3.3 La Troisième République (1870

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3.3 La Troisième République (1870-1940)
3.3.1 Contexte politique
3.3.1.1 La fin du Second Empire
La IIIe République succède au Second Empire après la défaite française de Sedan. La
Troisième République marque le début d’une période de stabilité constitutionnelle après
l’alternance politique qui a succédé à l’Ancien Régime. Avant 1870, aucun régime ne dure
plus de quinze ou dix-huit ans : après 1870, un seul régime va se maintenir pendant soixantedix ans. (Maurice Duverger p74) L’effondrement du Second Empire à la suite de la défaite
militaire française contre la Prusse marque l’aboutissement de la politique extérieure de
l’empereur. Cette politique est caractérisée par une ambition messianique et nationaliste : un
remaniement de l’Europe selon le principe des nationalités qui effacerait l’Europe des traités
de 1815 (Serge Berstein, Pierre Milza). La politique de Napoléon III consiste à venir en aide
à tout gouvernement qui au nom du principe des nationalités cherche à s’affranchir des
dominations étrangères. Le projet européen de l’empereur est d’être l’instigateur et chef de
file d’une Europe des nationalités. La guerre conduite en Italie contre l’Autriche (1859-1860)
en est un exemple. Cette politique extérieure parfois empreinte de naïveté amène Napoléon
III à soutenir la Prusse de Bismarck contre l’Autriche. Or, la Prusse achèvera son unité par la
victoire contre la France. La déclaration de guerre de 1870 se soldera par la capitulation et
l’abdication de Napoléon III.
Après avoir prononcé la déchéance de la dynastie, Le 4 septembre 1870 à Paris, les députés
républicains constituent un gouvernement provisoire de Défense nationale. Selon l’une des
clauses de la convention d’armistice signée entre Bismarck et le gouvernement provisoire, des
élections sont organisées pour doter le pays d’une Assemblée représentative de l’opinion
publique car Bismarck se refuse à signer la paix avec un gouvernement sans assise légale.
3.3.1.2 L’élection de l’Assemblée nationale (8 février 1871)
Les élections de 1871 amène la victoires des monarchistes qui on en commun le souci de
rétablir la paix et l’ordre tandis que les républicains sont divisés entre modérés (qui prônent
la paix) et intransigeants (qui veulent continuer la guerre et instaurer une dictature jacobine).
Cette Assemblée à majorité monarchiste élit Adolf Thiers (orléaniste) chef de l’exécutif qui
s’engage à respecter le « Pacte de Bordeaux » qui lui impose de ne pas prendre position sur le
régime futur de la France pour préserver une unité nationale indispensable au rétablissement
de la France après la défaite. Cette unité va néanmoins être compromise par la Commune.
3.3.1.3 La Commune
L’insurrection de la Commune est liée au siège de Paris par l’armée prussienne. Les
négociations avec Bismarck aboutissent à l’annexion de l’Alsace et du nord de la Lorraine.
Belfort reste français contre l’entrée temporaire des Prussiens en à Paris. La signature de
l’armistice (28 janvier 1871) et l’entrée des Prussiens à Paris sont perçues par bon nombre de
Parisiens comme une trahison due à la nouvelle Assemblée à majorité monarchiste et au chef
de l’État. A ce désaccord profond quant à l’attitude à adopter face à l’envahisseur prussien,
s’ajoute un certain nombre de causes qui vont mener à la Commune et au soulèvement des
communeux.
3.3.1.3.1 Les causes de la Commune
Elles sont nombreuses et complexes. Parmi les facteurs qui expliquent le soulèvement de la
commune, on peut avancer :
• La situation de Paris.
Paris capitale politique est de ce fait aussi la ville révolutionnaire par excellence.
Sociologiquement et politiquement, on constate au moment de la Commune un
changement : Une partie des Parisiens aisés a quitté la ville avant le siège ou après
l’armistice La population est donc à majorité constituée par les couches plus modestes
(petite bourgeoisie, artisans, ouvriers, etc.). De plus les parisiens sont politisés : une
profusion de clubs, de journaux, de brochures a entretenu un esprit révolutionnaire (la
conduite de la guerre, la capitulation sont jugées sévèrement) et on constate une
polarisation vers la gauche et l’extrême gauche. Les Parisiens avaient envoyé, à
l’Assemblée nationale élue en 1871, 37 députés d’extrême gauche sur 43
représentants. De plus Paris a particulièrement souffert des rigueurs de siège de la
capitale tout en faisant preuve d’un esprit de résistance nourri par l’illusion d’une
victoire possible contre la patrie en danger (Cf. la Révolution). Frustrés et se sentant
trahis, les parisiens dispose d’un important arsenal d’armes (armes enlevés au
Allemands).
