p 4. Démarche diagnostique et évaluation pré thérapeutique de la maladie variqueuse ............ p a. Examen clinique : interrogatoire, examen physique .............................................. p b. Examens paracliniques non invasifs habituels ....................................................... p c. Exploration fonctionnelle, place des différents examens ....................................... p 5. Les objectifs et indications du traitement .............................................................................. p a. Traitement des troncs saphènes ............................................................................ p b. Traitement des troncs non saphènes ..................................................................... p c. Traitement des perforantes .................................................................................... p d. Traitement des télangiectasies et veines réticulaires ............................................. p 6. Les différentes techniques .................................................................................................... p a. Produits sclérosants et mécanismes d’action (produit, concentration et volume) .. p b. Sclérothérapie ........................................................................................................ p c. Les traitements endoveineux chimiques et thermiques ......................................... p d. La chirurgie des varices ......................................................................................... p 7. Les complications et les contre-indications de la sclérothérapie .......................................... p a. Complications de la sclérothérapie ........................................................................ p b. Complications et morbidité après chirurgie des varices ......................................... p c. Contre-indications .................................................................................................. p 8. Place de la compression dans le traitement de l’insuffisance veineuse ............................... p 9. Les aspects pratiques de l’installation au cabinet ................................................................ p a. Equipement du cabinet .......................................................................................... p b. Hygiène .................................................................................................................. p c. Information du patient ............................................................................................ p d. Aspects médico-légaux .......................................................................................... p e. Nomenclature ......................................................................................................... p Annexes ............................................................................................................................. p Extraits recommandation HAS ET ANAES ................................................................... p Informations en vue d’obtenir un consentement éclairé. Exemples type...................... p Auteurs.......................................................................................................................... p Polycopié Phlébologie p.3 4 6 7 7 18 26 41 48 49 49 56 65 72 72 78 81 84 86 86 89 105 110 119 119 131 133 140 154 154 155 159 161 169 173 174 179 186 1. PREFACE Depuis sa création en 1996, le Collège des Enseignants de Médecine Vasculaire (CEMV) a en charge, au niveau national, l’enseignement de cette discipline, qui traite d’une façon globale les patients souffrant d’une ou de plusieurs maladies vasculaires, dans un ou plusieurs territoires. Cette spécialité qui transgresse les habituelles spécialisations d’organe est actuellement enseignée par un DESC ou une CAPACITE. Elle concerne des maladies qui ont une grande prévalence (maladie thrombo-embolique, athérosclérose) et une morbi-mortalité élevée. Leur prévention est également au cœur des préoccupations du médecin vasculaire : HTA, diabète, dyslipidémies, tabac. Comme cette spécialité est récente, il n’y a encore que quelques professeurs enseignant cette discipline (19 en 2008), il a donc fallu faire des choix pédagogiques. - Le premier travail a été de définir des objectifs d’enseignement qui ont été publiés dans le Journal des Maladies Vasculaires qui est le journal d’expression du CEMV (J Mal Vasc 2007 ; 32 :117-189). Les objectifs concernant la phlébologie font l’objet d’un chapitre de ce polycopié. - Le second travail a été de rédiger un ouvrage pour les médecins généralistes car ce sont eux qui sont les premiers en prise directe avec les patients et leurs maladies. C’est le VALMI, distribué gratuitement à tous les étudiants depuis 2003, réactualisé périodiquement et en accès libre sur le site du CEMV : angioweb.fr. Ce livre a été validé par l’ensemble des enseignants et pour un examen, il serait une référence opposable pour un étudiant. - Le troisième travail a été de fournir un polycopié pour la préparation de l’internat ce qui a été effectué en collaboration avec les chirurgiens vasculaires. - Le quatrième chantier pédagogique a été de rédiger un livre sur les explorations vasculaires. Cet ouvrage est maintenant sur le site angioweb.fr. Pendant ces quelques années qui nous ont été nécessaires pour ces rédactions pédagogiques pour les étudiants, il nous a été reproché avec raison mais aussi des excuses de ne pas faire assez pour l’enseignement de la phlébologie. C’est pour répondre positivement à cette insuffisance que nous avons entrepris la rédaction de ce polycopié. Son sujet est limité à la prise en charge des varices et non à celle de l’insuffisance veineuse chronique. La direction a été confiée à Isabelle Quéré qui a constitué un groupe de travail associant des médecins vasculaires à orientation phlébologique et des membres du CEMV. Les auteurs sont des libéraux et des universitaires de médecine vasculaire. La rédaction a été collégiale. Aucun chapitre n’est le fait d’un auteur seul, mais l’ensemble de l’ouvrage est de la responsabilité de tous. Polycopié Phlébologie p.4 Cette première version est bien sûr imparfaite, comme toutes les premières versions d’un ouvrage qui va être amélioré au fil du temps, en tenant compte pour les éditions futures, de toutes les critiques constructives qui nous seront faites. C’est comme cela que se construit une collégialité qui est le ciment d’une discipline solide. Polycopié Phlébologie p.5 2. LES OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT ● Connaître l’épidémiologie, la physiopathologie, les formes cliniques, la classification et l’histoire naturelle des affections veineuses chroniques ; ● être capable d’évaluer, cliniquement et en écho-doppler, l’étiologie et la sévérité des affections veineuses chroniques ; ● être capable de réaliser une cartographie préthérapeutique et un marquage préopératoire ultrasoniques des varices ; ● être capable d’indiquer et d’interpréter l’imagerie veineuse non ultrasonore ; ● être capable d’indiquer et interpréter les diverses méthodes de pléthysmographie et de mesure de pressions veineuses ; ● être capable d’indiquer les traitements interventionnels veineux : sclérothérapie, chirurgie et techniques endoveineuses (laser, radiofréquence) ; ● être capable de réaliser un traitement de varices par sclérose chimique échoguidée ; ● être capable de prescrire un traitement compressif veineux (toutes techniques) à un patient, de le mettre en place, d’en contrôler le caractère adapté et de former le patient à son usage. Polycopié Phlébologie p.6 3. RAPPELS : CONCEPTS CLES NECESSAIRES A LA COMPREHENSION DU TRAITEMENT DES VARICES a. Anatomie des veines des membres inférieurs 1- INTRODUCTION : A QUOI SERT L’ANATOMIE VEINEUSE ? . Sa connaissance est indispensable pour la réalisation d’une cartographie veineuse anatomique et hémodynamique avant toute décision thérapeutique. L’anatomie veineuse est complexe et extrêmement variable d’un individu à l’autre - Les 3 compartiments veineux. Les veines du membre inférieur se répartissent dans 2 plans, superficiel et profond, déterminant 3 compartiments anatomiques. Ces trois compartiments sont délimités de la superficie à la profondeur par la peau, le fascia superficiel et le fascia musculaire ou aponévrose. (Figure 1). Le compartiment le plus superficiel, situé entre le derme et le fascia superficiel, contient les collatérales saphènes et le réseau des veines réticulaires. Sous le fascia superficiel, se situe le compartiment saphène. Il peut être facilement identifié en échographie par le signe de « l’œil égyptien » (Figure 2). Il contient les troncs veineux situés entre les 2 feuillets du fascia, c’est-à-dire : les veines grande et petite saphène, l’accessoire antérieure de cuisse de la veine grande saphène, et la veine (ou anastomose) de Giacomini, ainsi que leurs nerfs satellites. En profondeur, sous le fascia musculaire ou aponévrose, se situe le compartiment des veines profondes, contenant les troncs veineux profonds et les veines musculaires. Les veines perforantes font communiquer le compartiment profond avec les deux autres au travers de l’aponévrose Le fascia de la veine petite saphène est particulièrement résistant dans ses deux tiers supérieurs. Il constitue une véritable lame fibreuse aponévrotique. - Définitions La VGS et la VPS présentent des accessoires et des collatérales. Elles peuvent aussi être dupliquées. Par convention - une vraie duplication saphène chemine parallèlement à la saphène dans le même compartiment saphène - une accessoire de veine saphène chemine plus superficiellement que la saphène, éventuellement dans un dédoublement du fascia superficiel. (Cf. Fig. 3 in Caggiati J Vasc Surg 2005) - une collatérale chemine très superficiellement dans le tissu cellulaire sous-cutané en dehors de tout fascia. Polycopié Phlébologie p.7 2- LA TERMINOLOGIE ANATOMIQUE DES VEINES La nouvelle terminologie anatomique internationale a été adoptée aux congrès de l’UIP en 2001 puis 2003: Un résumé de la terminologie des veines superficielles et intrafasciales est représenté sur le Tableau I, de la terminologie des perforantes sur le Tableau II, des veines profondes sur le Tableau III. Notons que l’appellation « veine fémorale superficielle » était totalement inappropriée dans la mesure où il s’agit bel et bien d’une veine profonde. 3- LES STRUCTURES VEINEUSES 3-1-1 Structure de la paroi veineuse. La paroi veineuse, comme celle des artères, est composée de trois tuniques concentriques : de la superficie à la profondeur, on identifie : - l’adventice, qui enserre dans un tissu conjonctif lâche les vasa vasorum (vaisseaux nourriciers de la veine), les lymphatiques et les terminaisons nerveuses sympathiques - la media, constituée de fibres musculaires lisses ainsi que d’une trame élastique et conjonctive. La media veineuse contient moins de tissu musculaire et élastique que son homologue artériel. Sa structure est variable: la proportion de fibres musculaires lisses de la media des veines profondes diminue au fur et à mesure que le diamètre veineux augmente. Les troncs saphènes ont une couche musculaire plus développée que leurs collatérales ; - l’intima, qui comprend l’endothélium vasculaire et une couche sous-endothéliale est formée de conjonctif, de muco-glycoprotéines et de cellules d’origine indéterminée 3-1-2 Structure des valves Une valve se compose en règle générale de deux cuspides (figure 3). Chacune de ces cuspides s’insère sur la paroi veineuse formant un anneau valvulaire et se termine par un bord libre. Chaque cuspide a deux faces, l’une « pariétale » concave en direction du cœur et l’autre « axiale » convexe qui regarde la lumière de la veine. Chaque cuspide délimite donc avec la paroi veineuse un sinus dont le fond est distal et l’ouverture proximale. Les bords libres se rejoignent pour former les commissures. La paroi de la cuspide est constituée par 2 couches intimales séparées par un tissu contenant des fibres musculaires lisses, des fibres collagènes et du tissu élastique. La densité du collagène diminue progressivement au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la connexion de la cuspide avec la paroi. Le tissu élastique, en continuité avec celui de la paroi veineuse, prédomine dans la partie de la cuspide qui regarde la lumière veineuse. Au plan macroscopique, les cuspides ont un aspect translucide et fragile. Elles résistent pourtant à des pressions très élevées (200 mm Hg). Polycopié Phlébologie p.8 4- ETUDE ANALYTIQUE DES GRANDS TERRITOIRES VEINEUX 4.1 Le territoire de la veine grande saphène (VGS) La partie terminale de la VGS, jonction saphéno-fémorale (ou crosse) est d’une fixité topographique remarquable. La disposition des collatérales de la terminaison de la VGS et le fonctionnement des valves sont fondamentaux à connaître. Entre les valves terminale (VT) et préterminale (VPT), on peut isoler un segment intervalvaire (figure 4). Selon la compétence respective de chacune des valves, de nombreuses combinaisons hémodynamiques sont possibles, remettant en cause le dogme de la crossectomie systématique. Le tronc de la VGS peut être identifié en échographie par le signe de l’œil égyptien. Dans environ un tiers des cas, l’axe refluant quitte le compartiment saphène et se continue à plein canal avec une collatérale variqueuse sus fasciale, souvent visible cliniquement contrairement au tronc de la grande saphène. (Figure 5) La veine accessoire antérieure de la GS de cuisse (SAAC) est également située dans un compartiment (œil) au tiers supérieur de la cuisse sur environ 10 cm. Son identification repose sur le signe de l’alignement fémoral (elle se projette en avant de la veine fémorale). 4.2 Le territoire de la veine petite saphène (VPS) La terminaison de la veine petite saphène ou jonction saphéno-poplitée (JSP) ou crosse est très variable (Figure 6). Quand il existe une jonction saphéno-poplitée, la face d’implantation, est plus souvent latérale ou antérolatérale que postérieure. La relation entre la hauteur d’implantation la face et l’existence d’un tronc commun avec les veines gastrocnémiennes médiales a des implications thérapeutiques (cf. chapitre thérapeutique). Identification échographique de la VPS au mollet : elle est située dans le compartiment saphène, c’est à dire dans « l’œil » à l’échographie, Deux rapports anatomiques sont intéressants à connaître pour le médecin vasculaire : l’artère petite saphène et le nerf sural (figure 7). L’artère petite saphène (artère du nerf sural) accompagne la veine homologue à la partie haute de la fosse poplitée et se rapproche de la VPS vers le bas. C’est un danger majeur pour la sclérothérapie haute du tronc de la VPS. A ce niveau, il est nécessaire de réaliser tout geste de sclérothérapie sous repérage et contrôle ultrasonographique. Le nerf sural (branche du nerf tibial) devient proche du tronc PS au niveau de la pointe du mollet, zone ou se fait l’anastomose avec son accessoire venant du nerf péronier. Depuis ce point jusqu’à la cheville, il est accolé au tronc de la VPS. Il existe un risque important de léser ce nerf au cours des manœuvres d’éveinage, ou par brûlure lors d’une procédure endoveineuse. Polycopié Phlébologie p.9 A la partie haute du mollet, la crosse petite saphène passe habituellement entre le nerf tibial et le nerf du muscle gastrocnémien médian: c’est la raison pour laquelle, au cours des procédures endoveineuses pour traiter la VPS, il est préférable de s’arrêter 15 à 20 mm en dessous de la JSP pour éviter une lésion nerveuse dans cette zone à risque. Le prolongement cranial (PC) ou proximal de la petite saphène et la veine de Giacomini : Il prolonge l’axe de la petite saphène à la face postérieure de cuisse, situé sous l’aponévrose et se continue très souvent par la grande anastomose inter-saphène de Giacomini en rejoignant la VGS à la partie haute de cuisse. D’autres terminaisons associées à la cuisse sont fréquentes, superficielles, mais aussi profondes, qui communiquent avec les arcades veineuses du muscle biceps en dehors ou du muscle semi-membraneux en dedans. 4.3 Les veines perforantes Les veines perforantes doivent être repérées sur un schéma de cartographie. Leur topographie est relativement constante. Les plus remarquables sont les perforantes paratibiales disposées en trois groupes. Perforantes du mollet ( Postérieures ) Polycopié Phlébologie p.10 Tableau I : Terminologie anatomique des principales veines superficielles et intrafasciales : Ancienne dénomination Termes à utiliser Abréviations Veine Saphène Interne Veine grande saphène VGS V. Saphène Antérieure de cuisse Saphène Accessoire Antérieurede la VGS SAA V. Saphène Postérieure de cuisse Saphène Accessoire Postérieurede la VGS SAP Veine arquée de la jambe ou de Léonard Accessoire postérieure de la VGS de jambe SAPJ Veine Saphène Externe Veine petite saphène VPS Crosse de la Saphène Interne Jonction Saphéno-fémorale* JSF Crosse de la Saphène Externe Jonction Saphéno-poplitée* JSP Valve ostiale (de JSF ou de JSP) Valve terminale VT Valve pré-ostiale (de JSF ou de JSP) Valve pré-terminale VPT Veine de Giacomini Anastomose de Giacomini G Prolongement post-axial ou dorsal de la VPS Prolongement cranial de la petite Saphène Externe Latéral Interne Médial Supérieur Cranial Inférieur Caudal Polycopié Phlébologie p.11 Tableau II : Terminologie des veines perforantes (VP) du membre inférieur Eponymes des VP Nouvelle terminologie Abréviation Dodd Canal fémoral (Hunter) CF Hach Postéro-latérale de cuisse PLT Boyd Paratibiale supérieure PTS Sherman Paratibiale inférieure PTI Cockett I,M,S Tibiales postérieures PT May Inter-gémellaire IG Bassi Para-achilléenne PA Gillot Gastrocnémienne médiale MG Thiery P. de la fosse poplitée FP Perforantes de cuisse Perforantes de jambe Perforantes du mollet Tableau III : Terminologie des veines profondes du membre inférieur Anciens termes Nouveaux termes Abréviations Veine Iliaque primitive Veine iliaque commune VIC Veine iliaque externe Veine iliaque externe VIE Veine hypogastrique Veine iliaque interne VII Veine honteuse interne Veine pudendale interne VPI Veine honteuse externe Veine pudendale externe VPE Veine fessière Veine glutéale VG Veine fémorale superficielle Veine fémorale VF Veine fémorale profonde Veine fémorale profonde VFP Veines du couturier Veines du sartorius VPT Veines jumelles (int. et ext.) V. gastrocnémiennes (méd. et lat.) VGA Veine du nerf sural Veine inter-gémellaire VIG Veines sacrées Veines sacrales VSa Veine ovarienne Veine ovarique VO Polycopié Phlébologie p.12 Figure 1 Fig. 1 Les 3 compartiments du système veineux du membre inférieur, séparés par 3 couches: La peau en superficie (P), Le fascia saphène (F), Le fascia musculaire ou aponévrose en profondeur (M) Sous le fascia musculaire se situe le système veineux profond: troncs profonds (6) et veines musculaires (5) dans les muscles. A l’intérieur du compartiment saphène (œil égyptien à l’échographie), entre les 2 couches du fascia, se situent les troncs saphènes (GS). Sous la peau, on trouve les collatérales des veines saphènes (4). Figure 2 Fig. 2 L’œil égyptien : coupes transversales du compartiment saphène. Vues anatomiques et échographiques. VGS=Grande veine saphène Tr=Collatérale de la VGS Polycopié Phlébologie p.13 Figure 3 Fig. 3 Schéma d’une valve bicuspide a. Bord libre de la valve (cuspide) b. Commissure valvulaire c. sinus valvulaire d. Implantation de la valve sur la paroi veineuse. Figure 4 Fig. 4 Terminaison de la VGS : le segment inter valvulaire. 1 Veine fémorale 2 Cuspide terminale 3 Segment intervalvaire 4 Cuspide pré-terminale Polycopié Phlébologie p.14 Figure 5 Fig. 5 Cas clinique : échomarquage d’une VGS se prolongeant par une collatérale sus-fasciale. 1 : Zone de franchissement du fascia 2 : Tronc de la VGS dans le compartiment (fine et continente en pointillés) 3 : Collatérale sus-fasciale dilatée et incontinente. 4 : Perforante tibiale postérieure (Cockett) de réentrée. Les flèches blanches indiquent le reflux. Polycopié Phlébologie p.15 Figure 6 Fig. 6 Les 5 types de terminaison de la petite veine saphène (VPS). Avec une jonction saphéno-poplitée (JSP) : A (crosse modale) B (Crosse haute à plus de 5 cm du pli de flexion du genou) Sans jonction saphéno-poplitée : C (Giacomini sans crosse) D (type court) E (terminaison plexiforme). VPS (1) Perforante du mollet (2) Veine poplitée (3) Crosse VPS modale (4) Crosse haute (5) Veine de Giacomini (6) Communicante du mollet (7) Perforantes musculaires de cuisse (8) Prolongement cranial ou dorsal de la VPS (9) Polycopié Phlébologie p.16 Figure 7 Fig. 7 Le pédicule vasculo-nerveux sural (d’après C. Gillot) : 1 Nerf sural 2 Veine du nerf sural (ou inter-gémellaire) 3 Artère du nerf sural (ou artère petite saphène) 4 Nerf du jumeau médial 5 Tronc commun entre l’artère jumelle médiale et l’artère du nerf sural 6 Nerf tibial 7 Crosse petite saphène 8 Tronc de la VPS 9 Branche latérale, fibulaire du nerf sural 10 Nerf sural constitué 11 Muscle jumeau médial 12 Muscle jumeau latéral 13 Hile vasculaire du jumeau médial. Polycopié Phlébologie p.17 b. Physiologie du système veineux Les veines des membres inférieurs assurent le retour du sang au cœur droit en collectant au passage le sang qui a alimenté les muscles, les os, les nerfs et la peau. Elles ont aussi un rôle important de réservoir de masse sanguine et elles prennent part dans la thermorégulation cutanée ; elles collectent également la lymphe. A l’inverse du système artériel rapide et distributif, le système veineux est lent et capacitif. Contrastant avec la richesse anatomique du retour veineux, l'hémodynamique veineuse est instable, surtout en décubitus et en orthostatisme. On oppose classiquement le réseau veineux profond et le réseau veineux superficiel. Le premier est dit profond car situé pour l’essentiel à l'intérieur des aponévroses jambière et fémorale, cheminant entre les muscles ou à l’intérieur des muscles ; c'est de loin le plus important quant au volume drainé (90% du retour veineux). Le second est dit superficiel car cheminant dans le tissu graisseux situé entre peau et plan aponévrotique ; c’est le plus vulnérable car inadapté à la verticalisation de l’homme. Nous examinerons les acteurs du retour veineux et la pression veineuse distale en fonction de l’activité. 1 LES ACTEURS DU RETOUR VEINEUX Nous verrons successivement le rôle de la paroi veineuse, des valves veineuses, du système artériel, de la pompe cardio-respiratoire et de la pompe musculo-aponévrotique. 1.1 LA PAROI VEINEUSE A l’inverse de la paroi artérielle, la paroi veineuse est fine et sa musculature lisse est pauvre (à l’exception des veines grandes saphènes). La structure de cette paroi conditionne son comportement (cf. anatomie) : - Les fibres collagènes nombreuses autorisent la distensibilité. - Les fibres musculaires lisses sont responsables de la veinomotricité. - Les terminaisons nerveuses dans l'adventice contrôlent cette veinomotricité. - 1.1.1 La distensibilité veineuse La distensibilité veineuse est environ 8 fois plus élevée que celles des artères du fait de la structure histologique de la paroi. La section transverse du réseau veineux est 5 à 6 fois plus importante que celle du réseau artériel, ce qui permet d'assurer la fonction de stockage sanguin. Les fibres d'élastine, abondantes dans les veines de petit et moyen calibres sont sensibles aux élastases, aux radicaux libres, et sont impliquées dans le vieillissement de la paroi veineuse. Polycopié Phlébologie p.18 La distensibilité veineuse varie physiologiquement avec le tonus de la paroi veineuse (cf. infra) et selon la position du corps et la pression hydrostatique. Ses variations sont importantes à prendre en compte dans les explorations de la physiologie veineuse des membres inférieurs. De même, il est important de garder à l’esprit que la frontière entre distensibilité normale et hyperdistensibilité pathologique est assez ténue. - 1.1.2 Le tonus de la paroi veineuse Le tonus veineux dépend du système sympathique et de la quantité de cellules musculaires lisses dans la paroi. Les veinules et les veines de moyen calibre en sont richement pourvues contrairement aux veines variqueuses. En règle générale, le tonus veineux est surtout appréciable sur les veines normales ou peu pathologiques. Cliniquement, il s’exprime par exemple par les spasmes sur cathéter ou les difficultés à ponctionner les veines du pied. Le tonus veineux est augmenté par le froid, l’orthostatisme, le stress, l’inspiration profonde, la répétition de manœuvres de Valsalva. Il est réduit par la chaleur, le décubitus, l’alcool, les dérivés nitrés, … Variations du tonus veineux Augmentation du tonus Diminution du tonus Froid Chaleur Orthostatisme Repos couché Stress Alcool Inspiration profonde Barbituriques Hyperventilation Bêta-bloquants Travail physique Dérivés nitrés Polycopié Phlébologie p.19 En exploration vasculaire, il peut être apprécié par exemple, sur les grosses veines en échographie TM par la réduction du calibre veineux en Valsalva, en microcirculation par la mesure du réflexe veinulo-artériolaire en laser doppler (qui appartient au groupe des réflexes d’adaptation posturale). Le tonus vasculaire est aussi contrôlé par l'activité des cellules endothéliales par l'intermédiaire de différents médiateurs qui modulent l'activité des cellules musculaires lisses. L’incidence des hormones sur le tonus veineux en est une expression. Les veines du petit bassin et des membres inférieurs (grande saphène) ont des récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone. En dehors de leur rôle sur la rétention hydrosodée, les oestrogènes et la progestérone modifient la distensibilité veineuse et le tonus pariétal. (cf. tableau). La progestérone naturelle a un effet correcteur relatif des effets des oestrogènes que n’a pas la progestérone de synthèse. Estrogènes naturels Progestérone naturelle rétention hydrosodée rétention hydrosodée perméabilité capillaire perméabilité capillaire Vasodilatation tonus pariétal Estrogènes de synthèse Progestérone de synthèse rétention hydrosodée rétention hydrosodée pas d’effet correcteur perméabilité capillaire perméabilité capillaire pas d’effet correcteur Vasodilatation tonus pariétal épaisseur de la paroi avec prolifération Légendes des cellules musculaires lisses et augmentation modification de la teneur en collagène diminution Polycopié Phlébologie p.20 1.2 LES VALVES VEINEUSES La distribution des valves des veines profondes reflète l’ontogenèse et l’adaptation aux conséquences de la pression hydrostatique: absentes à l’étage ilio-cave, elles sont espacées et résistantes à l’étage fémoral et poplité ; elles sont nombreuses au niveau de la jambe et du pied. Ce mode de distribution se retrouve au niveau des veines saphènes. Les perforantes ou communicantes trans-aponévrotiques ont toutes des valves. La fermeture des valves est passive, commandée par les différences de pression. Le temps de fermeture surtout étudié au niveau des veines saphènes est considéré comme normal à moins de 0,5 sec. Leur rôle est de favoriser l’écoulement du sang vers le cœur, de s’opposer au reflux du sang du haut vers le bas et de fragmenter la colonne de pression en orthostatisme. L'appareil valvulaire est une composante essentielle de l'hémodynamique veineuse. 1.3 LE SYSTEME ARTERIEL Son rôle est modeste. La pression résiduelle post-capillaire (vis a tergo) est faible (moins de 10 mmHg), indépendante de la pression artérielle, d’importance principale en décubitus et en orthostatisme immobile et de rôle quasi négligeable en orthodynamisme. L'effet moteur de la pulsatilité artérielle adjacente (vis a latere) est accessoire surtout lorsque artère et veines ne cheminent pas dans la même gaine. 1.4 LA POMPE CARDIO-RESPIRATOIRE (VIS A FRONTE) On entend par l’expression pompe cardio respiratoire, la combinaison des effets de l’aspiration du cœur droit et du jeu diaphragmatique. En inspiration, le diaphragme s'abaisse, la pression intra thoracique diminue et la pression intra abdominale augmente, le sang de la VCI est chassé vers l’OD tandis que la dernière valve fémoro-iliaque bloque le reflux vers les membres inférieurs, la VCI se collabe et le flux veineux des membres inférieurs est arrêté. Lors de l'expiration suivante le phénomène inverse se produit, le flux sous-inguinal est aspiré vers la VCI. La pompe abdomino-diaphragmatique est réduite ou abolie par obstacle ilio-cave (thrombose ou compression) ou par augmentation de la pression intra-abdominale (effort en Valsalva, grossesse, compression extrinsèque par bandage ou corset abdominal, voire par immobilisation plâtrée). Elle peut être modifiée négativement en ventilation artificielle. Elle bénéficie à l'inverse de l'augmentation d'amplitude des mouvements respiratoires à l'exercice physique. Le rôle de l'aspiration du cœur droit, plus modeste, est évalué à - 4 mmHg Ces forces d’aspiration, importantes en décubitus et en orthostatisme immobile deviennent négligeables en orthodynamisme comparées à la puissance de la pompe musculoaponévrotique. Polycopié Phlébologie p.21 1.5 LA POMPE VEINEUSE MUSCULO APONEVROTIQUE Résultant de la contraction des muscles à l'intérieur d'aponévroses peu extensibles, de l'écrasement des veines situées à l'intérieur, et de la canalisation du flux par les valves, elle implique la mise en action efficace de ces muscles, et un nombre suffisant de valves fonctionnelles : elle génère la plus importante pression d’accélération du flux. Ce mécanisme est défectueux en cas de paralysie musculaire, d'hypotrophie musculaire, d’ankylose de cheville, de sédentarité chronique et en cas de destruction ou de dysgénésie valvulaire. La pompe du mollet est la plus performante, d'où sa dénomination de pompe veineuse surale. Sa déficience est un dénominateur commun aux insuffisances veineuses chroniques sévères (Calf pump failure syndrome, N.L. Browse). On parle aussi de « cœur périphérique » avec une systole (contraction musculaire) et une phase diastolique (relaxation musculaire). En systole musculaire, le sang veineux du mollet est chassé vers l'axe poplitéo-fémoro-iliaque dont les valves sont ouvertes; les valves d'amont, les valves des veines musculaires, les valves des veines perforantes se ferment. En diastole musculaire, le sang veineux d'aval et le sang des veines superficielles est aspiré vers le réseau jambier profond. Quelques chiffres illustrent l’importance de la pompe musculo-aponévrotique surale : la pression de la loge postérieure de jambe double avec la contraction du mollet passant de 100150 mmHg à 200-300 mmHg), et 60 à 70 ml de sang veineux sont expulsés vers la veine poplitée toutes les 4 ou 5 systoles musculaires. Le passage du décubitus à la position debout entraîne la séquestration transitoire de 300 ml dans les veines profondes de jambe. Polycopié Phlébologie p.22 2. LES PRESSIONS VEINEUSES EN DECUBITUS /ORTHOSTATISME / ORTHODYNAMISME La pression veineuse est proportionnelle à la distance oreillette droite/sol : elle varie donc avec les positions du corps. En position debout ou assise, elle varie en fonction de l’activité locomotrice du membre. 2.1. La pression veineuse en décubitus Les veines étant à peu près à même hauteur que l’oreillette droite, la pression hydrostatique est négligeable. Le gradient de pression qui dirige le sang veineux vers l’étage ilio-cave, puis le cœur droit est faible. Ce gradient de pression varie de 10-15 cm d’eau (7 à 12 mmHg) dans les veinules à 5-10 cm d’eau (4 à 8 mmHg) dans l’oreillette droite. Elle varie selon l’aspiration ventriculaire et les mouvements ventilatoires. 2.2 La pression veineuse en position assise ou debout immobile (orthostatisme) Elle correspond à la somme de la pression résiduelle post-capillaire et de la pression exercée par le poids de la colonne sanguine. Cette pression, dominée par la pression hydrostatique, est à peu près identique dans les veines superficielles et profondes que les veines soient normales ou pathologiques. A la cheville, en position debout, en appui unipodal controlatéral, elle est en moyenne de 85 mmHg (60-90 mmHg). En position assise, elle est d’environ 55 mmHg. Cette pression mesurée à la marche est la seule qui renseigne sur l’action globale de la pompe musculaire du mollet. 2.3. La pression veineuse à la marche (orthodynamisme) La pression veineuse à la cheville augmente un peu à l’appui du talon (-> 85-95 mmHg), redescend à 70 mmHg à la fin du 1er pas, et ainsi de suite jusqu’à diminuer de 45 à 50 mmHg Polycopié Phlébologie p.23 Au bout de 7 à 12 pas, elle descend ainsi jusqu’à 30 mmHg chez le sujet sain. Elle retrouve son niveau basal à l’arrêt de la marche en 15 à 40 sec. La pression veineuse dynamique (Pollack et Wood USA 1949) Correctement pratiquée, la mesure de pression intraveineuse ambulatoire est la méthode quantitative de référence de l’exploration fonctionnelle veineuse. La photo pléthysmographie ou la pléthysmographie à air sont moins reproductibles, utilisables essentiellement de façon qualitative. Polycopié Phlébologie p.24 La mesure de pression veineuse au pied a été normalisée dans un test visant à réaliser 10 mouvements de flexion extension sur la pointe des pieds (équilibre tenu par un appui des mains, arrêt en appui unipodal sur le membre non testé). A l’arrêt de l’effort de pompage musculaire, la pression enregistrée est dite pression veineuse ambulatoire (PVA). Elle est normalement de l’ordre de 15-30 mmHg au niveau du réseau superficiel et de 30-40 mmHg au niveau du réseau veineux profond. Le temps de retour à la valeur basale, temps de remplissage veineux au niveau du réseau superficiel (90%-RT) est considéré comme anormal si < à 20 sec. Polycopié Phlébologie p.25 c . Physiopathologie de l’insuffisance veineuse superficielle 1 Physiopathologie de la douleur veineuse 2 Physiopathologie de l’insuffisance veineuse superficielle 2.1 L’augmentation de la pression veineuse en orthostatisme non corrigée par l’orthodynamisme 2.2 Le mécanisme de l’insuffisance valvulaire 2.3 Les mécanismes de l’atteinte pariétale: 2.3.1 Mécanisme de haut en bas 2.3.2 Mécanisme de bas en haut 2.4 L’altération de la paroi veineuse 2.5 Hémodynamique veineuse normale 2.6 Hémodynamique veineuse de l’insuffisance veineuse superficielle 2.7 Pressions veineuses pathologiques dans l’insuffisance veineuse superficielle. 3 Physiopathologie de la pigmentation (dermite ocre CEAP C4a) 4 Physiopathologie de l’atrophie blanche (CEAP C4b) 5 Etiologies de l’augmentation chronique de la pression veineuse ambulatoire et ses conséquences tissulaires 6 Physiopathologie de l’hypodermite (CEAP C4b) 7 Physiopathologie de l’ulcère (CEAP C6) 8 Physiopathologie de l’insuffisance veineuse superficielle secondaire à une thrombose veineuse profonde responsable d’un syndrome post thrombotique 8.1 Les conséquences de la destruction des valves profondes. 8.2 Survenue des ulcères en fonction de la pression veineuse ambulatoire. 8.3 Hémodynamique du syndrome post thrombotique : de l’obstruction à la destruction des valves profondes. 9 Physiopathologie de l’œdème (CEAP C3) Polycopié Phlébologie p.26 La physiopathologie de l’insuffisance veineuse superficielle reste encore débattue, il y a cependant un dénominateur commun aux différents tableaux des affections veineuses chroniques: l’augmentation de la pression veineuse en position verticale, non corrigée par l’orthodynamisme, qui est retrouvée dans : 1. Les symptômes veineux en particulier la lourdeur des jambes. 2. L’insuffisance veineuse superficielle ou maladie variqueuse 3. L’’insuffisance veineuse chronique du syndrome post thrombotique parfois à l’origine d’insuffisance veineuse superficielle secondaire. Des données récentes sur la physiopathologie de la douleur veineuse, sur la physiopathogénie de la dégradation de la paroi veineuse et sur le remaniement valvulaire ont éclairés le mécanisme commun par lequel l’excès de pression veineuse en orthodynamisme entraînait différents aspects cliniques. 1 Physiopathologie de la douleur veineuse (S de la CEAP) Auparavant, on attribuait à la dilatation veineuse un rôle exclusif de stimulation mécanique des nocicepteurs pariétaux. Mais les veines, vaisseaux très distensibles, peuvent se dilater fortement sans provoquer de douleurs et certains patients ont des varices très importantes sans pour autant se plaindre d’un quelconque symptôme douloureux. Dans les hypothèses plus récentes, la douleur veineuse implique des mécanismes inflammatoires dès le stade de début de l’insuffisance veineuse superficielle. L’augmentation de la pression veineuse entraîne une dilatation de la veine et une hypoxie locale. La dilatation stimule des nocicepteurs pariétaux de type mécano récepteurs. L’hypoxie locale entraîne une libération par la cellule endothéliale de médiateurs (Cytokines, Prostaglandines, PAF leucotriènes). Certains de ces facteurs ont un effet algogène et d’autres une action de facilitation de l’adhésion leucocytaire (ICAM, VCAM, Sélectine). Par ailleurs, le ralentissement du flux veineux provoque une diminution des forces de cisaillement qui empêchent habituellement les polynucléaires sanguins d’adhérer à la paroi endothéliale. Ce trouble rhéologique entraîne un ralentissement des leucocytes qui active les cellules endothéliales comme en témoignent les taux sanguins élevés de molécules endothéliales d’adhésion (sélectine, ICAM, VCAM) et les produits leucocytaires (MMP9, élastase, lactoferrine, métalloprotéinases). Les leucocytes, en particulier les monocytes macrophages et surtout les mastocytes, libèrent des médiateurs chimiques algogènes (histamine, bradykinine, sérotonine...) et inflammatoires qui stimulent des nocicepteurs veineux et périveineux (chémorécepteurs). Ces nocicepteurs sont chimiosensibles et polymodaux, c’est à dire capables de réagir à différents médiateurs chimiques à des concentrations différentes. Polycopié Phlébologie p.27 On trouve aussi des substances libérées par la cellule endothéliale : cytokines, PAF, leucotriènes, prostaglandines. La stimulation des fibres non myélinisées de type C est à l’origine de la sécrétion de CGRP (calcitonin gene-related peptide), des neurokinases, et la substance P qui augmente l’adhésion et l’activation leucocytaires et plaquettaire, phénomènes que l’on va retrouver de façon plus chronique et irréversible dans l’atteinte valvulaire et le remodelage de la paroi veineuse. La stimulation inflammatoire neurogène des fibres à myéline Aβ des nerfs sympathiques modulée par celle des fibres C ( douleur plus diffuse et prolongées) explique le caractère diffus, imprécis et de caractère polymorphe de la douleur veineuse autant en terme de localisation que leur variabilité dans le temps. D’autant que les nocicepteurs ont une sensibilité variable selon les pathologies associées (neuropathie périphérique). (Fig 1) Fig1 : Physiopathologie de la douleur veineuse Le rôle très précoce de ces acteurs algogènes dans la genèse de la douleur veineuse pourrait expliquer pourquoi certains patients se plaignent de douleur sans varices ou bien avant que les varices soient objectivables à l'examen. L’intégration corticale mal localisée de type sensibilité protopathique expliquerait le caractère diffus et imprécis de la douleur veineuse. Polycopié Phlébologie p.28 2 Physiopathologie de l’insuffisance veineuse superficielle 2.1 L’augmentation de la pression veineuse en orthostatisme non corrigée par l’orthodynamisme à une responsabilité hémodynamique indiscutée dans l’insuffisance veineuse superficielle essentielle Il lui est associée une incompétence des valves veineuses. Le remodelage valvulaire et pariétal est au centre des hypothèses actuelles. 2.2 Le mécanisme de l’insuffisance valvulaire. Pour certains, elle est secondaire à la dilatation de la paroi veineuse liée à des turbulences hémodynamiques locales qui entraîneraient des modifications valvulaires, pour d’autres le remodelage valvulaire débuterait par une altération du bord libre de la valve sous l’action de phénomènes inflammatoires. Les anomalies histochimiques montrent : une augmentation de l’activité des leucocytes et de l’interaction leucocytes / cellules endothéliales des valves pathologiques et il y a une corrélation démontrée entre l’augmentation de la pression veineuse et l’altération histologique des valves La réduction des forces de cisaillement du flux sanguin provoqué par les turbulences au niveau des valves stimule les cellules endothéliales, réduisant la sécrétion de NO, et favorisant la production de molécules d’adhésion des macrophages (sélectine, ICAM, VCAM) et de cytokines. Les macrophages libèrent des enzymes protéolytiques responsables de la dégradation de la paroi (matrix métalloprotéases ou métalloprotéinases MMP’s) qui ne sont pas suffisamment inhibés par les Tissus Inhibitors MP’s et qui favorisent la destruction de la matrice extra cellulaire des valves et de la paroi. On trouve des anomalies valvulaires macroscopiques : perforation des valves, fuites valvulaires commissurales, élargissement des bords libres des valves. 