Votre Argent 12 LES COMMANDEMENTS POUR OPTIMISER VOTRE PATRIMOINE IMMOBILIER L ’an dernier, le marché immobilier français semble avoir repris un peu de vigueur. La Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier) estime dans son bilan annuel que près de 800 000 biens ont changé de main en 2015, soit 15,6 % de plus que l’année précédente (voir interview p. 63). Malgré ce retour des acquéreurs, qui ont profité à la fois du niveau historiquement bas des taux d’intérêt et de prix nettement plus accessibles, l’euphorie n’est pas de mise. Car aujourd’hui, même si le volume de ventes se redresse, les prix continuent de baisser quasiment partout en France. Avec des chutes de tarifs encore marquées dans les campagnes éloignées, plus modérées pour les villes moyennes, et quasi inexistantes dans les grandes agglomérations. Au vu de cette conjoncture, nombre de parti- 60 culiers se demandent s’il est intéressant d’investir dès aujourd’hui dans la pierre ou d’attendre encore un peu. Ceux qui sont déjà propriétaires font le raisonnement inverse en s’interrogeant sur l’opportunité de vendre rapidement ou de décaler leur projet. Enfin, les investisseurs locatifs, en partie démotivés par les contraintes que la loi Alur leur impose, hésitent sur le point de savoir si la pierre va rester une valeur sûre et rentable à moyen terme et s’il est encore judicieux d’y placer leur épargne. Quelle que soit votre problématique, il existe différentes solutions pour optimiser votre achat, votre vente ou la gestion de votre bien locatif. Plus que jamais, une transaction immobilière réussie requiert de la méthode, de la rigueur et du temps. Pour vous aider à prendre de bonnes décisions, nous vous dévoilons douze conseils K Voisin / Phanie ; Sam edward / Ocean / Corbis ; Voisin / Phanie ; Ojo Images / Getty Images Pierre angulaire du patrimoine des Français, l’immobilier mérite une attention particulière. Suivez tous nos conseils pour acheter, vendre ou gérer dans les meilleures conditions. Enquête : Marie Pellefigue MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 H Vous voulez acheter (ou vendre), votre habitation ou un bien locatif ? C’est peut-être le moment. 61 Votre Argent Les 12 commandements pour optimiser votre patrimoine immobilier Vous achetez pour vous constituer un patrimoine Vous êtes locataire de votre résidence principale et voulez devenir propriétaire, mais tremblez de franchir le pas pour la première fois. Vous souhaitez acheter une grande maison pour y loger toute votre famille, mais n’êtes pas certain que ce soit raisonnable en cette période de marasme économique. Vous disposez d’un petit capital et vous demandez s’il est opportun de l’investir dans la pierre. Quel que soit votre cas, passer à l’action en achetant un logement est une bonne stratégie. A condition de mûrement réfléchir votre choix, car devenir propriétaire peut aussi se révéler un poison lent si vous avez réalisé votre investissement trop précipitamment. En effet, acquérir un bien quelconque n’est pas trop périlleux lorsque le marché immobilier est fluide et les prix en phase ascendante. En cas de problème, la revente sera facile et la moins-value quasi nulle. En revanche, lorsque le marché est grippé et que les tarifs sont orientés à la baisse, comme c’est le cas aujourd’hui, un achat immobilier requiert davantage de circonspection. Avant de vous décider, déterminez votre horizon d’investissement et faites vos calculs : si les prix, dans la ville où vous achetez, continuent de se tasser légèrement ou se maintiennent, vous devrez attendre plusieurs années avant d’amortir les frais liés à l’acquisition. Ils ne sont pas négligeables : en moyenne, les droits de mutation (appelés improprement « frais de notaire » puisque la plus grande part est un impôt), frais d’agence, frais de dossier et garantie du prêt… peuvent représenter de 10 à 20 % du prix du logement. Si vous avez besoin de revendre dans les deux ou trois ans, vous êtes donc quasiment assuré de ne pas ren- trer dans ces frais et de réaliser une perte. Mieux vaut devenir propriétaire seulement si vous êtes sûr de conserver votre bien au moins cinq ans, voire plus si vous empruntez une somme importante ou financez l’achat avec peu d’apport. En effet, dans ce cas, votre prêt immobilier s’étalera sur une longue durée et vos mensualités intégreront une majorité d’intérêts dans le premier tiers de votre crédit. Si vous revendez rapidement, vous n’aurez donc remboursé que très peu de capital. Il est même possible que le montant que vous récupérerez soit… inférieur au solde de votre prêt. Dans cette situation, devenir Selon le bilan annuel de la Fnaim, malgré le net rebond du volume des ventes en 2015, les prix ont reculé en moyenne de 1,9 % sur la période, avec de fortes disparités suivant les zones géographiques. Beaucoup d’acheteurs se demandent s’il est opportun de passer à l’acte maintenant, ou s’il ne vaut pas mieux attendre un point plus bas pour entrer sur le marché. « Il est absolument irréalisable d’investir au moment où les prix sont le moins élevé. Acheter sa résidence principale est surtout une question d’objectif et de budget, explique Sébastien de Lafond, président de Meilleursagents.com, plate-forme de conseils en immobilier. Si vous disposez du montant nécessaire pour devenir propriétaire et êtes sûr de ne pas avoir besoin de revendre dans les années qui viennent, lancez-vous ». 