faculte de medecine de tours - Université Francois Rabelais

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Académie d’Orléans –Tours
Université François-Rabelais
FACULTE DE MEDECINE DE TOURS
Année 2012
N°
Thèse
pour le
DOCTORAT EN MEDECINE
Diplôme d’Etat
Par
Aurélie DURAND
Née le 4 mai 1983 à Vitry le François
Présentée et soutenue publiquement le 13 novembre 2012
INTERET DU COLOSCANNER A L’EAU CHEZ LE SUJET AGE DE PLUS DE 75 ANS.
ETUDE DESCRIPTIVE SUR 53 PATIENTS.
Jury
Président de Jury :
Monsieur le Professeur DANQUECHIN DORVAL Etienne
Membres du jury :
Monsieur le Professeur ALISON Daniel
Monsieur le Professeur CONSTANS Thierry
Madame le Docteur SCOTTO Béatrice
Madame le Docteur DARDAINE-GIRAUD Véronique
1
12 Septembre 2011
UNIVERSITE FRANCOIS RABELAIS
FACULTE DE MEDECINE DE TOURS
DOYEN
Professeur Dominique PERROTIN
VICE-DOYEN
Professeur Daniel ALISON
ASSESSEURS
Professeur Christian ANDRES, Recherche
Docteur Brigitte ARBEILLE, Moyens
Professeur Christian BINET, Formation Médicale Continue
Professeur Laurent BRUNEREAU, Pédagogie
Professeur Patrice DIOT, Recherche clinique
SECRETAIRE GENERALE
Madame Fanny BOBLETER
********
DOYENS HONORAIRES
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Directeur de l’Ecole de Médecine - 1947-1962
Professeur Georges DESBUQUOIS (†)- 1966-1972
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Professeur Jean-Claude ROLLAND – 1994-2004
PROFESSEURS EMERITES
Professeur Alain AUTRET
Professeur Jean-Claude BESNARD
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Professeur Michel ROBERT
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PROFESSEURS HONORAIRES
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A. BENATRE - Ch. BERGER –J. BRIZON - Mme M. BROCHIER - Ph. BURDIN - L. CASTELLANI
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J. MOLINE - Cl. MORAINE - H. MOURAY - J.P. MUH - J. MURAT - Mme T. PLANIOL - Ph. RAYNAUD
Ch. ROSSAZZA - Ph. ROULEAU - A. SAINDELLE - J.J. SANTINI - D. SAUVAGE - M.J. THARANNE
J. THOUVENOT - B. TOUMIEUX - J. WEILL.
2
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
MM.
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Urologie
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Bactériologie-Virologie ; Hygiène hospitalière
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Biologie cellulaire
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Mmes
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BOUAKAZ Ayache
BRUNEAU Nicole
CHALON Sylvie
COURTY Yves
GAUDRAY Patrick
GOUILLEUX Fabrice
GOMOT Marie
Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 6239
Chargé de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
Chargée de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
Directeur de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
Chargé de Recherche CNRS – U 618
Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 6239
Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 6239
Chargée de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
4
MM.
Mmes
HEUZE-VOURCH Nathalie
LAUMONNIER Frédéric
LE PAPE Alain
MARTINEAU Joëlle
POULIN Ghislaine
Chargée de Recherche INSERM – U 618
Chargé de Recherche INSERM - UMR CNRS-INSERM 930
Directeur de Recherche CNRS – U 618
Chargée de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
Chargée de Recherche CNRS – UMR CNRS-INSERM 930
CHARGES D’ENSEIGNEMENT
Pour l’Ecole d’Orthophonie
Mme DELORE Claire
M
GOUIN Jean-Marie
M.
MONDON Karl
Mme PERRIER Danièle
Orthophoniste
Praticien Hospitalier
Praticien Hospitalier
Orthophoniste
Pour l’Ecole d’Orthoptie
Mme LALA Emmanuelle
M.
MAJZOUB Samuel
Praticien Hospitalier
Praticien Hospitalier
Pour l’Ethique Médicale
Mme BIRMELE Béatrice
Praticien Hospitalier
5
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur DANQUECHIN DORVAL Etienne,
vous me faites l’honneur de présider ce jury. Ce fut un plaisir d’apprendre au sein de
votre équipe. Veuillez accepter l’expression de ma sincère reconnaissance.
A Monsieur le Professeur ALISON Daniel,
merci d’avoir accepté de juger ce travail. Soyez assuré de ma sincère
reconnaissance.
A Monsieur le Professeur CONSTANS Thierry,
merci d’avoir accepté de siéger au sein de ce jury. Recevez ici l’expression de ma
profonde gratitude.
A Madame le Docteur SCOTTO Béatrice,
merci de m’avoir aidé dans l’élaboration de ce travail. Veuillez accepter mes plus
sincères remerciements.
A Madame le Docteur DARDAINE-GIRAUD Véronique,
merci pour avoir accepté de diriger ce travail, pour les conseils, le soutien, la
patience. Merci pour le temps passé à mes côtés, pour m’avoir beaucoup appris.
Soyez assurée de ma gratitude et de mon amitié sincère.
6
Nicolas, pour ton amour, pour le bonheur de t’avoir près de moi. Pas de panique, ce qui
suit n’est pas un contrat de mariage !
A mes parents, pour votre amour, votre soutien tout au long de ces années d’étude, pour
vos conseils précieux, pour la certitude que je peux toujours compter sur vous. Je vous dédie
cette thèse. ( et oui, tout finit par arriver…)
A mes grands parents, je pense à vous.
A Nicolas et Céline, pour votre soutien, pour tous ces bons moments ensemble, passés et à
venir, les pizzas du vendredi et bienvenue à zombieland.
A Abigaël et Manon, pour votre joie de vivre, vos éclats de rire qui illuminent chaque
instant passé auprès de vous, sans oublier cornebidouille, les fouamboises et les queues de
lacet…
A Claudette, Alain et Olivier, pour ces bons moments sur la terrasse, devant la cheminée,
les randonnées de l’extrême toujours suivies d’un bon repas et d’une bonne bouteille.
A Elise, Olivia et Vivien, mes trois complices, dans les bonheurs, les galères… On en a
gros !
A Philippe, Eliott, Thelma, Aline, Simon, que de week-ends tous ensemble en perspective !
A Amaury et Virginie, un grand merci pour les tableaux. Vive la vie en province !
A Lise, Alex, Anne-Laure, Guigui, Jillaume, Marie, Lilit, Axelle, les copains externes et
internes…
A Christelle et François, qui ont compris toute la subtilité de ce sujet. A bientôt devant un
ti-punch les pieds dans le sable !
A tous les médecins, infirmières, aides-soignantes, secrétaires que j’ai rencontrés, qui
m’ont aidée, soutenue, qui m’ont appris à aimer mon métier.
7
RESUME
CONTEXTE : Le cancer colorectal est fréquent et de diagnostic clinique souvent difficile
chez le sujet âgé. La coloscopie, examen de référence pour son diagnostic, est davantage à
risque d’échec ou de complications dans cette population . De nouvelles explorations coliques
se sont développées depuis plusieurs années. Parmi elles, le coloscanner à l’eau semble une
alternative satisfaisante. Devant ce constat, nous nous sommes interrogés sur les critères
permettant de sélectionner les patients âgés pour lesquels cet examen serait le plus indiqué.
METHODE : Etude rétrospective descriptive incluant tous les patients âgés de 75 ans ou
plus ayant eu un coloscanner à l’eau en première intention entre janvier 2009 et février 2010
dans le service de radiologie de l’hôpital Trousseau du CHRU de Tours.
RESULTATS : 53 patients ont été inclus dans notre étude. 77% d’entre eux présentaient
un état cognitif et une autonomie corrects. 83% des patients avaient une ou plusieurs
comorbidités. Les comorbidités cardiovasculaires étaient au premier plan, associées pour 2/3
des patients à des traitements antiagrégants et/ou anticoagulants. Le coloscanner a été jugé
interprétable chez 44 patients et a permis le diagnostic d’une tumeur colique. En excluant la
préparation colique, cet examen était bien toléré.
CONCLUSION : Le coloscanner est une alternative acceptable dans une population âgée
fragile, notamment atteinte de pathologies cardiovasculaires associées à un traitement
anticoagulant ou antiagrégant, à condition de respecter ses contre-indications et une
réévaluation clinique régulière.
Mots-clés : coloscanner à l’eau, sujet âgé, cancer colorectal.
SUMMARY
BACKGROUND : Colorectal cancer is common and its clinical diagnosis not easy in the
elderly. Colonoscopy, the gold standard for diagnosis, is at higher risk of failure or
complications in this population. New colon examinations have been developed for several
years. Among them, water enema computed tomography seems to be an interesting
alternative. The aim of our study was to identify those patients who are most likely to benefit
from this technique.
METHOD : Retrospective descriptive study including all patients aged 75 years or over
who had a water enema computed tomography as first-line between January 2009 and
February 2010 in the radiology department of the University Hospital of Tours.
RESULTS: 53 patients were included in our study. Among them, 77% had a good
functional and cognitive status and 83% had one or more comorbidities. The most frequently
encountered were cardiovascular comorbidities associated with antiplatelet therapies and / or
anticoagulants in two third of patients. The water enema computed tomography was
considered as performant in 44 patients and allowed the diagnosis of colonic cancer in one
case. Excluding bowel preparation, this technique was well tolerated.
CONCLUSION: If its contraindications are respected and if a regular clinical reassessment
is provided, water enema computed tomography is a good alternative in a frail elderly
population with cardiovascular pathologies associated with anticoagulant or antiplatelet
therapies.
Key-words : water enema computed tomography, elderly, colorectal cancer.
8
TABLE DES MATIERES
I.
INTRODUCTION
II. LE CANCER COLORECTAL CHEZ LE PATIENT AGE DE PLUS DE 75 ANS
II-1.Épidémiologie
11
13
13
II-1.a Incidence du cancer colorectal
13
II-1.b Mortalité du cancer colorectal
14
II-1.c Évolution de l’incidence et de la mortalité du cancer colorectal dans le temps
16
II-1.d Notion d’années de vie perdues
17
II.2.Hétérogénéité de la population âgée
17
II-3. Diagnostic clinique et biologique du cancer colorectal
19
II-3.a Diagnostic clinique
19
II-3.b Diagnostic biologique
20
II-4.Données disponibles sur la prise en charge du cancer colorectal chez le sujet âgé
20
II-4.a Désir d’information et de traitement des patients âgés
21
II-4.b Prise en charge chirurgicale
21
II-4.c Prise en charge médicale : la chimiothérapie
23
III. LE COLOSCANNER A L’EAU
III-1. Technique
25
25
III.1.a-Préparation colique
25
III.1.b-Déroulement de l’examen
25
III-2.Indications, recommandations de la HAS
26
III.3 Contre-indications
27
III-4 Tolérance et Complications
28
III-5 Coût
28
III-6- Intérêt du coloscanner à l’eau chez le sujet âgé
28
III-6.a Par rapport à la coloscopie
28
III-6.b Par rapport au coloscanner à l’air
29
9
III-6.c Par rapport aux autres alternatives
III-7.Résultats des études évaluant le coloscanner à l’eau
32
III.7.a- Valeur diagnostique du coloscanner à l’eau
32
III.7.b-Découverte de lésions extra coliques
34
IV. ÉTUDE
IV-1.Patients et méthode
35
35
IV-1.a Critères d’exclusion
35
IV-1.b Déroulement de l’examen
35
IV-1.c Paramètres recueillis
35
IV-1.d Recueil des données
36
IV-1.e Traitement des données
36
IV-2.Résultats
36
IV-2.a Age des patients
37
IV-2.b Sexe
37
IV-2.c Etats fonctionnel et cognitif
38
IV-2.d Type de prise en charge
39
IV-2.e Prescripteurs
39
IV-2.f Comorbidités
39
IV-2.g Traitement antiagrégant et/ou anticoagulant
42
IV-2.h Motifs de l’examen
42
IV-2.i Résultats de l’examen
43
IV-2.j Évaluation de la tolérance
46
IV-2.k Etat de santé des patients 6 mois après l’examen
49
IV-3.Discussion
V.
32
50
CONCLUSION
53
VI. BIBLIOGRAPHIE
54
10
I.
INTRODUCTION
Le cancer du colon se situe au 3ème rang des cancers avec plus de 37400 nouveaux cas en
France en 2005 dont plus de 40% chez des patients âgés de plus de 75 ans. Son diagnostic et
sa prise en charge sont donc un véritable enjeu de médecine générale.
Chez les sujets âgés, les symptômes à l’origine du diagnostic de cancer colorectal sont
souvent atypiques, atténués par la coexistence d’autres pathologies. Ces symptômes, tels que
des douleurs abdominales, des troubles du transit d’apparition récente, une anémie, ne doivent
pas être banalisés mais aboutir aux explorations nécessaires à un diagnostic le plus précoce
possible.