2.3 Le mécanisme de l’atteinte pariétale. Pour tous l’atteinte pariétale est indiscutable et l’hérédité est déterminante, mais il y a des divergences sur l’évolution de l’atteinte pariétale. Il est admis que l’anomalie primitive induisant la varicose essentielle est une désorganisation de la structure pariétale liée à une augmentation de l’activité enzymatique protéolytique, une altération de la synthèse du collagène, une désorganisation des fibres musculaires lisses, une désorganisation et des altérations du réseau en maille de filet des fibres élastiques et collagènes, déstructuré avec altération de leurs propriétés physiques. Il n’y a pas encore de consensus sur la séquence des événements conduisant à l’insuffisance veineuse superficielle. Deux mécanismes sont évoqués : Polycopié Phlébologie p.29 2.3.1 Mécanisme de haut en bas L’atteinte pariétale initiale de la première valve progresserait le long du tronc saphène (varices du tronc saphène avec reflux trans-ostial et à partir des veines du Scarpa qui s’abouchent dans la grande veine saphène (veine sous-cutanée abdominale, veines pudendales externes, veine circonflexe iliaque superficielle…) 2.3.2 Mécanisme de bas en haut Les capillaires et veinules dilatées joueraient un rôle aspiratif entraînant une dilatation des veines réticulaires et ensuite une dilatation des collatérales des veines saphènes, puis des saphènes elles mêmes. Il existe aussi des reflux saphènes minimes et parfois localisés à une valve sans varices (reflux commissuraux en particulier). Les deux mécanismes existent variant selon les cas d’insuffisance veineuse superficielle. 2.4 L’altération de la paroi veineuse Les leucocytes y sont encore les acteurs principaux: les patients ayant une insuffisance veineuse superficielle ont une plus grande sensibilité à la séquestration distale des leucocytes que les sujets sains. Au bout d’une heure en déclive, avec l’augmentation de la pression veineuse, 30% des leucocytes sont séquestrés dans les jambes des patients avec insuffisance veineuse superficielle contre 7% chez le sujet normal. Les leucocytes sont séquestrés pour la plupart dans les veines et veinules post capillaires. La réduction du flux, liée à l’augmentation de la pression veineuse, entraîne une diminution des forces de cisaillement avec un accroissement de l’adhésion leucocytaire. (Fig 2) Fig.2: Interactions leucocytes et endothélium dans l’atteinte des valves et de la paroi veineuse Polycopié Phlébologie p.30 Sur une longue période, chez les patients atteints d’insuffisance veineuse, la répétition de séquestration et d’activation des leucocytes en orthostatisme induit la mise en jeu de phénomènes inflammatoires et l’apparition des altérations tissulaires conduisant aux troubles trophiques. 2.5 Hémodynamique veineuse normale 2.6 Hémodynamique de l’insuffisance veineuse superficielle Reflux des veines réticulaires Reflux des télangiectasies, Reflux des veines saphènes Reflux de veines non saphènes Hémodynamique de l’insuffisance veineuse superficielle 2.7 Pressions veineuses pathologiques dans superficielle, pression l’insuffisance veineuse superficielle. Dans l’insuffisance veineuse la veineuse, qui descend physiologiquement à 30 mm/Hg à la marche, ne baisse plus autant, du fait du reflux valvaire Polycopié Phlébologie p.31 et reste aux alentours de 50 à 60 mm/Hg selon l’importance du reflux. Les complications trophiques peuvent apparaître dans des délais variables, parfois plusieurs années, et ce délai est fonction de l’importance de la pression ambulatoire, d’autant plus court qu’elle est plus élevée. (Fig. 3) Le déterminisme, qui fait que certains avec des reflux modérés auront des troubles trophiques précoces et d’autres malgré des varices importantes n’en auront pas, reste inconnu. Fig.3 Augmentation de la pression veineuse ambulatoire dans l’IVS Au total Dans l’insuffisance veineuse superficielle, la fragilité constitutionnelle pariétale de la veine, s’exprime à la fois par des perturbations métaboliques au niveau des cellules endothéliales et une déficience des cellules musculaires lisses vasculaires. Les valves deviennent incontinentes et les veines variqueuses (C1, C2 de la CEAP) L‘orthostatisme favorise l’augmentation de la pression veineuse, dont on a vu le rôle dans la genèse des symptômes (S de la CEAP). L’augmentation de la pression veineuse dans les capillaires veineux est responsable de l’œdème (C3 de la CEAP). Cette augmentation de la pression veineuse en orthostatisme non corrigée par l’orthodynamisme, étant chronique, entraîne une souffrance tissulaire et des lésions endothéliales aboutissant aux troubles trophiques (C4, C5, C6 de la CEAP) Polycopié Phlébologie p.32 3 Physiopathologie de la dermite ocre (pigmentation C4a de la CEAP) La dermite ocre est liée à l’extravasation des érythrocytes sous l’action de l’augmentation de la pression veineuse et de la distension pariétale. Leur passage est sans retour et la coloration cutanée est liée aux dépôts périvasculaires d’hémosidérine avec une augmentation de l’activité mélanocytaire (Fig. 4) (Fig. 4) Physiopathologie de la dermite ocre - CEAP C4a 4 Physiopathologie de l’atrophie blanche (C4b de la CEAP) L’atrophie blanche correspond à une ischémie cutanée localisée des vaisseaux du derme superficiel. A ce stade les infiltrats inflammatoires périvasculaires sont rares, mais il y a aussi un désert vasculaire local. (Fig. 5) (Fig. 5) Physiopathologie de l’atrophie blanche CEAP C4b Polycopié Phlébologie p.33 5 Etiologies de l’augmentation chronique de la pression veineuse ambulatoire et ses conséquences tissulaires (Fig. 6) (Fig. 6) Etiologies et effets chroniques de l’augmentation de pression veineuse ambulatoire non compensée par l’orthodynamisme. 6 Physiopathologie de l’hypodermite (C4b de la CEAP) L’hypodermite scléreuse ou (lipodermatosclerosis GB, USA) est un trouble trophique partiellement réversible au stade chronique. Liée le plus souvent au syndrome post thrombotique, elle n’est pas rare dans les insuffisances veineuses superficielles négligées et elle fait le lit de l’ulcère veineux. Mais on la rencontre aussi chez les grands obèses, liée aux conséquences du non usage de la pompe du mollet, et ce bien souvent sans insuffisance veineuse superficielle associée. (Padberg) Les phénomènes inflammatoires liés au couple endothélium leucocytes sont encore liés à la séquestration des macrophages. La production de VGEF et du TGF-b activateur stimule les fibroblastes dont la synthèse excessive de collagène favorise la sclérose sous cutanée c’est à dire l’hypodermite chronique.ou lipodermatosclérose. Polycopié Phlébologie p.34 7 Physiopathologie de l’ulcère (C6 de la CEAP) A un stade plus avancé, la dégradation de la matrice extra cellulaire par les métalloprotéases MMP’s secrétées est à l’origine de l’ulcère. 8 Physiopathologie de l’insuffisance veineuse superficielle secondaire à une thrombose veineuse profonde responsable d’un syndrome post thrombotique Le thrombus veineux initial a 3 évolutions possibles : 1 Une résorption rapide, complète et sans séquelle. 2 Une résorption incomplète créant un obstacle aboutissant à un syndrome obstructif, complet au début, puis partiel selon l’importance de la reperméation. 3 La résorption, fini par se compléter au bout de plusieurs mois, avec destruction des valves sur le segment occupé par le thrombus, puis parfois sur le segment veineux sous jacent, voire sur des collatérales saines, avec pour conséquence l’augmentation de la pression veineuse ambulatoire sévère et chronique. En dehors de l’apparition de troubles trophiques plus précoces que dans l’insuffisance veineuse superficielle, le risque est de voir se développer des varices secondaires par forçage des valves des perforantes et de proche en proche celles des veines superficielles. (Fig. 7) (Fig. 7) Effets de la lyse valvulaire dans le syndrome post thrombotique Polycopié Phlébologie p.35 8.1 Les conséquences de la destruction des valves profondes Dans la maladie post thrombotique avec destruction étendue des valves profondes, la pression veineuse ambulatoire ne s’abaisse plus en orthodynamisme: elle reste aux alentours de 90/100 mmHg. (Fig. 8) (Fig. 8) L’augmentation de pression veineuse ambulatoire non compensée par l’orthodynamisme dans le syndrome post thrombotique 8.2 Survenue des ulcères en fonction de la pression veineuse ambulatoire Dans ce cas, la survenue des troubles trophiques est bien plus précoce et rapide que dans l’insuffisance veineuse superficielle isolée et peut atteindre 100% des patients non traités. (Fig. 9) (Fig. 9) L’augmentation de pression veineuse ambulatoire et ulcère veineux Polycopié Phlébologie p.36 8.3 Hémodynamique du syndrome post thrombotique : de l’obstruction à la destruction des valves profondes. 9 Physiopathologie de l’oedème (C3 de la CEAP) Les pressions capillaires Les échanges sang / tissus dépendent des 3 composantes de pression, régies selon la loi de Starling: 1. La pression osmotique favorise l'égalisation des concentrations par passage de l'eau de la solution la moins concentrée vers la solution la plus concentrée. 2. La pression oncotique due à la concentration en protéines. 3. La pression hydrostatique est la pression exercée par le poids du sang sur la paroi du capillaire. (Fig. 10) (Fig. 10) La pression hydrostatique et oncotique (rappel) La pression hydrostatique est de 35 mmHg au pôle artériolaire et de 15 mmHg dans la veinule. Elle permet la sortie de l'eau plasmatique vers le milieu interstitiel entraînant électrolytes et oxygène dissous à travers la paroi du capillaire artériel. La pression osmotique plus élevée dans le plasma que dans le liquide interstitiel, du fait de leur concentration différente en Polycopié Phlébologie p.37 protéines (donc de la pression oncotique) permet l'entrée d'eau et d'électrolytes dans les capillaires. Elle est constante du pôle artériel au pôle veineux. (25 mmHg). La pression veinulaire de 15mmHg permet la réentrée dans le compartiment veineux des déchets métaboliques et du CO². (Fig. 11) (Fig. 11) Physiopathologie de l’œdème CEAP C3 L’augmentation de la pression veineuse en position verticale de l’ IVS peut favoriser l’apparition d’oedèmes de l’extrémité du membre inférieur atteint. Equilibre des entrées et sorties d'eau A l'état normal, les sorties d'eau sont légèrement plus importantes que les entrées, l'excédent est drainé par la circulation lymphatique. En cas de diminution de pression artériolaire ou d’excès de pression veineuse, l’extravasation d’eau plasmatique provoque un œdème interstitiel. Le réflexe veino -artériolaire Le passage du décubitus en orthostatisme déclenche par ailleurs la mise en jeux du réflexe veino-artériolaire dont le rôle est d’atténuer l’augmentation de pression capillaire et la formation d’un œdème postural. Le réflexe myogénique lié à la constriction de la paroi vasculaire réactionnelle à une augmentation de la pression transmurale, est le principal responsable du réflexe veinoartériolaire L’age diminue ce réflexe expliquant la tendance à l’œdème postural chez le sujet âgé. La chaleur aussi ainsi que certaines situations pathologiques ou l’on rencontre un œdème : diabète et insuffisance veineuse chronique Polycopié Phlébologie p.38 SCHEMA GENERAL DE LA PHYSIOPATHOLOGIE DE L’IVS ET DE SES COMPLICATIONS Polycopié Phlébologie p.39 RETENIR L’augmentation chronique de la pression veineuse ambulatoire verticale non corrigée par l’orthodynamisme est à l’origine de toutes les manifestations cliniques ou physiques de l’insuffisance veineuse superficielle ( C2) et de l’insuffisance veineuse chronique (C3, C4, C5, C6) , mais aussi des symptômes veineux sans insuffisance veineuse superficielle ( C0 s). Le dénominateur commun physiopathologique est le leucocyte en raison de l’interaction leucocyte – endothélium veineux. Le but thérapeutique est donc soit de supprimer l’augmentation chronique de la pression veineuse ambulatoire par suppression du reflux (chirurgie, sclérothérapie, thérapeutiques endoveineuses), soit d’en neutraliser les effets, en permanence lors de la déambulation, par une thérapeutique compressive. Polycopié Phlébologie p.40 d. Affections classification veineuses chroniques : épidémiologie, clinique et 1. Epidémiologie Les affections veineuses chroniques des membres inférieurs, regroupent trois étiologies principales (primitive, post-thrombotique ou malformative). Elles se traduisent par un large éventail de manifestations cliniques souvent associées : varices, troubles trophiques, et symptômes veineux. Une grande partie des patients atteints d’affections veineuses chroniques des membres inférieurs ne consultent pas, ce qui biaise beaucoup d’études réalisées sur des séries de consultants. 1.1. Varices et télangiectasies L’épidémiologie des varices a fait l’objet de revues récentes et quelques faits principaux sont à retenir : La prévalence des varices est élevée dans la population générale des pays industrialisés, touchant 30 à 60% des sujets selon les études (tableau I). - Les troncs saphènes ou leurs collatérales de premier ordre sont atteints dans environ la moitié des cas. Les 2 membres inférieurs sont également affectés. - L’âge est le premier facteur de risque : exceptionnelles pendant la première décennie, les varices atteignent une prévalence de 15% à 35 ans et de 65% à 75 ans. - La prédominance féminine est évidente dans les séries de consultants, mais cela est sans doute le résultat de biais de recrutement. Elle est beaucoup plus discutable dans les échantillons issus de la population générale, surtout dans les études les plus récentes, ajustées selon l’âge, où une prédominance masculine est même rapportée pour les varices tronculaires. - Les facteurs d’environnement jouent un rôle important dans la survenue des varices. Les explications avancées (alimentation, surpoids, chaussage, position au travail) sont encore du domaine de l’hypothèse. Les grossesses exercent un rôle favorisant. L’influence des antécédents de thrombose veineuse profonde reste difficile à évaluer au plan épidémiologique car les études manquent de puissance sur ce point; leur contribution est de toute façon faible au regard de la prévalence des varices. - La prévalence est accrue dans les familles de variqueux, ce qui ne se résume pas à de simples habitudes familiales, car une étude de jumeaux récente démontre l’existence d’un facteur génétique plurigénique. Il y a peu d’études épidémiologiques concernant les télangiectasies intradermiques Une des principales difficultés tient à la définition de leur caractère pathologique. La récente étude d’Edimbourg en trouve chez 85% des hommes et 94% des femmes Les télangiectasies de cuisses sont plus fréquentes que celles des jambes ou de cheville et ne représentent qu’une gêne Polycopié Phlébologie p.41 esthétique. Lorsqu’elles se regroupent à la cheville en couronne phlébectasique, elles sont par contre annonciatrices de troubles trophiques. L’existence de télangiectasies isolées de cuisse ne doit donc pas faire craindre à elle seule la survenue d’une maladie veineuse grave. 1.2. Lésions cutanées Les lésions cutanées d’origine veineuse (dermite pigmentée, dermite eczématiforme, hypodermite scléreuse, atrophie blanche et ulcères) surviennent surtout chez le sujet âgé. Leur prévalence globale dans la population générale varie selon les études de 3,5% à 14% car certaines études incluent les couronnes phlébectasiques de la cheville qui ne sont pas des lésions cutanées. Un pour cent de la population a un ulcère de jambe évolutif ou cicatrisé. Soixante-quinze pourcent sont d’origine veineuse ; ils sont rares avant 60 ans et touchent plus de 5% des sujets de plus de 60 ans. La prédominance féminine disparaît après ajustement sur l’âge dans les études récentes (tableau II). L’antécédent de thrombose veineuse profonde est un autre facteur de risque démontré. La maladie post-thrombotique était autrefois considérée comme la cause principale des troubles trophiques veineux, alors qu’en fait plus de la moitié des ulcères seraient liés à des varices primitives. 1.3. Symptômes veineux Les symptômes veineux, (lourdeur, phlébalgie…) sont fréquemment mais non exclusivement associés aux varices. Les circonstances de survenue, et notamment l’influence de la station debout prolongée et de la chaleur ambiante sont les plus évocatrices. (Tableau III) L’âge n’est pas un facteur de risque des symptômes veineux dont la prévalence a au contraire tendance à décroître avec l’âge. Seuls le sexe féminin et la station debout prolongée sont des associations clairement identifiées (tableau IV). La crainte que les lourdeurs de jambes soient annonciatrices de varices chez les sujets jeunes n’est pas fondée. 1.4. Répercussions socio-économiques Les données épidémiologiques permettent de mesurer les répercussions socio-économiques de l’insuffisance veineuse chronique. Elles sont considérables, comme la prévalence élevée pouvait le laisser présager. Le coût total (soins et coût social) était estimé en France à 3 milliards d’euros pour l’année 1990, ce qui correspond en moyenne à environ 250€ par patient. Polycopié Phlébologie p.42 2 Classification CEAP : les quatre dimensions de l’évaluation des affections veineuses chroniques Depuis Widmer (1971), plusieurs classifications ont été proposées pour les affections veineuses chroniques, mais depuis 1994, c’est la classification dite CEAP qui fait référence au niveau international. Cette classification a l’avantage d’être très cohérente conceptuellement, en caractérisant le membre en fonction des quatre dimensions Clinique, Etiologique, Anatomique et Physiopathologique (CEAP). Elle reste cependant perfectible dans son application pratique du fait de sa complexité et du manque de validation de certains éléments. La récente mise à jour de 2004 le démontre et spécifie d’ailleurs qu’elle continuera à évoluer. Sur le plan clinique, le « C » de la CEAP est constitué de 7 classes de gravité croissante, de 0, absence de signe à l’examen clinique à 6 : ulcère ouvert (tableau V). La classe 4, des troubles trophiques non ulcéreux, a été récemment divisée en 4a et 4b, spécifiant que l’hypodermite scléreuse et l’atrophie blanche (4b) étaient plus sévères que la dermite pigmentée et l’eczéma variqueux (4a). L’existence de symptômes est mentionnée sous la forme de l’indice symptomatique ou ”a” ”S” asymptomatique. Un patient symptomatique sans signe physique aura donc ses deux membres inférieurs en C0s par exemple. Sur le plan étiologique, on distingue les formes primitives EP, qui correspondent aux varices dites essentielles, les formes congénitales EC malformatives, et les formes secondaires postthrombotiques ES. En cas d’étiologie non identifiée, on utilise l’indice n : En. Sur le plan anatomique, on distingue l’atteinte des veines superficielles AS, des veines profondes Ad et des perforantes Ap. AN correspond à l’absence de lésion anatomique identifiée. Il est également possible de préciser quels segments anatomiques superficiels, profonds et perforants sont touchés, à partir d’une liste de 18 segments (tableau VI). Enfin, sur le plan physiopathologique, on différencie au niveau des segments veineux atteints l’existence de reflux (PR), d’obstruction (PO) ou de l’association des deux (PRO). Ici aussi, PN signifie qu’il n’y a pas d’anomalie hémodynamique identifiée. Polycopié Phlébologie p.43 • Au total, on peut utiliser en routine une forme simplifiée de la CEAP, ne spécifiant, pour le « C », que le niveau le plus élevé, et pour le « A », simplement le type de lésion anatomique superficielle, perforante ou profonde. Pour les publications de recherche clinique, il est conseillé d’utiliser la description complète, avec toutes les classes « C » présentes, et tous les segments « A » atteints. Ainsi, un sujet présentant au niveau d’un membre des varices de la grande saphène avec dermite pigmentée, hypodermite scléreuse et un ulcère ouvert avec des symptômes, et à l’écho-doppler, un reflux tronculaire jambier de la grande saphène et des perforantes jambières incompétentes sans atteinte du réseau profond, sera classé C6S EP AS,P PR dans la forme simplifiée, et C2,4a,4b,6 S EP AS3,P18 PR dans la forme complète. On voit ainsi que la classification CEAP complète est un outil de recherche • LES CINQ POINTS CLES : 1. Les études en population générale sont indispensables pour l’évaluation épidémiologique, la connaissance de l’histoire naturelle et la compréhension de la pathogénie des affections veineuses chroniques. 2. D’un point de vue épidémiologique, les affections veineuses chroniques peuvent être décrites en trois syndromes fréquemment associés mais pouvant exister de manière indépendante : les varices, les troubles trophiques veineux et les symptômes veineux. 3. Les affections veineuses chroniques peuvent résulter de syndromes malformatifs ou de la maladie post-thrombotique, mais la plupart d’entre eux sont dits primitifs, sans cause prédominante, et correspondent en fait à une étiologie multifactorielle, associant facteurs génétiques et facteurs d’environnement. 4. Les affections veineuses chroniques sont très répandues dans la population, et touchent les deux sexes, avec une prédominance féminine qui n’est nette que pour les symptômes. 5. Une classification logique de la maladie veineuse chronique doit comprendre les 4 dimensions clinique, étiologique, anatomique et physiopathologique (ou hémodynamique). C’est le principe de la classification internationale dite CEAP dont une nouvelle version a été publiée en 2004 Polycopié Phlébologie p.44 Tableau I : Prévalence des varices chez l'adulte (échantillons représentatifs de la population générale) 1erAuteur (Année) Coon (1973) Da Silva (1974) Beaglehole (1975) Méthodologie Type de Varices Prévalence (%) Femmes Hommes Etats-Unis Registre de population Examen clinique Tout type 26 13 Employés industrie Examen clinique Tout type 68 57 Suisse Tronculaires 35 33 29 28 2 4 Tout type 41 11 Tronculaires Réticulaires Reflux grande saphène Tout type 26 85 33 81 31 54 27 29 Tronculaires 22 20 Pays Maoris (NZ) Maoris (Ile de Cook) Laurikka (1993) Finlande Evans (1999) Ecosse Carpentier (2004) France (Rhône-Alpes et PACA) Population générale Examen clinique Registre de population Questionnaire Registre méd. générale Examen clinique Echo-doppler Population générale Examen clinique Tout type Tableau II : Prévalence des lésions cutanées d’origine veineuse chez l'adulte (échantillons représentatifs de la population générale) 1er auteur (Année) Pays Da Silva (1974) Suisse Evans (1999) Ecosse Carpentier (2004) France (Rhône Alpes et PACA) Echantillonnage Employés Industrie Population générale Liste généraliste Population générale Type de lésion Toute lésion cutanée + Corona Prévalence (%) Femmes Hommes 9.6 8.7 Ulcère actif ou cicatrisé Toute lésion cutanée + Corona 1.4 1.1 6.6 9.2 Ulcère actif ou cicatrisé 0.2 1.0 Toute lésion cutanée 5.4 4.1 Ulcère actif ou cicatrisé 1.2 1.0 Polycopié Phlébologie p.45 Tableau III : Prévalence des symptômes veineux chez l'adulte (échantillons représentatifs de la population générale) 1er auteur (Année) Pays Pays de Galles Weddell (1969) Widmer (1978) Suisse Bradbury (1999) Carpentier (2004) Ecosse France (Rhône Alpes et PACA) Echantillonnage Prévalence (%) Femmes Hommes Type de lésion Toute gêne des membres inférieurs Endolorissement “aching” Crampes Prurit Population générale Listes électorales Toute gêne des membres inférieurs Lourdeur Sensation de gonflement Douleur Crampes Impatiences Lourdeur / tension Sensation de gonflement Endolorissement “aching” Impatiences Crampes Prurit Elancements “tingling” Toute gêne des membres inférieurs Lourdeur Sensation de gonflement Impatiences Employés de l’industrie chimique Population générale Liste médecin généraliste Population générale 71 46 40 34 11 24 24 9 67 28 26 20 21 5 29 23 54 35 42 25 20 39 28 17 23 25 7 16 9 33 20 34 19 16 54 50 32 14 22 18 11 3 Tableau IV : Facteurs de risque indépendants, démontrés en population générale, pour les varices, symptômes et troubles trophiques veineux (exprimés sous forme de fourchettes d’odds ratio quand disponible) Facteur de Risque Varices Symptômes Tr trophiques Age (OR / 10 ans) 1.5 – 1.6 0.7 – 0.9 2.0 – 2.6 Sexe féminin (F/M) NS 1.5 – 2.5 NS Grossesses (vs nullipares) 2.4 NS NS Hérédité 2.2 – 3.7 NS NS Antécédent TVP ? ++ 4.8 – 12.6 Surpoids ? + + Taille + NS NS Sédentarité + 1.7 – 3.5 ? + NS ? Travail de force ? : non renseigné Polycopié Phlébologie p.46 Tableau V : Classes Cliniques CEAP C0 Absence de signe visible ou palpable d’affection veineuse chronique C1 Veines réticulaires ou télangiectasies C2 Varices (>3mm) C3 Œdème veineux C4a Lésions cutanées : pigmentation ou eczéma variqueux C4b Lésions cutanées : hypodermite scléreuse ou atrophie blanche C5 Ulcère cicatrisé C6 Ulcère ouvert Tableau VI: Classes Anatomiques CEAP AS Système veineux superficiel 1 Télangiectasies, veines réticulaires 2 Grande veine saphène (au-dessus du genou) 3 Grande veine saphène (au-dessous du genou) 4 Petite veine saphène 5 Non saphène AD Système veineux profond 6 Veine Cave Inférieure (« D » de deep=profond) 7 Veine Iliaque Commune 8 Veine IIiaque interne 9 Veine Iliaque externe 10 Veines Pelviennes : génitale, ligament large, etc 11 Veine Fémorale Commune 12 Veine Fémorale Profonde 13 Veine Fémorale (ex superficielle) 14 Veine Poplitée 15 Veines jambières : tibiales antérieures, postérieures et fibulaires 16 Veines musculaires : gastrocnémiennes, soléaires, autres 17 A la cuisse AP Veines Perforantes 18 Au mollet AN Pas de identifiée lésion anatomique Polycopié Phlébologie p.47 e. Définition et description des varices, terminologie Les dilatations veineuses superficielles sont de trois types (ref. consensus UIP : J Vasc Surg 2003 ;37 :129-31). Les malformations et des tumeurs ne sont pas étudiées ici. - Les télangiectasies des affections veineuses sont des dilatations permanentes de petites veines intradermiques dont le diamètre n’excède en général pas 1 mm. - Les veines réticulaires sont des veines d’aspect bleuté, intradermiques ou immédiatement sous-dermiques, dilatées et tortueuses ou ramifiées dont le calibre est compris entre 1 et 3 mm. Cette définition exclut les veines normales visibles chez les sujets à peau diaphane. L’association télangiectasies et varices réticulaires constitue les « varicosités » du langage courant (terme impropre). En Anglais, « varicosities » signifie varices. - Les varices sont des veines dilatées et sinueuses sous-cutanées ou intra-fasciales d’un diamètre le plus souvent supérieur à 3 mm. On y observe le plus souvent un reflux. : Télangiectasies Veines réticulaires Varices tronculaires : Polycopié Phlébologie p.48 4. DEMARCHE DIAGNOSTIQUE ET EVALUATION PRE THERAPEUTIQUE DE LA MALADIE VARIQUEUSE a. Examen clinique : interrogatoire, examen physique L’examen clinique d’un patient atteint d’insuffisance veineuse superficielle est primordial pour décider de l’attitude thérapeutique à proposer, car il va permettre : • De comprendre le motif principal de la consultation qui permet de prendre en compte ses souhaits et ses préoccupations pour une décision thérapeutique consensuelle. • De faire un premier ‘‘état des lieux’’ de la maladie, en précisant sa réalité, sa topographie, son importance et son retentissement. • De faire découvrir au patient ce qu’il ne connaît pas, de le lui expliquer, et parfois de le rassurer. • Enfin d’apprécier ensemble les résultats d’une thérapeutique, ou plus simplement l’évolutivité spontanée de la maladie. L’examen clinique requiert essentiellement : un escabeau d’examen phlébologique, un siège, un éclairage parfait, une table d’examen, une fiche d’examen phlébologique et un appareil Doppler simple (type Doppler « de poche »). 1- INTERROGATOIRE 1-1 : Le motif de la consultation et l’analyse de la demande du patient Quel que soit le motif verbalisé par le patient, il faut analyser et faire préciser sa demande par rapport aux points suivants: il y a t’il - des signes fonctionnels - une gêne esthétique - des varices. - un oedème. - des complications, tels une rupture de varice, une thrombose veineuse superficielle, une hypodermite, un ulcère. - une demande de conseil, la crainte des varices ou de leurs complications. Polycopié Phlébologie p.49 1-2 : L’histoire clinique La date, le mode d’apparition et l’évolutivité sont précisés. Les circonstances déclenchantes ou aggravantes et celles l’améliorant sont également notées ainsi que les différents traitements et leurs résultats. 1-3 : Les antécédents Familiaux On précise particulièrement : antécédents de varices, antécédents thrombo- emboliques Personnels Veineux : varices, maladie thrombo- embolique Non veineux : Influençant la pathologie veineuse : grossesses, chirurgie…. Autres : maladies chroniques ou graves, maladies contagieuses, allergies, traitement en cours …. 1-4 : L’analyse des symptômes Ceux-ci sont décrits de manière variable par le patient, souvent à type de lourdeurs de jambe, douleurs au niveau d’un trajet veineux, démangeaisons, « agacements » ou « impatiences », crampes nocturnes, sensations d’oedème ou de gonflement, paresthésies. A propos des symptômes, on note leur localisation, le moment de survenue (jour, nuit), les circonstances déclenchantes ou aggravantes (chaleur, station debout prolongée, période prémenstruelle chez la femme) et celles les améliorant (le froid, le repos, la surélévation des jambes, la marche, les bas de compression). Ainsi, les symptômes localisés à la face postérointerne de la jambe, majorés par la chaleur même nocturne, le piétinement et soulagés par le froid et le repos jambes surélevées ou l’une des circonstances indiquée ci-dessus, sont fortement suspectés d’être d’origine veineuse. Aucun de ces symptômes n’étant spécifique de l’insuffisance veineuse, leur regroupement et l’intégration des circonstances d’apparition et d’amélioration a fait l’objet d’un score diagnostique utile en consultation (cf. annexe). L’examen physique, auscultation Doppler comprise, se fait d’abord patient debout (position de dilatation veineuse maximale) puis couché. 2 - EXAMEN PHYSIQUE PATIENT DEBOUT L’examen, patient debout sur un escabeau de phlébologie, peut être long et parfois source de lipothymie. Il faut en avertir le patient. Polycopié Phlébologie p.50 2-1 : L’inspection L’inspection se fait sur la plateforme de l’escabeau. L’éclairage doit être parfait sans zone d’ombre. L’examen est bilatéral, comparatif, sous toutes les faces, et commence de préférence toujours par le même membre afin de ne pas se laisser impressionner par les lésions les plus évidentes. Il faut aussi examiner la région périnéale, la région pubienne et la paroi abdominale. Dans un premier temps, l’examen est global et recherche une anomalie morphologique ou un trouble de la statique: gros orteil, pieds plats, cheville bloquée, grosse jambe, jambe en sablier, genu varum, allongement ou hypertrophie d’un membre inférieur. De plus près, des troubles cutanés : présence d’œdème, d’un ulcère ou de sa cicatrice, de télangiectasies du pied (en particulier sous malléolaires), d’acrocyanose, d’une dermite eczématiforme, de dermite ocre, d’une angiodermite purpurique, d’une atrophie blanche, de bombement d’une varice, présence de télangiectasies le long du membre, enfin, de dilatations veineuses des régions périnéale, sus pubienne ou abdominale. Il peut exister des cicatrices d’une intervention chirurgicale, d’éventuelles traces séquellaires d’injections sclérosantes. On peut être également attiré par une anomalie des phanères. Il faut chercher des signes d’orientation étiologique : varices périnéales en faveur de varices pelviennes, sus-pubiennes ou abdominales en faveur d’une occlusion ilio-cave postthrombotique, angiomes plans et autres signes de malformations vasculaires. 2 -2 : La palpation 2-2-1 : La technique La palpation se décompose schématiquement en un effleurement général de la peau suivi d’une palpation appuyée. Le premier temps se fait souvent avec l’inspection, le second avec la percussion. L’effleurement de la surface cutanée de chaque membre se fait avec la pulpe des doigts et recherche des bombements plus ou moins allongés. Ils sont, soit évidents car visibles, soit plus difficiles à trouver mais parfaitement perçus si l’on prend soin de les chercher. La palpation appuyée se fait électivement sur ces bombements à la recherche d’une sensation de rénitence, d’élasticité, caractéristique d’une dilatation variqueuse. 2-2-2 : Trajets et formes En commençant par la jambe droite et en faisant pivoter le malade, on suit toute la face antérointerne du membre inférieur (trajet de la Grande Saphène), puis toute la face externe (varices collatérales des gros troncs ou varices non - saphènes), puis enfin toute la face postérieure Polycopié Phlébologie p.51 (trajet de la petite saphène) des deux membres inférieurs. Tubulaire ou ampullaire, rectiligne ou tortueuse, toutes les formes et tous les trajets sont possibles. 2-2-3 : Topographie Pour des patients indemnes de toute chirurgie veineuse superficielle, ces dilatations sont situées en face interne de chaque membre inférieur ou en face postérieure du mollet. C’est ainsi que l’on distingue les veines : Grande et Petite Saphène. La Grande Saphène (GS) débute en avant de la malléole interne, longe la face interne de la jambe, passe derrière le condyle interne du genou, puis à la face antéro-interne de la cuisse et rejoint la veine fémorale au niveau de l’aine (Jonction Saphéno-fémorale ). Chez les gens minces, la crosse de la Grande Saphène est bien perçue, à deux travers de doigt sous l'arcade crurale, en dedans de l'Artère Fémorale. Habituellement elle est non palpable, mais chez les variqueux elle peut prendre des dimensions importantes. La manoeuvre de la toux forcée permet alors de mettre en évidence un thrill à son niveau. La petite saphène (PS) est souvent plus difficile à explorer manuellement. Elle fait suite à la veine marginale externe, en arrière de la malléole externe et rejoint la veine poplitée au niveau du pli poplité (jonction saphéno-poplitée). Elle décrit ici une courbe en forme de crosse à hauteur de l'interligne du genou, mais les variations anatomiques sont nombreuses. Cette crosse est en général bien perçue dans le creux poplité, quand le patient est en position debout, genou légèrement fléchi. Pour les patients ayant déjà subi une chirurgie, il n’existe aucun lieu de prédilection, les dilatations variqueuses doivent être recherchées à tous les niveaux. Elles suivent essentiellement l’axe du membre inférieur, très rarement elles lui sont perpendiculaires. Les varices non saphènes Les troncs GS et PS reçoivent de nombreuses collatérales à des hauteurs variables. Celles-ci peuvent être variqueuses, même en cas de troncs continents. Certaines collatérales variqueuses peuvent être totalement indépendantes des troncs saphènes. Elles sont le plus souvent alimentées par des perforantes isolées, ou bien des branches cutanées superficielles. Elles sont appelées varices non saphènes. Pour plus de clarté, ce terme est utilisé pour les varices qui n’ont pas de connexion avec les troncs GS et PS. 2-2-4 :- Diagnostic différentiel La hernie musculaire (piézogénique) peut simuler une varice. Elle en représente le diagnostic différentiel. Située le plus souvent au niveau de la loge antéro-externe de la jambe, elle s’affaisse lors du relâchement musculaire. Polycopié Phlébologie p.52 2-3 : La percussion La percussion n’est plus utilisée aujourd’hui pour déceler un reflux en raison de son manque de fiabilité, elle a été remplacée par l‘auscultation doppler. 2-4 : L’auscultation au Doppler continu (Stéthoscope Doppler ou Doppler de poche) Son objectif est de rechercher l’existence de reflux, toujours en position debout. 2-4-1 : Technique d’examen doppler du système veineux superficiel Elle se pratique de manière différente selon qu’il existe ou non des dilatations veineuses évidentes : - Il existe des dilatations évidentes La main la plus haute de l’opérateur tient la sonde Doppler. Cette sonde est positionnée sur la dilatation veineuse la plus proximale (c’est-à-dire la plus haute), dans son axe et inclinée à 45°. De petits tapotements sur les varices sous-jacentes vont provoquer les premiers bruits Doppler, vérifiant ainsi le bon positionnement de la sonde. La main la plus basse est chargée d’effectuer des manoeuvres de compression intermittente des masses musculaires et des veines sous-jacentes, afin de provoquer un bruit de chasse veineuse. Le relâchement de cette compression peut faire entendre un bruit prolongé de tonalité douce, signant un reflux. Ces manœuvres sont répétées autant de fois que cela est nécessaire, en remontant la sonde petit à petit le long du trajet veineux, sans perdre le contact auditif Doppler, jusqu’à trouver la limite supérieure du reflux. Il n’existe pas de dilatation veineuse évidente. On cherche alors à mettre en évidence des reflux le long des quatre trajets saphènes. En cas de télangiectasies sur la face externe des cuisses, il est judicieux de rechercher en leur centre un reflux signalant la présence d’une veine variqueuse. 2-4-2 : Résultat Le bruit observé pendant cette auscultation Doppler est caractéristique : Lors de la manoeuvre de compression, le bruit du flux ressemble à un filet d’air passant à travers un petit trou. Lors de la manoeuvre de décompression, s’il n’existe pas d’insuffisance veineuse, aucun bruit n’est perçu. Au maximum on peut entendre le bruit sec des valves qui se ferment pour empêcher le reflux sanguin. En cas de reflux, on entend un bruit caractéristique de coup de vent ou de « vagues s’écrasant sur la plage », d’abord fort puis faible, pour finir par disparaître. C’est le reflux. L’examen doppler, patient debout, permet d’optimiser de façon considérable l’examen physique. Cependant, il faut en connaître ses limites, entre autres au niveau du système veineux profond (mauvaise position de la sonde, superposition des trajets, difficulté Polycopié Phlébologie p.53 d’interprétation des sons). Avant une thérapeutique invasive, il faut recourir systématiquement à l’examen écho- doppler. 3 – EXAMEN PHYSIQUE PATIENT COUCHE 3-1 : L’inspection Cette nouvelle inspection, effectuée avec un éclairage différent, doit partir à la recherche d’une mycose interdigitale, d’un cal plantaire, d’une micro-ulcération, d’une atrophie blanche. Elle doit toujours se terminer par la palpation des pouls artériels, distaux et proximaux. Une mesure des pressions systoliques à la cheville sera effectuée en cas de doute ou chez les patients à risque, avec calcul de l’IPS. S’il existe un ulcère ou toute autre lésion cutanée, ils doivent être si possible photographiés et leur dimension mesurée. 3-2 : La palpation La palpation permet d’apprécier la texture des plans sous-cutanés profonds : présence d’un oedème, d’une hypodermite, d’adénopathies. La recherche d’un oedème est systématique. Au niveau des orteils, cette recherche se fait en pinçant fermement le dos de chaque orteil. Un orteil normal se laisse pincer mais aucun pli cutané ne reste en place. En cas d’oedème d’origine veineuse, l’orteil se laisse pincer facilement, la manoeuvre laissant en place un pli cutané (signe du godet au niveau des orteils). En cas d’oedème d’origine lymphatique, la face dorsale de la première phalange du deuxième orteil ne se laisse pas pincer (signe de Stemmer). Au niveau du dos du pied, de la cheville et de la jambe, on exerce une pression ferme et très prolongée du pouce, qui en cas d’oedème veineux, s’enfonce jusqu’au plan dur sous-jacent (la face interne du tibia par exemple). Une mesure de circonférence est faite à l’aide du centimètre souple, à au moins trois niveaux : à la partie la plus étroite de la cheville, à la partie la plus grosse de la jambe et à 10 cm audessus du bord supérieur de la rotule. L’hypodermite se recherche au tiers inférieur de la jambe, en général à la face interne. Ses limites sont précises. Sa consistance est dure. Elle est parfois traversée par de gros « canyons », témoins de varices associées. Dans les cas très rares où les varices ne s’affaissent pas en position jambes surélevées, on effectue une palpation douce et une auscultation le long des trajets veineux afin de rechercher un thrill ou un souffle, témoins de fistule artério-veineuse et le diagnostic est facilement confirmé par le doppler. Polycopié Phlébologie p.54 4 – LE RECUEIL DES DONNEES Toutes ces informations sont inscrites dans le dossier médical. Une fiche type standardisée permet de faciliter le recueil des données, d’optimiser son exploitation et sa transmission. On peut le résumer en cinq chapitres (cf. annexe). - Le motif de la consultation et l’histoire clinique. - Les antécédents - Les symptômes et les signes physiques, y compris les résultats de l’auscultation Doppler. - La conclusion diagnostique - Une première cartographie clinique sur un schéma pré-imprimé du contour des membres inférieurs (face + dos) sur lequel sont retranscrits la topographie des dilatations variqueuses et les éléments fournis par l’auscultation Doppler. D’autres informations telles que les pourtours d’un ulcère de jambe, peuvent être mentionnées. Ce schéma doit impérativement être légendé.