Hygiene bucco dentaire des personnes agees dependantes en

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GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
Année 2014
THESE N° 2014 LYO 1D 060
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement le : 9 Décembre 2014
par
Guillaume Elodie
Née le 14 novembre 1990, à Chalon-sur-Saône (71)
_____________
Hygiène bucco-dentaire des personnes âgées dépendantes en institution :
présentation d’un nouveau dispositif de nettoyage dentaire
______________
JURY
Mme le Professeur GROSGOGEAT-BALAYRE Brigitte
Président
Mme le Docteur GRITSCH Kerstin
Assesseur
Mme le Docteur AYARI Hanène
Assesseur
Mme le Docteur SANTAMARIA Julie
Assesseur
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
Année 2014
THESE N° 2014 LYO 1D 060
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement le : 9 Décembre 2014
par
Guillaume Elodie
Née le 14 novembre 1990, à Chalon-sur-Saône (71)
_____________
Hygiène bucco-dentaire des personnes âgées dépendantes en institution :
présentation d’un nouveau dispositif de nettoyage dentaire
______________
JURY
Mme le Professeur GROSGOGEAT-BALAYRE Brigitte
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Mme le Docteur GRITSCH Kerstin
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GUILLAUME
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UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON I
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M. le Professeur F-N. GILLY
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M. le Professeur H. BEN HADID
Vice-Président du Conseil Scientifique et
de la Commission de Recherche
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Vice-Président du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire
et de la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire
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SECTEUR SANTE
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Biologiques
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Faculté des Sciences et Technologies
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UFR des Sciences et Techniques des
Activités Physiques et Sportives
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Institut Universitaire de Technologie Lyon 1
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Ecole Polytechnique Universitaire
de l’Université Lyon 1
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Institut de Science Financière et d’Assurances
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Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education
(ESPE)
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Observatoire de Lyon
Directeur : M. B. GUIDERDONI, Directeur de Recherche CNRS
Ecole Supérieure de Chimie Physique Electronique
Directeur : M. G. PIGNAULT
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
FACULTE D'ODONTOLOGIE DE LYON
Doyen
:
M. Denis BOURGEOIS, Professeur des Universités
Vice-Doyen
:
Mme Dominique SEUX, Professeure des Universités
Vice-Doyen
:
M. Stéphane VIENNOT, Maître de Conférences
Vice-Doyen Etudiant :
Mlle DARNE Juliette
SOUS-SECTION 56-01:
PEDODONTIE
Professeur des Universités :
Maître de Conférences :
M. Jean-Jacques MORRIER
M. Jean-Pierre DUPREZ
SOUS-SECTION 56-02 :
ORTHOPEDIE DENTO-FACIALE
Maîtres de Conférences :
M. Jean-Jacques AKNIN, Mme Sarah GEBEILE-CHAUTY,
Mme Claire PERNIER,
SOUS-SECTION 56-03 :
PREVENTION - EPIDEMIOLOGIE
ECONOMIE DE LA SANTE - ODONTOLOGIE LEGALE
Professeur des Universités
Professeur des Universités Associé :
Maître de Conférences
M. Denis BOURGEOIS
M. Juan Carlos LLODRA CALVO
M. Bruno COMTE
SOUS-SECTION 57-01 :
PARODONTOLOGIE
Maîtres de Conférences :
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M. Philippe RODIER,
SOUS-SECTION 57-02 :
CHIRURGIE BUCCALE - PATHOLOGIE ET THERAPEUTIQUE
ANESTHESIOLOGIE ET REANIMATION
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SOUS-SECTION 57-03 :
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Mme Odile BARSOTTI, Mme Béatrice RICHARD,
Mme Béatrice THIVICHON-PRINCE, M. François VIRARD
SOUS-SECTION 58-01 :
ODONTOLOGIE CONSERVATRICE - ENDODONTIE
Professeur des Universités :
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SOUS-SECTION 58-02 :
PROTHESE
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Maîtres de Conférences :
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M. Christophe JEANNIN, M. Renaud NOHARET, M. Gilbert VIGUIE,
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SOUS-SECTION 58-03 :
SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
OCCLUSODONTIQUES, BIOMATERIAUX, BIOPHYSIQUE,
RADIOLOGIE
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
Professeur des Universités :
Maîtres de Conférences :
Maître de Conférences Associé :
Mme Brigitte GROSGOGEAT, M. Olivier ROBIN
M. Patrick EXBRAYAT, Mme Sophie VEYRE-GOULET
Mme Doris MOURA CAMPOS
SECTION 87 :
SCIENCES BIOLOGIQUES FONDAMENTALES ET CLINIQUES
Mme Florence CARROUEL
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
A notre Président du Jury,
Madame le Professeur Brigitte GROSGOGEAT-BALAYRE
Professeur des Universités à l’UFR d’Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l’Université Lyon I
Habilitée à Diriger des Recherches
Nous vous remercions de l’honneur que vous nous faites en acceptant de présider le
jury de cette thèse.
Nous avons particulièrement apprécié votre remarquable implication au sein de la
faculté dentaire de Lyon.
Nous vous témoignons ici de toute notre considération pour votre enseignement et
l’ensemble de vos travaux.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
A notre directrice de thèse,
Madame le Docteur Kerstin GRITSCH
Maître de Conférences à l’UFR d’Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l’Université Lyon I
Nous vous remercions vivement pour l’honneur que vous nous avez fait en
acceptant de diriger ce travail.
Nous vous remercions également pour l’enseignement que vous nous avez apporté
lors des cours magistraux et lors des vacations cliniques.
Votre disponibilité, votre bonne humeur et votre gentillesse nous auront permis de
mener à bien ce travail.
Veuillez recevoir par cette thèse l’expression de notre respect et de notre profonde
admiration.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
A notre juge,
Madame Hanène AYARI
Maître de Conférence Associé à l’UFR d’Odontologie de Lyon
Docteur en Sciences Biologiques
Docteur de l’Université Lyon I
Nous vous remercions pour l’honneur que vous nous faites en acceptant de siéger
dans notre jury.
Cette thèse témoigne de notre reconnaissance et de notre considération.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
A notre juge,
Madame Julie SANTAMARIA
Assitant hospitalo-universitaire au CSERD de Lyon
Docteur en Chrirugie Dentaire
Nous vous remercions pour l’honneur que vous nous faites en acceptant de siéger
dans notre jury.
Cette thèse témoigne de notre reconnaissance et de notre considération.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
SOMMAIRE
INTRODUCTION
1
1. La santé générale et l’hygiène bucco-dentaire
3
1.1 La nécessité de l’hygiène bucco-dentaire
3
1.1.1
La formation de la plaque dentaire et du tartre
3
1.1.1.1 La plaque dentaire
3
1.1.1.2 Le tartre
4
1.1.2
Conséquences bucco-dentaires d’un manque d’hygiène
5
1.1.2.1 La maladie carieuse
5
1.1.2.1.1
Définition et classification
5
1.1.2.1.2
Les complications aigues et chroniques du péri-apex
6
1.1.2.2 Les maladies parodontales
6
1.1.2.2.1
Les gingivites
6
1.1.2.2.2
Les parodontites
7
1.1.2.2.3
Les facteurs de risques
7
1.1.2.3 Les infections fongiques : les candidoses
8
1.1.2.3.1
Description
8
1.1.2.3.2
Facteurs favorisants
9
1.2 Les répercussions des maladies bucco-dentaires sur la santé
générale
10
1.2.1
Interaction entre le diabète et les maladies bucco-dentaires
1.2.2
Interaction entre les maladies cardio-vasculaires et les
maladies bucco-dentaires
1.2.3
1.2.4
10
11
Interaction entre les maladies broncho-pulmonaires et les
maladies bucco-dentaires
12
Interaction entre dénutrition et maladies bucco-dentaires
12
1.3 Les besoins bucco-dentaires des personnes âgées dépendantes
13
1.3.1
Le vieillissement et la santé bucco-dentaire
13
1.3.2
La dépendance
15
1.3.3
Le constat alarmant de différentes études réalisées en EHPAD
16
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.3.4
Les principales solutions à apporter selon le personnel en
EHPAD
19
1.3.4.1 Un exemple de programme de santé mis en place en
Rhône-Alpes
20
1.3.4.2 La profession d’hygiéniste pourrait elle apporter un bénéfice
en institution ?
20
2. La prise en charge médicalisée des personnes âgées en France
21
2.1 Les structures d’accueil des personnes âgées dépendantes en
France
21
2.2 Le personnel présent dans les structures d’accueil pour
personnes âgées dépendantes en France
25
2.3 Les recommandations de soins infirmiers pour l’hygiène buccodentaire en France
26
3. Les moyens matériels à disposition pour l’hygiène buccodentaire
27
3.1 Le contrôle de plaque
27
3.2 Le brossage dentaire
27
3.2.1
Manuel
28
3.2.1.1 Description
28
3.2.1.2 Avantages
28
3.2.1.3 Limites
29
3.2.2
Manuel vs électrique
29
3.2.2.1 Dans la population générale
29
3.2.2.2 Chez les personnes âgées dépendantes
30
3.2.2.3 Limites
31
3.2.3
Le nettoyage inter-dentaire
32
3.2.3.1 Description
32
3.2.3.2 Le fil dentaire
32
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
3.2.3.3 Les brossettes inter-dentaires
32
3.2.3.4 Comparaison fil vs brossettes inter-dentaires
32
3.2.3.5 Application à la population de personnes âgées dépendantes
33
4. Protocole d’évaluation in vitro d’un nouveau dispositif : le
Dispositif de Nettoyage Dentaire (DND)
33
4.1 Contexte et objectifs
33
4.2 Matériel et méthode
33
4.2.1
Matériel utilisé
33
4.2.1.1 Le Dispositif de Nettoyage Dentaire
33
4.2.1.2 Le modèle de travail
35
4.2.1.3 La plaque dentaire artificielle
36
4.2.1.4 Quantification de la plaque dentaire
36
4.2.2
Protocole de nettoyage dentaire
4.3 Perspectives
36
38
CONCLUSION
39
BIBLIOGRAPHIE
41
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
1 INTRODUCTION
Dans les pays industrialisés, la durée de vie chez les hommes et les femmes a augmenté entrainant
une augmentation du nombre et de la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus. En 2013, à
60 ans, un homme peut espérer vivre encore 22,7 ans et une femme 27,3 ans (1). Selon les
hypothèses retenues dans les projections de population de l’Insee, la population des 75 ans et plus
sera ainsi multipliée par 2,5 entre 2000 et 2040, pour atteindre plus de 10 millions de personnes (2).
Une grande partie des personnes âgées de plus de 65 ans est indépendante mais une minorité
nécessite une aide extérieure pour des gestes de la vie quotidienne en raison d’une incapacité
fonctionnelle. Avec l’avancée en âge, la perte d’autonomie est de plus en plus fréquente et un
encadrement spécifique est donc nécessaire. Le vieillissement de la population française conduira
dans les années à venir à une augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes. Ainsi, en
supposant une stabilité de la durée de vie moyenne en dépendance, 1 200 000 personnes seront
dépendantes en 2040, contre 800 000 actuellement (2).
Certaines structures d’accueil et d’hébergement pour personnes âgées proposent un encadrement
spécifique que ce soit d’un point de vue de santé en général et d’aide au quotidien. L’aide apportée
est en fonction du degré de dépendance des personnes âgées. L’hygiène bucco-dentaire est, pour
certaines personnes âgées dépendantes, un acte qu’elles ne peuvent plus réaliser correctement et
qui est de ce fait exécuté par le personnel soignant.
Les troubles visuels et dentaires sont parmi les affections les plus souvent citées alors que le
recours aux soins diminue avec l’âge. De nombreuses études mettent en avant la corrélation entre
santé bucco-dentaire et santé générale ainsi que qualité de la vie.
Cette thèse a pour objectif de montrer le lien entre l’hygiène bucco-dentaire, l’état dentaire et l’état
de santé générale. Un mauvais état dentaire aggrave les co-morbidités mais les co-morbidités
aggravent également l’état dentaire, le tout interagissant sur la qualité de vie. Cependant, nous
verrons que, d’après différentes études réalisées en Etablissement d’Hébergement pour Personnes
Agées Dépendantes (EHPAD), la santé bucco-dentaire des personnes âgées dépendantes
institutionnalisées est médiocre et inquiétante.