En effet le constat est que les sujets âgés sont en général diagnostiqués à un stade plus
évolué de la maladie cancéreuse, ce qui constitue une perte de chance. Ils sont de plus trop
peu traités, tant sur le plan chirurgical que médical. Pourtant plusieurs études démontrent que
non seulement les sujets âgés souhaitent en majorité bénéficier d’un traitement optimal, mais
que ces traitements validés pour une population plus jeune sont aussi efficaces dans cette
classe d’âge. La morbimortalité dépend en effet davantage des comorbidités et du stade de la
tumeur que de l’âge lui-même.
Il est difficile de formuler des recommandations globales concernant la population âgée,
tant elle est hétérogène. L’âge chronologique n’est pas un reflet de l’état de santé d’un
individu. La difficulté principale pour le médecin est la prise en charge des personnes âgées
considérées comme fragiles. Chez ces patients davantage sujets aux effets indésirables des
explorations et des traitements, la prise en charge doit être adaptée afin de soigner sans nuire.
L’examen de référence pour l’exploration du colon est actuellement la coloscopie.
Cependant, il existe un risque majoré de complications dans la population âgée, notamment
des perforations, et des hémorragies liées à la progression de la sonde, ou des effets
indésirables liés à l’anesthésie. Elle est également de façon significative plus souvent
incomplète dans cette population, principalement du fait d’une préparation colique
insuffisante. Mais existe-il une alternative raisonnable à la coloscopie ? De nouvelles
techniques comme le coloscanner à l’eau se sont développées ces dernières années. Selon les
recommandations de la HAS de 2004, le coloscanner est indiqué en cas de
coloscopie incomplète, de contre indication à la coloscopie, et en gériatrie selon les
comorbidités après une évaluation gérontologique, l’âge n’étant pas un critère en soi. Ces
recommandations ont été appuyées en 2009 par les sociétés savantes de gastro-entérologie et
de radiologie, précisant que le coloscanner à l’eau pouvait être indiqué pour rechercher de
grosses tumeurs chez des patients fragiles. La méta-analyse de la HAS parue en 2010
s’intéresse essentiellement au coloscanner à l’air et ne modifie pas les recommandations
spécifiques au coloscanner à l’eau. Plusieurs études montrent une meilleure acceptabilité et
une meilleure tolérance du coloscanner à l'eau associées à des résultats encourageants.
Il apparaît utile, devant toutes ces données, de faire un état des lieux des prescriptions de
coloscanner à l’eau chez les patients âgés et de leurs résultats.
11
Dans ce sens, nous avons réalisé une étude descriptive rétrospective portant sur tous les
patients âgés de 75 ans ou plus ayant eu un coloscanner à l’eau sur une période de 14 mois
dans le service de radiologie de l’hôpital Trousseau à Tours. Nous avons recueilli différents
paramètres afin de déterminer les critères prédominants qui caractérisent cette population pour
laquelle le coloscanner a été choisi. Nous avons complété cette recherche par un recueil des
résultats afin de vérifier la valeur diagnostique du coloscanner à l’eau et par une étude de
tolérance.
Les résultats de cette étude devraient permettre de mieux identifier la place du coloscanner
à l’eau dans la population âgée, en particulier dans le diagnostic du cancer colorectal chez le
patient âgé symptomatique, et apporter ainsi une aide pour le médecin généraliste dans sa
stratégie décisionnelle.
12
II.
LE CANCER COLORECTAL CHEZ LE PATIENT AGE DE PLUS DE 75 ANS
II-1.Épidémiologie
L’espérance de vie augmente. A 75 ans, elle est actuellement de 11 ans pour les hommes
et de 13 ans pour les femmes. En 2020, les chiffres seront respectivement de 11,6 et 14,9 ans
[1].
Le tiers de la population ayant un cancer a plus de 75 ans. Le cancer est la première cause
de mortalité après 60 ans.
En lien avec ce vieillissement de la population, la prise en charge des maladies cancéreuses
occupe une place croissante dans notre activité de soignants.
II-1.a Incidence du cancer colorectal
Avec 37 413 nouveaux cas estimés en 2005 en France dont 53 % survenant chez l’homme,
le cancer colorectal se situe au 3e rang des localisations de cancer. Il représente 11,7% de
l’ensemble des cancers incidents, et se situe, par sa fréquence, au 3 e rang chez l’homme et au
2e rang chez la femme.
Évolution de l’incidence du cancer colorectal en fonction de l’âge et du sexe :
Le risque de développer un cancer colorectal est 7 fois supérieur dans la tranche d’âge 7579 ans que dans les tranches d’âge inférieures, et 8 fois supérieur dans la tranche d’âge 80-84
ans. En effet, 45% des cas de cancer colorectal touchent des hommes de plus de 75 ans et
51% des femmes de plus de 75 ans.
On observe que chez les femmes, plus on avance en âge, plus les cancers digestifs prennent
une place importante alors que la fréquence des cancers du sein diminue. Après 75 ans, on
constate une proportion proche, respectivement de 21 et de 23%, des cancers colorectaux et
des cancers du sein. Après 85 ans, l’incidence du cancer colorectal dépasse celle du cancer du
sein.
Nombre de cas incidents
Cas incidents estimés par localisation et par tranche d'âge,
chez la femme, en 2005 en France
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
Colon-rectum
Poumon
Sein
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
85+
tranches d'âge (ans)
13
Chez les hommes, en revanche même si la part des cancers digestifs augmente de façon
importante, le cancer de la prostate reste le plus fréquent. Concernant les cancers pulmonaires,
leur incidence diminue pour devenir inférieure à celle des cancers colorectaux après 75 ans
[2].
Cas incidents estimés par localisation et par tranche
d'âge, chez l'homme, en 2005 en France
Nombre de cas incidents
14 000
12 000
10 000
8 000
Colon-rectum
6 000
Poumon
4 000
Prostate
2 000
0
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
85+
Tranches d'âge (ans)
II-1.b Mortalité du cancer colorectal
Avec 16 865 décès en 2005 en France, dont 53 % chez l’homme, le cancer colorectal se
situe au 2e rang des décès par cancer, et il représente 11,6 % de l’ensemble des décès par
cancer.
Évolution de la mortalité du cancer colorectal en fonction de l’âge et du sexe :
Concernant les femmes, 67% des décès par cancer colorectal touchent les plus de 75 ans et
les décès par cancer colorectal représentent 16,2% des décès par cancer des femmes dans cette
tranche d’âge.
Chez la femme la mortalité du cancer colorectal devient supérieure à celle du cancer du
sein dès 80 ans.
Décès estimés par localisation et par tranche d'âge,
chez la femme, en 2005 en France
Nombre de décès
3000
2500
2000
1500
Colon-rectum
1000
Poumon
500
Sein
0
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
85+
tranches d'âge (ans)
14
Parmi les hommes, 54% des décès par cancer colorectal touchent les plus de 75 ans et les
décès par cancer colorectal représentent 12,6% des décès par cancer des hommes dans cette
tranche d’âge.
Chez l’homme, La mortalité par cancer colorectal est plus élevée que par cancer de la
prostate jusqu’à 74 ans puis la tendance s’inverse. La mortalité des cancers pulmonaires ne
devient inférieure à celle du cancer colorectal qu’après 85 ans [2].
nombre de décès estimés
Décès estimés par localisation et par tranche d'âge,
chez l'homme, en 2005 en France
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Colon-rectum
Poumon
Prostate
50-54
55-59
60-64
65-69
70-74
75-79
80-84
85+
Tranches d'âge (ans)
Synthèse des données sur l’évolution de la mortalité et de l’incidence en fonction de
l’âge et du sexe :
15
II-1.c Évolution de l’incidence et de la mortalité du cancer colorectal
dans le temps
Chez l’homme, le risque de développer un cancer colorectal a augmenté entre les cohortes
de naissance 1910 et 1930 puis a diminué. Il a peu varié chez la femme. La diminution de la
mortalité en fonction de la cohorte de naissance était régulière dans les deux sexes (-36% pour
chaque sexe entre la cohorte 1910 et la cohorte 1950). Diverses études expliquent la
discordance entre les évolutions de l’incidence et de la mortalité par l’amélioration de la prise
en charge thérapeutique. L’incidence du cancer colorectal est voisine dans les deux sexes
jusque vers 50 ans, puis les taux bruts d’incidence augmentent régulièrement, plus rapidement
chez les hommes que chez les femmes. L’évolution de la mortalité en fonction de l’âge est
similaire à celle de l’incidence. L’évolution de l’incidence du cancer colorectal a changé au
cours des 5 dernières années de l’étude, l’incidence qui a augmenté jusqu’en 2000 pour les
deux sexes n’augmente plus après. Pour autant, la baisse de l’incidence, qui est observée aux
États-Unis depuis les années 1985, n’est pas constatée en France, pour l’instant. Il est possible
que l’on observe dans l’avenir la même tendance dans notre pays. Jusqu’ici ce phénomène n’a
pas reçu d’explication satisfaisante [2].
16
II-1.d Notion d’années de vie perdues
Le calcul effectué sur les années de vie perdues a l’avantage de privilégier une approche
de santé publique par rapport à une approche économique.
On peut ainsi estimer que les cancers sont responsables chaque année de 500 000
années de vie perdues chez les personnes de plus de 75 ans, soit 25 % des années
potentielles de vie perdues chez les hommes et 34 % chez les femmes. Pour le cancer
colorectal cette proportion est plus importante (respectivement 32 % et 44 %). Le poids du
cancer dans cette population est donc important. L’augmentation de cette population
renforcera ce constat dans les années qui viennent [3].
Estimation du pourcentage d'années de vie perdues par
cancer selon les principales localisation chez les sujets âgés
de plus de 75 ans
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
pourcentage de décès
constatés après 75ans pour
la localisation considérée
pourcentage d'années
potentielles de vie perdues
constatées après 75ans
pour la localisation
considérée
II.2.Hétérogénéité de la population âgée
Il est actuellement admis que l’âge chronologique n’est pas un bon reflet de l’état de santé
d’un individu. La sélection par l’âge dans la stratégie de prise en charge n’a donc pas de sens.
On identifie quatre facteurs déterminant la santé des sujets âgés : le patrimoine
génétique, la sénescence ( qui relève de l’accumulation d’agressions physiques, chimiques,
infectieuses et d’ordre psychosocial, au cours du temps), le vieillissement (réponse
physiologique à la sénescence ) et la fragilité. Tous ces facteurs varient d’un organe à l’autre
et d’un individu à l’autre [4].
Le concept de fragilité a été introduit pour améliorer la prise en charge des sujets âgés. La
fragilité ne se limite pas à l’accumulation des comorbidités, mais définit un état d’équilibre
précaire, prenant également en compte des facteurs socio relationnels et environnementaux,
dont résultent un déclin fonctionnel et une incapacité à faire face. La moindre agression peut
donc dans ce contexte déclencher la survenue de pathologies en cascade, ainsi qu’un état de
dépendance.
17
Au sein de la population gériatrique, on distingue classiquement 3 groupes [5] :
- le groupe de vieillissement réussi : les personnes âgées sont en bon état de santé et
autonomes. Leur prise en charge doit être identique à celle des patients plus jeunes.
- le groupe de vieillissement intermédiaire : les personnes âgées sont fragiles, vulnérables,
particulièrement sujettes aux effets indésirables des médicaments et à diverses maladies,
notamment infectieuses. Ces personnes sont les plus à même de nécessiter une évaluation
gérontologique globale. Cette évaluation gérontologique standardisée vise à prévenir la
survenue d’une dépendance ou de pathologies en cascade. Elle fait appel à des tests validés
qui explorent la personne âgée sous toutes ses facettes : comorbidités, traitements
médicamenteux, conditions de vie, autonomie pour les activités de la vie quotidienne
(physiques, domestiques et sociales), état cognitif, thymie, état nutritionnel, équilibre et risque
de chute.
C’est cette catégorie qu’il importe d’identifier afin d’adapter au mieux le traitement et de
soigner sans nuire.
- le groupe de vieillissement pathologique : les personnes âgées sont malades et
dépendantes, leur espérance de vie est réduite et une prise en charge palliative adaptée est
proposée.
Cette classification peut être considérée comme une aide dans la prise en charge des
patients âgés suspects de cancer colorectal.
En effet, le sujet âgé bien portant pourra bénéficier, sous réserve de son accord, d’une
coloscopie, qui reste l’examen de référence.
La réalisation d’une coloscopie chez la personne âgée fragile s’avère plus contraignante du
fait d’un risque plus important de complications et de difficultés : complications liées à
l’anesthésie, qui parfois la contre-indiquent ; complications liées à l’endoscopie, notamment
du fait de traitements anticoagulants ou antiagrégants ; difficultés inhérentes à l’absorption de
gros volumes de solutions laxatives dans une population buvant peu malgré les stimulations
répétées et souvent exposée au risque de surcharge hydrosodée.
Le recours à des examens moins invasifs serait donc une alternative utile dans cette
population de sujets âgés fragiles.
