OSIRIS Réseau-Ville-Hôpital pour le V.I.H. Présidente: Mme M.F. BOUVET Secrétaire : Mme S. LOUIS Vice-Présidente : Mme le Dr H. MASSON Vice-Président : Mr J.Y. KERGUTUIL PAPYRUS N°16 Sommaire 1) Des nouvelles d’OSIRIS P.3 2) Compte Rendu du Conseil d’Administration d’OSIRIS P.4 3) Journée du 26 janvier 2001 : « Les psy et le VIH » P.6 4) Flash Info P.9 5) Les groupes pharmaceutiques contre les pays les plus touchés P.10 par le sida ou le droit à la propriété intellectuelle contre le droit aux soins 6) Les jeunes et la sexualité P.13 JUIN 2001 Edito Le monde de la lutte contre le VIH est en effervescence depuis plusieurs mois : abandon de la prévention des risques reprise de la contamination dans les pays occidentaux mortalité galopante dans l’Hémisphère Sud Il y a 5 ans nous disions : « Si les malades sont du Sud (90 % des contaminations) les médicaments sont au Nord ». Des pays entiers d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud, d’Europe de l’Est maintenant sont dévastés par la pandémie. Traiter, soigner…c’est le défi des pays en voie de développement car c’est un des droits fondamentaux de chaque être humain : être soigné. Comme le disait le Docteur LACOUR dans le précédent édito du Papyrus n° 15, les conduites à risques sont de retour, le VIH a encore de belles années devant lui, le sida n’est plus à la mode mais le virus, lui, ne connaît ni répit, ni frontière. La lutte contre le virus ne doit, elle aussi, ne connaître ni répit, ni frontière : « Importer les médicaments anti-rétroviraux ou mourir… il faudra choisir » : tel est le défi des Pays en voie de développement en lutte contre le lobbying des grands groupes pharmaceutiques Internationaux. C. STRENTZ commente pour nous le procès de Pretoria du 5 mars 2001 et sa chute… OSIRIS a procédé à son Assemblée Générale le 11 janvier 2001, un bureau provisoire a été élu avec pour mission un renouvellement rapide de ce bureau. Le conseil d’administration du 14 mai a élu un nouveau bureau qui a lui-même élu un nouveau président. Après avoir été coordinatrice d’OSIRIS pendant 6 ans et avoir repris une partie de mes activités après une longue absence, j’ai le plaisir de vous annoncer mon élection à ce poste de Présidence. Céline STRENTZ qui m’avait remplacée comme psychologue pendant cette absence a pris durant 6 mois le relais de la coordination, elle laisse ce poste pour travailler au sein de l’UMIT à St Germain en Laye avec nos collègues qui luttent contre le VIH. Un grand merci de la part de toute l’équipe à Céline pour la qualité de son travail, de sa présence et de son écoute et bonne chance pour sa prise de fonction. Un grand merci aussi au Dr LACOUR pour ces 2 ans _ de présidence. Tous ont apprécié sa disponibilité de Président, sa présence malgré ses nombreuses activités et ses compétences liées à l’expérience. Peut être pourrait-il devenir Président Honoraire, lui qui suit OSIRIS avec beaucoup d’attention depuis sa création ? Il veut continuer à soutenir le Réseau dans ses choix, ses hésitations, ses doutes mais aussi dans son enthousiasme malgré la baisse générale d’intérêt pour la lutte contre le VIH : le réseau doit savoir rester en « veille » car l’épidémie peut toujours reflamber. M.F. BOUVET Présidente,Psychologue Les nouvelles d’OSIRIS Depuis la dernière parution de Papyrus, OSIRIS a déménagé. En effet, depuis sa création, le Réseau partageait au CHI le bureau 513 avec la Consultation de la Douleur. Nous avons profité de l’aménagement du bureau de Marie Françoise BOUVET au Centre Clinique de Psychothérapie, face au CHI Poissy, pour nous équiper de nouveaux matériels plus confortables et plus performants. Nous avons organisé ce grand bureau afin d’avoir, d’une part, un espace pour les consultations psychologiques et les réunions avec les intervenants et, d’autre