• L’attitude de l’Assemblée Nationale
Entre Paris et l’assemblée Nationale, on constate un clivage politique entre
provinciaux pacifistes et conservateurs et citadins révolutionnaires. Obligée de se
réunir à Bordeaux du fait du siège de Paris, elle décide de siéger dorénavant à
Versailles. Paris se sent « décapitalisé ». Elle prend des mesures économiques qui
obèrent un peu plus les classes modestes (suppression de la solde pour les militaires,
fin du moratoire sur les loyers).
• L’attitude de Thiers (chef de l’exécutif)
Il tente de désarmer les parisiens (tentative de reprendre les canons acquis par
souscription populaire et situés sur la butte Montmartre). Cette tentative suscite le
début de l’insurrection. Malgré l’avis de ses ministres et celui des maires de Paris qui
voudraient s’entremettre, il isole Paris laisse l’émeute se développer pour mieux
l’écraser. Le gouvernement et les troupes attendent à Versailles le moment propice
pour reprendre Paris.
3.3.1.3.2 L’œuvre politique de la Commune
Les parisiens élisent le 26 mars un Conseil général mais ce Conseil n’est qu’en partie
représentatif car la moitié seulement des électeurs votent. Sur 86 députés, les modérés
n’obtiennent que 15 sièges et ne viendront du reste pas siéger. C’est la victoire des socialistes
d’extrême-gauche, toutes tendances confondues.
Les mesures prises par la Commune sont peu nombreuses et de courte durée. Elles reflètent la
lutte révolutionnaire des communeux au-delà de toutes les nombreuses divergences politiques
contre la bourgeoisie et l’Église (conflit des deux France) :
•
•
•
séparation de l’église et de l’état
laïcisation des écoles publiques
projet d’enseignement primaire gratuit et obligatoire
Contrairement à la Révolution de 1789, l’insurrection restera cantonnée à Paris (quelques
révoltes à Marseille, Saint Etienne, Le Creusot, Limoges, Lyon seront rapidement réprimées)
Thiers confie le commandement d’une expédition punitive à Mac-Mahon.
3.3.1.3.3 La fin de la commune
La commune sera écrasée par les « Versaillais ». La répression sera impitoyable. Pour
Maurice Duverger (Les Constitutions de la France p75) il s’agit du « plus grand massacre
civil du XIX » (20 000 à 30 000 Parisiens seront exécutés sommairement par les Versaillais).
Après l’écrasement de la Commune, le mouvement ouvrier ainsi qu’une fraction de la gauche
seront affaiblis pour des années. L’écrasement de la commune et la condamnation du
mouvement par des républicains comme Gambetta marque une rupture entre républicains et
communeux. Le mouvement socialiste retrouvera néanmoins son essor avec la poussé
républicaine de 1879. La Commune sera interprétée de diverses façons suivant le
positionnement idéologique de ses commentateurs. Pour Marx, elle est le premier exemple
d’un gouvernement du prolétariat (Adresse à la Commune 31 mai 1871). Cette interprétation
est contestée par certains historiens.
3.3.2 Les débuts de la IIIe République (1871-1879)
3.3.2.1 Le gouvernement de Thiers (1871-1873)
Le gouvernement de Thiers, après l’écrasement de la commune et d’une partie de la gauche,
se concentre sur le relèvement de la France après la défaite. Thiers se considère Comme
président de la République. La loi Rivet (31 août 1871) lui en reconnaît les pouvoirs, mais ses
pouvoirs sont placés sous l’autorité de l’Assemblée qui se pérennnise malgré les Républicains
qui demandent sa dissolution. Les députés royalistes voient en effet dans la République un
régime transitoire et misent sur le temps pour rétablir la monarchie. Thiers a donc le soutien
des différents partis qui lui sont reconnaissants d’avoir réglé le problème de la Commune et
de gouverner dans l’esprit du pacte de Bordeaux. Son ministère reflète l’esprit de ce pacte
avec trois républicains, deux orléanistes et trois légitimistes. Le Gouvernement de Thiers va
procéder à la reconstruction nationale par :
•
•
•
La libération du territoire
Paiement de la dette de guerre (5 milliards) par des paiements anticipés. Le 18 septembre
1875, le territoire est libéré mais l’Alsace et la Lorraine sont cédées à l’Allemagne.
