Sédation, douleur et délirium aux soins intensifs

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Gestion de la sédation, de la
douleur et du délirium aux
soins intensifs
Francois Thiboutot, MD FRCPC
CHU de Québec,
Pavillon Hôtel-Dieu de Québec
Sédation en 2013, quoi de
neuf?
Présentation de 2010
Emphase sur la pharmacologie des agents utilisés
Concepts d’arrêt des sédations et des éveils
quotidiens apparaissent en clinique
De plus en plus d’intérêt envers le délirium comme
problème majeur aux soins intensifs
Janvier 2013...
Critical care Medicine January 2013, vol 41, no1
Donc...
Méthode de création des guidelines
Gestion de la douleur
Gestion de l’agitation et de la sédation
Gestion du délirium
Méthodes
Groupe de 20 experts
Révision complète des Guidelines de 2002
Divisés en 4 groupes:
Douleur et analgésie
Sédation et agitation
Délirium
Résultats de soins intensifs associés
Méthodes
Bases de données cherchées:
PubMed
MEDLINE
Cochrane Database of Systematic Reviews
Cochrane Central Register of Controlled Trials
CINAHL
Scopus
ISI Web of Science
International Pharmaceutical Abstracts
Méthodes
Population adulte (18 ans et plus)
Décembre 1999 ad Décembre 2010
Plus de 30 patients par étude
Recherches bi-hebdomadaires
Editoriaux, Revues narratives, Cas rapportés,
Études animales ou in vitro, Lettres à l’éditeurs
exclus
Méthodes
Echelle de qualité de l’évidence
Divisée en termes “descriptifs” et “actionnables”
Méthodes
Forte recommandation: Pour (+1) ou contre (-1)
“We recommend...”
Faible recommandation: Pour (+2) ou contre (-2)
“We suggest...”
Pas de recommandation: 0
Douleur et analgésie
KU;6A6<;129.1<B92B?
Une expérience sensitive et émotionnelle
désagréable associée à des dommages tissulaires
réels ou possibles ou décrite en termes de
dommages tissulaires.
Association internationale pour l’étude de la douleur
Incidence de la douleur aux
soins intensifs
=6E80,4*,+0-I*02,B8(6658:,86(82,96(:0,4:9
Mais un état de conscience altéré n’élimine pas la
présence de douleur
Détection basée sur des indices indirects
Incidence de plus de 50% au repos aux USI
5;2,;8685*E+;8(2,90.40I*(:0<,
Impacts de la douleur
82% rapportent de la douleur ou inconfort lié au TET
77% douleur modérée à sévère
Chirurgie cardiaque:
82% rapportent douleur comme événement traumatique
majeur aux soins
38% à 6 mois
Liens avec douleur chronique et PTSD
38% pour la douleur chronique
27% pour le PTSD
215 diminution de la qualité de vie
Impacts de la douleur
État de stress métabolique
Vasoconstriction
artériolaire
Perfusion tissulaire
diminuée
Diminution
oxygénation tissulaire
Hyperglycémie
Lipolyse
Catabolisme
musculaire
Immunosuppression
Douleur neuropathique
chronique
Evaluation de la douleur aux
soins intensifs
“Gold standard”
Douleur rapportée par le patient lui-même
Nécessité d’utiliser des outils pour détecter la douleur chez le
patient qui ne peut parler
Évaluation de routine aux soins (+1B)
$2=.@@2U2?.BE@64;[email protected]
Indices de la présence de douleur à évaluer (+2C)
Échelles à favoriser (B):
Behavioral Pain Scale (BPS)
Critical Care Pain Observation Tool (CPOT)
Traitement de la douleur
Opiacés:
Agents de première ligne (+1C)
Choix de l’agent dépend de plusieurs variables mais
A<[email protected]@123.J<;@6:69.6?2
Éviter le Démérol aux USI
Toxicité neurologique potentielle
Traitement de la douleur
Adjuvants:
Douleur neuropathique
Gabapentin ou carbamazepine ajoutés aux
opiacés (+1A)
Considérer d’autres adjuvants pour diminuer la
consommation de narcotiques ou leurs effets
secondaires (+2C)
Traitement de la douleur
Chirurgie aortique abdominale:
Analgésie épidurale thoracique fortement recommandée
(+1B)
Pas de recommandation pour analgésie épidurale
lombaire (0A)
Chirurgie abdominale ou thoracique non-vasculaire:
Pas de recommandation pour analgésie épidurale
thoracique (0B)
Épidurale thoracique à considérer si fractures de côtes
(+2B)
Agitation et sédation
Indications de sédation
Agitation et anxiété
Problème fréquent aux soins intensifs
Traiter la cause sous-jacente:
Douleur
Délirium
Hypoxémie
Hypoglycémie
Hypotension
Sevrage
Pharmacologie des sédatifs
Les plus communs:
Propofol
Midazolam
Moins fréquents:
Lorazépam
Barbituriques
Diazépam
Kétamine
En émergence:
Dexmedetomidine
Benzodiazépines
Activent les récepteurs GABAA dans le cerveau
Anxiolytiques, amnésiques, sédatifs, hypnotiques
et anti-convulsivants
Aucune activité analgésique
Benzodiazépines
Midazolam et diazépam plus liposolubles que
lorazépam
Début d’action plus rapide
Volume de distribution plus élevé
Dépression respiratoire et/ou hypotension si
combinés avec autres Rx
Tolérance se développe si usage prolongé
Benzodiazépines
Métabolisme hépatique
Clairance et effet prolongé si dysfonction hépatique
Lorazépam aussi éliminé au rein
Accumulation de métabolites actifs avec usage
=?<9<;4K2A<B6;@B3U@.;02?K;.92
Benzodiazépines
Émergence en théorie prolongée avec lorazépam:
Plus puissant
Clairance plus lente que midazolam
Mais variabilité très grande et éveil retardé possible
avec midazolam
Intoxication au lorazépam
Formulation IV:
Contient du propylene glycol
Acidose métabolique
IRA
63U0692I612;A6U2?