( voire p.64) - l’orientation thérapeutique Polycopié Phlébologie p.55 b. Examens paracliniques non invasifs habituels REFERENTIEL DU COLLEGE DES ENSEIGNANTS DE MEDECINE VASCULAIRE : ECHO-DOPPLER DES VEINES SUPERFICIELLES ECHOGRAPHIE-DOPPLER DES VEINES SUPERFICIELLES DES MEMBRES INFERIEURS 1. GENERALITES Cet examen ne se justifie qu’en cas de varices visibles ou de symptômes de thrombose veineuse superficielle. Il doit toujours faire suite à un examen clinique artériel et veineux complet. Le réseau veineux superficiel des membres inférieurs comprend les réseaux de la grande et de la petite saphène qui sont mis en relation par les communicantes, et les veines non systématisées. Il est un affluent du réseau profond par les perforantes. Sur le plan méthodologique, il faut réaliser deux examens avec un capteur de haute fréquence (7.5 – 10 MHz) : - un premier, couché, à la recherche de séquelles thrombotiques obstructives ou d’une thrombose veineuse profonde évolutive, - un second, debout, explorant à la fois la continence du réseau veineux profond au niveau fémoral, poplité et jambier et la perméabilité et la continence du réseau veineux superficiel 2. ECHOGRAPHIE-DOPPLER DE LA GRANDE SAPHENE 2. a PREALABLE 2. a.1 Examen debout: Le malade sera toujours examiné debout sur le tabouret de phlébologie, face à l'examinateur, la jambe en rotation externe (pied à 45°) avec une discrète flexion du genou, de façon à dégager la fossette inguinale. Il faut refuser de pratiquer l’examen si le patient ne peut pas tenir suffisamment longtemps en orthostatisme. 2. a.2 Le repérage Il faut ensuite réaliser un examen clinique de repérage comportant : - la palpation de la crosse, avec épreuve de toux et d’hyperpression abdominale, - la recherche chez les femmes, de varices périnéales ou vulvaires dont le diamètre est en général de deux à trois millimètres, et qui sont bien vues à jour frisant, - l’exploration méticuleuse du canal de Hunter, - la recherche de perforantes, qui s’effectue au doigt et à l’oeil : au doigt, en passant ce dernier sur la varice et en cherchant un trou dans l’aponévrose (diagnostic différentiel : hernie musculaire) ; à l’oeil, en recherchant des perles cutanées qui sont des dilatations d’une varice en regard de l’orifice d’une perforante incontinente. Cette dilatation est souvent violacée Polycopié Phlébologie p.56 avec une peau atrophique. Ces perforantes sont essentiellement visibles au niveau jambier et du canal de Hunter. Les perforantes dilatées au-dessus du genou sont souvent incontinentes. Au-dessous du genou, cela est moins vrai. 2. a.3 Le schéma Au terme de cet examen clinique, il faut noter sur un schéma les différentes anomalies visibles (troncs, branches, varices autonomes) et les différents abouchements de perforantes individualisables cliniquement. 2. b L’EXPLORATION DE LA VEINE GRANDE SAPHENE 2. b.1 Méthodologie générale 2. b.1.1 Examen couché Il sert à la recherche de thromboses veineuses profondes ou superficielles (cf. chapitre correspondant) 2. b.1.2 Examen debout Examen sur l’escabeau de phlébologie Le patient est sur l’escabeau de phlébologie, la jambe en rotation externe (45°) avec une discrète flexion du genou, de façon à dégager la fossette inguinale. Repérage de la crosse Commencer par l’examen de la crosse en transverse de façon à la repérer. Pratiquer la mesure de son diamètre, environ 30mm après son abouchement. Réaliser à ce niveau, une recherche de continence près de la valve ostiale souvent visible surtout si la crosse est dilatée (Doppler couleur, puis Doppler pulsé si positif) en demandant au patient de réaliser une épreuve de Valsalva, puis en pratiquant des épreuves de chasse veineuse. Étude du tronc de la grande saphène Descendre en coupe transversale, sur le tronc de la grande saphène, le long de l’aponévrose. C’est le classique signe de l’oeil, car cette veine est dans le dédoublement aponévrotique. La grande saphène est donc assez profonde au niveau crural. A ce niveau, rechercher une grosse perforante, le plus souvent à l’union tiers moyen - tiers inférieur. Au canal de Hunter, il existe une dilatation quelquefois spectaculaire de la grande saphène, sans perforante associée pour autant. Repérage des branches saphéniennes Remonter vers la crosse et essayer de repérer les différentes branches de cette dernière, en particulier les veines périnéales, la saphène antérieure de cuisse et la saphène postérieure qui arrive à 90 ° de la face postéro-interne de la cuisse. Recherche des perforantes du groupe de Boyd Reprendre le tronc de la grande saphène et faire un Doppler couleur ou pulsé après chasse Polycopié Phlébologie p.57 tous les 50 millimètres dans l’idéal. Sous la tubérosité tibiale, la grande saphène revient en avant, laissant en arrière la saphène postérieure de jambe (ou veine arquée de Léonard). Suivre toujours le tronc de la grande saphène avec une recherche attentive des perforantes du groupe de Boyd qui descendent par un crochet le long du tibia (face interne). Evaluer l’aspect tortueux ou tubulaire des troncs de cuisses et de jambes. Mesurer la profondeur du tronc est parfois souhaitable (obèse). Recherche des perforantes de Cockett Remonter et suivre la veine arquée en cherchant les perforantes de Cockett qui sont, par définition, excentrées. Le repérage des perforantes s’effectue en Doppler couleur ou Doppler pulsé, bien dans l’axe. Noter cette perforante par un trait au crayon, puis mesurer la distance séparant cette marque du sol, avec un centimètre de couturier, à partir de la malléole interne. Son diamètre et l’importance du reflux sont en rapport avec le rôle de la perforante dans la maladie variqueuse. 2. b.2 Le problème des varices superposées Il arrive, en particulier au niveau jambier, qu’une branche postérieure de jambe s’insinue en avant par rapport au tronc de la grande saphène et que l’on ne sache plus trop, qui est qui. Ce phénomène se retrouve aussi sur la face postéro- interne du mollet avec des branches de la petite saphène. En pratique, dans ces cas, repartir du cou-de-pied où la grande saphène se repère très bien et remonter en incidence transverse. 2. b.3 les branches 2. b.3.1 Lorsqu’on voit partir une grosse branche, faire un Doppler couleur ou pulsé dès l’origine et à 1 ou 2 centimètres en amont, de façon à étudier sa continence. Puis suivre cette branche à la recherche d’une perforante excentrée incontinente. Cette recherche de perforante excentrée sur de grosses branches est importante, car elle doit être traitée sous peine de récidive précoce. 2. b.3.2 Pour chaque branche maîtresse ou stratégique, Évaluer sa topographie, sa continence, son caractère sinueux ou tubulaire. Noter le diamètre si les veines sont très dilatées. Il est parfois utile, en cas d’obésité, de mesurer la profondeur par rapport à la peau 2. b.3. 3 Rechercher des communicantes avec la petite saphène, la saphène antérieure de cuisse, voire la saphène postérieure de cuisse. 2. b.4 les perforantes 2. b.4.1 Les perforantes centrées sont les perforantes qui se jettent après un court trajet sus-aponévrotique dans le tronc Polycopié Phlébologie p.58 saphène. Elles doivent être indiquées car elles participent à la maladie variqueuse et conditionnent les modalités du traitement. 2. b.4.2 Les perforantes excentrées. Ces perforantes passent l’aponévrose et créent une varice autonome ou qui se jette dans une branche du réseau saphène. Ces perforantes doivent aussi être repérées pour adapter le traitement. Il faut bien mesurer leur hauteur par rapport à la malléole interne ou leur diamètre et leur profondeur par rapport à la peau. 2. b.4.3 Les perforantes mixtes. Une branche de la perforante peut se trouver sur un tronc saphène, l’autre branche étant excentrée et autonome. Elles sont à considérer comme des perforantes excentrées. 2. b.4.4 L’évaluation ultra-sonore des perforantes Celles-ci sont significatives quand leur diamètre est supérieur à 3 millimètres et dans ce cas un reflux doit être recherché ce qui signe leur caractère pathologique. La mise en place d’un garrot au-dessus d’une perforante incontinente est parfois utile. La plupart du temps, la perforante reste incontinente mais le reflux est beaucoup moins important, ce qui peut être pris en considération dans les décisions thérapeutiques. Un reflux bref, inférieur à une seconde, est très souvent sans caractère pathologique. Mesurer le diamètre de la perforante au point de passage de l’aponévrose. Pour les perforantes en baïonnette (Hunter, cuisse), il faut pratiquer deux mesures, la première au point de départ, la seconde au point de passage de l’aponévrose. La caractérisation ultra-sonore des perforantes doit comporter : - leur topographie : Scarpa, cuisse, Hunter, Boyd, Cockett…, - leur diamètre, - leur continence, - leur hauteur par rapport au talon ou au sol, - leur profondeur par rapport à la peau, - leur nature : ¾ perforante d’alimentation ou de réentrée, ¾ perforante simple ou ramifiée, ¾ perforante directe ou indirecte, ¾ perforante centrée ou excentrée. Polycopié Phlébologie p.59 2. b.5 Les différentes formes d’incontinence de la grande saphène 2. b.5.1 On distingue l’incontinence ostiale pure, l’incontinence tronculaire, l’incontinence ostio-tronculaire, l’incontinence de branche et, finalement, l’incontinence pseudo ou juxta-ostiale avec un reflux alimenté par des branches périnéales sous-cutanées abdominales ou épigastriques, s’abouchant un peu plus bas que la valve ostiale de la grande saphène. 2. b.5.2 Une forme ultrasonore à connaître est celle associant une grande saphène incontinente avec un reflux ostio-tronculaire jusqu’au genou, qui alimente une branche antérieure ou plus souvent postérieure de la grande saphène au niveau de la jambe. Le tronc grande saphène, épargné par la varicose, est continent et généralement de très petite taille. Il faut le mesurer, si son diamètre est inférieur à 2 mm, il ne devra pas être traité. 3. EXPLORATION ULTRA-SONORE DE LA PETITE SAPHENE 3. a PREALABLES 3. a.1 les préalables cliniques Le malade se tient debout sur l’escabeau de phlébologie, tournant le dos à l'examinateur, la jambe à explorer fléchie, prenant la position dite du « discobole ». Il faut refuser de pratiquer l’examen si le patient ne peut pas tenir suffisamment longtemps en orthostatisme. Il faut ensuite réaliser un examen clinique de repérage comportant : - la palpation du creux poplité, - la percussion du tronc petite saphène, - la recherche d’une veine de fosse poplitée (varice du creux poplité très sinueuse et superficielle), - la recherche de perforantes incontinentes. Les perforantes sont essentiellement visibles au niveau du creux poplité et en-dessous de ce dernier. Il s’agit alors des perforantes gastrocnémiennes internes, de la perforante polaire inférieure du jumeau interne de GILLOT, des perforantes de chevilles et des perforantes péronières. Devant un tronc petite saphène incontinent et dilaté, se méfier - d’une communication avec une grande saphène incontinente (veine de Giacomini…) - d’un reflux émanant d’une perforante du jumeau interne. Au terme de cet examen clinique, il faut noter sur un schéma (ex cf. p 65) les différentes anomalies visibles (troncs, branches, varices autonomes) et les différents abouchements de perforantes individualisables cliniquement. Polycopié Phlébologie p.60 3. a.2 les préalables anatomiques En principe, la petite saphène s’abouche dans la veine poplitée, trois à quatre centimètres au-dessus du pli cutané du genou. Le type d’abouchement est très variable - Le plus souvent, la petite saphène s’abouche dans la veine poplitée par l’intermédiaire d’une crosse et dans ce cas, une fois sur deux, il existe un tronc commun avec les gastrocnémiennes internes. Classiquement, l’abouchement est postéro-latéral. En cas de tronc commun jumellepetite saphène, l’abouchement est plus fréquemment postéro-interne. - Parfois, il n’existe pas de crosse et la cartographie permet de mettre en évidence trois grands types d’abouchement : ¾ une variété courte dans laquelle la petite saphène n’atteint pas la fosse poplitée pour s’aboucher soit dans la perforante gémellaire médiale, soit dans un arc inter-saphène sous le genou. ¾ une variété longue dans laquelle la petite saphène traverse la fosse poplitée pour constituer le premier segment de la veine de Giacomini. Parfois la petite saphène se termine dans la veine fémorale superficielle ou la veine fémorale profonde. ¾ une terminaison complexe de type plexiforme ou en delta de fleuve. La petite saphène se termine au dessus du pli du genou par l’intermédiaire d’un réseau peu systématisé se drainant dans le réseau des veines musculaires de la cuisse. Le tronc petite saphène - Il comporte deux segments, l’un sus et l’autre sous-aponévrotique. - La petite saphène pénètre classiquement l’aponévrose au tiers moyen de jambe. Les collatérales : - Au niveau de la crosse, on individualise essentiellement la veine fémoro-cutanée. Elle monte verticalement à la face postérieure de la cuisse pour se diviser au niveau du pli fessier en plusieurs branches. - A la jambe, on retrouve à la face interne, trois branches obliques et à la face externe, quatre branches plus transversales. Les communications inter-saphènes sont de trois ordres : - par un gros tronc veineux reliant la crosse petite saphène au tronc grande saphène de cuisse (veine de Giacomini). - par le réseau réticulaire de la face interne du mollet - par des communicantes directes, réalisant alors des arcs inter-saphènes. Les différents abouchements du tronc des gastrocnémiennes : - abouchement direct dans la veine poplitée à angle aigu - abouchement dans la concavité de la petite saphène. - abouchement double, dit en « lambda » à la fois dans la veine poplitée et la petite saphène. Polycopié Phlébologie p.61 2. b L’ECHOGRAPHIE-DOPPLER DE LA VEINE PETITE SAPHENE 2. b.1 Méthodologie générale Le patient debout sur le tabouret de phlébologie Le patient est debout sur le tabouret de phlébologie de dos, jambe fléchie en prenant la position du « discobole ». Repérer le tronc petite saphène Commencer par repérer le tronc petite saphène à mi-mollet et remonter jusqu’au creux poplité en coupe transversale. - En présence d’une crosse, localiser sa hauteur par rapport au pli du genou, mesurer son diamètre, sa profondeur, repérer sa face d’implantation et évaluer sa continence par une épreuve de chasse. - Rechercher dans le même temps une éventuelle bifidité veineuse poplitée. - Ensuite, explorer les gastrocnémiennes, en précisant leur diamètre, leur continence, leur niveau et leur face d’abouchement dans la veine poplitée et l’existence d’un tronc commun terminal avec la petite saphène (longueur à mesurer si possible). - Toujours au niveau de la fosse poplitée, il faut rechercher une veine de fosse poplitée, dont il faudra préciser si elle existe, le niveau et la face d’abouchement. - Terminer l’examen à ce niveau par la recherche des veines de Giacomini et fémoro-cutanée. Concernant la veine de Giacomini, préciser son calibre et sa continence. Concernant la veine fémoro-cutanée, en plus du calibre et de la continence, il est souhaitable de préciser sa hauteur de terminaison à la cuisse. Tronc petite saphène Descendre le tronc petite saphène en coupe transversale - Un peu en dessous de la crosse, il existe fréquemment une ectasie sans perforante associée. - Réaliser après chasse des tirs Doppler couleur pulsé tous les cinquante millimètres. - Repérer en descendant les différentes collatérales et étudier les variations de diamètre du tronc petite saphène par rapport aux abouchements de ces collatérales. - Evaluer, au passage, le niveau de perforation de l’aponévrose par le tronc saphène - Profiter de ce balayage jusqu’à la cheville pour dépister un éventuel dédoublement tronculaire. Étude des perforantes et des branches Ensuite, remonter en s’attachant à l’étude des perforantes et des branches. 2. b.2 Les branches - Lorsqu’on voit arriver une grosse branche, faire un Doppler couleur ou pulsé à son abouchement et à 1 ou 2cm, de façon à étudier sa continence. Puis suivre cette branche à la recherche d’une perforante excentrée. Polycopié Phlébologie p.62 - Pour chaque branche importante, évaluer sa topographie, sa continence, son caractère sinueux ou tubulaire. Noter le diamètre si les veines sont très dilatées. - Bien préciser le sens d’un éventuel reflux dans les anastomoses variqueuses entre branches grande saphène- petite saphène et perforante jumelle. En pratique, c’est plus facile à dire qu’à faire. Etudier attentivement les arcs inter-saphènes et rechercher leur site d’abouchement tronculaire: l’explication de varicoses complexes avec vol de territoire est quelquefois à ce prix. 2. b.3 Les perforantes Comme pour le territoire de la grande saphène, on distingue des perforantes centrées, excentrées ou mixtes. L’évaluation ultrasonore des perforantes doit en pratique évaluer le diamètre et le sens du flux de quelques groupes précis : perforantes gastrocnémiennes, perforantes polaires inférieures du jumeau interne de GILLOT, perforantes internes de cheville et perforantes péronières. 2. b.4 Les veines gastrocnémiennes Une ectasie des gastrocnémiennes internes (augmentation de diamètre très significative) serait un facteur de récidive précoce après traitement. Polycopié Phlébologie p.63 (Exemple de schéma de recueil des données de l’examen clinique et de l’écho doppler veineux ) CARTOGRAHIE VEINEUSE HEMODYNAMIQUE DES MEMBRES INFERIEURS NOM : Prénom : Date : MOTIF D’EXAMEN : DO: DO: 3cm 3cm DT: DT: DO: DO: 3cm 3cm DT: DT: JF Auvert 1993 Flux antérograde Reflux Perforante continente Saphène continente Collatérale continente Perforante continente Saphène incontinente Collatérale incontinente Ectasie Crossectomie Eveinage Atrophie blanche Ulcère Hypodermite Thrombose superficielle Polycopié Phlébologie p.64 c. Exploration fonctionnelle, place des différents examens L’exploration fonctionnelle évalue le degré de sévérité de l’Insuffisance Veineuse Superficielle et oriente le choix thérapeutique. Le doppler continu Le doppler continu reste un examen d’une grande simplicité, maniable, sensible et économique. Il est partie intégrante de l’examen clinique. Il évalue en première intention, par l’analyse du signal acoustique, la perméabilité du réseau veineux profond et les reflux. Examen des veines superficielles : le patient est examiné en position debout, une sonde de 8 ou 10 MHz est appliquée sur la peau en regard de la veine à examiner. Une compression brève d’amont provoque une chasse veineuse. Au relâchement, la perception d’un reflux persistant (> 1 sec.) témoigne de l’incompétence de la veine examinée. L’examen est réalisé sur l’ensemble du réseau veineux superficiel avec une attention particulière portée sur le trajet de la grande et de la petite saphène. La manoeuvre de Vasalva complète l’examen : l’augmentation de pression induite bloque normalement le flux, l’apparition d’un signal veineux témoigne de l’incontinence ostiale de la grande saphène. Examen des veines profondes : Il est habituellement réalisé en décubitus dorsal avec une sonde de 4 MHz au niveau de la veine poplitée et de la veine fémorale commune. La perméabilité est appréciée par la perception d’un flux phasique rythmé par la respiration et par des tests de chasse veineuse par compression large et brève du mollet amples (Cf. angioweb). En orthostatisme, l’évaluation de la continence valvulaire profonde peut être aussi appréhendée par une manœuvre de Vasalva et par compression musculaire du mollet en aval .Un reflux profond traduit le plus souvent un syndrome post thrombotique, plus rarement une insuffisance valvulaire profonde primitive. Chez le patient variqueux, la difficulté de l’examen doppler continu vient de la résolution spatiale du doppler qui limite l’identification anatomique précise des veines. Polycopié Phlébologie p.65 Les pléthysmographies (Cf. angioweb). En matière d’insuffisance veineuse superficielle, seule la photopléthysmographie à la cheville a un certain intérêt comme analogue de la mesure de pression veineuse ambulatoire. Il s’agit d’une méthode qualitative à réponse binaire avec pour paramètre principal le temps de remplissage veineux (inférieur ou supérieur à 20 sec). Un temps de remplissage veineux inférieur à 20 sec. est très évocateur d’un reflux veineux profond ou d’une incontinence de perforantes para-tibiales s’il persiste malgré un garrot à la cheville. Les limites majeures de cet examen est sa médiocre reproductibilité et le fait que la méthode n’est pas applicable à toutes les peaux (peaux foncées, dermite ocre foncée). La mesure sanglante de la pression veineuse (Cf. angioweb) Cette technique, considérée comme de référence, n’est pas utilisée en pratique quotidienne dans l’évaluation fonctionnelle des varices. L’exploration écho doppler pulsé / couleur. Cet examen s’est progressivement imposé et remplace désormais toutes les autres techniques. L’information fournie est visuelle et sonore, spatiale et précise. L’échographie en mode B visualise en noir et blanc l’ensemble des structures vasculaires et tissulaires; le doppler pulsé enregistre sous la forme d’un spectre de vitesses les flux et les reflux au sein des vaisseaux; le doppler couleur visualise ces flux. Le mode triplex associe dans la même sonde et dans le même temps, l’échographie mode B, le codage couleur des flux et l’analyse spectrale des vitesses ; ce mode est essentiellement utilisé pour la cartographie ou le repérage rapide des flux et des reflux . Le mode duplex associe simultanément l’échographie mode B et l’analyse spectrale, il est plus adapté pour une analyse hémodynamique des flux. Ainsi sont associées l’étude morphologique du système veineux et l’évaluation quantitative et qualitative des perturbations hémodynamiques induites par la pathologie veineuse suspectée. Polycopié Phlébologie p.66 Matériel et réglages La fréquence de sonde habituellement utilisée pour les varices est de 7,5 Mhz, soit sectorielle (micro convexe) soit linéaire pour une meilleure résolution en surface (de 7,5 à 10 Mhz) La maîtrise des paramètres de réglages conditionne une exploration optimale du réseau veineux superficiel: Focalisation de l’image proche du plan cutané pour améliorer la définition des structures vasculaires sous-cutanées Echelle des vitesses ou réglage du PRF, compris entre 8 et 12 cm/sec, ni trop bas pour ne pas exacerber l’imagerie des reflux (effet d’aliasing), ni trop élevé pour ne pas sousestimer des altérations fines et discrètes à faible vitesse d’écoulement Réglage du filtre réduit au minimum pour ne pas altérer l’analyse spectrale Réglage du gain général élevé sans provoquer d’artéfacts L’exploration duplex ou triplex des réseaux veineux profonds et superficiels est pratiqué avec les mêmes objectifs qu’en doppler continu. Il apporte la précision anatomique et la quantification des reflux. Les reflux sont notés avec une attention particulière en regard de la terminaison de la grande veine saphène et ses collatérales ainsi que l’abouchement - parfois complexe - de la petite veine saphène. Un reflux > 1 seconde est considéré comme pathologique. Le diamètre des veines sus et sous-fasciales, des crosses, des perforantes incontinentes est mesuré en orthostatisme. Doppler et écho-doppler : avantages et inconvénients Doppler Echo-doppler Prix +++ - Accessibilité ++ - Facilité d’utilisation ++ - Dépistage du reflux ++ +++ Repérage anatomique, visualisation de la veine - +++ Cartographie préopératoire - +++ Protocole d’examen dépendant ++ +++ Diagnostic de TVP - +++ Sensibilité et spécificité + +++ D’après Ramelet AA , Kern P, Perrin M -Varices et télangiectasies- Ed .Masson Polycopié Phlébologie p.67 La cartographie topographique des reflux est donc essentielle pour poser les bonnes indications thérapeutiques, et contrôler secondairement les résultats. L’imagerie écho-3D est le privilège d’appareillage écho-doppler « haut de gamme ». La reconstruction en 3 dimensions de l’imagerie ultrasonore offre une vision novatrice des structures vasculaires et du rapport intime qui lie le flux circulant et son voisinage pariétal. Elle reste du domaine de la recherche clinique et n’a que peu d’intérêt dans la pratique quotidienne. Place de l’écho doppler dans le traitement des varices. L’échographie en mode B apporte la précision et la sécurité de l’injection permettant l’accès à des territoires considérés jusqu’à présent comme peu commodes, difficilement accessibles voire à risque. L’écho-sclérose nécessite une parfaite maîtrise synchrone de l’examen ultrasonore et d’une gestuelle spécifique; son apprentissage est un prérequis indispensable. Dans le traitement endovasculaire des saphènes incontinentes par radiofréquence ou par laser endoveineux, l’écho doppler permet d’évaluer l’éligibilité des patients: mesure de la profondeur de la veine sous la peau, présence d’une duplication, d’un anévrisme veineux, étude des collatérales de la jonction saphéno fémorale. Il facilite le cathétérisme et la réalisation de la procédure. La transillumination : La transillumination exploite une source de lumière froide au contact de la peau pour repérer le réseau veineux superficiel sous-cutané peu visible ou non à l’œil nu. Son principe consiste à mettre en évidence, grâce à la différence de réfraction et d’absorption de la lumière au niveau des tissus, une grande partie du réseau veineux intradermique situé dans les 3 premiers millimètres sous l’épiderme. Les varices réticulaires sont particulièrement Polycopié Phlébologie p.68 bien visibles ainsi que les branches variqueuses sous dermiques le plus souvent peu ou mal repérable par écho Doppler. Gage de sécurit, elle améliore la pratique de la sclérothérapie de ces petits vaisseaux et facilite la précision du marquage de petites varices destinées à la phlebectomie chirurgicale. Les explorations radiologiques Les explorations radiologiques du réseau veineux utilisent les produits de contraste radioopaque. La phlébographie La phlébographie ascendante par ponction d’une veine du pied fut largement utilisée jusqu’en 1990 pour l’évaluation de la perméabilité des troncs veineux profonds. Elle était parfois complétée par une phlébographie descendante par ponction fémorale pour l’évaluation de la continence valvulaire profonde. La phlébographie poplitée dynamique fut elle aussi pratiquée pour l’évaluation précise de l’abouchement de la PVS avant un geste chirurgical. La varicographie répondait elle aussi à des préoccupations chirurgicales pour étudier les réseaux variqueux complexes. Le phlébo-scanner Le phlébo-scanner remplace aujourd’hui la phlébographie ascendante classique grâce au scanner hélicoïdal 64 barettes à partir d’une injection de produit de contraste dilué par ponction du pied (Cf. chapitre phlébo-scan). Polycopié Phlébologie p.69 Phléboscanner Clichés du Dr. JF Uhl Polycopié Phlébologie p.70 Apport de l’écho doppler au cours de la sclérothérapie par micromousse échoguidée : Visualisation au doppler couleur d’artériole(s) voisine(s) du champs de la sclérose notamment aux jonctions avec le réseau profond (PVS ) ou de perforantes proches du plan cutané (perforantes médiales jambières notamment) Guidage du cathéter court ou long, ou d’un microperfuseur lors du cathétérisme des troncs saphènes Microperfuseur 0,7X22 G Extravasation de mousse coupe transversale Visualisation de l’extrémité de l’aiguille au cours d’une ponction directe ou avant injection (jusqu’à 30G dans des veines de calibre < 2 mm) Contrôle instantané de l’extravasation du produit sclérosant en cas de fausse manœuvre entraînant l’arrêt immédiat de la procédure Suivi du produit sclérosant mousse échogène sur l’ensemble du territoire traité. Pointe microfine G30 coupe transversale Mousse à la jonction saphéno fémorale . l it di l Contrôle de l’efficacité immédiate de la procédure par la visualisation d’un spasme sur l’ensemble du territoire traité quelques minutes après l’injection. Spasme coupe transversale Polycopié Phlébologie p.71 5. LES OBJECTIFS ET INDICATIONS DU TRAITEMENT a. Traitement des troncs saphènes OBJECTIFS DU TRAITEMENT DES VARICES Les varices constituent un signe de maladie veineuse chronique mais elles n’en sont pas la seule cause. Cependant, les anomalies hémodynamiques liées au reflux dans le réseau variqueux sont susceptibles d’entraîner ou d’aggraver les troubles du retour veineux et d’augmenter les risques de complications. Les varices sont aussi responsables de symptômes intrinsèques (phlébalgies), voire de complications (thromboses, hémorragies, eczéma variqueux et troubles trophiques). De ce fait, le traitement interventionnel des varices est le plus souvent nécessaire mais il convient toujours d’envisager l’abstention et la conservation partielle du réseau variqueux ou incontinent. Les objectifs du traitement sont de plusieurs ordres : - Répondre à la demande du patient, qu’elle soit formulée clairement on non, - restaurer une hémodynamique satisfaisante (suppression du reflux et du réservoir), - éviter l’aggravation de la maladie ou la survenue de complications. 1- Le point de vue du patient Il est important de bien comprendre quelles sont les raisons qui poussent le patient à se faire traiter. On observe des motifs de consultation variables tels que : symptomatologie, esthétique, crainte d’une aggravation ou de complications (surtout dans les formes familiales), restriction des activités, troubles émotionnels. Pour les patients adressés par leur médecin traitant, l’analyse de leurs besoins doit être aussi précise que pour ceux qui consultent spontanément, elle est souvent moins simple. La satisfaction du motif principal de consultation, si elle est possible, est un objectif majeur du traitement. Si le patient n’est pas satisfait, cela signifiera un échec du traitement, même si, par exemple, le reflux a été aboli. Par ailleurs, la vulgarisation de la médecine et le bouche-à-oreille peuvent inciter certains patients à avoir, a priori, des préférences en ce qui concerne la méthode de traitement. De même, certains patients rejettent la chirurgie ou la sclérothérapie pour des raisons personnelles ; il faut s’efforcer de les respecter. L’indication thérapeutique chez les patients « non demandeurs », adressés par leur médecin traitant, est particulièrement délicate et justifie des explications préalables claires et détaillées. Polycopié Phlébologie p.72 Dans tous les cas, le consentement éclairé du patient doit être obtenu ; il doit reposer sur l’exposé BAR (bénéfices, alternatives, risques). 2- Le point de vue du praticien Le traitement doit reposer sur des concepts physiopathologiques cohérents et si possible validés. Il doit être le moins dangereux possible, peu douloureux, peu immobilisant, cosmétiquement satisfaisant (peu de cicatrices, pas de pigmentations, pas de matting), d’un prix acceptable, mais il doit aussi être efficace (disparition des varices, disparition des reflux, amélioration hémodynamique globale, réduction des récidives, etc..) et validé. Pour le praticien la sédation des symptômes et la prévention des complications restent des objectifs incontournables. En raison du caractère protéiforme de la maladie variqueuse, il nous semble plus facile de raisonner en fonction des lésions élémentaires constitutives de chaque cas, le traitement final sera ensuite l’association des diverses méthodes les plus adaptées à chacune de ces anomalies. Autrefois on disposait d’une méthode : « la crossectomie-strippping », et on l’utilisait pour tous les patients. Désormais on analyse les lésions, on prend en compte l’avis du patient et on pratique un traitement à la carte. JUSTIFICATION DU TRAITEMENT DES VARICES : - prévention primaire ou secondaire des complications aiguës et chroniques : nous manquons de preuves, seule la chirurgie a démontré (étude ESCHAR) qu’elle réduisait les récidives d’ulcère. Ceci étant, s’il n’y a plus de varices, il n’y a plus d’eczéma variqueux, plus d’hémorragie variqueuse, ni de thrombose veineuse superficielle variqueuse. - Indication fonctionnelle. Certains signes et symptômes en rapport avec les anomalies hémodynamiques bénéficient nettement du traitement des varices : phlébalgies, sensation de gonflement, impatiences. Enfin, de nombreux symptômes sont imputés sans raison à des « troubles circulatoires ». On retrouvera fréquemment des rhumatismes abarticulaires, des hernies discales et des rétrécissements canalaires dont le diagnostic doit être fait avant le traitement des varices, ce dernier n’ayant guère de chance de les améliorer ! - Indication esthétique ; elle est souvent le point d’appel et permet ainsi d’intervenir en prévention, voire de réduire la symptomatologie comme on l’observe avec la sclérothérapie extensive des varices réticulaires. - Méthodes adjuvantes. En complément ou à la place du traitement des varices, on aura besoin de mesures de comportement de santé, de compression élastique, de Polycopié Phlébologie p.73 médicaments phlébo-actifs, de physiothérapie. Ces traitements, à condition d’être bien compris, sont loin d’être négligeables. INDICATIONS DANS LE TRAITEMENT DE L’INSUFFISANCE DES VEINES SAPHENES Dans l’insuffisance de la veine grande saphène, une cartographie hémodynamique précise est un préalable impératif, c’est d’ailleurs vrai pour toutes les varicoses, même cliniquement minimes, car les surprises sont nombreuses. En effet, tout autant que la mesure des diamètres à divers niveaux, la détermination de la topographie du reflux revêt une importance capitale. La continence des dernières valves (terminale et pré-terminale), le niveau d’abouchement des collatérales de la crosse, le niveau du reflux dans les insuffisances tronculaires incomplètes, la présence de perforantes insuffisantes du canal fémoral, de perforantes de réentrée au niveau médio-jambier, de collatérales extra-fasciales prédominantes, etc.., sont des éléments permettant une approche plus spécifique de chaque cas. Le principe qui prévalait en matière de chirurgie était la supériorité de l’association crossectomie + stripping. Les méthodes endo-veineuses nous ont montré que la crosse pouvait être respectée, d’autres travaux mettent en relief l’importance de la suppression du réservoir variqueux, susceptible de restaurer ou d’améliorer le fonctionnement des valves tronculaires (ASVAL) ; le choix d’une méthode découle donc de l’identification et du choix de ses cibles. Il est nécessaire de bien réfléchir à l’utilité réelle de la suppression de la grande saphène, lorsque son incontinence n’est pas complète, ou que son diamètre est modéré, ou encore que le réservoir variqueux est prédominant. La suppression d’une saphène peu dystrophique chez un sujet jeune est un geste qu’il ne faudrait pas regretter par la suite. Les cas où la collatérale médiale de cuisse est plus volumineuse que le tronc de la GVS et s’y abouche au tiers supérieur de cuisse doivent inciter au respect du tronc et de la jonction. Si des travaux récents remettent en cause les dogmes de la crossectomie et du stripping, pourtant antérieurement validés par certaines études, il est probable que cela découle aussi d’une meilleure analyse écho-doppler et d’une sélection des patients dans les études. La chirurgie classique reste une technique valable pour de nombreuses varicoses sévères. Il n’en est pas moins vrai que la chirurgie classique devrait être pratiquée sous anesthésie locale et en ambulatoire. Avec l’apparition de la sclérothérapie à la mousse écho-guidée, la sclérothérapie conventionnelle des axes saphènes (avec sclérosant liquide, avec ou sans échoguidage) se voit réduite à un rôle très accessoire. En cas d’incontinence valvulaire de la veine Grande Saphène, il reste donc à choisir entre : - La chirurgie d’exérèse (crossectomie-stripping, stripping sans crossectomie,) Polycopié Phlébologie p.74 - la conservation de la saphène (ASVAL, CHIVA), - les méthodes endo-veineuses thermiques (Laser, Radio fréquence Closure®, ClosureFAST®) - et la sclérothérapie à la mousse échoguidée. L’ANAES n’a retenu que la chirurgie (crossectomie + stripping), le Laser Endo-Veineux, la Radio-Fréquence, et la Sclérothérapie échoguidée à la mousse. Les résultats à court et moyen terme indiquent que la sclérothérapie échoguidée à la mousse n’est pas inférieure aux autres méthodes, mais les résultats à long terme ne sont pas encore disponibles. Choisir un traitement des saphènes par sclérothérapie à la mousse échoguidée est une option de plus en plus fréquente, mais elle a des prérequis et des corollaires fondamentaux : - La formation et l’expertise du praticien la réalisant (indications, pratique de l’écho doppler, pratique des injections sclérosantes et des ponctions échoguidées) - La bonne compréhension et l’accord patient-praticien sur un programme de traitement demandant parfois plusieurs séances, des injections répétées, des contrôles écho doppler répétés - Des bénéfices importants tels que : procédures courtes et totalement ambulatoires, sans anesthésie même locale, avec un excellent résultat esthétique, et un prix de revient très intéressant. Les méthodes endoveineuses thermiques sont au nombre de deux : laser endoveineux, traitement par radio fréquence Closure®. Ces méthodes sont employées depuis environ 7 ans, elles donnent de bons résultats mais il n’existe pas d’étude comparative au-delà de 2-3 ans. 3- L’évaluation des résultats est-elle possible et peut-elle influencer le choix du traitement ? Sur quels critères peut-on juger de l’efficacité d’un traitement des varices ? Pour les patients les plus gravement atteints, un élément assez facile à apprécier est l’ulcère. On peut connaître le temps nécessaire à sa guérison, le délai avant récidive (ou apparition), le taux de récidives ulcéreuses, la vitesse de cicatrisation (par mesure de surface), mais les patients C5 et C6 sont peu nombreux et loin d’être les seuls à se faire traiter. En revanche, pour les autres patients, nous manquons de critères d’évaluation. Il est habituel de juger le résultat sur la disparition du reflux dans une ou plusieurs veines cibles, mais ce n’est qu’un critère hémodynamique, imparfaitement corrélé à l’amélioration clinique, de plus, les risques d’erreur ne sont pas négligeables. Le temps de retour veineux (TRV) mesuré en pléthysmographie est peu diffusé. Il s’agit pourtant d’une mesure globale intéressante. Nous ne disposons pas de critère biologique spécifique, ni de moyen simple de mesurer l’importance des varices. La mesure de l’œdème est possible, mais tous les patients n’en présentent pas. Polycopié Phlébologie p.75 Enfin, l’évolutivité de la maladie variqueuse est éminemment variable d’un patient à l’autre, et cet aspect du problème est encore mal compris et observé seulement après coup ou soupçonné grâce au sens clinique du praticien. Pourtant, cette évolutivité conditionne non seulement le suivi, mais aussi la prise en charge initiale. Des facteurs de risque comme l’hérédité, les futures grossesses et le statut professionnel sont à prendre en compte. Le traitement unique, idéal et indiscutable des varices n’existe pas, deux choix contradictoires peuvent être parfaitement pertinents, nul ne peut affirmer détenir la vérité. Nous proposons ci-dessous un tableau d’ « aide » à l’indication pour les situations les plus courantes. Tableau résumant les choix thérapeutiques possibles dans les insuffisances de la Veine Grande Saphène Diamètre VGS Niveau supérieur d’incontinence valvulaire TERMINAL PRE-TERMINAL TRONCULAIRE Abstention, Abstention, Abstention, Sclérothérapie Sclérothérapie Sclérothérapie échoguidée à la échoguidée à la échoguidée à la mousse mousse mousse Sclérothérapie Sclérothérapie Sclérothérapie échoguidée à la échoguidée à la échoguidée à la mousse mousse, mousse, Laser EV, Laser EV, Closure®, Phlébectomie Closure® Phlébectomie ambulatoire, Crossectomie-stripping ambulatoire Crossectomie- Laser EV, Closure®, Sclérothérapie stripping, Sclérothérapie échoguidée à la Laser, Closure®, échoguidée à la mousse, Sclérothérapie mousse Phlébectomie 15 cm ss ostium Diam < 5mm 5mm<Diam < 8mm 8mm<Diam<12mm ambulatoire ? échoguidée à la mousse Diam > 12mm Crossectomie- exceptionnel exceptionnel stripping, Laser EV Polycopié Phlébologie p.76 La sclérothérapie à la mousse échoguidée est adaptée à la plupart des cas d’insuffisance de la petite saphène. Les autres méthodes sont plus lourdes (crossectomie stripping) ou grevées de plus de complications. La question de la récidive par reperméabilisation après sclérose mérite d’être mieux précisée, mais n’est pas rédhibitoire en raison de la simplicité de la reprise. Quelques saphènes de très gros diamètre sont du ressort de la chirurgie ou du laser. Dans les cas où un traitement chirurgical est indiqué, l’anesthésie locale (tumescente) doit désormais être utilisée aussi souvent que possible. CONCLUSIONS PRATIQUES : Les éléments clés de l’indication : - Pourquoi le (la) patient(e) veut-il (elle) se faire soigner ? - Classification CEAP de la MVC, niveau 2 d’exploration (avec échodoppler +/pléthysmographie) - Estimation de son évolutivité (famille, environnement, hormones, grossesse) - Délai de mise en oeuvre du traitement - Echo doppler Veineux (profond, superficiel, perforantes) + cartographie avec étude des reflux et diamètres - Caractère primitif ou secondaire des varices - résultats du traitement conservateur seul (comportement de santé, compression, veinoactifs, physiothérapie) L’analyse hémodynamique doit s’efforcer de reconnaître les responsabilités respectives des diverses veines anormales et doit permettre de proposer un traitement à la carte logique et le moins agressif possible à la lueur de nos connaissances récentes, le choix des meilleurs outils pour y parvenir étant fait en dernier. Polycopié Phlébologie p.77 b. Traitement des troncs non saphènes Traitement des varices non saphènes et des collatérales saphènes A Sclérothérapie On distingue les collatérales des systèmes saphènes et les veines indépendantes des systèmes grande et petite saphène. 