Dossier artistique Eloge de l`Amour - février 2017

publicité
1
« Nous savons bien que les histoires d’amour passionnent tout le monde.
Nous devons nous demander pourquoi elles nous passionnent »
Dans une conférence au Festival In d’Avignon, en 2008, le grand philosophe Alain
Badiou a fait de l’amour un éloge vibrant et lumineux. Caroline Ruiz s’empare
aujourd’hui avec jubilation de ce texte, avec le désir de le faire entendre et de le
partager. C’est quoi l’amour? Qu’est ce qui se joue entre deux êtres? L’amour a-t’il
sa place dans le monde d’aujourd’hui où confort et sécurité sont devenus le credo
de nos vies? L’amour est-il menacé? Et comment faire du théâtre avec de la
philosophie? Comment mettre en scène le sens? Dans une adresse simple et
directe au public, entre conférence et parole intime, avec le soutien discret de la
vidéo et de la musique, en compagnie d’Arletty, de Dalida et de Cyrano, cette
proposition pleine d’humour et de vie parle de rencontre, de déclaration d’amour,
de Meetic, de Platon, (d’individualisme) d’identité et de différence, de fidélité,
d’obstination, d’aventure, de construction, des sceptiques, du risque, et des corps
qui brûlent… Une autre façon de parler de l’Amour… Une parole indispensable…
« L’amour est une aventure obstinée. Le côté aventureux est nécessaire, mais
ne l’est pas moins l’obstination… »
Adaptation, jeu, mise en scène: Caroline Ruiz
Oeil extérieur / Direction d’acteur: Stephan Pastor
Régie générale / lumières : Jean-Louis Alessandra Création vidéo : Olivier Durand
Diffusion : Margot Larcher
Production : Hangar Palace
Durée : 1h
Livre de chevet pour beaucoup de monde, ce texte n’a jamais été porté sur
une scène. C’est la première fois, huit ans après la désormais célèbre
conversation Badiou/Truong dans le In d’Avignon, en 2008…
"Chère Caroline, j'ai lu attentivement ce que vous comptez faire avec mon "Eloge
de l'Amour". Cela m'a donné confiance en vous. Votre passion me fait plaisir et je
suis toujours heureux que quelqu'un veuille faire ainsi vibrer, en public, quelques
fortes idées." Alain Badiou - 12 juin 2016
2
Au départ, un texte…
Eloge de l’Amour est au départ une discussion en public entre le philosophe Alain
Badiou et le journaliste Nicolas Truong, au Festival In d’Avignon de 2008, dans le
cadre du Théâtre des Idées. Le journaliste du Monde avait invité le philosophe à faire,
à l’instar du Banquet de Platon, son éloge de l’Amour. C’est bien la figure maîtresse de
Platon qui traverse cette conversation: « Qui ne commence pas par l’amour ne saura
jamais ce que c’est que la philosophie », écrivait le Grec, l’expérience amoureuse
étant accès à l’Idée. Vous êtes épris d’un beau corps ? N’en rougissez surtout pas. En
langage platonicien, cela veut dire que vous êtes en passe d’atteindre l’idée du Beau.
Construit autour de grandes séquences – les philosophes et l’amour, la construction
amoureuse, la vérité de l’amour, les liens entre amour et politique, et amour et art –,
Éloge de l’amour s’ouvre sur un scénario bel et bien ancré dans le monde
contemporain. Une campagne d’affichage pour le site de rencontre, Meetic, qui égrène
comme slogan : « Ayez l’amour sans
le hasard ! ». Alain Badiou en est
intimement convaincu : l’amour est
aujourd’hui menacé par la vision
sécuritaire d’un amour-contrat à zéro
risque, version à peine déguisée de la
propagande ubuesque pour la guerre
« zéro mort ». Il est aussi par ceux qui
en font un simple avatar de
l’hédonisme sexuel.
Et par les
cyniques. Les affres et pulsations du
cœur sont ainsi encerclées de toutes
parts : « Je crois en effet que libéral et
libertaire convergent vers l’idée que
l’amour est un risque inutile. […] Il faut réinventer le risque et l’aventure, contre la
sécurité et le confort », proclame le philosophe.
Pour lui, le grand mystère de l’amour tient dans le fait que d’un hasard découle une
épreuve de vérité : « la vérité sur le Deux ». L’amour nous fait expérimenter l’univers
autrement qu’en solitaire, il nous met en présence du monde, « d’un seul monde où se
déchiffre que nous sommes deux ». Différence contre identité. Contre la mythologie de
la rencontre qui consume l’amour, le foudroie, et sépare les amants du monde, Badiou
fait de l’amour une construction, inscrite dans une durée.