Enfin, chez le sujet âgé malade ou « très fragile », l’espérance de vie réduite fera discuter
l’intérêt des explorations, en fonction des possibilités thérapeutiques et de la rapidité
d’évolution prévisible de la maladie cancéreuse [3].
18
II-3. Diagnostic clinique et biologique du cancer colorectal
Les personnes âgées de plus de 75 ans n’étant pas concernées par le dépistage
systématique, le diagnostic de cancer colorectal repose sur la clinique et la biologie, avant
toute décision d’explorations complémentaires spécifiques.
II-3.a Diagnostic clinique
Les symptômes devant conduire à pratiquer une coloscopie totale, gold standard pour le
diagnostic du cancer colorectal, chez les sujets à risque moyen de cancer colorectal (le niveau
de risque moyen est défini comme le risque moyen de la population dans son ensemble) sont
rappelés dans les recommandations de 2004 de la HAS [6] :
- symptômes digestifs isolés à type de douleur abdominale et /ou diarrhée et/ou
constipation apparues après 50 ans.
- rectorragies chroniques itératives, rouge foncé quel que soit l’âge du patient ou rouge vif
isolée si le patient a plus de 50 ans.
- rectorragie aiguë abondante.
- à distance d’une complication aiguë de diverticulose colique, une coloscopie totale
est recommandée en cas d’indication opératoire ou de doute diagnostique avec une
pathologie néoplasique.
- à la recherche d'une néoplasie colique bénigne ou maligne, en cas d’endocardite à
Streptococcus bovis ou du groupe D.
Nous citerons deux études réalisées dans une population gériatrique, afin d’examiner les
symptômes les plus fréquemment retrouvés dans cette population.
La première [7] a été effectuée dans une population d’âge moyen de 85 ans (81 à 95 ans),
Tous les patients âgés de plus de 80 ans ayant eu une endoscopie digestive basse entre janvier
1995 et décembre 2002 dans le centre hospitalier de Wels en Autriche ont été inclus. Durant
cette période, 1388 endoscopies basses ont été réalisées, aboutissant au diagnostic de cancer
colorectal chez 88 patients (6%). Les signes les plus souvent retrouvés ayant conduit au
diagnostic de cancer colorectal étaient : un saignement digestif (25%), une anémie ferriprive
(24%), une suspicion échographique de tumeur (10%), des troubles du transit (7%), un
hemoccult positif (7%).
La seconde [8] est une étude rétrospective basée sur le revue de tous les patients de plus de
70 ans (âge moyen : 78 ans) ayant eu un diagnostic de cancer colique ou rectal entre 1992 et
2002 à l’hôpital St Louis. Les signes ayant permis le diagnostic de cancer étaient : un
saignement digestif (42%), un syndrome obstructif (19%), des douleurs abdominales (7%),
une perte de poids (4%), une douleur rectale (2%). Cette étude montrait également que 30%
des patients étaient asymptomatiques au moment du diagnostic, notamment lors de tumeurs
du côlon droit, d’expression clinique globalement plus discrète.
Chez les sujets âgés, notamment le sujet âgé fragile, la symptomatologie est souvent
atypique, influencée par la coexistence de pathologies chroniques multiples, de déficits
sensoriels et cognitifs, d’une perte relative d’autonomie, masquant ou modifiant la perception
des symptômes, attribués alors à d’autres pathologies. Cette sémiologie atypique particulière
au sujet âgé participe probablement au retard diagnostic et contribue à expliquer que chez ces
19
patients, le diagnostic de cancer soit fait, en moyenne, à un stade plus avancé que chez les
patients plus jeunes [3].
II-3.b Diagnostic biologique
Une anémie ferriprive est observée chez 4 à 5% des patients de plus de 70 ans [9]. Selon
des études réalisées chez des personnes âgées dans un but d’évaluation de la rentabilité de
l’endoscopie bidirectionnelle dans un contexte d’anémie ferriprive, une lésion oeso gastro
duodénale était identifiée dans 19 à 57% des cas et une lésion colique dans 25 à 39% des cas.
Un cancer du côlon était observé dans 7,5 à 28% des cas [10, 11].
Ces résultats montrent que l’anémie ferriprive ne doit pas être banalisée chez le sujet âgé et
qu’elle justifie la réalisation d’explorations digestives, celles-ci étant à discuter en fonction de
l’état de santé de chaque patient.
La banalisation par le médecin et/ou le patient lui-même des symptômes ou de l’anémie est
un autre facteur de retard diagnostique.
L’optimisation de la prise en charge passe obligatoirement par une sensibilisation et une
information des personnes âgées sur les symptômes évocateurs de cancer et sur l’importance
d’un diagnostic précoce pour bénéficier de thérapeutiques efficaces. Il est essentiel que ce
sujet soit abordé avec les patients qui peuvent penser être trop âgés pour développer un
cancer (idée potentiellement renforcée par l’arrêt du dépistage systématique à 75 ans), ou à
l’inverse être convaincus qu’à leur âge, l’issue est assurément fatale.
Les médecins doivent eux aussi bénéficier d’une information sur les possibilités de prise en
charge du cancer colorectal en gériatrie et l’importance d’un diagnostic précoce. Le retard
diagnostique conduit plus fréquemment à une chirurgie en urgence chez le sujet âgé associée
à une morbimortalité accrue [3], ce qui constitue une véritable perte de chance pour ces
patients âgés.
On peut cependant supposer que la possibilité d’un recours à des investigations moins
invasives pourrait aider à une prise en charge plus précoce, les médecins hésitant parfois, face
à un souci de qualité de vie de leurs patients considérés comme fragiles, à entrer dans une
démarche diagnostique, puis thérapeutique.
II-4.Données disponibles sur la prise en charge du cancer colorectal chez le
sujet âgé
Il paraît difficile de traiter d’un sujet concernant des explorations diagnostiques, sans
discuter de la prise en charge susceptible d’en découler. En effet, comme nous l’avons déjà
évoqué, les examens complémentaires n’ont de sens que s’ils débouchent sur un traitement,
qu’il soit curatif ou palliatif.
Nous nous intéressons dans ce sujet à une population de plus de 75 ans, population certes
âgée, mais il est important de rappeler que l’espérance de vie des femmes à 75 ans est passée
20
de 9 ans en 1960 à 13,9 ans en 2000 soit une augmentation de 54 %. Chez les hommes, cette
même espérance de vie à 75 ans est passée de 7,2 ans à 10,26 ans, soit une augmentation de
51,4 %. Le gain d’espérance à 75 ans est estimé à 1,4 années par décennie permettant
d’obtenir près de 12 ans d’espérance de vie pour les hommes et 15 ans pour les femmes en
2020 [1].
Comme nous l’avons évoqué dans le chapitre précédent, il semble que les sujets âgés
soient diagnostiqués plus tardivement. Ce retard diagnostique serait dû, outre les éléments
déjà explicités, à une crainte d’une toxicité accrue du traitement anticancéreux, le diagnostic
et la mise en route d’un traitement étant souvent très liés dans l’esprit des médecins.
Cependant, l’absence de diagnostic, au motif de la faible utilité du traitement, suppose de
renoncer à tout traitement à visée curative, y compris en situation d’urgence. Le diagnostic
précoce permet d’établir une stratégie réfléchie, en tenant compte des comorbidités et des
souhaits du patient et de sa famille, ce que ne permet pas la situation d’urgence.
II-4.a Désir d’information et de traitement des patients âgés
Plusieurs études publiées ces dernières années montrent que la plupart des patients âgés,
s’ils étaient atteints d’un cancer, souhaiteraient être informés du diagnostic, de sa gravité, des
options thérapeutiques et de leurs effets secondaires potentiels. Dans une étude portant sur
315 personnes dont l’âge moyen était de 79 ans (la moitié avait plus de 75 ans) non atteintes
de cancer, les résultats montraient que 88 % des personnes souhaiteraient être informées du
diagnostic de cancer et dans le groupe des patients souhaitant être informés, 62% souhaitaient
tout savoir et 70% souhaitaient que leur famille soit informée. L’avancée en âge était
associée à une moindre volonté d’information [12]. Dans une étude italienne [13], les
réponses de 122 patients âgés de plus de 65 ans concernant leur besoin en information ont été
comparées à celles de 52 patients de moins de 40 ans : 75% des personnes âgées souhaitaient
des informations sur le diagnostic et 66% sur la gravité de la maladie. Les personnes âgées
étaient moins demandeuses que les jeunes mais la volonté d’information était néanmoins
notable pour la majorité d’entre eux.
Une étude réalisée en 2003 a montré que parmi des personnes âgées françaises ayant un
cancer, 78% souhaitaient bénéficier d’une chimiothérapie lourde si elle s’avérait nécessaire et
le taux passait à 100% en cas de chimiothérapie légère. Les chiffres étaient comparables à
ceux observés dans la population Américaine [14].
Une autre étude concernant 73 patients entre 70 et 89 ans, atteints d’un cancer colo rectal
métastasé, montrait que 96% décidaient de recevoir une chimiothérapie [15].
La décision devient bien sûr plus difficile lorsque le consentement ne peut être obtenu
dans le cadre d’altérations cognitives, mais cette situation ne peut être synonyme d’abstention
thérapeutique dans tous les cas.
II-4.b Prise en charge chirurgicale
La chirurgie permet d’entreprendre un geste curatif. Cependant les patients âgés sont
globalement moins traités et ont un moins bon pronostic. Les malades de moins de 75 ans ont
3,18 fois plus de chance d’être opérés que les malades de plus de 75 ans [15] . Nous allons
discuter de plusieurs études pour expliquer ce constat.
21
Dans une étude autrichienne [7], évaluant le traitement de 88 sujets âgés de plus de 80 ans
atteints d’un cancer colorectal, un traitement chirurgical curatif avait été réalisé chez 54
patients (61,4%). La technique la plus fréquente avait été une hémi colectomie droite (22
patients), puis une sigmoidectomie (13 patients) et une résection du rectum (12 patients).
Concernant les 34 autres patients, la colectomie n’était pas réalisable du fait d’un mauvais état
général et/ou de comorbidités cardio-pulmonaires (15 patients) ou de métastases synchrones
(11 patients) ; 8 patients opérables ont refusé l’intervention. Il n’y avait pas de différence
d’âge significative entre le groupe des patients opérés et non opérés. Parmi les 54 patients
opérés, 7 patients ont bénéficié d’une intervention palliative du fait d’une tumeur obstructive
et 18 ont présenté une ou plusieurs complications post opératoires (5 confusions post
opératoire, 4 pneumonies, 2 insuffisances cardiaques, 1 AVC hémorragique avec décès à J4, 2
reprises de laparotomie, et 9 cicatrisations difficiles).
La survie moyenne des patients opérés a été de 28,2 mois contre 12,1 mois chez les
patients non opérés. Le taux de mortalité post opératoire était faible (2%).
Dans cette étude, le taux d’interventions chirurgicales de 61,4% s’avère faible en
comparaison d’autres publications récentes où les chiffres varient de 80 à 87,5% pour un taux
de mortalité situé entre 6 et 16% [16, 17, 18]. Les auteurs expliquent ce faible taux
d’intervention par la prise en compte des comorbidités, qui leur permet en contre partie
d’obtenir un taux de mortalité post opératoire faible de 2%. Les auteurs précisent également
qu’un taux de traitement chirurgical supérieur à 80% chez les sujets âgés est associé à un
taux directement croissant de mortalité postopératoire. Cependant le taux de refus de chirurgie
de 9% n’était pas négligeable et pose le problème de l’information donnée.
Une étude française a montré que la fréquence de la chirurgie curative chez les plus de 75
ans a augmenté entre 1976 et 1990 avec un taux de 80% sur les 3 dernières années de cette
période. Cette augmentation a été associée à une diminution de la mortalité post opératoire et
à une augmentation de la survie à 5 ans de 15 à 29% [16]. Cette augmentation de la survie a
aussi été observée chez des patients plus jeunes mais de façon moins significative (36 à 44%).
Les auteurs expliquent cette évolution d’une part par l’amélioration de la prise en charge pré
et post opératoire des patients âgés, notamment due à l’amélioration des techniques
d’anesthésie et à une meilleure stabilisation et correction des comorbidités. D’autre part
l’augmentation du taux de cancer diagnostiqué à un stade peu évolué a également contribué à
favoriser la prise en charge chirurgicale curative et à améliorer la survie. Ils précisent que les
différences de survie entre population âgée et population plus jeune sont liées aux
comorbidités et non directement à l’âge ou au cancer lui-même.