La réorganisation financière
Thiers a recours à l’emprunt puis aux impôts indirects (droits sur le tabac, les allumettes,
le sucre et l’alcool, augmentation du prix des timbres postes) ainsi qu’à l’augmentation
des droits de douane pour régler les dettes de guerre. Il mène une politique conservatrice
et s’oppose aux propositions novatrices qui émanent tant des républicains que de certains
monarchistes. Il se refuse donc à effectuer des réformes fiscales en profondeur (impôt sur
le revenu) en vue d’une répartition plus juste des charges. Thiers refuse toute réforme
susceptible d’inquiéter les possédants. Il est, comme le montre du reste son œuvre de
réorganisation administrative, le représentant de la classe moyenne possédante.
La réorganisation administrative
Là aussi Thiers applique une politique conservatrice. Il s’oppose à la décentralisation
souhaitée par l’Assemblée. Il défend le droit du gouvernement à nommer les maires des
chefs lieux d’arrondissements et des villes de plus de 20 000 habitants. L’élection des
maires par le conseil municipal élu au suffrage universel ne peut se faire que dans les
villages. L’autorité des préfets contre les conseils généraux est maintenue. Toutefois, les
conseils généraux élus au suffrage universel obtiennent le droit de désigner leur président
et de former une commission permanente (Loi du 29 août 1871).
•
La réorganisation militaire
La politique de Thiers est là aussi conservatrice. Il refuse l’armée nationale, le service
militaire universel court au profit de l’armée de métier et du remplacement par tirage au
sort. (1 an de service pour les bons numéros, 5ans pour les mauvais) ; les fonctionnaires,
les ecclésiastiques en sont dispensés; les bacheliers qui paient leur équipement ne font
qu’un an. Les intérêts de la bourgeoisie sont sauvegardés. Thiers se rapproche de plus en
plus des républicains modérés qui condamnent la Commune. Il voit dans l’alliance avec
les républicains la possibilité d’instaurer une République conservatrice. Ce
positionnement politique est cependant interprété comme une trahison par les royalistes
qui vont désormais œuvrer contre Thiers.
Une Bataille s’engage entre l’Assemblée et Thiers. Elle s’articule en plusieurs étapes :
la limitation des pouvoirs de Thiers (il ne pourra communiquer avec l’Assemblée
que s’il en a fait la demande et que par des messages)
un ordre du jour voté à la majorité des voix blâme le ministère de Thiers.
Thiers donne sa démission.
Le maréchal de Mac-Mahon est élu, le soir même président de la République.
3.3.2.2 L’ « ordre moral » et l’échec de la restauration
Mac-Mahon confie le gouvernement à l’orléaniste de Broglie qui impose « l’ordre moral ».
L’ « ordre moral », c’est une politique restauratrice qui s’appuie sur l’armée, les notables et
surtout l’Église catholique. Ce gouvernement va prendre de nombreuses mesures
conservatrices et antirépublicaines qui ont pour but de préparer la restauration de la
monarchie :
•
•
•
•
•
•
la liberté de la presse est réduite
les fonctionnaires (préfets, instituteurs etc.) suspectés d’être républicains sont remplacés
par des monarchistes
le catholicisme et une intense activité religieuse sont encouragés par le gouvernement
construction du Sacré-Cœur de Montmartre, pèlerinages (Lourdes), presse catholique
militante etc.
augmentation du budget des cultes
progrès de l’enseignement libre qui obtient en 1875 la liberté de l’enseignement supérieur.
Néanmoins en dépit des moyens mis en œuvre pour restaurer la monarchie et en dépit d’une
union entre légitimistes et orléanistes, la restauration échoue en raison du refus du Comte de
Chambord (prétendant au trône) d’accepter le drapeau tricolore et la monarchie
constitutionnelle. Le mandat présidentiel (loi du septennat) est fixé à sept ans. Mac-Mahon
doit porter le titre de Président de la République pendant sept ans. Les monarchistes espèrent
ainsi gagner du temps.
3.3.2.3 La poussée républicaine et les lois constitutionnelles
La poussée républicaine va se manifester par le vote de lois constitutionnelles de 1875 et par
la crise du 16 mai 1877.
• La poussée républicaine est d’abord favorisée par la chute du gouvernement
monarchiste qui avait remplacé Thiers à travers l’alliance des légitimistes et de
l’extrême-gauche. Ce jeu des alliances amène un rapprochement entre le centre droit,
orléaniste, et le centre gauche qui conduit à la République. Les républicains gagnent
•
du terrain et peu à peu la République s’organise. Une Commission de trente membres
est nommée pour organiser les institutions du régime. Un député, Wallon, fait voter en
janvier 1875 à une voix de majorité un amendement qui qualifie le régime de
République.