La déclaration d’amour étant une des étapes centrales de cette construction…
« Déclarer l’amour, c’est passer de l’événement-rencontre au commencement
d’une construction de vérité. C’est fixer le hasard de la rencontre sous la
forme d’un commencement. »
3
Pourquoi ce texte…
Un homme m’a quitté. Un homme m’a trouvé. Un homme a fait de moi une mère. Un
homme a fait de moi une femme. Une femme amoureuse. Pas une jeune femme, non.
Ni vieille, ni incroyable, ni laide, ni belle. Une femme. Une femme qui (re)découvre
l’amour. Ses joies. Ses tourments. Son Obsession. Ses montagnes russes. Aimer et
être Aimée. La grande affaire. L’Amour avec un grand A. Le vrai, le pur, le si rare.
L’évidence. J’ai eu deux grands amours dans ma vie. Le premier à 20 ans, le
deuxième à 46 ans. J’en ai à présent 49 et cela fait presque trois ans que cet Amour
me remplit et me bouleverse. On n’aime pas de la même manière à 20 ans et à 49
ans. On n’est pas aimée pareil. Après trois mises en scène jeune public, c’est de ça
dont j’ai eu envie de parler. L’amour entre deux êtres, corps et âme. L’amour ici et
maintenant. Pas l’amour de la Carte du Tendre, ni celui de Belle du Seigneur, encore
moins celui des magazines féminins. Pas la stratégie ni le cynisme, la mièvrerie et le
romantisme fleur bleue. Pas l’amour des adolescents ni celui des personnes âgés.
Non.
Besoin de parler de celui que je connais, celui qui me soulève du sol et me
brûle. Ce cadeau tombé un jour au coin de la rue. Envie de comprendre.
Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi
comme ça, à ce point, si fort ? Comprendre ce qui se joue.
Comprendre cette révolution en soi. Cette renaissance. Ce
vertige. Cette évidence. L’Amour, finalement, comment ça
marche ?
J’ai eu un véritable coup de foudre pour Eloge de
l’Amour. Comme un coup de foudre amoureux. Comme si
ce livre avait été écrit pour moi. Il y a des textes qui viennent
tellement taper dans notre sensibilité et dans nos entrailles que
l’on sent qu’il y a une urgence à prolonger l’expérience de la
lecture dans l’expérience de l’incarnation.
J’ai présenté un premier dossier au festival Dire des Femmes du Théâtre
du Petit Matin à Marseille en janvier 2016. 9 projets de femmes, 9 chantiers
en cours, 3 propositions de travail de 30 minutes par soir, une question à poser
au public… Laboratoire parfait pour mon expérimentation. J’ai laissé tomber l’idée
de mélanger ce texte avec des textes du répertoire, histoire de faire un peu plus
« théâtre »… Non. J’ai fait le pari de donner à entendre seulement Badiou et son
Eloge, avec quand même un bout de Dalida, et le moment de la rencontre dans les
Enfants du Paradis. Sentir comment j’allais le porter, comment le public allait réagir.
C’était véritablement un quitte ou double. Comme en amour, il fallait que la rencontre
se fasse. L’accueil fut enthousiaste. A la question posée au public : « si j’allais plus
loin, que souhaiteriez vous entendre? Plus de Badiou ou plutôt d’autres textes sur
l’amour? », la réponse fut unanime: plus de Badiou!! Ce texte avait résonné aussi fort
chez eux que chez moi… Cette soirée m’a poussé dans le dos. Et c’est avec
obstination que j’ai décidé de poursuivre cette aventure.
Caroline Ruiz
4
Oui, mais comment…
Les grandes questions étaient « comment porter de la
philosophie sur un plateau de théâtre? Comment faire
entendre ce texte - même s’il est déjà très vivant
puisqu’il a été dit en public avant même d’être écrit et
qu’il conserve ainsi l’énergie et la spontanéité de la
parole parlée? Comment passer du « je pense que
l’amour c’est… », de Badiou, à une parole plus
ouverte qui dirait « l’amour, c’est… »?
Et comment faire entendre le sens d’un texte qui n’est
pas toujours simple, comment mettre en scène le
sens?