Le Colorectal Cancer Collaborative Group [18] a réalisé une revue de 28 études
correspondant à un total de 34194 patients. Ils ont comparé le devenir de patients atteints de
cancer colorectal âgés de 65-74 ans, 75-84 ans et plus de 85 ans avec celui des patients âgés
de moins de 65 ans. Les résultats montrent que les patients âgés ont un nombre plus élevé de
comorbidités, présentent un stade plus évolué de la maladie, nécessitent plus souvent une
chirurgie en urgence et bénéficient moins souvent d’une chirurgie curative. L’incidence de la
morbimortalité post opératoire augmente avec l’âge. Cependant, concernant la survie
spécifiquement liée au cancer, la relation directe avec l’âge est ici aussi incertaine. En effet la
relation entre l’âge et les résultats de la chirurgie est influencée par le stade de la tumeur (les
patients âgés sont en moyenne diagnostiqués plus tardivement), la présence de comorbidités
et le type de traitement reçu. Des patients, même très âgés, peuvent bénéficier de la chirurgie
car une grande proportion survit pendant 2 ans ou plus en post opératoire, indépendamment
de leur âge. Les patients âgés devraient recevoir le traitement le plus efficace en fonction de
22
leur état général et de leurs comorbidités, plus proche de celui actuellement reçu par les
patients plus jeunes [19].
Dans une étude américaine [8], 96% des patients âgés de 70 à 98 ans (âge moyen 78)
recevaient un traitement chirurgical. La mortalité post opératoire était de 11% (sepsis,
insuffisance cardiaque, insuffisance respiratoire, cancer avancé, embolie pulmonaire,
AVC).La mortalité suite à une intervention d’urgence était de 22%. Il n’y avait pas de
différence de mortalité significative entre les différentes classes d’âge (70-79, 79-80 et >80
ans).
Une chirurgie adaptée associée à la prise en compte des comorbidités permet donc
d’obtenir chez une population âgée des résultats équivalents à ceux observés dans une
population plus jeune. La morbimortalité dépend en effet davantage des comorbidités et du
stade de diagnostic de la tumeur que de l’âge lui-même. La connaissance et le traitement
optimal de ces comorbidités ainsi qu’un diagnostic le plus précoce possible sont donc
primordiaux.
Le but de la chirurgie chez le patient âgé est avant tout d’améliorer la qualité de vie, si
possible la survie. Ce bénéfice doit donc systématiquement être mis en balance avec la
morbimortalité post opératoire et la perte d’autonomie qui peut en découler.
II-4.c Prise en charge médicale : la chimiothérapie
Les patients âgés sont moins inclus dans les protocoles de recherche thérapeutique. Ainsi,
en l’absence de données scientifiques fiables, la peur d’une fragilité accrue des sujets âgés
face aux traitements apparaît comme un frein à l’utilisation des chimiothérapies malgré les
bénéfices attendus pour cette catégorie de population.
L’étude eurocare montre que 1% des malades de plus de 75 ans atteints de cancer reçoivent
une chimiothérapie palliative contre 11% des malades de moins de 65 ans [20].
Dans les données du registre du département de la Côte d’Or, 24,4 % seulement des
patients de plus de 75 ans reçoivent le traitement adjuvant recommandé après la chirurgie
appropriée de leur cancer colorectal stade III, contre 86,1 % dans la population plus jeune
des moins de 65 ans.
La chimiothérapie est recommandée en situation adjuvante dans les cancers du colon stade
III et en situation métastatique dans les cancers colorectaux. C’est une des thérapeutiques
majeures du cancer colorectal, qu’elle soit administrée dans un but curatif ou palliatif. L’âge
seul ne doit pas être un facteur déterminant dans le choix d’une stratégie thérapeutique et
des patients âgés bien sélectionnés, via une collaboration étroite entre oncologues et gériatres,
peuvent être candidats à des traitements par chimiothérapie similaires à ceux proposés aux
sujets plus jeunes et bénéficier de ces traitements [3].
En cas de cancer du colon stade III, une méta-analyse des données individuelles des
malades inclus dans 7 essais, comparant une chimiothérapie à base de 5FU en bolus à une
chirurgie seule a révélé que les malades de plus de 70 ans bénéficiaient de la chimiothérapie
adjuvante tant pour la survie sans récidive que pour la survie globale au même titre que les
patients plus jeunes [21].
23
Dans ces études, 506 patients, soit 15% de l’effectif total, avaient plus de 70 ans et
seulement 23 patients avaient plus de 80 ans. La probabilité de décès d’une autre cause sans
récidive de cancer était de 2 % chez les malades âgés de moins de 50 ans, et de 13 % après 70
ans.
La chimiothérapie par fluoropyrimidines orales est une autre option validée dans le
cadre des cancers coliques stade III, avec une tolérance meilleure sauf pour ce qui concerne
le syndrome main-pied . Une étude dans laquelle 397 patients étaient âgés de 70 à 75 ans,
montrait que les résultats dans la population âgée étaient similaires à ceux de la population de
patients plus jeunes [22].
L’association 5FU et oxaliplatine est le traitement standard en situation adjuvante dans le
cancer colique de stade III du sujet jeune. Dans 4 études randomisées étudiant le protocole
FOLFOX-4 (association de 5FU, d’oxaliplatine et d’acide folinique) en situation adjuvante,
614 patients, parmi les 3742 inclus, étaient âgés de plus de 70 ans. En dehors d’une
augmentation modérée des neutropénies et des thrombopénies de grade 3-4, les résultats
étaient similaires en termes de toxicité et d’efficacité dans les deux groupes d’âge [23].
En cas de cancer colorectal métastatique, les patients âgés sont également sous-traités [24].
Les études publiées montrent pourtant que dans ce cas, les résultats en terme de survie sont
également comparables, qu’il s’agisse de patients jeunes ou âgés. Concernant la toxicité, les
mucites, la diarrhée et la toxicité médullaire sont un peu plus fréquentes chez les patients de
plus de 70 ans [25].
Il apparaît donc important, devant ce constat, d’établir une stratégie diagnostique
rigoureuse et adaptée à la personne âgée afin, dans un second temps, de lui proposer une
thérapeutique réfléchie prenant en compte les comorbidités, la dépendance, les choix de la
personne âgée et de sa famille, en respectant certes le principe de bienfaisance/non
malfaisance mais aussi celui d’égalité d’accès aux soins.
La décision et le choix du traitement sont difficiles et nécessitent souvent une évaluation
gériatrique, mais le diagnostic, nécessaire précocement pour que le patient soit pris en charge
dans les meilleures conditions possibles, incombe le plus souvent au médecin traitant.
24
III.
LE COLOSCANNER A L’EAU
III-1. Technique
III.1.a-Préparation colique
Actuellement une vraie préparation colique est la seule méthode acceptée lors de la
réalisation d’un coloscanner à l’eau à Tours, les résidus fécaux pouvant être à l’origine
d’erreurs diagnostiques. Elle suit le protocole suivant :
-aucune sédation,
-régime pauvre en résidus 3 jours avant,
-solution polyéthylène glycol (PEG, kleen prep®) 2L la veille et 2L le matin,
-application de mitosyl® pommade sur la région anale après chaque évacuation liquide.
Elle est décrite comme l'étape la plus inconfortable de la procédure. Dans 2 études
réalisées chez des patients d’âge moyen de 66 ans (de 19 à 86ans)et 64,7ans ( de 41 à 84 ans)
traitant de la tolérance du coloscanner et de la coloscopie, deux examens qui nécessitent la
même préparation colique, l’ingestion de 4 litres de Polyéthylène glycol était jugée très
difficile par 12% à 13%, difficile par 73 à 77%, et sans difficulté par 11 à 14% des patients
[28,29]. On peut supposer qu’elle est d’autant plus difficile que les sujets sont âgés,
notamment en cas de comorbidités telles qu’une dépression, une détérioration cognitive ou
une gastroparésie…Il faut donc trouver un compromis entre l’acceptabilité de la préparation
et un côlon propre.
III.1.b-Déroulement de l’examen
Protocole du service de radiologie de l’hôpital Trousseau au CHRU de Tours [30].
Lavement :
-Mise en place d’une sonde flexible (Folatex®) avec ballonnet (rempli avec 50 cc d’eau) dans le rectum.
-Remplissage doux du côlon par de l’eau tiède (environ 2L). Ce lavement a l’avantage
d’être facile à administrer, d’être relativement bien supporté. Arrêt du remplissage si douleurs.
Certaines équipes dégonflent le ballonnet de la sonde rectale pour l’acquisition (meilleure
analyse du rectum). Cela est compliqué en pratique chez des patients souvent âgés pour
lesquels garder l’eau est difficile.
-Drainage colique déclive après l'examen.
Spasmolytiques :
-Aucun.
25
Le glucagon ne doit pas être utilisé car il augmente le risque de malaise vagal et le reflux
d’eau dans les dernières anses iléales par relaxation de la valvule iléo-caecale. Si douleurs, en
premier lieu, arrêt du remplissage colique. Possibilité de prescrire du spasfon lyoc.
Acquisition :
collimation = 0,625 mm
pitch = 1
temps de rotation = 0,5 s
charge = 280 mAs, care dose
tension = 120 kV
matrice = 512 x 512
2 hélices en décubitus. La première est réalisée en contraste spontané ; la seconde après
injection de produit de contraste (100 cc, quantité à adapter au poids du patient, à 4 cc/s, à
l’injecteur automatique ; départ de l’acquisition sur l’abdomen et le pelvis à 80 s).
Le patient doit donc être perfusé pour permettre l’injection du produit de contraste.
Si possible, le patient doit maintenir une apnée (essai avant) durant l’acquisition
(durée<10s). Dans le cas contraire, il réalise une respiration douce et superficielle.
L’immobilité parfaite est essentielle. Il est possible de réaliser une acquisition thoracique dans
le même temps. Elle n’est alors faite qu’après injection de produit de contraste (départ de
l’acquisition à 75 s).
Irradiation :
Variable selon les protocoles.
Produit dose longueur = 1600 mGy.cm.
Dose efficace = 25-30 mSv.
-La durée d’examen est ainsi de 10 minutes.
III-2.Indications, recommandations de la HAS
En 2004, selon les recommandations de la HAS concernant la place des examens
morphologiques non endoscopiques par rapport à l’endoscopie digestive basse à la
recherche de néoplasies recto coliques, une coloscopie virtuelle, une colotomodensitométrie à
l'eau ou une opacification radiologique en double contraste était recommandée en cas de
coloscopie incomplète (grade C) [6] .
En cas de contre-indication à l’exploration endoscopique du côlon, de suspicion de
perforation, d'occlusion et en période postopératoire précoce : la tomodensitométrie et/ou le
lavement hydrosoluble y étaient préconisés (accord professionnel).
26
En gériatrie, l’indication de l’endoscopie digestive basse était posée en fonction de
la sévérité des comorbidités et du résultat de l’évaluation gérontologique
multidisciplinaire (degré d’autonomie) du patient (accord professionnel). L’âge (> 75 ans)
n’était pas un critère en soi pour le choix des modalités d’exploration endoscopique du côlon.
Ces recommandations ont été appuyées en 2009 par les sociétés savantes de gastroentérologie et de radiologie.
En 2010, devant le développement des techniques d’exploration colique, la HAS a publié
une méta analyse sur la coloscopie virtuelle, ou coloscopie à l’air, afin d’en préciser les
indications. Elle conclut que cet examen peut être proposé en cas de coloscopie incomplète,
en cas de refus du patient de la vidéo coloscopie ou en cas de comorbidités compromettant la
sécurité de la vidéo coloscopie [27].
Les indications du coloscanner à l’eau restent à l’heure actuelle imprécises. En effet, nous
ne bénéficions que de peu d’études évaluant ses performances. Elle est recommandée par les
sociétés savantes de gastro-entérologie et de radiologie pour rechercher de grosses tumeurs
chez des patients fragiles.
L’évaluation globale du patient, de ses antécédents, ses traitements, son état général est un
point primordial pour poser l’indication du coloscanner à l’eau. L’âge à lui seul n’est pas un
critère de choix.
III.3 Contre-indications
Les principales contre indications du coloscanner à l’eau sont :
- une péritonite, une perforation colique
- une incontinence anale majeure
- en postopératoire précoce d’une chirurgie abdomino-pelvienne
- une allergie aux produits de contraste
- une insuffisance rénale sévère
-des troubles cognitifs, une agitation rendant impossible de rester immobile le temps de
l’examen.
Le ballonnet est toujours laissé en place chez les sujets âgés du fait de la difficulté à retenir
le liquide dans cette population : l’analyse du rectum par le gastroentérologue reste donc
nécessaire.
27
III-4 Tolérance et Complications
L’examen est de courte durée, environ 10 minutes. Le lavement à l’eau tiède occasionne
moins de douleurs abdominales que l’insufflation de CO2 réalisée lors du coloscanner à l’air.
Lors d’une étude prospective incluant 191 patients d’âge moyen 68  14 ans, réalisée afin
d’évaluer les performances du coloscanner à l’eau pour le diagnostic des cancers coliques, la
tolérance du coloscanner à l’eau était jugée bonne par 86 % des patients [31].
Le coloscanner à l’eau est à faible risque de complications. Le risque de perforation
colique est identique à celui d’un lavement baryté, soit 0,005 à 0,059 %. Il peut être à
l’origine de douleurs abdominales, mais moins fréquemment que lors d’un coloscanner à l’air.
Ses autres complications sont celles dues à l’injection de produit de contraste iodé.