Après l’amendement Wallon, les lois constitutionnelles des 24 et 25 février 1875 sont
votées. Une nouvelle Commission des Trente, en majorité républicaine est nommée
pour préparer une loi complémentaire sur les rapports des services publics. Le projet
devient la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875. Il n’y a pas donc une Constitution de
1875 au sens strict du mot car les trois lois précédentes n’ont jamais fait l’objet d’un
texte d’ensemble. La République, fruit de compromis et d’alliances politiques
diverses, entre en jeu sans tambour ni trompette.
La Constitution de 1875 est caractérisée tout d’abord par le bicamérisme :
•
Le pouvoir législatif est exercé par deux Chambres : la Chambre des députés et le
Sénat.
§ Les députés sont élus pour quatre ans, au suffrage universel.
§ Les sénateurs (75 d’entre eux sont inamovibles et 225 sont élus pour neuf ans par
un collège électoral à majorité rurale et donc conservateur).
Les deux chambres ont les mêmes pouvoirs « initiative et confection des lois ». (Duverger
p79)
•
Le pouvoir exécutif appartient à un président de la République élu pour sept ans et
rééligible indéfiniment, doté de larges pouvoirs (nomination des ministres et des
fonctionnaires, chef de la force armée, initiative des lois etc. et surtout droit de
dissoudre la Chambre des députés après avis conforme du Sénat). Mais ce pouvoir est
néanmoins restreint, car il est élu par les deux chambres réunies en Assemblée
nationale (ce qui le met en position d’infériorité par rapport au deux assemblées) et de
plus, il est irresponsable devant le parlement. Ce qui signifie que chaque décision du
président doit être contresignée par un ministre. Même la dissolution est soumise au
contreseing d’un ministre (Duverger p79-80).
Après l’élection du Sénat le 30 janvier 1876 et celles de la Chambre des Députés le 20 février,
le nouveau régime est en place dès le 8 mars 1876. Il va cependant débuter par une crise qui
aboutira à la victoire des républicains.
La crise du 16 mai 1877 résulte d’un conflit politique entre la Chambre des députés à majorité
républicaine et le président partisan de l’ « ordre moral ». Les républicains à la Chambre font
pression sur le gouvernement et condamne la politique cléricale de l’Assemblée Nationale. Ils
obtiennent le départ du chef du gouvernement et pousse son successeur à mener une politique
de confrontation anticléricale. La réaction du parti de l’ « ordre » ne se fait pas attendre. Le
chef du gouvernement, démissionne à la suite des critiques de Mac Mahon (lettre de blâme)
puis un « ministère de combat » (l’époque contemporaine Hatier p352) procède à
l’ajournement puis à la dissolution de la Chambre des Députés. Après une âpre campagne
électorale, les républicains l’emportent (avec 120 voix de majorité) et Mac Mahon devra se
« soumettre » avant de se « démettre » un an plus tard avec la victoire des républicains aux
élections partielles du Sénat en janvier 1879.
La Crise du 16 mai 1877 entraîne un changement sociopolitique et institutionnel notable :
• la crise met en lumière l’opposition entre deux groupes: d’un côté, l’Église et les
monarchistes ; de l’autre les républicains démocrates et anticléricaux (« Le
cléricalisme, voilà l’ennemi » Gambetta).
•
•
•
la crise amène un affaiblissement des pouvoirs du président de la République car le
droit de dissolution est tombé en discrédit.
la crise amène un changement des classes dirigeantes : la politique se démocratise
avec l’arrivée au pouvoir de nouvelles classes sociales.
La crise marque la fin d’une époque et l’avènement de la République des républicains.
La Présidence, la Chambre et le Sénat sont aux mains des républicains.
3.3.3 La République des républicains ou la République confirmée (1879-1899)
3.3.3.1 Organisation du nouveau régime et les grandes réformes républicaines
Après une période d’instabilité ministérielle qui se manifeste par une succession de
ministères, Le (deuxième) ministère Ferry (février 1883-mars 1885) met en œuvre une série
de réformes dans les domaines politique, administratif, social et économique.
3.3.3.1.1 Les réformes politiques
Les principales réformes concernent les lois sur les libertés publiques et les révisions
constitutionnelles.
• Les lois sur les libertés publiques :
§ La liberté de réunion (juin 1881)
§ La liberté de la presse (juillet 1881)
•
Les révisions constitutionnelles :
§ Retour des Chambres à Paris
§ Amnistie partielle pour les Chefs de la Commune
§ Après la Marseillaise, hymne national depuis 1879, le 14 juillet devient fête nationale
en 1879.
§ Le culte républicain s’exprime en outre par des symboles tels que Marianne (sous la
IIIe République, de nombreuses mairies font l’acquisition d’une Marianne).