Nous présenterons ensuite les différents moyens humains et matériels actuellement mis en place
pour l’hygiène bucco-dentaire en institution.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
2 Enfin, cette thèse présentera un nouveau dispositif encore à l’étude proposé par PRODONTIS qui
devrait améliorer la réalisation et l’efficacité du brossage dentaire chez les personnes âgées. Nous
présenterons ce nouveau dispositif et proposerons un protocole de test in vitro pour juger de
l’efficacité de ce système.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
3 1. La santé générale et l’hygiène bucco-dentaire
1.1 La nécessité de l’hygiène bucco-dentaire
1.1.1
La formation de la plaque dentaire et du tartre (3)
1.1.1.1
La plaque dentaire
La cavité buccale est un écosystème ouvert et abrite de nombreuses bactéries. Pour résister aux
agressions de l’environnement, ces bactéries se regroupent entre elles et forment un biofilm : la
plaque dentaire. C’est une accumulation bactérienne enveloppée dans une matrice qui adhère aux
surfaces qui ne desquament pas notamment les surfaces dures comme la surface des dents, des
implants ou sur les matériaux de restaurations dentaires.
Ce biofilm se forme rapidement en l’espace de quelques heures à quelques jours. Sur une dent
nettoyée, une pellicule se forme en quelques minutes à partir des protéines ou des glycoprotéines
contenues dans la salive.
Les bactéries, surtout des streptocoques et des actinomycètes, s’associent puis s’ancrent solidement
sur les récepteurs de la pellicule grâce à des molécules de surfaces spéciales, les adhésines. A ce
stade, la plaque se compose essentiellement de cocci et bâtonnets gram positif.
D’autres micro-organismes s’arriment à ces premiers colonisateurs et par leur multiplication se
forment des microcolonies.
Des polysaccharides extracellulaires sont formés par des streptocoques et protègent les bactéries
des agressions du milieu. Le biofilm s’accroit et est ensuite appelé plaque dentaire. Il se forme un
système circulatoire dans le biofilm : les micro-organismes peuvent échanger des métabolites, des
facteurs de résistance et de virulence. La résistance de ces différentes bactéries est alors beaucoup
plus élevée que lorsque les bactéries étaient à leur état libre. Les bactéries ancrées dans les
polysaccharides extra cellulaires sont d’emblée 1 000 fois moins sensibles aux antibiotiques que les
bactéries sans cette matrice.
Au fur et à mesure, les bactéries anaérobies augmentent. Les cocci et bâtonnets gramm négatifs, les
spirilles et les spirochètes apparaissent parallèlement à l’augmentation du volume de la plaque. Les
métabolites et les composants cellulaires rejetés activent les systèmes de défense de l’hôte mais les
bactéries sont désormais largement protégées contre les granulocytes et les bactéricides (3).
Cliniquement, la plaque se distingue comme un matériau blanc et mou qui n’est détectable à l’œil
nu que lorsqu’elle atteint une certaine épaisseur. On distingue la plaque supra-gingivale qui est la
plaque présente sur la couronne clinique des dents et la plaque sous-gingivale, celle qui se situe
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
4 dans le sulcus gingival ou dans la poche parodontale. Dans la plaque sous gingivale, les bacilles
anaérobies gramm négatifs prédominent.
La plaque contient des bactéries comme Streptococcus mutans, Lactobacillus et Fusobacterium
nucleatum qui sont plutôt retrouvées dans la maladie carieuse et des bactéries comme Prevotella
intermedia, Porphyromonas gingivalis et Actinobacillus actinomycetemcomitans plutôt retrouvées
dans les maladies parodontales.
1.1.1.2 Le tartre
Le tartre est une substance calcifiée qui se dépose sur les dents et autres surfaces dures de la cavité
buccale. On distingue deux types de tartre : le tartre supra-gingival situé sur la couronne clinique
des dents et le tartre sous-gingival situé sous la gencive. La formation du tartre est toujours
précédée d’une formation de plaque dentaire. En effet, les accumulations de plaque servent de
matrice organique pour la minéralisation.
Le tartre supra-gingival est jaune et des concrétions blanches sont souvent localisées le long du
rebord gingival. Cependant, la couleur peut devenir brune en raison d’une coloration secondaire
provoquée par l’usage du tabac et la présence de colorants alimentaires. On trouve une plus grande
quantité de tartre en regard de l’orifice des canaux salivaires principaux, par exemple sur la face
vestibulaire des premières molaires maxillaires en regard de l’orifice du canal de Sténon.
Le tartre sous-gingival est de couleur brune à noire. Il est plus dur et adhère souvent de façon plus
tenace à la surface de la dent. Le tartre sous gingival est distribué régulièrement sur les diverses
dents mais est plus fréquent sur les faces inter proximales et linguales que sur la face vestibulaire.
Le temps nécessaire à la formation de tartre supra gingival peut être inférieur à deux semaines.
Le tartre seul est peu pathogène mais il offre par sa surface rugueuse un site de rétention de plaque
pour des bactéries viables et nuisibles (4). De grandes quantités de tartre peuvent entraver
l’efficacité des soins d’hygiène bucco-dentaire quotidiens et favoriser ainsi la formation de plaque
qui est, elle, un réservoir de bactéries et un facteur déclenchant de maladies parodontales.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
5 1.1.2
Conséquences bucco-dentaires d’un manque d’hygiène
1.1.2.1 La maladie carieuse
1.1.2.1.1
Définition et classification
La carie dentaire est une maladie infectieuse multifactorielle de la partie minéralisée de la dent.
Elle est liée aux bactéries acidogènes de la plaque, à certains aliments, au terrain du sujet et à la
durée de coexistence de ces facteurs.
Cette maladie se manifeste comme un processus pathologique localisé de la dent, entrainant une
déminéralisation des tissus durs avec répercussion pulpaire et évoluant habituellement vers la
formation d’une cavité par perte de substance. Elle est susceptible d’entrainer des complications
locorégionales et générales.
On classifie les atteintes carieuses de la dent selon l’aspect clinique de la cavité et selon le degré
d’atteinte des différents tissus touchés. Les cinq classes de carie sont :
-
La carie initiale : Cette atteinte ne présente pas de cavitation. C’est une déminéralisation
partielle des cristaux sains de l’émail par les acides. Cette carie est la seule carie réversible,
à condition d’améliorer l’hygiène et si possible d'effectuer une fluoration.
-
La carie superficielle : La carie superficielle est une carie qui n’atteint que l’émail et/ou le
cément. Le processus de reminéralisation est impossible et la lésion progresse rapidement.
Ce stade de la carie est asymptomatique.
-
La carie profonde est une lésion qui atteint l'émail et la dentine. La cavité qui est présente
au niveau de l’émail est plus petite que la cavité interne. Elle progresse plus rapidement car
la dentine est moins minéralisée que l’émail. A ce stade, la pulpe ne présente aucune
altération et si la carie est soignée la dent reste vivante. Le patient présente des douleurs
lorsqu’il y a attouchement du foyer de la carie, lors de variations de températures ou
lorsque la lésion est en contact avec des substances sucrées ou acides.
-
La carie pénétrante est une carie qui a détruit l’émail et la dentine. La carie avance
rapidement en direction de la pulpe. À ce stade, la pulpe est vivante, mais présente des
troubles importants (douleurs aiguës). La présence d’une inflammation pulpaire indique
que la pulpe est malade. Les douleurs sont spontanées principalement en phase aiguë, on
parle alors de pulpite aiguë.
-
La carie perforante est une carie où tous les tissus dentaires sont détruits. La pulpe est
nécrosée et les microorganismes de la carie ont envahi les tissus. Il devient difficile de
reconnaître la structure pulpaire typique. Des complications périapicales (granulomes,
kystes) peuvent se développer. En fonction du degré de nécrose et du stade d'infection
chronique, le patient présente des douleurs qui peuvent être intolérables ou pas.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
6 1.1.2.1.2
Complications aigues et chroniques du péri-apex
Suite à la nécrose pulpaire, les bactéries présentes dans les canaux radiculaires vont entrainer des
lésions de l’os entourant la dent. Ces complications sont des foyers infectieux qui peuvent
entraîner, s’ils ne sont pas traités, des répercussions sur l’état général notamment chez la personne
âgée qui est plus fragile face aux infections.
•
Les complications aiguës :
Les atteintes aiguës du péri-apex, sont des abcès simples avec fluxion (stade aigu de
l’inflammation) ou avec atteinte de l’état général (fièvre). L’abcès peut atteindre les veines faciales
ou une veine de l’oeil et envahir le sinus maxillaire. Le passage à la chronicité se traduit par la
formation d’une fistule mettant en communication le foyer profond avec l’extérieur. Cette fistule
permet l'évacuation du pus.
•
Les complications chroniques :
Les atteintes chroniques du periapex se traduisent par la formation à l’apex d’un tissu de
granulation. On distingue les foyers diffus, difficiles à diagnostiquer avec la radiographie et les
foyers localisés, tels les granulomes qui sont une réaction de défense de l’organisme contre les
bactéries et les toxines provenant du canal dentaire infecté. Dans ce dernier cas, on peut aussi
trouver un kyste. C'est un sac à paroi épithéliale rempli de liquide kystique ayant la même origine
que le granulome. Le kyste a un pouvoir invasif, c'est-à-dire qu’il a la propriété de s’accroître en
détruisant l’os autour de lui. Il peut ainsi créer une grande cavité. Cette évolution est
asymptomatique.
1.1.2.2 Les maladies parodontales
Les parodontopathies sont l’ensemble des pathologies qui aboutissent à la destruction du
parodonte. Les parodontopathies sont principalement des maladies inflammatoires d’origine
bactérienne. On distingue deux stades : les gingivites et les parodontites.
1.1.2.2.1
Les gingivites
Lorsque la plaque dentaire s’accumule, les bactéries contenues dans le biofilm irritent le parodonte
et un processus inflammatoire se met en place. La gencive devient rouge, oedématiée et saigne : ce
sont les signes de la gingivite.
Les gingivites sont des lésions confinées à la gencive marginale et ne touche donc que le parodonte
superficiel. Ces lésions sont réversibles grâce à un nettoyage dentaire profond réalisé par un
praticien dentaire et une bonne hygiène bucco-dentaire maintenue par le patient. Les gingivites non
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
7 traitées peuvent rester stables pendant plusieurs années mais elles peuvent, dans certains cas,
évoluer en parodontite (5).
1.1.2.2.2
Les parodontites
La gingivite chronique peut persister pendant des années sans évoluer vers une parodontite.
Les parodontites constituent une forme plus sévère de maladies parodontales. Elles sont
caractérisées par des lésions irréversibles avec atteinte de tous les tissus de soutien de la dent
progressant par bouffées inflammatoires aigues. Au niveau marginal, les caractéristiques sont
identiques à la gingivite mais les mécanismes inflammatoires atteignent également les structures
parodontales profondes (os alvéolaire, ligament alvéolo-dentaire), ce qui aboutit a une perte
d’attache et à la formation d’une poche parodontale. Le cément est également atteint car il est
contaminé et détruit au cours de ces altérations. On différencie une forme chronique et une forme
agressive qui présentent des degrés de progression et de gravité différents. Environ 90% des
parodontites sont de formes chroniques (5). Cette maladie évolue par poussées aigues qui se
présentent comme des périodes de destruction du parodonte profond. A long terme et sans prise en
charge thérapeutique, des récessions vont apparaître ainsi qu’une mobilité dentaire de plus en plus
importante jusqu'à la chute des dents par perte de la totalité de leur ancrage.
D’après une étude de Bourgeois et coll. (6) réalisée en 2007 sur 2144 personnes âgées de 35 à 64
ans, 95,4% de la population française adulte présenterait une perte d’attache clinique parodontale et
82,2% de cette même population présenterait au moins une poche parodontale. Selon cette même
étude, la prévalence des parodontites en France est d’environ 50%.
1.1.2.2.3
Les facteurs de risques (5)
Une parodontite apparaît lorsque l’équilibre entre bactéries protectrices/bactéries parodonthogènes
et facteurs immunologiques de l’hôte est rompu. La parodontite est une maladie multifactorielle
mais déclenchée par un biofilm bactérien. Les autres facteurs intervenant dans le développement et
la progression des parodontites sont multiples comme :
-
Une baisse des défenses immunitaires spécifiques et non spécifiques déterminées
génétiquement (syndromes) ou acquises (maladies systémiques, virus…),
-
Les habitudes de vie (tabagisme, consommations d’alcool, de médicaments, alimentation)
et l’attitude du patient par rapport à sa sante générale et bucco-dentaire,
-
L’environnement social (facteurs socio-économiques, éducation, activité professionnelle,
famille) qui affecte le bien-être corporel et psychique du patient,
-
Le stress négatif et la charge psychique qui influent sur le système immunitaire.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
8 On peut diviser ces facteurs de risque en deux catégories :
-
Les facteurs non modifiables : génétiques, immunitaires, maladies systémiques, …
-
Les facteurs modifiables : hygiène de vie (tabac, alcool, alimentation), stress, état buccodentaire (hygiène, facteurs de rétention…).
Les parodontites résultent donc d’une interaction entre les bactéries, les facteurs de l’hôte et
l’environnement. Pour éviter l’apparition de cette maladie ou la stabiliser, il faudra donc agir sur
les facteurs de risques modifiables. Le principal facteur sur lequel nous concentrerons nos efforts
est l’amélioration de l’hygiène bucco-dentaire avec l’élimination de la plaque.