III-5 Coût
Le coût d’un coloscanner à l’eau est celui d’un scanner abdomino pelvien associé à une
injection de produit de contraste et une reconstitution tridimensionnelle soit 71,16 euros
majoré par un forfait technique de 105 euros, soit 176,16 euros au total.
Il est réalisé en externe et ne nécessite pas d’hospitalisation.
Le coût d’une coloscopie totale, sans ou avec franchissement de l’orifice iléo colique, avec
visualisation du bas fond caecal est de 153,6 euros (site ameli.fr, CCAM)
La réalisation d’une anesthésie associée à une courte hospitalisation, lors de la coloscopie
majore ce coût.
III-6- Intérêt du coloscanner à l’eau chez le sujet âgé
III-6.a Par rapport à la coloscopie
La coloscopie reste l’examen de référence car elle permet le diagnostic des polypes de
toute taille, la détection et l’analyse des lésions planes, la possibilité de faire des prélèvements
et l’exérèse de polypes dans un seul temps. De plus elle détecte plus souvent des lésions
anormales chez les sujets âgés de plus de 75 ans [32], elle reste donc l’examen de premier
choix dans cette population à risque.
Cependant, plusieurs études [32,33] montrent que, bien que réalisable dans 70 à 80% des
cas, la coloscopie s’est avérée de façon significative plus souvent incomplète chez les sujets
âgés que chez les plus jeunes. La première cause d’échec de la coloscopie totale citée dans les
différentes études était une mauvaise préparation colique. Problématique dans 20 à 30% des
coloscopies, cette mauvaise préparation représente plus d’un tiers des échecs et serait 4 fois
plus fréquente chez les plus de 80 ans [33]. Les autres causes citées étaient la douleur, une
diverticulose sévère, une sténose.
28
Les études montrent également un risque majoré de complications chez les sujets âgés
[34]. Les principales complications sont la perforation, l’hémorragie et les complications liées
à l’anesthésie. Le risque de perforation est d’environ 0,3 à 1/1000, il est majoré chez les sujets
âgés après polypectomie mais aussi de façon mécanique lors de la progression de la sonde
[26]. Le risque hémorragique est lui aussi non négligeable, majoré par les traitements
antiagrégants et anticoagulants pris au long cours. Enfin s’ajoutent les risques propres à
l’anesthésie réalisée dans plus de 90% des cas. L’augmentation de ces risques n’est pas liée
directement à l’âge du patient mais à ses comorbidités.
Le nombre de coloscopies réalisées chez des sujets âgés dont le résultat ne nécessite pas un
geste endoscopique associé, justifie-t-il la place d’un examen moins invasif dans la stratégie
diagnostique ? Dans une étude rétrospective réalisée en Autriche [7], les dossiers de tous les
patients de plus de 80 ans ayant subi une endoscopie digestive basse de janvier 1995 à
décembre 2002 ont été analysés. Sur les 1388 endoscopies basses réalisées (1175 coloscopies,
213 sigmoïdoscopies), un cancer colorectal a été diagnostiqué chez 88 patients. Seulement 6%
des coloscopies réalisées ont donc abouti au diagnostic de cancer colorectal.
L’autre question concerne la conduite à tenir devant des polypes infracentimétriques
diagnostiqués au coloscanner chez des sujets âgés fragiles. Leur exérèse semble plutôt
défavorable du point de vue de la balance bénéfice-risque. Le coloscanner permettrait donc
également de réduire le nombre de polypectomies.
Définir une population à la fois à haut risque d’échec et à haut risque de complications de
la coloscopie permettrait d’éviter des examens invasifs et inutiles car non contributifs. Ceci
prend son sens devant l’alternative offerte par d’autres examens comme le coloscanner à
l’eau, certes moins performants, mais mieux tolérés dans cette population « fragile » chez
laquelle les objectifs diagnostiques sont moins stricts. En effet, il s’agit chez ces patients de
rechercher un cancer ayant déjà une expression clinique et non des polypes
infracentimétriques d’évolution lente.
III-6.b Par rapport au coloscanner à l’air
Début 2010, la HAS a publié une méta analyse sur la coloscopie virtuelle, aussi appelée
coloscanner à l’air pour refaire le point sur les indications de cette technique d’exploration
colique en pleine expansion. De nombreuses études aux résultats et méthodes disparates ont
en effet été publiées depuis 1994 [27].
Il nous a paru intéressant de rappeler dans ce chapitre quelques points de cette méta
analyse, afin de bien différencier les deux techniques, coloscanner à l’air et coloscanner à
l’eau. Contrairement au coloscanner à l’air, le coloscanner à l’eau ne dispose que de peu
d’études évaluant ses performances diagnostiques. Ses indications sont donc moins bien
codifiées, le réservant au sujet âgé fragile à la recherche d’une grosse tumeur.
29
Déroulement du coloscanner à l’air :
La réalisation de la coloscopie virtuelle implique 4 phases successives qui sont la
préparation colique, la distension du côlon par un gaz (insufflation à l’air ou au CO2),
l’acquisition-reconstruction tomodensitométrique et enfin la lecture d’examen .
1) La préparation colique, systématiquement mise en œuvre, associe un régime sans
résidu de 1 à 2 jours et la prise orale d’un produit de lavage colique. Celui-ci peut faire
appel au phosphate de sodium, ou au polyéthylène glycol (PEG). Elle est actuellement
nécessaire dans les 3 techniques : vidéocoloscopie, coloscanner à l’air et coloscanner à l’eau.
En l’absence de contre-indication spécifique, un marquage des résidus fécaux
liquides et solides est recommandé, car il améliore les performances diagnostiques. Ce
marquage n’est pas réalisé lors du coloscanner à l’eau.
2) La distension colique, réalisée de préférence par une insufflation automatisée de CO2,
est contrôlée par le ressenti du patient, les volumes et pressions d’insufflation et la réalisation
d’un topogramme avant chaque phase d’acquisition. L’injection de produit de contraste est
optionnelle (en cas de nécessité d’optimiser la recherche de lésions extra-coliques).
Lors du coloscanner à l’eau , la distension colique est réalisée par un remplissage doux du
colon par de l’eau tiède. L’apparition de douleur nécessite l’arrêt du remplissage. L’injection
de produit de contraste est lors du coloscanner à l’eau nécessaire afin d’optimiser
l’interprétation de l’examen.
3) Deux acquisitions en apnée et en décubitus (dorsal et ventral, ou 2 positions
latérales) sont conduites à l’aide d’un scanner multidétecteur.
4) La lecture de l’examen à l’aide de logiciels dédiés impliquant notamment une
reconstruction tridimensionnelle du côlon qui simule les images obtenues par vidéocoloscopie. Il n’existe pas de logiciel de post-traitement dédié pour l’interprétation du
coloscanner à l’eau.
Coloscanner à l’air et à l’eau durent une dizaine de minutes.
Performances diagnostiques : comparaison à la vidéo-coloscopie :
Les couples de sensibilité/spécificité de la coloscopie virtuelle qui ont été définis dans la
méta analyse de la HAS confèrent à la coloscopie virtuelle un intérêt diagnostique important
pour les lésions de plus de 10 mm, un intérêt diagnostique modéré pour les lésions de
plus de 6 mm et un intérêt diagnostique faible pour celles de taille inférieure.
La capacité de détection des lésions planes est systématiquement inférieure à celle de la
vidéo-coloscopie.
Les performances diagnostiques du coloscanner à l’eau sont également moindres que celles
de la vidéo-coloscopie.
Indications :
Une exploration par vidéo-coloscopie sera en première intention proposée à un patient
présentant des symptômes coliques évocateurs de tumeur sauf :
- en cas de refus d’exploration par vidéo-coloscopie après information complète et loyale
du patient
- en cas de comorbidités, essentiellement cardio-respiratoires, compromettant la sécurité
de la vidéo-coloscopie.
Dans ces situations, la coloscopie virtuelle pourra constituer une alternative.
30
En cas de vidéo-coloscopie incomplète, la coloscopie virtuelle peut également être
indiquée en complément d’exploration colique. Dans cette indication, le choix d’une
méthode d’exploration tiendra compte de la cause de l’échec de vidéo-coloscopie, de
l’indication d’exploration colique (type de lésion colique recherchée) et des comorbidités du
patient.
Complications et contre indications
Les complications graves de la coloscopie virtuelle sont exceptionnelles et impliquent
principalement des perforations coliques (0.6 pour mille), dont le risque est principalement
déterminé par les modalités d’insufflation colique. À ce titre, la réalisation d’une
insufflation automatisée de CO2 a été présentée comme permettant de diminuer les
risques de perforation colique.
Les contre-indications absolues à la procédure d’insufflation concernent les situations
de suspicion de perforation colique, de syndrome occlusif complet, de sigmoïdite
diverticulaire, de colite aiguë, de phase de cicatrisation après polypectomie supracentimétrique ou mucosectomie endoscopique.
Il existe des contre-indications relatives, comme les antécédents récents (< 3 mois) de
chirurgie abdominale, herniaire ou de résections colorectales partielles, les maladies
inflammatoires chroniques intestinales, les lésions proctologiques susceptibles de
compromettre la tolérance d’introduction d’une sonde rectale, une incontinence anale
compliquant la phase d’insufflation colique, des troubles mentaux ou une insuffisance
respiratoire sévère compromettant la coopération du patient.
Comme nous l’avons vu précédemment, le coloscanner à l’eau présente les mêmes contre
indications, auxquelles s’ajoutent celles liées à l’injection de produit de contraste iodé. Les
complications du coloscanner à l’eau sont celles liées à l’injection de produit de contraste,
ainsi que le risque de perforation qui est identique à celui du lavement baryté.
Tolérance :
Les résultats des études de tolérance comparant le vidéo coloscopie et le coloscanner à l’air
sont discordants. En effet la tolérance de la videocoloscopie est très liée à la réalisation ou
non d’une anesthésie générale, celle de la coloscopie virtuelle à la technique d’insufflation.
C’est cette étape d’insufflation qui est décrite comme douloureuse dans plusieurs études.
Cependant la HAS considère qu’une meilleure tolérance est observée en pratique avec les
méthodes d’insufflation mécanique par CO2.
Le coloscanner à l’eau semble mieux toléré, les douleurs abdominales sont moins
fréquemment décrites que lors d’un coloscanner à l’air.
En résumé :
Il n’existe pas d’études actuellement disponibles comparant directement le coloscanner à
l’eau au coloscanner à l’air.
Le lavement à l’eau semble malgré tout moins douloureux que la distension colique par
insufflation de CO2. Il est donc plus indiqué dans notre population âgée fragile. A noter,
cependant que le coloscanner à l’eau nécessite une injection de produit de contraste, non
systématique lors du coloscanner à l’air, contre indiquant cet examen aux patients insuffisants
rénaux sévères.
31
III-6.c Par rapport aux autres alternatives
Le lavement baryté, bien que présent dans les recommandations de la HAS de 2004 en cas
de coloscopie incomplète ou de contre-indication à la coloscopie semble à l’heure actuelle
avoir une place de plus en plus réduite.
La Vidéocapsule montre des résultats prometteurs, cependant elle nécessite une
préparation contraignante et pose de nombreux critères d’exclusion pour éviter le risque de
blocage de la capsule : prise chronique d’AINS, maladie de Crohn, antécédent d’occlusion,
sténose colique connue, irradiation abdominale…
Elle doit être encore évaluée et certains problèmes techniques ou de préparation résolus
[26].
Le scanner avec opacification iodée est réalisé dans des situations d’urgence, de tableau
abdominal infectieux, de syndrome occlusif ou de contrôle post opératoire précoce.
Le scanner sans opacification permet une exploration pelvienne extra digestive, la
recherche d’une ischémie mésentérique, d’un hématome colique ou d’un saignement actif
[30].
Le PET scan utilisant un marqueur radioactif est actuellement indiqué dans la recherche de
récidive de cancer colique lorsqu’une augmentation de l’ACE est observée.
La coloIRM est encore en cours d’évaluation. Cependant il s’agit d’un examen plus long et
donc plus inconfortable pour un patient âgé. L’IRM est de plus moins accessible que le
scanner.
III-7.Résultats des études évaluant le coloscanner à l’eau
III.7.a- Valeur diagnostique du coloscanner à l’eau
Trois études récentes ont recherché la valeur diagnostique du coloscanner à l’eau. Deux
d’entre elles l’ont évaluée dans la détection des lésions tumorales colorectales, la troisième
dans le bilan d’un saignement digestif de la personne âgée.
Ces études ont évalué le coloscanner à l’eau dans un but diagnostique chez des patients
symptomatiques et non dans une démarche de dépistage.
L’étude de PILLEUL F. et al. [35] parue en 2006 avait pour objectif d’évaluer les capacités
diagnostiques du coloscanner à l’eau dans la détection des lésions tumorales colorectales. Il
s’agissait d’une étude rétrospective portant sur 128 malades âgés de 27 à 94 ans, soit un âge
moyen de 67,7 ans. Les critères d’inclusion étaient des signes cliniques ou biologiques
suspects de lésion tumorale colorectale : saignement digestif, anémie ferriprive, troubles du
32
transit récents, syndrome obstructif, sigmoïdite atypique, coloscopie incomplète et recherche
de tumeur primitive de métastases hépatiques. Les facteurs de non inclusion étaient une
incontinence anale, une insuffisance rénale sévère et une allergie aux produits de contraste
iodés.