L’iconographie et l’onomastique républicaine s’impose dans le paysage urbain : le 14
juillet 1882, une statue de la République est inaugurée à Lyon et à Orléans. En 1883, la
statue des frères Morice La République est inaugurée à Paris le 14 juillet sur l’ancienne
place du Château-d’eau, devenue place de la République. En 1899. la Statue de Jules
Dalou Le Triomphe de la République est inaugurée à Paris place de la Nation.
Le patriotisme républicain est de plus véhiculé par l’école : en 1882, création des
bataillons scolaires (les enfants à partir de 12 ans défilent en uniforme).
§ Suppression des prières publiques à l’ouverture des sessions parlementaires
§ Suppression par voie d’extinction des inamovibles du Sénat et élargissement du corps
électoral (augmentation de la représentation des villes)
3.3.3.1.2 Les réformes administratives
•
•
Le gouvernement peut mettre à la retraite ou déplacer les magistrats jusqu’alors
inamovibles. Cette loi est néanmoins limitée à trois mois.
Les conseils municipaux (élection du maire et de ses adjoints) sont élus au suffrage
universel (loi du 5 avril 1884)
3.3.3.1.3 Les réformes sociales
•
•
Liberté d’association pour les ouvriers (loi Waldeck-Rousseau de 1884)
La loi sur le divorce (27 juillet 1884) qui correspond à la politique de laïcisation de
Jules Ferry.
Dans le domaine de l’enseignement, la politique de laïcisation de Jules Ferry est plus
conséquente :
• interdiction d’enseignement aux congrégations religieuses non autorisées (jésuites,
dominicains, maristes) par deux décrets (29-30 mars 1880)
• l’école primaire, gratuite et laïque est crée en 1881 et rendue obligatoire en 1882.
• l’enseignement secondaire laïque des jeunes filles est institué.
• dans l’enseignement supérieur, l’État seul assure la collation des grades et les
ecclésiastiques sont exclus du Conseil supérieur de l’Instruction Publique.
3.3.3.1.4 Les réformes économiques
• mise en œuvre d’un vaste programme de travaux publique (canaux, routes,
développement du réseau ferroviaire)
3.3.3.2 Les grandes crises intérieures
La crise boulangiste, l’affaire de Panama, la crise anarchiste, l’affaire Dreyfus vont marquer
la fin du XIXe siècle. Ces crises ne vont pas déstabiliser la République mais elles ne seront
pas sans conséquences.
3.3.3.2.1 La crise boulangiste
Elle est violente mais brève ; elle a diverses origines :
• l’instabilité ministérielle et le mécontentement qu’elle suscite, la division des
républicains
• la crise économique mondiale et le phylloxéra qui ruine la viticulture
• le scandale des décorations qui provoque une crise morale au sein du gouvernement
(démission de Jules Grévy remplacé par Sadi Carnot).
• le désir de revanche contre l’Allemagne qu’incarne le général Boulanger
La crise se déroule en quatre phases qui correspondent à l’éphémère rôle politique du général
Boulanger :
• Le général Boulanger est ministre de la guerre de février 1886 à mai 1887.
Il ne fait pas partie du nouveau gouvernement qui se méfie de son désir de revanche.
• Boulanger prend la tête d’un parti d’opposition (mai 1887-mars 1888) qui regroupe
une coalition hétéroclite de républicains, de bonapartistes, de patriotes épris de
revanche, de monarchistes. Il préconise la dissolution de la Chambre des députés.
• Mis à la retraite forcée par le gouvernement, il peut se présenter aux élections et
obtient un vif succès à six élections partielles. Il laisse néanmoins passer sa chance de
prendre la tête d’un coup d’état comme l’espèrent ses nombreux partisans.
• Les boulangistes sont traduits en justice devant le Sénat convoqué en Haute-Cour par
le gouvernement. Boulanger prend la fuite et se discrédite aux yeux de l’opinion. Il se
suicidera à Bruxelles, le 30 septembre 1891.
La crise boulangiste a de multiples conséquences :
•
•
•
un sentiment antimilitariste se développe dans le camp républicain.
Paris, ville des révolutions devient nationaliste et vote à droite.
Les catholiques se rallient à la République que rien ne semble pouvoir ébranler. Ce
ralliement divise conservateurs et républicains.
3.3.3.2.2 Scandale de Panama
Le scandale de Panama est surtout important de par ses conséquences. Il s’agit d’un scandale
politico-financier : une société constituée pour percer l’isthme de Panama a recours à
l’emprunt pour pallier de sérieux déboires financiers. Les empreints sont autorisés par le
Parlement par une loi (loi du juin 1888). La faillite de la société jette le discrédit sur les
hommes politiques. Une campagne anti-parlementaire en résulte, relayée par la presse.