1.1.2.3 Les infections fongiques : les candidoses
1.1.2.3.1
Description (7, 8)
Les mycoses sont des infections opportunistes dues à des champignons saprophytes de la flore
buccale. Les levures du genre Candida sont responsables de 90% des mycoses du tube digestif. C.
albicans est l’agent étiologique majeur. Les autres espèces pouvant être impliquées sont C.
tropicalis, C. krusei, C. glabrata … L’infection candidosique est opportuniste c’est à dire qu’elle ne
vient pas d’une contamination mais du passage de la levure du saprophytisme au parasitisme.
La mycose est caractérisée par des lésions érythémateuses, érosives et ulcératives, plus ou moins
douloureuses, responsables d’un important disconfort pour le patient.
Il existe plusieurs types de candidoses buccales qui sont répertoriées en quatre groupes comprenant
les formes érythémateuse, pseudomembraneuse, hyperplasique et la chéilite angulaire ou perlèche.
La forme érythémateuse se caractérise par une muqueuse buccale rouge, inflammatoire et sans
plaques blanchâtres. Le patient exprime une sensation douloureuse à type de brûlure. Elle peut se
compliquer d’un muguet.
Le muguet représente la forme pseudomembraneuse de la mycose. La muqueuse buccale et la
langue sont recouvertes d’un enduit blanchâtre ou blanc jaunâtre qui se détache facilement révélant
une muqueuse rouge érosive. Le patient ressent une sensation de goût métallique et de sécheresse
dans la bouche et peut aussi présenter une dysphagie et une dysgueusie.
La forme hyperplasique est décrite comme une plaque blanche localisée à la région commissurale
de la muqueuse buccale qui s’élimine facilement au grattage. Ces lésions peuvent également être
présentes au palais ou aux joues.
La forme de la chéilite angulaire se présente sous forme de fissures et de croûtes au niveau des
commissures labiales. Elle est favorisée par une prothèse inadaptée, un bruxisme ou un tic de
léchage.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
9 1.1.2.3.2
Facteurs favorisants (7, 8)
Les candidoses buccales sont fréquentes aux âges extrêmes de la vie. Chez le nouveau-né,
l’immaturité du système immunitaire et le développement incomplet de la flore bactérienne
expliquerait une prévalence du muguet buccal de l’ordre de 5 à 7%. Chez les sujets âgés, les
patients édentés ou porteurs de prothèses dentaires sont particulièrement exposés. Une mauvaise
hygiène bucco-dentaire, un diabète mal-équilibré ainsi que la prise de médicaments (en particulier
les psychotropes atropiniques) associés à la senescence sont souvent associés.
Les principaux facteurs favorisants la survenue de candidoses sont :
-
La sécheresse buccale : elle entraîne une baisse du pH buccal, une diminution du flux
salivaire et du taux d’immunoglobulines (Ig A). L’hyposialie peut provenir d’une maladie
comme le syndrome de Gougerot-Sjogren, être physiologique avec la sénescence ou
provoquée par certains médicaments ou traitements.
-
Le niveau d’hygiène orale : une mauvaise hygiène orale entraine une augmentation de la
quantité de plaque et donc une augmentation du portage de germe.
-
L’âge du patient : le portage de C.albicans augmente avec le nombre d’année.
-
Le port de prothèse adjointe : ces prothèses, si elles sont mal nettoyées et portées la nuit,
deviennent des réservoirs de levures et de germes dans l’intrados prothétique.
-
L’état nutritif : certaines avitaminoses ou une malnutritrion généralisée.
-
Toute altération sévère de l’état général : diabète mal équilibré, cancers … Les patients
ayant un cancer sont des sujets à ce type de candidose, en raison d’une part de
l’effondrement de leurs défenses et d’autre part de la toxicité propre aux thérapeutiques
anticancéreuses.
-
La prise de médicaments : les antibiotiques au long cours et à large spectre détruisent la
flore saprophyte et favorisent la prolifération des levures par élimination de la compétition
bactérienne. Les corticoïdes et les immunosuppresseurs inhibent des réactions de défense ;
les psychotropes, les hypertenseurs et les spasmolytiques diminuent la sécrétion salivaire.
-
La radiothérapie provoquant des destructions tissulaires et des altérations des fonctions de
la cavité orale favorise le développement de mycoses. En effet, les mycoses sont des effets
secondaires indirects de la radiothérapie anticancéreuse par destruction des glandes
salivaires par les rayonnements provoquant une hyposialie qui est le principal facteur
induisant une candidose.
-
Le tabagisme et la consommation d’alcool sont des facteurs d’aggravation. Les altérations
buccales provoquées par le tabac et le déséquilibre de la physiologie du milieu buccal
induit par l’alcool favorisent l’apparition de mycose buccale.
GUILLAUME
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10 1.2 Les répercussions des maladies bucco-dentaires sur la santé générale
La présence d’une mauvaise hygiène bucco-dentaire et de pathologie dentaire ou parodontale non
traitée a une action sur le risque de développer ou d’aggraver certaines maladies. Ce risque est
d’autant plus présent lorsque l’on s’intéresse aux personnes âgées qui sont déjà physiologiquement
plus fragiles et qui sont souvent atteintes de plusieurs pathologies.
1.2.1
Interaction entre le diabète et les maladies bucco-dentaires
Le diabète sucré est une maladie métabolique caractérisée par une hyperglycémie chronique liée à
une déficience, soit de la sécrétion d’insuline, soit de l’action de l’insuline, soit des deux. D’après
une estimation faite en 2009 par le régime général de l’assurance maladie en France, la prévalence
du diabète traité pharmacologiquement augmenterait fortement avec l’âge, jusqu'à un maximum de
19,7% des hommes âgés de 75-79ans et de 14,2% des femmes de même âge. L’âge moyen des
personnes diabétiques traitées pharmacologiquement étant de 65,1ans (9).
On n’observe pas d’augmentation de la prévalence de la carie chez les diabétiques, en dehors
du diabète insulino-dépendant mal contrôlé et chez les diabétiques non insulino-dépendants
présentant un diabète de longue date.
Cependant, le diabète est un facteur de risque de la maladie parodontale. En effet, la
prévalence de la maladie parodontale est de 60% chez les diabétiques et de 36% chez les nondiabétiques d’après l’étude de Nelson et coll. en 1990 (10). De plus, Emrich et coll. (11), dans une
étude sur 1342 individus, conclut que les diabétiques ont 3 fois plus de risques de développer une
maladie parodontale que les patients non diabétiques. En cas de diabète mal contrôlé, on observe
une augmentation de la sévérité des maladies parodontales mais pas de leur étendue. Ainsi,
les diabétiques bien contrôlés ne présentent pas de différence en terme de risque parodontal
comparés aux non diabétiques. D’après Loë en 1993 (12), la parodontite est la 6ème complication
du diabète.
D’une part, le diabète est un facteur de risque de présenter une parodontite, d’autre part, une
parodontite non stabilisée perturberait, dans certaines conditions, le contrôle métabolique du
diabète. En effet, toutes les infections altèrent l’équilibre métabolique de l’hôte en induisant une
insulino-résistance, d’où la difficulté de contrôler la glycémie. Ceci met en évidence la nécessité de
soigner rapidement les parodontites chez les patients diabétiques (13).
De même que les parodontites, les infections d’origine dentaire comme les kystes suite à la nécrose
d’une dent perturbent le contrôle de la glycémie et chronicisent l’hyperglycémie et ses
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(CC BY-NC-ND 2.0)
11 conséquences. C’est pourquoi les soins dentaires doivent être suivis pour éviter l’existence de
foyers infectieux évoluant à bas bruit et compliquant le suivi du diabète.
1.2.2
Interaction entre les maladies cardio-vasculaires et les maladies buccodentaires
L’athérosclérose est à l’origine des accidents cardio-vasculaires majeurs. C’est une pathologie
multifactorielle tout comme la parodontite. Ces deux pathologies ont des facteurs de risques
communs comme le tabac, le diabète et des conditions socio-économiques faibles.
D’après les études de Persson et coll. (14) et de Lee et coll. (15), il existerait un lien entre maladies
cardio-vasculaires et parodontites chez les personnes de plus de 60 ans. 50% d’entres elles
présentaient une parodontite et 55% un diagnostic positif d’athérosclérose. L’existence de facteurs
de risques communs aux deux maladies peut expliquer ce lien.
Lors de la maladie parodontale, l’ulcération du parodonte atteint permettrait le passage permanent
de bactéries et de médiateurs de l’inflammation vers la circulation générale. Des débris bactériens,
des endotoxines et des lipopolysaccharides atteindraient le sang périphérique et pourraient être à
l’origine d’altérations favorisant l’athérosclérose et les thromboses artérielles (16).
Les mécanismes associant la maladie parodontale aux altérations hémodynamiques et
vasculaires peuvent être majorés chez les sujets âgés puisque ceux-ci cumulent souvent une
hygiène bucco-dentaire très détériorée et des systèmes de défense tissulaire et immunitaire
diminués. De plus, un mauvais état buccal favorise les modifications alimentaires et les régimes
athérogènes.
Plusieurs études et méta-analyses (17, 18, 19) ont analysé la relation entre parodontite et maladies
cardio-vasculaires. Ces études corrèlent l’état parodontal à la survenue d’un évènement, qui peut
être par une maladie coronarienne, une attaque cérébrale ou une maladie vasculaire périphérique.
La plupart des études laisse apparaître une association faiblement significative entre maladies
orales et maladies cardiovasculaires. Actuellement, aucun consensus n’a été établi et il est donc
difficile d’affirmer que la maladie parodontale constitue un facteur de risque indépendant
des maladies cardio-vasculaires.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
12 1.2.3
Interaction entre les maladies broncho-pulmonaires et les maladies buccodentaires
Les pathologies respiratoires représentent la seconde cause d’infection en institution. Le risque
infectieux est 3 à 5 fois plus important chez les personnes âgées et est fortement lié à leur
niveau de dépendance (20). Les infections de la sphère ORL et de l’appareil respiratoire
représentent 40% chez les personnes âgées institutionnalisées (21).
Il faut distinguer deux types d’atteintes respiratoires qui peuvent être liés à l’hygiène buccodentaire : tout d’abord les pathologies infectieuses regroupant les pneumopathies, les abcès
pulmonaires et les pleurésies purulentes ; et les broncho-pneumopathies chroniques obstructives
(BPCO) regroupant la bronchite chronique et l’emphysème.
Concernant les pathologies pulmonaires infectieuses, de nombreuses études (22, 23, 24) ont
montré la relation existant entre une hygiène buccale médiocre et une infection respiratoire.
La cavité buccale est un milieu colonisé par les bactéries et peut être considérée comme un
réservoir de germes. On y retrouve notamment des bactéries anaérobies associées à l’apparition de
pneumopathies par inhalation lors des troubles de la déglutition, de pneumopathies nosocomiales,
des abcès pulmonaires et des pleurésies purulentes. L’augmentation des germes buccaux, favorisée
par une hygiène défectueuse, une réduction du flux salivaire et des difficultés masticatoires,
prédispose à la survenue de ces pneumopathies. Lorsque la quantité et la complexité de la plaque
dentaire augmente, les pathogènes respiratoires peuvent la coloniser et acquérir des résistances aux
antibiotiques (25).
Chez les patients présentant un trouble de la déglutition, les germes buccaux sont susceptibles
d’être aspirés. Les données actuelles de la littérature suggèrent qu’une mauvaise santé orale est un
facteur de risque majeur de pneumonie d’aspiration (26).
Le lien entre BPCO et maladies parodontales est évoqué. Scannapieco (22) a montré une
association entre BPCO et perte d’attache dentaire et il semblerait que la gravité de la BPCO
évoluerait de façon parallèle à la perte d’attache. Cependant, des études épidémiologiques plus
précises sont nécessaires.
1.2.4
Interaction entre dénutrition et les maladies bucco-dentaires (27)
Le risque de dénutrition est un fléau dans la population du 4ème âge. Il multiplie par 2 ou 4 le risque
de mortalité après 70 ans. La malnutrition entraîne un affaiblissement de l’organisme, une
déficience immunitaire avec un risque infectieux augmenté et un temps de convalescence multiplié
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(CC BY-NC-ND 2.0)
13 par 4 par rapport à une personne âgée idéalement nourrie. C’est également un facteur aggravant des
dépressions, maladies chroniques ou neurodégénératives.
