Santé-mag >ACTUALITÉ Pr Abderahmane ATTAR, chef du service d’urologie au CHU d’Oran et président de la Société algérienne de chirurgie urologique : «L’urologie, le seul service qui répare les erreurs des autres » Les tumeurs de la vessie sont un véritable fléau, à l’échelle maghrébine, durant ces deux dernières décennies. Ces tumeurs se placent juste après le cancer des poumons. Les facteurs de risques de ces pathologies restent inconnus, jusqu’à présent, étant donné qu’elles touchent toutes les tranches d’âge, enfants, jeunes et adultes. •• Loubna Zahaf L e professeur Attar, chef de service de l’urologie au CHU d’Oran et président de la Société algérienne de chirurgie urologique, nous parle, dans cet entretien, des pathologies et fait le point sur toutes les maladies de l’urologie. Il fait, également, un état des lieux sur la néphrologie, maladie des reins, devenue de plus en plus fréquente. Santé Mag : Quelles sont les pathologies de l’urologie ? Pr Attar : L’urologie regroupe les pathologies des reins, des uretères, de la vessie, de la prostate, des organes génitaux externes et l’urètre, qui est la pierre d’achoppement en urologie. C’est la chose la plus difficile à réparer. Les maladies de la prostate viennent, en première position, avec les tumeurs de la vessie, qui est un véritable fléau à l’échelle maghrébine, durant ces deux dernières décennies. Elles sont classées juste après le cancer des poumons. Tout le problème réside dans le fait qu’on ne connaît pas l’étiopathogénie de cette tumeur. On sait que le tabac est incriminé, mais ce n’est pas la seule cause, ni la seule raison, puisqu’on retrouve des tumeurs de vessie chez un enfant de deux ans, chez une fillette de sept ans et chez un adolescent de 17 ans. Mais, une étude a montré que des examens génétiques, à la naissance, peuvent prévoir le développement d’une tumeur de la vessie chez un sujet, à l’âge de 40 ans, par exemple. C’est extraordinaire. Mais cette étude reste hypothétique. Ces cas de tu- meur de la vessie sont très fréquents. On a entre 3 à 4 cas, par jour. Ce cancer touche plus les hommes que les femmes. Il y a 3 hommes, pour une femme. Si, en Europe, la prostate vient en première position et la vessie en seconde position, dans les cancers ; en Algérie, c’est l’inverse qui est constaté. La vessie vient en première position, suivi du cancer de la prostate. Santé Mag : Est-il facile de diagnostiquer le cancer de la prostate ? Pr Attar : Dans le diagnostic, le dépistage est devenu beaucoup plus aisé, plus facile parce qu’il y a une prise de conscience. Ce pays, on a beau le critiquer, il y a quand même des choses bien, qui ont été faites, par la gratuité des soins. Un examen clinique peut déterminer s’il y a un cancer de prostate ou pas. Il y a encore mieux, L’examen sanguin. Ce qu’on appelle le PSA, qui lui est déterminant et représente un excellent indicateur. S’il est élevé, cela oriente vers Santé-Mag - N° 04 Mars 2012 17 le cancer de la prostate, qui va demander à ce qu’on fasse des biopsies prostatiques. Chose que l’on fait sous échographie guidée. A ce moment-là, l’anapath infirme le diagnostic ou le confirme. Les possibilités de traitement sont diverses. Cela veut dire qu’aucune proposition, prise isolément, n’est valable. Il va falloir combiner les différentes attitudes. On commence par la plus simple. Ce qu’on appelle la prostatectomie radicale. C’est enlever la prostate avec sa capsule. Santé Mag : Quelles sont les séquelles d’une telle opération ? Pr Attar : Cette opération conduit à deux séquelles majeures. Chez un homme jeune, il perdra sa virilité, malheureusement, parce qu’on coupe le nerf érecteur. Il risque, aussi, d’être incontinent, de façon irréversible. C’est dramatique. Mais, l’avantage est qu’il est guéri du cancer. Il n’aura pas besoin de traitement médical. Santé-mag >ACTUALITÉ Faut-il, encore, accepter cette opération ? Moi, je n’ai pas vu un malade qui a refusé cette opération. Les malades sont heureux avec ces séquelles. Le fait que psychologiquement ils sentent qu’ils sont guéris de leur cancer, cela les stimule. La 2ème hypothèse est le traitement hormonal. L’ampoule coûte 46.000 DA. Heureusement que c’est pris en charge par la CNAS. Un autre médicament, en comprimé, coûte 3.000 DA. Le malade bénéficie de ce médicament, gratuitement. Mais, s’il y a déjà des métastases, des ganglions ou une fixité du bassin, on ne peut rien pour le malade, à ce stade. La dernière phase, c’est quand le sujet refuse la chirurgie. On le met, dans ce cas, sous traitement hormonal, même si le médicament coûte cher. Mais, au bout d’un certain nombre d’années, il y a un échappement hormonal. La maladie ne répond plus au traitement hormonal. Il reste, donc, la radiothérapie et la chimiothérapie, dont l’ampoule fait dans les 13 millions de centimes. Il faut 15 à 18 ampoules, par malade. A un stade quasiment dépassé, où la survie ne dépassera pas les quatre à six mois, on se pose, parfois, la question : quel