Caroline Ruiz a adapté ce texte en choisissant les
passages qui résonnaient le plus en elle et qui
mettent en jeu l’amour entre deux personnes en
prenant garde à respecter le sens et la mise à nu du
processus amoureux qui va du hasard de la rencontre
à la déclaration d’amour et à la construction d’une
vérité, avec en parallèle cette lutte de la différence
contre l’identité. Elle y a introduit trois monuments de
la culture populaire qui, elle, contrairement à la
philosophie, et c’est Badiou qui le dit, a toujours traité
le sujet de l’amour: la rencontre dans les Enfants du
Paradis de Marcel Carné, la déclaration d’amour de
Cyrano à Roxane et une chanson de Dalida… Elle a
construit une dramaturgie qui fait glisser doucement
de la conférence à une parole plus intime tout en
suivant l’avancée du processus amoureux…
La comédienne entre sur le plateau avec l’irrésistible envie de raconter sa propre
histoire d’amour… « J’aimerais tellement vous dire comment j’ai rencontré mon… »
Mais cela n’est pas possible, n’est ce pas? Pourquoi raconter sa vie? Qui cela pourrait
il intéresser? Alors elle raconte le mythe d’Aristophane sur l’amour, dans le Banquet de
Platon. La belle histoire de ces êtres coupés en deux qui passeront leur vie à se
chercher…. Un préambule comme un conte, avant de plonger dans la pensée de
Badiou…
Partager la jubilation d’une lecture…
Partager de l’intelligence…
L’Amour, la grande affaire de tous…
5
De la philosophie au théâtre?
Qui mieux qu’un acteur ou une actrice pour partager un texte, le faire entendre? Qui
mieux pour mettre en corps une pensée? Utiliser les outils de l’acteur au service de ce
texte. Savoir l’interpréter, au sens premier du texte, comme si c’était une langue
étrangère. Être un traducteur, mettre en scène le sens.
Il y a déjà de la théâtralité dans ce texte car il a été dit en public, jeu de questions
réponses, il y a déjà de l’humour, du suspens, des questions, du doute…
Faire un travail de découpe, de montage, de scansion, savoir appuyer sur certains
mots, faire résonner une phrase, la laisser en suspend, aménager des silences,
prendre la liberté de répéter certaines phrases qui sont comme un virage dans la
pensée.
S’approprier les mots et la pensée pour donner à entendre qu’elle se construit là,
maintenant, avec des respirations, des temps, des emballements, de la naïveté,
chercher, trouver, questionner…
Eviter absolument la leçon de philo, ce n’est pas une conférence, même si cela semble
démarrer ainsi, mais trouver des incarnations, des métaphores sensibles, des
mouvements de plateaux, une musique, une image, qui vont traduire ce qui dans le
texte était théorique
Si l’on vient voir un acteur dire un texte comme celui ci, comme n’importe quel texte
d’ailleurs, c’est aussi pour voir et sentir pourquoi il l’a choisi, ce qu’il fait bouger en lui.
Le texte est au centre, mais, sur un fil entre respect et liberté, partager ce qu’il fait
résonner en moi. Sinon, autant le lire pour soi.
Rapport au public
Je ne suis pas une actrice. Ce n’est pas
un spectacle. Il n’y a pas de jeu, pas de
personnage, juste une adresse directe,
une envie de partager, et l’énergie de
l’enthousiasme. C’est une rencontre à
laquelle je me prépare comme pour un
rdv amoureux. L’idéal c’est une petite
jauge, avec le public légèrement éclairé
pour que je puisse voir chaque visage.
Le public est considéré comme un co acteur. Le texte pose beaucoup de questions,
des « n’est ce pas? » le jalonnent de loin en loin. C’est une invitation à penser, à
philosopher, une invitation à comprendre ensemble. Faire entendre une pensée et faire
sentir une émotion, un vécu, passer du singulier à l’universel avec le désir de susciter
une parole, un échange. Et poursuivre cette réflexion après la représentation, dans
une conversation informelle, pour découvrir comment ce texte a résonné différemment
selon les gens…
Un couple d’amoureux passera même de la salle au plateau…
6
Scénographie, vidéo, lumières, sons
Tout est au service de la pensée et de la dramaturgie. Pour révéler, souligner,
accentuer, décaler. Pour faire sentir et entendre autrement. Même si Badiou utilise un
langage plutôt simple, même si un travail précis a été fait pour le rendre encore plus
limpide, il s’agit quand même de philosophie et d’un texte exigeant. Les « complices »
apportent aussi des moments de respiration indispensables qui permettent au
spectateur de laisser infuser en lui ce qui vient d’être dit ou/et de le préparer à ce qui
va venir. Il faut pouvoir offrir ce temps là…
Scénographie
Elle doit nécessairement être simple et légère pour
que cette proposition puisse se jouer partout. Une
petite table en bois, deux chaises dont une haute,
un bougeoir, des pupitres de musicien et des toiles
noires sur lesquelles le public pourra suivre au fur
et à mesure le processus amoureux, une veste
d’homme quelque part, un mini vidéo projecteur in
Peu à peu l’espace de jeu se transformera en une
Carte du Tendre d’aujourd’hui.