Les causes de dénutritrion peuvent être classées en plusieurs catégories :
-
Les causes fonctionnelles : dégénérescence de l’articulation temporo-mandibulaire,
diminution de l’efficacité des muscles masticateurs, diminution du flux salivaire,
diminution du nombre de dents et prothèses amovibles mal adaptées ;
-
Les causes pathologiques : handicap, pathologies digestives, paralysie faciale suite à un
AVC, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer associant des troubles de la mastication
et de la déglutition ;
-
Les causes médicamenteuses : altérations du goût par la prise de certains antibiotiques,
diminution du flux salivaire avec certains psychotropes ;
-
Les causes liées à un mauvais état bucco-dentaire : une hygiène déficiente ou absente
entrainera des gingivopathies, des parodontopathies et une perte d’appétence. Elle
entrainera également des caries, des candidoses (entraînant des sensations de brûlure et une
altération du goût), des stomatites prothétiques et une mobilité dentaire jusqu’à leur perte.
Tous ces maux induisent des douleurs et une perte de confort masticatoire qui conduisent à
l’éviction de certains aliments durs et riches en fibres.
Ainsi un état bucco-dentaire non satisfaisant, une diminution du nombre de dents et le
vieillissement physiologique des tissus bucco-dentaires favorisent les régimes pauvres en fruits,
fibres et protéines, et riches en hydrates de carbone. On observe des carences en micronutriments (fer, vitamine A, C, D, acide folique)
et en protéines chez les personnes
présentant un état dentaire défectueux. A cette carence s’ajoute un risque accru de morbidité
et de mortalité (28).
1.3 Les besoins bucco-dentaires des personnes âgées dépendantes
1.3.1
Le vieillissement et la santé bucco-dentaire (29, 30, 31)
Physiologiquement, avec l’âge, les tissus dentaires (émail, dentine et cément) et les tissus
parodontaux subissent un processus de sénescence. Ces modifications entrainent une
augmentation de la prévalence et de la sévérité des caries et des parodontopathies.
Les dents accumulent un niveau d’usure avec les années. Des fêlures apparaissent sur l’émail et des
pertes de substance par érosion, abrasion ou attrition favorisent l’exposition de dentine sclérotique.
La dentine est sclérosée et s’imperméabilise ce qui a pour conséquence de fragiliser la dent qui
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(CC BY-NC-ND 2.0)
14 devient plus « cassante ». De plus, le complexe dentino-pulpaire voit sa densité cellulaire diminuer
ce qui entraîne une diminution du potentiel de réparation et de cicatrisation par diminution de
l’innervation et de la vascularisation.
La dégradation du parodonte est progressive. On observe une perte d’élasticité de la gencive et un
aspect plus lisse. Les gencives deviennent plus fragiles face aux agressions microbiennes et
mécaniques. La gencive se rétracte et on observe une migration de l’attache épithéliale vers l’apex
de la dent et une destruction de l’os alvéolaire. Cette rétraction gingivale peut être accentuée par
une atteinte pathologique du parodonte.
En raison de ces modifications physiologiques et de la difficulté à maintenir une hygiène
satisfaisante, le processus carieux débute très souvent au collet des dents ou au niveau des faces
proximales. L’évolution de la lésion se fait à bas bruit jusqu’à atteindre la pulpe sans manifestation
clinique en raison de la calcification pulpaire et canalaire. Les réactions pulpaires se présentent
plutôt sous forme d’inflammation chronique ou processus dégénératif évoluant sans
symptomatologie. C’est alors l’infection apicale douloureuse qui conduira le patient à
consulter.
Si l’on ajoute à cela une atteinte parodontale, la lésion carieuse cervicale provoque une fragilité de
la structure dentaire ce qui conduit fréquemment à une fracture de la couronne parfois sous l’effet
d’une faible pression. Si cette fracture est laissée en l’état, elle devient une porte d’entrée
infectieuse.
La perte de dent, associée à l’usure dentaire, diminue la qualité des calages postérieurs entre la
mandibule et le maxillaire nécessaire à la fonction de mastication et de déglutition.
On observe également des modifications salivaires que ce soit de façon quantitative ou qualitative
dues à l’atrophie des glandes salivaires. Ces déficits salivaires sont souvent d’origine iatrogène par
la prise de certains médicaments à action sialoprive. La diminution de la production salivaire est
retrouvée parmi les effets secondaires de plus de 400 médicaments et 80% des médicaments
les plus prescrits en gériatrie sont responsables de xérostomie (32). La sécheresse buccale est
aussi provoquée par la respiration buccale qui prédomine chez les insuffisants respiratoires et les
personnes en fin de vie. La sécheresse buccale entraîne des gênes fonctionnelles (difficultés lors de
la mastication, de la déglutition, de la phonation) mais elle entraîne également une augmentation du
risque de caries, d’infection des muqueuses (candidose par exemple) et de mauvaise tolérance
prothétique.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
15 Les muqueuses buccales subissent aussi le phénomène de vieillissement. Elles s’atrophient ce qui
les fragilise et diminue leur potentiel de réparation. Elles ont un aspect fin et lisse et perdent de leur
élasticité. Les répercussions fonctionnelles sont nombreuses, notamment en terme de fragilité
muqueuse, de susceptibilité accrue aux agressions externes et de retard de cicatrisation. De plus,
l’atrophie des muqueuses masticatoires et de recouvrement, entraînant une vulnérabilité aux
traumatismes et à la pression durant la mastication, expliquent la difficulté de consommer des
aliments durs et une moindre tolérance au port de prothèses dentaires.
Ces modifications dues au vieillissement concernent également la muqueuse dite « spécialisée » au
niveau lingual, ce qui entraîne la disparition de nombreux bourgeons du goût responsable d’une
modification de la perception gustative de la personne âgée. Cette dégradation du goût par
diminution des récepteurs gustatifs et du flux salivaire s’accompagne d’un comportement de
compensation par une consommation accrue d’aliments sucrés qui augmente le risque carieux.
On distingue diverses pathologies :
-
Les pathologies muqueuses bénignes non tumorales : on retrouve surtout des pathologies
dystrophiques (ulcérations, langue lisse dépapillée...), des pathologies infectieuses
(candidoses, pemphigus...) et des lésions blanches kératosiques.
-
Les tumeurs buccales bénignes : chez la personne âgée on trouve essentiellement des
hyperplasies gingivales ou des fibromes provoqués par des prothèses.
-
Les tumeurs buccales malignes avec les carcinomes épidermoïdes.
1.3.2
La dépendance (33)
L’allongement de la durée de la vie est l’un des indicateurs de l’amélioration de l’état de santé
d’une population. Mais au fil des ans, les incapacités s'accumulent et peuvent empêcher
l'accomplissement autonome des actes de la vie quotidienne, obligeant à recourir à une aide. La
personne devient dépendante.
En France, la grille AGGIR (Autonomie, Gérontologie, Groupe Iso-Ressources) est utilisée pour
permettre de classer les personnes âgées selon leur degré de dépendance. Elle évalue et quantifie le
degré de perte d’autonomie des résidents. Le Groupe Iso-Ressource (GIR) permet également de
déterminer l’Allocation Personne Agée. Les six groupes iso-ressources prévus par la grille AGGIR
peuvent être schématiquement caractérisés de la manière suivante :
-
Le GIR 1 correspond aux personnes âgées confinées au lit, dont les fonctions mentales sont
gravement altérées et qui nécessitent une présence indispensable et continue
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(CC BY-NC-ND 2.0)
16 d’intervenants. Dans ce groupe, se trouvent également les personnes en fin de vie ;
-
Le GIR 2 regroupe deux catégories majeures de personnes âgées :
!
celles qui sont confinées au lit ou au fauteuil, dont les fonctions mentales ne sont
pas totalement altérées et qui nécessitent une prise en charge pour la plupart des
activités de la vie courante,
!
celles dont les fonctions mentales sont altérées mais qui ont conservé leurs
capacités à se déplacer ;
-
Le GIR 3 correspond, pour l’essentiel, aux personnes âgées ayant conservé leur autonomie
mentale, partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui nécessitent quotidiennement
et plusieurs fois par jour des aides pour leur autonomie corporelle. La majorité d’entre elles
n’assume pas seule l’hygiène de l’élimination fécale et urinaire ;
-
Le GIR 4 comprend deux catégories de personnes âgées :
!
celles n’assurant pas seules leurs transferts mais qui, une fois levées, peuvent se
déplacer à l’intérieur du logement. Elles doivent parfois être aidées pour la toilette
et l’habillage. Une grande majorité d’entre elles s’alimente seule,
!
celles n’ayant pas de problèmes locomoteurs, mais devant être aidées pour les
activités corporelles et pour les repas ;
-
Le GIR 5 comprend des personnes assurant seules leurs déplacements à l’intérieur de leur
logement, s’alimentant et s’habillant seules. Elles ont besoin d’une aide ponctuelle pour la
toilette, la préparation des repas et le ménage ;
-
Le GIR 6 se compose des personnes qui n’ont pas perdu leur autonomie pour les actes
discriminants de la vie courante.
1.3.3
Le constat alarmant de différentes études réalisées en EHPAD
Différentes études effectuées auprès de personnes âgées hébergées en EHPAD dans plusieurs
régions françaises attestent d’une situation préoccupante que ce soit sur le plan de la santé buccodentaire, du risque infectieux à distance, de l’accès aux soins ou encore concernant l’hygiène
bucco-dentaire.
Les résultats d’une étude (34) démarrée en 2004 auprès de 152 EHPAD en Poitou Charentes et
Limousin (756 résidents) font état des résultats suivants :
-
L’âge moyen des 756 résidents était de 85,2 ± 9,1ans.
-
Dans la plupart des cas, la dépendance était importante, l’indice AGGIR ne dépassant pas 4
(patients totalement ou très dépendants) pour 73% des résidents.
-
Pour 78,2% des résidents, les besoins en santé bucco-dentaire n’étaient pas couverts,
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
17 particulièrement dans les domaines de la prévention et de l’accès aux soins
-
Seulement un très faible pourcentage (1,3%) des résidents avait bénéficié d’un bilan buccodentaire à leur entrée dans l’établissement
-
La présence de plaque dentaire et de tartre a été relevée sur plus de la moitié des
dents résiduelles respectivement pour 55,2% et 55% des résidents dentés.
-
Une inflammation gingivale, généralisée ou localisée sur au moins deux dents a été relevée
chez 34,7% des résidents.
-
L’existence de dépôts alimentaires sur les muqueuses, les dents résiduelles ou les
prothèses a été notée pour 37,3%.
-
Le besoin de soins en raison de l’existence d’au moins un foyer infectieux ou douloureux a
été relevé pour 52,3% des résidents, parmi lesquels 88,6% n’étaient pas en cours de soins.
Le besoin en extraction dentaire a été noté pour 53% des résidents et les besoins en soins
conservateurs concernaient 34,9% d’entre eux.
-
L’état des muqueuses a été évalué pour 664 résidents et des lésions d’origine infectieuse,
traumatique ou inflammatoire ont pu être observées pour 10,8% des résidents.
-
Pour 55,6% des résidents, un besoin de restauration prothétique conjointe ou partielle
adjointe ou totale a été relevé.
-
Il n’existe aucun protocole écrit d’hygiène bucco-dentaire dans 75,7% des
établissements,
-
Le brossage des dents était quotidien pour 64,2% des résidents, hebdomadaire pour
13,8% et aucun brossage n’était réalisé pour 22%.
-
Les prothèses amovibles étaient nettoyées quotidiennement pour 90,3 % des
résidents, une fois par semaine pour 4,3% et jamais pour 1,6%
-
35,5% des directeurs déclarent avoir rencontré des difficultés pendant l’année écoulée pour
répondre aux besoins en soins bucco-dentaires des résidents
-
Il était possible de réaliser les soins dentaires dans l’établissement grâce à l’intervention
d’un praticien vacataire dans 11,2% des cas (17/152). Parmi ces établissements, 5
disposaient d’un équipement dentaire.
-
Dans 53% des cas, des filières de prise en charge orientent les résidents vers le secteur
libéral ou hospitalier. Les obstacles à la mise en place de telles filières sont principalement
l’absence de structure de soins et/ou de praticien à proximité, le coût des soins et l’absence
de personnel pouvant accompagner les résidents.
-
Dans les 47% de cas restant, l’accès aux soins dentaires est du ressort du résident lui-même
ou de sa famille.
Les résultats d’une étude (35) menée par BORY et coll. en 2009 auprès de 431 personnes âgées
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(CC BY-NC-ND 2.0)
18 dépendantes résidants dans 12 établissements du groupe Accueil et Confort Pour Personnes Agées
(ACPPA) de la région Rhône-Alpes montrent que :
-
L’âge moyen des 431 résidents est de 83,8 ± 8,9ans avec une prédominance féminine
(76,6%)
-
73,3% des résidents avaient un score AGGIR inférieur ou égal à 3.
-
Seuls 26% des résidents pouvaient se prendre en charge pour réaliser l’hygiène orale.