3.3.3.2.3 L’affaire Dreyfus
Judiciaire à l’origine, l’affaire Dreyfus devient politique. Elle divise le pays et fait ressurgir le
conflit des deux France ; elle met en exergue l’antisémitisme ambiant et menace le régime.
• l’affaire judiciaire : Elle est à l’origine une affaire d’espionnage. En 1894, le service
de renseignement du ministère de la Guerre découvre qu’un officier d’état-major livre
des renseignements à l’Allemagne. Sur fond d’antisémitisme ambiant, l’enquête est
bâclée, le capitaine Dreyfus est arrêté condamné à la dégradation et à la détention
perpétuelle en décembre 1894. En mars 1896, Un chef des renseignements
nouvellement nommé, le lieutenant-colonel Picquart, découvre que l’auteur de la
trahison est en fait le commandant Esterhazy. Picquart ayant prévenu ses chefs est
écarté en janvier 1897 et envoyé en Tunisie. La famille de Dreyfus se mobilise et
convainc un sénateur inamovible, Scheurer-Kestner de l’innocence de Dreyfus. Celuici interpelle le gouvernement en novembre 1897. L’affaire judiciaire devient dès lors
politique et la personne de Dreyfus disparaît derrière le conflit idéologique.
• L’affaire politique : Elle amène la division de la France en deux camps.
D’un côté les dreyfusards, ce parti est conduit par Clemenceau, directeur du journal
l’Aurore. Il compte surtout -malgré la présence de certains conservateurs, avec le
journal le Figaro, et de certains catholiques et militaires -des radicaux et de nombreux
socialistes comme Jaurès, des intellectuels, des écrivains comme Zola. Il prend vite
des accents antimilitaristes et anticléricaux.
De l’autre côté, les antidreyfusards qui correspondent largement à la droite nationaliste
et catholique invoquent le respect de la justice, l’honneur de l’armée et attaquent les
israélites.
Les deux camps s’affrontent à coups de lettres ouvertes et de pétitions, de caricatures
d’articles dans les journaux.
Le terme « intellectuel » désigne désormais un écrivain, un savant, un artiste qui
s’engage dans le débat politique.
La révision du procès amènera d’abord une nouvelle condamnation de Dreyfus 9
septembre1899 qui sera gracié par le président de la République 19 septembre 1899
avant d’être réhabilité en et réintégré dans l’armée en juillet 1906.
• Les conséquences politiques : L’affaire Dreyfus va changer la donne. Elle renforce la
droite nationaliste antisémite mais en même temps elle soude la gauche. L’affaire va
rapprocher les socialistes de la république parlementaire et obliger les républicains
modérés à choisir leur camp. Un glissement à gauche va s’opérer avec le
gouvernement de défense républicaine dirigé par Waldeck-Rousseau (1899-1902) qui
marque la victoire des dreyfusards du centre et de la gauche. Le Bloc des Gauches qui
regroupe tous ceux qui ont choisi de défendre le régime se constitue.
3.3.4 La République radicale (1899-1910)
3.3.4.1 Le Bloc des Gauches (1899-1905)
Le Bloc des Gauches, de 1899 à 1905, jette les bases d’une prépondérance radicale que
confirme la législature 1906-1910.
• Le ministère Waldeck-Rousseau et la politique d’action républicaine
La défense républicaine a permis à Waldeck-Rousseau de constituer le Bloc des
Gauches. C’est le début de la politique d’action républicaine. Cette politique est
caractérisée par une lutte contre les congrégations. Le motif principal invoqué pour
justifier cette lutte contre les congrégations est avant tout l’influence grandissante des
congrégations en particulier dans le domaine de l’enseignement. Cette politique
aboutit à la loi de juillet 1901 qui institue pour les associations civiles la plus grande
liberté tout en la restreignant pour les associations religieuses. Il s’agit plus d’une loi
de contrôle que d’une loi de combat. Avec la victoire des radicaux, qui ont constitué
le parti radical-socialiste aux élections d’avril-mai 1902, et la démission de WaldeckRousseau qui désigne Combes pour lui succéder, la politique d’action républicaine se
transforme en anticléricalisme militant.
• Le ministère Combes et l’anticléricalisme militant
Le ministère Combes va se servir de la loi de 1901 pour engager une politique
anticléricale.
Sa politique se déroule en trois phases :
§ Fermeture des établissements religieux non autorisés (près de 3000 écoles)
§ Rejet par la Chambre des Députés de toutes les demandes d’autorisation
déposées par les congrégations (mars 1903)
§ La loi du 7 juillet 1904 interdit aux congrégations autorisées d’enseigner (de
1904 à 1911, 1843 écoles congréganistes seront fermées).
