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ÉDITORIAL
Les soins de support en carcinologie
cervico-faciale
“
Supportive care for head and neck cancer
C
Dr Jean-Michel
Badet
ORL des hôpitaux, Besançon.
omme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir,
nous faisions tous des soins de support sans le savoir !
Qui se souvient du fameux Phénergan-Dolosal-Largactil (PDL)
pour traiter les douleurs des cancers ORL évolutifs ? Qui a en mémoire
la casserole d’eau chaude dans la chambre des trachéotomisés afin
d’éviter la survenue d’un bouchon ? Qui se rappelle les interventions
successives auprès de la Ligue contre le cancer ou d’autres associations
afin d’obtenir le financement pour un peu de confort ou l’amélioration
de la qualité de vie des patients traités ? D’autres activités visant le même
but ont très vite reposé sur une organisation stable, comme l’Association
des laryngectomisés, ou sur la mise en place de la rééducation
orthophonique après une laryngectomie totale.
Les plans cancers ont mis l’accent sur la nécessité d’organiser la prise
en charge des soins “non cancérologiques” des patients. C’est la circulaire
DHOS/SDO/2005/101 du 22 février 2005 relative à l’organisation
des soins en cancérologie qui définit avec précision les soins de support
et les modalités de leur mise en œuvre. Ces éléments se retrouvent
dans les mesures 42 et 43 du plan cancer.
Il s’agit de l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes
malades, parallèlement au traitement spécifique lorsqu’il y en a, tout
au long des maladies graves. Sont concernés les projets de soins visant
à assurer la meilleure qualité de vie possible aux patients sur les plans
physique, psychologique et social en prenant en compte la diversité
de leurs besoins, ceux de leur entourage et cela, quel que soit leur lieu
de soin. Ils nécessitent une organisation coordonnée des différentes
composantes impliquées conjointement en soins spécifiques oncologiques
dans la prise en charge des malades.
Ces différentes composantes nous sont connues et regroupent
des domaines qui vont influencer directement la prise en charge
thérapeutique, telle que la nutrition, et imposer d'instaurer ces soins
de support dès la mise en route du traitement du cancer et non pas à la fin.
L’auteur déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
Ces soins de support se penchent aussi sur les modalités
de réhabilitation post-thérapeutique, telles que la prise en charge
des prothèses vocales et des complications attachées à celles-ci, ou encore
la réhabilitation esthétique de la face après le traitement chirurgical
4 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 334 - juillet-août-septembre 2013
ÉDITORIAL
Pour en savoir plus…
• Badet JM. La récidive locale
dans tous ses états. Les soins
de support en carcinologie
cervico-faciale (monographie
du 44e Congrès de la Société
française de carcinologie
cervico-faciale). Paris :
EDK, 2012.
• Association francophone pour
les soins oncologiques de
support. http://www.afsos.org/
• The Multinational
Association of Supportive Care
in Cancer (MASCC).
http://www.mascc.org
• Les soins de support. Pour
mieux vivre les effets du cancer
(plaquette explicative
à destination du grand public
éditée par la Ligue de lutte
contre le cancer).
http://www.ligue-cancer.net/
shared/brochures/soins-desupport-2009-08.pdf
• Circulaire n° DHOS/
SDO/2005/101 du 22 février
2005 relative à l’organisation
des soins en cancérologie
(texte de référence :
La circulaire définissant
les soins de support). http://
www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/
circulaire_101_220205.pdf
• Quelques documents
disponibles en direction
des personnels soignants sur
le site de l’Institut national
du cancer.
– http://www.e-cancer.fr/
soins/parcours-de-soins/
le-parcours-personnalisedes-patients-pendantet-apres-le-cancer/les-outils
– http://www.e-cancer.fr/
soins/parcours-de-soins/
dispositif-dannonce/
outils-et-supports-dinformation-pour-les-professionnels
– Supportive Care in Cancer
(revue internationale). http://
link.springer.com/journal/520
des carcinomes du massif facial. C’est aussi le volet social qui est concerné
par les soins de support afin d’identifier, de prendre en charge et de trouver,
dans la mesure du possible, des solutions à la désocialisation fréquente
de nos patients. Enfin, c’est au terme de la vie que les soins de support sont
également présents, dans le cadre des soins palliatifs qui peuvent s’inscrire
complètement à l’intérieur de la vie du service d’ORL, ou encore par des prises
en charge différentes de celles du territoire français avec la possibilité
d’euthanasie en Belgique.
Ces différents thèmes sont abordés dans ce numéro de La Lettre d'ORL et
de chirurgie cervico-faciale. Il n’y a là aucune priorité par rapport aux autres
domaines concernant les soins de support, qu’il s’agisse de la douleur,
de la rééducation, de la prise en charge kinésithérapique, psychologique
ou psychiatrique.
L’organisation générale des soins de support doit reposer sur un réseau
dont le but sera la mise en place d’un guichet unique afin de clarifier
le parcours des patients et de répondre aux attentes des médecins généralistes
et des équipes médicales et paramédicales de prise en charge à l’extérieur
des établissements hospitaliers.
Le financement des soins de support reste également l’une des plus grosses
problématiques et ne présente actuellement pas beaucoup de caractère
fédérateur par rapport à la démarche qui est demandée aux équipes médicales.
Entre les missions d’intérêt général, les dotations de l’Institut national
du cancer, les actions du Comité de coordination de cancérologie et les aides
des associations de patients, l’écheveau est parfois difficile à débrouiller,
le montage des dossiers, chronophage, et la sécurité d’un financement pérenne,
incertaine.
Il n’est pas envisageable qu’à terme, ce type d’action ne soit plus concerné
que par la tarification à l’activité. Le parcours de soins est à l’ordre du jour
des politiques publiques. Souhaitons que les soins de support en carcinologie
cervico-faciale puissent en bénéficier.
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