Parmi eux, 69 des 112 résidents pratiquaient le brossage des dents et/ou des prothèses
au moins une fois par jour et 43 ne le faisaient jamais.
-
Les autres résidents étaient partiellement ou totalement dépendant pour l’hygiène
orale. Il a été observé qu’une fréquence de moins de un brossage quotidien était
réalisé chez 29,8% d’entre eux.
-
En se basant sur le score de l’indice simplifié d’hygiène orale selon Greene et
Vermillon, l’hygiène orale a été évaluée bonne chez 35,4%, passable chez 32,3% et
mauvaise chez 32,3% des résidents.
-
L’indice de saignement gingival de Loë et Silness moyen était de 1,1 ± 1,2. La gingivite
était légère chez 34%, modérée chez 17,8% et sévère chez 15% des résidents, soit au total
une prévalence de 66,8%. D’après l’étude, la prévalence était significativement plus élevée
chez les patients dépendants pour les gestes d’hygiène orale que chez les autonomes.
-
Le CAO moyen était de 26,2 ± 6,8. Le CAO chez les résidents dépendants pour leur
hygiène orale était en moyenne supérieur de 2,92 dents par rapport aux autonomes.
-
73,5% des résidents ayant au moins une dent présentaient une lésion carieuse.
-
Le nombre de dents absentes par résidents était de 19,5 ± 9,7. 98,7% des patients avaient
au moins perdu une dent et 16,7% étaient édentés.
-
Deux tiers des résidents portaient une prothèse fixe ou amovible. Dans 77,6% des cas, du
tartre et des débris alimentaires recouvraient ces prothèses.
-
23,6% des résidents édentés totaux n’avaient pas de prothèse.
Les résultats de ces deux études dressent un « état des lieux » préoccupant sur l’état bucco-dentaire
des personnes âgées institutionnalisées. D’autres études font le même constat comme l’étude
réalisée par l’URCAM Nord-Pas de Calais publiée en 2006.
Ce constat n’est pas seulement national comme nous le montre par exemple une étude (36) publiée
en 2013 et réalisée sur 1 447 résidents à Helsinki en Finlande.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
19 Cette étude montre notamment que :
-
17% des résidents ne pratiquent pas de brossage des dents et/ou des prothèses
quotidiennement
-
52% des résidents sont édentés et 13% d’entre eux n’ont pas de prothèse.
-
Parmi les résidents édentés, seulement 19% nettoient leur bouche quotidiennement.
-
La dépendance dans la vie de tous les jours, les problèmes de mémoire et la diminution de
la vision sont significativement associés avec la diminution de la fréquence de brossage.
1.3.4
Les principales solutions à apporter selon le personnel en EHPAD
Pendant l’étude de Cohen et coll. (34), démarrée en 2004, auprès de 152 EHPAD en Poitou
Charentes et Limousin, des questionnaires ont été distribués aux directeurs d’établissements et au
personnel soignant afin d’émettre des propositions d’actions qu’ils estimaient prioritaires pour
améliorer la santé bucco-dentaire des résidents. Les suggestions d’actions de prévention buccodentaire données par les directeurs et les soignants sont tout d’abord de « former le personnel
existant aux techniques d’hygiène » pour 38,2% des directeurs et 39,4% des soignants, « mettre
en place des protocoles d’hygiène dans les EHPAD » pour 29,6% des directeurs et 35,4% des
soignants, puis de « créer un corps de professionnels missionnés dans les EHPAD » pour 29,6%
des directeurs et 23,3% des soignants.
Dans l’étude publiée par l’URCAM Nord-Pas de Calais en 2006 (37), 167 questionnaires ont été
remplis par le personnel soignant pour expliquer selon eux les motifs pour lesquels les soins buccodentaires pouvaient ne pas être dispensés de façon habituelle. Il en résultent trois raisons
principales qui sont premièrement le manque de temps pour 25% des soignants, deuxièmement le
manque de matériel pour 16% et une formation insuffisante pour 12% d’entre eux.
Le comportement des soignants vis à vis du soin de bouche est aussi dû à la perception qu’ils en
ont. En effet, l’hygiène bucco-dentaire est perçue comme une corvée chronophage,
fréquemment omise par manque de temps, pratiquée seul, peu gratifiante et intrusive pour le
patient (38). C’est pourquoi il est nécessaire de former les soignants dans l’acquisition des
pratiques avec du matériel pédagogique efficace et de mettre à leur disposition des protocoles
formalisés et des matériels adaptés. Il faut également chercher à développer une culture
professionnelle qui promeut et valorise le soin de bouche en institution pour que les soignants
identifient certaines pathologies et déclenchent les actions appropriées pour leur prise en charge.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
20 1.3.4.1
Un exemple de programme de santé mis en place en Rhône-Alpes (39,
40, 41, 42)
Depuis 1996, en Rhône-Alpes, un programme de santé orale a été mis en œuvre par SOHDEV
(Santé Orale, Handicap, Dépendance Et Vulnérabilité). Ce programme est appliqué, au départ au
Centre Hospitalier du Vinatier, puis dès 1997 à 10 structures médicosociales (dont des EHPAD) sur
plusieurs départements de la région (Rhône, Isère, Ain, Savoie). Ce programme sera
progressivement généralisé dès 2005 dans toute la région Rhône Alpes.
Le programme s’appuie sur trois axes indissociables :
-
La sensibilisation et l’information des patients et/ou de leur entourage, des
professionnels et des décideurs. Ces actions de sensibilisation sont, par exemple, la
« Quinzaine du Sourire Rhône-Alpes » destinée à informer les jeunes retraités, les patients,
leur entourage et les professionnels exerçant en EHPAD ainsi que les résidents et leur
famille. Cette opération consiste en l’organisation de réunions dans les établissements, de
conférences, de tables rondes complétées par une exposition itinérante. Ainsi, chaque
année, plus de 500 personnes âgées, leurs proches et 300 professionnels médicaux et paramédicaux sont informer et sensibiliser par cette campagne de prévention.
-
La formation des professionnels : SODHEV assure différents types de formation (initiale
et continue) auprès de professionnels médicaux et paramédicaux impliqués dans la prise en
charge des personnes en situation de dépendance. En 6 ans, 81 établissements médicosociaux ont signé une convention pour l’organisation d’une formation au sein de leur
structure.
-
L’accès à un dispositif de soins adaptés intégrant accompagnement aux soins et
concertation pluri-professionnelle : le réseau SBDH-RA (Santé Bucco-Dentaire et
Handicap – Rhône-Alpes) a développé une offre graduée de soins afin d’améliorer l’accès
au soins pour les personnes âgées ou handicapées.
1.3.4.2
La profession d’hygiéniste pourrait elle apporter un bénéfice en
institution ?
Dans le Sud Australien, face aux besoins objectifs de soins dentaires de la population
institutionnalisée, la profession dentaire a modifié la législation des hygiénistes en les autorisant à
pratiquer certains soins seuls dans les institutions, en respectant le plan de traitement recommandé
par le chirurgien dentiste (38). Dans de nombreux pays, la profession d’hygiéniste dentaire est
reconnue et autorisée. Selon l’OMS, l’hygiéniste dentaire est une personne qui a suivi un
programme d’enseignement basique en hygiène, qui est qualifiée et légalement autorisée dans son
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
21 pays à exercer pour promouvoir la santé, prévenir les pathologies et les soigner pour réhabiliter
l’équilibre bucco-dentaire. C’est une profession paramédicale.
La profession d’hygiéniste n’est pas enseignée et légalisée dans tous les pays. En 2013, dans
l’Union Européenne des 27, 22 pays légalisent cette profession : l’Allemagne, l’Autriche, Chypre,
le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, la
Lettonie, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, la Roumanie, le
Royaume-Unis, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède (43). Seuls la Belgique, la Bulgarie, la
France, la Grèce et le Luxembourg n’ont pas d’hygiéniste dans leur pays. Cette profession est
également présente en dehors de l’UE comme aux Etats-Unis, au Canada et en Suisse.
D’après une étude internationale de l’OMS (38), les indices CAOD (indice de carie par dent :
somme des dents permanentes cariées, absentes par carie et obturées) apparaissent plus bas dans les
pays ayant mis en place des stratégies d’hygiène dentaire. L’une des raisons expliquant cette baisse
serait la reconnaissance de la profession d’hygiéniste dentaire. La présence de cette profession en
institution faciliterait le développement des programmes de prévention et le suivi de l’état
bucco-dentaire.
2. La prise en charge médicalisée des personnes âgées
2.1 Les structures d’accueil des personnes âgées en France
Il existe trois grands types d’établissements d’hébergements pour personnes âgées :
-
les maisons de retraite : lieux d’hébergement collectif qui assurent une prise en charge
globale de la personne âgée, incluant l’hébergement en chambre ou en logement, les repas
et divers services spécifiques
-
les logements-foyers : groupes de logements ou de chambres autonomes assortis
d’équipements ou de services collectifs dont l’usage est facultatif
-
les Unités de Soins de Longue Durée (USLD) : situées dans des hôpitaux, elles assurent
l’hébergement des personnes dépendantes dont l’état nécessite une surveillance médicale
constante et des traitements d’entretien. Ce sont des services qui ne sont pas exclusivement
réservés aux personnes âgées mais celles-ci constituent une part importante de leur
patientèle.
Les établissements d’hébergements temporaires, les centres de jours et les établissements
expérimentaux s’ajoutent à ces structures d’accueil.
Tous ces établissements peuvent être public, privé à but non lucratif ou privé à but lucratif.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
22 Depuis 2002, les établissements accueillant des personnes âgées dépendantes signent des
conventions tripartites avec leur conseil général et l’assurance maladie devenant ainsi des
établissements d’hébergements pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Ces établissements
s’engagent sur les conditions de fonctionnement de l’établissement sur le plan financier et sur la
qualité de prise en charge des personnes et des soins qui leur sont prodigués. Ainsi, les EHPAD se
distinguent aujourd’hui des autres établissements. Un EHPAD peut être issu d’une USLD, d’une
maison de retraite et également, mais plus rarement, d’un logement-foyer.
Une enquête réalisée par la DREES (Direction de la Recherche des Etudes des Evaluations et des
Statistiques) en 2011 (44) recueille des informations sur l’activité des établissements médicosociaux accueillant les personnes âgées, ainsi que sur le personnel qui y travaille et les personnes
âgées qui y résident. D’après cette enquête, au 31 décembre 2011, on recense 10 481
établissements d’hébergements pour personnes âgées (EHPA) offrant 719 810 places dont 7 752
EHPAD qui totalisent 82% des places. Entre 2007 et 2011, la progression du nombre d’EHPAD se
poursuit. A la fin 2011, la quasi-totalité des maisons de retraite ont signé une convention tripartite :
seules 334 maisons de retraite et 97 USLD ne sont pas des EHPAD. Ces USLD devront se
positionner entre l’EHPAD et les services de soins de suite et de réadaptation. Les 2 233 foyerslogements offrent 108 340 places pour des personnes âgées peu dépendantes qui ne nécessitent pas
de prise en charge médicale. Ils représentent 15% de la capacité totale d’accueil dans les
établissements
pour
personnes
âgées
à
la
fin
201
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
23 Tableau 1
Nombre de structures d’hébergement pour personnes âgées et nombre de places installées,
selon la catégorie détaillée d'établissements en 2007 et en 2011
Nombre de structures
Places installées
Catégorie d’établissements et statut juridique
Evolution de 2007
à 2011 (en %)
Nombre
Nombre
de
de places
structures
2007
2011
2007
2011
Établissements+d'hébergement+pour+personnes+âgées+
dépendantes+(EHPAD)
6 855
7 752
514 640
592 900
13
15
EHPAD privés à but lucratif
1 432
1 681
95 380
118 240
17
24
EHPAD privés à but non lucratif
1 952
2 271
136 090
162 100
16
19
EHPAD publics
3 471
3 800
283 170
312 560
9
10
1 651
EHPAD publics hospitaliers
2 149
EHPAD publics non hospitaliers
Logement-foyers
Logements-foyers privés à but lucratif
152 840
159 720
2 330
2 233
115 980
108 340
-4
-7
59
83
2 800
3 620
41
29
-4
624
612
31 010
29 680
-2
1 647
1 538
82 170
75 040
-7
-9
Maisons de retraite (non EHPAD)
806
334
34 390
9 440
-59
-73
Maisons de retraite privées à but lucratif
277
104
8 740
2 710
-62
-69
Maisons de retraite privées à but non lucratif
331
180
11 460
5 190
-46
-55
Maisons de retraite publiques
198
50
14 190
1 540
-75
-89
Unités de soins de longue durée
232
97
17 670
7 940
-58
-55
Autres *
82
65
1 480
1 190
-21
-20
10 305
10 481
684 160
719 810
2
5
Logements-foyers privés à but non lucratif
Logements-foyers publics
Ensemble des établissements d'hébergement
pour personnes âgées
* Résidences d'hébergement temporaire et établissements expérimentaux (non EHPAD).