62 Ojo Images / Getty Images ; Vernier / JBV NEWS P POUR Y VIVRE Projetez-vous sur le long terme MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 Interview propriétaire n’a aucun sens, mieux vaut différer votre projet et vous constituer mois après mois un apport solide. Si, après avoir analysé ces paramètres, vous réalisez qu’il est opportun de devenir propriétaire, profitez alors de la faiblesse des taux d’emprunt actuels. « Ils ont encore perdu 0,20 point en moyenne entre janvier et mars. Aujourd’hui, ils sont inférieurs au taux de rémunération de beaucoup de placements », remarque Maël Bernier, porteparole du courtier Meilleur taux.com. Un ménage au dossier correct et avec 10 % d’apport peut emprunter en moyenne à 2 % sur vingt ans. Les profils intéressants, c’est-à-dire ceux qui ont une excellente situation ou davantage d’apport, peuvent bénéficier de taux inférieurs à 1,3 % sur la même durée… Dès lors, il est inutile de mobiliser toute votre épargne pour votre projet « Des prix de nouveau en adéquation avec le pouvoir d’achat » Jean-François Buet, président de la Fnaim P Comment s’est comporté le marché immobilier l’an dernier ? Après une année 2013 difficile et une année 2014 très morose, le volume des transactions a enfin augmenté en 2015. Nous avons enregistré environ 800 000 ventes, soit 15 % de plus qu’en 2014. Le niveau de taux de crédit historiquement bas a soutenu les acquisitions. Aujourd’hui, les acheteurs peuvent emprunter entre 8 et 8,5 % de plus qu’il y a deux ans, ce qui n’est pas rien. P Quelles sont vos prévisions pour 2016 ? Ce regain d’activité semble perdurer sur les trois premiers mois de 2016, le dégrippage du marché est donc en cours. L’année 2016 devrait être une période de transition, avec un volume de ventes qui se maintiendra autour de 800 000 transactions, et des prix qui se stabiliseront un peu partout en France. Le retour des acquéreurs ne signifie pas que le marché nage en pleine euphorie, comme avant 2009. Ils restent très prudents et pèsent leurs décisions. D’ailleurs, le regain d’activité tient aussi au fait que les prix sont de nouveau en adéquation avec le pouvoir d’achat. Pour preuve, les propriétaires qui proposent leurs biens au-dessus du prix de marché n’arrivent pas à trouver preneur, ou après de larges négociations. immobilier. Mieux vaut la laisser placée en assurance vie, en Bourse ou… dans l’immobilier locatif, elle vous rapportera davantage. De plus, préserver une enveloppe de liquidités pour faire face aux coups durs (période de chômage, travaux non prévus…) est toujours une bonne idée. P POUR INVESTIR Soyez très sélectif sur l’emplacement Si vous achetez pour investir, votre démarche doit être quelque peu différente, car votre but n’est pas de vivre dans vos murs, mais d’obtenir une rentabilité intéressante. Attention, à moins d’être un bailleur aguerri, ne vous lancez pas dans des opérations compliMIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 quées. Plutôt que d’acheter des biens entièrement à réhabiliter ou de viser des secteurs décotés susceptibles d’apporter un rendement fort, assurez vos arrières et réalisez un investissement patrimonial, ce qui vous permettra de minimiser votre risque. Pour être louée facilement, votre acquisition devra être extrêmement bien située, et vous coûtera donc plus cher à l’achat qu’un logement dans un quartier moins prisé. « Aujourd’hui, les investisseurs ont intérêt à choisir une agglomération où la demande locative est forte et à acheter un type de logement très demandé dans la zone », confirme Jean-François Buet, président de la Fnaim. Ainsi, à terme, vous êtes quasiment certain de vendre votre logement en réalisant une plus-value. Le 63 H La faiblesse des taux d’emprunt peut être une opportunité pour les familles primoaccèdantes. P Quels conseils donneriez-vous à des particuliers ? Si vous êtes acheteur, n’écoutez pas les avis de vos proches ! C’est à vous de décider si vous voulez, et pouvez, devenir propriétaire une fois fixé votre budget d’achat avec votre banque. Après avoir défini un cahier des charges très précis, visitez entre trois et cinq biens. Normalement, vous devriez trouver votre bonheur après trois mois de recherches intensives. Si vous en êtes à votre quarantième visite, cela signifie que vous ne savez pas ce que vous cherchez, ou que vous n’êtes pas prêt à franchir le cap. Si vous vendez, mettez toutes les chances de votre côté en rendant votre logement le plus attrayant possible. Il faut le dépersonnaliser, mais aussi y réaliser de légers travaux de remise en état et le présenter sous son meilleur jour en le faisant visiter propre et parfaitement rangé. Votre Argent Les 12 commandements pour optimiser votre patrimoine immobilier 64 4 conseils pour bien acheter Peaufinez votre emprunt Faites appel à un courtier pour qu’il monte votre dossier de crédit. En optimisant les aides (prêt à taux zéro, subventions, crédit pour certains travaux, aides régionales…), il vous fera obtenir un taux d’emprunt très bas. Mais surtout, il négociera tous les à-côtés afin de réduire votre note. Selon votre profil, vous pourrez profiter d’une assurance (décès, invalidité, incapacité de travail) parfois trois fois moins cher, soit quelques milliers d’euros d’économies. Le courtier trouvera également la garantie la plus intéressante, et l’emprunt le plus souple possible. En vous faisant opter, gratuitement, pour des mensualités modulables qui permettent d’abaisser vos remboursements en cas de coup dur et en négociant le montant de vos indemnités de remboursement anticipé. Partez