part, un espace secrétariat plus grand et plus convivial. Nous tenons à votre disposition de la documentation variée et mise à jour sur le SIDA, les Accidents d’Exposition au Sang et les MST, la toxicomanie etc… L’équipe d’OSIRIS sera heureuse de vous recevoir au 2 ème étage du CCP pour toutes informations et renseignements. Le secrétariat est ouvert : - Le mardi de 9h00 à 13h30 (Poste :5313) - Le jeudi de 9h00 à 17h00 (Poste : 5332) poste 5332) le vendredi de 9h00 à 17h00 ( le matin au poste 5313 et l’après midi au Vous pouvez donc nous joindre ces jours là au 01.39.27.53.32 ou laisser un message sur le répondeur afin que nous vous recontactions dès réception du message mais vous pouvez aussi appeler le standard de l’hôpital et demander à faire biper le 5332.pour nous joindre rapidement. Nous tenons à vous informer du départ de Céline STRENTZ, Coordinatrice du Réseau Ville Hôpital pour le poste de psychologue à l’UMIT sur le site de St Germain en Laye, elle travaillera avec nos collèges de St Germain qui luttent contre le VIH. Le poste de coordinatrice est vacant et vous pouvez contacter OSIRIS pour consulter le profil de poste. Equipe OSIRIS 3 Compte-rendu du Conseil d’Administration du 14 mai 2001 ETAIENT PRESENTS : Ø Ø Ø Ø Ø Ø Ø Ø Ø Ø Ø Ø Ø M. LACOUR – Chef de Service Psychiatrie Secteur IV – Président S. LOUIS – Surveillante Chef en Psychiatrie – Vice-Présidente H. MASSON – Praticien Hospitalier, Médecine Interne F. CORDONNIER – Médecin Libéral M.F BOUVET – Psychologue secteur IV et Médecine Interne J.Y KERGUTUIL – Infirmier Libéral C. STRENTZ – Coordinatrice A.M. HERBAULT – Surveillante 5ème D, Médecine Interne E. CHABIN – Biologiste Ville-Hôpital M. FOUQUE – Assistante Sociale Hospitalière J. COLAS – Kinésithérapeute Libéral I. MORGANTI – Secrétaire Médicale IFSI M. AUCHERES – Secrétaire Médicale – Trésorière OSIRIS AVAIENT DONNE POUVOIR : Ø Mme GINDRE – Pharmacienne (pouvoir donné à Mlle AUCHERES) Ø Mme SUZMAN - (pouvoir donné à Mr COLAS) Ø Mme VERCAMBRE – Educatrice Spécialisée (pouvoir donné à Mme LOUIS) Ø Mr STRENTZ – Comptable (pouvoir donné à Mme STRENTZ) Le quorum étant atteint, Monsieur le Docteur Michel LACOUR, Président, ouvre la séance. 4 A la dernière Assemblée Générale d’OSIRIS du 11 janvier 2001, il avait été convenu qu’un Conseil d’Administration aurait lieu 6 mois plus tard afin de renouveler le Bureau et de discuter de l’avenir d’OSIRIS. En raison des projets actuels de l’association, l’équipe d’OSIRIS a décidé de continuer et a donc procédé à l’élection d’un nouveau Bureau où professions libérales et hospitalières sont représentées dans une meilleure parité. Election du Bureau : - Présidente : Madame Marie Françoise BOUVET Psychologue Psychiatrie secteur IV et Médecine Interne - Secrétaire Générale : Madame Sylvianne LOUIS Surveillante Chef en Psychiatrie - Vice- Présidente : Madame le Docteur Hélène MASSON Praticien Hospitalier Médecine Interne - Vice-Président : Monsieur Jean-Yves KERGUTUIL Infirmier Libéral - Trésorier : Monsieur Christophe STRENTZ Comptable - Trésorière Adjointe Mademoiselle Myriam AUCHERES Secrétaire Médicale Tous les membres du Bureau ont été élus à l’unanimité. La séance est levée à 13h30 5 Journée du 26 janvier 2001 : « Les Psy et le VIH » En ce début d'année, de siècle et de millénaire, il peut être intéressant et important que cette question soit posée : "Les psy et le VIH : Enjeux actuels", et cela pour plusieurs raisons : - pour se réconforter entre professionnels "psy" qui travaillent chacun de leur côté; - pour une réflexion sur l'évolution de nos pratiques; - enfin pour mesurer et réaffirmer l'importance du "psychique" alors même qu'un grand espoir est né des trithérapies et que de nouvelles questions se posent. Ainsi, cette journée, très riche d’un point de vue théorique