Vidéo
Parce qu’il y avait le désir de croiser ce texte avec
des monuments de la culture populaire, est projeté
sur une toile de peintre le passage de la rencontre
entre Arletty et Brasseur dans les Enfants du
Paradis. Leur dialogue vient résonner avec le texte
de Badiou… Les deux autres vidéos ont été
créées sur mesure par Olivier Durand.
Composition abstraite, elles sont projetées sur le
corps de la comédienne, accompagnant le rythme
de la scansion du texte, donnant du souffle et de l’incandescence aux mots de la
rencontre fusionnelle, et à ceux de l’émoi des corps amoureux…
Et puis il y a les lumières de Jean-Louis Alessandra qui ouvrent et resserrent l’espace,
qui caressent ou font éclater la pensée… Il y a Dalida et sa sublime chanson « Histoire
d’un Amour » pendant laquelle l’intime prend toute sa place, et la déclaration d’amour
de Cyrano diffusée dans le noir, juste pour la beauté des mots…
+++ Direction d’acteur
Caroline a porté seule ce projet, aventure personnelle et vitale, virage d’une vie. A
partir de mars 2017 elle aura trois sessions de travail sous la direction de Stephan
Pastor, excellent directeur d’acteur, pour atteindre ce supplément d’âme tant
recherché.
7
Extraits
Les murs de nos villes sont régulièrement couverts d’affiches pour le site de rencontre
Meetic. « Il suffit parfois d’un clic pour un déclic ! » Un des slogans de cette campagne
publicitaire dit – et il s’agit du détournement d’une citation de théâtre – « Ayez l’amour
sans le hasard ! ». Et puis il y a celui-ci : « On peut être amoureux sans tomber
amoureux ! ». Et puis il y a aussi : « Vous pouvez parfaitement être amoureux sans
souffrir ! »
C'est l'histoire d'un amour éternel et banal
Qui apporte chaque jour tout le bien tout le mal
Avec l'heure où l'on s'enlace, celle où l'on se dit adieu
Avec les soirées d'angoisse et les matins merveilleux
Qu’est-ce que c’est que le monde quand on l’expérimente à partir du deux et non pas de
l’un ? Qu’est-ce que c’est que le monde, examiné, pratiqué et vécu à partir de la différence
et non à partir de l’identité ?
Alors… quelle est la nature de cette construction ? Dans les contes, on n’en dit pas grandchose, n’est-ce pas. Dans les contes, on dit : « Ils se marièrent et eurent beaucoup
d’enfants. » Oui, mais bon, l’amour, est-ce que c’est se marier ? Est-ce que c’est avoir
beaucoup d’enfants ? Cette explication est un peu maigre et stéréotypée, non ? L’idée que
l’amour s’achève ou se réalise exclusivement dans la création d’un univers familial n’est
pas satisfaisante… Carine? Philippe? C’est la question de la durée qui est intéressante
dans l’amour…
L’amour, dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, est pris dans cette étreinte, dans cet
encerclement. Et c’est parce qu’il est considéré comme un risque inutile qu’il est menacé.
Nous devons le défendre. Et le réinventer. Réinventer le risque et l’aventure, contre la
sécurité et le confort.
Frédéric : Ah ! Vous avez souri. Ne dites pas non, vous avez souri. Ah, c’est merveilleux.
La vie est belle, et vous êtes comme elle, si belle, vous êtes si belle vous aussi….
Garance : C’est drôle, on dirait que vous avez couru…
Frédéric : Oui, après vous…
Garance : Après moi ? Mais vous venez à ma rencontre…
Quand on déclare son amour, on fait endosser un risque énorme au langage. Il s’agit de
prononcer une parole dont les effets, dans l’existence, peuvent être pratiquement infinis.
Les mots les plus simples se chargent alors d’une intensité presque insoutenable.
Déclarer l’amour, c’est passer de l’évènement rencontre au commencement d’une
construction de vérité. C’est fixer le hasard de la rencontre sous la forme d’un
commencement.