Le résultat était considéré comme positif en cas de détection d’une lésion évocatrice de
tumeur ou d’un polype supra centimétrique. Ce résultat était confronté à ceux de l’endoscopie
ou de l’anatomopathologie réalisées ensuite.
Le résultat était considéré comme négatif en l’absence de lésion évoquant une tumeur. Il
était alors vérifié par l’endoscopie, l’anatomopathologie ou l’évaluation de la survie et de
l’état général 18 mois après la réalisation du coloscanner à l’eau.
Concernant les résultats, 13 patients ont été perdus de vue, 88 patients avaient un
coloscanner considéré comme négatif. Quatre de ces patients présentaient en fait des polypes
mais seulement un était supra centimétrique.
Vingt sept patients avaient un examen positif dont 21 vrais positifs et 6 faux positifs ( 1
MELAS disease, 3 colites inflammatoires, 2 erreurs dues à une mauvaise expansion d’un
segment colique).
Les auteurs concluaient à une sensibilité de 95,5% dans le diagnostic de tumeurs
colorectales supra centimétriques et à une spécificité de 93,5%. La valeur prédictive positive
était de 77,8% et la valeur prédictive négative de 98,8%. De plus chez 3 patients le
coloscanner à l’eau a permis le diagnostic de lésions synchrones.
Ces résultats sont cependant à interpréter avec prudence car issus d’une étude
rétrospective.
La même équipe a mené en 2008 [31] une étude cette fois prospective, afin d’évaluer les
performances du coloscanner à l’eau pour le diagnostic de cancers coliques.
Elle incluait 191 patients d’âge moyen 68 +/- 14 ans, suspects de cancer colique. Tous les
patients ont eu un coloscanner à l’eau. La référence a été la coloscopie et /ou la chirurgie.
Les résultats retrouvaient une tumeur maligne chez 71 (31%) patients. Six faux positifs ont
été notés et 6 diagnostics ont été faits par le coloscanner alors que la coloscopie était
incomplète et négative jusqu’au moment de son interruption.
Les auteurs concluaient à une sensibilité du coloscanner à l’eau pour le diagnostic de
cancer colique de 98,6% et une spécificité de 95%. Les valeurs prédictives positive et
négative étaient de 92,2 et 99,1%. A noter que dans un sous groupe de 33 patients avec
résidus stercoraux au coloscanner, la sensibilité et la spécificité étaient respectivement de 95%
et 92,3%.
La troisième étude [36] évaluait la rentabilité diagnostique du coloscanner à l’eau en
première intention dans le bilan d’une hémorragie digestive basse extériorisée ou non chez la
personne âgée. Elle concernait plus particulièrement une population âgée présentant une
cardiopathie et /ou traitée par antiagrégant et/ou anticoagulant pour laquelle la réalisation
d’une coloscopie n’est pas toujours aisée. En effet, l’anesthésie, la préparation pour la
coloscopie et l’arrêt du traitement anticoagulant/antiagrégant peuvent compromettre le
pronostic cardiaque.
De juin 2007 à juin 2008, un coloscanner à l’eau a été réalisé chez 83 patients d’âge moyen
81,2 ans (65-94 ans) dans le cadre d’une anémie ferriprive (n=47), d’une rectorragie (n=29)
ou d’un hemoccult positif (n=2)(le motif n’était pas précisé pour 5 patients) . Les patients
avaient au moins l’un des 3 critères suivants : 1) une cardiopathie ischémique (59%),
33
hypertensive (14%) ou une fibrillation auriculaire (36%), 2) un traitement par antiagrégant
plaquettaire (66%) et 3) un traitement anticoagulant (37%). Une endoscopie
œsogastroduodénale était effectuée avant le scanner pour éliminer une lésion du tractus
digestif supérieur en cas d’anémie ferriprive. Le coloscanner était jugé rentable s’il mettait en
évidence une lésion confirmée par la coloscopie ou s’il était normal avec un suivi minimum
de 6 mois sans récidive symptomatique.
Les résultats montraient que le coloscanner était exploitable au moins partiellement dans
91% des cas. Aucune complication n’était observée. L’examen était normal dans 48 cas,
pathologique dans 28 cas et incomplet dans 7 cas. Le coloscanner était jugé rentable dans 63
% des cas. 21 diagnostics ont été confirmés par la coloscopie (13 cancers, 4 polypes et 4
colites) et 31 examens normaux n’ont pas été suivis d’une récidive pathologique. Dans un cas,
un cancer a été diagnostiqué par la coloscopie alors que le coloscanner était normal.
Les auteurs concluent que le coloscanner à l’eau est techniquement réalisable et sans
complication chez la personne âgée. L’examen est anormal dans 33 % des cas (cancer dans
50% des cas). L’examen est jugé rentable dans 63 % des cas. Cependant, il est nécessaire,
lorsque l’examen est normal, de réaliser une surveillance clinico-biologique et morphologique
régulière.
III.7.b-Découverte de lésions extra coliques
Une des particularités du coloscanner est la découverte fortuite de lésions extra coliques, à
l’origine ou non de la symptomatologie ayant conduit à la réalisation de l’examen. La
découverte de ces lésions a un impact potentiel sur la prise en charge clinique du patient
impliqué.
Ces diagnostics sont parfois essentiels pour la prise en charge du patient, notamment
lorsque la lésion trouvée est à l’origine de la symptomatologie. Cependant ils peuvent aussi
engendrer des explorations complémentaires potentiellement invasives et anxiogènes, sans
conséquence favorable sur sa survie ou sa qualité de vie.
Dans la méta analyse publiée en 2010 par la HAS [27] sur la coloscopie virtuelle, la revue
de 17 études (9591 patients) a montré que la coloscopie virtuelle permettait l’identification
d’une lésion extra-colique dans 5 à 34 % des cas, 1,7 % des patients présentant un cancer
extra-colique (foie et reins principalement concernés). On peut supposer que ces chiffres sont
plus élevés dans une population âgée que dans une population plus jeune. Il est difficile
d’apprécier l’influence des diagnostics extra coliques sur la prise en charge des patients, et
d’évaluer leur ratio bénéfice-risque. La HAS insiste sur le fait qu’une coloscopie virtuelle ne
peut pas être assimilée en pratique à un scanner abdominal pour le diagnostic
d’anomalies extra-coliques, la finalité première de la coloscopie virtuelle demeurant
l’exploration colique.
34
IV.
ÉTUDE
IV-1.Patients et méthode
Nous avons réalisé une étude rétrospective descriptive incluant tous les patients âgés de 75
ans ou plus ayant eu un coloscanner à l’eau en première intention pendant une période de 14
mois (entre le 01/01/2009 et le 28/02/2010) dans le service de radiologie de l’hôpital
Trousseau du CHRU de Tours.
IV-1.a Critères d’exclusion
-Patients < 75 ans
-Patients pour lesquels le coloscanner à l’eau a été réalisé suite à une coloscopie
incomplète (examen effectué en seconde intention, ce qui ne correspond pas à une indication
de médecine générale).
IV-1.b Déroulement de l’examen
La réalisation du coloscanner s’est faite selon le protocole habituel du service (détaillé
dans le chapitre III-1) :
-Préparation colique : régime sans résidus les 3 jours précédant l’examen ; ingestion
de 2 litres de PEG la veille et le matin de l’examen.
-Remplissage du côlon avec de l’eau tiède
-Réalisation du scanner constitué par 2 acquisitions, la première en contraste spontané,
la deuxième après injection de produit de contraste.
IV-1.c Paramètres recueillis
Afin de mieux identifier la place du coloscanner à l’eau dans la population âgée, nous
avons recueilli les paramètres suivants:
- Age
- Sexe
- Autonomie et état cognitif
- Comorbidités
- Prise de traitements antiagrégants et/ou anticoagulants
- Type de prise en charge (hospitalisation ou ambulatoire)
- Prescripteur
- Motif de l’examen
35
- Résultats de l’examen
- Tolérance
- Devenir du patient au moins 6 mois après l’examen
IV-1.d Recueil des données
Les indications et résultats du coloscanner à l’eau ont été recueillis en consultant le dossier
patient informatisé du CHU. Les autres paramètres recueillis étaient parfois disponibles dans
ce dossier, précisés sur le compte rendu du coloscanner ou spécifiés sur les courriers des
précédentes hospitalisations et consultations au CHRU de Tours.
Les informations non trouvées dans le dossier du patient ont été complétées en appelant les
médecins généralistes référents des patients.
Afin d’apprécier la tolérance, les patients dont l’état cognitif le permettait ont été contactés
par téléphone dans un délai de 3 à 16 mois après la réalisation de l’examen. La tolérance était
évaluée à l’aide d’une échelle verbale simple consistant à noter de 0 à 4 chacun des critères
suivants :
- .Appréhension vis-à-vis de l’examen
- Gêne liée à la préparation colique
- Douleur et gêne ressenties pendant l’examen
- Inconfort lié à la durée de l’examen.
La note 0 correspondait à un critère négatif, la note 1 à une faible intensité du critère
évalué, la note 2 à une intensité modérée, la note 3 à une appréhension, gène ou douleur
intense, la note 4 à extrêmement intense.
IV-1.e Traitement des données
Les données recueillies ont été classées dans un tableau Excel puis analysées à l’aide de
tableaux croisés dynamiques.
IV-2.Résultats
Durant la période étudiée, un coloscanner à l’eau a été réalisé chez 77 patients de plus de
75 ans. Parmi eux, 24 (27%) l’ont eu en deuxième intention et ont été exclus.
La population étudiée comprenait donc 53 patients.
36
IV-2.a Age des patients
Les patients étaient âgés de 75 à 89 ans, avec un âge moyen de 82  3,8 ans.
Répartition par âge
18%
16%
14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
16%
13%
9%
9%
7%
6%
7%
7%
5%
4%
4%
8%
Age
4%
2%
75 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89
IV-2.b Sexe
La population étudiée comprenait 31 femmes et 22 hommes.
Répartition Hommes / Femmes
46%
54%
Hommes
Femmes
37
IV-2.c Etats fonctionnel et cognitif
Parmi les 53 patients, la majorité vivait à domicile (50 soit 94%) et seulement 2 étaient
institutionnalisés. L’information n’a pas été retrouvée concernant 1 patient.
-Concernant l’autonomie, le résultat de la grille AGGIR (grille nationale d’évaluation
de la dépendance) n’a pu être obtenu que pour un patient (score réalisé lors de son
hospitalisation). Les médecins traitants ne réalisent pas systématiquement une grille AGGIR
chez leurs patients âgés.
Les patients étaient dépendants partiellement ou totalement pour 14 (26%) d’entre eux : 2
étaient en institution, 12 étaient à domicile avec des aides d’organismes ou de leur famille
dans les actes de la vie quotidienne. L’état de dépendance n’était pas connu pour 2 patients.
Evaluation de la dépendance
institution
aides à domicile
autonomes
NC
4% 4%
22%
70%
- Concernant l’état cognitif, les données manquaient pour deux patients. La majorité
(41 soit 77%) ne présentait pas de troubles cognitifs diagnostiqués et 10 (19%) étaient
considérés comme déments. Les deux patients institutionnalisés avaient un état cognitif
détérioré. L’un était diagnostiqué maladie d’Alzheimer, l’autre démence vasculaire.
On pouvait noter qu’une évaluation sous forme de Mini Mental Test (MMS) ou de bilan
neuropsychologique n’était disponible que pour 5 patients.
Evaluation de l'état cognitif
démence
Absence de troubles cognitifs diagnostiqués
4%
NC
19%
77%
38
IV-2.d Type de prise en charge
La majorité des patients (48 patients, soit 91%) ont eu leur coloscanner à l’eau en
ambulatoire. Sur les 5 patients restants, 4 l’ont eu alors qu’ils étaient hospitalisés : 2 dans un
contexte de rectorragies, 1 en raison d’une altération de l’état général et 1 en hospitalisation
de jour afin de réaliser un bilan global, infectieux, neuropsychologique et digestif. Le dernier
patient a dû être hospitalisé en raison d’un OAP au décours de l’examen.
IV-2.e Prescripteurs
Dans tous les cas, le coloscanner était prescrit par un gastroentérologue : 30 (57%) l’étaient
par un gastroentérologue de ville, les autres par des gastroentérologues exerçant à l’hôpital ou
en clinique.
Aucun coloscanner n’était donc prescrit par un médecin généraliste.