1- Sclérothérapie des collatérales saphènes. Ces varices sont souvent associées à un reflux tronculaire. Les collatérales sont habituellement traitées après la suppression de ce reflux tronculaire. Le principe est de ne pas traiter les collatérales s’il persiste un reflux dans la saphène, ce qui augmente le risque de complications locales (douleurs, inflammation, pigmentation). Il est souhaitable d’obtenir une sclérose aussi complète que possible des collatérales variqueuses des saphènes, ce qui réduira le risque de récidive. Technique : Il est souhaitable d’utiliser le contrôle échographique chaque fois que possible. Quand l’injection n’est pas échoguidée, il faut vérifier en échographie le bon remplissage du réseau à traiter si on utilise la mousse. Matériel : seringues à usage unique de 2.5 ml, aiguilles de 22 à 26 G. Produits, concentrations et volumes. Les produit couramment utilisés sont le Polidocanol (AETOXISCLEROL®) et le tétradécylsulfate de sodium (TROMBOVAR®). La concentration sera plus faible que pour le traitement du tronc saphène : 0.5 à 1 % sous forme liquide, 0.25 à 0.5 % sous forme de mousse pour ces deux produits. Le volume de chaque injection sera relativement faible (0.5 à 2 ml). Le volume total dépendra du réseau à traiter, en général inférieur à 10 ml. Traitement post procédure. La compression n’est pas systématique, mais le patient doit posséder une compression de classe 2 qu’il portera quelques jours en cas de douleurs ou d’inflammation. Cas particuliers Varices du pied et de la cheville. Le traitement des varices du pied par sclérothérapie est possible. Il faudra être prudent, utiliser des doses et volumes plus faibles. Le risque d’atteinte du réseau profond ou d’injection intra artérielle (gouttière rétro-malléolaire) est peut être plus élevé. Polycopié Phlébologie p.78 2- Sclérothérapie des troncs en dehors des territoires des grande et petite saphènes On envisagera successivement le traitement de la saphène accessoire antérieure (de cuisse), de la collatérale postérieure de cuisse, des varices d’origine périnéales des varices du nerf sciatique et du nerf sural. La saphène accessoire antérieure (de cuisse), peut être alimentée par un reflux ostial de la grande saphène, des collatérales de la paroi abdominale ou des veines provenant du pelvis. Elle peut aussi se jeter isolément dans la veine fémorale commune. Elle est intra fasciale sur ses 10 à 15 derniers cm, elle est sus-fasciale en distalité. Il existe un risque élevé de pigmentation qui doit faire discuter une alternative chirurgicale (phlébectomie élective). Lorsqu’il existe un assez long segment intra fascial, il peut être traité par échosclérothérapie selon les mêmes modalités que la grande saphène (avec des volumes et des concentrations inférieures). Dans un deuxième temps, le segment susfascial sera traité avec des concentrations faibles (Aetoxisclérol® ou Trombovar® 0.25 à 0.5 % mousse) La saphène accessoire postérieure de cuisse ou veine de Giacomini relie la petite et la grande saphènes. C’est une très bonne indication de l’échosclérothérapie. Le patient est positionné en décubitus ventral. Les concentrations et les volumes sont modérés (Aetoxisclérol ou Trombovar 1 % mousse 1.5 à 4 ml en fonction du spasme et du remplissage de la veine) Les varices d’origine périnéale sont très fréquentes et alimentent le réseau grande saphène et sont à l’origine de récidives après crossectomie-stripping. Elles se traitent facilement par sclérothérapie. Le patient est assis, la jambe pendante en dehors de la table pour les varices du périnée antérieur et en décubitus ventral pour le périnée postérieur. Ces veines ne nécessitent que de faibles concentrations (Aetoxisclérol ou Trombovar 0.5 % mousse). Ici l’utilisation de l’échoguidage n’est pas toujours possible. La veine persistante du nerf sciatique est facilement repérée dans un dédoublement du fascia situé latéralement à la petite saphène. Elle a ensuite un trajet intramusculaire à partir du tiers moyen de la cuisse et se draine dans la fémorale profonde. Elle peut être traitée par échosclérothérapie en l’injectant au-dessus ou au-dessous du genou selon les mêmes modalités que la petite saphène. La veine du nerf sural où veine inter gémellaire a un trajet parallèle à la petite saphène, mais située sous le fascia, alors que la petite saphène est intra fasciale. Cette veine ne peut être traitée que sous contrôle échographique ce qui permet de localiser l’artère petite saphène. Polycopié Phlébologie p.79 Phlébectomies La phlébectomie est souvent la technique de choix pour la saphène accessoire antérieure de cuisse. Polycopié Phlébologie p.80 c. Traitement des perforantes I INTRODUCTION Le réseau des perforantes est un système veineux qui fait communiquer le réseau veineux superficiel avec le réseau veineux profond. Son fonctionnement ainsi que son rôle exact dans le retour veineux n’est pas parfaitement élucidé. Classiquement, il est dit que le sang va de la superficie au réseau veineux profond, donc qu’une perforante pathologique est une veine dont le flux va de la profondeur vers la superficie, ce qui n’est pas toujours le cas. Le rôle d’une perforante dans un reflux saphène, dans une volumineuse varice ou dans l’apparition de troubles trophiques, particulièrement lorsqu’il existe un reflux profond n’est pas clair. Un bon examen clinique reste la pierre angulaire de l’examen du malade variqueux afin d’évaluer la maladie veineuse superficielle et d’apprécier l’importance des troubles trophiques, néanmoins il a montré ses limites en ce qui concerne les perforantes et seul l’écho-doppler permet de les repérer avec certitude et d’apprécier leur continence. Dans la mesure où la place de chaque traitement n’est pas clairement établie, il nous est paru important de mieux définir le rôle de la sclérothérapie dans le traitement des perforantes pathologiques. II PHYSIOPATHOLOGIE Les valves des perforantes sont dirigées de façon à ce que le sang aille du système veineux superficiel au système veineux profond, pour le pied le flux est bidirectionnel. Parfois les perforantes sont dépourvues de valves, c’est la compression de la perforante contre le fascia qui empêche le reflux. Sur le plan hémodynamique, on distingue : • Les perforantes incontinentes. Toute perforante dilatée n'est pas incontinente et seule l'étude hémodynamique par doppler pulsé ou couleur permet d'arriver à cette conclusion. Une perforante incontinente peut être une perforante d'alimentation et être la source principale, voire unique d’un reflux (perforante du canal fémoral, perforante de la fosse poplitée...), mais elle peut également garder, au moins partiellement, une fonction de drainage (perforante tibiale postérieure). • Les perforantes continentes. Par définition, il s'agit essentiellement de perforantes de drainage (sens du flux veineux physiologique, de la superficie vers la profondeur). Il existe aussi des perforantes dont le flux est bidirectionnel mais dont la fonction est le drainage et qui doivent être respectées. Polycopié Phlébologie p.81 III DIAGNOSTIC CLINIQUE ET COMPLEMENTAIRE La recherche des perforantes doit faire partie intégrante de l'exploration initiale de tout patient variqueux. a) L'examen clinique se fait en orthostatisme, on peut retrouver une voussure cutanée, une ectasie ou blow-out, la palpation montre un trou du fascia mais il a montré ses limites : - au plan topographique : faux-positifs (passage du fascia de la grande saphène, boucle veineuse, hernie musculaire...) et faux-négatifs (difficulté de reconnaître une perforante au sein d'ectasies variqueuses, perforantes de petite taille, obésité, troubles trophiques...) ; - au plan hémodynamique : toute perforante dilatée n'est pas incontinente (l'exemple type est la perforante tibiale postérieure) et inversement, une perforante de petite taille peut être le siège d'un reflux. b) L’écho-doppler C’est un examen indispensable (cf. chapitre exploration). c) La phlébographie : ascendante ou varicographie était le gold standard jusqu’à l’avènement de l’écho doppler couleur. Actuellement elle n’a plus réellement d’indication. Seul le phléboscan hélicoïdal pourra être indiqué dans certains cas complexes. IV SCLEROTHERAPIE DES PERFORANTES a) Technique : toutes les publications récentes ainsi que les recommandations de l’ANAES ne parlent que d’écho-sclérothérapie. La sclérothérapie des perforantes sans échoguidage ne devrait plus être pratiquée. Le biseau de l’aiguille doit se trouver dans le champ ultrasonique et le produit injecté (mousse) doit être visualisé en permanence. L’injection se fait dans la varice à proximité de la perforante et non dans la perforante directement. A la jambe, la compression après procédure peut limiter les réactions inflammatoires. b) Complications : le risque de nécrose cutanée (artère satellite) est plus élevé si la perforante est injectée directement. c) Résultats : Les résultats paraissent bons dans les différentes séries mais les récidives sont fréquentes pour les perforantes de cuisse. d) Indications et contre-indications. Aucune étude n’a été publiée sur la sclérothérapie à la mousse des perforantes mais la sclérose des perforantes jambières peut exposer à des risques de thrombose. La sclérothérapie des perforantes est contre-indiquée lorsqu’elles siègent au sein d'une hypodermite aiguë. L'hypodermite chronique ou l'ulcère veineux représentent par contre une bonne indication à une sclérose à condition de scléroser à distance. Polycopié Phlébologie p.82 Photo 1 : perforante en échographie mode B Photo 2 : perforante en échographie-doppler couleur Polycopié Phlébologie p.83 d. Traitement des télangiectasies et veines réticulaires Traitement des télangiectasies et veines réticulaires - Indications Nous ne considérerons dans ce chapitre que les télangiectasies s’intégrant dans la maladie veineuse chronique mais il est important de rappeler que des télangiectasies peuvent se rencontrer au décours d’affections diverses, inflammatoires ou autres. Les télangiectasies et les varices réticulaires représentent une demande importante, et sans doute croissante, de consultations phlébologiques pour des raisons esthétiques. Le traitement des télangiectasies et des veines réticulaires pourrait améliorer la symptomatologie veineuse. Chez les patients âgés, les télangiectasies peuvent atteindre des diamètres importants, constituant ainsi des lésions potentiellement hémorragiques. Le médecin vasculaire doit toujours penser que les télangiectasies et les veines réticulaires peuvent être la conséquence d’une altération ou d’un dysfonctionnement du réseau veineux profond, superficiel ou des veines perforantes. Leur prise en charge thérapeutique ne se conçoit qu’après un examen complet des différents réseaux veineux des patients, clinique et par écho-doppler : systèmes veineux profond, superficiel et des veines perforantes. L’identification de varices, saphènes ou non saphènes, impose de traiter d’abord ces reflux avant de traiter les télangiectasies. Télangiectasies Plusieurs classifications des télangiectasies ont été proposées. Selon leur aspect, il est possible de distinguer : - des télangiectasies linéaires centrées sur une veinule d’alimentation, pouvant dessiner des arborescences en bouquets ou en forme de « pin maritime » ; - des télangiectasies linéaires non centrées ; - des télangiectasies angiomateuses ; - des télangiectasies de type « matting » ; - des télangiectasies se développant sur plusieurs plans en un même site. Les télangiectasies centrées avec une veinule d’alimentation sont les plus fréquentes et les plus faciles à traiter par sclérothérapie. Il est classique de distinguer les télangiectasies rouges et bleues, la couleur dépendant du diamètre et de la profondeur. Les télangiectasies bleues correspondent à des dilatations importantes souvent palpables ; les télangiectasies rouges sont plus superficielles et plus fines. Les télangiectasies sont le plus souvent alimentées par des veines réticulaires situées dans l’hypoderme qui doivent être traitées préalablement sous peine d’échec ou de récidive précoce. Deux formes cliniques méritent d’être distinguées : Polycopié Phlébologie p.84 - le syndrome des « chaussettes rouges » correspondant à des télangiectasies très fines, très superficielles, situées au dos des pieds, des chevilles et des jambes. La limite supérieure est le plus souvent horizontale donnant une impression visuelle de chaussettes rouges. Elles peuvent être traitées par micoscléroses. En cas d’impossibilité liée à la finesse des vaisseaux on pourra proposer un traitement par laser KTP ou bien une électrocoagulation. - la corona phlebectatica qui se présente sous la forme d’une nappe de télangiectasies située au niveau de la face médiale du pied et dans la région sous-malléolaire. Elle est habituellement considérée comme étant un des premiers signes de décompensation de la maladie veineuse chronique mais elle est moins significative chez la personne âgée. Son traitement est celui de l’affection veineuse chronique sus-jacente. Enfin les télangiectasies pré-hémorragiques imposent un traitement rapide (le plus souvent par sclérothérapie) afin de prévenir une complication pouvant être dramatique. Veines réticulaires L’échographie haute fréquence permet d’identifier des veines de très petit diamètre et d’orienter la transillumination dont l’apport est important dans la visualisation de la varicose réticulaire. La transillumination consiste en l’application d’une lumière froide sur la peau, le faisceau lumineux se réfléchissant sur le fascia fait apparaître les veinules sous-dermiques en contre-jour. Il est ainsi possible de réaliser une véritable cartographie des télangiectasies et de la varicose réticulaire d’alimentation. Selon Hebrant et Collignon (travaux non publiés) la transillumination pourrait permettre de classer la varicose réticulaire. Les veines réticulaires peuvent être traitées par sclérothérapie dans le même temps ou lors d’une autre séance lorsque le praticien traitera les télangiectasies ou les varices à proximité. S’il a choisi l’option d’un traitement des varices par phlébectomies, il pourra alors compléter ce traitement par l’ablation au crochet des veines réticulaires. Polycopié Phlébologie p.85 6. LES DIFFERENTES TECHNIQUES a. Produits sclérosants et mécanismes d’action (produit, concentration et volume) LES AGENTS SCLEROSANTS Trois agents sclérosants ont l’AMM : le lauromacrogol 400 (Aetoxisclérol tamponné®), le tétradécyl-sulfate de sodium (Trombovar®) et la glycérine chromée (Sclérémo®). Les deux premiers sont des détergents entraînant une rupture de la barrière endothéliale. Ils agissent sur les jonctions endothéliales. Le troisième est un agent irritant chimique à l’origine d’un effet toxique direct sur les cellules endothéliales. 1- Le lauromacrogol 400 (Aetoxisclérol tamponné®), - L’hydroxy- polyéthoxy- dodécanol ou polidocanol (Aetoxisclérol®) a été découvert en Allemagne en 1966 puis commercialisé en 1976. Par la suite cette même molécule a été fabriquée sous le nom de lauromacrogol 400 avec adjonction d’un tampon hydrogénophosphate. - Il se présente en ampoules de 2 ml aux concentrations de 0,25 % (5mg de lauromacrogol), 0,5 % (10mg de lauromacrogol), 2 % (40mg de lauromacrogol) et 3 % (60mg de lauromacrogol). Chaque dosage est identifié par une couleur sur la boîte et l’ampoule afin de limiter le risque d’erreur. La gamme de concentration est large et évite le recours aux dilutions et les manipulations à risque septique. - La dose maximale injectable par séance est de 4 ml quel que soit le dosage, soit deux ampoules. - Compte tenu de la gamme des concentrations, cette molécule couvre l’ensemble des indications de la sclérothérapie. Le lauromacrogol 400 est utilisable sous forme liquide ou mousse. - Avantages : La tolérance du produit est bonne avec une injection intraveineuse généralement indolore. Les réactions allergiques sont rares. Il est incolore et fluide, ce qui facilite la recherche et la visualisation du reflux lors des injections en utilisant la forme liquide. Son action est assez reproductible et rapide. L’injection extravasculaire est douloureuse d’emblée, ce qui est un avantage en terme de sécurité, limitant ainsi le risque de nécrose tissulaire. - Inconvénients : sous forme liquide, son efficacité est limitée sur les varices de gros calibre. La solution contient de l’éthanol. Polycopié Phlébologie p.86 - Contre-indications et précautions d’emploi spécifiques : allergie connue au lauromacrogol 400, intolérance à l’alcool ou traitement par des médicaments provoquant une réaction antabuse avec l’alcool. 2- Le tétra-décyl-sulfate de sodium (Trombovar®) - Il a été découvert en 1946 par Reiner et introduit en France en 1950 par Merlen. - Il se présente en ampoule de 2 ml aux concentrations de 1% (20 mg de tétra-décyl-sulfate de sodium) et 3% (60 mg de tétra-décyl-sulfate de sodium). - Le volume maximum recommandé par séance est de 6 ml soit trois ampoules à 3%. - Le tétra-décyl-sulfate de sodium est préconisé pour le traitement des varices sous fasciales. Il n’est pas recommandé en première intention pour le traitement des télangiectasies. - Avantages : c’est une molécule d’une grande facilité d’emploi : c’est un sclérosant puissant et très prévisible en fonction des concentrations mises en oeuvre. Le tétra-décyl-sulfate de sodium est indolore en intraveineux, incolore et très fluide, ce qui facilite aussi la recherche et la visualisation du reflux lors des injections en utilisant la forme liquide. C’est un agent sclérosant utilisable sous forme mousse. - Inconvénients : bien que rares, les réactions allergiques sont plus fréquentes qu’avec les autres produits. C’est un agent sclérosant demandant une bonne maîtrise technique car ce produit peut entraîner des nécroses en raison du caractère indolore des injections extravasculaires. Le tétra-décyl-sulfate de sodium exige une grande vigilance et la certitude absolue de la position intraveineuse stricte de l’aiguille (reflux) pendant toute la durée de l’injection. Du fait de sa puissance, cet agent expose à un risque notable de pigmentation cutanée en cas de surdosage. - Contre-indications et précautions d’emploi spécifiques : antécédents d’hypersensibilité au Trombovar®; une prudence particulière doit être observée chez les patients ayant des antécédents allergiques (asthme...) où ce n’est pas le produit de première intention. 3- La glycérine chromée (Sclérémo®) - La glycérine chromée a été inventée par Jausion en 1933. - Elle se présente en ampoules de 2 ml (alun de chrome 16 mg, glycérol 1,44g). Elle est utilisée le plus souvent diluée du fait de sa viscosité (dilution d’un tiers à un demi). - La dose maximale par séance est de 10 ml soit cinq ampoules. - Ce produit est indiqué pour le traitement des télangiectasies et des veines réticulaires. - Avantages : La glycérine chromée est un agent sclérosant doté d’un faible pouvoir sclérosant. L’injection extravasculaire est exceptionnellement nécrosante. Le risque allergique est rare sauf l’allergie au chrome (attention à l’allergie aux bijoux fantaisie). - Inconvénients : La glycérine chromée est douloureuse à l’injection ce qui est un inconvénient pour une sclérose à visée cosmétique. C’est un agent sclérosant difficile à injecter avec des Polycopié Phlébologie p.87 aiguilles de 30 Gauge. La dilution doit être extemporanée avec du soluté stérile isotonique de chlorure de sodium. La glycérine chromée est génératrice de pigmentations en cas d’injection extravasculaire. - Contre-indication : allergie au produit - Précautions d’emploi spécifiques : le surdosage avec des volumes injectés supérieurs à 10 ml (non utilisés) se manifeste par une hématurie. Le produit est à utiliser avec précaution chez le sujet diabétique. Polycopié Phlébologie p.88 b. Sclérothérapie Matériel pour réaliser la mousse sclérosante Les listes de matériels sont données à titre indicatif mais ne sont pas exhaustives. Elles sont par ailleurs susceptibles d’être modifiées en fonction des innovations techniques. 1- pour la fabrication de la mousse : • un sclérosant liquide détergent : polidocanol (lauromacrogol) à 0.25%, 0.5%, 2% et 3% ou tétradécyl sulfate sulfate de sodium à 1 et 3%. • NaCl à 0.9% ampoules. • air, du gaz carbonique ou oxygène stérile. • seringues à usage unique (seringues en verre proscrites) 2 ml, 2.5 ml, 3 ml, 5 ml, 10 ml et 20 ml à 3 corps (Térumo ®, BD ® ou Braun ®) ou à 2 corps (Discardit ®). • connecteur Luer Lock femelle-femelle Didactic ® ou Vygon ®). • robinet 3 voies (Vygon ®). • filtre à air stérile 0.2 micron (Stérifix B Braun ®). • matériel pour la méthode DSS (Turbofoam ®) : filtre 0.2 micron (stérifix B Braun ®), robinet 3 voies (Vygon ®), seringues 2 corps. • un dispositif Easyfoam ®. • un dispositif Stérivein ®. 2- pour l’injection de la mousse en ambulatoire : • aiguilles 21 G, 22 G, 23 G, 30 mm ou 25 mm voire 26 G à 30 G. • prolongateurs flexibles 20 cm Vygon ®, cathéter 18 G (Intrasyte ® ou Abbocath ®) 40 mm. • microperfuseurs (épicrânienne ou butterfly) (Microflex ®, Vygon ®). • un écho-Doppler pulsé couleur avec au minimum une sonde de 7.5 à 10 MHz (idéal : 5 à 15 Mhz). • gel stérile ou chlorhexidine en spray. • lingettes ou sprays désinfectants pour sondes d’échographie (sans aldéhyde pour ne pas les détériorer). 3- pour l’injection au bloc opératoire des grandes saphènes par cathéter long échoguidé sur veine vide : Polycopié Phlébologie p.89 • xylocaïne 1% tamponnée au Bicarbonate 1.4%. • introducteur 5F (Vygon ®). • cathéter Cook Royal Flush ® droit F5 pour angiographie. • bande d’Esmarch souple. • bande Velpeau. 4- pour d’autres techniques d’injection : • cathlons 20 G (Optiva Medex Medical ®). • cathéter long de type angiocath 4F (Super Torque ®, Johnson&Johnson Company ®, Cordis Europa ®). • cathéters d’anesthésie péridurale de 1 mm de diamètre extérieur (Vygon ®). 5- pour la contention/compression : • pour la grande saphène : des bas-cuisses ou collants de classe 2 (15 à 20mm Hg) ou 3 (20 à 36mm Hg) de classe 2 ou 3 (1ou 2 norme européenne) ou superposition de 2 classes 2 (1+1 norme européenne) ou superposition Elastomousse ®/ Elastoplaste ® ou Veinopress®. • pour la petite saphène : chaussette classe 2 ou 3 norme française (1 ou 2 norme européenne) ou superposition Elastomousse ®/ Elastoplaste ® ou Veinopress®. • ou autres dispositifs visant à comprimer électivement les segments traités. Technique de la sclérothérapie Introduction La sclérothérapie consiste à induire la fibrose d’une varice ou d’une télangiectasie. Cette action peut être obtenue par des moyens physiques (laser, radiofréquences…) ou chimiques. Le terme de sclérothérapie est traditionnellement réservé au traitement par injection d’agents chimiques. Définition de la sclérothérapie : Injection dans une varice ou une télangiectasie d’un produit sclérosant en vue d’obtenir une altération de l’endothélium, associée à une oblitération de la veine et à terme, une fibrose de la paroi. Exigences préalables : la sclérothérapie requiert une formation alliant une bonne connaissance de la maladie veineuse chronique et une expérience certaine en échographie vasculaire. La cartographie veineuse est un préambule indispensable avant tout projet thérapeutique invasif d’une maladie variqueuse. Le geste de sclérothérapie doit être pertinent, précis et sûr. - pertinent : il doit à la fois répondre à un diagnostic et un état des lieux précis et être en accord avec l’attente du patient. Polycopié Phlébologie p.90 - précis : il se situe dans une stratégie visant l’ensemble d’un territoire variqueux et non seulement une varice, la sclérose de celle-ci n’interviendra que si le praticien en connaît précisément l’objectif au sein de cette stratégie plus globale. - sûr : ce n’est pas un geste anodin ; les moyens techniques dont nous disposons actuellement pour en améliorer la sécurité doivent être utilisés. « La sclérothérapie demande une formation appropriée ; elle ne doit pas être pratiquée de manière occasionnelle mais demande un exercice suivi dans le temps » (HAS). Technique Quelques recommandations générales. De plus, elle est souvent réalisée en plusieurs temps et si l’objectif n’est pas atteint lors d’une séance, il pourra l’être lors de la suivante. L’information du patient. Le médecin vasculaire doit informer le patient de façon claire et compréhensible, non alarmiste, sur les objectifs recherchés et les risques potentiels du traitement (cf. chapitre information du patient). Quelques principes de base Il faut d’abord apprendre à manipuler la seringue et injecter avec une seule main. En effet, la main dominante est suffisante pour injecter ; la deuxième main est précieuse, voire indispensable, pour l’assistance technique, la sécurité et tenir la sonde d’échographie. Fabrication de la mousse : méthode de Tessari Polycopié Phlébologie p.91 Les différentes méthodes utilisées On distingue : 1. selon la forme du produit sclérosant 1. a Sclérothérapie avec sclérosant liquide. Trois agents sclérosants sont disponibles en France, sous différentes concentrations pour les deux premiers : le Lauromacrogol 400 (Aetoxisclérol tamponné® ) ou Polidocanol (Aetoxisclérol tamponné®), le tétradécyl sulfate de sodium (Trombovar®) et la glycérine chromée (Sclérémo®) (cf. chapitre agents sclérosants). La forme liquide est utilisée surtout en sclérothérapie classique, plus rarement maintenant en sclérothérapie sous assistance échographique d’autant que le sclérosant sous forme liquide n’est pas échogène. 1. b Sclérothérapie avec mousse sclérosante. Alors que les premières descriptions sont très anciennes (1939 : Mac Ausland), l’utilisation du sclérosant transformé en mousse ne s’est largement développée que depuis l’impulsion donnée dans les années 90 par Cabrera puis Monfreux. Définition de la mousse sclérosante (Frullini): « c’est un mélange de gaz et de liquide à propriétés tensioactives ; le gaz doit être bien toléré ou physiologique et le diamètre des bulles doit être inférieur à 100 µm ». Le gaz le plus souvent utilisé est l’air ambiant. Certains utilisent O2, CO2, N2, He…, ou des mélanges de gaz. Le produit sclérosant est soit du Lauromacrogol 400 soit du tétradécyl sulfate de sodium. La glycérine chromée n’a pas de pouvoir tensio-actif et ne peut donc pas « mousser ». La mousse sclérosante souffre d’un manque de standardisation dans sa fabrication mais des efforts sont faits par les industriels (machine Turbofoam® déjà commercialisée, mousse Varisolve®). Actuellement, la technique manuelle artisanale la plus utilisée est celle de Tessari (technique du robinet à 3 voies) avec un ratio conseillé de 1 + 4 (1 volume de sclérosant + 4 volumes de gaz). Ce ratio est actuellement l’un des rares éléments consensuels de fabrication de la mousse. Deux seringues stériles à usage unique en plastique sont connectées perpendiculairement sur le robinet à trois voies (à usage unique) et utilisé pour un seul patient, la troisième voie est condamnée. L’une des seringues contient le gaz et l’autre le produit sclérosant. Dix à vingt mouvements de va-et-vient vont permettre la formation de la mousse. La mousse produite est plus ou moins dense selon que l’on fait varier le degré d’ouverture du robinet et selon la pression exercée sur les pistons. Polycopié Phlébologie p.92 La concentration à 1% serait le meilleur compromis pour obtenir la meilleure stabilité dans le temps de la mousse aussi bien avec le Tétradécyl Sulfate de Sodium qu’avec le Lauromacrogol 400. La concentration choisie dépend du type de veine à scléroser. La mousse est fabriquée en extemporané, juste avant l’injection. L’avantage majeur de la mousse est un contact prolongé des microbulles de principe actif avec l’endothélium d’où une meilleure efficacité que le sclérosant liquide. Pour une même concentration de principe actif et à volume égal, la forme mousse (avec donc 5 fois moins de principe actif dans la seringue) est 2 fois plus efficace que la forme liquide sur la veine grande saphène (VGS). L’autre avantage est que la mousse est très échogène et facilite le contrôle échographique en cours de procédure. Si son utilisation est discutée pour le traitement des veines réticulaires et des télangiectasies, un consensus s’est nettement dégagé pour son utilisation préférentielle dans le traitement : - des troncs saphènes ; - des perforantes ; - des récidives post-chirurgicales 2. selon la technique utilisée La sclérothérapie classique n’est utilisée que pour les varices sus-fasciales alors que la sclérothérapie sous échographie permet de l’étendre aux thérapies intra et sous fasciales. 2. a Sclérothérapie classique (sans contrôle echographique) Appelée « sclérothérapie classique » ou « traditionnelle », cette technique est la plus ancienne (presque 100 ans de recul). L’injection se fait ici sous contrôle de la vue et du toucher (contrôle clinique). La main dominante tient la seringue et fait l’injection. L’autre main, avec la pulpe de l’index et du majeur, palpe la peau à proximité du point d’introduction de l’aiguille, pour dépister une éventuelle extravasation du produit. Cette main peut également, en particulier pour l’injection des télangiectasies, tendre la peau entre le pouce et les autres doigts, ce qui facilite la pénétration de l’aiguille. L’opérateur surveille donc tactilement et visuellement toute l’injection. Cette technique utilisée initialement pour tous les types de veines n’est plus réservée, depuis l’échosclérothérapie, qu’aux télangiectasies et aux veines facilement accessibles et situées dans des zones qui ne sont pas classées « dangereuses » (risque de ponction artérielle). Le sclérosant peut être utilisé sous forme liquide ou sous forme mousse. Néanmoins, pour les varices de petit calibre et très superficielles, pour les veines réticulaires et les télangiectasies, nous l’avons vu, la forme liquide est plus souvent conseillée en première intention, bien que la mousse « gagne du terrain » même dans ces indications. Polycopié Phlébologie p.93 Matériel utilisé et particularités techniques selon le diamètre de la veine. Pour les télangiectasies (= diamètre inférieur à 1 mm) : - aiguilles de 30 Gauge (0,3 mm de diamètre), longueur 13 mm ou aiguilles de 26 Gauge (diamètre 0,45 mm), longueur 12 mm ; - seringues stériles siliconées en plastique à usage unique, de 2,5 ml ou 3 ml ou seringues à insuline pour la glycérine chromée en raison de sa viscosité. Tendre la peau avec la deuxième main ; inclinaison de l’aiguille très tangentielle à la peau. Il n’est pas obligatoire qu’il y ait un reflux de sang dans la seringue avant injection ; contrôler que le biseau (orienté vers le ciel) soit bien dans le vaisseau avant injection (il est visible par transparence car très superficiel). Injecter de très petites quantités à la fois (toujours moins de 0,5 cm3). En cas de survenue d’une papule sur la peau ou d’une douleur inhabituelle, arrêter l’injection. Possibilité d’utiliser un appareil de trans-illumination et des loupes. Pour les veines réticulaires (= diamètre de 1 à 3 mm) et varices très superficielles (collatérales, varices non systématisées, varices périnéales…) : - aiguilles de 26 Gauge, diamètre 0 ,45 mm, longueur 12 mm ; - seringues stériles siliconées en plastique à usage unique, de 2.5 ml ou 3 ml. Possibilité d’utiliser un appareil de trans-illumination pour les veines réticulaires (l’indication la plus intéressante). Inclinaison de l’aiguille variable selon la profondeur de la veine, obtenir un petit reflux de sang dans la seringue avant injection. Position du patient : Après examen du patient debout, pour les télangiectasies et veines réticulaires, il est intéressant d’examiner à nouveau le patient en position allongée, la lumière pouvant être alors plus favorable et l’appareil de trans-illumination pouvant apporter des renseignements complémentaires. Pour les injections, lors du décubitus du patient, il n’y a pas de position préférentielle car tout dépend de la zone à injecter. Le patient doit simplement être confortablement installé, zone à traiter bien dégagée. Produits et doses : - Pour les télangiectasies : • Sclérémo® : peut être utilisé sans dilution. Il est alors visqueux et un peu douloureux lors de l’injection, c’est pourquoi certains l’utilisent dilué de moitié ou du tiers soit avec du sérum physiologique soit avec de la xylocaïne. Il peut provoquer, dès l’injection, des crampes assez fortes du mollet (injections de télangiectasies de la face médiale des jambes++). Volume maximum par séance : cf. chapitre agents sclérosants. Polycopié Phlébologie p.94 • Aetoxisclérol® sous forme liquide : une concentration de 0,25 % à 0,5 % peut être utilisée. Volume maximum par séance : cf. chapitre agents sclérosants. • Aetoxisclérol® sous forme mousse : 0,12 % (n’est pas commercialisé à cette concentration ; nécessité de faire une dilution de moitié avec du 0,25 %, en ajoutant du sérum physiologique). Volume maximum par séance : 7 ml mais pas de consensus établi • Trombovar® : sclérosant puissant et mal adapté pour les télangiectasies ou les veines réticulaires car pouvant provoquer des nécroses cutanées et des pigmentations. - Pour les veines réticulaires : • Aetoxisclérol® sous forme liquide : 0,25 % ou 0,5 %. Volume maximum par séance : cf. chapitre agents sclérosants. • Aetoxisclérol® sous forme mousse : 0,12 % ou 0,25 %. Volume maximum par séance 7 cm3 mais pas de consensus établi. - Pour les varices sus-fasciales (collatérales, varices non systématisées, varices périnéales…) : • Aetoxisclérol® sous forme liquide : 0.5 %, 1 %, 2 % selon diamètre de la veine (la concentration à 1 % n’est pas commercialisée en France ; nécessité de diluer de moitié du 2 % en ajoutant du sérum physiologique). Volume maximum par séance : cf. chapitre agents sclérosants. • Aetoxisclérol® sous forme mousse : 0,25 %, 0,5 % ou 1 %, selon le diamètre de la veine ; très rarement 2 %. Volume maximum par séance : 8 ml mais pas de consensus établi. • Trombovar® sous forme liquide : 0,5 % (diluer du 1 % de moitié en ajoutant du sérum physiologique) ou 1 %. Volume maximum par séance : cf. chapitre agents sclérosants. • Trombovar® sous forme mousse (à réserver à des veines d’assez gros calibre et pas trop superficielles) : 0,5 % (diluer du 1 % de moitié) ou 1 %. Volume maximum par séance : 8 ml mais pas de consensus établi. 2. b Sclérothérapie avec assistance échographique. Le geste est ici fait entièrement sous contrôle échographique ; la main dominante injecte, l’autre tient la sonde durant toute la procédure. Les termes « échosclérothérapie », « échosclérose », « sclérothérapie échoguidée » ou «sclérothérapie sous échoguidage » ou « procédure sclérothérapique sous monitoring échographique » sont également utilisés. Polycopié Phlébologie p.95 L’échographie apporte un gain substantiel en terme de sécurité, mais également en terme d’efficacité. La stratégie thérapeutique est améliorée grâce à la cartographie, de même que la précision du geste. De plus, le traitement d’axes variqueux inaccessibles, voire insoupçonnés cliniquement sans échographie, devient réalisable. Enfin, l’échographie permet d’apprécier plus finement les résultats aussi bien en contrôle immédiat post injection qu’à distance. Tout en utilisant préférentiellement la mousse sclérosante, le recours au monitorage échographique est fortement conseillé pour la sclérothérapie : - des troncs saphènes ; - des perforantes ; - des récidives post chirurgicales ; - des varices dans certaines régions à risque (fosse poplitée, région inguinale, tiers inférieur de jambe). Echosclérose de la veine grande saphène (G), sclérose d’une veine réticulaire (Ht) Afin d’éviter d’éventuels mouvements « intempestifs » d’un patient surpris, le praticien doit l’avertir avant chaque injection et approcher le biseau de l’aiguille au contact de la peau, en marquant un petit temps d’arrêt avant de traverser celle-ci. Description de la technique : Il s'agit à la fois d’une méthode endoveineuse et d’une technique d'échographie interventionnelle. La technique de référence reste celle décrite initialement avec le sclérosant liquide par Schadeck et Vin, dans les années 90 : la ponction- injection directe à l’aiguille. Polycopié Phlébologie p.96 L’aiguille est directement montée sur la seringue contenant le sclérosant. Ponction et injection sont faites directement dans la varice, sous contrôle échographique. La procédure est identique, quelque soit la forme liquide ou mousse de l’agent sclérosant. Elle doit être effectuée dans son intégralité telle que décrite, avec ses quatre phases (HAS) : 1. repérage échographique du segment veineux à ponctionner et des artérioles de voisinage, source de complications potentielles ; 2. ponction veineuse sous contrôle échographique en mode B; 3. vérification du positionnement de l'aiguille et injection de l'agent sclérosant sous contrôle ultrasonore après vérification de la présence d’un reflux dans l’embout de la seringue; 4. contrôle échographique post injection. Cette dernière étape évalue l’impact immédiat du geste : présence d'un spasme veineux (bon facteur prédictif d’efficacité thérapeutique), répartition homogène de l'agent sclérosant au niveau des segments veineux ciblés. L'appréciation du remplissage est facilitée par l'usage de la mousse. Elle permet de juger si une nouvelle injection, de complément, est nécessaire durant la séance. La mousse est fabriquée de façon extemporanée, une fois le patient installé, la veine repérée et le praticien prêt pour l’injection. La demi-vie est d’environ 2 minutes pour une mousse fabriquée avec du Lauromacrogol ou du Tétradécyl Sulfate de Sodium à une concentration de 1%. Matériel et coupes échographiques : La fréquence ultrasonique de la sonde utilisée est de 7,5 à 13 MHz. Si le repérage échoDoppler se fait en mode B, en mode pulsé et mode couleur, l’injection se fait uniquement et impérativement en mode B. La coupe échographique utilisée pour l’injection peut être une coupe longitudinale ou une coupe transversale. Le praticien devra essayer les 2 modes au cours de son apprentissage et choisir ensuite la coupe avec laquelle il se sent le plus à l’aise. La seringue le plus souvent sera de 2,5 ml ou 3 ml. La longueur des aiguilles sera adaptée à la profondeur de la veine à scléroser (de préférence de 22 Gauge, 0,7 mm de diamètre, 40 mm de long voire 21 Gauge, 0,8 mm de diamètre et 50 mm de long). L’inclinaison de l’aiguille par rapport au plan de la peau est en général à 45° mais peut varier selon l’épaisseur de tissu à traverser. En coupe transversale, l’inclinaison de l’aiguille sera de l’ordre de 75°. La position du patient. - Veine grande saphène : patient en décubitus dorsal, dossier de la table relevé selon confort du patient. Pour l’injection en cuisse du tronc de la veine grande saphène gauche, le patient peut être positionné en décubitus latéral gauche et l’on fera glisser le membre inférieur gauche en arrière du membre inférieur droit. - Veine petite saphène : patient en décubitus ventral ou patient à genoux sur la table, le Polycopié Phlébologie p.97 buste en appui sur le dossier de la table relevé pratiquement à angle droit. Les sites d’injection (première injection). - Veine grande saphène (en cas de reflux tronculaire sur tout le trajet fémoral) : jonction tiers moyen-tiers supérieur de cuisse ; - Veine petite saphène : jonction tiers moyen-tiers supérieur du mollet ; - Perforante : quelques centimètres au dessus de la pénétration de la perforante dans le fascia. Le site d’injection doit être au moins à 10 cm de la jonction saphéno-fémorale ou saphénopoplitée et non dans la crosse. Les doses. Les doses suivantes concernent uniquement la première séance de sclérothérapie, et seulement avec mousse sclérosante. Elles sont indicatives. L’agent sclérosant utilisé est le lauromacrogol ® ® (Aetoxisclérol ). La concentration de 1 % sera obtenue par dilution d’Aetoxisclérol 2 % avec du sérum physiologique. VEINE GRANDE SAPHÈNE Lors de la première séance, l’objectif est le traitement de la saphène sur son trajet crural. L’imprégnation satisfaisante de l’endothélium nécessite un remplissage correct de la veine favorisé par un spasme de la veine induite par le produit sclérosant ( Lauromacrogol). L’objectif de cette première séance de sclérose ne concerne pas le trajet sous-gonal de la veine. En cas de disparition du reflux sur le segment fémoral de la saphène, la ou les séances suivantes concerneront, si nécessaire, le tronc jambier, et les collatérales. La prise en charge de ceux-ci pourra, selon les cas, relever d’une sclérothérapie échoguidée ou classique. Diamètre tronculaire inférieur à 4 mm ® – première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 0,5 %, puis, seulement si nécessaire (si spasme et remplissage de la veine insuffisants sur son segment fémoral) ; ® – seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 0,5 % en dessous de la zone remplie par l’injection précédente, évaluée précisément en échographie, grâce à l’échogénicité de la mousse. Diamètre tronculaire de 4 à 6 mm ® – première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 %, puis, seulement si nécessaire (si spasme et remplissage de la veine insuffisants sur son segment fémoral) ; ® – seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 % en dessous de la zone remplie par l’injection précédente, évaluée précisément en échographie, grâce à l’échogénicité de la mousse. Diamètre tronculaire de 7 à 9 mm ® – première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 2 % puis, seulement si nécessaire (si spasme Polycopié Phlébologie p.98 et remplissage de la veine insuffisants sur son segment fémoral) ; ® – seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 % ou 2 % en dessous de la zone remplie par l’injection précédente, évaluée précisément en échographie, grâce à l’échogénicité de la mousse. Le recours au 2 % est possible si le tronc saphène est peu réactif après la 1ère injection. Diamètre tronculaire de plus de 9 mm ® – première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 3 % puis, seulement si nécessaire (si spasme et remplissage de la veine insuffisants sur son segment fémoral) ; ® – seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 2 % en dessous de la zone remplie par l’injection précédente, évaluée précisément en échographie, grâce à l’échogénicité de la mousse. Concernant les saphènes peu réactives (spasme et remplissage de la veine insuffisants) ou de très gros calibre, une troisième injection lors de la première séance peut s’avérer utile : si elle ® est nécessaire, utiliser de l’Aetoxisclérol à 3%. Mais il est conseillé alors, de ne pas injecter plus de 7,5 ml de mousse sclérosante. Le nombre de séances ultérieures dépend de la persistance du reflux. Dans ce cas, les concentrations et volumes peuvent être prudemment augmentés. Il faut tenir compte du fait que même si la saphène n’est pas occluse, l’endothélium a subi une agression lors de la séance initiale et le diamètre (mesuré) a bien souvent diminué d’une séance à l’autre. Par ailleurs, certaines données anatomiques devront être prises en compte. Si, comme il est fréquent de le rencontrer, la veine grande saphène est quasi-virtuelle du tiers supérieur de jambe à la mi-cuisse et qu’il existe une collatérale médiale sus-fasciale, la gestion des doses est modifiée. En effet, la première injection, toujours effectuée au niveau du compartiment saphène, aura pour objectif de remplir la saphène en évitant la diffusion d’une trop grande quantité de mousse dans la collatérale (donc attention au volume injecté). La collatérale pourra être traitée éventuellement dans un deuxième temps avec des ® concentrations inférieures (Aetoxiclérol à 0,5 % mousse par exemple, ou 1 % mousse si le calibre est important). Si cette recommandation n’est pas respectée, l’opérateur s’expose à voir éventuellement apparaître des réactions secondaires : inflammation, pigmentations, télangiectasies ou matting (néovaisseaux). Le problème se pose parfois de façon encore plus sensible pour la veine saphène antérieure accessoire de cuisse dont le segment intra- fascial, souvent très court, doit être occlus en premier lieu. Les doses et le nombre d’injections préconisés pour la suppression du reflux du tronc grande saphène de cuisse lors de la première séance sont résumés dans le tableau I. Polycopié Phlébologie p.99 VEINE PETITE SAPHENE Diamètre tronculaire inférieur à 4 mm ® – première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 0.5 % puis, seulement si nécessaire (si spasme et remplissage insuffisants) ; ® – seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 0.5 % en dessous de la zone remplie par l’injection précédente, évaluée précisément en échographie, grâce à l’échogénicité de la mousse. Diamètre tronculaire de 4-5 mm ® – première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 % puis, seulement si nécessaire (si spasme et remplissage insuffisants) ; ® – seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 % en dessous de la zone remplie par l’injection précédente, évaluée précisément en échographie, grâce à l’échogénicité de la mousse. Diamètre tronculaire supérieur à 5 mm ® – première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 2 % puis, seulement si nécessaire (si spasme et remplissage insuffisants) ; ® – seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 % en dessous de la zone remplie par l’injection précédente, évaluée précisément en échographie, grâce à l’échogénicité de la mousse. Le plus souvent pour la petite veine saphène, une seule injection suffit. C’est une veine courte qui réagit très bien aux agents sclérosants. Le recours à une troisième injection, ou l’usage du Lauromacrogol à la concentration de 3 % est exceptionnelle. La ou les séances suivantes en cas de disparition du reflux tronculaire concerneront les collatérales si nécessaire. Les doses et le nombre d’injections préconisés pour le la suppression du reflux du tronc petite saphène lors de la première séance sont résumés dans le tableau II. Nb : Volumes maximum par séance conseillés pour les saphènes lors du Consensus européen de Tegernsee : grande veine saphène 6 à 8 ml ; petite veine saphène 3 à 4 ml. LES RÉCIDIVES VARIQUEUSES Tronc saphène laissé en place Tronc saphène laissé en place (antécédent de crossectomie isolée ou faute technique) : selon le territoire en cause se référer aux paragraphes précédents : grande veine saphène et petite veine saphène. Néo-jonction ® Première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 % puis, seulement si nécessaire (si spasme et ® remplissage insuffisants), avoir recours à une seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à Polycopié Phlébologie p.100 1 % selon le remplissage du néo-réseau évalué à l’échographie, à partir de la limite inférieure du remplissage évaluée grâce à l’échogénicité de la mousse. En cas de tronc intra-fascial sous-jacent avec remplissage médiocre, il sera utile de pratiquer ® une nouvelle injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol selon remplissage évalué à l’échographie à partir de la limite inférieure du remplissage évaluée grâce à l’échogénicité de la mousse. Le dosage à 1 % est préconisé si le diamètre du tronc est inférieur ou égal à 6 mm, le dosage à 2 % si le diamètre du tronc est supérieur à 6 mm. Néo-vasculogénèse anarchique ® Première injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 0,5 % puis, seulement si nécessaire (si spasme et remplissage insuffisants), avoir recours à une seconde injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol ® 0,5 % selon remplissage du néo-réseau évalué à l’échographie à partir de la limite inférieure du remplissage évaluée grâce à l’échogénicité de la mousse. En cas de tronc intra-fascial sous-jacent avec remplissage médiocre, il sera utile de pratiquer ® une nouvelle injection de 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol selon remplissage évalué à l’échographie à partir de la limite inférieure du remplissage évaluée grâce à l’échogénicité de la mousse. Le dosage à 1 % est préconisé si le diamètre du tronc est inférieur ou égal à 6 mm, le dosage à 2 % si le diamètre du tronc est supérieur à 6 mm. Récidive tronculaire par perforante ® Injection de 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 1 % si le diamètre du tronc est inférieur ou égal à 6 mm. Le recours à l’usage d’un dosage à 2 % est recommandé si le diamètre du tronc est supérieur à 6 mm. Certaines perforantes de cuisse ont des reflux à pression importante ; le spasme peut alors se lever très vite après s’être produit apparemment de façon satisfaisante. Il faut dans ce cas considérer que le spasme est insuffisant et refaire une injection (selon les modalités déjà décrites). Les doses et le nombre d’injections préconisés pour la prise en charge des récidives en fonction de leurs types lors de la première séance sont consignés dans le tableau III LES PERFORANTES Perforante de cuisse Responsable d’un reflux tronculaire sous-jacent, elle sera traitée par le biais de l’injection du tronc quelques centimètres en dessous de la pénétration de la perforante dans le fascia. Les doses dépendront donc du diamètre du tronc (se référer au paragraphe précédent sur la récidive tronculaire par perforante). Perforante de jambe La pertinence de la sclérothérapie des perforantes de jambes n’est pas encore bien établie. Néanmoins si l’option de traiter est prise par l’opérateur, il devra se limiter en première intention ® à des doses faibles : 1 à 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 0,5 % selon le diamètre de la perforante. Polycopié Phlébologie p.101 « Perforante » de fosse poplitée La sclérothérapie de la « perforante » de fosse poplitée en revanche ne prête pas à controverse. La varice qui dépend de cette perforante est, en général, très superficielle, et sus® fasciale. Là encore, commencer par des doses faibles : 2,5 ml d’Aetoxisclérol à 0,5 %. 2. c Techniques alternatives Des techniques alternatives à la ponction- injection directe à l’aiguille sont utilisées pour les troncs saphènes, telles que les injections avec cathéter (court ou long) ou épicrânienne (Butterfly) qui ne doivent pas dispenser pour autant de prudence et de vigilance. Ceux-ci sont introduits le plus souvent en région sous-gonale pour la veine grande saphène. 2. d Manœuvres annexes La surélévation du membre, la compression de jonction saphéno-fémorale ou saphéno-poplitée, les dorsiflexions du pied, le décubitus prolongé du patient sont variablement proposés sans qu’aucun intérêt de ces différentes manœuvres n’ait réellement été démontré. Un décubitus de quelques minutes après sclérothérapie à la mousse est cependant conseillé. La compression après sclérothérapie est souvent préconisée, surtout pour les troncs saphènes, surtout la petite saphène, bien que ne bénéficiant pas non plus de preuve en faveur de cette indication. En prévention ou en cas de survenue d’effets secondaires loco-régionaux, son application ultérieure semble logique. En revanche, son éventuel rôle sur l’efficacité de la sclérothérapie paraît plus discutable. Le contrôle échographique du traitement. Trois objectifs : contrôle immédiat, contrôle des veines profondes, contrôle du résultat. 1. Contrôle immédiat. C’est le contrôle échographique post injection : il permet de juger, selon la répartition du produit et le spasme de la veine, si le traitement est suffisant pour la séance. 2. Contrôle échographique des veines profondes. Il est réalisé dans le même temps que le contrôle d’efficacité, c’est-à-dire entre 2 et 4 semaines, sauf si le patient consulte avant pour une douleur du membre inférieur. On vérifie particulièrement les veines profondes en relation avec le territoire traité sans oublier les veines gastrocnémiennes médiales. 3. Contrôle d’efficacité. Le délai le plus pertinent serait d’environ 4 semaines car le processus sclérosant peut être long. Réalisée trop tôt, une nouvelle injection peut entraîner un surdosage et des réactions inflammatoires. Le thrombus endoluminal de la varice traitée est échogène ; son aspect est proche de celui d’une thrombose veineuse. Il disparaît progressivement en plusieurs mois pour laisser place, dans l’idéal, à une fibrose, la veine disparaissant presque totalement à l’échographie en 1 an ou 2. Polycopié Phlébologie p.102 2. e Sclérothérapie au laser de surface. Elle ne peut être utilisée que sur les télangiectasies à faible pression. Les sources d’alimentation (veines, réticulaires, varices, voire saphènes) doivent être traitées au préalable si elles sont en cause. L’apport du laser peut être intéressant dans ces conditions, en seconde intention après sclérothérapie ou si les télangiectasies sont trop fines pour être accessibles à une sclérothérapie. Deux types de lasers sont préconisés : le KTP ou le ND Yag. Il n’y a pas actuellement de donnée convaincante sur l’efficacité de cette méthode. TABLEAU I. – Doses de Polidocanol (POL) et nombre d’injections préconisés lors de la première séance de sclérothérapie à la mousse par ponction-injection directe à l’aiguille pour le tronc de cuisse grande saphène (diamètres mesurés patient debout). Grande veine saphène : diamètre maximum du tronc à la cuisse 1ère injection 2ème injection (si remplissage et spasme insuffisants après la première injection 3ème injection (si remplissage et spasme insuffisants après la deuxième injection sans dépasser au total 7,5 ml pour la première séance < 4 mm 2,5 ml de POL à 0.5% 1 à 2,5 ml de POL à 0.5 % Comme la seconde (rarement utile) 4 à 6 mm 2,5 ml de POL à 1 % 1 à 2,5 ml de POL à 1 % Comme la seconde (rarement utile) 7 à 9 mm 2,5 ml de POL à 2 % 1 à 2,5 ml POL à 1 % ou 2% Comme la seconde (rarement utile) > 9 mm 2,5 ml de POL à 3 % 1 à 2,5 ml POL à 2 % 1 à 2,5 ml POL à 2 % TABLEAU II. – Doses et nombre d’injections préconisés lors de la première séance de sclérothérapie à la mousse par ponction-injection directe à l’aiguille pour le tronc petite saphène. 1ème injection 2ème injection (selon remplissage et en cas d’absence de spasme après la première injection de mousse sclérosante) 2,5 ml de POL à 0.5 % 1 à 2,5 ml de POL à 0.5 % 4 – 5 mm 2,5 ml de POL à 1 % 1 à 2,5 ml de POL à 1 % > 5 mm 2,5 ml de POL à 2 % 1 à 2,5 ml de POL à 1 % Petite veine saphène : diamètre du tronc < 4 mm Polycopié Phlébologie p.103 TABLEAU III. – Doses et nombre d’injections préconisés lors de la première séance de sclérothérapie à la mousse par ponction-injection directe à l’aiguille pour les récidives. Type de récidive Tronc saphène laissé en place Néo-jonction 1ère injection 2ème injection 3ème injection Cf GVS et PVS : tableaux I et II Cf GVS et PVS : tableaux I et II Cf GVS et PVS : tableaux I et II 2,5 ml de POL à 1 % 1 à 2,5 ml de POL à 1 % selon spasme et remplissage du néo-réseau En cas de tronc sous-jacent 1 à 2,5 ml de POL selon qualité du remplissage : . 1 % si diamètre <6 mm . 2 % si diamètre >6 mm Néovasculogénèse anarchique 2,5 ml de POL à 0,5 % Récidive tronculaire par perforante 2,5 ml de POL à 1 ou 2 % sur tronc selon le diamètre : . 1 % si diamètre <6mm, . 2 % si diamètre >6 mm 1 à 2,5 ml de POL à 0,5 % selon spasme et remplissage du néo-réseau Si spasme de courte durée : réinjecter 2,5 ml POL à 1 ou 2 % selon diamètre : . 1 % si diamètre <6 mm, . 2% si diamètre >6 mm En cas de tronc sous-jacent 1 à 2,5 ml de POL selon qualité du remplissage : . 1 % si diamètre <6 mm . 2 % si diamètre >6 mm Ce qu’il faut retenir pour le médecin généraliste : La définition de la sclérothérapie reste inchangée depuis ses débuts (qui datent de près d’un siècle) : Injection dans une veine variqueuse d’un produit sclérosant en vue d’obtenir une altération de l’endothélium, associée à une oblitération de la veine et à terme, une fibrose de la paroi veineuse. Elle bénéficie néanmoins depuis quelques années d’apports techniques importants : échoDoppler et utilisation de mousse sclérosante. Sa sécurité, sa pertinence et son efficacité s’en trouvent largement renforcées. La technique diffère selon le type de veines à traiter. Pour les télangiectasies et veines très superficielles (veines sus-fasciales), il est toujours possible d’injecter sous contrôle clinique seul (sclérothérapie dite classique). Pour le traitement de varices plus volumineuses, plus profondes ou situées dans des zones dangereuses, il est requis d’utiliser le monitorage échographique de la procédure, indispensable pour le repérage et pour l’injection (échosclérothérapie). La forme mousse (mélange de produit sclérosant et d’air) sera alors préférée car plus efficace à moindre dose que le sclérosant liquide et visible à l’échographie. La sclérothérapie fait donc partie intégrante des procédures endoveineuses et n’est plus considérée seulement comme un traitement adjuvant des varices ou comme un simple traitement de complément après chirurgie. Son apprentissage doit être rigoureux et méthodique, il s’inscrit dans une formation spécifique qui est obligatoire. Polycopié Phlébologie p.104 c. Traitements endoveineux chimiques et thermiques Sclérose par agents physiques Le but est d’oblitérer une veine comme avec les agents chimiques, mais en employant des dispositifs physiques générant de la chaleur ou du froid. Principes Radiofréquence La radiofréquence fournit une énergie thermique contrôlée qui élève la température au niveau de la paroi veineuse sur toute sa circonférence avec pour effet immédiat une destruction de l’intima, une contraction et un épaississement des fibres de collagène de la média et de l’adventice et une nécrose des cellules musculaires lisses. Il en résulte une rétraction de la veine, et un épaississement de la paroi veineuse avec occlusion de la lumière et secondairement une transformation fibreuse de la veine traitée. Le système Closure Plus (VNUS Medical Technologies, Inc., San José, CA) comporte un générateur bipolaire de radiofréquence relié à un cathéter de 6F ou de 8F pourvu à son extrémité d’électrodes rétractables. L’énergie de radiofréquence circulant entres les électrodes positives et négatives du cathéter à travers la paroi veineuse à haute impédance provoque l’élévation locale de la température. Le générateur ajuste automatiquement sa puissance pour maintenir une température de 85°C. Le cathéter est retiré progressivement à une vitesse de 2 à 3 cm/minute, permettant ainsi d’exposer à la chaleur la paroi de la veine à traiter sur tout son trajet. Le système Fast (VNUS Medical Technologies, Inc., San José, CA) utilise un cathéter muni à son extrémité d’un élément chauffant de 7 cm de long activé par radiofréquence. Le générateur ajuste automatiquement sa puissance pour maintenir la température de l’élément chauffant à 120°C. La veine à traiter est ainsi exposée segment par segment à une température de 100 à 110°C pendant une durée de 20 secondes, ce qui raccourcit la procédure. Polycopié Phlébologie p.105 Laser endoveineux L’action du laser comporte deux effets : - un effet direct : l’impact du faisceau laser sur la paroi de la veine provoque une nécrose de coagulation localisée de l’endoveine pouvant aller jusqu’à la perforation de la paroi veineuse, - un effet indirect : la conversion de la lumière laser en chaleur dans le sang est à l’origine de la formation de microbulles de vapeur qui vont permettre de transférer l’énergie thermique à l’ensemble du segment veineux considéré. Les effets du laser varient selon ses modalités d’application qui font intervenir le type de laser (diode, YAG), sa longueur d’onde (810, 940, 980, 1064 nm), et ses différents protocoles d’utilisation : mode continu ou séquentiel (choix de la durée de l’impulsion, de la distance entre chaque tir, et surtout de l’intensité de l’énergie délivrée par centimètre de veine traitée (J/cm) et la fluence laser (J/cm2)). Ceci conduit à une hétérogénéité des appareils et des protocoles. Principes d’utilisation Les modalités de mise en œuvre des traitements endoveineux par radiofréquences ou par laser suivent une séquence similaire : ponction percutanée échoguidée de la veine à traiter et mise en place d’un introducteur, cathétérisme de la veine, positionnement de l’extrémité du cathéter au niveau approprié, anesthésie locale par tumescence, traitement thermique, vérification par échographie de l’efficacité thérapeutique. Si d’autres modalités d’anesthésie peuvent être utilisées, l’anesthésie locale par tumescence est le mode d’anesthésie recommandé pour son efficacité et l’effet protecteur du volume liquide vis-à-vis des tissus de voisinage. Les techniques de radiofréquence et de laser s’adressent principalement au traitement des incontinences étendues du tronc de la veine grande saphène (VGS), mais d’autres veines sont aussi accessibles pour certains opérateurs. Polycopié Phlébologie p.106 Modalités pratiques Radiofréquence 1) Ponction percutanée échoguidée de la VGS et mise en place d’un introducteur L’extension de la portion incontinente de la VGS détermine le site de ponction, choisi en amont du segment à traiter, le plus souvent dans la région sous- gonale. L’application préalable au point de ponction d’un anesthésique topique (EMLA®) ou une anesthésie locale par xylocaïne non adrénalinée à 1 ou 2 % permettent une ponction indolore. La veine est ponctionnée sous échoguidage. La survenue d’un spasme, source de difficultés de ponction, est prévenue par l’utilisation d’une aiguille de petit calibre (21-22G) et la précision de la ponction initiale. L’installation du patient en procubitus, voire la mise en place d’un garrot veineux peuvent faciliter la ponction. Le type de cathéter utilisé dicte la taille de l’introducteur (6, 7 ou 8F). 2) Cathétérisme de la VGS et positionnement du cathéter Avec le système ClosurePlus®, le cathéter de radiofréquence préalablement choisi (6 ou 8F) est relié au générateur et à une perfusion de sérum hépariné qui permet son rinçage permanent. Il est introduit directement dans la VGS, électrodes rétractées, et avancé doucement de façon antérograde jusqu’à la jonction saphéno-fémorale où son bon positionnement, électrodes déployées, est vérifié par échographie. L’extrémité du cathéter est habituellement positionnée entre 5 et 10 mm de la jonction saphéno-fémorale elle- même, ou de l’abouchement de la dernière veine collatérale de la jonction saphéno-fémorale, de façon à en préserver le drainage physiologique. Avec le système ClosureFast®, le cathéter de radiofréquence de 7F est dépourvu d’électrodes rétractables et ne requiert pas de perfusion de rinçage. Dans tous les cas, devant la moindre résistance à la progression du cathéter, le cathétérisme doit être interrompu pour éviter tout risque de provoquer un spasme ou une perforation et la nature de l’obstacle est précisée par l’examen écho-Doppler (valve, tortuosité, fausse route dans une collatérale). Diverses manœuvres telles que la mobilisation en extension du membre inférieur, l’étirement des tissus sous- cutanés, la redirection du cathéter par pression dirigée par la sonde d’écho-Doppler permettent habituellement de franchir l’obstacle. En cas de difficultés persistantes, on peut recourir à l’usage d’un guide hydrophile sur lequel sera monté secondairement le cathéter. Polycopié Phlébologie p.107 3) Anesthésie par tumescence L’anesthésie par tumescence est réalisée par l’injection sous échoguidage en périveineux dans le compartiment saphène, d’un large volume de liquide anesthésiant. Il s’agit d’une dilution à 1 ‰ de xylocaïne dans du sérum physiologique tamponné par du bicarbonate de sodium (formule de Klein modifiée) sur tout le trajet de la veine à traiter, de la jonction saphéno-fémorale au point d’entrée du cathéter. Avant de débuter le traitement, l’examen échographique vérifie la bonne isolation de la veine saphène par rapport aux tissus et surtout par rapport à la peau pour éviter tout risque de lésion thermique cutanée. Cette technique anesthésique contribue à vider la VGS de son sang (« exsanguination) et dispense de l’usage d’une bande d’Esmarch. Formule de Klein modifiée : lidocaïne1%, épinéphrine, 50ml, bicarbonate de sodium 8,4% 5 ml, sérum physiologique 9% 500 ml 4) Traitement thermique Le patient est installé en position de Trendelenburg et une compression manuelle supplémentaire est souhaitable de façon à compléter l’exsanguination de la VGS pendant le traitement. Avec le système ClosurePlus®, le générateur est alors activé et réglé de façon à délivrer une énergie thermique de 85° C. Le cathéter avec ses électrodes déployées peut ensuite être lentement retiré à une vitesse comprise entre 2 et 3 cm par minute. Avec le système ClosureFast®, le traitement est réalisé de façon séquentielle par segments de 7 cm exposés à une température de 120°C pendant 20 secondes, le générateur adaptant la puissance délivrée automatiquement. 5) Vérification par échographie de l’efficacité thérapeutique En réponse au traitement physique par la chaleur de la paroi veineuse, on observe immédiatement après le traitement une rétraction de la veine et surtout un épaississement de la paroi. Il peut persister un flux minime au niveau de la lumière résiduelle à la terminaison de la VGS en post opératoire immédiat, mais le plus souvent, l’oblitération complète de la lumière intervient très rapidement. Polycopié Phlébologie p.108 Laser endoveineux 1) Ponction percutanée échoguidée de la VGS et mise en place d’un introducteur La problématique est identique à celle de la radiofréquence. Un introducteur de 5F est habituellement utilisé. 2) Cathétérisme de la VGS et positionnement du cathéter Un guide en J est habituellement monté dans la VGS jusqu’à la jonction saphéno-fémorale. Il va permettre la mise en place d’un cathéter porteur à l’intérieur duquel sera montée la fibre optique après retrait du guide. La fibre est positionnée à environ 1 à 2cm de la jonction saphénofémorale tout en dépassant d’environ 2cm l’extrémité du cathéter porteur. La luminescence de la fibre laser fournit une aide visuelle directe au repérage de son extrémité. Les difficultés de cathétérisme sont résolues de la même façon que pour la technique de radiofréquence. L’extrémité de la fibre optique est plus difficile à identifier en échographie que celle des différents cathéters de radiofréquence et sa position peut au besoin être déduite de celle du cathéter porteur. 3) Anesthésie par tumescence L’anesthésie par tumescence est réalisée comme décrit précédemment. 4) Traitement thermique Aucune technique d’exsanguination de la VGS n’est requise avec la technique laser. L’ensemble cathéter porteur et fibre optique sont retirés conjointement. Les impulsions laser sont généralement délivrées de façon étagée et en discontinu. Les différents paramètres (durée de l’impulsion (sec), distance entre 2 impulsions (mm) et puissance utilisée (J/cm) varient selon les protocoles utilisés. 5) Vérification par échographie de l’efficacité thérapeutique Un contrôle échographique en post opératoire immédiat n’est habituellement pas proposé. Cryosclérose Cette technique consiste en une congélation étagée du tronc de la veine grande (ou petite) saphène réalisée en complément d’une crossectomie chirurgicale. La sonde utilisée, dont l’extrémité est réfrigérée à -80°C par détente du protoxyde d’azote, est introduite dans la veine saphène de façon rétrograde à partir de la crosse saphène. La fréquence des échecs avec reperméation secondaire a conduit à délaisser cette technique. Polycopié Phlébologie p.109 d. Chirurgie des varices Dans ce chapitre seront explicitée la chirurgie à ciel ouvert, c’est-à-dire la chirurgie d’exérèse classique et ses variantes, et la chirurgie conservatrice des troncs saphènes, à l’exception des procédures endoveineuses. A. CHIRURGIE D’EXERESE CLASSIQUE Les principes de la chirurgie d’exérèse classique consistent à supprimer les veines pathologiques et les sources de reflux qui les alimentent. - 1 suppression des reflux entre réseau veineux profond (RVP) et réseau veineux superficiel (RVS) - aux jonctions saphèno-fémorale (JSF) et saphèno-poplitée (JSP) Par crossectomie, on entend l’exérèse de la portion terminale des troncs saphènes avec ligature au ras de la veine profonde. Ce terme de crossectomie devrait être remplacé par résection de la jonction saphéno-fémorale ou saphéno-poplitée. L’utilisation de ces deux dénominations implique la résection de la veine saphène au ras de la veine profonde, et qui s’accompagne d’une ligature des branches veineuses ou collatérales qui s’abouchent dans la portion terminale du tronc saphène. Le terme de résection élargie inclut une résection de ces collatérales sur plusieurs centimètres. - entre réseau pelvien et veines du membre inférieur Le réseau saphène, le plus souvent la GVS, peut être alimenté par un reflux à partir des veines pelviennes. Ce reflux peut être traité par ligature chirurgicale ou embolisation par coil. - aux perforantes La ligature des perforantes est possible en sus et sous aponévrotique. La seconde a l’avantage de traiter la perforante au contact de la veine profonde, ce qui supprime la possibilité de voir persister un reflux par les collatérales sous aponévrotiques de la perforante (Fig. 1) - 2 suppression du RVS pathologique Deux procédés sont utilisés : le stripping et la phlébectomie. Le terme de stripping désigne l’intervention qui associe résection de la JSF ou de la JSP (crossectomie) et stripping tronculaire saphène combiné ou non à l’exérèse des collatérales variqueuses. Cette résection utilise un stripper. Il faut préciser l’étendue de la veine réséquée : lorsque l’on réalise un stripping tronculaire, on parle de stripping long lorsque la totalité du tronc est enlevé, c'est-à-dire de l’aine à la cheville pour la GVS, de la fosse poplitée à la cheville pour Polycopié Phlébologie p.110 la PVS. Inversement le stripping est dit court lorsque l’exérèse s’arrête en distalité à la jarretière pour la GVS, pour la PVS lorsque les deux tiers proximaux du tronc sont réséqués. L’exérèse des troncs saphènes est rarement réalisée par phlébectomie, la saphène intra-fasciale étant difficilement accessible aux crochets à phlébectomie. La phlébectomie désigne l’exérèse d’une veine réalisée sans stripper. Pour les collatérales saphènes et varices non saphènes, c’est la technique chirurgicale la plus couramment utilisée. Un procédé appelé TriVex associe la transillumination afin de faciliter l’identification des varices à l’hydrodissection par intumescence pour en faciliter l’exérèse. B. CHIRURGIE CONSERVATRICE DES TRONCS SAPHENES Ces techniques ont pour principe de modifier l’hémodynamique veineuse en laissant en place le tronc saphène lorsqu’un reflux a été identifié à la JSF ou à la JSP. Elles peuvent être utilisées seules ou en association : - suppression du reflux pathologique entre RVP et RVS à la JSF ou JSP par simple ligature ou résection de la JSF ou JSP : - suppression du reflux pathologique par ligature de perforantes ; - résection par phlébectomie de collatérales saphènes variqueuses voire d’une partie des troncs saphènes : phlébectomie de Müller. Cette technique a été « remise au goût du jour ». Elle est notamment utilisée dans le principe de l’« ASVAL » (ablation sélective des varices sous anesthésie locale) : le principe physiopathologique est la suppression du réservoir variqueux qui peut permettre au tronc saphène incontinent de réduire son diamètre et de retrouver une compétence de ses valves. - technique CHIVA - manchonnage ou valvuloplastie de la JSF avec phlébectomie des collatérales : le principe consiste à réduire le diamètre de la veine dans le segment abritant la valve pour rétablir sa fonction. C. TECHNIQUES Au plan technique la chirurgie à ciel ouvert se décompose en plusieurs plans. Territoire de la GVS : Chirurgie de la JSF : Elle est réalisée à l‘aide d’une incision cutanée de quelques cm au pli de l’aine qui permet la résection de la JSF et de ses collatérales. Par cette incision, on peut aussi ne pas réséquer la JSF et la manchonner. Polycopié Phlébologie p.111 Cette chirurgie est plus complexe et grevée d’un nombre plus important de complications. Il a été proposé de compléter la résection itérative en posant une plaque en PTFE ou silicone sur la veine profonde pour empêcher de nouvelles récidives. Récidives et chirurgie de la jonction saphéno-fémorale Chirurgie du tronc de la GVS : Le stripping peut être réalisé par différentes modalités. Stripping par télescopage exoluminal (stripper interne) Stripping par invagination : celui-ci peut être réalisé sur fil, ou à l’aide d’un Pin stripper. Il est classique de dire que ces techniques sont moins traumatisantes que le stripping par téléscopage au plan neurologique (fig. 2a et 2b). Cryostripping: après résection de la JSF, la sonde de cryoéveinage est introduite dans la lumière saphène, la veine congelée restant adhérente à la sonde qui est retirée. Chirurgie des collatérales de la GVS : Le stripping est rarement possible, on réalise plutôt une phlébectomie par incisions étagées, la phlébectomie selon Müller. Elle consiste à repérer les collatérales pathologiques de façon précise tous les 2 à 3 mm, en les marquant à la peau. On engage alors par celles-ci le crochet de phlébectomie pour harponner la veine qui est alors extériorisée entre deux pinces, en tirant de proche en proche, en libérant à chaque fois une longueur de veine variable. Cette technique peut être réalisée au cabinet, en ambulatoire, sans prémédication, en respectant les conditions d’asepsie. Territoire de la PVS : Une intervention sur la PVS peut être réalisée isolément, elle peut aussi parfois être réalisée dans le même temps opératoire qu’une intervention sur la GVS. Chirurgie de la jonction saphéno-poplitée : L’échographie doppler pré-opératoire avec cartographie est là aussi indispensable. Elle permet de déterminer la topographie et la morphologie de la JSP, qui sont très variables. Récidives et chirurgie de la jonction saphéno-poplitée C’est une chirurgie difficile en raison de la présence de nombreux éléments vasculo-nerveux. Chirurgie du tronc de la PVS : Le stripping doit être réalisé par invagination au fil ou à l’aide d’un pinstripper afin de minimiser les lésions neurologiques. Le stripping tronculaire court est généralement préféré au stripping long. Polycopié Phlébologie p.112 Chirurgie des collatérales de la PVS On utilise la technique de phlébectomie au crochet. Compression post-opératoire Bien qu’aucune étude contrôlée randomisée n’ait comparé l’absence de compression à sa mise en place, celle-ci fait l’objet d’un consensus professionnel, elle peut être réalisée par bande ou par bas mis sur table. Elle n’a pas de raison d’être prolongée au-delà de 8 jours en l’absence de trouble trophique. Chirurgie de la perforante de la fosse poplitée : On utilise la même voie d’abord que pour la résection de la JSP. Après sa ligature au contact de la veine profonde, la résection de la varice est réalisée par phlébectomie. Chirurgie des perforantes jambières: Elle peut être réalisée soit par abord direct, cette technique est actuellement abandonnée sauf pour les ligatures ponctuelles des perforantes, soit plutôt par chirurgie endoscopique des perforantes sous-fasciales. Cette dernière peut utiliser un seul trocart ou deux trocarts en fonction de l’opérateur (fig. 4). D. ANESTHESIE On ne devrait plus actuellement réaliser de chirurgie des varices sous anesthésie générale ou anesthésie rachidienne. L’anesthésie locorégionale ou locale (anesthésie par tumescence) peut être utilisée dans toutes les situations à l’exception de la chirurgie endoscopique sous- fasciale. En effet l’utilisation de l’anesthésie locorégionale ou locale a considérablement réduit la survenue des douleurs post- opératoires et des complications : thromboses veineuses profondes, morbidité de l’anesthésie générale ou rachidienne. Par ailleurs ces modes d’anesthésie permettent la réalisation ambulatoire de cette chirurgie et de diminuer le coût. Polycopié Phlébologie p.113 Figure 1 Ligature des perforantes A Fréquemment les perforantes présentent des collatérales qui s’anastomosent avec le réseau veineux superficiel. Elles naissent en règle dans la portion sous-aponévrotique de la perforante. 1 veine profonde ; 2 veine perforante ; 3 collatérale de la veine perforante ; 4 veine sous-cutanée ; 5 aponévrose ; B La ligature sus-aponévrotique expose à de mauvais résultats. Le reflux persiste à travers les collatérales ; C La ligature sous-aponévrotique entraîne l’oblitération des collatérales de la perforante. Polycopié Phlébologie p.114 Fig. 2a Stripping par invagination sur fil. 1. La veine est cathétérisée par un stripper depuis la distalité (ici la malléole tibiale) jusqu’à l’aine. 2. Un fil solide est noué sur le stripper. Il doit avoir une longueur double de celle de la veine à stripper. 3. Le stripper est retiré de l’aine à la malléole, le fil a pris sa place. 4. Ce fil est solidarisé à la grande veine saphène à l’aine. 5. La traction sur l’extrémité distale du fil permet le stripping de la veine par invagination. Polycopié Phlébologie p.115 Fig. 2b Pin-stripping. 1. L’extrémité distale du pin-stripper est introduite dans la lumière veineuse à la partie proximale du segment à traiter. 2-3. Le stripper est extériorisé à la limite inférieure de la veine à traiter après une incision cutanée et perforation de la veine. 4-5. Le fil fixé à l’oeillet du pin-stripper est introduit dans la lumière veineuse par traction sur le stripper, puis solidarisé avec la veine. Le noeud doit être effectué sur le fil et non sur le pin-stripper. 6. Le stripper et la veine invaginée sont extraits par l’incision distale. Polycopié Phlébologie p.116 Fig. 3 : Tronc commun petite veine saphène - veines gastrocnémiennes. La ligature se situe en amont ou en aval du tronc veines gastrocnémiennes suivant que celles-ci ont été identifiées compétentes (en bas) ou non (en haut) par l’ED préopératoire. 1. Tronc commun 2. tronc des veines gastrocnémiennes médiales 3. veine poplitée 4 Petite veine saphène Polycopié Phlébologie p.117 Fig. 4 : chirurgie endoscopique sous-fasciale Les figures de ce chapitre sont issues de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale 2007, 43-161B (M.Perrin) et publiées avec l’accord de l’éditeur Polycopié Phlébologie p.118 7. LES COMPLICATIONS ET LES CONTRE-INDICATIONS DE LA SCLEROTHERAPIE a. Complications de la sclérothérapie La fréquence de ces complications est faible avec une incidence de moins de 0.5%. Les complications infectieuses, médiatisées encore récemment, ne concernent qu’un infime nombre de praticiens, même si elles frappent l’opinion publique. Mais à côté de ces accidents, il existe des complications bénignes et bien plus fréquentes dans l’exercice quotidien comme le malaise vagal, que le Médecin Vasculaire doit connaître et savoir prévenir. Nous envisagerons successivement les complications générales, régionales, et locales de la sclérothérapie pour terminer par les très rares troubles visuels en rapport avec l’usage des agents sclérosants sous forme de mousse. 1- Les complications générales Elles sont de quatre types : Malaise vagal, réactions allergiques, complications traumatiques et infectieuses. Le malaise vagal - Il survient surtout lors des premières injections et conduit à un arrêt immédiat du geste. - Il se traduit par une sensation de faiblesse généralisée avec pâleur, sueur, et bradycardie pouvant aller jusqu’à la perte de conscience. - Sa prévention repose sur la réalisation des injections chez un sujet allongé en créant un climat de confiance et en dédramatisant la technique (particulièrement en ce qui concerne le caractère réputé douloureux de la sclérothérapie). Il faut savoir rechercher des antécédents vagaux, surveiller les réactions du patient pendant l’injection, et ne pas multiplier le nombre d’injections lors de la première séance. - Traitement du malaise vagal : * D’abord, installer le patient en décubitus complet tout en lui surélevant rapidement les deux membres inférieurs. Il est conseillé d’augmenter le tonus sympathique en trempant l’extrémité des doigts d’une main du malade dans un verre d’eau glacée. * Bien plus rarement, il est utile d’injecter de l’atropine en sous-cutané (0.5 à 1 ml soit une demi à une ampoule) en association à une oxygénothérapie au masque (5 litres par minute). Dans tous les cas le patient sera gardé 30 minutes pour surveillance en évitant de le laisser seul (pouls, tension, conscience toutes les 10 minutes). Polycopié Phlébologie p.119 2- Les complications allergiques - Elles sont rares. - Une sensation de goût d’éther est possible lors de l’injection de tétra-décyl-sulfate de sodium. - En dehors du choc anaphylactique avec œdème de Quincke, les complications purement allergiques sont rarement en cause lors de la séance de sclérothérapie elle-même. Elles surviennent surtout après les injections lorsque le patient aura repris une activité normale (placards érythémateux de type urticarien dans les 24 heures ou la semaine suivant l’injection). - Tous les agents sclérosants sont en cause mais le tétra-décyl-sulfate de sodium est connu pour être à l’origine de réactions allergiques sévères et le plus souvent immédiates : rashs érythémateux, prurit de la face et des extrémités, rougeur des conjonctives, toux irritative survenant dans les minutes qui suivent l’injection, voire choc allergique et œdème de Quincke. L’asthme est une contre-indication à l’usage de cette molécule. De même les patients intolérants au chrome ne se verront pas proposer l’usage de la glycérine chromée. - La prévention de ces manifestations est fondamentale. Il faut rechercher systématiquement des antécédents allergiques (asthme, urticaire, intolérance aux agents de contraste, agent sclérosant), un terrain atopique (eczéma de contact particulièrement aux bijoux fantaisie). L’existence d’un asthme ou d’une urticaire en phase aiguë est une contre-indication à la sclérothérapie. - Le traitement des manifestations allergiques d’intensité modérée associe des antihistaminiques per os (desloratadine – Aérius ® - 1/j pendant 8 jours) à des corticoïdes par voie orale (prednisolone - Solupred ® - à raison de 1 mg/kg/24 H pendant 4 jours). Le recours à un avis spécialisé (Allergologue) est systématique pour faire le point et prouver la responsabilité de l’agent sclérosant incriminé. - Le traitement des manifestations allergiques majeures (choc allergique, œdème de Quincke) se manifestant au décours même de l’injection sclérosante se gère en urgence. - Il faut : * prévenir le centre 15, * mettre en place une voie veineuse, avec remplissage rapide sur 30 minutes par des macromolécules (hydroxyéthylamidon 130 000 – Voluven ®) en attendant l’arrivée du SAMU, * oxygéner le patient au masque (10 litres par minute), * injecter immédiatement en IM à la cuisse 0,50 mg d’adrénaline soit une 1/2 ampoule, à renouveler si besoin en fonction de la clinique au bout de 5 minutes. Si le patient est sous β bloquant n’injecter que 0.25 mg. * par la suite injecter aussi 80 mg de méthylprednisolone (Solumédrol ®) en IV soit une ampoule relayée sur le champ par 60 mg de prednisolone (Solupred ®). Polycopié Phlébologie p.120 3- Les complications traumatiques - Il s’agit, soit de chute de la table d’examen après sclérothérapie, soit de chute de l’escabeau de Marmasse. Plus fréquentes qu’on ne peut le supposer ces chutes engagent la responsabilité du praticien, s’il n’aide pas son patient à se mobiliser en toute sécurité. - La prévention passe par un suivi attentif du comportement des malades et un accompagnement des personnes les moins mobiles. Ne pas quitter la salle de soins ou d’examen en laissant un patient seul. 4- Les complications infectieuses - Elles intéressent, les patients, le praticien et le personnel soignant non médical. - Concernant les patients, il peut s’agir de complications septiques allant de l’abcès jusqu’à la septicémie ou de contamination en rapport avec un mésusage du matériel consommable (virus HIV ou celui de l’hépatite C). - Concernant les praticiens et le personnel soignant non médical, il s’agit de contamination accidentelle soit au décours de l’injection (ne pas recapuchonner les aiguilles usagées), ou de la manipulation des déchets. - la prévention des ces accidents passe par une asepsie rigoureuse, le nettoyage de la table, le lavage des mains. Le port de gants, l’usage de gel et de protège-sondes stériles est recommandé lors de la pratique de l’échosclérothérapie. Le matériel consommable ne doit servir qu’à un seul patient et le recours aux seringues en matière plastique à usage unique doit être la règle. On ne peut que conseiller de réduire au maximum l’utilisation des dilutions qui se doivent impérativement d’être réalisées extemporanément. Enfin l’élimination des déchets doit être réalisée en fonction de la législation en vigueur en respectant l’usage de containers dédiés pour les aiguilles et l’enlèvement des déchets à risques par des organismes autorisés. 