et clinique, m'a pour ma part beaucoup redynamisée. Il est donc impossible de vous redonner toute la densité des thèmes abordés et je ne vous rendrai compte ici que de quelques points qui ont été marquants pour moi. J'ai été très sensible à l'intervention de M. A. ABELHAUSER1 qui a retracé et analysé 'l'histoire culturelle" du VIH dans notre société. Le docteur P. RAGER2 a abordé la question très délicate des interactions médicamenteuses entre psychotropes et traitements du VIH. Ainsi, on observe que l'interaction maladie infectieuse- troubles psychologiques ou psychiatriques - médicaments pose des problèmes complexes, tant au niveau de l'évaluation diagnostique que du traitement : - problème des conséquences psychologiques d'une maladie grave et chronique - problème de l'interférence de la maladie avec un trouble de la personnalité ou un trouble mental déclaré antérieur ; - problème de l'atteinte neurologique du système nerveux central par le VIH et des troubles psychologiques et comportementaux induits par cette atteinte ; - problème des troubles psychologiques iatrogènes induits par les médicaments visant à traiter le VIH, l'hépatite C éventuellement associée, ou d'autres pathologies comorbides. En effet, de nombreux médicaments utilisés dans le traitement de l'infection à VIH sont susceptibles d'induire des troubles psychologiques et psychiatriques. Par ailleurs, il existe des interférences pharmacocinétiques entre certains médicaments psychotropes et certains médicaments antirétroviraux (en particulier, les antiprotéases). 1 Psychanalyste (Service de Médecine interne du Pr. J.-F. Delfraissy, CHU Bicêtre), Professeur Des Universités, Directeur du Département de Psychologie de l'Université de Rennes II. 2 Psychiatre - Centre Hospitalier Ch. Perrens - Bordeaux 6 Le docteur RAGER explique que c'est au niveau du foie, station d‘épuration de l'organisme que vont être métabolisés en vue de leur élimination les médicaments antirétroviraux et les médicaments psychotropes, avec des phénomènes de potentialisation, d'inhibition, de compétition qui vont influer sur la disponibilité réelle du médicament ingéré et donc sur son efficacité ; ce qui amène à appliquer des règles de prudence et à déconseiller certaines associations. Dans ce contexte, une équipe pluridisciplinaire associant l'infectiologue, le psychiatre et le psychologue peut ou doit tenter de répondre à ces différents niveaux d'interactions somato-psychiques. OSIRIS tient à votre disposition un tableau récapitulatif des interactions entre médicaments, tableau que le Dr RAGER nous a confraternellement fait parvenir. Madame A. LEVY3 nous a permis de nous interroger sur: "la question de l'observance est-elle toujours d'actualité ?" Ainsi, la question de l’observance ou de la compliance, ou de l'adhésion au traitement, est devenue cruciale depuis environ quatre ans avec l'arrivée des trithérapies, et a des enjeux considérables : médicaux (les médecins d'abord impuissants devant la mort rapide de leurs patients puis retrouvant un certain pouvoir avec les nouveaux médicaments), sociaux (de par les difficultés de suivre le traitement au travail et la potentialisation traitement/ précarité), psychologiques (prendre soin de soi, accepter de se soigner=accepter que l'on soit malade...), éthiques, etc... En outre, la question de l'observance met l'accent sur la "relation" du médecin et du patient et au-delà sur les rapports de la médecine et de la psychologie. De son côté, Monsieur D. GROSSHANS4 pose une question cruciale "quelle place pour les non-observants dans nos structures?" Ainsi, au travers du récit de deux vignettes cliniques, il nous a invité à nous interroger sur ce qu'est l'observance. Ainsi, la définition du patient observant n'apparaît pas aisée et celle du patient non-observant