type de médecine voulons-nous ? Deux mois de survie chez quelqu’un, c’est important, mais tout dépend de la qualité de la vie. S’il la passe de façon autonome, c’est bien. Mais, s’il la passe dans la souffrance, autant aller acheter des dérivés morphiniques, même s’il y a accoutumance, même s’il y a addiction ; puis, traiter le sujet pour qu’il n’ait pas mal. Nous n’avons pas le droit de laisser quelqu’un souffrir. C’est un critère obligatoire. Santé Mag : Ces malades arrivent-ils, à temps, chez le médecin ? Pr Attar : Pas toujours. Mais, depuis 4 à 5 ans, les malades, dans le cadre d’un bilan fortuit ou de petits troubles urinaires, viennent pour consultation et on profite pour demander, systématiquement, un taux de PSA. Au-delà de 50 ans, il est obligatoire de faire le toucher rectal et demander un PSA. Si le PSA est augmenté, il faut, alors, investiguer un peu plus. Vous avez, donc, le traitement chirurgical, le traitement hormonal et le traitement de la radiothérapie. Et quand ça échappe à tout, c’est le recours à la chimiothérapie. Je voudrais relever, sur ce point, le problème des antimitotiques, des anticancéreux, qui n’ont jamais fait leurs preuves, ici et que l’Algérie achète, rubis sur ongles. Là, il y a des efforts à faire, pour sélectionner les médicaments, car tous ne sont pas efficaces. Santé Mag : Pour revenir à la tumeur de la vessie, quel est le traitement prescrit ? Pr Attar : Pour les tumeurs de vessie, c’est la chirurgie ; la chirurgie endoscopique. Il n y a pas un traitement médical. Si la tumeur est petite. Elle fait moins de 5 cm, on peut l’enlever en totalité, avec ce qu’on récupère comme fragment, pour lui faire subir un examen histopathologique. Et là, vous avez deux attitudes :- Soit, c’est une tumeur superficielle. A ce moment-là, elle ne touche que la muqueuse vésicale. On peut, dans, ce cas, garder la vessie. Soit, c’est une tumeur profonde. C’est le muscle de la vessie qui est touché. Dans ce cas, il faut enlever la vessie. C’est un double drame. On procède à une dérivation urinaire. C'est-à-dire, faire sortir les urines du côté droit ou du côté gauche. C’est la première hypothèse. A cause de la pénurie des poches, j’ai vu des malades utiliser des sachets de lait, en plastique. Une situation qui vous fait pleurer les larmes du corps. La 2ème séquelle est le dysfonctionnement sexuel. La 2ème façon de faire est de mettre, dans le gros intestin, les uretères, qui viennent des reins. Le sujet fera ses scelles et ses urines, par voie annale, mais à la condition qu’il n’y ait pas des bourrelets hémorroïdaires. La tranche d’âge la plus touchée est entre 40 et 60 ans. C’est le pic. Pour la prostate, c’est à partir de la soixantaine. Il y a d’autres types de cancers, appelés sarcomes, qui peuvent survenir entre 25 et 30 ans, mais c’est rarissime. Quant à la prise en charge, je dirai que nous n’avons pas beaucoup de retard ici à l’Ouest. Il n y a pas de prise en charge, à l’étranger. Cela mérite d’être relevé.• 18 Santé-Mag - N° 05 Avril 2012 Le diabète est une maladie chronique, qui provoque un excès de sucre (glucose) dans le sang Il y a, environ, 120 millions de diabétiques, dans le monde et ce chiffre pourrait doubler, d'ici 25 ans, car les conditions de vie de notre civilisation favorisent le développement du diabète non-insulino-dépendant. Le diabète est devenu, de ce fait, un véritable problème de santé publique. C’est ce que vient de déclarer le Pr Boudiba, de l’hôpital Mustapha Bacha, qui nous fait savoir que, pour cette maladie silencieuse, on dénombre 2 grands types de diabète : -Le diabète de type 1, autrefois dit insulinodépendant, qui touche, environ, 10 % des patients. Il est, aussi, appelé diabète maigre ou juvénile. Cette forme de la maladie touche, particulièrement, les jeunes. A l’origine de cette affection, on retrouve une destruction progressive des cellules béta du pancréas, qui secrètent l’insuline. Lors de ce mécanisme, dit auto-immune, l'organisme fabrique, chez une personne génétiquement prédisposée, des anticorps contre son propre pancréas. Le seul traitement du patient, diabétique de typeI, consiste en des injections, quotidiennes, d'insuline. La découverte d'un diabète de type I se fait, souvent, par la survenue de signes caractéristiques, comme un amaigrissement, une soif intense, une asthénie et un besoin, fréquent, d'uriner. -L’autre type de diabète est le diabète de type II, anciennement appelé non insulino dépendant, qui représente, environ, 90 % des cas. Le Pr Boudiba nous fait comprendre que ce genre de diabète est, encore, appelé diabète "gras" ou de "maturité". Le diabète de type II apparaît, généralement, après l'âge de 50 ans. Cependant, la maladie est en constante progression, chez l'enfant. Son expression semble être le résultat de facteurs environnementaux, essentiellement alimentaires et comportementaux (surcharge pondérale, sédentarité). Cette maladie se caractérise par une hyperglycémie, c'est-à-dire un excès,