Causes multiples de ce tableau
Gap osmolaire >10-12 mOsm/L peut aider
Traitement de support après arrêt de la perfusion
Propofol
Actions à de multiples récepteurs:
GABAA
Glycine
Nicotiniques
Muscariniques M1
Propofol
Mêmes effets sédatifs que les benzodiazépines
Pas d’analgésie
Très liposoluble
Début d’action rapide
Redistribution rapide
Clairance hépatique et extra-hépatique élevée
Fin d’effet rapide
Propofol
Effets indésirables:
Dépression respiratoire
Vasodilatation systémique
Hypertriglycéridémie
Pancréatite aigüe
Myoclonies
Allergies
Oeufs
)B9UA2@
Propofol
Propofol related infusion syndrome
Acidose métabolique
Hypertriglicéridémie
Hypotension
Arythmies
IRA
Propofol
PRIS
Physiopathologie
Mal connue
Dysfonction mytochondriale
Oxydation des acides gras perturbée
Transfert du métabolisme des carbonhydrates vers les
acides gras
Accumulation de métabolites du propofol
Propofol
PRIS
Survient avec des doses élevées (>70 mcg/kg/min)
Décrit avec des doses plus basses
Incidence +/-1%
Mortalité de +/- 33%
Retard de diagnostic
&?K@2;A.A6<;;<;@=K06U>B2
Traitement de support
Dexmedetomidine
Agoniste sélectif α2-central
Sédatif
Analgésique
Sympatholytique
Dexmedetomidine
Patients facilement éveillables
Dépression respiratoire minimale
Début effet en 15 minutes
Pic d’action à 1h après début de perfusion
Métabolisme
Redistribution
Hépatique
Dexmedetomidine
Usage approuvé
Sédation de courte durée
<24h
Dose max 0,7 mcg/kg/h
Usage “hors-norme”
Sédation prolongée ad 28j
Doses ad 1,5 mcg/kg/h
Dexmedetomidine
Effets indésirables
Hypotension
Bradycardie
Pires avec bolus
Pas d’effets sur la respiration
Perte de tonus des muscles oropharyngés
Obstruction des VAS
Dexmedetomidine
Action analgésique mal comprise
Liée à la présence de récepteurs α2 au niveau spinal
Effets supra-spinaux aussi documentés
Causerait possiblement moins de déliriums que le
midazolam aux USI
Gestion de la sédation
Viser des niveaux de sédation légers (+1B)
Diminution durée de VM
Diminution durée de séjour USI
L’augmentation de la réponse physiologique au
stress n’est pas liée à plus d’ischémie myocardique
(B)
Gestion de la sédation
Échelles d’évaluation à favoriser (B):
Richmond Agitation-Sedation Scale (RASS)
Sedation-Agitation Scale (SAS)
Gestion de la sédation
L’utilisation de moniteurs de la fonction cérébrale
(BIS, potentiels évoqués auditifs, etc.) n’est pas
recommandée chez des patients non-comateux et
non paralysés (-1B)
Suggérée ceci dit chez des patients qui reçoivent
des agents paralytiques (+2B)
EEG recommandé pour le suivit du traitement anti*54<;290-,:65;8:0:8,82(3E+0*(:054(I4+G(::,04+8,
un EEG en “burst-suppression” (+1A)
Gestion de la sédation
Utilisation de sédatifs non-benzodiazépines
suggérée (+2B)
Prolongation durée de VM
Prolongation durée de séjour USI
Délirium
Gestion de la sédation
Bien qu’il est suggéré de favoriser des médications nonbenzodiazépines
Rôle important des benzodiazépines pour:
Anxiété
Convulsions
Sevrages alcool ou de benzodiazépines
Sédation profonde
Amnésie
Combinaison
Delirium
Dysfonction aigüe du fonctionnement cérébral
caractérisé par:
5.;42:2;A<BVB0AB.A6<;129TKA.A:2;A.912/.@2
Inattention
Pensée désorganisée
Altération de l’état de conscience
Delirium
Problème de santé publique majeur
80% des patients ventilés en présenteront un
Coût associé de 4 à 16 milliards de dollars
annuellement aux E-U
Impact sur les soins intensifs
Prédicteur de:
Mortalité augmentée
Durée de séjour augmentée
Coûts des soins augmentés
Atteinte cognitive à long terme similaire à un état de
démence
Prévention
Facteurs de risque
Liés au patient (B)
Démence pré-existante
HTA
Alcoolisme
Sévérité de la maladie à l’admission
Coma
Prévention
Facteurs de risque
Iatrogéniques
Médication surtout
Benzodiazépines (B)
Opioides (incertain) (B)