Cette politique anticléricale ne sera pas sans conséquences politiques. Elle va entraîner
des difficultés.
§ extérieures : La politique de Combes amène la rupture avec Rome.
§ intérieures : Les expulsions de moines et de religieuses donnent lieu à des scènes
pénibles. L’opinion publique est à nouveau divisée.
L’opposition à la politique anticléricale du gouvernement et l’affaire des fiches des
fiches poussent Émile Combes à donner sa démission, le 19 janvier 1905.
•
La séparation de l’Église et de l’État
Après la démission de Combes, le ministère Rouvier qui lui succède va procéder à la
séparation de l’Église et de l’État. La séparation de l’Église et de l’État fait suite à
l’interdiction pour les congrégations d’enseigner et marque l’aboutissement de la
politique de laïcisation du Bloc des Gauches.
Elle est l’œuvre d’une commission de 33 membres avec à sa tête : Aristide Briand, un
jeune député socialiste. Contrairement à Combes, il veut une loi de conciliation. La loi
est votée le 9 décembre 1905.
La loi de séparation stipule que la République assure la liberté de conscience, mais ne
reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. La loi laisse à l’Église ses biens et
charge des associations cultuelles de les gérer.
Cette loi se heurte néanmoins à l’opposition du pape qui condamne la loi. De plus, des
inventaires doivent être faits pour évaluer les biens de l’Église. Devant le refus de
certains membres du clergé, on emploie la force. Cette politique se heurte également à
une forte opposition qui va finalement entraîner la chute du ministère Rouvier. Les
inventaires seront abandonnés.
Le bloc des gauches fera place aux radicaux.
3.3.4.2 Les radicaux (1906-1909)
Une nouvelle évolution politique est caractérisée par la victoire des radicaux qui aux élections
de 1906 remplacent le Bloc des Gauches.
Victorieuse sur le plan laïc, la République dirigée par les radicaux doit affronter une
opposition qui est désormais constituée par les différents partis socialistes.
Socialisme et syndicats
D’abord divisés dans les années 1880-1890 entre différentes mouvances marxiste, réformiste,
libertaire et entre différents chefs (Jules Guesde, Jean Jaurès), les partis socialistes vont
s’unifier avec la formation en avril 1905 de la Section française de l’Internationale ouvrière
(SFIO) sous l’égide de Jean Jaurès. Le journal l’Humanité (fondée en 1804), en est l’organe
officiel. Les progrès électoraux du socialisme vont de pair avec ceux du syndicalisme.
En 1895, les différents syndicats avaient constitué la Confédération générale du travail (CGT)
dont le programme est défini dans la chartre d’Amiens (1906).
Le syndicalisme français place son action sur le plan social ; l’objectif est la fin du
capitalisme. Une grève générale (le mythe du « grand soir ») où les ouvriers cessent tous
ensemble de travailler devait provoquer l’écroulement du système capitaliste.
Les partis socialistes et les syndicats vont donc s’opposer à la politique du ministère
Clemenceau qui succède au Bloc des Gauches.
L’opposition au ministère Clemenceau
Cette opposition concerne :
La politique coloniale et la politique d’armement du gouvernement mais elle concerne aussi la
politique sociale.
Les années 1904 à 1907 correspondent à des périodes de violents affrontements entre le
gouvernement et les ouvriers. Clemenceau qui fait souvent appel à la troupe contre les
grévistes est un « briseur de grève » redouté des ouvriers (contre les postiers, les viticulteurs
du sud-est de la France). La « Belle Époque » (1896-1914) est aussi une période de « lutte des
classes d’une très grande violence (massacre de Fourmies 1er mai 1891).
La question de la revanche et du retour des provinces perdues (Alsace, Lorraine) constitue
depuis les années 1890 un thème politique qui domine en arrière fond la vie politique et
influence la politique extérieure française.
Le thème de la revanche est véhiculé par l’école républicaine (les hussards noirs de la
République et par toute une littérature (le Tour de France par deux enfants de G. Bruno).
Le jeu des alliances avec la Russie (1892) et avec le Royaume-Uni (1904) reflète la stratégie
française. À ceci s’ajoute la réorganisation de l’armée, une conscription universelle de deux
ans (1907) puis de trois ans (1913).
Les confrontations économiques (Exposition universelle) et coloniales (crises marocaines
1905 et 1911) avec l’Allemagne sont autant de signes annonciateurs de l’avant-guerre.
La chute du gouvernement Clemenceau dont le bilan du ministère a surtout consisté à
refreiner les élans sociaux correspond à la fin d’un monde.