Lecture : Au 31 décembre 2011, 7 752 EHPAD disposent de 592 900 places d’accueil.
Champ : France, établissements d’hébergement pour personnes âgées, hors centres d’accueil de jour.
Sources : DREES, enquêtes EHPA 2007, 2011.
La moitié des EHPAD disposent d’une capacité d’accueil supérieure à 72 places. Les foyerslogements et les USLD comptent, pour moitié d’entre eux, moins d’une cinquantaine de places.
L’hébergement permanent constitue le principal mode d’accueil. Les places réservées à l’accueil de
jour ne représentent qu’une faible part de la prise en charge (1,2%) au sein de l’ensemble des
EHPA.
La part de personnes âgées en situation de dépendance au sein des personnes accueillies continue
d’augmenter entre 2007 et 2011, passant de 84% fin 2007 à 89% fin 2011. La grille AGGIR
(autonomie, gérontologique, groupes iso-ressources) permet d’évaluer le degré de dépendance des
personnes âgées à partir de leur capacité à accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne. La
part des résidents très dépendants (classés GIR 1 et 2) atteint 55% à la fin 2011, contre 51% fin
2007. Ce sont des EHPAD et les USLD qui accueillent les personnes les plus dépendantes. A la fin
2011, les personnes évaluées en GIR 1 à 4 représentent 89% des résidents en EHPAD et la quasitotalité (98%) des résidents en USLD. Parmi les EHPAD, les établissements privés à but lucratif et
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
24 les établissements publics hospitaliers accueillent la plus grande part de personnes dépendantes
(91% des résidents en GIR 1 à 4).
Tableau 2 :
Répartition des résidents selon le GIR*, par catégorie détaillée d’établissements en 2011
GIR 1
GIR 2
GIR 3
GIR 4
GIR 5
GIR 6
Total
Pourcentage
de résidents
dont le GIR
n'est pas
renseigné
Établissements+d'hébergement+pour+
personnes+âgées+dépendantes
20
35
15
19
6
5
100
7
EHPAD privés à but lucratif
19
38
16
18
5
4
100
11
EHPAD privés à but non lucratif
17
34
15
20
7
7
100
9
EHPAD publics
21
34
15
19
6
5
100
6
EHPAD publics hospitaliers
24
36
14
17
5
4
100
5
EHPAD publics non hospitaliers
18
33
16
21
7
5
100
6
Maisons de retraite non EHPAD et
autres établissements**
7
20
14
22
13
24
100
26
Unités de soins de longue durée
42
42
8
6
1
1
100
30
Ensemble des établissements
d'hébergement pour personnes
âgées hors logements-foyers
20
35
15
19
6
5
100
8
Logements-foyers
0
2
4
17
14
63
100
30
Pourcentage des résidents selon le GIR
Catégorie d’établissements
et statut juridique
* GIR : groupe iso-ressources.
** Résidences d'hébergement temporaire et établissements expérimentaux (non EHPAD).
Lecture : La proportion des résidents en GIR 1 à 4 dans les EHPAD est de 89% au 31 décembre 2011.
Champ : France, établissements d’hébergement pour personnes âgées, hors centres d’accueil de jour.
Sources : DREES, enquête EHPA 2011.
La majorité des maisons de retraite et des USLD sont devenues des EHPAD. Les
EHPAD totalisent 82% des places offertes en institution. Le principal mode d’accueil
est l’hébergement permanent.
La part des personnes âgées dépendantes accueillies dans ces structures est en
constante progression. Les EHPAD et les USLD sont les structures qui accueillent les
personnes les plus dépendantes (GIR 1-4).
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
25 2.2 Le personnel présent dans les structures d’accueil pour personnes
âgées dépendantes en France
D’après l’enquête de la DREES de 2007 (45), au 31 décembre 2007, plus de 397 000 personnes
sont employées dans l’ensemble des établissements d’hébergement pour personnes âgées, soit 340
000 équivalents temps plein (ETP). Cela représente 52 000 personnes de plus qu’en 2003 et une
hausse de 45 000 (15 %) en équivalent temps plein. Les effectifs (en ETP) d’aides-soignants et
d’infirmiers ont notamment progressé de 23 % (respectivement + 18 600 et + 6 600).
Le personnel paramédical ou soignant représente 41 % des effectifs en ETP employés dans les
EHPA, viennent ensuite les agents de service (hospitaliers ou non), qui représentent 28 % des
effectifs en ETP, les personnels des services généraux (15 %), le personnel de direction (7 %) et le
personnel éducatif, social et d’animation (7 %).
C’est dans les unités de soins de longue durée et dans les EHPAD que la part du personnel
paramédical ou soignant est la plus élevée. Ce personnel représente 62 % des ETP en USLD
non-EHPAD et 43 % en EHPAD, tandis qu’il constitue respectivement 32 % et 12 % des
ETP dans les maisons de retraite et les logements-foyers n’ayant pas signé de convention
tripartite.
Les aides-soignants et les infirmiers sont les deux fonctions paramédicales ou soignantes les plus
présentes dans les EHPA. Les aides-soignants représentent 29 % du personnel de l’ensemble
des établissements d’hébergement pour personnes âgées (44 % du personnel des USLD nonEHPAD, 30 % de celui des EHPAD, 24 % du personnel des établissements non conventionnés).
Les infirmiers en représentent 9 % (en ETP). Ils sont plus présents dans les USLD non-EHPAD
(15 %) et les EHPAD (9 %) que dans les autres établissements (4%).
Le taux d’encadrement global, défini comme le nombre d’emplois en équivalent temps plein
(toutes fonctions confondues) pour cent places, s’élève en moyenne à 54 pour l’ensemble du
secteur fin 2011 (44). C’est dans les unités de soins de longue durée et les EHPAD, où les résidents
accueillis sont plus dépendants que dans les autres établissements, que le taux d’encadrement est le
plus élevé. Le taux d’encadrement dans les EHPAD passe de 57% en 2007 à 61% en 2011.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
26 Tableau 3 :
Taux d’encadrement pour 100 places selon la catégorie détaillée
d’établissements en 2007 et en 2011
Taux d’encadrement
(pour 100 places)
à la fin 2007
Taux d’encadrement
(pour 100 places)
à la fin 2011
Ensemble des établissements d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes
57
61
EHPAD privés à but lucratif
52
53
EHPAD privés à but non lucratif
53
56
EHPAD publics
61
66
Catégorie d’établissements
EHPAD publics hospitaliers
68
EHPAD publics non hospitaliers
65
Maisons de retraite non EHPAD
44
42
Logements-foyers
14
14
Unités de soins de longue durée *
78
93
Autres
34
36
Ensemble des établissements d’hébergement pour
personnes âgées
50
54
* Les unités de soins de longue durée (USLD) sont très peu nombreux en 2011.
Champ : France, établissements d’hébergement pour personnes âgées, hors centres d’accueil de jour.
Sources : DREES, enquêtes EHPA, 2007, 2011.
2.3 Les recommandations de soins infirmiers pour l’hygiène buccodentaire en France
D’après le guide « les bonnes pratiques de soins en établissement d’hébergement pour personnes
âgées dépendantes » (46) rédigé par la direction générale de la santé d’octobre 2007, l’hygiène
bucco-dentaire doit faire partie intégrante de l’hygiène corporelle.
Le principe est de mettre en place une toilette buccale quotidienne pour tous les patients. Elle
relève du rôle d’infirmière en collaboration avec des aides-soignantes. Cette toilette est à distinguer
des soins de bouche thérapeutiques qui nécessitent une prescription médicale.
Le programme d’hygiène buccale a plusieurs objectifs :
-
Maintenir l’équilibre buccal un niveau d’hygiène buccale satisfaisant,
-
Faciliter l’alimentation et la communication,
-
Eliminer les débris alimentaires, la plaque dentaire pour limiter les irritations buccales et
les pathologies infectieuses qui peuvent en découler,
-
Améliorer la qualité de vie.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
27 Ce guide donne quelques recommandations afin d’avoir une organisation et une pratique efficace
(Annexe 1).
3. Les moyens matériels à disposition pour l’hygiène bucco-dentaire
La clé pour conserver une bonne santé parodontale est d’éliminer tout facteur bactérien pathogène.
Il faut donc éliminer la plaque dentaire avant qu’elle s’accroche et qu’elle s’accumule.
3.1 Le contrôle de plaque
C’est la base de la prévention de l’apparition des maladies bucco-dentaires. C’est la mise en place
de mesures pour empêcher l’accumulation de la plaque c’est-à-dire la mise au point
d’habitudes dentaires convenables.
Le brossage n’élimine que la plaque supra-gingivale et non la plaque sous-gingivale responsable
des parodontites. Cependant, il a été prouvé qu’une absence de plaque supra-gingivale empêchait
ou retardait la formation d’un biofilm sous-gingival (47). Ainsi un contrôle de plaque adéquat
permet d’assurer la pérennité de nos traitements et de stabiliser la maladie parodontale. On
n’obtient rarement une bouche avec une absence totale de plaque mais il existe un niveau
individuel « autorisé » de plaque compatible avec une bonne santé parodontale.
Le patient peut utiliser un révélateur de plaque dentaire pour mieux voir la localisation de la plaque
et ainsi être plus efficace pendant son brossage. Le révélateur de plaque peut se présenter sous
forme d’une solution liquide (à base d’éosine par exemple) ou de comprimés. Employé avant le
brossage, il permet d’insister sur les faces dentaires et gingivales colorées par ce révélateur
3.2 Le brossage dentaire
La plaque dentaire n’est pas éliminée par la salive et les forces auto-nettoyantes de la cavité
buccale comme la langue ou les joues. Pour être éliminée de façon correcte, il est nécessaire
d’utiliser des moyens actifs c’est-à-dire par un brossage mécanique.
La brosse utilisée doit être à poils souples ou médium, de taille adaptée à la bouche du
patient, à son âge et à sa dextérité. Les poils sont généralement en nylon ou en polyester avec des
extrémités arrondies d’un diamètre de 15/100ème (brosse douce) jusqu’à un maximum de 20/100ème
de millimètres (brosse dure).
Le dentifrice utilisé pendant le brossage doit être adapté aux besoins du patient (avec de la
chlorexidine, du bicarbonate de sodium,…) et ne doit pas être trop abrasif.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
28 Il n’y a pas de consensus concernant la fréquence optimale de brossage. Une étude de Lang et coll.
(48), réalisée sur des étudiants en chirurgie dentaire au parodonte sain, a montré qu’un brossage et
un nettoyage interdentaire une fois par jour ou tous les deux jours était suffisant pour éviter le
développement d’une gingivite. Cependant, la plupart des patients ne sont pas capables d’enlever
toute la plaque à chaque brossage c’est pourquoi la recommandation la plus courante est de
procéder à un brossage de deux minutes deux fois par jour.
3.2.1 Manuel
3.2.1.1
Description
Il existe plusieurs techniques de brossage (Rouleau, Bass, Stillman, etc) mais aucune n’a été
clairement reconnue supérieure aux autres. Nous allons seulement décrire la méthode de Bass qui
est une technique simple et permettant le nettoyage à l’entrée du sillon.
On conseille au patient de diviser sa bouche en 6 secteurs : 3 régions par arcade : une région de
canine à canine et 2 régions prémolo-molaires. Le brossage se fait région par région côté
vestibulaire puis lingual. Dans les secteurs postérieurs, on place la brosse horizontalement et
orientée à 45° par rapport à la face vestibulaire de la dent, les poils dirigés vers le haut du
maxillaire et vers le bas pour la mandibule. La touffe de poils doit recouvrir la jonction gingivodentaire pour que l’action au niveau du sillon soit optimale. Le patient place la brosse au niveau
des dernières molaires, exerce ensuite une pression sur la dent au moyen de la brosse et transmet à
celle-ci un petit mouvement vibratoire tout en maintenant la pression. En conservant cette
impulsion, la brosse est déplacée lentement vers l’avant jusqu’aux prémolaires. Cinq allers-retours
sont ainsi effectués. Le patient réalisera les mêmes gestes au niveau des faces linguales.
Au niveau antérieur, la brosse placée verticalement recouvre la gencive et la dent. Chaque dent est
nettoyée individuellement par un petit mouvement circulaire ; on effectue également 5 allersretours de canine à canine. Il convient d’insister au niveau lingual pour bien nettoyer le sillon au
niveau du talon de l’incisive (5).
3.2.1.2
Avantages
La portabilité et l’accessibilité au brossage manuel sont les principaux avantages de ce type de
brossage. En effet, avec ce type de brosse, il n’y a pas besoin de batterie. Elle s’emporte facilement
et peut être trouvé assez facilement partout.