encore moins. En dehors des bénéfices directs pour le patient, d'autres enjeux sont présents, tels que l'intégration sociale, la lutte contre la morbidité et la mortalité, enjeux de santé publique, d'économie de santé, mais aussi perception subjective du rôle du médecin et du soignant. Il n'existe donc pas de patient non-observant type. Alors, quelle place peut être donnée par une équipe soignante à des patients qui refusent explicitement ou implicitement les traitements ? Donner une place au patient implique que l'équipe peut reconnaître les enjeux subjectifs conscients ou inconscients que le traitement représente pour tel ou tel patient ; car se traiter c'est reconnaître que l'on est malade. L'observance ou la non-observance découle donc de l'histoire personnelle de chacun. Or Monsieur D. GROSSHANS nous rappelle que "poser l'acte médical au seul regard de l'efficacité du traitement est la réduction insupportable pour le patient de son statut de personne à celui d'objet de soins." 3 Psychologue clinicienne (Service de Médecine interne de Professur P. Galanaud; CHU Antoine Béclère), ingénieur d'études à l'Université de Paris XI 4 Psychologue clinicien - CISIH - CHU Strasbourg 7 Jean-Michel VERDAME5 est ensuite intervenu sur les liens qui existent entre le vécu dépressif et l'observance. Il rappelle ainsi le traumatisme et les sentiments dépressifs qui peuvent résulter de l'annonce de la séropositivité. Pour lui, la prise de médicaments s'inscrit dans le rapport entre la coloration dépressive du moment et le rapport à soi et aux autres. Ce traumatisme ravive des conflits inconscients et le sentiment de culpabilité, notamment par rapport à la sexualité du sujet mais dans le même temps, cette annonce aliène le sujet au monde de la médecine et au médecin lui-même, ce qui réactive, par là même, la relation aux imagos parentales archaïques dans la tonalité de l'abandon et/ou de l'emprise. Il résume ainsi la dialectique dans laquelle se trouve chaque patient par rapport à sa prise de traitement: "Une stratégie impossible et obligée. Accepter l'inacceptable et faire de l'obligation un choix ; prendre des médicaments sans se faire prendre, s'affirmer dans le secret de l'intime et non de l'occulte, faire passer la répétition du côté d"Eros, sans déni des forces mortifères, accepter l'appui de celui qui écoute sans se mettre sous son emprise pour in fine, ne pas oublier ses médicaments tout en oubliant que l'on est malade, tels nous apparaissent les paradoxes à affronter." Michèle MAURIS6 a ensuite fait un rapide résumé de l'étude faite au CHU de Strasbourg par rapport aux lipodystrophies : "Paroles autour d'un bilan". L'analyse clinique des résultats fait apparaître une réelle souffrance par rapport à ce symptôme secondaire mais pour cette étude le préjudice subi ne remet pas en cause la poursuite du traitement. Il apparaît néanmoins que la plainte du patient doit être entendue et les recherches doivent être poursuivies afin d'éviter ces effets. Richard SALICRU7 a enfin fait une intervention très riche sur les conséquences psychiques de la contamination sexuelle par le virus du Sida. Il nous invite à prendre du recul par rapport à l'urgence et à mesurer le caractère "sexuellement transmissible" du virus VIH. Il rapproche ainsi la scène de contamination d’un traumatisme sexuel au sens freudien du terme. Ainsi, les difficultés d'observance et de prévention sont liées à ce traumatisme secondaire et à toute la complexité du psychisme humain. Voilà donc un aperçu de la richesse tant clinique que théorique de cette journée. Il faut noter l'importance de ces rencontres pour le partage et l'ouverture à de nouvelles pistes de réflexion que le travail dans l'isolement ne permet pas. C. STRENTZ Psychologue 5 Psychiatre - Groupe d'Aide Psychologique