Propofol (incertain aussi) (C)
Dexmedetomidine (protégerait) (B)
Environnementaux
Contentions
Immobilisation prolongée
Horaires perturbés
Bruit
Prévention
Non-pharmacologique
Mobilisation précoce (+1B)
Pharmacologique
Pas de recommandations pour prévention
pharmacologique du délirium, même avec la
dexmedetomidine (0C)
L’usage préventif d’halopéridol ou d’antipsychotiques
atypiques est découragée (-2C)
Diagnostic
Patients devraient être monitorés de routine pour la
présence de délirium (+1B)
Echelles les plus valides (A)
Confusion Assessment Method for the ICU (CAMICU)
Intensive Care Delirium Screening Checklist (ICDSC)
Traitement
Traitement usuellement employé est à base
d’halopéridol et/ou d’antipsychotiques atypiques
Pas de littérature qui prouve que le tx à l’halopéridol
réduit la durée du délirium (pas d’évidence)
Traitement avec les atypiques pourrait réduire la
durée du délirium (C)
Pas de rôle pour la rivastigmine dans le traitement
du délirium (-1B)
Traitement
Et le risque de torsades de pointes?
Il n’est pas suggéré d’utiliser des antipsychotiques si
le patient présente des facteurs de risques pour la
torsade (QT long, Rx qui le prolongent, etc.) (-2C)
Traitement
Et la dexmedetomidine?
Suggestion d’utiliser un perfusion de
dexmedetomidine chez les patients ventilés avec
délirium plutôt que des benzodiazépines. (+2B)
Sauf si délirium lié à un sevrage alcoolique ou aux
benzodiazépines.
Intégration de tout cela…
Le contrôle de la douleur, l’agitation et le délirium
Stratégies pour
Réduire les coûts
Améliorer les résultats des soins intensifs
Permettre la participation des patients
Comment y arriver?
Protocoles intégrés
Facilitent le transfert des meilleures pratiques au
chevet des patients
Limitent les variations de pratique
Diminuent les délais de traitement
Quels types?
!85:5*52,996E*0I7;,9B2GE:()2099,3,4:
(9E99;82,9+544E,99*0,4:0I7;,9
Intégrations du contrôle de la douleur, de l’agitation et du
délirium
Combiner l’évaluation quotidienne de la douleur et de la
sédation avec stratégies de minimisation de la sédation (arrêts
quotidiens ou sédation légère (+1B)) en plus de la surveillance
du délirium.
Seulement 60% des USI aux EU ont des protocoles de
sédation
Faible adhérence
Particulièrement avec le contrôle de la douleur
KU;6A6<;129.=?<3<;12B?
de sédation
Aucun consensus à ce sujet
Balancer les besoins de sécurité et de confort des patients
Vs les risques associés à trop de sédation ou un traitement inadéquat
Atrophie musculaire
Pneumonies
Dépendance à la ventilation mécanique
Maladie thromboembolique
Compressions neurologiques
Ulcères de pression
Délirium
Concepts globaux
Évaluer régulièrement la douleur, l’agitation et le délirium
En premier lieu, traiter la douleur activement (+2B) et en prévention
si techniques douloureuses
Sédation seulement si nécessaire
#E+(:054:0:8E,(I4+,6,83,::8,
Patient réactif et conscient
Ouvrir les yeux
Garder contact visuel
Serrer les mains
Faire une grimace
Bouger les orteils
Autres stratégies
Interventions non-pharmacologiques
Faire la promotion du sommeil la nuit (+1C)
Pas d’évidence pour supporter un mode de
ventilation mécanique par rapport à un autre pour
promouvoir le sommeil (0)
Conclusion
Être au fait des problèmes de sédation, analgésie et
délirium aux USI
Les évaluer à de multiples reprises, tout comme on
évalue régulièrement un choc septique…
Traiter agressivement la douleur et la prévenir si possible
La sédation est à minimiser autant que possible
Le traitement du délirium doit aussi être inclus dans
l’évaluation du patient
Bibliographie
Barr, Juliana et al. Clinical Practice Guidelines for
the Management of Pain, Agitation and Delirium in
Adult patients in the Intensive Care Unit. Crit Care
Med 2013; 41: 263-306
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