8
Ce n’est pas un spectacle, mais une proposition, une rencontre, une fête…
Et un dispositif « avant/après » // « dedans/dehors » :
Le Photomaton des Amoureux!
Ce spectacle est léger, simple à monter et à installer. Il peut se jouer partout. Dans les
théâtres, en appartement, dans un train, un restaurant, une médiathèque, une salle de
lycée, dans un jardin de nuit, ou dans tout autre lieu insolite pouvant accueillir du public. Il
peut même être totalement autonome. La seule contrainte: il faut absolument le noir pour
les images projetées.
* L’idée est d’investir un lieu, de pouvoir y exposer des photos et des textes. Photos prises
dans le Photomaton, et petits textes écrits par le public. Ces photos auront la même
esthétique, le même format et seront toutes dans des cadres en carton faits pour l’expo.
La cabine de photomaton sera installée quelque part dans le lieu et, avant ou après, les
gens pourront y aller faire 1 photo qui viendra s’ajouter à la collection et aux expositions
suivantes…
*
Parce qu’Eloge de l’Amour n’est pas une proposition qui se prend au sérieux et qui
donne un leçon d’intelligence, le public sera accueilli dans une atmosphère festive, au son
d’une playlist de chansons d’amour connues ou moins connues, choisies par l’équipe. Il
sera d’ailleurs demander au public quelle est leur chanson d’amour favorite, ou sur quelle
chanson ils se sont connus ou ont aimé…
*
Après la représentation, Caroline ne disparaît pas en coulisses. Elle enchaîne
directement avec une rencontre informelle sur le plateau, dans le hall du théâtre, dans la
cuisine, au bar du coin, pour poursuivre la rencontre…
Le Photomaton
Parce que nous vivons à l’ère des selfies, des applications photo, du « tout le monde est
photographe», parce que les amoureux, surtout quand ils se voient peu, adorent s’envoyer
des photos, il nous a semblé amusant de tirer un fil entre cette tendance contemporaine et
Eloge de l’Amour. Nous allons construire un photomaton selon la technique actuelle des
meubles en carton. Il sera démontable, transportable, léger, customisé. On pourra y entrer,
seul ou à deux (et pourquoi pas à trois…) pour y faire Une photo, selon des idées de mise
en scène proposées avant d’entrer. Le régisseur de la compagnie, photographe à ses
heures, se tiendra caché derrière avec son appareil sur pied et actionnera le déclencheur.
En couple ou seul (ou à trois), cette petite expérience en cabine permettra à chacun de
s’interroger de façon ludique ou profonde, ce sera selon, sur son rapport à l’autre et à
l’amour. Ce moment photo sera aussi l’occasion de participer de façon active à un projet.
Et de laisser une trace…
Les photos seront ensuite travaillées, exposées, diffusées et envoyées comme un cadeau.
9
Portraits
Alain Badiou
Professeur émérite à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, il est l’un des principaux
philosophes contemporains. Mathématicien, romancier et dramaturge, il est également un
penseur engagé, intervenant régulièrement dans le débat public. Il est notamment l’auteur
de l’Être et l’Evénement, Le Siècle, De Quoi Sarkozy est il le Nom?, Notre Mal Vient de
Plus Loin, et plus récemment de L’Explication dans lequel il débat avec Alain Finkielkraut.
Au théâtre, il a collaboré avec Antoine Vitez et Christian Schiaretti. Son adaptation de la
république de Platon a connu un très grand succès au Festival In d’Avignon 2015. Il dirige
des séminaires au Théâtre de la Commune Aubervilliers depuis des années. Il a sorti trois
essais à l’automne 2016, dont « La Vraie Vie » dédié à la jeunesse.
Nicolas Truong
Essayiste et journaliste au Monde, il s’interroge depuis longtemps sur les relations entre la
scène et les idées. En 2002, il met ainsi en scène La Vie sur Terre, adaptation théâtrale de
textes issus de la pensée critique. Il est responsable de 2004 à 2013 du Théâtre des
idées, cycle de rencontres intellectuelles du Festival d’Avignon, et depuis 2014, des
Controverses du Monde en Avignon. Il est co-auteur de Éloge de l’Amour et de Éloge du
Théâtre (avec A. Badiou), de Une histoire du corps au Moyen Âge (avec Jacques Le Goff),
de Résistances Intellectuelles: Les combats de la Pensée Critique et de Penser le 11
Janvier. Il écrit et met en scène Projet Luciole en 2013 au In d’Avignon et prolonge sa
tentative d’imaginer un théâtre philosophique avec Interview au Théâtre du Rond Point.