et Sociale- Bordeaux Psychologue - CISIH - CHU Strasbourg 7 Psychanalyste-psychologue clinicien- Hôpital A. Grégoire- St Denis 6 8 Flash Info L’épidémie du VIH en France Au 31 décembre 1999 : 21 000 à 23 000 personnes sont atteintes du sida. Depuis 1981, nombre total de décès : entre 35 000 et 38 500. En 1998, 700 décès par an par sida. En 1999, 600 décès par an par sida. Pour les cas de sida déclaré, la contamination hétérosexuelle est la plus fréquente depuis 1997. Au second semestre 1999, la moitié des patients découvre sa séropositivité au diagnostic de sida. 9 Les groupes pharmaceutiques contre les pays les plus touchés par le sida ou le droit à la propriété intellectuelle contre le droit aux soins Doit-on appliquer les règles du commerce international pour défendre à tout prix les brevets sur les médicaments et les droits de commercialisation exclusifs des grands laboratoires? Ou bien, au contraire, les gouvernements doivent-ils privilégier la fourniture de traitements bon marché plutôt que les bénéfices des grandes entreprises? Voici une des questions, sinon la question qui se trouve au centre des conflits entre l'industrie pharmaceutique et certains pays du Tiers Monde, qui tentent de trouver des solutions à l'épidémie du sida. Ainsi, il nous a semblé intéressant de résumer dans cet article ce que nous avons pu lire ici et là ces derniers temps à propos du procès intenté par 39 firmes pharmaceutiques au gouvernement sud-africain pour l'empêcher d'appliquer une loi sur les médicaments génériques, qui entraînerait une baisse des prix des traitements anti-sida. En effet, le laboratoire indien CIPLA a proposé à l'Afrique du Sud de lui fournir 8 des 15 médicaments anti-VIH pour 600 dollars par patient par an pour une trithérapie au lieu de 10000 à 15000 dollars au prix américain. Ce procès est un symbole pour tous les pays pauvres. Il8 s'est ouvert le 7 mars 2001 devant la Haute Cour de Pretoria, capitale d’Afrique du Sud ( pays qui compte 4,2 millions de personnes séropositives, le chiffre le plus élevé du monde) avant d'être ajourné au 18 avril par le président du tribunal, qui veut faire admettre aux débats une ONG qui défend la violation possible des brevets en cas de graves urgences. Le gouvernement sud-africain est poursuivi pour une loi de 1997 qui facilite notamment l'accès aux traitements antisida. Cette loi que l'industrie juge contraire au droit des brevets, autorise la fabrication et l'importation des médicaments génériques, moins onéreux que ceux produits par les laboratoires privés. Elle n'est jamais entrée en vigueur en raison d'une procédure judiciaire engagée par des groupes pharmaceutiques. 8 Le Monde du 7 mars 2001 10 Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter le temps jusqu'au 25 novembre 1997, Nelson Mandela, alors Président de la République d'Afrique du Sud, apposait sa signature sur la loi d'amendement sur les médicaments, votée moins d'un mois plus tôt, le 31 octobre 1997. Ce texte contenait 4 dispositions principales. La première était le principe de la substitution par un médicament générique pour les molécules dont le brevet de 20 ans est arrivé à expiration (c'est-à-dire contourner le monopole dont bénéficient les détenteurs des brevets). La deuxième mesure était la mise sur pied d'un comité pour la fixation, dans la transparence, des prix des médicaments. Troisième innovation, contenue dans l'article 15c de la loi, la possibilité d'effectuer des importations parallèles ( c'est-à-dire de ne pas acheter les médicaments au prix fort à une multinationale, mais ailleurs à un moindre coût). Enfin, la loi de 1997 introduisait le recours à des appels d'offres internationaux lancés par l'Etat sudafricain pour ses approvisionnements en médicaments. Si l'on veut avoir une vue globale, il faut