IV-2.f Comorbidités
a) Cardiovasculaires
Sur les 53 patients, 41 (77%) présentaient une ou plusieurs comorbidités cardiovasculaires
- 15 patients avaient une cardiopathie ischémique
- 13 patients avaient une arythmie complète par fibrillation auriculaire (ACFA)
- 7 patients avaient un antécédent d’accident vasculaire cérébral (AVC)
- 7 patients avaient une valvulopathie
- 6 patients avaient une insuffisance cardiaque
- 6 patients avaient une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI)
- 4 patients avaient un antécédent de phlébite compliqué d’embolie pulmonaire dans 3 cas
- 3 patients avaient un Pace Maker
- 2 avaient eu une thrombose artérielle
comorbidités cardiovasculaires
Phlébite ou EP
6%
AVC/AIT
11%
Cardiopathie
Ischemique
24%
Thrombose artérielle
3%
AOMI
10%
ACFA
21%
Valvulopathie
11%
Insuffisance Cardiaque
9%
Pace-Maker
5%
39
Près d’un tiers des patients présentait plusieurs comorbidités cardiovasculaires.
comorbidités cardiovasculaires multiples
2%
6%
Absence de comorbidité
cardiovasculaire
23%
1 seule pathologie
24%
2 pathologies
45%
3 pathologies
4 pathologies
b) Pulmonaires
Neuf (17%) des 53 patients présentaient des comorbidités pulmonaires :
- 4 patients présentaient une BPCO
- 3 patients avaient une insuffisance respiratoire
- 2 patients avaient un asthme
- 1 patient avait un SAS
comorbidités respiratoires
Insuffisance
Respiratoire
30%
BPCO
40%
SAS
10%
Asthme
20%
c) Tumorales
Quatre patients présentaient une néoplasie diagnostiquée il y a moins de 5 ans, soit 7 % des
patients : 1 adénocarcinome rectal en chimiothérapie palliative, 1 mélanome, 1 néoplasie
prostatique et 1 une tumeur de vessie en rémission.
Un patient présentait un antécédent de lymphome diagnostiqué en 1994, pour lequel le
coloscanner réalisé a conduit au diagnostic de récidive.
40
d) Diabète
Sur les 53 patients, 7 avaient un diabète, soit 13 %.
e) Insuffisance rénale
Quatre patients (7%) avaient une insuffisance rénale.
Au total
83% des patients présentaient une ou plusieurs comorbidités.
Les comorbidités cardiovasculaires étaient au premier plan et la majorité des patients
présentait 2 comorbidités ou plus d’ordre cardiovasculaire, respiratoire, tumorale, diabétique
ou rénale.
Importance des différents types de
comorbidités
41
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
9
7
4
4
Nombre de patients
Pourcentage de patients
Taux de polypathologies
40
35
30
25
20
15
10
5
0
34
28
17
15
4
Aucune
1
2
3
4
2
5
Nombre de comorbidités
41
IV-2.g Traitement antiagrégant et/ou anticoagulant
Parmi les 53 patients, 38 (72%) prenaient un traitement antiagrégant et/ou anticoagulant :
22 prenaient un traitement antiagrégant seul, 13 étaient sous traitement anticoagulant seul et 3
prenaient les deux. Le traitement n’était pas connu pour un patient.
Traitement suivi
2,2%
38,4%
26,4%
antiagrégant
anticoagulant
les 2
aucun
NC
4,2%
28,8%
IV-2.h Motifs de l’examen
Les motifs d’examen étaient :
- Des douleurs abdominales pour 22 (41%) patients
-Des troubles du transit, constipation et/ou diarrhée pour 18 (34%) patients
- Une anémie pour 12(23%) patients
- Des rectorragies ou un hemoccult positif pour 11 (21%) patients
- Un amaigrissement pour 10 (19%) patients
- Pour 10 patients, il s’agissait d’une surveillance et d’un complément diagnostique : 2
néoplasies colorectales opérées, 2 polypes, 2 lésions suspectes au scanner, 1 cancer du
rectum en soins palliatifs, 1 antécédent de cancer colique du 1er degré, 1 suite de sigmoïdite, 1
suite de bactériurie à salmonelle.
Symptômes
25
20
15
10
5
Nombre de patients
0
42
A noter que la prise d’un traitement anticoagulant ou antiagrégant et les principaux
antécédents des patients étaient généralement précisés sur la demande d’examen, comme
complément à la symptomatologie clinique justifiant le choix de l’examen.
IV-2.i Résultats de l’examen
L’examen était jugé non contributif pour 9 patients soit 17% d’entre eux, pour les raisons
suivantes :
- 3 réplétions coliques incomplètes dues à une incontinence
- 2 examens réalisés sans injection du fait d’une insuffisance rénale
- 2 préparations coliques insuffisantes
- 1 remplissage colique incomplet du à la douleur
- 1 spasme du sigmoïde
Ces examens incomplets ont malgré tout permis le diagnostic d’anomalie colique dans 1
cas (réévaluation d’une tumeur du rectum connue) ou extra colique dans 4 cas (1 aspect de
TIPMP du pancréas, 1 nodule splénique suspect, 1 nodule pulmonaire, 1 image kystique
pancréatique associée à un élargissement de la VBIH sans obstacle) ; aucune anomalie n’était
décelée dans 4 cas.
L’examen était jugé contributif dans 44 cas soit 83% des patients.
Lorsqu’il était contributif, le coloscanner objectivait une anomalie colique chez 28 patients
soit 64% d’entre eux :
- Diverticulose colique : 20 (45%) patients
- Polypes : 7 (16%) patients
Aucune coloscopie n’a été réalisée suite à ces découvertes de polypes compris entre 2
et 8 mm, soit par refus du patient, soit dans le contexte de l’AEG
- Tumeur : 1 patient avec 1 tumeur du recto sigmoïde confirmée à la coloscopie.
- Dolichocôlon : 6 patients
- Réduction de calibre sur zone anastomotique (suite de chirurgie de sigmoïdite) : 1
patient
- Abcès pelvien en rapport avec une fistule colique par perforation diverticulaire : 1
patient
- Lipome de la valvule iléo-caecale : 1 patient
Le coloscanner objectivait une ou plusieurs anomalies extra coliques sans anomalie
colique associée chez 11 patients soit 25%.
Il était normal chez 5 patients, soit 11% d’entre eux.
43
28
30
25
20
15
11
10
5
5
4
4
1
0
Normal
Anomalie Colique
Non contributif
Anomalie extra-colique
sans anomalie colique
Contributif
Anomalies coliques
25
20
15
10
5
Nombre de patients
0
Pour 26 patients(49%), le coloscanner à l’eau a objectivé des images extra coliques,
associées (11 patients)ou non (15 patients) à des anomalies coliques.
22 patients présentaient une seule image extra colique, 4 patients en avaient 2.
44
Nous les avons détaillées selon leur localisation :
- Pulmonaires dans 3 cas. Un patient avait un nodule pulmonaire pour lequel
l’endoscopie bronchique s’est avérée négative ; un patient avait deux nodules pulmonaires
sans exploration complémentaire par la suite ; un patient présentait un syndrome de masse de
l’angle costo-vertébral gauche centronécrotique évoquant une nature néoplasique
correspondant à une lésion pulmonaire qui n’a pas été explorée.
- Cardiaque : 1 patient avait un épanchement péricardique connu
- Osseuse : 1 patient présentait une lésion condensante non explorée du corps de L5
(refus du patient)
- Artérielles dans 3 cas : 2 patients avaient des lésions athéromateuses de l’aorte et de
ses branches associées chez l’un d’eux à une plaque sténosante de l’artère mésentérique
supérieure faisant suspecter un angor mésentérique à l’origine de ses douleurs ; 1 patient
présentait une sténose à l’origine du tronc coeliaque par ligament arqué
- Rénales dans 4 cas : 2 diagnostics de kystes rénaux dont 1 hémorragique, 1 rein droit
unique, 1 lithiase rénale gauche
- Pancréatiques dans 6 cas : 2 cas de TIMPMP du pancréas, dont une ayant conduit à
la réalisation d’une IRM, 1 patient avait une pancréatite calcifiante, 1 présentait une image
liquidienne du pancréas, 2 patients avaient un kyste du pancréas.
- Splénique : 1 nodule splénique suspect,
- Hépatiques dans 7 cas : 1 cirrhose hépatique avec hypertension portale, 1 dysmorphie
hépatique avec hypertension portale, 1 stéatose hépatique, 1 nodule hépatique, 1 patient
présentant 2 lésions hépatiques hypervasculaires, 1 élargissement des voies biliaires
intrahépatiques sans obstacle, 1 patient présentant des kystes biliaires.
- Mésentériques dans 3 cas : 2 masses mésentériques ganglionnaires chez un patient
ayant conduit à la réalisation d’une vidéocapsule qui s’est avérée normale ; 2 cas de
paniculites mésentériques dont une ayant conduit à la réalisation de biopsies.
- Une récidive de lymphome, constituant le diagnostic à l’origine des symptômes.
Localisations extra-coliques
8
7
6
5
4
3
2
nombre de patients
1
0
45
Parmi toutes ces anomalies extra coliques, seulement 5 ont conduit à des explorations
complémentaires : une IRM, une endoscopie bronchique, une vidéocapsule, la réalisation de
biopsies mésentériques et un bilan complémentaire de récidive de lymphome. Les
explorations complémentaires conseillées ont parfois été refusées par le patient ou non
poursuivies par le médecin traitant du fait de l’état général du patient.
IV-2.j Évaluation de la tolérance
Pour 21 (40%) patients, l’évaluation de la tolérance n’a pas été possible :
- 9 patients n’ont pu être interrogés du fait d’un antécédent de démence,
- 3 patients ont refusé de répondre aux questions
- 3 patients n’étaient pas joignables
- 2 patients sont décédés
- 2 patients ont déclaré ne pas se souvenir de l’examen
- 1 patient n’a pu avoir l’examen du fait d’une incontinence importante
- 1 patient a fait un œdème aigu du poumon au décours du coloscanner
L’évaluation de la tolérance n’a donc pu être menée que chez 32 (60%) patients :
Concernant l’appréhension face à l’examen : 24 (75%) patients n’en avaient aucune,
2 patients exprimaient une faible appréhension, 4 patients exprimaient une appréhension
modérée, 1 patient exprimait une forte appréhension et 1 patient une appréhension très forte.
Appréhension
30
25
20
15
Nombre de patients
10
5
0
aucune
faible
modérée
forte
très forte
46
Concernant la préparation colique, sur les 32 patients interrogés, 7 (22%) patients n’ont pas
éprouvé de difficultés, 4 ont exprimé une difficulté légère, 9 (28%) une difficulté modérée, 6
une difficulté forte et 6 une difficulté très forte. Parmi ces derniers, 2 patients n’ont pas réussi
à absorber ce qui était prescrit.
Difficulté liée à la préparation
colique
10
8
6
Nombre de patients
4
2
0
aucune
faible
modérée
forte
très forte
Concernant la douleur ressentie pendant l’examen, la majorité des patients (23 soit 72%)
n’a ressenti aucune douleur, 2 patients ont ressenti une douleur légère, 6 patients une douleur
modérée et 1 patient une douleur très intense
Douleur
25
20
15
Nombre de patients
10
5
0
aucune
faible
modérée
forte
très forte
47
Concernant la gêne ressentie pendant l’examen, 17 (53%) patients n’ont ressenti aucune
gène pendant l’examen, 6 ont ressenti une gêne légère, et 9 une gêne modérée.
Gêne liée à la réalisation de l'examen
18
16
14
12
10
Nombre de patients
8
6
4
2
0
aucune
faible
modérée
forte
très forte
Concernant la durée de l’examen, 26 (81%) patients n’ont pas été gênés, 3 patients ont
exprimé une gêne légère, 2 une gêne modérée, et 1 une gêne intense.
Gêne liée à la durée de l'examen
30
25
20
15
Nombre de patients
10
5
0
aucune
faible
modérée
forte
très forte
48
IV-2.k Etat de santé des patients 6 mois après l’examen
Pour 2 patients, le devenir à 6 mois n’a pas pu être recueilli.
Dans les 6 mois suivant la réalisation de l’examen, 3 patients sont décédés : un en raison
d’un cancer du rectum déjà connu en soins palliatifs, un en raison d’une pathologie
pulmonaire et un dans les suites d’abcès pelviens.
Suite au coloscanner, 5 coloscopies ont donc été réalisées : 4 en complément d’un
coloscanner jugé non contributif et 1 pour confirmer le diagnostic de tumeur du recto
sigmoïde suspecté au coloscanner. La coloscopie a pu être évitée pour les autres patients.
Concernant les 4 coloscopies réalisées après les coloscanners jugés non contributifs :
- une a conduit à l’exérèse de 3 polypes hyperplasiques,
- une a conduit à l’exérèse de polypes adénomateux de bas grade
- une a conduit au diagnostic d’adénocarcinome du bas fond caecal
- une était normale
Les polypes infra centimétriques diagnostiqués chez 7 patients ont été laissés en place, sans
diagnostic secondaire de cancer à 6 mois.
La tumeur du recto sigmoïde constatée au coloscanner a été confirmée par la coloscopie.