C’est aussi une brosse qui a un avantage économique car on peut trouver des brosses à dent
manuelle entre 1 et 4 euros. Ceci en fait donc une brosse accessible à tous les foyers.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
29 3.2.1.3
Limites
La limite principale de ce type de brossage est le traumatisme des dents et du parodonte lors
d’un brossage trop brutal ou avec un geste mal conduit. En effet, un brossage traumatique est
souvent observé chez les patients. Il en résulte une abrasion prématurée de l’émail notamment au
collet des dents et une récession gingivale. Ces traumatismes résultent du fait qu’il est difficile de
jauger la force à exercer sur la brosse lors du brossage manuel. Il est souvent observé un geste
horizontal rapide et avec une force excessive.
Le brossage manuel a aussi l’inconvénient pour le patient de devoir être concentré lors de son
geste. Ainsi, il doit être attentif à la zone de brossage et à la qualité du geste à effectuer.
Certaines zones sont difficiles d’accès avec une brosse à dents manuelle classique comme la zone
rétro-incisive mandibulaire. Le brossage n’est donc souvent pas assez efficace. La tête de la brosse
à dents n’est pas toujours adaptée à la bouche de nos patients.
Enfin, le brossage manuel n’est pas aisé lorsqu’il est à pratiquer sur autrui. Le geste à réaliser
est encore plus difficile à faire lorsqu’il faut le réaliser sur une personne dépendante. La force à
appliquer est elle aussi compliquée à apprécier.
3.2.2 Manuel vs électrique
Les brosses à dent électriques sont apparues dans les années 1960. Ces premières brosses
électriques étaient similaires à une brosse manuelle, produisant un mouvement de pulsations. Elles
ont maintenant subi de nombreuses innovations technologiques. Les têtes de brosses, selon les
marques, présentent des mouvements différents que l’on pourrait classer en :
-
pulsation (va et vient)
-
rotation (circulaire)
-
contre-rotation (oscillation)
-
rotation oscillation
-
vibration ultra-sonique (49)
3.2.2.1 Dans la population générale
La facilité d’usage et la maniabilité aisée pour tous les types de patients sont les principaux
avantages de la brosse à dents électrique. Elle permet de réaliser le brossage en se concentrant
exclusivement sur le site à nettoyer sans avoir à se soucier du geste.
De nombreuses études ont été réalisées afin de comparer l’efficacité de la brosse à dents manuelle
et de la brosse à dents électrique. Les résultats de ces différentes études cliniques conduisent à des
résultats contradictoires mais beaucoup concluent à une meilleure efficacité des brosses à dents
électriques.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
30 Une revue systématique Cochrane de 2009 (50) a comparé les brosses à dents manuelles et
électriques notamment sur l’élimination de la plaque et sur la santé gingivale. Elle aboutit à la
conclusion que seule la brosse à dents électrique à rotation oscillation s’est montrée supérieure aux
brosses à dent manuelle. Sur les plus de 350 études recensées par la base de recherche, seulement
29 études ont été retenues dans la méta-analyse. Les brosses à dents électriques ont été divisées en
sept groupes selon leurs types de mouvements. Il apparait qu’il n’y a pas de différence
significative entre les deux types de brosse hormis les brosses à dent à mouvement
d’oscillation rotation qui réduisent plus la plaque (entre 6 et 10% à court terme et de 7%
pour les études allant au-delà de trois mois) et la gingivite (réduction de 17% de l’indice
gingival à 3mois). Il ressort tout de même de cette méta-analyse que les brosses à dents électriques
quelque soit le type de mouvement sont au moins aussi efficaces que la brosse à dents manuelle.
Cette revue systématique montre également qu’il n’y a pas de relation entre utilisation de brosse à
dents électrique et trauma des tissus mous. Il n’y a aucune preuve que le brossage électrique
provoque plus de lésions des gencives que le brossage manuel.
3.2.2.2 Chez les personnes âgées
Une étude publiée en 2014 (51) s’est intéressée à l’utilisation des brosses à dents électriques en
institution. Cette étude est une expérimentation randomisée en simple aveugle dont le but est
d’étudier l’effet de l’utilisation de brosses à dents électriques par rapport aux brosses à dents
manuelles dans une maison de retraite et de recueillir l’opinion des soignants.
Des brosses à dents manuelles ou électriques ont été distribuées à un échantillon de 180 personnes
dont l’âge moyen était de 86,1 ± 7,7 ans. Le nombre de dents naturelles restantes de cet échantillon
était de 20 ± 5,6. Des instructions individuelles à l’hygiène ont été données aux patients ainsi qu’au
personnel soignant de manière orale et écrite par un dentiste dans les trois premiers jours de
l’expérimentation. Un examen buccal a été effectué au départ et après deux mois d’utilisation de la
brosse à dent manuelle pour le groupe témoin et de la brosse à dents électrique pour le second
groupe.
Les résultats montrent qu’une amélioration de l’hygiène a été observée dans les deux groupes, mais
sans différence significative entre la brosse manuelle et la brosse électrique. Cependant, chez les
résidents qui avaient besoin d’assistance pour leur hygiène buccale, une amélioration plus
importante a été notée.
Un questionnaire a été distribué au personnel soignant auquel 152 ont répondu. La majorité d’entre
eux estimaient que la brosse à dents électrique permettait de gagner du temps lorsqu’il devait
assister les résidents. 64,7% des soignants reportent qu’il n’y a pas de différence ou qu’il est plus
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
31 facile d’utiliser la brosse électrique que la brosse manuelle lorsqu’il faut assister des patients qui
n’ont pas de démence et 46,5% des soignants reportent ce même constat avec les patients atteints
de démence. Les commentaires des soignants révèlent que le brossage électrique est plus simple
mais qu’il est difficile d’introduire quelque chose de nouveau et de changer les habitudes des
personnes âgées. Le personnel soignant a également reporté que la période pour s’habituer a été
relativement longue, jusqu’à deux mois, pour les patients qu’ils soient déments ou non. Il était
fréquemment nécessaire d’aider et d’encourager les patients à prendre l’habitude du brossage
électrique, c’est pourquoi il est essentiel, selon eux, d’avoir du personnel avec des ressources et
suffisamment de temps à consacrer à l’hygiène bucco-dentaire.
En conclusion, par rapport à la brosse à dents manuelle, la brosse à dents électrique
n’apporte pas d’amélioration significative sur l’hygiène des pensionnaires de maison de
retraite en général, mais l’améliore chez les personnes nécessitant une assistance, et dans ce
cas facilite le travail des soignants. On peut également noter que les instructions d’hygiène
bucco-dentaire données au début de l’expérimentation ont eu un impact favorable et ont
contribué à une réduction de la plaque dentaire dans les deux groupes.
3.2.2.3 Limites
En ce qui concerne la population générale, la brosse à dents électrique a un coût plus élevé que la
brosse à dents manuelle. Elle est également moins accessible car ce n’est pas un produit que l’on
peut trouver partout. La transportabilité est moins aisée car la brosse à dents électrique est plus
encombrante et nécessite d’être rechargée et donc d’avoir accès à une prise électrique.
Concernant la population de personnes âgée, plusieurs limites ont été mises en évidence. D’après
une étude publiée en 2006 (52) s’intéressant aux perceptions du personnel soignant et des
personnes âgées institutionnalisées au sujet du brossage électrique comparé au brossage manuel, il
a été reporté que les vibrations et le bruit de la brosse à dents électrique étaient anxiogènes
pour les patients notamment pour les patients souffrant de démence. Ceux-ci ont également plus de
difficultés à comprendre l’intérêt du brossage électrique et sont parfois effrayés par ce dispositif.
Les patients ont reporté que ce nouveau type de brossage était inconfortable au début de son
utilisation.
Le changement d’habitude et l’introduction d’un nouveau dispositif de brossage peuvent
parfois se révéler difficile dans cette population de personnes âgées.
Pour finir, le brossage électrique comme le brossage manuel ne permet pas d’assister un patient
non coopératif comme certains patients atteints de démence.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
32 3.2.3 Le nettoyage inter-dentaire
3.2.3.1 Description
Les espaces interdentaires sont les zones les plus difficiles à nettoyer. En effet, le brossage simple
manuel ou électrique ne permet pas de désorganiser ou d’éliminer la plaque dentaire dans ces
espaces. Il faut donc utiliser d’autres outils d’hygiène bucco-dentaire pour les atteindre.
3.2.3.2 Le fil dentaire
Lorsque la papille gingivale est saine et remplit entièrement l’embrasure, le fil dentaire est
l’instrument indiqué. Il peut être en soie ou en fibre synthétique, ciré ou non. Même si le fil
dentaire est la méthode de nettoyage interdentaire la plus connue et la plus couramment utilisée, il
faut néanmoins que le patient ait compris et appris sa technique d’utilisation pour éviter d’être
traumatisant pour la gencive ou inefficace. Le geste peut être facilité par l’usage d’un porte fil.
Une étude systématique de 2008 (53) a cependant montré que l’utilisation de fil dentaire n’a
pas d’effet sur la gingivite ou sur la plaque ce qui remet en question son utilisation chez les
patients sains.
3.2.3.3 Les brossettes inter-dentaires
Elles se présentent comme un petit goupillon cylindrique ou conique de taille variable pouvant être
montées sur un manche en fonction de la zone inter dentaire à nettoyer.
La brossette est utilisée chez les patients ayant une papille rétractée. La taille de la brossette sera
déterminée en fonction de la taille de l’espace laissé entre la papille et le point de contact entre les
deux dents concernées. C’est pourquoi, il sera nécessaire pour le patient d’avoir des brossettes de
tailles différentes pour pouvoir nettoyer l’ensemble de ses espaces interdentaires. La brossette ne
doit pas seulement être utilisée pour enlever les débris mous entre les dents mais elle doit surtout
nettoyer les racines des deux dents délimitant l’espace.
3.2.3.4 Comparaison fil vs brossettes inter-dentaires
D’après une revue systématique publiée par Slot et coll. en 2008 (54), les brossettes
interdentaires éliminent plus de plaque que le fil dentaire ou les cure-dents, et diminue
davantage la profondeur de poche et le saignement gingival. Elles sont nettement préférées par
les patients car leur maniement est simple et leur utilisation est rapide même si les brossettes ont
tendance à se tordre (55).
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
33 3.2.3.5 Application à la population de personnes âgées dépendantes
Le brossage interdentaire n’est pas aisé à réaliser chez une personne dépendante. Le geste doit être
précis et fait avec patience pour ne pas être traumatisant. L’efficacité de ce nettoyage dépend
essentiellement de la performance du soignant et de la compliance de la personne âgée. Il
devient impossible à systématiser lors de l’aide à l’hygiène dentaire des personnes âgées
dépendantes car cela demande beaucoup de temps et certaines zones comme les zones postérieures
sont inaccessibles pour ce type de brossage.
Le manque de coopération de certains patients en particulier les patients atteints de démence rend
ce soin parfois irréalisable. La recommandation des professionnels dentaires de ce type d'aides doit
être basée sur les besoins et les préférences individuels (56).
4. Protocole d’évaluation in vitro d’un nouveau dispositif : le Dispositif
de Nettoyage Dentaire (DND)
4.1 Contexte et objectif
Comme nous l’avons vu précédemment, l’hygiène bucco-dentaire des personnes âgées
institutionnalisées est médiocre. Les moyens matériels mis à disposition ne permettent pas d’être
complètement efficace dans la réduction de la plaque dentaire par manque de temps consacré à
l’hygiène orale et par manque de formation à l’utilisation de ces dispositifs.
C’est dans ce contexte que nous avons réalisé un protocole d’évaluation in vitro d’un nouveau
dispositif de nettoyage dentaire qui a pour but d’améliorer et d’automatiser l’hygiène buccodentaire des personnes ayant des difficultés à se brosser les dents. Ce dispositif est actuellement en
cours de développement. L’objectif de cette évaluation est d’étudier l’efficacité de ce dispositif à
réduire la plaque dentaire dans les différentes zones anatomiques (face vestibulaire, face palatine et
espace interdentaire) en fonction de différents paramètres tels le temps de brossage, le liquide
utilisé et la pression exercée.
4.2 Matériel et méthode
4.2.1 Matériel utilisé
4.2.1.1 Le Dispositif de Nettoyage Dentaire (le DND)
Le DND a pour but de simplifier les techniques d’hygiène bucco-dentaire et a été breveté en France
en Mars 2012. Il se présente en trois parties :
-
Une gouttière en silicone souple hérissée de poils en nylon. Grâce aux poils disposés à
l’intérieur de la gouttière, la plaque dentaire est désorganisée de façon automatique :
condition indispensable à un brossage de dents efficace. Par ailleurs, le nettoyage se fait
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
34 uniformément sur l’ensemble des dents (contrairement aux brosses à dents) et entre les
dents. Une seule gouttière est nécessaire par patient car elle sera utilisée au maxillaire et à
la mandibule.