en repérage Avant d’acheter, identifiez les secteurs qui vous intéressent après vous y être promené le week-end et en semaine. Ensuite, examinez les biens qui y sont en vente et entrent dans votre budget, en consultant les sites Internet. Vous aurez ainsi une idée précise du marché immobilier dans votre lieu de prédilection et pourrez revoir vos prétentions à la baisse ou changer de secteur si les tarifs sont trop élevés. Ou bien viser plus haut si votre budget se révèle confortable. Ensuite, visitez dans un temps rapproché tous les biens que vous pourriez potentiellement acquérir. Une fois sur place, prenez des photos, posez des questions et examinez vos notes à tête reposée avant d’envisager une contre-visite. Vous aurez tous les atouts en main pour faire une offre au prix demandé ou négocier le tarif à la baisse. 1 2 Un courtier négocie le taux et les conditions du prêt. Si vous achetez un bien locatif, étudiez le potentiel de la ville où vous envisagez d’investir. Sans croire ce que vous racontent les promoteurs, si vous optez pour un bien neuf, et en confrontant ce que vous affirment les agents immobiliers, si vous visez l’ancien. Vérifiez aussi que le bien correspond à la demande de la zone où vous investissez. Un studio sera loué sans difficulté près d’une université, plus difficilement dans un secteur où les couples de seniors sont nombreux. Inutile d’investir dans ce type de surfaces si l’offre est abondante alors que les deux-pièces manquent. Pensez à vérifier le niveau réel des loyers, il est parfois inférieur à celui des plafonds imposés par les dispositifs fiscaux. Estimez le budget global Que vous achetiez pour habiter ou investir, raisonnez toujours en termes de budget global. Pour une résidence principale, calculez le montant de vos charges réelles : mensualités de crédit, charges de copropriété, taxe foncière, provisions pour travaux (rénovation d’une cage d’escalier, remise à neuf de la machinerie d’ascenseur, réfection de toiture, ravalement…). Pour un investissement locatif, rajoutez, en plus, les frais de remise en état (peinture…) entre deux locataires, mais aussi le coût de la gestion locative (de 7 à 15 % du montant des loyers annuels, selon les cas) et de l’éventuelle assurance loyers impayés. Vérifiez que vous pouvez tenir ce budget global sans vous mettre dans une situation financière périlleuse. 4 3 MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 Chris Ryan / Getty Images Etudiez le marché locatif H premier credo en tant qu’investisseur est donc de choisir la bonne agglomération, c’est-à-dire celle qui affiche un réel développement économique et attire des locataires. Puis, il faut sélectionner le meilleur secteur de cette ville. « Il ne faut pas hésiter à appeler des agents immobiliers locaux pour leur demander dans quels quartiers la demande de location est la plus forte et quelles sont les surfaces qui manquent le plus sur le marché », conseille Laurent Vimont, président de Century 21 France. Ensuite, vérifiez que vous ne payez pas trop cher votre investissement locatif. Si vous achetez dans le neuf, le surcoût par rapport à l’immobilier ancien d’un secteur similaire doit être de 20 % au maximum. Si vous achetez dans l’ancien, dressez la liste de tous les travaux que vous allez devoir réaliser pour louer en parfait état. Il ne faut jamais raisonner en prix moyen au mètre carré, mais toujours calculer le prix de revient global de votre logement. Pour ne pas surpayer, vous avez d’ailleurs intérêt à acheter un appartement en très bon état ou un bien avec beaucoup de travaux de rénovation. En effet, les premiers seront négociés au prix du marché, mais vous n’aurez pas de frais supplémentaires de travaux. Quand aux seconds, vous pourrez obtenir de belles remises sur leur prix de vente. En revanche, évitez les biens à rafraîchir. « In fine, ils coûtent plus cher car le montant des travaux nécessaires pour les rénover est élevé, et la décote obtenue à l’achat ne les couvre pas », affirme Jean Perrin, président de l’UNPI (Union nationale de la propriété immobilière). Enfin, une fois que vous aurez jeté votre dévolu sur un bien, financez-le avec un crédit important. « Les investisseurs qui disposent d’une petite épargne ont intérêt à investir le minimum d’apport et à profiter au maximum de l’effet de levier du crédit », conseille Philippe Descampiaux, président des agences Descampiaux Dudicourt à Lille. Cette stratégie a un autre atout : comme les intérêts d’emprunt sont défiscalisables à 100 % (voir p. 73), vous minorerez les revenus fonciers encaissés durant les premières années de remboursement de votre prêt et limiterez ainsi votre pression fiscale. Votre Argent Les 12 commandements pour optimiser votre patrimoine immobilier Vous vendez pour faire évoluer vos placements Vous êtes déjà propriétaire de votre résidence principale et souhaitez déménager. Votre stratégie sera différente selon que cette vente sera contrainte (par exemple, si vous êtes muté professionnellement ou si vous divorcez) ou souhaitée (naissance d’un enfant, volonté de passer d’un appartement à une maison ou vice versa…). Dans le premier cas, pour vendre vite, vous devrez estimer votre logement au plus juste afin de ne pas perdre du temps en négociations. A contrario, dans la seconde situation, vous pourrez vous montrer un peu plus gourmand au départ, sauf si le secteur immobilier dans lequel se situe votre logement est sinistré. Si vous êtes investisseur, la problématique n’est pas