Entre champignons, arbres et bactéries, l’union peut faire la force Microbiologie Cora Miquel Guennoc est jeune chercheuse à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) à Champenoux, au sein de l’équipe IAM (Interaction Arbres/Microorganismes). Cette équipe s’intéresse aux interactions entre les bactéries des sols, les champignons et les arbres, c’est à dire à la façon dont ces organismes agissent les uns sur les autres. Les études de Cora portent plus particulièrement sur une bactérie favorisant l’interaction entre un champignon et les racines des arbres. Il s’agit d’un champignon dit « mycorhizien » qui a la particularité de stimuler ainsi la croissance des arbres. L’utilisation de ces champignons pour la culture des arbres permet d’en augmenter la production tout en diminuant l’utilisation d’engrais. Pour cette raison, l’existence d’une bactérie favorisant cette interaction est d’un réel intérêt agronomique et écologique. « Les interactions entre les organismes vivants m’intéressent particulièrement de par leur omniprésence et la complexité des mécanismes impliqués. Chercher à décrypter ces mécanismes est donc pour moi un défi passionnant. » Ecoles doctorales de Lorraine 2015 Dans les sols forestiers coexistent de nombreux organismes vivants de tailles et d’espèces très variées tels que les animaux, insectes, champignons, bactéries, racines des plantes. Tout ce petit monde interagit en permanence, certains se font la guerre tandis que d’autres s’entraident. Parmi ces organismes, les champignons mycorhiziens vivent en symbiose avec les racines des arbres. Le terme “symbiose” signifie “vivre ensemble”, et désigne des organismes qui s’associent et ont un effet bénéfique l’un sur l’autre. Ainsi, lors de la symbiose entre un champignon mycorhizien et les racines d’un arbre, des échanges nutritionnels* ont lieu entre les deux partenaires, aboutissant à une meilleure croissance de l’arbre et du champignon. Dans les années 1990, il a été découvert que certaines bactéries du sol pouvaient stimuler, c’est à dire favoriser, cette symbiose et Cora voudrait en comprendre les mécanismes. Pour cela, elle étudie l’interaction entre trois organismes modèles, le champignon mycorhizien Laccaria bicolor, la bactérie Pseudomonas fluorescens et un arbre, le peuplier. Pour décrypter leur interaction, elle les fait pousser ensemble dans son laboratoire, puis elle mesure différents paramètres et compare les résultats avec ceux obtenus lorsque les organismes ont poussé sans la bactérie. Cora mesure par exemple leur croissance ou regarde les molécules qu’ils produisent. Elle s’intéresse également à leur interaction physique en observant avec un microscope où vient se placer la bactérie par rapport au champignon et aux racines. Ses premiers résultats semblent indiquer que la bactérie serait gagnante à participer à cette interaction puisque sa croissance est augmentée en présence du champignon. Elle a observé aussi que les bactéries forment ce qu’on appelle un biofilm sur le champignon, c’est a dire que les bactéries viennent s’installer à la surface du champignon. Il lui reste maintenant à savoir si cette interaction physique est nécessaire pour que la bactérie puisse exercer son effet sur la symbiose entre l’arbre et le champignon. *nutritionnels : relatif à la nutrition c’est à dire aux processus par lesquels un être vivant transforme des aliments pour assurer son fonctionnement. Objectifs et/ou applications Mieux comprendre comment les organismes du sol interagissent Comprendre les mécanismes d’action des bactéries stimulant la symbiose mycorhizienne afin d’envisager leur utilisation en agriculture pour la culture des arbres, et de cette façon diminuer l’utilisation d’engrais D’après l’experimentarium de Bourgogne