se référer au droit international où il est écrit que: "9Un membre pourra déroger à cette prescription (le respect des brevets) dans des situations d'urgence nationale ou d'autres circonstances d'extrême urgence" Article 31: des accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, dans le cadre de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), prévoit explicitement des exceptions à la propriété intellectuelle. Mais la mise en oeuvre de ces textes est discutée. Elle est à l'origine des récents procès brésiliens et sud-africains. Deux exceptions ont été prévues. La première est appelée licence obligatoire. Dans ces cas "d'extrême urgence", un pays peut s'octroyer une licence, c'est-à-dire le droit à produire la molécule, y compris contre la volonté du détenteur du brevet. C'est ce qu'a fait le Brésil. Il faut toutefois respecter une procédure et des conditions précises, ce sur quoi le pays est attaqué actuellement. La seconde exception est l'importation parallèle. Elle autorise un pays à importer une molécule brevetée, même sans accord du propriétaire, cela afin de profiter d'un prix plus intéressant. C'est l'objet du procès en Afrique du Sud. D'autres pays que l'Afrique du Sud ont pris des mesures similaires. Il y a 4 ans, le Brésil a décidé de contourner les brevets sur les médicaments contre le VIH et le sida en autorisant des laboratoires nationaux à fabriquer des équivalents meilleur marché. Aujourd'hui, la quasi-totalité des Brésiliens qui en ont besoin, bénéficient gratuitement de la tri-thérapie. Le taux de mortalité des personnes séropositives ou malades du sida a été divisé par 2, tandis que les dépenses de l'Etat étaient allégées de 400 millions de dollars. Mais le Brésil est aujourd'hui poursuivi par l'Organisation Mondiale du Commerce, à l'initiative des Etats Unis... Au centre de ce litige, une loi sur la santé publique qui autorise le gouvernement brésilien à exiger des détenteurs de brevets qu'ils choisissent soit de produire les médicaments sur place à un prix maîtrisé, soit d'autoriser un fabricant brésilien à le faire. A la suite de l'ouverture de ce procès, le jeudi 15 mars 2001, le Parlement Européen a adopté une résolution qui demande "l'instauration d'un système permettant aux pays en voie de développement de se procurer dans des conditions équitables et à des prix abordables les médicaments et vaccins nécessaires." Il a exprimé son soutien aux gouvernements de l'Afrique du Sud et du Kenya "dans le combat que ceux-ci livrent afin d'avoir accès, en adoptant une législation compatible avec les règles de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), aux médicaments capables de sauver des vies aux coûts les plus faibles possibles." 9 OMC Médecins sans frontières - courrier international du 22.03.2001, numéro 538 11 Du côté de l'Onusida et de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) on se réjouit de ces évolutions. Les négociations entamées avec les 5 plus gros producteurs de médicaments anti-VIH n'ont abouti à des accords que dans 3 pays: 'L'Ouganda, le Rwanda et le Sénégal. Selon l'OMS sur les 25 millions d'africains infectés par le VIH, 5 millions devraient être traités compte tenu de leur état. Actuellement seulement 10000 reçoivent des traitements. "Avec les nouvelles offres, ce nombre pourrait être porté à 100000, estime D. NABARRO, assistant de la directrice générale des l'OMS. Passer de 100000 à 5 millions est le défi suivant".10 En fait, il faut noter que les Etats Unis disposent d'un moyen encore plus efficace que ce procès, il s'agit de sanctions applicables en vertu de "l'article spécial 301" de la loi américaine sur le commerce. 