la même. Vide, votre bien intéressera à la fois des investisseurs et des acheteurs classiques. La demande sera donc plus large, et vous pourrez espérer gagner un peu plus. En revanche, dans le cas où vous vendez avec un locataire dans les lieux, seul un bailleur ou une personne susceptible d’attendre la fin du bail pour récupérer le logement se portera acquéreur. Dans ce cas, vous devrez accepter une décote pour passer rapidement devant le notaire. biliers et les vitrines des agences. Finalement, leurs propriétaires cèdent toujours après une forte décote. « Un appartement qui n’est pas vendu en six mois est connu de tous les acheteurs du secteur, seule une baisse de prix importante les attirera à nouveau », explique Gilbert Chouchana, directeur des agences Laforêt à Paris XIVe. Pour éviter cela, fixez votre tarif en vous mettant dans la peau d’un acheteur. Commencez par déterminer sa valeur approximative, en tenant compte du prix moyen du secteur, donnée disponible sur une multitude de sites (notaires, Meilleursagents.com…) ou auprès d’agents immobilier locaux. Ensuite, examinez la concurrence, pour voir quels sont les logements comparables à vendre dans un périmètre proche. Les acheteurs font toujours plusieurs visites et optent ensuite pour le meilleur rapport qualité/prix. Si votre bien est rare, appartement avec ascenseur dans un quartier historique, deuxpièces intégralement refait par un décorateur…, vous pourrez espérer le céder plus cher que ses voisins. Si, a contrario, vous êtes propriétaire d’un trois-pièces dans une grande copropriété qui en compte cinq à la vente, ou d’une maison de lotissement identique aux quatre autres proposées à l’achat, seul un prix dans la fourchette basse retiendra les acquéreurs. Soyez objectif avec votre home sweet home, en reconnaissant ses points noirs. Pour pouvoir vendre, il faudra baisser de vous-même vos prétentions si vous habitez un sixième étage sans ascenseur, si vous vendez une grande maison en première couronne de Paris sans Faites les petites réparations qui s’imposent avant de faire visiter votre bien. P VOTRE HABITATION Fixez d’emblée le bon prix par rapport au marché. 66 H Oscar Abrahams / Beyond / Plainpicture Les adeptes des émissions de Stéphane Plaza (M6) le savent : dans une cession immobilière, la présentation du bien fait beaucoup, mais la clef d’une vente réussie réside dans la fixation du bon prix dès le départ. « Beaucoup de propriétaires veulent nous confier leurs biens 15 à 20 % au-dessus de notre prix d’estimation, en précisant que le tarif est négociable, remarque Claudine Mercier, responsable de l’agence LFI Sévigné à Rennes. Cette stratégie est contre-productive. Comme les acheteurs ont le choix, ils visitent les biens qui sont dans leur budget ou juste au-dessus, mais pas ceux qui sont largement surestimés. » Conclusion : les logements mis en vente trop cher encombrent les sites immoMIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 garage ou si votre logement possède d’autres défauts rédhibitoires aujourd’hui (grand appartement familial avec une seule salle de douche, chambre parentale que les enfants doivent traverser pour se rendre dans la leur, etc.). Une fois le « bon » prix de marché choisi, rendez votre logement le plus attractif possible. « La première impression que les acheteurs ont en poussant la porte est primordiale. Si elle est bonne, la vente n’est pas assurée, mais si elle est mauvaise, elle ne se fera jamais », garantit Jean-François Buet, président de la Fnaim. Une maison avec un portail semi-rouillé qui grince, de la mousse sur le toit ou un jardin intégralement en friche n’inspirera pas confiance. Un appartement aux prises de courant branlantes et aux robinets qui gouttent fera se poser beaucoup de questions aux futurs acquéreurs. Dans les deux cas, ils estimeront que votre bien a été mal entretenu et qu’ils risquent d’y découvrir de mauvaises surprises une fois propriétaires. Pour vous épargner cette mauvaise impression, réalisez toutes les menues réparations nécessaires, rangez, nettoyez, 68 aérez et dépersonnalisez avant chaque visite. Inutile, en revanche, de vous lancer dans de lourds travaux de remise à neuf, car vous n’êtes pas certain de récupérer leur coût dans le prix de vente. « Parfois les propriétaires réalisent à grands frais des réhabilitations qui rebutent la majorité des acheteurs », met en garde Nathalie Naccache, directrice des agences Century 21 Fortis Immo, au centre de Paris. La bonne stratégie consiste à solliciter des artisans pour obtenir des devis ou à chiffrer le montant de la rénovation, poste par poste, avec un architecte. Cela vous permettra de répondre aux visiteurs qui tentent de négocier un énorme rabais. Vous pourrez leur montrer, documents à l’appui, que votre prix de mise en vente tient compte du montant de la réhabilitation. P UN BIEN LOCATIF Prenez en compte l’évolution du marché à moyen terme Si vous souhaitez vendre un bien locatif, le marché étant dominé par les investisseurs, inutile d’espérer un coup Vendre un bien encore loué n’est pas forcément pénalisant. de cœur de la part de votre acheteur. Votre bien l’intéressera seulement s’il est facilement louable et offre une rentabilité suffisante. Il faut préparer votre vente comme un professionnel de la finance. Contrairement à une idée reçue, vous pouvez parfaitement vous séparer d’un logement occupé, avec un locataire dans les murs. Dans ce cas, ce dernier ne dispose pas d’un droit de préemption, sorte de