Caroline Ruiz
Comédienne, metteur en scène, professeur de théâtre. Elle travaille avec le collectif
Hangar Palace de Marseille dont elle a fait la mise en scène pour Peau d’Âne en 2009
(200 dates dans toute la France), Avaler des Grenouilles de Gilles Cailleau en 2011 et
Cendrillon Fille d’Aujourd’hui en 2013. Elle travaille avec des acteurs amateurs dans le
cadre d’Un Pied en Coulisses avec le soutien du Théâtre du Gymnase de Marseille. Elle a
été assistante de Jean-Pierre Vincent pour Les Suppliantes d’Eschyle. Olivier Durand
Vidéaste designer, réalisateur, il travaille dans l’idée de créer de nouveaux espaces de jeu
et de dialogue dans le spectacle vivant (théâtre, concert, opéra, danse,…) à l’aide de
créations vidéos et de réalisations de dessins animés qui interagissent avec le direct. Il
réalise également des conceptions graphiques et des illustrations pour le web, les
tablettes et les smartphones. Il travaille beaucoup avec le Philharmonique de la Roquette
et il fait partie du collectif d’artistes qui vient d’ouvrir le Studio Phosphore à Arles.
Stephan Pastor
Comédien, metteur en scène, il travaille avec de nombreuses compagnies dont Théâtre
27, Groupe O, Théâtre de Cuisine. Trace(S) en Poudre, Bambou Orchestra et Begat
Teater avec qui il joue dans la rue. Il a joué sous la direction de Tomas Ostermeïer dans
Recherche Faust Artaud. Avec sa propre Compagnie, Pirénopolis, il monte deux seuls en
scènes qu’il écrit et interprète : Benedito, drame sans parole et La Nuit de Domino. Depuis
2006, il est comédien permanent de la Compagnie l’Entreprise François Cervantès . En
2016 il est le Roi dans Princesse Yvonne de Bourgogne sur Château Toboggan mis en
scène par Edith Amsellem. En 2017, il fait un travail spécifique de direction d’acteur avec
Caroline Ruiz sur Eloge de l’Amour.
10
Hangar Palace
Hangar Palace est une compagnie de théâtre professionnelle
basée à Marseille. Elle a monté trois spectacles jeune public en
coproduction avec le Théâtre du Jeu de Paume d’Aix en Provence
sur le thème de la famille. Peau d’Âne créé en 2009 (3 Festivals
d’Avignon, plus de 200 dates, toujours en tournée), Avaler des
Grenouilles de Gilles Cailleau créé en 2011 et Cendrillon Fille
d’Aujourd’hui écrit par Julien Asselin et créé en 2013.
Caroline Ruiz a fait la mise en scène de ces 3 spectacles.
Peau d’Âne : spectacle musical. Adaptation fidèlement libre du
conte de Perrault et des chansons du film de Jacques Demy.
Caroline Ruiz recrée le conte Peau d’Âne de Perrault au théâtre
tout en revenant à l’intrigue incestueuse, elle garde l’idée d’une
comédie musicale pleine de joie de vivre… ZIBELINE
C’est par des moments d’humour totalement décalés que cette
version marque au fer rouge son originalité. MIDI LIBRE
Une réussite tout simplement. LA MARSEILLAISE
Avaler des Grenouilles : conte contemporain sur le deuil dans
une famille et la réparation des vivants.
C’est beau, intelligent, drôle, et joué par quatre comédiens
enthousiastes, énergiques et talentueux. LA MARSEILLAISE
Prétexte à un voyage d’une drôlerie, d’une fraîcheur et d’une
sensibilité désarmante, ce spectacle donne de l’élan. ZIBELINE
Cendrillon Fille d’Aujourd’hui: conte revisité sous l’angle de la
famille recomposée. Comment chacun trouve sa place…
C’est toujours Cendrillon, mais quelque chose a changé. Ce conte
poussiéreux, la troupe Hangar Palace a su le réinventer en fable
contemporaine, version « famille recomposée ». C’est moderne,
entraînant et touchant. LA PROVENCE
Oui, Cendrillon est un conte moderne. Julien Asselin et Caroline
Ruiz, qui signent texte et mise en scène, nous le prouvent.