3.3.5 L’Avant-guerre (1910-1914) et France en guerre (1914-1918)
3.3.5.1 L’avant-guerre (1910-1914)
L’avant guerre est caractérisé par :
• une accalmie sociale (lois sociales)
• une prospérité économique certaine (agriculture, industrie, moyens de communication)
qui correspond à une amélioration du niveau de vie.
• un déclin démographique
• une période d’instabilité parlementaire (la période 1910-1914 compte une dizaine de
ministères) et de division politique entre radicaux-socialistes et droite. –
• un mouvement de contestation antiparlementaire
3.3.5.2 La République en guerre (1914-1918) et la « fin d’un monde »
La Première guerre mondiale est à l’origine d’un bouleversement politique profond avec :
La fin du socialisme pacifiste (assassinat de Jaurès en juillet 1914) en contradiction avec la
politique d’Union sacrée (août 1914)
L’incapacité de certains hauts responsables militaire qui entraîne un renouvellement de l’étatmajor (promotion d’un Joffre, Pétain) et remet en cause une stratégie militaire responsable
d’inutiles hécatombes.
La révolution bolchevique qui rend caduque la Triple alliance entraîne une scission chez les
socialistes français (congrès de Tours 1920 : scission de la CGT et création du parti
communiste).
La polarisation politique entre extrême gauche communiste et extrême droite avec l’Action
française
Ce bouleversement sonne le glas des partis traditionnels comme celui des radicaux, incapables
d’incarner le bouleversement de la société d’après-guerre.
3.3.6 L’entre-deux-guerres et la fin de la IIIe République
Après la première guerre mondiale et jusqu’en 1939, l’histoire de la IIIe République est celle
d’un irréversible déclin qui va mettre en péril les institutions.
3.3.6.1 La période d’entre deux guerres
Elle est caractérisée par :
• Un difficile redressement social et économique après la première guerre mondiale
(mutation du franc « franc Poincaré », protectionnisme etc.). La crise économique
(1920-1921) atteint du reste tous les pays d’Europe.
•
La politique de réparation « l’Allemagne paiera », liée à la crise économique et qui va
de pair avec des sanctions militaires (occupation de la Ruhr) freinées par la politique
des alliés Royaume-Uni, Etats-Unis).
• Une nouvelle utopie pacifiste avec la Société des Nations (SDN), la reconnaissance de
l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1924 et l’entrée de
l’Allemagne à la SDN en 1926.
• Les progrès de l’antiparlementarisme miné par l’opposition communiste et celle de la
droite nationaliste (les Croix-de-feu) que renforce le scandale de l’affaire Stavisky
• La victoire du Front populaire
Face aux menaces totalitaristes (6 février 1934 en France, Hitler, chancelier en
Allemagne depuis 1933), les partis de gauche (communistes, socialistes et radicaux)
s’unissent pour porter le Front populaire au pouvoir (élections du 26 avril et du 3 mai
1936). Léon Blum (socialiste) devient Président du Conseil.
A la suite d’une vague de grèves sans précédents (6 millions de grévistes), Léon Blum
réunit syndicats et patronat.
Les résultats marquent un grand progrès social :
• hausse générale des salaires
• reconnaissance des droits syndicaux de délégation et de conventions collectives
• congés payés (loi du 20 juin 1936 avec 15 jours annuels)
• quarante heures de travail hebdomadaire (22 juin)
• nationalisation
• La fin du Front populaire
Confronté à de graves problèmes économiques et politiques (guerre d’Espagne,
résurgence de l’activisme de l’extrême droite) Blum qui ne peut obtenir les pleins
pouvoirs du Sénat démissionne.
3.3.6.2 La deuxième guerre mondiale
Elle se prépare en raison de :
•
•
•
la remilitarisation de la Rhénanie,
l’Anschluss de l’Autriche,
l’invasion de la Tchécoslovaquie (avalisée par la conférence de Munich et en dépits de
tous les accords précédents).
Et elle éclate avec :
• l’invasion de la Pologne.
La mobilisation générale est décrétée le 1er septembre 1939.
À la drôle de guerre succède la débâcle du 10 mai au 22 juin 1940.
Le gouvernement et le Parlement doivent fuir à Bordeaux.
Le 16 juin, le maréchal Pétain devient président du Conseil.
Le gouvernement de Pétain signe l’armistice de Rethondes le 22 juin 1940 et s’installe à
Vichy et convoque le Parlement.
La grande majorité des parlementaires donnent au maréchal les pleins pouvoirs (569 voix
contre 80 et 10 abstentions !) et mettent ainsi fin à la IIIe République.
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