droit préférentiel d’acheter votre bien, mais votre acquéreur devra poursuivre le bail. La loi Alur a durci les conditions : « Désormais, le nouveau bailleur doit respecter un délai plus long et, selon la durée résiduelle du bail, il devra parfois attendre trois ans de plus, et son renouvellement, pour pouvoir donner congé au locataire », précise Jean-François Buet. Vendre un bien en cours de bail ne sera pas pénalisant si l’historique de règlements des loyers de votre locataire est favorable. En revanche, s’il a tendance à les régler avec retard, la valeur de votre logement devra être minorée pour attirer un nouveau bailleur. Pour un bien vendu occupé, le prix de vente doit MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 Vincent Isore / IP3 press Votre Argent Les 12 commandements pour optimiser votre patrimoine immobilier 4 conseils pour bien vendre Blindez votre dossier La Loi Alur oblige désormais les vendeurs à donner une masse d’informations à leur futur acquéreur. Tant que vous n’avez pas transmis tous les documents, votre acheteur peut se rétracter, même s’il a signé le compromis. Outre l’acte de propriété, le métrage Carrez (pour un appartement), vous devrez également fournir toute une série de diagnostics obligatoires (plomb, amiante, termites, état des installations de gaz et d’électricité, performance énergétique…), le règlement de copropriété, la garantie décennale en cas de travaux, etc. Mieux vaut vous procurer tous ces papiers très en amont de votre mise en vente. Et pour anticiper les questions de votre acheteur, préparez des photocopies de votre taxe foncière des trois dernières années, de vos factures de chauffage, etc. 5 Faites réaliser au plus tôt les nombreux diagnostics. Tenez compte de l’impact fiscal Si vous cédez votre résidence principale, vous n’aurez aucun impôt sur les plus-values à régler. En revanche, s’il s’agit d’une résidence secondaire ou d’un bien locatif, vous serez imposé dès le premier euro de gain. L’Administration vous accorde un abattement qui dépend de la durée pendant laquelle vous avez détenu votre bien. Il débute à partir de la cinquième année. Il existe deux barèmes, le premier pour l’impôt à 19 % et le second pour les prélèvements sociaux à 15,5 %. Si vous justifiez avoir été propriétaire pendant vingt-deux ans, vous ne paierez pas d’impôt. Si vous attendez trente ans pour vendre, vous serez aussi totalement exonéré des prélèvements sociaux. Estimez votre bien en n’occultant aucun défaut. S’il est bruyant et sombre, votre appartement se vendra forcément moins bien que celui de votre voisin, au calme et mieux exposé. En cas de défaut important (dernier étage sans ascenseur, rez-dechaussée sur rue…), la décote oscille entre 5 et 20 % par rapport au prix médian du secteur. Examinez les biens en vente dans le même secteur et alignez votre prix sur le leur. Si vous n’avez aucun appel dans le mois (pour une grande ville dynamique) ou les trois mois (pour une petite commune) qui suivent la mise en vente, cela signifie que votre prix est trop élevé. Baissez-le rapidement de 10 à 15 % pour pouvoir générer des visites. Si vous avez des appels, des visites, mais aucune offre, une décote de 5 % au moins est nécessaire. 6 8 7 Faites chiffrer les travaux Si votre logement nécessite des travaux de réhabilitation ou de réfection, faites appel à un architecte ou à une entreprise générale. Le premier vous fournira un descriptif précis de tout ce qui peut être réalisé et s’occupera de demander des devis à des artisans ou entreprises. La seconde vous donnera un chiffrage des travaux poste par poste. Vous aurez ainsi une estimation très fiable des montants que vos acquéreurs devront débourser en plus du prix de votre bien. Ils ne pourront donc pas négocier à outrance le tarif de mise en vente. En outre, une telle démarche vous fera passer pour une personne sérieuse et organisée, un gage de confiance pour les acheteurs, qui ont toujours besoin d’être rassurés. MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 Fixez le bon prix et réajustez rapidement 69 H Hamilton / Réa être fixé non pas sur la base de la valeur intrinsèque de votre logement, mais plutôt sur son taux de rentabilité. « Un investisseur qui veut obtenir 8 % brut, parce qu’il estime que le secteur est risqué, divisera le montant des loyers annuels espérés par ce taux et obtiendra un prix d’achat », explique Xavier Ségura, directeur de l’agence ConnexionBelle de Mai, à Marseille. Globalement, une rentabilité moyenne à Paris et en Ile-de-France oscille entre 1,5 et 3,5 % brut, tandis qu’elle va de 4 à 7 % brut dans les grandes métropoles de province où le prix d’achat au mètre carré reste plus favorable. Il est même possible de dépasser les 10 % dans certaines petites villes plus risquées, avec des biens de bonne qualité. Autre alternative : à chaque départ de locataire, demandez-vous si vous en recherchez un nouveau, ou si vous sortez ce logement de votre patrimoine. Pour vous décider, vérifiez l’état du marché locatif de la ville où il est situé. S’il est en perte d’attractivité ou si votre logement ne correspond plus à la demande locale, se loue de plus en plus mal ou de moins en moins cher, ou que de nombreux programmes neufs sont prévus juste à côté, vendez. « Les bailleurs ont toujours du mal à céder une part de leur patrimoine, car ils s’y sont attachés. Pourtant, en immobilier locatif, le pathos ne doit pas entrer en ligne de compte », tranche Jean Perrin, président de l’UNPI (Union