MARSEILLE L’HEBDO
11
L’éloge de l’Amour d’après le texte d’Alain Badiou
Article de Diane Vandermolina / Revue Marseillaise du Théâtre
Posted on January 10, 2017 by Rmt News Int
Présenté au Parvis des Arts et au Théâtre Du Petit Matin en novembre 2016
Adaptation, mise en scène et jeu : Caroline Ruiz
Régie générale / lumières : Jean-Louis Alessandra - Création vidéo : Olivier Durand
Durée 1h / Création 2016 du Hangar Palace
En tournée en appartement, dans les lycées et au festival d’Avignon off 2017
L’éloge de l’amour ou la réussite d’un triple défi
Parler d’amour de nos jours peut sembler désuet, encore plus lorsqu’il s’agit
d’adapter sur scène une conversation philosophique, d’autant plus encore que
notre époque est dominée par la haine et la violence. Nous pouvons en préambule
remercier la comédienne Caroline Ruiz d’avoir eu cette magnifique idée que de
porter à la scène « l’éloge de l’amour » d’Alain Badiou*, un si beau texte, et d’avoir
réussi à transmettre, faire entendre et partager, tant par son dire que par son
interprétation, l’enthousiasme et la jubilation, un véritable coup de foudre, qu’elle a
rencontrés à la lecture de ce texte.
Porter et transmettre la parole d’un philosophe sans la dévoyer : un défi relevé avec
intelligence
En usant d’une dramaturgie où la parole discursive propre aux conférences se
métamorphose en une parole plus intime presque susurrée à nos oreilles attentives,
Caroline Ruiz -grâce à l’immédiateté du dire théâtral qui permet l’incarnation de la pensée
philosophique- donne à vivre et ressentir cette philosophie dont elle se saisit afin que nous
puissions en recevoir une compréhension immédiate et la prendre avec et en nous sans
avoir à ne passer que par le médium de l’intellect pur, tout en nous guidant vers l’Idée à la
façon de Socrate.
La comédienne s’appuie sur une scénographie sobre et élégante où quelques pupitres
surmontés de petits tableaux noirs, sur lesquels se découvrent au fil du spectacle des
mots écrits à la craie blanche, sont judicieusement arrangés autour d’une petite table en
bois vieilli, sur laquelle sont posés divers éléments rappelant un bureau de philosophe
avec ses livres et son petit chandelier. Un espace ouvert, face au public, laissera place à
un petit tableau sur lequel seront projetées de temps à autres quelques magnifiques
créations vidéo signées Olivier Durand. Ces ponctuations visuelles, subtiles, confèrent un
supplément de poésie à cette création réussie où la simplicité est première. Car ici, point
de musique assourdissante, ni de décors d’apparats, ou encore de costumes trop
voyants : des petites touches de lumière viennent éclairer la scène avec délicatesse,
qu’elle vienne d’un projecteur ou de la vidéo, offrant à la comédienne des temps de
ruptures bienvenus, évitant l’essoufflement dans le dire d’un texte philosophique par
essence pas toujours aisé à entendre.
La comédienne a su ici le rendre accessible en retraçant les étapes clés du processus
amoureux qu’elle griffonne sur les petits tableaux noirs (l’événement de la rencontre et sa
surprise, la déclaration et l’engagement du « je l’aime », le désir et l’abandon du corps et
encore le couple où comment réinventer la vie à deux). Elle intègre ici des éléments
extérieurs au texte : un extrait de Carmen (« l’amour est un oiseau rebelle »), une chanson
de Dalida, la déclaration d’amour de Cyrano ou encore un extrait des «Enfants du
Paradis» de Carné avec Arletty. Ces éléments permettent d’expliciter ou illustrer l’objet du
spectacle (le discours amoureux) sans redondance aucune : dans la mise à la scène d’un
texte philosophique, la répétition est nécessaire en ce qu’elle rend plus intelligible le
propos à son écoute, notamment le passage délicat de la déclaration, cet engagement
12
(prémices à la fidélité jurée) où l’instant et le hasard se fixent dans l’éternité.
« L’amour est une descente de l’éternité dans le temps » et « le bonheur, la preuve que le
temps peut accueillir l’éternité ».
Accompagnant le geste à la parole sans qu’il ne la parasite, occupant l’espace scénique
dans son entièreté avec des déplacements réfléchis, elle fait intervenir sur scène un
couple d’amoureux afin de briser complètement le 4ième mur et que de lectrice, elle
devienne passeuse et « actrice » d’une philosophie de l’amour, vivant le texte qu’elle dit
d’une voix claire et limpide, le regard toujours posé vers le public. Ce dernier ne peut alors
être qu’un simple auditoire passif à l’écoute d’une parole : il devient partie intégrante du
spectacle, « co-acteur » de cette parole.