5- Les complications régionales Ce sont les douleurs traçantes lors des injections, les injections intra-artérielles et les complications thrombotiques veineuses. Les douleurs traçantes lors des injections - Par principe, toute douleur traçante violente dès les premières gouttes d’injection conduit à arrêter l’injection. - Il peut s’agir : * d’une phlébalgie simple en rapport avec l’agent sclérosant injecté, notamment la glycérine chromée, Polycopié Phlébologie p.121 * de l’atteinte d’une branche d’un nerf sensitif. Certaines régions sont plus souvent concernées que d’autres comme le dos du pied ou la face antéro-externe de la jambe. - Il est recommandé de garder le patient sous surveillance pendant 15 à 30 minutes. Les injection intra-artérielles ou intra-artériolaires - Elles ont été longtemps la complication redoutée de la sclérothérapie des troncs saphènes et particulièrement de celui de la petite veine saphène. L’usage de cathéter, le plus souvent court, l’existence et la diffusion de l’échosclérothérapie ont contribué à faire quasiment disparaître cette complication majeure. - L’injection artérielle ou artériolaire se traduit par une douleur aiguë, en cours de geste se propageant vers la distalité du membre inférieur touché. Elle est violente, persistante, à type de crampe ou de brûlure. Elle est à l’origine d’un déficit fonctionnel (le patient ne pose plus le pied par terre). « L’existence d’une plage d’altération de la peau à distance du point d’injection signe l’injection intra-artérielle. » (P.WALLOIS). Au niveau du territoire cutané dépendant de l’artère injectée, la peau devient par la suite très blanche entourée d’une limite violacée avec un contour irrégulier en carte de géographie. L’injection d’une collatérale à destinée purement musculaire peut ne pas s’accompagner de troubles cutanés. Deux à trois jours après l’accident il sera possible de faire le point sur les lésions. Soit l’atteinte sera limitée, avec des lésions musculaires (tuméfaction douloureuse) ou cutanée (escarre de couleur noire) localisées, soit l’atteinte sera majeure avec une atteinte musculaire diffuse pouvant conduire à une éventuelle amputation. - Les régions à risque sont principalement : le creux inguinal, la fosse poplitée et la région malléolaire interne. Polycopié Phlébologie p.122 - La prévention de ce type d’accident repose sur : * la connaissance des régions à risque, * le principe d’éviter toute tentative de cathétérisme, désordonnée de la veine à ponctionner lorsque le reflux ne vient pas facilement, * la réalisation d’une injection en trois temps : ° vérification de la qualité du sang qui vient dans le corps de la seringue en visualisant bien le reflux et en appréciant sa couleur (rouge veineux) ° injection test de quelques gouttes d’agent sclérosant puis arrêt ° puis réinjection lente, sans précipitation, avec arrêts pour surveiller le patient. * le recours systématique à l’échosclérothérapie chaque fois que possible, - Devant une suspicion d’injection artérielle : * garder son sang-froid, appeler le centre 15 et mettre en place une voie veineuse * hospitaliser en urgence, le patient dans un service de Médecine ou de Chirurgie Vasculaire, * en attendant le transfert : ° injecter immédiatement 100 mg d’hémisuccinate d’hydrocortisone en intraveineux, ° donner des antalgiques majeurs, ° pratiquer une injection d’Héparine de Bas Poids Moléculaire à dose préventive – enoxaparine 40 mg (Lovénox®).L’effet protecteur de l’héparine ne semble pas lié à son action anticoagulante, °réfrigérer la peau en souffrance avec des packs de glace placés dans une serviette. Les thromboses veineuses - Nous entendons par là, les manifestations thrombotiques se produisant à distance du réseau traité et se produisant sur un réseau indépendant de ce dernier ; - Le plus souvent il s’agit de thromboses veineuses distales (veines musculaires du réseau gastrocnémien médial, perforantes jambières). La majorité d’entre elles sont actuellement en rapport avec l’usage de la forme mousse. - Il va de soi que toute douleur au niveau d’un membre inférieur ayant bénéficié d’un geste de sclérothérapie dans les jours précédents justifie la réalisation d’un écho-doppler veineux. - Que faut il penser de cet épisode thrombotique, notamment en terme de bilan étiologique et de contre indication ultérieure à la technique ? - Une thrombose gastrocnémienne médiale -qui n’a pas de grande valeur péjorative si elle survient après sclérothérapie d’une petite saphène et d’autant plus s’il existe un tronc commun Polycopié Phlébologie p.123 petite saphène/veine gastrocnémiennes. En-dehors de cette localisation et compte tenu de la rareté de cette complication, un bilan étiologique est souhaitable : recherche d’une thrombophilie chez le jeune, d’un cancer chez le sujet plus âgé en s’appuyant sur l’examen clinique pour orienter le bilan d’une éventuelle néoplasie sous-jacente. - Le traitement préventif de ces manifestations repose sur les principes suivants : * rechercher lors de l’interrogatoire des antécédents de thrombose veineuse personnelle ou familiale, un syndrome inflammatoire ou des anomalies de la coagulation. * respecter les contre-indications de la sclérothérapie qui doit rester l’apanage de patients ambulatoires. * les déficits en antithrombine et un syndrome des antiphospholipides avéré sont une contre-indication à la sclérothérapie. * Concernant les autres cas de figure, la réponse se fera au cas par cas en tenant compte de la nature de l’anomalie, de son expression clinique, des doses et de la forme utilisées. * La question d’une jeune patiente asymptomatique, porteuse d’une mutation hétérozygote du facteur V ou du facteur II mise en évidence au décours d’une enquête familiale est relativement fréquente. A notre sens il n’est pas légitime de contre-indiquer de façon absolue une éventuelle sclérothérapie chez ce type de patientes. Le praticien a un devoir d’information sur une éventuelle majoration du risque thrombotique. En accord avec la patiente, une sclérothérapie est ensuite envisageable, avec prudence et vigilance , et recours ou non (au cas par cas et selon le type de sclérothérapie envisagée) à une prévention héparinique de type 40 mg d’enoxaparine (Lovenox®) lors de la séance. - Leur traitement est classique : anticoagulation, traitement élasto-compressif relayé à 10 jours par un bas de compression classe trois pour 3 mois, et déambulation. Le suivi sera aussi très conventionnel : clinique, biologique (plaquettes, INR) et ultrasonore. - S’agissant d’un premier épisode de thrombose, la durée du traitement sera fonction de la nature de l’atteinte : thrombose superficielle (15 jours), musculaire (6 semaines), profonde distale (3 mois) ou proximale (6 mois). Polycopié Phlébologie p.124 6- Les complications locales Ce sont les ecchymoses, les oedèmes du pied, les réactions inflammatoires veineuses post sclérose ou « veinites », les pigmentations, les télangiectasies post sclérothérapie ou « telangiectatic matting » et les nécroses consécutives aux extravasations Les ecchymoses Ce ne sont pas au sens strict des complications. Elles concernent surtout les veines de petits diamètres. Leur prévention passe par l’usage d’aiguille de petit calibre et la réalisation d’une ponction douce mais franche, et bien oblique par rapport à la veine à cathétériser. Les oedèmes du dos du pied C’est une possibilité fréquente lors des injections à ce niveau. En principe pour éviter ce phénomène, ne scléroser les veines du pied ou du cou-de-pied que si elles ne sont en relation avec des varices sus-jacentes (intérêt majeur de la compression). Les réactions inflammatoires veineuses post sclérothérapie : veinite, périveinite, veinite ascendante. - Ces réactions inflammatoires sont dans la grande majorité des cas secondaires à un surdosage. - Le principe même de la sclérothérapie est la mise en œuvre d’une agression chimique de l’endothélium des veines variqueuses à l’origine d’une suite de réactions biochimiques conduisant à la sclérose. En principe et dans l’idéal, ce processus se passe avec un minimum de réaction inflammatoire sans même que le patient puisse en être conscient. - Au-delà, tous les cas de figure sont possibles, de la simple réaction inflammatoire douloureuse avec induration veineuse débutant dans la semaine suivant l’injection, - veinite simple - jusqu’à une réaction inflammatoire majeure durant un mois et intéressant la veine et les tissus avoisinants - veinite avec périveinite . - La veinite ascendante se produit classiquement, après des injections un peu dosées de paquets variqueux jambiers. La réaction inflammatoire s’étend au tronc saphène pour intéresser parfois jusqu’aux collatérales de crosse. - En l’absence de traitement l’évolution se fait vers une régression des manifestations inflammatoires mais parfois au prix d’une pigmentation et de télangiectasies en regard de la zone injectée. - Sur le plan clinique, la veinite se caractérise par un cordon douloureux, chaud, dont les limites sont peu définies avec une peau inflammatoire en regard. Il ne s’agit pas au sens strict d’une thrombose veineuse superficielle. On peut parler ici de phlébite sans thrombose, avec présence Polycopié Phlébologie p.125 d’un hématome intravariqueux encore appelé sclérus très adhérent à la paroi dont l’importance est variable suivant les cas - S’il était réalisé, un examen écho-Doppler retrouverait du matériel endoluminal très adhérent à la paroi. - La prévention des veinites passe par un respect des contre-indications de la sclérothérapie, la recherche systématique de la dose minimale efficace, et par la mise en place d’une compression fixe si l’on soupçonne un risque de surdosage ou plus systématiquement pour certains lors de la prise en charge des paquets variqueux jambiers et de la petite saphène. - sur un plan thérapeutique, la conduite à tenir s’organise en deux temps : * à la phase aiguë, compression de préférence fixe (bandes collantes), associée à des anti-inflammatoires non stéroïdiens per os, en recommandant au patient de se mobiliser normalement. Un contrôle clinique est légitime à une semaine pour faire le point et notamment dépister une éventuelle extension ascendante. * par la suite lorsque la réaction inflammatoire aura régressé, la veine sera ponctionnée (ponction avec une lame de bistouri N°11 ou aiguille de 20 Gauges). La poursuite de la compression sera proposée jusqu’à la disparition des signes inflammatoires. Les pigmentations - La pigmentation succède souvent à une réaction inflammatoire locale dans la droite ligne d’un surdosage. Il s’agit de plaques linéaires ou arrondies de couleur brunâtre, hétérogènes, et d’autant plus marquées qu’elles coexistent avec un reflux sus-jacent et que le surdosage réalisé a été important. La disparition de ces anomalies est lente, mais les pigmentations se résorbent progressivement pour aboutir à une disparition totale en plusieurs mois. - La prévention des pigmentations résiduelles après sclérothérapie repose sur trois précautions essentielles : * ne jamais traiter d’emblée les varices ou les télangiectasies les plus superficielles sans avoir au préalable recherché et traité un reflux sus-jacent, * éviter au maximum les réactions inflammatoires veineuses le plus souvent provoquées par un surdosage. * évacuer les collections hématiques qui ont pu se former. Ceci raccourcit la résorption et diminue le risque de pigmentation résiduelle. - sur un plan thérapeutique, il est possible de proposer des crèmes dépigmentantes de type méquinol (Leucodinine B 10%). Les corticoïdes en application locale sont proposés en cas de réactions inflammatoires avec érythème. Le risque en cas d’usage prolongé est celui d’une atrophie cutanée. Les télangiectasies post sclérothérapie ou « telangiectatic matting » - Ce sont des néo vaisseaux et ils existent aussi relativement fréquemment après stripping. Polycopié Phlébologie p.126 - Les télangiectasies post-sclérose apparaissent à la suite de réactions inflammatoires excessives secondaires, le plus souvent, à un surdosage. Elles peuvent aussi être la conséquence soit d’une extravasation, soit d’une mauvaise planification du traitement de la varicose du patient (omission de prise en charge d’une veine importante refluente en amont). - Ces télangiectasies sont rouges, inflammatoires, réparties en plaques, bouquets ou en haies. Elles s’effacent à la vitropression et peuvent présenter une augmentation modérée de chaleur locale. - Leur prévention passe par * un bilan précis de toute varicose, examen clinique et cartographie veineuse superficielle avant d’envisager un geste de sclérothérapie. * la prévention des surdosages * l’évacuation des collections hématiques en cas de veinite. - Souvent ces télangiectasies involuent spontanément en 3 à 12 mois. Entre 10 et 20% des patients les garderont définitivement. - Le traitement de ces télangiectasies rebelles après la disparition de tout phénomène inflammatoire est relativement limité. La microsclérose est possible mais difficile techniquement compte tenu de la petite taille de ces vaisseaux. De faibles doses sont conseillées pour les auteurs Français. Les lasers vasculaires ont aussi dans ce domaine une indication. Les nécroses consécutives aux extravasations - Ces nécroses cutanées sont liées à une extravasation de solution sclérosante par carence technique ou manque d’expérience du praticien. L’injection extravasculaire est l’écueil permanent de la sclérothérapie. En 2006 elles représentent quatre des dix déclarations faites au Sou Médical dans le cadre de la pratique de la sclérothérapie - La nécrose se produit d’autant plus facilement que l’agent sclérosant sera injecté près du derme. - l’extravasation se traduit par une douleur contemporaine de l’injection qui ne cède pas dans les dix minutes suivant le geste. La persistance de la douleur si elle s’associe à la perception d’une tuméfaction sensible au toucher en regard du point d’injection doit donner l’alarme. - En cas d’extravasation concernant la prise en charge des troncs saphènes ou de varices situées dans l’hypoderme, le tableau clinique associera de plus, au bout de quelques jours, une tuméfaction rouge, douloureuse et une réaction inflammatoire. Si l’injection a touché profondément les plans sous-cutanés, le risque d’abcès est majeur. En principe en l’absence d’abcédation, l’évolution est spontanément favorable en quelques mois sans retentissement cutané. - En cas d’extravasation concernant la prise en charge de veines superficielles, ou de télangiectasies le retentissement sera cutané avec apparition successivement d’un placard rouge douloureux induré, puis de phlyctènes avec rapidement formation d’une tâche nécrotique Polycopié Phlébologie p.127 évoluant vers la formation d’une croûte en une dizaine de jours. La taille de la nécrose cutanée est en rapport avec l’importance de l’extravasation. Petite en cas de traitement de télangiectasies elle se majorera en cas de prise en charge de varices proprement dites. A terme, après 1 à 2 mois d’évolution, la guérison sera obtenue au prix d’une cicatrice souvent blanchâtre entourée d’un halo rouge témoin de l’inflammation tissulaire. - La prévention est une question de rigueur technique : * respecter la douleur dont l’apparition commande l’arrêt de l’injection, * se méfier des cathétérismes qui ne concordent pas avec ce que l’on pouvait attendre de la palpation précédant l’injection, * contrôler le reflux * vérifier la position du biseau de l’aiguille dans la veine en faisant effectuer au besoin un demi ou un quart de tour à la seringue, * surveiller au toucher l’absence d’extravasation pendant toute l’injection grâce à l’index ou au majeur de la main contro-latérale qui au contact de l’aiguille à travers la peau percevra immédiatement toute anomalie (sensation de gonflement sous la pulpe). * avoir recours à l’échosclérothérapie en cas de varices non palpables - Le traitement curatif comporte deux volets : * dès la certitude de l’extravasation confirmée, il faudra d’abord diluer l’agent sclérosant extravasé par une injection immédiate de sérum physiologique ou de xylocaïne pour limiter la nécrose tissulaire. Ensuite il est souhaitable de mettre en place une contention fixe élastoadhésive à titre essentiellement antalgique. Les jours suivants seront dominés par le renouvellement de la contention fixe et le suivi évolutif de la lésion. * au stade de l’escarre et de l’ulcération le traitement repose sur la bonne conduite d’une cicatrisation dirigée. Polycopié Phlébologie p.128 7- Les troubles visuels en rapport avec l’usage de la forme mousse - la forme mousse présente des effets secondaires propres, rares au demeurant, de l’ordre de 1 pour 1000, sous forme de troubles visuels bénins, constamment spontanément réversibles. Ces troubles sont plus fréquents chez les patients migraineux, (migraine accompagnée ou avec aura visuelle), lesquels auront aussi une certaine propension à développer des céphalées après injection de forme mousse. Par principe la forme mousse ne sera proposée à ces malades qu’après les avoir informés de ces effets secondaires possibles. Le plus souvent (autour de 90% des cas rapportés) ces troubles visuels sont rapportés lors de l’usage de la forme mousse pour le traitement des télangiectasies et des veines réticulaires. La durée des séances constituées de multiples injections et la stabilité relative de la mousse au-delà de trois minutes concourent lors de la prise en charge des télangiectasies à injecter plus de macro que de microbulles. C’est un problème connu depuis déjà quelques années et déjà apparu avec la technique d’injection dite de l’air block. En pratique l’usage de la mousse est discuté pour la prise en charge des télangiectasies et des veines réticulaires. - L’existence d’un foramen ovale perméable a aussi été évoquée comme une explication possible. Si son existence est connue, le foramen ovale constituera alors une contre-indication de principe à la sclérothérapie à la mousse. - le recours à une micromousse, fine, extemporanée, standardisée, et fabriquée de manière automatisée comme le permet le Turbo-Foam® est préférable. Avec ce dispositif les microbulles ainsi fabriquées sont mesurées à moins de 100 µM sans grande variabilité de taille ce qui confère à cette mousse une stabilité et une qualité supérieure à celle fabriquée par la technique manuelle dite de Tessari. Les accidents graves sont rares. Ne pas hésiter à recourir dès que possible au guidage échographique pour gagner en terme de sécurité d’injection. La recherche de la dose minimale efficace doit être systématique. Travailler sans précipitation et sans aller au-delà de ses propres limites techniques est un autre principe intangible. Devant toute douleur immédiate et persistante, envisager l’hypothèse d’une extravasation est aussi un principe fondamental. Ne pas hésiter à réaliser, au moindre doute, un écho-Doppler lorsque survient une douleur vraiment anormale après une séance de sclérothérapie est encore un principe incontournable. Pour terminer, soulignons la nécessité d’une formation appropriée. La sclérothérapie compte tenu des risques liés à la technique (injection intra-artérielle et extravasation intradermique), ne s’improvise pas. De plus la pratique de cet acte doit être régulière et suivie dans le temps pour garantir une qualité optimale du geste Polycopié Phlébologie p.129 Aphorismes : 1) Travailler sans précipitation et sans aller au-delà de ses propres limites techniques. 2) Rechercher systématiquement des ATCD allergiques : - agent sclérosant, - bijoux fantaisie. 3) « Du fait qu’il n’est pas deux sujets semblables et qu’il ne peut exister de règles absolues, quant au traitement à leur appliquer, nécessité est de toujours tâter le terrain » R. TOURNAY - Tendre vers la plus petite dose efficace - Notion de seuil individuel de réactivité optimale 4) L’injection extravasculaire est l’écueil permanent de la sclérothérapie. 5) Connaître les zones à risques que sont : la région inguinale, le creux poplité, la région rétromalléolaire interne et d’une façon générale le cou-de-pied. 6) Contrôler l’injection à la vue (reflux) mais aussi avec la pulpe du doigt. 7) Ne pas hésiter à recourir dès que possible au guidage échographique pour gagner en terme de sécurité d’injection. 8) « L’existence d’une plage d’altération de la peau à distance du point d’injection signe l’injection intra-artérielle. » P.WALLOIS. 9) Avoir recours à une mousse, fine, extemporanée, standardisée, et fabriquée de manière automatisée 10) Ne pas croire que l’expérience dispense des mesures de prudence. Polycopié Phlébologie p.130 b. Complications et morbidité après chirurgie des varices 1- Complications postopératoires 1-1Complications thromboemboliques Le risque de thrombose veineuse profonde (TVP) et d’embolie pulmonaire (EP) est difficile à estimer, car il dépend non seulement du patient, mais du type de chirurgie à ciel ouvert réalisé, de la modalité anesthésique et de la date de la reprise de la déambulation. Ce risque dans les séries récentes publiées se situe entre 0,40 % et 5, 3% pour les TVP et autour de 0,05 % pour l’EP. Le traitement prophylactique systématique par HBPM n’est pas justifié, il doit être prescrit de façon sélective: pathologies médicales associées, interventions jugées à haut risque thrombogène. Bien que nous ne disposions pas d’études contrôlées randomisées, l’anesthésie générale, comparée à l’anesthésie locorégionale ou locale, est un facteur de risque de TVP. 1-2 Autres complications 1-2-1 Hématomes. Ils sont la règle après chirurgie d’exérèse classique, pratiquement absents après chirurgie conservatrice des troncs saphènes. Leur survenue inquiète souvent l’opéré ; aussi doit-il en être prévenu à l’avance et rassuré car ils régressent sans séquelle. La compression les prévient partiellement et diminue les douleurs dont ils sont responsables. 1-2-2. Complications infectieuses locales. Elles sont rares et surviennent le plus souvent après chirurgie itérative au pli de l’aine. 1-2-3 Complications lymphatiques. Précoces, elles se traduisent par une collection lymphatique ou une lymphorrhée le plus souvent à l’incision inguinale par traumatisme opératoire des vaisseaux ou des nœuds lymphatiques. Les lymphatiques peuvent également être lésés lors de phlébectomies dans certaines localisations (dos du pied, crête tibiale). Un pseudokyste lymphatique se développe, souvent résistant aux traitements (ponction, massage, compression, drainage lymphatique manuel). Tardives, les complications se traduisent par un lymphœdème qui doit être traité en tant que tel. Ce lymphœdème, relativement exceptionnel survient surtout après chirurgie itérative au pli de l’aine. 1-2-4 Complications neurologiques. Elles sont essentiellement liées au traumatisme peropératoire, très rarement à la compression élastique lorsque celle-ci a été appliquée chez un malade sous anesthésie générale. Les lésions des nerfs moteurs sont exceptionnelles, mais peuvent avoir un caractère définitif. À l’inverse, les lésions des nerfs superficiels sensitifs, Polycopié Phlébologie p.131 estimées entre 10 et 50 %, se traduisent par des troubles de type anesthésie, paresthésie, dysesthésie, plus rarement par une névralgie ou par survenue d’un névrome. Souvent le patient ne prend conscience de ces troubles neurologiques que quelques jours après l’intervention ; ils régressent le plus souvent en quelques semaines, parfois après plusieurs mois et sont rarement définitifs. Deux études récentes ont montré assez curieusement que leur survenue n’influençait pas la qualité de vie en postopératoire. Il est classiquement admis que le stripping court ou partiel de la GVS et de la PVS diminuait le taux des complications neurologiques. On attribue le même avantage au stripping par invagination, mais une analyse des études randomisées contrôlées remet en cause cette affirmation. 1-2-5 Complications esthétiques. Elles sont tardives. Les cicatrices disgracieuses sont rares si l’opérateur a respecté les règles admises en matière d’incision cutanée. L’aggravation des télangiectasies préexistantes, la survenue d’un réseau de néo-télangiectasies (matting) ou d’une pigmentation, en particulier à la face médiale de la cuisse, ne sont pas exceptionnelles sur le trajet du stripping. Ont également été rapportées le long du trajet du stripping des complications cutanées : hypertrichoses localisées, dermatite sclérodermiforme, vitiligo. Ces complications peuvent également se produire en regard des incisions de phlébectomie. Les patients doivent en être avertis. 1-2-6 Complications vasculaires. Des ligatures, voire des strippings des axes artériels et veineux profonds ont été rapportés. Ils sont liés à l’inexpérience ou l’inattention de l’opérateur. Leur traitement immédiat par chirurgie vasculaire réparatrice ou reconstructive s’impose 2- Morbidité Morbidité en fonction de la modalité technique utilisée Stripping du tronc saphène. Il est classiquement admis que le stripping court et la technique par invagination donnent moins de complications neurologiques. Phlébectomie des collatérales : si le procédé Tri Vex® diminue le nombre d’incisions, les douleurs postopératoires sont plus importantes et la qualité de vie immédiate moins satisfaisante. Suivi phlébologique Il demeure indispensable au long cours compte tenu de la fréquence des récidives quelle qu’en soit la cause et de l’évolutivité de la maladie. Bien que ce point soit contesté en France par la haute autorité de santé, un ED postopératoire dans un délai de quelques semaines nous paraît légitime afin de contrôler le résultat de l’intervention. Polycopié Phlébologie p.132 c. Contre-indications CONTRE-INDICATIONS DE LA SCLEROTHERAPIE La sclérothérapie doit pouvoir être pratiquée dans des conditions de sécurité maximales, sa technique doit être clairement décrite et reproductible. Ses contre-indications doivent donc être précisément connues. Les contre-indications de la sclérothérapie peuvent être selon le cas : - mentionnées par l’AMM du produit sclérosant (mentions légales du Vidal®), - observées empiriquement par les praticiens, - extrapolées de mécanismes théoriques (hypothétiques ?), - ou analysées à partir de travaux cliniques contrôlés. Elles peuvent être liées : - au patient, - à la méthode (si on peut considérer qu’une autre technique serait plus appropriée), - à l’agent sclérosant (molécule, forme (liquide ou mousse). Les mentions du Vidal® sont différentes pour les trois produits du marché Français (en DCI : Lauromacrogol 400, Tétradécyl sulfate de sodium, Glycérine chromée), ces mentions sont obsolètes et devraient être révisées (dans les deux sens). On trouve: les allergies, les états fébriles, les phlébites (sic), l’enfance et la grossesse. Selon le produit, les AMM contre-indiquent également les injections intra-artérielles (évidemment ce serait une erreur technique), et le traitement des grosses varices. La Glycérine Chromée sera évitée chez les patients présentant une affection rénale (exact). Polycopié Phlébologie p.133 Commentaires sur les mentions légales : Les allergies sont des contre-indications classiques mais exceptionnelles, à rechercher et à respecter. Les antécédents de thrombose veineuse et les thrombophilies sont des contre-indications théoriques qui font actuellement l’objet de recherches cliniques visant à déterminer la pertinence d’une thrombo-prophylaxie médicamenteuse (HBPM, AVK). A ce propos, la sclérothérapie n’est pas interdite chez les patients traités par anticoagulants oraux. La grossesse n’est habituellement pas une période où la sclérothérapie est indiquée ou recommandée, mais selon certains auteurs ne semblent pas être une contre-indication formelle. En tout état de cause, de nombreuses patientes dont la grossesse n’était pas connue ont été sclérosées sans dommage. Chez l’enfant, la sclérose des malformations veineuses est une méthode de plus en plus employée par les centres spécialisés. Enfin, grâce à l’utilisation de la sclérothérapie échoguidée à la mousse les «grosses varices» ne sont plus une contre-indication. En plus des mentions légales, on pourra retenir : alitement, affections générales décompensées, manque de compréhension du patient, phobie des injections, espérance de vie réduite, cancer évolué, administration de Tamoxifène (DCI), et enfin un traitement par Disulfirame (DCI). Les cardiopathies susceptibles de greffe bactérienne ne sont pas une contre-indication, elles justifient les recommandations en matière d’hygiène, stérilité et sécurité applicables dans tous les cas. Enfin, concernant la forme mousse, un certain nombre d’inconnues persistent, mais on peut indiquer que: - on n’emploiera pas cette forme chez les patients porteurs d’un Foramen Ovale Perméable symptomatique, surtout associé à un anévrysme du septum inter-auriculaire. - Pour les patients ayant des antécédents de migraine avec aura, la possibilité de troubles visuels justifie des injections de volumes modérés et un avertissement du patient - La mousse n’est pas utile dans le traitement des télangiectasies et veines réticulaires en première intention. Au total on retiendra que les contre-indications sont rares et souvent non spécifiques, et qu’il s’agit d’une méthode adaptée au traitement des patients fragiles et âgés. Polycopié Phlébologie p.134 8. PLACE DE LA COMPRESSION DANS LE TRAITEMENT DE L’INSUFFISANCE VEINEUSE La contention – compression (CC) En 1996, l’ ANDEM 1 (ex HAS 2 ) a reconnu qu’« il y a un consensus fort pour admettre que la contention -compression (CC), est le traitement de base de tous les stades de l’insuffisance veineuse chronique des membres inférieurs ». La compression qui a des avantages certains et des indications connues dans le traitement de l’insuffisance veineuse superficielle des membres inférieurs et de ses complications est pourtant sous et mal utilisée, sous-estimée et mal prescrite, démontrée sans conviction et d’utilisation non rigoureuse. Quelques raisons du sous usage : – Les connaissances sommaires des prescripteurs de la physiopathologie de l’insuffisance veineuse superficielle (IVS), de la physiologie de la contention compression et de la stratégie à mettre en oeuvre selon les cas. – Le défaut d’éducation du patient. – L’image négative des produits en terme d’esthétique et de dénomination (bandes et bas « à varices »), mal perçue des patients. – La contrainte réglementaire imposée aux fabricants de matériel de CC freine les améliorations d’utilité clinique et thérapeutique. – Les informations sur les moyens de CC sont reléguées dans les pages «accessoires et matériel médical » du VIDAL destinées à la parapharmacie au rang participant au défaut de perception par les médecins de l’aspect « médicament » de ce traitement physique et les patients. En dehors des indications, contre-indications et modalités de prescription, il est nécessaire de connaître les principes hémodynamiques, les mécanismes d’action et les effets de la contention compression. Pour maîtriser la prescription et favoriser l’observance, il faut aussi connaître quelques aspects techniques du textile médical, les différents produits disponibles et les arguments nécessaires à l’obtention de l’adhésion du patient. Définitions En France, contention et compression étaient confondues sous le terme générique de contention: désormais le terme de compression est d’usage international et doit être utilisé comme tel en France aussi. 1 2 ANDEM L'Agence Nationale pour le Développement de l'Evaluation Médicale HAS Haute Autorité de Santé Polycopié Phlébologie p.135 Cependant les effets de la contention et de la compression sont différents et leurs indications bien que souvent complémentaires sont parfois distinctes. Une contention résulte de l’effet de l’application d’un bandage « non élastique » qui va s’opposer à l’augmentation du volume musculaire du membre à l’effort comme le ferait une aponévrose externe inextensible et exerce une pression active sur le membre uniquement à l’effort musculaire. La compression réalisée par une bande élastique exerce une pression active sur le membre à la fois au repos et à l’effort musculaire. Mécanismes d’action Physiologie veineuse Bien que le mode de fonctionnement de la contention soit imparfaitement connu, certains effets hémodynamiques ont été précisés. La pression de la contention s’exerce au niveau tissulaire et se transmet à la paroi veineuse: elle élève la pression transmurale, qui représente la différence entre la pression veineuse et la pression tissulaire périveineuse. Sous l’action de la pesanteur, en orthostatisme immobile, pour les sujets sains comme les patients atteints de pathologie veineuse, la pression veineuse distale dans une jambe est de 90/100 mm Hg. A la marche, l’action conjuguée des valves anti-reflux et de la pompe du pied et du mollet qui fonctionne sur deux temps avec une systole et une diastole musculaire séparées par deux brefs repos, réduit la pression aux alentours 35 mm Hg au bout de 7 pas. En cas de maladie variqueuse, la pression ne descend qu’à 60-65 mm Hg et en cas de syndrome post thrombotique veineux avec destruction des valves, la pression peut rester à 90 mm Hg : cette hyperpression endoveineuse augmente la pression transmurale de façon permanente nuisant au bon fonctionnement des échanges liquidiens au niveau capillaire et tissulaire, favorisant à terme les troubles trophiques distaux conséquence de l’inflammation locale liée à la séquestration des leucocytes. Principes de la compression Le principe de la compression est de tendre à rétablir une pression transmurale la plus normale possible en augmentant la pression extravasculaire tissulaire. En orthostatisme, la pression veineuse distale de 90 mm Hg diminue graduellement jusqu’à l’oreillette droite (5 mm Hg) et la pression veineuse à la racine de la cuisse de est de 45 mm Hg. Polycopié Phlébologie p.136 Pour respecter cette dégressivité physiologique, la pression exercée par le dispositif devra être dégressive du bout du pied à la racine du membre. Cela sera réalisé naturellement pour les bandes en vertu de l’application de la loi de Laplace : La compression exerce, du fait de la tension du textile, une pression inversement proportionnelle au rayon de courbure de la surface cutanée. Ainsi à tension constante du bandage, la pression sera nécessairement dégressive de la cheville au haut de cuisse du fait de l’augmentation des circonférences. Par contre pour les bas et les mi-bas de compression, la dégressivité liée à l’application de la loi de Laplace ne sera pas suffisante, et une dégressivité de tension du produit sera réalisée lors de sa confection. Effet de la compression sur l’hémodynamique veineuse Il faut distinguer les effets au repos des effets lors de la marche, celle-ci modifiant totalement l’hémodynamique veineuse. Au repos - Réduction du calibre veineux : veines jumelles 50% et veine poplitée 34 % (Echographie), veines péronières (Phlébographie). - Augmentation corollaire de la vitesse du flux veineux (écho-Doppler, Phlébographie). - Diminution de la stase veineuse (Mesure isotopique(Emter), Pléthysmographie (Partsch)) - Effet anti-œdème (Clearance au 24 Na marqué) maximal lorsque la pression transmurale est nulle. En orthodynamisme - Réduction du calibre veineux, moindre qu’au repos. - Amélioration du fonctionnement de la pompe musculo-veineuse -(photophléthysmographie, phléthysmographie à air ou à jauge de mercure) : augmentation du volume d’éjection de chasse surale de 20 à 30 %, augmentation du temps de remplissage (VRT Volume Refilling Time) Polycopié Phlébologie p.137 - diminution de la pression veineuse ambulatoire mesurée en pression veineuse directe (de 48% dans l’IVS, 18% dans l’insuffisance veineuse profonde (IVP)) 3 Effet de la compression sur la circulation artérielle Les résultats sur la circulation artérielle et la microcirculation sont contradictoires: sur un membre sans œdème la compression réduit la perfusion cutanée, mais elle l’augmente paradoxalement lorsqu’elle a réduit l’œdème (Duplex, clairance au xénon, Laser Doppler). Il a été démontré que le risque ischémique ne survient pas tant que l’index systolique à la cheville est supérieur à 0.55. Effet de la compression sur les lymphatiques Une augmentation du retour lymphatique sous-aponévrotique a été montrée. (Isotopes et lymphographie indirecte) Effet de la compression sur les tissus - Augmentation de la pression intra-tissulaire et donc de la pression transmurale - Réduction modérée de la concentration tissulaire en protéines - Cliniquement : o Résorption de l’œdème démontrée par la volumétrie, les mesures centimétriques, les mesures isotopiques, les mesures standard de vitesses circulatoires). o Assouplissement de l’hypodermite démontrée aux ultrasons, au CT scan, en RMN, en durométrie). o 3 Réduction de la dermite ocre (clinique) IVS Insuffisance Veineuse Superficielle - IVP Insuffisance Veineuse Profonde Polycopié Phlébologie p.138 Aspects techniques du textile médical Nature des fils Selon leur nature, les fils donnent au bas leurs caractéristiques compressives : Les fibres élastiques Le latex ou caoutchouc, fibre naturelle élastique, épaisse, fragilisée par les corps gras et vite dénaturée par des facteurs physiques. L‘élasthanne ou (Lycra ®), fibre synthétique plus stable et plus fine est devenue la référence pour la trame comme pour la maille, mais nécessite un guipage : c’est-à-dire que l’âme du fil est recouverte par un ou plusieurs fils de couverture évitant ainsi le contact du fil brut avec la peau du patient. Le coton : thermorégulateur souple et confortable rend le bas plus agréable à porter au prix d’une fragilité mécanique à l’érosion. Les fils de recouvrement utilisés dans le guipage Le polyamide (Nylon ®) : résistant, imputrescible, donne au bas leur solidité. Sous forme de microfibres, les bas sont moins rigides et plus agréables à porter. Plus récemment sont apparus des produits variés : laine, bambou, Tactel, etc. Structure textile des bas de compression Les bas sont des dispositifs tricotés sur des métiers circulaires (ce qui leur donne un aspect fin et sans couture), composés d’une trame et d’une maille. Les fils sont guipés. Les bas sur mesure anciens, confectionnés sur des métiers rectilignes permettant des réductions de maille pour l’adaptation optimale au patient nécessitaient une couture sur l’arrière de la jambe, et sont maintenant fabriqués sans couture sur des métiers circulaires informatisés permettant l’adaptation des mailles selon les mesures des patients. Poids et épaisseur des fils Le denier est la masse en gr de 9 km de fil, le décitex, la masse en gr de 10 km de fil. Plus le décitex est bas plus le fil est fin. Il existe maintenant des fibres de 1 décitex. Elasticité Pour les bandes, deux types d’élasticité se rencontrent: Uni-sens : seul le fil de trame est élastique. La bande est extensible en longueur. Bi-sens : trame et maille sont élastiques. La bande est extensible en longueur et en largeur et s’adapte mieux aux conformations du membre. Les bas sont élastiques bi-sens. Les différents types de compression La compression peut être réalisée par deux types de produits: Polycopié Phlébologie p.139 Les orthèses de compression (bas jarret ou chaussettes, bas cuisse, collant, hémi collants, collants de maternité, bas anti-thrombose) sont des produits généralement tricotés. Les bandes de compression : élastiques uni ou bi-sens, bandes « sèches », adhésives ou