nationale de la propriété immobilière). Si vous ciblez principalement une clientèle de bailleurs, vendez votre logement en l’état, et surtout ne réalisez aucuns travaux. En effet, le nouveau propriétaire a intérêt à les financer pour payer moins d’impôts puisqu’ils sont défiscalisables à 100 %. Enfin, si vous cédez un logement qui n’est pas situé dans la ville où vous habitez, confiez la vente en exclusivité à un agent local. Mais soyez malin, limitez la durée de cette exclusivité à un ou deux mois. Il sera ainsi très motivé pour trouver rapidement un acheteur et toucher sa commission. Petite astuce : si vous visez un professionnel qui dispose d’un service de gestion locative, il y a de fortes chances que votre futur acheteur se trouve dans le pool de bailleurs qui lui a confié son patrimoine… Votre Argent Les 12 commandements pour optimiser votre patrimoine immobilier Acheter un logement pour le louer permet à des particuliers de profiter de l’effet de levier du crédit pour se constituer un patrimoine, et s’assurer ainsi des revenus complémentaires à la retraite. Malgré ces deux avantages, depuis des années, l’immobilier locatif rapporte de moins en moins. « La situation économique difficile fragilise les locataires et entraîne une baisse mécanique du niveau des loyers. En parallèle, la fiscalité, notamment locale, explose », énumère Jean Perrin, président de l’UNPI (Union nationale de la propriété immobilière). Investir dans la pierre présente donc un risque aujourd’hui, mais il peut être maîtrisé. Si vous disposez déjà d’un patrimoine immobilier, vous avez aussi le moyen de préserver, voire d’augmenter, votre rentabilité. La clé d’un investissement locatif réussi réside dans le maintien d’une bonne relation entre bailleur et locataire. « Avant de mettre en location, les propriétaires devraient se demander s’ils habiteraient le logement qu’ils louent. Si la réponse est non, cela signifie qu’ils doivent engager des travaux », explique Michel Gamby, directeur de l’agence Laforêt de Grenoble. P UN BIEN VIDE Fidélisez votre locataire en n’étant pas trop gourmand Propriétaire d’un logement que vous comptez louer, ou qui est déjà loué, vous devez désormais vous conformer à tout un ensemble de nouvelles règles. « Les locataires ont de plus en plus de droits, et peuvent les faire appliquer facilement en justice si les bailleurs ne les respectent pas », précise Jean-François Buet, président de la Fnaim. Si malgré ces contraintes, vous souhaitez doper votre rentabilité locative, il va falloir retrousser vos manches. « La période pendant laquelle tout se louait facilement à n’importe quel prix est terminée. Désormais les gens sont exigeants et ils n’hésitent plus à négocier le loyer à la baisse ou à partir si le propriétaire n’accède pas à leurs demandes », constate Mickaël Marchand, 70 De petits travaux de remise à neuf sont nécessaires entre chaque relocation. directeur de Guy Hoquet Nantes Nord. Pour éviter le turnover des locataires, proposez un logement en très bon état. Il se louera plus vite, plus facilement, et surtout vous attirerez les meilleurs candidats, et donc minorerez votre risque locatif. « Si le logement est en mauvais état ou franchement défraîchi, les seules personnes qu’il intéressera seront celles qui ont été refusées par d’autres bailleurs, donc les plus précaires », analyse Anne-Sophie Ansart, cogérante de l’agence Valeurs Sûres, à Roubaix. N’hésitez pas à effectuer régulièrement des petits travaux d’entretien, au moins à chaque changement de locataire. Passez un coup de blanc sur les murs d’un studio avant de le relouer, remplacez des robinets anciens par des équipements dernier cri, etc. « Inutile d’engager des travaux somptuaires, ils ne seront pas rentabilisés. En revanche, des dépenses qui permettent de mettre le logement au goût du jour sont recommandées », conseille Sébastien de Lafond, président de Meilleursagents.com, plate-forme de conseils en immobilier. Certains équipements sont maintenant devenus une quasi-obligation. Dans la cuisine, prévoyez davantage qu’un simple meuble sous-évier, « les locataires de petites surfaces ne veulent plus acheter des placards ou un plan de travail qu’ils devront démonter à leur départ », note Nathalie Naccache directrice de Century 21 Fortis Immo, à Paris. Même constat pour la salle de bains, où vous avez intérêt à installer une armoire de toilette et quelques étagères. « Cela ne coûte pas très cher, et permet d’éviter que les locataires laissent du carrelage troué au moment où ils repartent avec leur équipement », souligne Jean-François Buet. Tous ces travaux de réparation, d’entretien, de rénovation ou d’amélioration de l’habitat sont déductibles de vos revenus fonciers, et permettent donc de faire baisser votre pression fiscale, grâce au mécanisme du déficit foncier (voir nos conseils p. 73). Bon à savoir : si vous devez régler des travaux réalisés dans la copropriété (remise aux MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 Rainer Berg / Westendend 61 / Getty Images Vous voulez gérer au mieux votre bien Votre Argent Les 12 commandements pour optimiser votre patrimoine immobilier normes des ascenseurs, remplacement de la tuyauterie collective, etc.), vous pourrez aussi les déduire de vos revenus fonciers. Une fois que votre appartement aura été remis en état, reste à fixer le bon loyer. Pour cela, faites un tour complet de l’offre dans le voisinage et adaptez vos tarifs. S’il s’agit d’un bien rare, vous pourrez fixer un