Pour les patients dont le suivi à 6 mois a pu être recueilli, en dehors des 2 patients dont le
bilan initial (coloscanner et coloscopie) a permis de retrouvé un cancer colorectal, aucun
diagnostic de cancer colorectal n’a été posé dans ce délai.
49
IV-3.Discussion
Le cancer colique est un des cancers les plus fréquents chez les sujets âgés. Pourtant son
diagnostic n’est pas toujours aisé du fait d’une symptomatologie souvent atypique et
d’explorations complémentaires jugées invasives chez des sujets aux antécédents et
traitements multiples. Le coloscanner à l’eau semble offrir une alternative intéressante dans
une population de sujets âgés fragiles. Pour une utilisation optimale de cet examen dans notre
stratégie diagnostique des cancers coliques des sujets âgés, nous nous sommes interrogés sur
les critères permettant de sélectionner les patients pour lesquels cet examen serait le plus
indiqué.
Dans ce but, nous avons réalisé une étude rétrospective visant à décrire l’utilisation du
coloscanner à l’eau dans une population âgée de 75 ans ou plus.
Sous réserve du manque de précision quant à leur évaluation, inhérente au caractère
rétrospectif de l’étude, nos résultats montrent que les patients avaient pour la majorité d’entre
eux (77%) un état cognitif et une autonomie corrects. L’examen nécessite une bonne
coopération du patient. Une démence à l’origine d’une opposition du patient, d’une
impossibilité à rester immobile le temps de l’examen rendrait celui-ci irréalisable.
La fragilité des patients est un élément essentiel dans la décision de recours au coloscanner
et repose en grande partie sur les comorbidités. Notre étude le confirme puisque 83% des
patients avaient une ou plusieurs comorbidités, et parmi elles, les pathologies cardiovasculaires étaient au premier plan, présentes chez trois quart des patients.
Le taux de prescription élevé de traitements antiagrégants et/ou anticoagulants, constaté
chez deux tiers des patients de l’étude, le tiers étant sous anticoagulants seuls, est directement
lié à la fréquence des comorbidités cardio-vasculaires. La fréquence de recours au
coloscanner dans cette population peut s’expliquer par le risque de complications
hémorragiques liées à ces thérapeutiques en cas de coloscopie et le risque de complications
cardiovasculaires en cas d’arrêt momentané.
Le coloscanner était habituellement réalisé en ambulatoire, puisque seulement 4 patients
l’avaient alors qu’ils étaient hospitalisés et un patient avait du être hospitalisé en raison de la
survenue d’un œdème du poumon. C’est un avantage, tant sur le plan du coût que du confort
du patient, par rapport à la coloscopie qui nécessite une courte hospitalisation chez ces sujets
âgés lorsqu’elle est réalisée sous anesthésie générale.
On pouvait constater que le coloscanner a systématiquement été prescrit par un
gastroentérologue. L’avis du gastroentérologue parait en effet nécessaire dans ces situations,
associées fréquemment à une symptomatologie atypique. En cas d’anémie ferriprive le
gastroentérologue posera également l’indication d’une fibroscopie œsogastroduodénale. De
plus, il assurera une analyse correcte du rectum, celle-ci ne pouvant être réalisée lors du
coloscanner en raison de l’impossibilité de dégonfler le ballonnet dans cette population où la
continence est souvent insuffisante.
Si la validation par le gastroentérologue de la réalisation de l’examen parait justifiée, le
médecin généraliste pourrait néanmoins probablement plus souvent être à l’initiative de la
prescription en collaboration avec lui. Il connaît le patient, ses antécédents, ses traitements, et
peut détecter les situations à risque pour la réalisation d’une coloscopie. Le fait qu’aucun
médecin généraliste ne soit impliqué dans les prescriptions peut être lié à une mauvaise
connaissance de la technique et de ses indications.
50
On pouvait à ce titre également noter que les prescriptions des coloscanners étaient le fait
d’un petit nombre de gastroentérologues recourant à l’examen chez plusieurs de leurs
patients. Il semble donc que l’intérêt du coloscanner à l’eau soit perçu de façon très variable
d’un spécialiste à l’autre.
Les symptômes ayant conduit à la réalisation du coloscanner à l’eau étaient des douleurs
abdominales dans plus d’un tiers des cas et des troubles du transit à type de diarrhée ou
constipation dans un tiers des cas. Il s’agissait d’une anémie dans 23% des cas. Ces
symptômes sont fréquents chez les sujets âgés mais ne doivent pas être banalisés car ils
peuvent être le premier signe d’alerte d’une pathologie néoplasique digestive. Dans notre
étude, des anomalies coliques ont pu être objectivées chez les 2/3 des patients et parmi elles
une lésion cancéreuse, confirmée par la coloscopie, a été diagnostiquée.
Le coloscanner n’a pas été contributif chez 9 des 53 patients. Dans 5 cas les contreindications à l’examen n’avaient pas été respectées : incontinence majeure responsable d’une
mauvaise réplétion colique dans 3 cas, insuffisance rénale sévère contre-indiquant l’injection
de produit de contraste dans 2 cas. Une mauvaise préparation colique n’était en cause que
dans 2 cas, ce qui est intéressant vu les difficultés de préparation colique rencontrées dans
cette population.
Chez les patients pour lesquels l’examen était interprétable et sans diagnostic de néoplasie
colique, il n’y a pas eu de découverte de cancer dans les 6 mois qui ont suivi. A noter que
dans notre population âgée fragile, la découverte de polypes infra-centimétriques au
coloscanner n’a pas conduit à une ablation de ces polypes. Selon la HAS, la découverte de
polypes supérieurs à 6 mm doit conduire à une exérèse, il n’y a pas de consensus concernant
les polypes inférieurs à 6 mm. Cependant dans cette population âgée fragile, la balance
bénéfice/risque a dans notre étude plutôt penché vers l’abstention avec surveillance régulière
que vers un geste invasif.
Le coloscanner à l’eau a conduit au diagnostic de lésions extra coliques chez 50% des
patients. Ces découvertes peuvent poser un problème chez ces patients pour lesquels le
coloscanner a été choisi en première intention afin de ne pas être trop invasif. La découverte
de lésions extra coliques ne doit effectivement pas mener à des explorations inutiles et
délétères. Dans notre étude ces diagnostics ont conduit dans cinq cas à des explorations
complémentaires, après évaluation conjointe par le médecin et le patient du bénéfice attendu.
Néanmoins, chez 8 patients, les anomalies extra-coliques constatées ont été un réel apport
diagnostic à la symptomatologie constatée.
On peut considérer que, dans cette étude, le coloscanner a permis d’éviter la coloscopie
pour la majorité des patients. Cet examen, moins fiable que la coloscopie, doit inciter à la
surveillance clinique régulière s’il est normal. Par ailleurs, s’il est jugé non contributif par le
radiologue, il doit être réalisé à nouveau ou complété par une coloscopie. Dans cette étude,
chez un patient incontinent pour lequel l’examen n’était pas interprétable au-delà du colon
transverse, la coloscopie a permis effectivement de diagnostiquer un adénocarcinome du bas
fond caecal.
Un des objectifs de notre étude était également d’évaluer la tolérance des patients âgés à
l’examen à partir de quelques questions sur leur ressenti à l’égard du coloscanner. Les
résultats de cette évaluation sont à nuancer par le caractère rétrospectif de l’étude évaluant
des faits datant de 3 à 16 mois. Par ailleurs, l’évaluation était réalisée par l’intermédiaire d’un
entretien téléphonique qui s’est heurté dans certains cas à des problèmes de surdité et de
compréhension nécessitant l’aide du conjoint. Seulement 60% des patients ayant eu l’examen
51
ont pu être interrogés. Cependant, et si l’on exclut la préparation colique, les résultats
recueillis sont en faveur d’une bonne tolérance puisque les ¾ d’entre eux n’ont pas ressenti
d’appréhension à l’idée de passer cet examen, 72% n’ont ressenti aucune douleur lors de
l’examen, le même nombre a ressenti une gêne légère ou nulle lors de la réalisation de
l’examen et 81 % des patients n’ont pas été gênés par la durée de l’examen.
La préparation colique reste problématique dans cette population âgée puisqu’elle était
jugée de difficulté forte à très forte pour 35% des patients ayant répondu à l’enquête et de
difficulté modérée pour 28% des patients. On peut supposer qu’elle est également de
réalisation complexe chez les patients posant le problème d’un syndrome démentiel qui n’ont
pas pu être interrogés. Le problème de la difficulté de réalisation de la préparation est un
obstacle potentiel à la réalisation des explorations digestives chez les personnes âgées. Ce
point mérite d’être évoqué et la question d’une préparation minimale efficace dans cette
population posée.
Une patiente a fait une complication grave (œdème aigu du poumon) au décours du
coloscanner à l’eau qui a nécessité son hospitalisation en urgence. Cette complication peut
être la conséquence de l’injection de produit de contraste iodé, mais a pu également être
favorisée par la préparation colique. Même s’il s’agit d’un cas isolé, le coloscanner à l’eau
n’est donc pas un examen anodin, bien que moins invasif que la coloscopie.
Les résultats de cette étude vont dans le sens d’un intérêt du coloscanner chez le patient
âgé, en termes de rentabilité diagnostique, sous réserve du respect des contre-indications et de
la surveillance clinique en cas de normalité, et de tolérance. L’existence de comorbidités
cardio-vasculaires et la prise de traitements anticoagulants et/ou antiagrégants semblent des
éléments importants dans la décision de prescription de l’examen. Néanmoins, il ne nous a
pas été possible d’identifier d’autres facteurs éventuels dans cette décision en raison du
caractère rétrospectif de l’étude.
Une étude prospective visant à décrire au plus près les patients et à recueillir de façon
précise les paramètres ayant conduit à la réalisation du coloscanner à l’eau, à évaluer la
tolérance « en direct » et donc de façon fiable, et à assurer un suivi régulier et prolongé est
nécessaire. Elle pourrait être associée à une évaluation similaire chez des patients de même
âge ayant bénéficié d’une coloscopie.
52
V.
CONCLUSION
L’augmentation de fréquence du cancer colorectal avec l’âge et les bénéfices
thérapeutiques démontrés d’une prise en charge précoce justifient la réalisation d’explorations
complémentaires face à des symptômes digestifs.
L’existence de douleurs abdominales, de troubles du transit, d’une anémie ferriprive, d’un
amaigrissement ou de rectorragies ne doit pas être banalisée chez le sujet âgé et doit conduire
à des investigations au risque d’une perte de chances associée à une augmentation de la
mortalité.
Parmi les investigations, la coloscopie reste l’examen de choix pour le diagnostic de cancer
colorectal. Cet examen est néanmoins à l’origine de complications plus fréquentes chez le
sujet âgé et son caractère invasif peut être un motif de non réalisation des explorations
complémentaires dans cette population. Si l’âge ne doit en aucun cas à lui-seul être un critère
de choix, la fragilité est un élément important dans la stratégie décisionnelle.
Le coloscanner à l’eau est une alternative intéressante chez ces patients âgés fragiles. Si
l’on exclut la nécessité d’une préparation colique préalable souvent problématique avec
l’avancée en âge, cet examen est bien toléré. Il est performant sous réserve du respect de
certaines contre-indications : insuffisance rénale sévère, incontinence anale majeure, troubles
cognitifs ou psychocomportementaux incompatibles avec une immobilisation suffisante et le
respect des consignes. Il ne constitue en aucun cas un examen de dépistage et doit conduire à
la réalisation d’une coloscopie pour confirmer un diagnostic, en cas de doute, ou lorsqu’il
n’est pas contributif.
Au sein de la population âgée, le recours au coloscanner s’avère intéressant chez les
patients fragiles porteurs de pathologies cardio-vasculaires associées à la prescription
d’anticoagulants et/ou d’antiagrégants.
Si l’avis du gastroentérologue parait incontournable dans la décision de recours au
coloscanner à l’eau, le rôle joué par le médecin généraliste est essentiel. C’est lui qui, face au
patient âgé qu’il connaît bien, est au premier plan dans la stratégie décisionnelle et donc dans
le choix d’orienter ou non ce patient vers des explorations complémentaires. L’âge avancé des
patients et leur fragilité sont des motifs potentiels de non recours à des explorations
complémentaires, en particulier invasives comme la coloscopie. Il est donc nécessaire que le
médecin généraliste ait connaissance des différentes alternatives possibles, dont le
coloscanner à l’eau, afin de pouvoir en informer son patient et être à l’initiative d’une
demande qui pourra ensuite être discutée avec le gastroentérologue.
Des études prospectives visant à évaluer la tolérance et la rentabilité du coloscanner à l’eau
dans la population âgée sont nécessaires.
53
VI.
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SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette Faculté,
de mes chers condisciples
et selon la tradition d’Hippocrate,
je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur
et de la probité dans l’exercice de la Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent,
et n’exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux
ne verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira
les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas
à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres,
je rendrai à leurs enfants
l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’accordent leur estime
si je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois couvert d’opprobre
et méprisé de mes confrères
si j’y manque.
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