cohésives, sont des produits habituellement tissés. Les bandes de compression Couramment utilisées pendant une durée courte, pour des situations pathologiques transitoires (Post chirurgie, post sclérothérapie, premiers jours d’une thrombose veineuse profonde) ou pour obtenir un effet rapide avant la mise en place d’une compression par bas ou collant (cicatrisation d’ulcère, régression d’hypodermite, réduction d’œdème). Elles demandent une bonne rigueur d’utilisation et la technique de pose nécessite un apprentissage aussi bien des praticiens, personnels soignants que des patients eux-mêmes. Une pose trop serrée peut entraîner des problèmes médico-légaux. Il n’existe pas de classe thérapeutiques de compression pour les bandes de compression puisque la pression dépend de la technique de pose: il ne faut pas se laisser abuser par les chiffres inclus dans la dénomination d’une bande qui ne correspondent pas à une classe (ex Veinopress A2, A3 ne correspondent pas à une classe 2 et 3, mais à une bande de compression faible et forte) Pour tenter de maîtriser le réglage de la pression, certains fabricants impriment sur les bandes non adhésives des motifs destinés à l’étalonnage lors de la pose: c’est un minimum requis de les utiliser, car cela permet à tous les utilisateurs de régler la pression de façon quasi identique. Les bandes non adhésives sans étalonnage ne devraient plus ni être vendues, ni être utilisées, malgré la réticence des patients du fait de la visibilité des motifs. Certains patients demandent même à leur infirmière de mettre le dispositif d’étalonnage à l’intérieur… Plusieurs types de bandes utilisent les mêmes composants de fabrication que les bas (fibre élastique d‘élasthanne (Lycra®), coton, polyamide (Nylon ®)). Les largeurs les plus courantes sont de 8 et 10 cm. Pour les longueurs, il faut compter 3 m pour une compression de jambe et 4,50 à 5 m pour une compression jusqu’en racine de cuisse. Les bandes élastiques peuvent avoir un allongement Court inférieur à 70% Moyen entre 70 et 140% Long supérieur en moyenne à 140% Polycopié Phlébologie p.140 Le principe de dégressivité de la pression de compression de l’extrémité du membre vers la racine n’est pas simple à appliquer: mais si l’on adopte le principe de ne pas superposer plus de deux spires de bandes, avec un étirement à tension constante à environ 30% de l’élasticité maximale du produit, la pression résultante sera bien dégressive par la simple mise en jeu de la loi de Laplace. Pour obtenir une diminution des pressions sur les parties saillantes (malléoles), ou majorer la pression en pré ou rétro malléolaire, il faudra interposer des coussinets en mousse (Varico Rubber Heart Thuasne N° 0 à 4). Les recommandations de réglage de pression proposées par les fabricants sont généralement pour une disposition en couche circulaire. La disposition en spica (recouvrement croisé des bandes molletières) assure un maintien supérieur, mais exerce des surpressions difficiles à évaluer par le jeu du triple recouvrement en certains endroits et cela gêne par ailleurs le chaussant au niveau du pied. Les pressions en contention/compression par bande La contention/compression agissant sur un mollet qui peut prendre deux états dynamiques selon l’état de contraction du muscle (systole ou contraction musculaire, diastole ou relâchement musculaire) va générer une pression variable selon ces états et selon le type de bande. La contention La contention est le résultat de l’action d’une orthèse passive sur un membre. Une bande inélastique exerce une pression quasi nulle (à part celle de la mise en tension du tissu par celui qui la pose) au repos du muscle. Lors de la contraction musculaire (systole), la pression exercée est maximale et bien supérieure à celle d’une bande élastique car la bande représente une aponévrose externe inextensible, véritable mur sur lequel vient buter la contraction engendrant la pression. Les bandes inélastiques ne sont donc efficaces que si le patient déambule. N’exerçant pas de pression en décubitus, elles peuvent dans certains cas être utilisées chez les patients avec une artériopathie des membres inférieurs. Polycopié Phlébologie p.141 La compression Une bande élastique au contraire exerce une pression de repos lors de la diastole musculaire qui dépend de son type d’allongement et de la force de serrage dispensée par le praticien. A la systole, la pression du muscle détend celle de la compression et ainsi la pression résultante est moindre que celle obtenue avec une contention inélastique. Il existe donc pour ce type de bande une pression de repos non négligeable et une pression de travail supérieure à la pression de repos. Ainsi une bande à allongement long serrée exercera une pression moins élevée qu’une bande inélastique, mais quasi permanente du fait de la pression de repos élevée avec un faible différentiel de pression entre travail et repos musculaire: ceci est potentiellement dangereux pour un patient dont la circulation artérielle distale est déficiente. Contention et compression associées On peut entrevoir ici l’intérêt thérapeutique de superposer une contention inélastique pour obtenir une pression de travail maximale à la systole musculaire et une compression élastique qui délivrera une pression de repos élevée. Types de bandes Bandes élastiques amovibles étalonnées (non adhésives dites sèches). Dupraflex élastique bi-sens étalonnée faible ou forte (Ganzoni) Biflex Plus N° 16 Faible N° 17 Forte ® (Thuasne) Veinopress B2 Faible B3 Forte ® (Innothéra) Gibortho® (Gibaud) Polycopié Phlébologie p.142 Avantages : la pression de repos élevée est efficace sur le réseau superficiel et elles sont indiquées en post chirurgie veineuse, en post-sclérothérapie ou en traitement de thrombose veineuse superficielle voire en prévention de thrombose veineuse profonde. Apprentissage de pose relativement facile pour le personnel médical et pour le patient à condition d’utiliser exclusivement des bandes étalonnées. (Pose circulaire ou pose en 8 (spica)) Indications : ulcères veineux, réduction d’œdème, réduction d’hypodermite, toute situation où un pansement empêche l’utilisation des orthèses compressives (chaussettes, bas, collants). Bandes élastiques inamovibles adhésives ou cohésives Les bandes collées ont des indications de réduction d’œdème (oedème du syndrome obstructif des premiers jours d’une thrombose veineuse profonde, oedème lié à un reflux post thrombotique, phase initiale de réduction d’un lymphœdème), mais aussi poussée inflammatoire d’hypodermite aiguë, réduction d’une plaque d’hypodermite chronique, prévention d’extension et réduction de la douleur de thrombose veineuse superficielle, premiers jours d’une thrombose veineuse profonde. Les bandes adhésives L’adhésif est habituellement à colle acrylique ou à l’oxyde de zinc : ces bandes nécessitent un interface de Jersey hydrofuge 3M® en 7 ou 10 cm) ou de mousse de polyuréthane (Elastomousse® 8 cm ou 10 cm - Smith&Nephew) pour protéger la peau de la colle. Veinopress® A2 (colle acrylique), et surtout A3 et A4 (colle à l’oxyde de Zn) (Innothéra) plus adapté à l’usage phlébologique bande à allongement court) que l’Elastoplaste® (colle à l’oxyde de Zn) (Smith&Nephew). Ces bandes ont un faible allongement et perdent très rapidement leur élasticité en quelques heures. L’allergie fréquente à la colle à l’oxyde de Zn impose souvent une protection cutanée avec de l’Elastomousse®. Méthodologie de pose : Le talon doit être laissé libre sans compression ; les malléoles, la crête tibiale, le cou-de-pied doivent être protégés par un interface de mousse (Elastomousse®). La bande doit être posée en tension mais sans serrer. Elle doit être retirée rapidement en cas de douleurs et troubles circulatoires distaux. Avantages: utile quand le pansement peut être laissé une semaine ou plus (ulcères peu productifs), la contention par bande collée peut être gardée la nuit, car le collage d’une spire sur l’autre de ce type de bandes à faible allongement, la transforme en bande quasi inélastique à pression de repos nulle. Inconvénients : elles doivent être posées par du personnel médical et bien souvent sous surveillance d’un praticien quand elles ne relèvent pas de la pose exclusive par celui-ci. Elles ne sont pas réutilisables. Elles peuvent glisser ou plisser en cas de pose inadéquate. Polycopié Phlébologie p.143 Les bandes cohésives Veinopress® C (Innothéra) Avantages : Enduite de latex, cette bande élastique à allongement long exerce une compression stable et peut être mise en contact cutané direct car elle ne colle pas sur la peau. Inconvénients : Elle doit être posée par du personnel médical car cette bande à allongement long, trop serrée peut être néfaste si elle exerce une trop forte pression de repos. Elle exerce par ailleurs une moins bonne pression de travail que les bandes à allongement court. Les bandes inélastiques amovibles Somos standard® (Smith&Nephew) Flexidéal® (Thuasne) Sigvaris 310® (Ganzoni) Avantages: elles restent précieuses bien que moins utilisées que les bandes élastiques car méconnues des praticiens, d’indications spécialisées et de mise en place difficile. Elles dispensent une contention pure à pression de travail maximale et pression de repos nulle, très intéressante chez les patients présentant des contre-indications hémodynamiques à la compression (artériopathie). Leur disposition sous une bande élastique associée pendant la journée selon la technique de double compression permet de réduire la durée de cicatrisation des ulcères veineux et d’obtenir la cicatrisation d’ulcères résistant à une compression élastique seule. Inconvénients : La mise en place est plus difficile et il y a des risques de déplacement à la marche du fait de l’inélasticité alors qu’il est capital d’éviter les plis pour éviter les surpressions. La décision et la surveillance relèvent d’une consultation spécialisée de médecine vasculaire. Les bas de compression Les grandes marques françaises sont Ganzoni (Sigvaris®), Thuasne (Venoflex®), Cognon Morin (Sirlex Radiante®), Innothéra (Varisma®), Gibaud (Veinactif®). Certains fabricants Européens sont présents en France : Medi France (Medi®), Bauerfeind (Venotrain®), Aster medical (Juzo®), Jobst, Belsana France®, Citeza Medicali (Varisan®). Le déremboursement des veinotoniques favorise l’émergence de nouveaux fabricants : Pharma 2000 (Veinamitex®) et Pierre Fabre (VenOstim®). Il existe quatre classes de compression médicale, c’est-à-dire bénéficiant du remboursement par la Sécurité Sociale au tarif LPPR (Liste des Produits et Prestations Remboursables). Polycopié Phlébologie p.144 Il existe des différences de norme entre la France et les autres pays européens qui ont tendance à appliquer des pressions de compression plus forte. En 1999, une tentative de normalisation européenne n’a pas abouti. Une classe de compression est définie par la pression exercée à la cheville exprimée en mm/Hg (normes NF G30 102B) Classe Europe France UK Suisse - Italie Allemagne Caractérisation CEN Projet de norme I 15-21 10-15 14-17 18-21 18,37-21 Faible II 23-32 16-20 18-24 26,25-33,75 25,12-32,25 Moyenne II 34-46 21-36 25-35 36,75-48,75 36,37-46,5 Forte IV > 49 > 36 > 35 >54 > 58,87 Très forte D’après C.Gardon Mollard & A-A Ramelet La contention médicale Tableau comparatif des normes de la CE (valeur en mm Hg) Chaussettes et mi-bas Avantages : c’est la compression minimale nécessaire dont on peut se contenter dans la majorité des cas. Existent dans toutes les classes de compression. Plus faciles à enfiler. Moins chauds. Appréciés des hommes. Inconvénients : striction voire garrot au genou, peu adaptés à la mode des femmes. Bas cuisses autofixants par bande de silicone. Ils ont détrôné les bas simples nécessitant un système de fixation de type porte-jarretelles. Avantages : appréciés par le sexe féminin car les modèles existent avec dentelle et avec motifs fantaisies. Pas d’effet garrot s’ils sont bien adaptés. Plutôt indiqués chez les patients à jambe de morphologie normale. Avantageux dans la compression unilatérale (post chirurgie de varice, thrombose, syndrome post thrombotique, lymphœdème, angiodysplasie), dans la compression des jambes en poteau. Inconvénients : mal adaptés sur les cuisses fortes et coniques : effet de roulement. Il s’agit dans ce cas d’une mauvaise indication à ne pas faire car cause d’échec nuisant à la compression. Nécessitent un entretien pour dégraisser la bande siliconée de temps en temps. Rares allergies au silicone. Macération estivale avec érythème de fin de journée. Nécessitent un rasage pour les hommes sur la hauteur de la bande siliconée. Polycopié Phlébologie p.145 Collant Avantages : chaud l’hiver. Adaptable à quasi toutes les anatomies surtout pour les cuisses. Apprécié par les femmes. Compression bilatérale. Inconvénients: chaud l’été, difficile et hasardeux à enfiler pour les personnes âgées, obèses, handicapées. Peu apprécié des hommes. Hémi collants: de plus en plus remplacés par le bas cuisse quand une compression unilatérale est indiquée. Collant maternité: de moins en moins utilisé au profit des bas autofixants voire des mi-bas selon les indications. Bas Anti Thrombo-emboliques ATE avec 10 mm Hg de pression à la cheville pour une action avec une bonne tolérance en décubitus. Ils sont utilisés comme traitement complémentaire en prévention de TVP. Ganzoni (Sigvaris ATE®), Citeza Medicali (Varisan ATE®. Inconvénients Bien que faisant partie de la classe 1 (limite inférieure de la classe), ces bas sont prévus uniquement pour le décubitus et la pression délivrée est insuffisante quand le patient est en orthostatisme. Ils ne devraient pas être conservés en déambulation. Du fait d’une verticalisation post-opératoire de plus en plus précoce, leur prescription pose la question de leur utilité. Le système de bandage 4 couches Profore® (Smith&Nephew) est à laisser en place jour et nuit jusqu’ à une semaine, et pas moins de 4 jours, car un changement quotidien rendrait le coût des soins prohibitif. Comprenant une bande molletonnée d’absorption, une bande de crêpe de maintien, une bande élastique à allongement long, et une bande cohésive de maintien, il est issu de l’expérience anglo-saxonne du Charing Cross Hospital de Londres. Avantages Il délivre une pression de 40 mmHg à la cheville et est réservé au traitement des ulcères de l’insuffisance veineuse chronique. Il se comporte comme un bandage unique plutôt inélastique. Inconvénients Il nécessite une prescription spécialisée de médecine vasculaire avec la mesure de l’IPS obligatoire qui ne doit pas être inférieur à 0.8. La pose, opérateur dépendant, doit être parfaite, uniquement par du personnel soignant, et il nécessite un respect strict des contre-indications en raison du risque de réduction du flux artériel distal avec conséquences graves. Tubulcus® (Brevet Innothera®) Le Tubulcus® est une orthèse tubulaire de compression sans talon et à pied ouvert réservée au traitement de l’ulcère veineux. Elle exerce une pression dégressive (30-40 mmHg à la cheville) Polycopié Phlébologie p.146 et constante dans le temps, indépendante de l'opérateur. Sa mise en place est facilitée par un enfileur spécifique. Les résultats d’une évaluation clinique montrent une efficacité équivalente de Tubulcus® et des bandes à faible allongement posées dans les meilleures conditions possibles. Avantage Les pressions délivrées par Tubulcus®, indépendantes de l'opérateur, devraient par ailleurs permettre d'éviter les problèmes observés en pratique courante avec les bandes (pose incorrecte, glissement, mauvaise observance). Le patient le garde jour et nuit et ne peut intervenir sur son pansement. Inconvénient: la nécessité d’une mesure de l’index de pression systolique le limite de facto à une prescription spécialisée. Il doit être mis en place par un personnel médical (médecin, infirmière). Pratique de la compression Prescription des bas de compression La prescription doit être faite sur ordonnance séparée des autres médications. Elle doit préciser : La classe de compression : nombre qui correspond à la force. Le modèle: chaussette ou bas jarret, bas cuisse standard ou antiglisse, collant, … Le nombre de paires: on peut en prescrire d’emblée 2 paires ou mieux une paire à renouveler une fois pour vérifier si la délivrance du produit convient au patient et au médecin prescripteur avant de se procurer la seconde paire. Eventuellement la marque : surtout si l’on a obtenu le consensus du patient en lui faisant choisir le modèle voire la couleur parmi les nuanciers d’échantillons que l’on se sera procuré auprès des différents fabricants. Cette démarche permet au patient d’apprécier la personnalisation de sa compression: cela augmente les chances d’observance par le patient. Prescription des bandes de compression Préciser sur l’ordonnance : La dénomination correspondant à la force La largeur (8 ou 10 cm) La longueur (3 m à 5 m) Les modalités de pose Le chevauchement : la spire par dessus la moitié ou aux deux tiers de la spire du dessous. Le mode de pose : circulaire (recommandé) ou en spica, du bout du pied au ras des orteils jusque sous le genou ou à la racine de la cuisse. Les horaires de compression selon le type Polycopié Phlébologie p.147 Bande inélastique : pouvant être gardées la nuit Bandes élastiques : posées le matin, doivent être ôtées le soir Indications Ces propositions sont limitées par l’absence de standardisation des classes de produits au niveau européen. Classe Indications Classe 1 Sensations de jambes lourdes sans œdème. Varices réticulaires. Varices modérées 10 -15 mm hg de la grossesse. Prévention de TVP chez les sujets alités. Classe 2 Jambes lourdes avec œdème. Maladie variqueuse symptomatique non compliquée. 15 -20 mm hg Varices de la grossesse avec œdème. Compression post chirurgicale. Compression post sclérothérapie. Prévention de TVP lors de reprise de déambulation. Classe 3 Maladie post thrombotique : destruction des valves ou syndrome obstructif résiduel. 25 -36 mm hg Varices symptomatiques compliquées. Prévention des récidives de complications trophiques de varices en attente de traitement radical. Réduction d’hypodermite. Œdème des hémiplégiques et paraplégiques Classe 4 Insuffisance veineuse profonde congénitale. > 36 mm hg Lymphœdème Prévention des récidives de complications trophiques de maladie post thrombotique Contre- indications Systémiques Œdème de l’insuffisance cardiaque et tout autre œdème dont le vidage rapide risque d’entraîner une surcharge cardiaque droite. Hémodynamiques Artériopathies stade II avec claudication rapide et index de pression systolique égal ou inférieur à 0,5. Artériopathies stade III et IV de Leriche et Fontaine. Ischémie critique. Thromboses septiques. Phlegmatia cerulea. Dermatologiques Dermatose suintante (Eczéma), Pyodermite, Angiodermite nécrotique (majoration de la douleur par hyperpression). Neurologiques Neuropathie diabétique du fait du trouble de la sensibilité des extrémités empêchant d’apprécier si la compression est douloureuse. Polycopié Phlébologie p.148 Intolérance aux composants de la compression Le coton n’est pas allergisant. Certains ne supportent pas le polyamide (Nylon ®) : sudation, macération, mycoses interdigitales. L‘élasthanne (Lycra ®) en contact cutané direct peut être allergisant et c’est pour cela qu’il doit être guipé. L’élastomère (silicone) des bas autofixants est plus souvent générateur d’eczéma de contact. Mensurations Effectuées par le pharmacien ou l’orthopédiste, elles conditionnent l’efficacité de la compression et le confort voire la bonne tolérance du patient. Les fabricants délivrent des fiches de mesures car celles-ci varient d’un fabricant à l’autre mais elles sont toujours prises par rapport à des repères fixes. Pour les bas jarret : circonférence de cheville au niveau de la partie la plus fine, circonférence de jambe au niveau de la partie la plus large, hauteur sol - pli du genou. Pour les bas, la prise de mesure plus complexe doit être réalisée par des professionnels expérimentés voire diplômés : pointure, tour de cou-de-pied, tour du mollet pour les chaussettes, tour de cuisse en plus pour les bas, hauteur sol - sous le genou pour les chaussettes, hauteur sol – entrejambe pour les bas. Le sur-mesure nécessite encore plus de compétence et il faut savoir faire appel à des orthopédistes ou à des pharmaciens ayant un diplôme d’orthopédie. Une mauvaise adaptation des mesures est souvent une cause d’intolérance à la compression de la part du patient et dans ce cas le médecin prescripteur doit pouvoir faire des contremesures pour vérifier la conformité de délivrance du produit : il doit consulter le patient avec les références de la compression d’une part et les fiches de mesures du fabricant d’autre part. Les mesures s’effectuent le matin sur un membre le moins œdématié possible. Délivrance du produit et remboursement. Toute pharmacie peut délivrer des bas de compression sous réserve de disposer d’une zone d’essayage aménagée et des conditions d’agrément fixées par l’assurance maladie. Pour les bas sur mesure, il faut s’assurer que le pharmacien possède le DU d’orthopédie. La prescription n’est plus limitée à deux paires par an depuis 1997. Le remboursement des bas de compression se fait sur la base du tarif LPPR. Pour être remboursés les bas de compression doivent être conformes aux normes: pression étalonnée et contrôlée à la cheville, compression dégressive de bas en haut, talon tricoté pour le positionnement anatomique correct à la cheville, conformité des matières premières et des procédés de fabrication, marquage CE. Polycopié Phlébologie p.149 Mise en place La mise en place théorique avant le lever peut être remplacée par une mise en place après la toilette du matin pour peu qu’il n’y ait pas apparition d ‘œdème avant la pose. La meilleure technique est de retourner le bas jusqu’au talon, de placer le pied et de remonter le bas progressivement en le retournant sur la jambe en évitant les plis. La jambe peut être talquée. Il existe des enfileurs rigides (Medi®). Les enfileurs souples (Easy slide petit, médium, large Ganzoni)) nécessitent un bas à avant-pied ouvert qui n’est plus proposé sans surcoût que chez Medi® et en mesures adaptées chez Sirlex Radiante®. La mise en place sans pli, capitale car c’est un des principaux motifs d’abandon du traitement, dépend aussi de la délivrance d’un produit aux bonnes dimensions. Durée du traitement Pour la symptomatologie veineuse fonctionnelle : tant que les patients sont exposés aux risques, et qu’il veulent bien accepter la compression pour les soulager… Pour l’insuffisance veineuse superficielle non compliquée de troubles trophiques : tant qu’un traitement de l’insuffisance veineuse superficielle n’a pas été entrepris, et parfois de façon prolongée si la maladie est évolutive ou encore symptomatique malgré le traitement radical. Pour les ulcères ayant récidivé plusieurs fois, la compression au long cours reste le meilleur moyen de prévenir la récidive une fois l’insuffisance veineuse superficielle opérée. En post-chirurgie, la compression est souvent préconisée pour un mois : cette compression est mise par certains sur table d’opération évitant ainsi la mise en place de bande. Une étude récente la préconise pour une semaine. En prévention de thrombose, tant que dure l’exposition au risque. En traitement de thrombose, tant qu’il na pas été vérifié qu’il n’y a plus de syndrome obstructif, ni de syndrome de lyse des valves profondes. Dans ce cas la prévention de la maladie postthrombotique veineuse requiert une compression forte (Classe 3) définitive pour éviter les troubles trophiques chroniques post-thrombotiques. Dans le lymphœdème, la compression permanente est bien souvent le seul moyen de limiter l’augmentation de volume du membre entre chaque séance de drainage lymphatique. Entretien des bas Les lavages réguliers redonnent de l’élasticité aux bas et collants. Polycopié Phlébologie p.150 Conclusion Le choix thérapeutique, la prescription, l’utilisation, la mise en place de la compression, si utile à tous les stades de l’IVS, dans la maladie thrombo embolique des membres inférieurs et dans le traitement des complications trophiques de l’insuffisance veineuse chronique requièrent une compétence et un savoir faire nécessitant un apprentissage pour tous les acteurs du traitement, médecin, auxiliaires médicaux et aussi le patient qui doit être formé et informé par le thérapeute. C’est à ce prix que la compression, mieux prescrite et mieux portée, réduira la morbidité de ces pathologies qui nuisent tant à la qualité de vie des patients. Polycopié Phlébologie p.151 9. LES ASPECTS PRATIQUES DE L’INSTALLATION AU CABINET a. Equipement du cabinet 1- Locaux Les actes de sclérothérapie sont réalisables dans une salle de consultation classique. On insistera sur l’éclairage qui devra être de bonne qualité pour l’injection des varices superficielles et facile à réduire pour les procédures d’échosclérose. 2- Table d’examen Si possible réglable en hauteur et mobilisable, elle devra disposer d’un dossier inclinable et permettre l’abaissement ou la surélévation des membres inférieurs. Il est également souhaitable de disposer d’un tabouret de 2 ou 3 marches, muni d’une rampe, permettant l’examen des jambes à la hauteur souhaitée (cf. chapitre examen clinique). 3- Matériel de sclérose Décrit dans le chapitre technique, il sera disposé sur un plan de travail ou mieux un chariot (permettant d’avoir tout à portée de main lors des procédures d’échosclérothérapie) 4- Echographe Il devra être muni d’une sonde barrette à haute fréquence avec codage couleur. 5- Permanence des soins. Même si les effets secondaires graves sont rares, il est souhaitable qu’en cas de problème, le patient puisse trouver rapidement des conseils et une information pertinente. Ceci est bien sûr plus facile à réaliser dans un cabinet de groupe. En cas d’absence du médecin, le patient devra être adressé dans une structure ayant un minimum de connaissance en phlébologie. Polycopié Phlébologie p.152 b. Hygiène MESURES GENERALES 1- SALLES : Idéalement 2 salles, une pour les soins d’ulcères et les pansements « sales », une autre pour la sclérothérapie et la petite chirurgie (phlébectomie, laser endoveineux etc..). Sinon, préférer faire les soins en fin de journée puis désinfecter la salle. Il existe trois types de zones en fonction du risque potentiel de contamination : les zones potentiellement « contaminées » (locaux de stockage des déchets, du linge sale et du matériel de ménage), les zones administratives (bureau d’accueil, salle d’attente, secrétariat, local d’archivage), les zones dites « protégées » (salle d’examen et de soins, zone de stockage du matériel stérile, zone de conditionnement des dispositifs médicaux). Dans les zones « protégées » la prévention du risque infectieux implique un choix de matériel non poreux, ne présentant pas de bois ou dérivés, lisse, homogène et permettant un entretien facile (lessivable). • Pour les sols, un revêtement lessivable qui sera certifié « grands passages ». Les moquettes et tapis seront à éviter dans les lieux de soins. • Pour les murs, un revêtement lisse et lessivable • Pour les plans de travail : les matériaux sont lisses, non poreux, résistants aux produits médicamenteux et aux antiseptiques. • La zone d’examen et de soins comportera au minimum une poubelle équipée de sacs poubelles permettant de réaliser un tri des déchets. Et une boite OPCT (objets piquants, coupants, tranchants) située à portée de main du soin. • La zone de lavage des mains, séparée de la zone de soins, comprend : un lavabo, un distributeur de savon liquide, un distributeur de produit hydroalcoolique, un distributeur de serviettes à usage unique, une poubelle à pédale ou sans couvercle équipée d’un sac poubelle. • L’entretien des locaux devra se faire du plus propre vers le plus sale. Pour les zones administratives, réaliser un nettoyage simple en utilisant un détergent. Pour les autres zones, il faut réaliser un bio nettoyage soit en un seul temps en utilisant un detergentdésinfectant, soit en 3 temps en utilisant : un détergent du commerce, un rinçage puis un désinfectant. L’entretien des sols et des surfaces des mobiliers se fera une fois par jour. Un nettoyage approfondi se fera de façon périodique en notant les dates de réalisation. L’entretien de toute surface se fait par essuyage humide avec un textile propre Polycopié Phlébologie p.153 2- LIT D’EXAMEN Utilisation de protections à usage unique. Le revêtement du lit d’examen doit être lessivable Nettoyage régulier avec solution décontaminante (annexe 1). 3- BLOUSES Manches courtes, permettant un nettoyage des mains entre chaque patient. Pas d’objet sur les doigts ou les mains pouvant être source de contamination. La blouse doit pouvoir être lavée à 60°. Elle sera changée régulièrement et chaque fois que visiblement souillée. Pour les consultations, les examens doppler et la sclérothérapie, une tenue "civile" (chemise) lavée et changée chaque jour est une alternative satisfaisante Un tablier ou une sur blouse de protection à usage unique est recommandé : au cours des soins pouvant contaminer les vêtements du soignant. 4-GANTS Indispensable pour les soins d’ulcères. (Gants à usage unique) Pour la sclérose le port des gants n’est pas indispensable, il est recommandé pour les thrombectomies. Les gants sont surtout une protection pour le médecin s’il présente des excoriations cutanées. La protection contre les piqûres est principalement assurée par le respect des règles de manipulation (ne pas recapuchonner). 5- LUNETTES Utiles pour protéger les yeux lors d’injections sclérosantes et des thrombectomies. MESURES SPECIFIQUES A LA PHLEBOLOGIE 1- SCLEROTHERAPIE a) AIGUILLES : Uniquement à usage unique. Ne pas recapuchonner, jeter dans un récipient spécifique (OPCT). b) SERINGUES : Dispositif médical classé critique (C). Uniquement à usage unique. Jeter dans un récipient spécifique. c) PRODUITS SCLEROSANTS : Une ou plusieurs ampoules par patient. Ne pas réutiliser des ampoules ouvertes pour d’autres patients, (Sérum physiologique notamment, ne pas employer de flacons de 250 ou 500 cc). Polycopié Phlébologie p.154 d) PREPARATION DE LA MOUSSE SCLEROSANTE ; Une attention particulière doit être apportée aux manipulations nécessaires à cette technique. e) DESINFECTION DE LA PEAU : L’antisepsie sur peau saine non lésée est obtenue par application de dérivés chlorés ou d’alcool éthylique. En général l’alcool et le coton hydrophile sont suffisants. En cas de thrombectomie, Bétadine ® ou Biseptine ® sont préférables. 2- LA SCLEROTHERAPIE ECHOGUIDEE Si l’on ponctionne dans la zone recouverte de gel il est recommandé d’employer du gel stérile. La protection de la sonde par une gaine à usage unique est également recommandée dans ce cas (préservatif par exemple). Si l’on pique en dehors de la zone recouverte de gel, pas de précaution spécifique, se reporter à la sclérothérapie simple. Les sondes d’échographe doivent être décontaminées entre chaque patient. 3 - LA PHLEBECTOMIE AMBULATOIRE ET LES ACTES DE PETITE CHIRURGIE a) INSTRUMENTS CHIRURGICAUX (pinces, curettes pour ulcères, instruments de petite chirurgie) doivent être stérilisés à l’autoclave. 1. STERILISATEUR (Vapeur d’eau sous pression). C’est la méthode de référence pour les dispositifs médicaux réutilisables. Elle n’est utilisable que pour les dispositifs médicaux thermorésistants. Les paramètres de l’autoclave doivent être réglés à la température de 134°C pendant 18 minutes. 2. METHODE : a. DESINFECTION - Tout matériel réutilisable doit être mis à tremper, aussitôt après son utilisation (ciseaux et pinces ouverts), dans un bain de produit détergent-désinfectant sans aldéhyde, pendant le temps préconisé par le fabricant (15 minutes minimum). - Premier rinçage à l’eau du robinet. - Nettoyage : nettoyer le matériel après démontage. Ce nettoyage se fait dans un bain neuf avec le même type de produit que pour la prédésinfection il doit être associé à un brossage mécanique (brosse, écouvillon …). - Rinçage à l’eau courante. - Séchage b. STERILISATION : Polycopié Phlébologie p.155 - Conditionnements des dispositifs médicaux : soit dans une boite spécifique munie de filtre soit en conditionnement à usage unique. Vérifier les soudures de chaque sachet ainsi que la bonne fermeture des boites. Débarrassez les restes de ruban adhésif indicateurs de passages antérieurs. - Préparation de la charge : o Indicateur de passage : sous forme de ruban adhésif ou d’encre auto-virante. o Indicateur physico-chimique sous forme de bandelette qui change de couleur si les paramètres de stérilisation sont atteints. - - Chargement du stérilisateur : o Ne pas trop charger l’autoclave o Déposer les sachets sur la tranche o Les objets creux doivent être orientés avec l’ouverture vers le bas Lancement du stérilisateur : o 134°C pendant 18 minutes ou 125°C pendant 20 minutes pour les objets ne supportant pas les 134°C. - Déchargement du stérilisateur : o Attendre 15 minutes avant de sortir la charge o Vérifier l’état de chaque conditionnement o Vérifier le diagramme de stérilisation si disponible o Vérifier le changement de couleur correct des indicateurs o Etiqueter chaque unité : date de stérilisation, numéro du cycle et date de péremption. b) DESINFECTION DE LA PEAU DU PATIENT: on préférera une antisepsie de la peau en 5 temps : nettoyage (ou détersion) avec un savon, rinçage à l’eau stérile, séchage soigneux, application de l’antiseptique, laisser sécher. Une douche du patient à son domicile peu de temps avant le traitement avec un savon désinfectant est une alternative acceptable, elle permet également le rasage, l ‘application de désinfectant est alors suffisante. Sauf allergie connue, on préfèrera la Polyvidone Iodée (Bétadine®). On utilisera des champs stériles à usage unique en papier ou tissés. c) LAVAGE DES MAINS : il s’agit d’un lavage chirurgical associé à une désinfection ayant pour but d’éliminer la flore transitoire et de réduire la flore résidente de façon prolongée. On emploiera brosse stérile et savon désinfectant, rinçage à l’eau stérile. Polycopié Phlébologie p.156 d) GANTS ET BLOUSES. Les gants stériles chirurgicaux sont préférables aux gants d’examen stériles, trop fins. Le port d’une blouse stérile à usage unique est recommandé, de même que le port du masque et de la charlotte. 4- GESTES ENDOVEINEUX Pour les gestes endoveineux (Laser Endoveineux, Closure®) les dispositions sont identiques à celles de la phlébectomie. En ce qui concerne le matériel endoveineux, il doit être stérilisé et à usage unique. c Information du patient Le médecin doit apporter au patient, tout au long du processus de soins, une information pertinente et de qualité, en tenant compte de ses besoins propres et du respect dû à sa personne. Information destinée à : – Eclairer le patient sur son état de santé – Lui fournir les éléments lui permettant de prendre des décisions en connaissance de cause et notamment d’accepter ou refuser un acte diagnostique ou thérapeutique. Elément central dans la relation de confiance médecin-malade Il faut donner l’information et prouver qu’elle a été donnée Contenu de l’information Etat du patient. Evolution prévisible avec ou sans traitement. Description des examens et des traitements. Alternatives. Pour le traitements des axes saphènes, il faudra comparer les avantages et inconvénients de la sclérothérapie par rapport à la chirurgie et aux procédures endovasculaires. Objectifs. Utilité, bénéfices. Conséquences, inconvénients Complications, risques, y compris exceptionnels. Précautions générales et particulières L’information devra : Etre hiérarchisée et reposer sur des données validées. Présenter les bénéfices attendus du traitement, les inconvénients, les risques graves, y compris exceptionnels, mettant en jeu le pronostic vital ou fonctionnel. Compréhensible Polycopié Phlébologie p.157 Modalités de l’information Primauté de l’information orale. – Nécessité d’un dialogue – Peut être adapté à chaque personne – Temps et disponibilité – S’inscrit dans un climat relationnel alliant écoute et prise en compte des attentes du patient – Peut nécessiter d’être délivrée graduellement Document écrit : un complément possible – Sa fonction est de donner des informations par écrit – N’a pas vocation à recevoir la signature du patient Qualités du document écrit Information hiérarchisée, repose sur des données validées – Bénéfices escomptés – Inconvénients – Risques graves, y compris exceptionnels – Moyens mis en œuvre pour faire face aux complications Synthétique et clair (4 pages maxi) Compréhensible par le plus grand nombre de patients (soumettre le projet aux patients) Validé (sociétés savantes, associations de patients) Traduit dans les principales langues étrangères Exemples de document écrit : voir annexe 2. * Il est souhaitable que le médecin vasculaire personnalise ce document en fonction de son mode d’exercice. Polycopié Phlébologie p.158 d. Aspects médico-légaux Aspects médico-légaux des actes thérapeutiques Effectués dans le cadre de l'insuffisance veineuse chronique. La responsabilité médicale ne cesse d'évoluer juridiquement. Dans le cadre du contrat médical, le principe d'une obligation générale d'information des patients (arrêt du 25 février 1997), qui doivent donner un consentement éclairé à l'acte proposé, est désormais généralisé à tous les risques même s'ils sont exceptionnels. Une présomption de faute a été mise en place dans tous les cas. Celle-ci a évolué vers une obligation de sécurité et de résultat qui s'applique à toutes les cliniques et aux cabinets médicaux, dès lors qu'il existe un acte médical. L'évolution vers une réparation de l'aléa thérapeutique est souhaitée pour améliorer la situation des victimes. 1-LA PROTECTION DE LA PERSONNE MALADE : Les huit commandements En plus du droit à l’information des patients, à la réparation d’accidents médicaux, la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé reprend un certain nombre de droits fondamentaux de la personne, dispersés jusqu’alors dans la Constitution et dans de nombreux textes internationaux, dans le Code civil ou le code de la santé publique, ou encore dans le code de déontologie des médecins. Droit à la protection de la santé Droit au respect de la dignité Droit à la protection de l’intégrité de son corps Droit à la non-discrimination Droit au respect de la vie privée et au secret des informations concernant la santé des personnes Droit à recevoir les soins les plus appropriés Droit à une prise en charge de la douleur Droit à l’information et au consentement Polycopié Phlébologie p.159 2. INFORMATION DU PATIENT : UNE OBLIGATION CONTRACTUELLE L’information, une obligation pour le médecin Désormais, il revient au médecin de faire la preuve qu’il s’est acquitté de l’obligation d’informer son patient. La loi reprend donc la jurisprudence. Le malade n’a plus à apporter la preuve qu’il n’a pas été informé (arrêt du 25 février 1997). Le consentement du patient est toujours nécessaire, hormis les cas d’urgence ou d’impossibilité pour le patient de l’exprimer. Dans ce cas, on s’efforcera de contacter les proches du malade. Le patient peut retirer son consentement à tout moment. Le patient peut refuser son traitement ; le médecin a intérêt à lui faire confirmer ce refus par écrit. Même si la vie ou les fonctions vitales de son patient sont en jeu, le médecin doit néanmoins respecter l’avis de son patient. Le consentement du mineur Le consentement d’un mineur ou d’un majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa décision ou à participer à la décision. La loi du 4 mars 2002 admet qu’un mineur peut s’opposer, dans tous les cas, à l’information de ses parents ou tuteurs, ce refus doit figurer dans le dossier médical. Le consentement écrit des parents doit être recueilli pour toute intervention chirurgicale, tout prélèvement d’organe ou de tissu, chez un mineur. En cas de refus des parents de procéder à une intervention : il est conseillé de procéder à un procès-verbal de refus signé par les parents (ou tuteurs légaux), un médecin et un témoin. Le médecin peut passer outre le refus si la santé ou l’intégrité physique du mineur est menacée. Les preuves de l’information : faut-il une trace écrite ? La Cour de cassation autorise le médecin à faire la preuve de cette information par tous les moyens, témoignages, présomptions. Il est conseillé de conserver tous les comptes rendus médicaux et opératoires, les lettres adressées à ses confrères et les avis qu’ils ont donnés, les radiographies, les notes prises, le dossier médical, un croquis ou un schéma réalisé. Tous ces documents forment un faisceau de présomptions attestant que le médecin a respecté son devoir d’information. Polycopié Phlébologie p.160 Les recommandations de l’ANAES L’information doit être « hiérarchisée » et reposer sur des données validées et évaluées. Il est nécessaire de présenter les bénéfices escomptés du traitement avant ses risques éventuels. Le médecin s’assure que le patient a compris l’information délivrée. L’écrit vient en complément de l’information orale, qui est adaptable au cas de chaque patient. Afin d’assurer une cohérence des informations, les différents intervenants doivent mentionner dans le dossier médical les informations délivrées afin de favoriser la continuité des soins. 