loyer élevé. a contrario si vous disposez d’un logement proposé en abondance, privilégiez la fourchette basse. Quelle que soit votre décision, demandez plutôt un loyer légèrement inférieur à la moyenne du secteur. Grâce à cela, vous fidéliserez votre locataire et éviterez une vacance locative très coûteuse en termes de rentabilité. Si le bien est un grand appartement ou une maison situés dans une ville où les jeunes sont nombreux, vous avez peut-être intérêt à passer en colocation. Vous mutualiserez le risque d’impayé, et il est rare que des colocataires acceptent de conserver dans les lieux un des leurs s’il ne s’acquitte pas de sa quote-part de loyer ou de charges. Avec cette technique, vous minorerez également les temps de vacance locative car un colocataire sur le départ trouve, en règle générale, un remplaçant. Enfin, si vous proposez des petites surfaces, privilégiez la caution plutôt que l’assurance loyers impayés. La première est gratuite, contrairement à la seconde, facturée en moyenne entre 2,5 et 3,5 % des loyers encaissés. Cette caution sera valable pour une durée limitée, en général celle du bail et du premier renouvellement. Mais si votre bien est un studio ou un deuxpièces, il y a de fortes chances qu’il soit habité par un jeune locataire qui le quitte avant six ans. En cas d’impayé, une simple procédure devant le tribunal permettra de récupérer votre dû, à condition que vous ayez choisi une caution solvable ! Autre solution si vous louez une surface plus grande : intéressez-vous à la nouvelle garantie Visale mise en place par l’organisme Action Logement. Elle offre une protection intéressante et peu coûteuse aux bailleurs qui acceptent de louer à des jeunes actifs aux faibles revenus ou en situation jugée précaire par les assureurs traditionnels (CDD, intérim…). P UN BIEN MEUBLÉ Dopez votre rentabilité malgré les nouvelles contraintes Au fil des ans, les contraintes légales qui pèsent sur la location nue se sont fortement accrues. Beaucoup de particuliers se sont alors lancés dans ce qu’ils considéraient comme un eldo- Loyers : la correction à la baisse se poursuit Evolution des loyers dans le secteur privé sur cinq ans Source : Clameur + 1,5 + 0,9 - 0,1 0,0 - 0,3 - 0,4 - 1,0 - 1,1 -1,5 + 0,9 - 0,2 - 0,5 - 0,9 - 0,9 - 1,5 - 2,0 - 1,8 - 2,0 -3,0 Studios et 1-pièces Février 2012 72 Février 2013 2-pièces Février 2014 3-pièces Février 2015 Février 2016 E Le meublé davantage taxé ? En louant votre logement vide, vous pouvez opter pour le régime du micro-foncier, à condition d’encaisser moins de 15 000euros de loyers par an. Il donne droit à un abattement de 30 % sur les loyers perçus, vous n’êtes donc imposé que sur les 70 % restants. Si votre logement est loué en meublé, vous relevez du régime du micro-BIC, à condition de toucher moins de 32 900 euros de loyers par an. Dans ce cas, l’abattement passe à 50 %, et vous êtes donc imposé uniquement sur les 50 % restants. Un contribuable imposé dans une tranche supérieure à 30% aura donc plutôt intérêt à faire du meublé pour bénéficier de l’abattement le plus favorable. C’est une des raisons qui explique l’engouement pour la location meublée depuis quelques années. Pour éviter cet effet d’aubaine, qui a entraîné la raréfaction des locations vides dans certains secteurs des grandes villes (proches des universités, pôles d’affaire ou gares), l’Etat pourrait prochainement rogner l’avantage fiscal du meublé. rado : la location meublée. La loi Alur a changé la donne en alignant les deux régimes et en imposant les mêmes obligations aux bailleurs (respect d’un bail type, liste des équipements minimaux à fournir, encadrement des loyers à Paris, etc.). Dès lors, la location meublée de longue durée, avec un bail d’un an minimum renouvelable par tacite reconduction, ou de neuf mois minimum sans reconduction tacite si le locataire est étudiant, a perdu de sa superbe. Elle reste pourtant le moyen, pour le moment, de doper votre rentabilité nette. Un logement meublé et parfaitement équipé se louera en général un peu plus cher que le même proposé vide. En moyenne, la différence est de l’ordre de 15 à 20 %. Mais pour cela, il faut respecter deux impératifs. D’abord, le logement doit être dans un parfait état, avec des meubles simples et un design contemporain. « Les biens avec du mobilier défraîchi ou des gros meubles de famille recyclés sont impossibles à louer. Seuls les logements offrant une prestation comparable à celle d’un hôtel attirent les locataires », martèle Hervé Sayaque, directeur de l’agence Home Clef Properties, à Cannes. Ensuite, le meublé fait recette pour des surfaces précises, et uniquement dans des secteurs bien déterminés. Il s’agit surtout « de studios et de deux-pièces situés dans la capitale ou au cœur de grandes agglomérations dynamiques, qui seront loués sans difMIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 Bilderbox / Andia ficulté à des étudiants ou à des personnes seules, en pleine séparation ou divorcées, ou encore à des salariés détachés pour une longue période qui préfèrent louer un logement plutôt qu’aller à l’hôtel », précise Maud Velter, directrice associée de l’agence Lodgis. Ailleurs, louer en meublé est plus difficile, à moins de viser une clientèle type. « Lorsque des investisseurs poussent la porte de mon agence, je leur conseille d’acheter des deux-pièces entre la gare et le centreville et de les louer meublés en parfait état à des cadres de passage, la vacance locative est quasiment nulle », assure