11Sous sa menace 16 pays auraient été invités à renforcer leurs mesures de protection des brevets. "En fait, sur la question des brevets pharmaceutiques, les pays en voie de développement négocient avec « un revolver sur la tempe." Les brevets constituent un contrat entre les inventeurs et le reste de la société. En récompense des risques qu'ils ont pris, les premiers se voient accorder un monopole temporaire de 20 ans selon les règles de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), pendant lequel ils ont le droit de vendre leur invention au prix qu'ils auront fixé. En cas de conflit, les Etats sont chargés de préserver l'équilibre entre bien public et monopole privé, or cet équilibre n'est pas respecté. Cette année, 11 millions d'habitants de pays en voie de développement mourront de maladies infectieuses que l'on sait prévenir ». Parallèlement à ce procès et aux nombreuses voix qui s'élèvent pour défendre les pays en voie de développement, d'autres voix critiquent la virulence du discours de certaines associations sous prétexte que leur attitude pourrait conduire l'industrie pharmaceutique à se désintéresser définitivement du tiers monde, en pénalisant les populations démunies ; sous entendu, que ce procès pourrait avoir un effet pervers : les groupes pharmaceutiques, sous la pression, abandonneraient délibérement les recherches dans certains domaines. C'est déjà le cas pour les maladies qui ne touchent que les pays du sud, le paludisme par exemple. Enfin12, le 19 mars 2001, on apprenait que le droit au profit était battu par le droit à la vie Ainsi, les firmes pharmaceutiques abandonnaient leurs plaintes. Les laboratoires avaient bien tenté de justifier leur procès, au nom du droit à pouvoir investir dans la recherche. Mais les dépenses de publicité et de marketing atteignent en moyenne 35% des budgets, soit le double des moyens accordés à la recherche et au développement. Ce procès à Pretoria devrait avoir beaucoup de répercussions: d'une part, il renvoie les Etats à leur propre responsabilité en matière de santé publique et d'autre part, la plainte déposée auprès de l'OMC le 1er février par les Etats-Unis contre le Brésil, accusé «d’autoriser la production nationale de génériques », devrait trouver un premier épilogue à l'automne. Affaire à suivre... C. STRENTZ Psychologue 10 extrait du MONDE Paul Benkimoun article de K. Watkins dans international heral tribune . courrier international du 22.03.2001 12 Christian LOSSON Libération le 19 avril 2001 11 12 Les jeunes et la sexualité En mai 2000, suite à un travail de réflexion autour de la sexualité mené en partenariat avec : le Centre Social A. Malraux la Mission Locale les Clubs de Quartier de la commune de Poissy les Infirmiers Scolaire des Lycées Le Point Accueil Jeunesse Et une étudiante en psychologie, Un questionnaire a été élaboré afin de recenser et d’évaluer les besoins et les demandes des jeunes concernant la sexualité. Il a été diffusé dans les lieux suivants : Le centre social La mission locale La plate forme ARCHE Les lycées, Le Corbusier, A. Bolland et Charles de Gaulle. Les maisons de quartier (la Coudraie, Saint Exupéry et le Clos d’Arcy) 256 questionnaires ont été recueillis et ont permis d’éclaircir les attentes des jeunes. Aujourd’hui, nous souhaiterions faire un retour auprès des jeunes et des professionnels qui ont participé au projet. RESULTATS v Profil de la population - 256 questionnaires recueillis 89 concernent les habitants de Poissy 164 concernent la population féminine 92 concernent la population masculine âge moyen : 19,3 ans Les femmes ont été plus nombreuses a répondre que les hommes : 64% contre 36 % Elles sembleraient plus concernées par le sujet, plus en demande. 