Schéma 1 illustrant la partie mise en bouche du DND : la gouttière.
(Source : DE GENTILE H., Projet PRODONTIS)
-
Un boîtier externe contenant des réservoirs et un système motorisé à pistons. C’est un
dispositif mécanisé autonome générateur de pression et de dépression capable d’injecter
des fluides de nettoyage dans la gouttière puis de les évacuer.
-
Un double tuyau muni de valves anti-reflux assurant la circulation ordonnée des fluides. Il
relie la gouttière au boîtier externe.
Schéma 2 illustrant la totalité du DND
(Source : DE GENTILE H., Projet PRODONTIS)
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
35 Cet ensemble permet de brosser les dents uniformément grâce à des cycles de pression et de
dépression générés par le boîtier motorisé. Ces cycles se répètent au rythme de deux par seconde.
Le cycle de nettoyage se présente de la façon suivante :
-
Première étape : le liquide nettoyant est injecté dans la gouttière qui se gonfle. Les poils
s’écartent de la dent.
-
Seconde étape : le liquide est évacué par dépression entraînant ainsi la constriction de la
gouttière et l’écrasement des poils sur la dent et dans les espaces interdentaires.
Schéma 3 illustrant les deux phases constituant un cycle du DND
(Source : DE GENTILE H., Projet PRODONTIS)
4.2.1.2 Le modèle anatomique de travail
Le modèle utilisé afin de simuler une arcade dentaire sera le modèle dentaire standard ANA-4 de la
marque FRASACO. C’est un modèle de travail reproduisant une denture naturelle typée adulte de
28 dents. La base du modèle est réalisée en matière synthétique dure. Les dents sont en résine
thermodurcissables et sont stabilisées sur la base par vissage. La gencive est en plastique souple.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
36 Pour réaliser les tests in vitro du dispositif, nous utiliserons seulement le modèle maxillaire car la
gouttière du dispositif est la même au maxillaire et à la mandibule.
4.2.1.3 La plaque dentaire artificielle
Afin de simuler la plaque dentaire, on utilisera un aérosol de peinture en poudre (Occlude, Pascal,
Bellevue, WA, USA) tel que l’a utilisé Hotta et coll. dans des test in vitro (57). Le spray de
l’aérosol sera positionné à 5mm de la surface des dents et la poudre sera pulvérisée pendant 5
secondes en tenant la tête du spray perpendiculaire à la surface dentaire.
4.2.1.4 Quantification de la plaque dentaire
Afin de mesurer l’efficacité du dispositif à enlever la plaque dentaire de la surface dentaire sur les
différentes faces des dents, le modèle FRASACO sera photographié de façon standardisé après
l’application de la plaque artificielle et avant la mise en place de la gouttière. Des clichés
vestibulaire, palatin et interproximaux seront pris pour évaluer l’efficacité de l’élimination en
fonction du site anatomique. Les clichés interproximaux seront réalisés sur la face distale de la
deuxième prémolaire et sur la face mésiale de la première molaire après dévissage de celles-ci. Les
dents seront ensuite minutieusement replacées et revissées.
Une fois le dispositif enlevé, des clichés des mêmes zones anatomiques citées précédemment
seront réalisés. Les résultats seront photographiés et analysés par ordinateur. L’efficacité de
nettoyage sera calculée pour chaque image en utilisant un système d’analyse d’image numérique
informatique appelé Image J.
4.2.2
Protocole de nettoyage dentaire
Au cours de cette étude, nous ferons varier trois paramètres : le temps de brossage (T), la pression
exercée par la gouttière (P) et le liquide utilisé (L). La variation de ces trois paramètres a pour but
de mettre en évidence une combinaison de ces paramètres plus efficace que les autres.
Au total, huit tests différents seront réalisés en modifiant un seul des paramètres à chaque test. Le
tableau 4 regroupe ces différentes combinaisons. Les tests 1, 2, 3 et 4 seront réalisés avec un temps
de brossage de 30 secondes en faisant varier la pression exercée et le liquide utilisé. Les tests A, B,
C et D sont les tests effectués avec un temps T=1 minute.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
37 Tableau 4 :
Tableau récapitulatif des différentes expérimentations en fonction des différents paramètres
T, P et L utilisés
P1
L1=Eau
P2
L2=Dentifrice en
solution
L1=Eau
L2=Dentifrice en
solution
T1=30 sec
1
2
3
4
T2=60 sec
A
B
C
D
P : Pression exercée par la gouttière
L : Liquide utilisé
T : Temps de brossage
Pour chaque combinaison, le test sera réalisé quatre fois comme dans les tests in vitro réalisés par
Yankell et coll. (58, 59) afin d’obtenir une moyenne de réduction de la plaque dentaire
Etapes du protocole :
1. Pour placer le liquide utilisé, le couvercle du réservoir accueillant les liquides est retiré
puis on verse le liquide choisi jusqu’au trait supérieur et le couvercle est remis en place.
2. Pulvérisation de la plaque artificielle sur l’ensemble des dents du modèle et prise de clichés
de façon standardisée des faces vestibulaire, palatine et interproximales à l’aide d’un
appareil photo numérique.
3. Mise en place de la gouttière sur le modèle. L’étanchéité de la gouttière sera assurée par la
mise en place d’un film plastique.
4. Mise en marche du DND selon les paramètres T, P et L correspondant au test à réaliser.
5. Dépose de la gouttière à l’arrêt du dispositif et prise de clichés photographiques des mêmes
zones anatomiques vues précédemment.
Chaque image sera ensuite transférée et analysée par le logiciel Image J. Ces analyses permettront
de calculer la réduction de la plaque artificielle sur les dents en résine après l’action du DND et
ainsi d’évaluer l’efficacité du DND au niveau des différents sites anatomiques.
Les différents paramètres pourront être adaptés selon les résultats obtenus. A titre d’exemple, si
l’efficacité du DND est plus élevée avec le temps T2, il pourra être mis en place une nouvelle
expérimentation avec un temps T3 à définir afin de déterminer les paramètres conduisant à une
réduction de la plaque dentaire artificielle satisfaisante.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
38 Ces différents tests pourront conduire à apporter des modifications au DND afin de le rendre plus
performant.
4.3 Perspectives
Le DND est un dispositif visant à simplifier le brossage dentaire pour les personnes n’ayant pas la
dextérité pour le faire correctement elle-même ou pour les personnes ayant besoin d’une tierce
personne pour réaliser leur brossage.
Ce dispositif pourrait donc être indiqué chez les personnes âgées dépendantes. Son domaine
d’application peut également être les personnes handicapées ou pour toutes personnes ayant des
difficultés à se brosser les dents que ce soit par brossage manuel ou électrique. S’il s’avère efficace,
ce dispositif pourrait devenir un nouvel outil pour réaliser l’hygiène bucco-dentaire quotidienne et
ainsi maintenir un état bucco-dentaire satisfaisant indépendamment de la dextérité de l’utilisateur.
L’introduction du DND dans la population des personnes âgées pourra cependant être longue car
l’introduction de nouvelles habitudes et de nouveau matériel est souvent difficile dans cette
population. Il faudra veiller à ce que l’utilisation de ce DND ne soit pas trop bruyante pour ne pas
effrayer les personnes souffrant de troubles cognitifs. L’utilisation de gouttière standard devra aussi
être étudiée afin de conserver les mêmes paramètres de pression/dépression en fonction des
différents édentements.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
39 CONCLUSION
Les bactéries présentes dans la plaque dentaire sont responsables de maladies bucco-dentaires. Ces
maladies et une mauvaise hygiène orale sont en corrélation avec certaines maladies systémiques.
De nombreuses études se sont intéressées aux interrelations entre pathologies systémiques et
pathologies bucco-dentaires. Il apparaît que l’interrelation entre le diabète et les maladies
parodontales est généralement admise. Le lien entre maladies parodontales et maladies cardiovasculaires n’a pas encore été établi : le caractère multifactoriel de ces pathologies rend difficile
l’étude des associations possibles entres elles mais les données actuelles confirment que les
maladies parodontales et plus généralement une mauvaise hygiène bucco-dentaire, constituent un
facteur de risque de développement d’athérosclérose et d’évènements cardio-vasculaires.
Concernant les pathologies pulmonaires infectieuses, les études font état d’un risque plus élevé
d’infection en l’absence d’hygiène bucco-dentaire. Les données actuelles de la littérature suggèrent
qu’une mauvaise santé orale est un facteur de risque majeur de pneumonie d’aspiration notamment
chez les patients présentant des troubles de la déglutition. Un mauvais état bucco-dentaire est une
des causes de la perturbation de l’état nutritionnel par la modification des prises alimentaires. Cette
dénutrition a de nombreuses conséquences comme un affaiblissement de l’organisme.
Le maintien de l’hygiène bucco-dentaire est donc essentiel pour la santé générale et pour la qualité
de vie.
Le vieillissement et l’augmentation de la dépendance ont une influence sur l’état bucco-dentaire en
empêchant le maintien d’une hygiène buccale satisfaisante. Nous avons vu, à travers plusieurs
études, que l’état bucco-dentaire des personnes âgées institutionnalisées était alarmant.
Le maintien de l’hygiène bucco-dentaire est un vrai défi dans l’accompagnement de la personne
âgée en institution. En effet, les gestes quotidiens sont difficiles à assurer quelque soit le matériel
utilisé actuellement. La réalisation de ces gestes est d’autant plus difficile chez les personnes âgées
souffrant de troubles cognitifs pouvant les rendre opposants voire agressifs.
Pour améliorer cette situation, des solutions peuvent être apportées. La formation du personnel
soignant et la mise en place de protocole de soin sont essentielles. Les différents acteurs concernés
par ces gestes quotidiens d’hygiène (le personnel soignant, les résidents et leur famille) doivent être
sensibilisés et informés.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
40 Enfin, un nouveau dispositif permettant d’automatiser l’hygiène bucco-dentaire est à l’étude. Ce
nouvel équipement, s’il s’avère efficace, pourrait devenir une aide précieuse au maintien de
l’hygiène orale des personnes âgées en systématisant et en uniformisant les soins de bouche.
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
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GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
47 Annexe 1 :
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
N° 2014 LYO 1D 060
GUILLAUME (Elodie) –
Hygiène
bucco-dentaire
des
personnes
âgées
dépendantes en institution : présentation d’un nouveau
dispositif de nettoyage dentaire
(Thèse : Chir. Dent. : Lyon : 2014.060)
N°2014 LYO 1D 060
Dans les pays développés, le vieillissement de la population entraîne une
augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes. En institution, le maintien d’une
hygiène bucco-dentaire optimale est un vrai défi dans l’accompagnement de la personne
âgée. En effet, l’hygiène bucco-dentaire est, pour certaines personnes âgées dépendantes,
un acte qu’elles ne peuvent plus réaliser correctement et qui est de ce fait effectué par le
personnel soignant. Ces gestes sont difficiles à assurer en particulier lorsque les sujets sont
atteints de troubles cognitifs pouvant les rendre opposants voire agressifs.
La conservation d’une bonne hygiène bucco-dentaire est primordiale dans cette
population fragilisée par la sénescence et l’augmentation de la prévalence de pathologies. Si
l’hygiène orale n’est pas maintenue, l’état bucco-dentaire va rapidement se dégrader et
altérer la santé générale ainsi que la qualité de vie des résidents. Or, de nombreuses études
constatent une situation préoccupante de l’état bucco-dentaire des personnes âgées.
De nombreux moyens matériels et humains sont mis en place en institution mais ils
ne permettent pas actuellement d’assurer une hygiène bucco-dentaire satisfaisante. La
formation des soignants et la sensibilisation des résidents et de leur entourage à l’hygiène
bucco-dentaire semblent essentielles pour améliorer cet état.
Un nouveau dispositif de nettoyage dentaire actuellement en cours de
développement permettrait d’automatiser les gestes de brossage et ainsi de parvenir à une
hygiène orale optimale indépendamment de la dextérité de l’utilisateur. Un protocole de test
in vitro a été élaboré afin de juger de l’efficacité de ce dispositif.
Rubrique de classement :
Gérodontologie
Mots clés :
- Gériatrie
- Hygiène bucco-dentaire
- Protocole
Mots clés en anglais :
- Geriatry
- Oral hygiene
- Protocol
Jury :
Madame le Professeur Brigitte GROSGOGEAT-BALAYRE
Madame le Docteur Kerstin GRITSCH
Madame le Docteur Hanène AYARI
Madame le Docteur Julie SANTAMARIA
Président :
Assesseurs :
Adresse de l’auteur :
Elodie GUILLAUME
18 rue de Charreconduit
71880 Chatenoy-le-Royal
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
THÈ
ÈSES MAZENOD
TH
℡
06 01 99 75 70
[email protected]
www.thesesmazenod.fr
GUILLAUME
(CC BY-NC-ND 2.0)
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