Stéphane Vachot, directeur de l’agence Carré Mans, au Mans. En optant pour le meublé, ne négligez pas le poids des charges car vous devrez acheter le mobilier et les équipements imposés pour louer le logement, et peut-être les remplacer en partie au moment du départ du locataire. Enfin, une location meublée est très chronophage et complexe, et si vous en déléguez la gestion, les frais peuvent osciller entre 12 et 15 % du montant des loyers annuels encaissés, contre 7 à 8 % pour une location vide. Attention, si vous comptez louer votre bien sous le régime du meublé touristique, les contraintes sont encore plus importantes. Pour proposer votre logement à la journée, à la semaine ou au mois, vous devez au préalable obtenir l’accord de la mairie s’il est situé dans une agglomération de plus de 200 000 habitants. Nombre de bailleurs « oublient » cette formalité et se mettent ainsi dans l’illégalité. La mairie de Paris, ville la plus touchée par ce phénomène, a décidé de réagir et poursuit les bailleurs qui ne respectent pas la loi. Pour le moment, elle n’a perdu aucun procès et les fraudeurs ont été condamnés à payer de lourdes amendes et à se mettre en règle. Les contrôles s’intensifient de mois en mois, aussi ne jouez pas avec le feu. Dernier point : actuellement le meublé dispose d’un net attrait fiscal puisque l’abattement sur les loyers encaissés est plus important que celui octroyé pour la location vide. Mais cet avantage pourrait être remis en cause prochainement (voir encadré p. 72). Dès lors, si vous envisagez ce type de gestion, ne soyez pas trop optimiste quand vous estimez votre rentabilité nette. 4 conseils pour bien gérer Profitez du déficit foncier Si votre appartement dans l’ancien est en mauvais état, engagez d’urgence des travaux. Les réparations d’entretien, de rénovation ou qui permettent d’améliorer l’état global du logement loué sont déductibles à 100 % de vos revenus fonciers. Lorsque le total de vos charges locatives (travaux, intérêts d’emprunt, assurances pour le bien, frais de gestion…) est supérieur aux loyers encaissés dans l’année, vous êtes en déficit foncier. Celui-ci est alors reportable sur vos autres revenus fonciers, ce qui permet, mécaniquement, de réduire votre pression fiscale. Si vous disposez encore d’un reliquat de déficit foncier après avoir effectué ce report, il est imputable, hors intérêts d’emprunt, sur vos autres revenus (salaires, pensions de retraite, etc.) dans la limite de 10 700 euros par an. Le surplus est déductible les dix années suivantes. De plus, les économies d’impôts réalisées grâce au déficit foncier ne sont pas soumises au plafonnement des niches fiscales de 10 000 euros, ce qui n’est pas le cas de la réduction d’impôts liée au dispositif Pinel. Réagissez rapidement en cas d’impayés Sans nouvelle de votre locataire huit jours après l’envoi de la quittance, contactez-le pour savoir s’il s’agit d’un oubli ou s’il traverse une mauvaise passe financière. Dans le second cas, trouvez un accord à l’amiable, et proposez-lui un échéancier de paiement. Si aucun accord n’est possible, envoyez une mise en demeure au bout de vingt jours de retard. A la seconde mensualité non honorée, expédiez la même lettre avec accusé de réception. Après cinquante jours, faites appel à un huissier qui lancera un commandement à payer. Si ces démarches n’aboutissent pas, lancez une procédure judiciaire sans attendre davantage. 9 10 Remettez votre logement à neuf Votre locataire vient de partir, si le logement est en état d’être reloué, engagez des travaux de rénovation, même minimes. Remplacer un plan de travail fatigué, installer un mitigeur dernier cri dans la salle de bains ou un placard intégré dans un studio ne vous coûtera pas plus de quelques dizaines d’euros. A la clé : une vraie différence car même là où la demande locative est forte, les logements vieillots sont encore en nombre important. Avec un bien refait et propret, vous attirerez un maximum de locataires. Vous n’aurez plus, ensuite, qu’à choisir les meilleurs dossiers. Et laisser les moins intéressants aux bailleurs qui refusent de dépenser le moindre euro dans un appartement locatif sous prétexte qu’il trouvera forcément preneur. Autre avantage, si vous suivez notre conseil : de peur de voir l’appartement le plus mignon qu’il ait visité lui échapper, votre locataire acceptera d’entrer dans les lieux rapidement. A contrario, si le bien est défraîchi, il vous demandera de signer le bail le plus tard possible. Si vous refusez et qu’il s’agit d’un bon locataire, il trouvera mieux ailleurs. MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT / NUMÉRO 410 / AVRIL 2016 Les travaux sont déductible de vos impôts fonciers. Louez légèrement moins cher Beaucoup de bailleurs louent leurs biens dans la fourchette haute du marché. Sur le long terme, ce n’est pas la bonne tactique car il est plus intéressant de fidéliser un locataire avec un loyer attractif. Démonstration : vous louez un studio en parfait état 330 euros par mois, au lieu de 350 euros, ce qui représente une perte annuelle de 240 euros par an. En revanche, votre locataire étudiant, de peur de ne pas trouver aussi bien lors de la prochaine rentrée, risque de vouloir conserver ce logement agréable et au loyer intéressant pendant l’été, sans rompre le bail dès la fin de l’année universitaire, Vous éviterez ainsi deux mois de vacance locative, et percevrez près de 700 euros par an en plus. En définitive, votre stratégie se révélera gagnante. 11 12 73