13 La tranche d’âge la plus représentée correspond à celle des 18/25 ans : (30%) suivie par les moins de 16 ans (23%) v Demande d’information Par ordre de priorité les demandes d’information pour toute la population concerne : les abus sexuels (16%) les maladies sexuellement transmissibles (15,5%) l’IVG (13%) la relation sexuelle (12%) la ménopause (11,2%) la contraception et accouchement (8,75% et 8,3%) la grossesse et la puberté (7,7% et 7,5%) - au niveau de la population féminine abus sexuel MST IVG relation sexuelle et ménopause grossesse et accouchement contraception puberté - au niveau de la population masculine MST abus sexuel relations sexuelles et IVG puberté et contraception ménopause accouchement grossesse v Moyens à mettre en œuvre Par ordre de priorité 14 - pour l’ensemble de la population mise à disposition de documentation et brochures (21,9%) cellule d’écoute (16,3%) mini conférence (15,7%) planning familial (13,4%) autres interlocuteurs (11,5%) Si l’on réunit les moyens où l’échange et l’écoute sont de mise (groupe de parole, cellule d’écoute et mini conférence), cela représente 53%. L’échange et le dialogue semblent primer sur l’information, documentation. - pour la population féminine : groupe de parole (22,5%) brochures (18%) mini conférence et planning familial autres interlocuteurs - pour la population masculine : brochures (32%) groupe de parole et mini conférence (35%) cellule d’écoute planning autres interlocuteurs Ce qui ressort de manière globale, c’est un besoin et une demande de pouvoir échanger, parler de la sexualité que ce soit en groupe ou en individuel. La demande de dialogue est importante et relayée par une demande d’information écrite. Pour les garçons, il semble qu’ils préfèrent s’exprimer sur la sexualité en groupe et moins en individuel. Par rapport aux propositions initiales, certains jeunes ont exprimé le besoin d’aborder et que soit abordé dans la relation sexuelle : - - les notions de plaisir et de jouissance seul ou à deux comment comprendre l’attirance, le désir ou le dégoût vis à vis de l’autre (odeurs corporelles) la question du désir et des sentiments amoureux préoccupent les jeunes. le premier rapport sexuel et la douleur ressentie la violence subie les déviances sexuelles. 15 D’autres jeunes aimeraient être informés sur le SIDA non pas simplement en terme de prévention mais bien en terme de : « qu’est ce que cette maladie ? ». Certains souhaitent que la sexualité ne soit pas un sujet tabou car c’est une « chose essentielle de la vie ». Il y a aussi une demande de mixité concernant l’information et le dialogue sur le sujet. La relation sexuelle demande donc à être abordée sur le versant « technique » mais bien plus sur le versant affectif. Les jeunes demandent à ce que la sexualité soit abordée beaucoup plus tôt et parlée librement. CONCLUSION Les jeunes ont une attente indéniable par rapport à ce sujet délicat à aborder pour les adultes. Les structures qui délivrent des informations sont trop peu connues des jeunes. Le questionnaire a été favorablement accepté et voir même attendu. Cependant, les réponses obtenues ne concernent qu’un faible échantillonnage mais elles devraient cependant nous permettre de mettre en place des actions répondant aux attentes des jeunes qui ont répondu à ce questionnaire. Au regard des disponibilités des différents partenaires impliqués dans ce projet, la mise en place d’actions s’avère possible mais nécessite du temps et de la réflexion. Pas d’inquiétude : persévérance et patience sont de rigueur pour mener à bien ce projet. Nous sommes en train de réfléchir à la mise en place de groupes de parole et d’échange en direction des jeunes en insertion professionnelle et des jeunes scolarisés dans les établissements secondaires. Cette réflexion s’effectue en partenariat avec OSIRIS, sollicité en février 2001. Une co-animation entre le PAJ et OSIRIS est envisagée pour ces groupes de parole. Oriane DE FENOYLE, Psychologue Lydie ROSSIGNOL, Conseillère à la Mission Locale 16