Les céphalées quotidiennes - Le handicap est sous-estimé

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Soins Libéraux
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Les céphalées quotidiennes
Le handicap est sous-estimé
Souvent méconnues, les céphalées chroniques quotidiennes (CCQ) sont à l’origine d’un handicap important
pour le patient. Elles demeurent une entité nosologiques
insuffisamment connues des professionnels comme de
la population en général.
L
es céphalées chroniques
quotidiennes demeurent une
entité nosologique insuffisamment connue des professionnels de santé comme du grand
public. Dans 80 % des cas, il s’agit
des migraineux épisodiques dont la
migraine s’est transformée du fait de
l’abus médicamenteux entraînant un
cercle vicieux sur un terrain anxiodépressif.
Plus rarement, surviennent les CCQ
de novo. Dans ce cas, le patient entre
dans la chronicité sans passer par la
période de céphalées épisodiques. Il
faut donc rechercher la conjonction
de l’abus médicamenteux et d’antécédents de migraine ou de céphalée
de tension. L’usage abusif d’antalgiques pour des douleurs chroniques
chez les sujets non céphalalgiques
n’entraîne pas de CCQ.
Trois tableaux cliniques
Des traitements mis en cause
Les CCQ sont définies comme des
céphalées présentes de 15 jours
par mois pendant plus de 3 mois,
avec une durée quotidienne supérieure à 4 heures sans traitement,
Mais en réalité la majorité des
patients souffre de maux de tête
tous les jours. Bien entendu, il faut
éliminer une céphalée symptomatique par un examen général et
neurologique et éventuellement
par des investigations complémentaires. Trois tableaux cliniques des
CCQ sont possibles :
– migraine chronique (douleur pulsatile aggravée à l’effort physique
de routine, avec des nausées et
vomissements),
– céphalées de tension chroniques
(douleur à type pression et d’étau
mais pas d’aggravation par les activités physiques),
– migraine transformée, associant un
fond céphalalgique permanent auquel
s’ajoutent des crises d’allure migraineuse. Il s’agit de migraineux qui ont
vu leur migraine s’aggraver et qui ont
continué à consommer de plus en
plus des médicaments antalgiques. Du
fait d’un phénomène de rebond, la
céphalée réapparaît dès que le médicament ne fait plus d’effet.
Tous les traitements de crise peuvent être en cause. Les molécules
actuellement les plus utilisées en cas
de CCQ par abus médicamenteux
sont le paracétamol, la caféine, la
codéine et les triptans. L’évaluation
des facteurs psychopathologiques
s’impose. En consultation spécialisée, un trouble anxieux est présent
chez un patient sur deux, et un
trouble de l’humeur chez 1 patient
sur 3. Il faut prendre aussi en considération l’effet psychotrope de certaines molécules (caféine, codéine,
dextropropoxyphène, tramadol) et la
susceptibilité individuelle au développement d’une addiction. De
même, les facteurs musculo-squelettiques peuvent favoriser la chronicisation des céphalées, étant donné
que les tensions musculaires peuvent être en rapport avec l’anxiété,
des facteurs posturaux professionnels ou des facteurs traumatiques.
La prise en charge de CCQ doit comporter un sevrage en ambulatoire ou
en hospitalisation (de 5 à 10 jours) en
cas d’abus multiples ou associé de
psychotropes, de comorbidité psychiatrique sévère ou d’un environnement
familial défavorable. L’amitriptyline est
recommandée en première intention,
et en cas d’intolérance d’autres options thérapeutiques sont envisagées
telles que les myorelaxants et le valproate de sodium (d’autres anticomitiaux sont en cours d’évaluation). Le
patient bénéficie d’une prise en
charge psychothérapique (soutien,
relaxation, thérapie cognitivo-comportementale) et d’une éducation concernant la gestion de ses crises de
migraine. L’ordonnance délivrée à la
fin de sevrage précise la nécessité de
ne pas dépasser 2 prises par semaine
de façon régulière, en s’aidant de
moyens non médicamenteux.
Migraine de tension
Lorsque le patient souffre d’une
migraine ou d’une céphalée de tension, quelles sont les situations laissant craindre le développement
d’une CCQ ? Tout d’abord une augmentation de la fréquence des
céphalées et une surconsommation
de traitement de crise. D’autres sonnettes d’alarme sont une inefficacité
successive de plusieurs traitements
prophylactiques de la migraine, des
événements de vie à forte composante émotionnelle et la présence
d’une comorbidité psychiatrique.
Les migraines surviennent dans
90 % des cas entre la l’âge de 30
et 60 ans. Il peut toutefois arriver
que de jeunes enfants soient victimes de ces très douloureux maux
de tête. Chez l’enfant et l’adolescent il y a moins d’abus médicamenteux, mais plus des CCQ ayant
débuté d’emblée sur le mode chronique (21 %). L’âge moyen est de
12 ans et une maladie migraineuse
sous-jacente est diagnostiquée
dans 80 % des cas. L’accent est
mis sur la recherche des facteurs
déclenchants et notamment l’abus
des caféine sous forme de soda.
Dans plusieurs hôpitaux, il existe
aujourd’hui des services spécifiques
de consultation migraine.
Ludmila Couturier
Infos ...
Deux formes de
migraines
On distingue deux
grands types de
migraines.
La première forme, la
plus fréquente, est
appelée migraine
commune. Elle est le
plus souvent localisé
sur les côtés de la
tête au début de la
crise, mais elle peut
ensuite s’étendre à
l’ensemble du crâne.
L’autre forme de
migraine est dite
avec aura. Lorsque la
migraine est
installée, l’aura
disparaît.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 63 • mai 2005
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