3. LES DIFFERENTS REGIMES DE RESPONSABILITE : La responsabilité civile : Elle est engagée pour manquement à -- l'obligation de moyens : le médecin s'engage de façon contractuelle avec son patient « à délivrer des soins consciencieux, attentifs et conformes aux données actuelles de la science ». -- l'obligation d'information. -- l'obligation de résultat : le médecin ne s'engage pas à un résultat, mais il existe toutefois des exceptions sur le produit, ou le matériel. Responsabilité pénale : Elle est engagée pour:tout médecin (hospitalier, salarié, libéral) qui peut faire l'objet de poursuites pénales à la suite d'une infraction prévue par la loi lors de : -- atteinte involontaire à la vie, -- blessures involontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à trois mois, -- mise en danger d'autrui, -- non-assistance à personne en danger. -- violation du secret professionnel, -- faux certificats, -- expérimentation sur la personne humaine en l’absence de consentement. Polycopié Phlébologie p.161 Responsabilité disciplinaire : -- sanctions à l'encontre d'un médecin qui n'a pas respecté le code de déontologie, vis-à-vis tant de ses patients que de ses confrères. -- les plaintes sont transmises par le conseil départemental de l'ordre qui statue. -- la loi du 4 mars 2002 donne le droit au patient d’aller en appel devant le conseil national de l'ordre (obligation de respecter la volonté du malade en état d’exprimer sa requête, et obligation de protection de la santé). Les sanctions vont de l'avertissement jusqu'à la radiation du tableau de l'ordre. Responsabilité administrative (concerne l'hôpital). 4. LE DOSSIER MEDICAL : pièce à conviction. -- c’est l’outil de transmission des informations entre professionnels. -- c'est une pièce majeure sur laquelle le juge fondera son opinion en cas de litige -- les informations sont à communiquer au patient ou à son représentant légal (mineur ou incapable majeur) ou au médecin désigné par le patient. -- le délai maximal est de huit jours à deux mois suivant le cas Polycopié Phlébologie p.162 DOSSIER MÉDICAL : INFORMATIONS À RECUEILLIR Identification Nom complet actualisé………………………………………………………..Indispensable Sexe………………….………………………………………………………..Indispensable Date de naissance……………………………………………………………..Indispensable Numéro de dossier…………………………………..………………………..Souhaitable Symbole pour signaler les homonymes……….……………………………...Souhaitable Informations administratives Adresse………………………………………………………………………..Indispensable Téléphone……………………………………………………………………..Indispensable Profession……………………………………………………………………..Indispensable Numéro de Sécurité sociale…………………………………….……………..Souhaitable Affection de longue durée (ALD) ………………………..…………………..Souhaitable Tuteur, curateur, tiers payeur………………………………..………………..Souhaitable Mutuelle……………………………………………………..………………..Souhaitable Données d’alerte……………………………………………………………..Indispensable Rencontre Nom du médecin……………………………………….……………………..Indispensable Date de la rencontre…………………………………………………………..Indispensable Type de contact…………………………………….....……..………………..Souhaitable Données significatives de la rencontre……………………………………….Souhaitable Conclusion/synthèse de la rencontre. …………………………….………….Indispensable Décisions……………………………………….…………………………….Indispensable Histoire médicale actualisée et facteurs de santé Antécédents personnels……………...……………………………………….Indispensable Antécédents familiaux…………………………….………………………….Indispensable Allergies et intolérances médicamenteuses…………………….…………….Indispensable Facteurs de risque…………………………………………………………….Indispensable Vaccinations et autres actions de prévention et de dépistage………………………………………………………………..Indispensable Événements biographiques significatifs…………………….………………..Souhaitable Source : Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale (ANDEM). La tenue du dossier médical en médecine générale : état des lieux et recommandations. Paris, ANDEM éd., 1996, p. 66. Polycopié Phlébologie p.163 5. SITUATION Où LE MEDECIN VASCULAIRE PEUT ETRE MIS EN CAUSE -- Ce sont essentiellement des accidents de sclérose. -- Mais il faut insister sur la fréquence des dommages corporels subis par les patients au cabinet de leur médecin le plus souvent à la suite de chutes. -- ne pas minimiser le risque thrombo-embolique. -- le médecin vasculaire peut être remis en cause pour la qualité de sa communication, sa compétence, le suivi de son patient, d'où la nécessité du consentement éclairé, de suivre les recommandations de l’AMM 6. QUE FAIRE EN CAS D’ACCIDENT : -- prévenir son assureur ou la direction de l'hôpital. -- constituer un dossier. -- informer le malade ou son entourage. -- gérer les demandes de communication du dossier médical. Les protocoles de consentement éclairé sont disponibles auprès du syndicat national des médecins vasculaires. Voir exemplaires en annexes 7. TROUSSE D’URGENCE DU MEDECIN VASCULAIRE Matériel : -- perfusions : cathéters (16G à 18 G), perfuseurs, garrot, adhésifs de fixation. -- solutés : Ringer lactate, sérums salés 0,9 %, glucosé 5 à 10 %, Plasmion ou Plasmagel. --Réa respiratoire : Embout avec tubulures et raccords Canule de Guedel ou de Mayo Oxygène (médico-légal) : autonomie de 15 à 30 minutes. Polycopié Phlébologie p.164 Drogues : -- Atropine : ampoule de 0,25 mg et 0,50 mg -- Adrénaline : ampoule de 1 mg/ml (à diluer dans 10 ml de sérum physiologique) -- Corticoïdes : Hydrocortisone (Roussel ou Leurquin) Hydrocortancyl : 25 mg et 125 mg Solumédrol : 20 mg, 40 mg, 120 mg (100 mg d'hydrocortisone = 25 mg d'hydrocortancyl = 20 mg de solumédrol) -- bêta 2 stimulants Ventoline spray. Injectable. (Salbutamol, Bricanyl) -- anti histaminiques : Atarax injectable 100mg -- anxiolytiques et myorelaxant : Valium 10 mg, Tranxene 50 mg ou 100 mg injectable. Attention aux dates de péremption 8. CONDUITE A TENIR EN CAS DE CHOC : Mesures immédiates : mise sous oxygène, relever les jambes, prendre une voie veineuse, appeler le 15 Adrénaline : une ampoule de 1 mg dans 10 ml de solution physiologique puis faire des bolus de deux à quatre ml suivant l'évolution de la pression artérielle. Remplissage vasculaire : sérum salé ou Ringer lactate en perfusions Traitement de l'insuffisance respiratoire : Ventoline en aérosol, Salbutamol ou Bricanyl® en intraveineuse. Oxygène au masque, intubation si oedème laryngé Corticoïde en intraveineux Manoeuvres de réanimation cardio-respiratoire si arrêt cardiaque. Hospitalisation en réanimation avec transport médicalisé. Recherche d'une étiologie. Polycopié Phlébologie p.165 9. CONDUITE ATENIR EN CAS D’INJECTION INTRA-ARTERIELLE Injection intra-artérielle immédiate (artère fémorale) de 200 à 500 mg d'hydrocortisone. Injection intraveineuse de 5000 UI d'héparine Hospitalisation dans un service spécialisé en médecine vasculaire. Lors de l'hospitalisation : protocole de Rettori (pour cinq à six jours) -- perfusion à la seringue électrique d'hydrocortisone (1 à 2 g/24h) -- poursuite de l'héparinothérapie (2500 UI/24 heures) -- anxiolytiques -- pas de vasodilatateur. -- surveillance de l'état général et local. Polycopié Phlébologie p.166 e Nomenclature Rappel des références médicales opposables L’ IVC regroupe les manifestations cliniques (signes fonctionnels et complications) liées à la stase veineuse induite par toute perturbation du retour veineux des membres inférieurs. Ses causes les plus connues sont les varices essentielles et les séquelles de thrombose veineuse profonde des membres inférieurs. -- il n'y a pas lieu, pour poser le diagnostic d'une IVC mineure, ou pour la soumettre à un traitement médical ou de sclérothérapie, de faire appel à d'autres données que celles de l'interrogatoire, de l'examen clinique ou du doppler continu, sauf dans certains cas, avant sclérothérapie où l'écho-doppler est utile. -- il n'y a pas lieu, si la chirurgie est envisagée pour des varices essentielles non compliquées, ou pour une IVC mineure, de pratiquer d'autres explorations que le Doppler continu et l'écho-doppler. -- il n'y a pas lieu, si la chirurgie est envisagée en présence d'une IVC modérée ou sévère, ou de récidives de varices, de pratiquer en première intention d'autres explorations qu'un échodoppler. -- il n'y a pas lieu, pour surveiller une IVC stabilisée, quelle que soit la thérapeutique instaurée, de pratiquer d'autres surveillances que cliniques. Polycopié Phlébologie p.167 CCAM – V2 1 septembre 2005 er Code 04.01.03.06 EDQM001 04.01.03.07 EJQM004 EJQM001 EJQM003 EQQM006 EJQP001 EQQM004 Texte activité phase tarif Échographie des artères du membre inférieur Échographie-doppler des artères iliaques et des artères des membres inférieurs Avec ou sans : échographie-doppler de l’aorte abdominale. Facturation : ne peut pas être facturé avec échodoppler des veines des membres inférieurs 1 0 75,60 F,P,S,U 1 0 75,60 F,P,S,U 1 0 75,60 1 0 75,60 F,P,S,U 1 0 21,12 F,P,S,U 1 0 17,93 1 0 0,00 Échographie des veines Échographie-doppler des veines des membres inférieurs et des veines iliaques, sans marquage cutané A l’exclusion de : échographie-doppler des veines des membres inférieurs et des veines iliaques, pour recherche de thrombose veineuse profonde (EJQM003). Avec ou sans : échographie-doppler de la veine cave inférieure. Facturation : ne peut pas être facturé avec échodoppler des artères des membres inférieurs. Échographie-doppler des veines des membres inférieurs, avec marquage cutané ou cartographie hémodynamique A l’exclusion de : échographie-doppler pour repérage préopératoire de pédicule vasculaire d’un lambeau de réparation (EZQM002) Avec ou sans : échographie-doppler de la veine cave inférieure. Facturation : ne peut pas être facturé avec échodoppler des artères des membres inférieurs. Échographie-doppler des veines des membres inférieurs et des veines iliaques, pour recherche de thrombose veineuse profonde Avec ou sans : échographie-doppler de la veine cave inférieure. Facturation : ne peut pas être facturé avec échodoppler des artères des membres inférieurs Mesure de la pression intra-artérielle d'un membre en au moins 3 points, par doppler transcutané ou pléthysmographie Pléthysmographie veineuse des membres inférieurs Mesure de la distance de marche sur tapis roulant ou par enregistrement électromagnétique, avec mesures de la pression systolique résiduelle de cheville et du temps de récupération [test de Strandness] par doppler continu transcutané ou pléthysmographie Polycopié Phlébologie p.168 04.04 04.04.03.07 EJFB001 EJFA008 EJFA009 EJFA002 ACTES THÉRAPEUTIQUES SUR LES VEINES Autres exérèses de veine du membre inférieur Séance d'exérèse de segment de varice ou de veine perforante du membre inférieur, par voie transcutanée sous anesthésie locale Séance de phlébectomie du membre inférieur selon Müller Exérèse de la grande veine saphène sans exérèse de la crosse, par abords directs multiples sous anesthésie locale Avec ou sans : exérèse ou ligature de la veine collatérale, ligature de veine perforante. Phlébectomie ambulatoire saphène interne en l’absence d’incontinence ostiale. Environnement : spécifique : milieu chirurgical. Exérèse de la petite veine saphène sans exérèse de la crosse, par abords directs multiples sous anesthésie locale Avec ou sans : exérèse ou ligature de veine collatérale, ligature de veine perforante. Phlébectomie ambulatoire saphène externe en l’absence d’incontinence ostiale. Environnement : spécifique : milieu chirurgical Exérèses multiples de branches de la grande veine saphène et/ou de la petite veine saphène sous anesthésie générale ou locorégionale, par abord direct Phlébectomie étendue du membre inférieur sous anesthésie générale ou locorégionale anesthésie EJSA001 04.04.03.08 EJNF002 EJNJ001 EJSF900 Ligature de plusieurs veines perforantes jambières, par abord direct Indication : ligature de perforantes en zone cutanée saine 1 0 65,14 1 0 94,05 1 0 94,05 1 0 110,28 4 0 65,50 1 0 103,08 Occlusion de veine du membre inférieur Séance de sclérose de varice du membre inférieur, par injection intraveineuse transcutanée sans guidage Facturation : les actes à visée esthétique ne peuvent pas être facturés. Séance de sclérose de veine du membre inférieur, par injection intraveineuse transcutanée avec guidage échographique Formation : spécifique à cet acte en plus de la formation initiale. Facturation : les actes à visée esthétique ne peuvent pas être facturés. Occlusion de veine saphène par laser, par voie veineuse transcutanée Avec ou sans : guidage échographique, exérèse, ligature et/ou sclérose de veine variqueuse, ligature de veine perforante. Polycopié Phlébologie p.169 1 0 18,96 1 0 37,46 1 0 0,00 A,7 A,7 anesthésie EJSF901 04.04.03.09 EQBP001 04.04.10.02 Occlusion de la grande veine saphène par radiofréquence, par voie veineuse transcutanée Avec ou sans : guidage échographique, exérèse, ligature et/ou sclérose de veine variqueuse, ligature de veine perforante anesthésie 4 0 0,00 1 0 0,00 4 0 0,00 1 0 11,06 Autres actes thérapeutiques sur les veines des membres Contention veineuse fixe prenant au moins 2 segments de membre, par pose de bande collante ou cohésive A l’exclusion de : contention veineuse peropératoire ou postopératoire. Facturation : maximum 2 par semaine Désobstruction de veine EPJB001 Évacuation de thrombus veineux d'un membre, par voie transcutanée 1 0 11,75 F,P,S,U EFFA003 Thrombectomie de veine superficielle des membres ou du cou, par abord direct 1 0 14,85 F,P,S,U 05.02 05.02.02.06 FCBP001 FCBP002 ACTES THÉRAPEUTIQUES SUR LE SYSTÈME IMMUNITAIRE Autres actes thérapeutiques sur les vaisseaux et les noeuds lymphatiques Séance de compression [pressothérapie] mercurielle d'un membre Indication : lymphœdème ou phlébœdème. Facturation : 10 séances maximum en 6 mois. Séance de compression [pressothérapie] pneumatique unilatérale ou bilatérale d'un membre Indication : lymphœdème ou phlébœdème. Facturation : 10 séances maximum en 6 mois. Polycopié Phlébologie p.170 1 0 28,80 1 0 28,80 ANNEXES o Extraits recommandation HAS ET ANAES o Informations avant réalisation d’actes thérapeutiques en vue d’obtenir un consentement éclairé. o Auteurs o Polycopié Phlébologie p.171 Extraits recommandation HAS ET ANAES Ulcères HAS 2006 Chirurgie veineuse superficielle Place de la chirurgie dans le traitement des ulcères veineux En l’absence de reflux profond associé La chirurgie de l’insuffisance veineuse superficielle en association au traitement par compression est recommandée chez les patients ayant un ulcère ouvert ou cicatrisé : - présentant un reflux superficiel documenté à l’écho-Doppler ; - sans obstruction ni reflux des veines profondes ; - et ayant un IPS > 0,85. En cas de reflux profond associé : - si le reflux profond est segmentaire, il est recommandé de pratiquer également une chirurgie de l’insuffisance veineuse superficielle (accord professionnel) ; - si le reflux profond est axial total, en l’état actuel des connaissances, la place de la chirurgie de l’insuffisance veineuse superficielle ne peut pas être précisée. Par accord professionnel les recommandations suivantes sont proposées : - le traitement chirurgical de l’insuffisance veineuse profonde n‘est jamais indiqué en première intention pour obtenir la cicatrisation de l’ulcère veineux. La prise en charge repose dans un premier temps sur la compression. En cas d’atteinte associée du réseau veineux superficiel cf. V.2.1. ; - dans les cas d’ulcères qui ne cicatrisent pas ou récidivent malgré ces mesures, le recours à la chirurgie veineuse profonde peut être discuté, au mieux en consultation multidisciplinaire ; - elle ne s’envisage que dans les atteintes valvulaires primitives ou dans les syndromes postthrombotiques à prédominance obstructive sus-inguinale ; - le bilan complémentaire et le choix du geste chirurgical seront discutés en service spécialisé. Place des techniques alternatives à la chirurgie Aucune technique alternative à la chirurgie veineuse superficielle tels que sclérothérapie échoguidée, radiofréquence ou laser n'a fait l’objet d’études comparatives évaluant son efficacité dans le traitement des ulcères veineux (cicatrisation ou récidive). L’utilisation de ces techniques au sein d’essais cliniques ayant pour comparateur la chirurgie conventionnelle doit être encouragée. Polycopié Phlébologie p.172 Varices ANAES 2004 Proposition n° 1 : Principes de stratégie diagnostique avant traitement des varices L’indication de traitement des varices repose essentiellement sur l’interrogatoire et l’examen clinique. La détermination de la stratégie thérapeutique interventionnelle devrait comprendre un échoDoppler pulsé (ou mieux couleur) permettant une analyse morphologique et hémodynamique à la recherche : - de reflux significatifs (supérieurs à 1 seconde) en position debout sur l’ensemble du réseau veineux des membres inférieurs en précisant leur topographie. Ces données doivent être transcrites sur un schéma commenté (cartographie) ; - d’anomalies veineuses profondes, de variations anatomiques du réseau superficiel ou d’une malformation vasculaire pouvant modifier l’indication initiale. En outre, un échomarquage des veines pathologiques doit être réalisé avant toute procédure (en dehors de la sclérothérapie). Polycopié Phlébologie p.173 Polycopié Phlébologie p.174 Principe de surveillance des traitements : proposition 3 Polycopié Phlébologie p.175 Polycopié Phlébologie p.176 Exemples types de fiche d’information: Annexe exemple 1 CONSENTEMENT ECLAIRE DU PATIENT. NE DEMANDE PAS DE SIGNATURE Docteur X Adresse VEUILLEZ LIRE CE DOCUMENT IMPORTANT ET DEMANDEZ MOI LES EXPLICATIONS NÉCESSAIRES EN CAS D’URGENCE: EN CAS D’ABSENCE SI URGENCE GRAVE Tel Cabinet Tel Domicile Tel Portable SAMU 15 0- -- -- -- -0- -- -- -- -0- -- -- -- - Quelques explications sur le traitement sclérosant des varices de gros calibre. *EN QUOI CONSISTE-T-IL ? Il s’agit d’une série d’injections d’un produit spécialement étudié, par voie intraveineuse. Cette substance a un effet destructeur sur la veine et entraîne son exclusion de la circulation en quelques heures à quelques jours. *QUEL EST SON BUT ? Le traitement vise à supprimer le circuit veineux anormal que constituent les varices. Il n’y a pas à redouter un manque de veines après le traitement puisque les veines qui seront éliminées sont anormales. Par ailleurs, le traitement ne s’attaque qu’à des veines superficielles et pas aux veines profondes qui sont les seules vraiment indispensables à la circulation. *POURQUOI SUPPRIMER LES VARICES ? La suppression des varices évite leur aggravation avec le temps et évite les complications telles que: eczéma variqueux, ulcère variqueux, thromboses; et limite les symptômes tels que lourdeur, douleur et œdème. *Y A-T-IL D’AUTRES TRAITEMENTS POSSIBLES POUR MES VARICES ? Un traitement sclérosant est un traitement puissant mais simple et ambulatoire, facile à répéter et peu agressif. D’autres traitements existent, ils peuvent être envisageables mais ils n’ont pas été retenus dans votre cas pour plusieurs raisons qui tiennent à votre maladie veineuse, à votre âge, à votre état général et à bien d’autres raisons techniques. Dans les cas complexes ou importants un examen Echo-Doppler Couleur a été ou sera fait au cabinet afin de déterminer quelle est la meilleure conduite à tenir. La sclérose des varices peut être employée seule ou en complément d’une intervention chirurgicale, qui est habituellement pratiquée avant les injections sclérosantes *COMMENT SE DEROULE-T-IL ? Après un à sept jours environ la ou les veines se contractent, se bouchent et durcissent; elles sont alors exclues de la circulation, le traitement commence à faire son effet. On peut constater à ce moment un certain nombre d’effets secondaires bénins bien que parfois désagréables. Il peut apparaître des ecchymoses parfois assez étendues et assez foncées, elles sont dues à la ponction veineuse et disparaissent sans laisser de trace en deux semaines environ. La formation d’indurations (soit de petites boules, soit de cordons) à l’endroit de l’injection est également un phénomène normal et inévitable lors d’un traitement sclérosant; elle traduit la bonne efficacité du produit et constitue la première réaction de la veine. Il peut y avoir en regard un léger œdème et un certain degré de rougeur inflammatoire mais cela est également normal. Selon la gravité de vos varices, un traitement médical complémentaire vous a peut-être été prescrit: bandes, pommades, anti-inflammatoires: n’hésitez pas à y avoir recours en cas de besoin, il a été prévu pour cela. En cas d’inquiétude, n’hésitez pas à téléphoner pour demander conseils ou éclaircissements. Polycopié Phlébologie p.177 *QUELLES SONT SES COMPLICATIONS ? Les complications possibles du traitement sclérosant sont exceptionnelles: choc allergique, thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire, nécrose cutanée et/ou musculaire, injection intra-artérielle. Leur fréquence est inférieure à un pour dix mille traitements, la loi impose de les signaler malgré leur rareté. Certaines sont immédiates, d’autres plus tardives ; dans tous les cas de douleur importante ou de lésion cutanée (ce qui ne signifie bien sur pas pour autant une complication) n’hésitez pas à téléphoner. *QUEL SERA LE RESULTAT DU TRAITEMENT SCLÉROSANT ? Lorsque toutes les varices auront été sclérosées et lorsque les réactions se seront estompées, vos jambes présenteront un aspect tout à fait satisfaisant et le retour circulatoire veineux se fera à nouveau de façon normale. Bien entendu, la maladie veineuse qui vous a donné des varices continuera à exister et il est à prévoir de petites récidives après quelques mois ou années. Ces récidives, bien que peu importantes comparativement à ce qui a été traité, nécessitent d’être surveillées et traitées dès que possible. Une visite de contrôle s’impose donc en cas de problème et de toute façon tous les ans ou tous les deux ans en cas d’évolution lente. *QUELLES SONT LES PRECAUTIONS À PRENDRE DURANT LE TRAITEMENT? Sauf instructions contraires, il n’y pas de précautions notables à prendre pendant la durée du traitement. Tout au plus devez-vous vous abstenir de prendre des bains très chauds. Vous devez porter les bas ou la bande qui vous a éventuellement été prescrits durant la journée, voire la nuit si cela vous a été explicitement précisé. Les petits sparadraps qui ont été appliqués sur les points d’injection pourront être ôtés une demi-heure après la séance (sauf précisions contraires). En cas de “bleus”, appliquez la pommade qui vous a été ordonnée. Le traitement des varices par la sclérothérapie écho-guidée à la mousse Cette méthode représente une évolution majeure du traitement des varices, elle permet de traiter avec succès des veines beaucoup plus importantes (en diamètre et en étendue). Cette méthode entre en concurrence avec la chirurgie et le laser endoveineux. Le produit sclérosant, préparé sous forme de mousse, est injecté dans les varices par l’intermédiaire d’une aiguille ou d’un petit tube introduit dans la veine sous contrôle échographique. L ‘échographie permet une grande précision de repérage et une grande sécurité. Elle permet également de contrôler la progression du produit dans les varices lors de l’injection. Elle permet enfin de juger du bon résultat immédiat et de l’efficacité du traitement lors des séances suivantes. La mousse sclérosante, obtenue à partir des produits sclérosants classiques, permet un meilleur contact avec les varices, et se voit parfaitement à l’échographie. Après la séance, vous porterez le bas de contention qui vous a été prescrit pendant la durée du traitement (1 à 4 semaines environ). La méthode est peu douloureuse puisqu’elle demande moins d’injections. Ses effets secondaires sont identiques à ceux de la sclérothérapie classique. Il peut se produire, rarement, des troubles visuels qui, bien que désagréables, ne se sont jamais avérés ni graves ni durables. Là encore, il ne faut pas hésiter à téléphoner pour en faire part. DANS TOUS LES CAS VOUS POUVEZ NOUS TÉLÉPHONER POUR DEMANDER DES EXPLICATIONS, DES CONSEILS, UN AVIS, NE VOUS EN PRIVEZ PAS. Cabinet de médecine vasculaire des docteurs … Tel: 0- -- -- -- -- Polycopié Phlébologie p.178 Annexe exemple 2 Cabinet de médecine vasculaire des docteurs X, Y Adresse Tel NOTICE D’INFORMATION AVANT TRAITEMENT DES VARICES LA SCLEROTHERAPIE PREAMBULE Le traitement des varices a beaucoup progressé ces dernières années, permettant de diminuer la fréquence et la sévérité des complications (thromboses veineuses superficielles, ulcères de jambes). Afin que vous puissiez donner votre consentement pour la réalisation de cet acte, nous vous demandons de lire attentivement ce document. Nous sommes bien sûr à votre disposition pour toute information complémentaire que vous jugerez utile. POURQUOI CHOISIR LE TRAITEMENT SCLEROSANT ? C’est, avec la chirurgie, le principal traitement des varices. Il peut parfois être utilisé seul, permettant d’éviter une intervention, ou en complément de la chirurgie. Il ne nécessite ni hospitalisation, ni arrêt de travail. La maladie variqueuse est évolutive. Il est normal que de nouvelles varices apparaissent au cours des années. Un suivi phlébologique sera donc indispensable si vous voulez conserver un bon résultat. COMMENT VA SE DEROULER VOTRE TRAITEMENT ? Le phlébologue va injecter dans la varice un produit dans le but de la détruire. Ces injections sont réalisées au cours de la consultation. On vous demandera parfois de porter un bandage ou bas élastique les jours suivants. QUELLES COMPLICATIONS PEUVENT SURVENIR LORS DU TRAITEMENT ? Tout acte médical, même conduit dans des conditions de compétence et de sécurité conformes aux données de la science et de la réglementation en vigueur recèle un risque de complication. Plusieurs dizaines de milliers d’injections sclérosantes sont réalisées chaque jour en France. Les complications sont rares. Une inflammation locale ou une “tache” sont possibles, elles régressent en général spontanément en quelques semaines, mais peuvent nécessiter un traitement spécifique. En cas de douleur ou inflammation à proximité du site d’injection, il est recommandé de porter la contention élastique plus longtemps, une semaine ou dix jours si nécessaire. Ne pas hésiter à utiliser un traitement anti-douleur que l’on tolère bien (ASPIRINE, DOLIPRANE, EFFERALGAN...). Il est recommandé de bien marcher les jours qui suivent chaque séance (au minimum 10 minutes matin et après-midi). Après traitement d’une varice, la perception d’un cordon inflammatoire et sensible à la palpation est possible. Il régresse en général en quelques jours. Ne pas hésiter à nous contacter en cas de douleur intense ou persistante. Exceptionnellement, il peut survenir : - Une réaction allergique (urticaire, malaise, choc). Il est important de signaler vos antécédents allergiques avant le traitement. - Une atteinte artérielle (pouvant être responsable d’une escarre) - Une phlébite, nécessitant un traitement anticoagulant. Elle peut se manifester par une douleur ou un gonflement inhabituel du mollet. En cas de problème, n’hésitez pas à contacter votre médecin vasculaire. En cas d’urgence grave, si votre médecin vasculaire n’est pas joignable, appeler le 15 Polycopié Phlébologie p.179 Annexe exemple 3 Docteur Z médecin vasculaire Tel : Un traitement par sclérothérapie est envisagé pour vous. QU'EST-CE QUE LA SCLEROTHERAPIE ? - Il s'agit d'une méthode de traitement médical des varices. Elle est, suivant les cas, soit indiquée d'emblée, soit elle vient compléter un traitement chirurgical ou endovasculaire. - La méthode consiste à injecter, avec une aiguille très fine, un produit dit "sclérosant" dans la veine variqueuse que l'on veut supprimer. Ce produit déclenche une réaction inflammatoire contrôlée à l'intérieur de la veine malade, au niveau de ses parois, afin de détruire progressivement cette veine qui ne joue plus son rôle dans le retour veineux. - Ce traitement, bien que visant à supprimer un vaisseau, ne nuit pas à la circulation mais au contraire l'améliore. En effet le sang stagne dans les veines variqueuses, et même éventuellement reflue vers le bas. Supprimer ces circuits inefficaces ou néfastes est donc bénéfique et améliore le retour veineux. En outre ce traitement est destiné à calmer les douleurs veineuses et éviter au mieux les complications ultérieures (thromboses veineuses superficielles, hémorragies, maladies de la peau, ulcères de jambes). COMMENT SE REALISE LA SCLEROTHERAPIE ? - En consultation externe, au cabinet de l'angiologue. - Plusieurs séances sont en général nécessaires. Leur nombre est fonction de l'importance de l'atteinte veineuse (en général entre 2 et 10). Ces séances doivent être espacées d'environ un mois. Une fois les séances terminées, un contrôle de l'état veineux est souhaitable au bout d'un an. - En pratique dans une séance il est réalisé en général plusieurs ponctions et injections veineuses, mais ce nombre est très variable suivant le travail réalisé (entre 1 et 20 suivant la localisation, l'importance et la taille de la veine). - Un nouvel examen veineux en position debout (depuis plusieurs minutes) et un repérage des veines à traiter se font en début de séance - L'aiguille est fine, le diamètre se situant aux alentours du 1/10 ème de mm. Seul du matériel stérile et à usage unique est utilisé. - Les injections ne sont en général pas douloureuses, sous réserve que le patient soit bien décontracté. Elles se font en position allongée. Parfois elles se font sous contrôle échographique. QUELLES PRECAUTIONS AVANT LA SEANCE ? - Il n'y a pas d'horaire particulier : début, milieu ou fin de journée, même si on travaille. - Si vous portez une contention veineuse, il est préférable de l'enlever 2 heures avant. - Surtout ne rien mettre sur la peau dans les 24 heures qui précèdent, notamment pas de corps gras (pommades, gels, laits de toilette). - Un traitement anticoagulant ne contre-indique pas la sclérose, mais vous devez auparavant en avertir le praticien. QUELLES PRECAUTIONS APRES LA SEANCE ? - Un simple pansement adhésif sera posé sur les zones de scléroses, à enlever le soir au coucher. - Il n'y a pas de précautions particulières après la séance. La vie normale doit être poursuivie. - L'activité physique est possible (marche, gymnastique, bicyclette). La marche en promenade est même recommandée les jours qui suivent la sclérothérapie. Seule la piscine doit être différée au lendemain. - Eviter l’exposition au soleil ou aux ultraviolets. - Le port d'une contention veineuse est parfois utile, et vous sera précisé le cas échéant. EFFETS SECONDAIRES NORMAUX OU HABITUELS ? - Parfois une légère douleur aux points d’injections, le soir ou le lendemain. - Des petites ecchymoses ("bleus") dans les jours suivants, régressant en une ou deux semaines. - Après plusieurs jours (ou même semaines), possibilité de petites indurations (boules dures et sensibles au toucher) dans les zones traitées. Ceci n'est pas systématique et dépend des territoires et de la taille des varices traitées, mais témoigne par contre de la réussite de la sclérose (la veine "prend"). C'est le principe même de la sclérose qui consiste à transformer une veine variqueuse en tissu scléreux et fibreux, donc dur, avant qu'elle ne se résorbe. Polycopié Phlébologie p.180 - Ces indurations peuvent dans certains cas persister plusieurs semaines ou mois, en s'atténuant progressivement. - La persistance à long terme de marques brunes est rare mais toujours possible sur certaines peaux fragiles, ou après exposition au soleil. L’apparition de fines varicosités est également possible dans les régions traitées. - Une douleur qui vous semblerait anormale après une sclérose doit vous conduire à téléphoner au praticien. QUELS SONT LES INCIDENTS OU ACCIDENTS ? - Ils sont très rares lorsque la sclérothérapie est pratiquée par un angiologue qualifié et entraîné. - Les allergies au produit sont exceptionnelles mais toujours possibles. Elles se manifestent immédiatement ou en quelques minutes, exceptionnellement jusqu'à 2 heures après la séance : apparition de lésions rouges et prurigineuses (qui "grattent") sur la peau, bouffées de chaleur, difficulté à respirer, "boule" dans la gorge, malaises. Il faut revoir rapidement votre angiologue ou votre médecin traitant. La plupart des réactions allergiques sont cependant mineures. Si vous avez un terrain allergique, signalez-le. - Les thromboses veineuses superficielles restant localisées sont normales. - Les thromboses veineuses profondes ou superficielles étendues sont anormales et rares. Elles ne sont pas liées à une faute technique mais témoignent en général d'une anomalie de la coagulation chez le patient, qui nécessitera, avant d'autres scléroses, des examens sanguins approfondis. - Les injections extravasculaires (en dehors de la veine) dans les tissus environnants peuvent conduire au bout de quelques jours à une petite zone inflammatoire et douloureuse bien localisée. L'évolution est favorable, laissant parfois une petite marque plus ou moins inesthétique. - Les injections intra-artérielles sont rarissimes. Suivant le territoire elles peuvent conduire à une zone d'escarre localisée, ou être plus étendue sur un segment de membre. Ces accidents exceptionnels, sont toujours accompagnés d'une douleur violente au moment de l'injection, ne s'estompant pas en quelques minutes. QUAND LA SCLEROSE EST-ELLE INDIQUEE ? - La décision du traitement appartient à l'angiologue, et bien sûr à vous, toujours après un examen complet de votre système veineux. - Le doppler ou l'écho-doppler peuvent être nécessaires pour prendre cette décision, mais pas dans tous les cas. Seul le spécialiste peut juger de son utilité. - Toutes les maladies veineuses ne relèvent pas de la sclérothérapie. - Enfin certaines scléroses, ou micro-scléroses, ne rentrent pas dans le cadre d'une insuffisance veineuse "maladie" et sont purement d'ordre esthétique (elles ne sont alors pas remboursables). QUAND LA SCLEROSE EST-ELLE CONTRE-INDIQUEE ? - Les contre-indications sont rares: allergie connue au sclérosant (mais il existe d'autres produits utilisables), anomalie prouvée et importante de la coagulation. - Si une grossesse survient en cours de traitement sclérosant, il n'y a pas de conséquence sur la grossesse. Il suffit d'interrompre la sclérothérapie. Le bilan et le traitement de la maladie veineuse seront repris 3 mois après l'accouchement. EN RESUME - La sclérothérapie est une méthode médicale efficace dans le traitement des varices, si l'indication est correctement posée par le médecin spécialiste. - Elle traite les conséquences de la maladie veineuse et prévient ses complications. - Elle se pratique avec ou sans la chirurgie, suivant les cas. - Elle n'est pas douloureuse si vous êtes confiant et détendu. Elle ne perturbe pas la vie courante. - Entre les mains d'un praticien entraîné les incidents sont mineurs et les accidents exceptionnels et improbables. - N'hésitez surtout pas à poser toute question complémentaire que vous jugeriez utile à votre information. Polycopié Phlébologie p.181 Document d’acceptation du traitement proposé Je, soussigné, M ……………………………………………, certifie avoir reçu une information orale et écrite, claire et précise, concernant le traitement médical envisagé et conseillé par le Docteur……………………………………, Médecin Vasculaire, que je suis venu(e) consulter. J'atteste en avoir pris connaissance et donner mon consentement éclairé pour la mise en route de ce traitement, en toute connaissance de cause et après délai de réflexion, conformément aux dispositions légales en vigueur. J'ai pu poser toutes les questions que j'ai jugées utiles et j'ai bien compris les réponses qui m'ont été fournies. Fait à , le Polycopié Phlébologie p.182 INFORMATION MEDICALE AVANT LA REALISATION D'UN TRAITEMENT DES VARICES PAR PHLEBECTOMIE AMBULATOIRE (Source = Société Française de Phlébologie Interventionnelle) Madame, Monsieur, Vous êtes porteur de varices des membres inférieurs, vos veines sont trop dilatées et la circulation de retour se fait difficilement. L'évolution spontanée se fait vers une aggravation avec des risques de complications. De ce fait, je vous propose une intervention en rapport avec votre bilan clinique et écho-doppler veineux. L'intervention que je vous propose consiste à extraire la varice au travers de micro-incisions à l'aide d'un petit crochet, sous anesthésie locale. Après le geste, vous porterez une contention sur votre jambe. Un suivi est indispensable, au minimum à 1 semaine, 1 mois, puis une fois par an. Avant que vous ne donniez votre accord pour cette intervention, je me dois de vous informer de ses avantages par rapport aux autres traitements et des risques auxquels vous êtes exposé(e) si vous n'êtes pas opéré(e) ainsi que des risques qui peuvent survenir du fait de l'intervention. Simple, peu traumatisante, cette technique donne d'excellents résultats à long terme. Elle permet une reprise immédiate de la marche. Elle est moins invasive qu'un éveinage et plus durable qu'une sclérose. Si vous n'êtes pas opéré(e), les varices vont augmenter en nombre et en volume. Des douleurs, des troubles cutanés, des ulcères de jambe ou des thromboses peuvent survenir. Si vous êtes opéré(e), des complications inhérentes à toute activité médicale sont toujours possibles. Les complications de l'anesthésie locale (Xylocaïne 1 %) sont extrêmement rares. Un malaise ou un choc vagal est toujours possible. Les risques sont communs à l'ensemble des interventions sur les varices telles que infection, thrombose ou embolie pulmonaire. Un hématome local est toujours possible voire un trouble sensitif. Des complications d'ordre esthétique peuvent également survenir : apparition de varicosités sur le trajet veineux enlevé ou de pigmentation cutanée. Bien entendu puisqu'il n'y a pas d'urgence, du moins à ce jour, je vous laisse le temps de la réflexion qui vous permettra de prendre votre décision et, si vous le souhaitez, de consulter votre famille, vos proches et votre médecin traitant. Les dispositions réglementaires font obligation au médecin de prouver qu'il a fourni l'information au patient. Aussi vous demande-t-on de signer ce document dont un exemplaire sera conservé par votre médecin. Je soussigné, reconnais que la nature de l'intervention, ainsi que ses risques, m'ont été expliqués dans des termes que j'ai compris et qu'il a été répondu de façon satisfaisante à toutes les questions que j'ai posées. J'ai disposé d'un délai de réflexion suffisant pour la réalisation de l'acte qui m'est proposé. - OUI, je donne mon accord NON, je ne donne pas mon accord (Rayer la mention inutile) Date : Nom, prénom et signature du patient : Signature du praticien : Polycopié Phlébologie p.183 AUTEURS RESPONSABLE : QUERE Isabelle Hôpital Saint-Eloi 80, avenue Augustin Fliche 34295 MONTPELLIER CEDEX 5 Tel : 04 67 33 70 24 e-mail : [email protected] AUTEURS: AUVERT Jean-François Cabinet Médical des Bâtes 8, Boulevard de l’Europe 28100 DREUX Tel : 02 37 46 31 46 e-mail : [email protected] BECKER François 40 Chemin des Favrands. 74400 CHAMONIX Tel : 04 50 53 34 03 e-mail : [email protected] BOULON Carine Service de Médecine Vasculaire, Hôpital St André, CHU Bordeaux [email protected] Polycopié Phlébologie p.184 CARPENTIER Patrick Hôpital Michallon Médecine Vasculaire 38043 GRENOBLE CEDEX Tel: 04 76 76 89 60 e-mail : [email protected] CHLEIR Franck 113, avenue Charles de Gaulle 92200 NEUILLY SUR SEINE Tel : 01 47 47 61 31 e-mail : [email protected] CONSTANS Joël Hôpital Saint-André 1, rue Jean Burguet - 33075 BORDEAUX Tel : 05 56 79 58 16 e-mail : [email protected] DIAMAND Jean-Marc 7, rue Lesdiguières 38000 GRENOBLE Tel : 04 76 51 78 05 e-mail : [email protected] GILLET Jean-Luc 51 bis avenue Pr Tixier 38300 BOURGOIN-JALLIEU Tel 04 74 28 13 00 e-mail : [email protected] Polycopié Phlébologie p.185 GUEX Jean-Jérôme 32, boulevard Dubouchage BP 1 – 06000 NICE Tel : 04 93 85 99 26 e-mail : [email protected] GUIAS Bruno CHU La Cavale Blanche Unité d’écho-Doppler et de médecine vasculaire 29609 BREST CEDEX Tel : 02 98 34 75 45 e-mail : [email protected] GUILMOT Jean-Louis Hôpital Bretonneau Médecine Interne B 2, Boulevard Tonnellé. 37044 TOURS CEDEX Tel : 02 47 47 37 15 e-mail : [email protected] HAMEL-DESNOS Claudine Centre Hospitalier Privé Saint-Martin 18, rue des Roquemonts 14050 CAEN CEDEX Tel : 02 31 43 33 33 e-mail : [email protected] JANBON Charles 1070 avenue de la Justice 34000 MONTPELLIER Tel : 06 17 83 38 17 e-mail : [email protected] Polycopié Phlébologie p.186 LACROIX Philippe Unité de Médecine Vasculaire, CHU Limoges e-mail: [email protected] LAROCHE Jean-Pierre CHU Montpellier Médecine B 34000 MONTPELLIER Tel : 04 67 33 73 40 e-mail : [email protected] LEMASLE Philippe Centre Médical Nouvelle France 15 Rue Pottier 78150 LE CHESNAY Tel : 01.39.23.90.60 OUVRY Pierre 9, rue Jules Ferry 76200 DIEPPE Tel : 02 35 84 13 63 e-mail : [email protected] PERRIN Michel Chirurgie vasculaire 26 chemin de Décines 69680 CHASSIEU Tel : 04 72 05 72 66 e-mail : [email protected] Polycopié Phlébologie p.187 PICHOT Olivier 7, rue Lesdiguières 38000 GRENOBLE Tel : 04 76 51 78 06 e-mail : [email protected] PISTORIUS Marc-Antoine CHU Nantes – Hôtel-Dieu BP 1005 44035 NANTES CEDEX 01 Tel : 02 40 08 33 44 e-mail : [email protected] TAPON Marc 18, rue Mareschal 34000 MONTPELLIER Tel : 04 67 92 06 03 e-mail : UHL Jean-François 113, avenue Charles de Gaulle 92200 NEUILLY SUR SEINE Tel : 01 47 47 22 11 e-mail : [email protected] VAYSSAIRAT Michel Hôpital TENON UF de Médecine Vasculaire 4, rue de la Chine. 75020 PARIS Tel : 01 56 01 79 74 e-mail : [email protected] Polycopié Phlébologie p.188