Une autre façon de parler d’amour qui vient à point nommé
L’ajout en préambule de l’éloge de l’amour fait par Aristophane dans le Banquet de Platon,
est judicieux pour ouvrir sur les enjeux multiples de cette parole d’amour : est expliqué ici
comment Zeus a, pour les punir, séparé les êtres humains en deux êtres distincts. Avant,
chaque être humain était en fait une sphère avec quatre mains, quatre jambes et deux
visages sur une tête unique, quatre jambes et deux visages sur une tête unique, quatre
oreilles, deux sexes etc... : il y avait des êtres mâles, femelles et androgynes. Chacun
après sa séparation a été amené à rechercher sans cesse sa moitié, de l’autre sexe ou du
même sexe, afin de n’en faire qu’un pour guérir sa nature humaine. Ce souhait de se
fondre en l’autre et ce besoin de complémentarité est ce pourquoi Eros guide les humains
à s’aimer. Cette façon d’ouvrir sur le texte d’Alain Badiou plonge le spectateur dans le vif
du sujet, avec humour et finesse, posant les bases d’un discours allant à contrecourant
des préjugés actuels.
Parler d’amour aujourd’hui, c’est le réinventer, le défendre ! L’amour est menacé et il nous
faut « réinventer le risque et l’aventure, contre la sécurité et le confort ... » car « l’amour
est une aventure obstinée ...» qui triomphe des obstacles et « fait mentir l’individualisme ».
L’amour, c’est réinventer la vie à deux. « Tout amour propose une nouvelle expérience de
vérité sur ce que c’est d’être deux et non pas un. Que le monde puisse être rencontré et
expérimenté autrement que par une conscience solitaire, voilà ce dont n’importe quel
amour nous donne une nouvelle preuve. »
C’est ainsi avec plaisir que nous avons découvert cette création où une comédienne prend
à son compte ce discours amoureux dans lequel sont convoqués les plus grands
philosophes (Platon et Spinoza, notamment lorsqu’elle évoque la recherche de la beauté
absolue, l’universalité de l’amour ou le dur désir de durer) et qui dénonce la recherche
actuelle de l’amour confortable et sécuritaire où le risque zéro est mis en avant (citons
Meetic ou la jouissance débridée, deux facettes de l’absence de prise de risque de nos
contemporains) ainsi que la réduction de l’amour à la famille, porte ouverte à l’intolérance
religieuse, sociale et politique.
La comédienne partage alors sa vision d’un monde où le culte de l’identité et le repli
sur soi, portés par les extrémismes, ne devrait pas avoir sa place, car, comme le dit
Alain Badiou, « Toute différence est un bienfait ». Et tout en rajoutant des éléments
extérieurs au texte lui-même, mais toujours en rapport avec l’objet de son discours
(allusion sous-jacente au terrorisme qui empoisonne le monde à notre époque), elle
offre à découvrir un écrit philosophique passionnant qu’elle défend avec vibrance et
porte sur la scène avec amour. Un engagement artistique à saluer ! Bravo pour ce
partage.
Diane Vandermolina
13
Contacts
Artistique
Caroline Ruiz : [email protected] / 06 19 73 36 55
Diffusion
Margot Larcher : [email protected] / 06 24 70 34 18
Technique
Jean-Louis Alessandra : [email protected] / 06 60 72 67 72
Caroline tient à remercier pour leur regard extérieur, leur soutien et leurs conseils:
Monique Tosi, Sofie Szoniecky, André Ghiglione, Julien Asselin, Christine Gaya, JeanLouis Kamoun, Carine Steullet, Julien Therme, Cathy Ruiz, Karine Barbier
Et Aria Guilj pour la création de l’affiche
Pour voir le teaser, c’est ici !
https://vimeo.com/200795848
« Car l’amour est une aventure. Après tout, quand on tombe amoureux, l’expression le dit
bien, c’est comme si on tombait dans un trou. Quand on tombe amoureux on ne sait pas
grand chose de l’autre. Ce qui est stupéfiant c’est que pratiquement au moment où vous
êtes en train de dire oui à cette rencontre, oui à cet inconnu, vous ne savez pas grand
chose de l’autre à vrai dire. Et pourtant, vous acceptez les mystères de la différence… A
l’heure du culte frénétique de l’identité, à l’heure du repli sur soi, il est bon que l’amour
nous rappelle que toute différence est un bienfait. L’amour est l’expérience la plus intense
et la plus partagée de ce qui seul peut faire exister une humanité digne de ce nom. »
Texte édité chez Flammarion - 2009
14
Téléchargement