IIIe République

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IIIe République
1
PRÉSENTATION
République, IIIe, régime politique de la France de 1870 à 1940.
La IIIe République a été, jusqu’à nos jours, le plus long des régimes républicains connus
par la France. Née d’une défaite le 4 septembre 1870, elle s’est effondrée le 10 juillet 1940
dans le chaos d’une autre défaite face à la même nation allemande ; les relations francoallemandes
ont
donc
constitué
l’un
des
points
majeurs
du
débat
politique.
La
e
III République pourtant s’ouvrait sur d’autres horizons : elle fut la période d’apogée de
l’Empire colonial français, objet d’admiration autant que de doutes pour les citoyens. Ceuxci
vécurent
cette
période
dans
le
cadre
non
d’une
Constitution,
mais
de
lois
constitutionnelles peu nombreuses et remarquablement adaptables aux circonstances ; à
l’intérieur de ce cadre, la nation française s’unifia par la langue et la culture au travers de
l’école laïque, gratuite et obligatoire ; elle s’unifia aussi par le service militaire devenu
universel et obligatoire. Sans doute est-ce cet enracinement national qui permit à ce
régime de résister pendant soixante-dix ans à des crises multiples qui furent autant de
jalons permettant une périodisation : une première période d’affirmation de la République
s’achevant avec la résolution de la crise boulangiste ; une deuxième période qui, de
l’affaire Dreyfus à 1918, fut marquée à la fois par le problème du rôle politique des
catholiques qui aboutit à la séparation des Églises et de l’État, et par la question allemande
culminant dans le premier conflit mondial ; une troisième période où l’usure du système et
de ses cadres favorisa l’émergence d’une opposition de droite antiparlementaire, violente et
radicale qui, une fois l’expérience du Front populaire achevée, fit dans la défaite le lit de la
collaboration et du pétainisme.
2
NAISSANCE D'UN RÉGIME DURABLE
Le second Empire s’effondra dans la défaite militaire face à l’Allemagne de Bismarck, sousestimée
par
les
militaires
français
(voir
Franco-allemande,
guerre
(1870-1871)).
L’empereur Napoléon III lui-même dut se rendre le 2 septembre 1870, encerclé à Sedan
avec Mac-Mahon. Le 4 septembre, à l’Hôtel de Ville de Paris, la République fut proclamée
par ces députés qui avaient su peu à peu, appuyés sur le peuple des villes, imposer à
l’Empire des réformes de plus en plus libérales : Gambetta, Jules Favre ; le gouvernement
fut confié au général Trochu chargé d’organiser la résistance. Le journaliste Henri
Rochefort, populaire rédacteur en chef de la Lanterne, faisait également partie de cette
équipe. Mais Paris fut assiégée à compter du 19 septembre ; Gambetta, qui quitta en
ballon la ville (9 octobre), ne put mener à bien le déblocage de la capitale, pas plus
qu’Adolphe Thiers, envoyé négocier d’impossibles alliances en Europe. Paris capitula le
28 janvier 1871 ; Bismarck exigeant de négocier avec une autorité légitime, une
Assemblée nationale fut élue le 8 février, dans laquelle les notables monarchistes étaient
très majoritaires. L’Assemblée s’installa le 12 à Bordeaux où elle donna comme priorité,
avant la constitution, la réorganisation du pays ; le 17, elle désigna Thiers comme « chef
du pouvoir exécutif de la République française » puis le 20 mars elle s’installa à Versailles.
La Commune de Paris fut la première grande crise de cette République à peine née. À
Paris, désertée par la bourgeoisie au moment du siège, la garde nationale et la nouvelle
municipalité formèrent une « commune insurrectionnelle » pour empêcher le désarmement
par Versailles des bataillons de la garde nationale. Du 18 mars au 28 mai, la Commune fut
une expérience brouillonne et confuse d’organisation d’un pouvoir patriotique, socialiste et
ouvrier. Durant la semaine sanglante du 21 au 28 mai, les troupes versaillaises éliminèrent
un quart de la population ouvrière parisienne, sous le regard des Allemands. Monsieur
Thiers, appuyé par Jules Ferry et par Clemenceau, authentiques républicains, avait peutêtre sauvé un pouvoir républicain occupé par des monarchistes.
Ce pouvoir avait, dans l’intervalle, accepté par le traité de Francfort (10 mai) la perte de
l’Alsace-Lorraine et le remboursement de 5 milliards de francs-or d’indemnités. Un emprunt
lancé le 27 juillet permit d’en réunir immédiatement la presque totalité (4,7 milliards), ce
qui laissait espérer une rapide libération du territoire. L’important devenait donc la question
institutionnelle.
Or, d’une part, le 2 juillet, des élections partielles avaient donné la victoire aux républicains
dans 39 départements sur 47 concernés : Gambetta en particulier était élu dans quatre
départements ; d’autre part, le 5 juillet, le comte de Chambord, Henri V, « l’enfant du
miracle » du duc de Berry et candidat des légitimistes au trône de France, publiait un
manifeste dans lequel il annonçait son irrévocable refus d’une restauration de la monarchie
sans retour au « drapeau blanc d’Henri IV ». C’était ouvrir un fossé infranchissable avec les
orléanistes et créer au sein même de la mouvance légitimiste un grand désarroi : Falloux
lui-même réaffirma sa déférence au comte de Chambord et sa fidélité aux trois couleurs,
contre l’ultramontanisme réactionnaire des « chevau-légers » (Albert de Mun, fondateur
des cercles catholiques ouvriers, l’avocat Chesnelong, Hubert de Pradines) enthousiasmés
par la fermeté du comte de Chambord. Dans une Assemblée divisée entre légitimistes,
orléanistes et républicains, Thiers put faire proroger et augmenter ses pouvoirs (31 août) ;
l’évacuation des derniers régiments allemands dès juillet 1873 fut son grand et
incontestable mérite. Il fit aussi adopter le principe de l’armée de conscription, dont
l’universalité était atténuée pour épargner les jeunes gens fortunés, les fonctionnaires, les
élèves des Écoles et les ecclésiastiques.
En revanche, Thiers dut
s’incliner
sur
les
questions
de
l’administration
locale
et
départementale : ses projets centralisateurs furent repoussés par l’Assemblée de notables,
au pouvoir ancré dans leur terroir. Ceux-ci lui retirèrent leur soutien lorsque le républicain
radical Barodet fut élu à Paris : Thiers, incapable d’endiguer la poussée radicale, semblait
devoir s’y joindre. Le 24 mai 1873, mis en minorité, il démissionna.
Thiers fut immédiatement remplacé par le maréchal Mac-Mahon, qui annonça le « retour de
l’Ordre moral » dès le lendemain après avoir constitué un gouvernement de monarchistes
légitimistes et orléanistes. La politique de l’Ordre moral dura jusqu’à la démission de MacMahon le 30 janvier 1879. Elle avait pour objectif lointain de préparer la France à une
hypothétique restauration monarchique et ultramontaine. Elle favorisa donc amplement
l’Église, dont la construction de la basilique du Sacré-Cœur à Paris fut l’illustration la plus
spectaculaire. Elle lutta avec une insigne maladresse contre les radicaux et les républicains,
dont la presse fut soumise à une censure aussi impressionnante qu’inefficace. De plus, le
comte de Chambord, enfermé dans ses principes, rendait impossible tout retour à la
monarchie. En attendant, le président du Conseil, le duc de Broglie, fit voter l’allongement
à sept ans du mandat présidentiel (19 novembre). Ce faisant, il se coupait des « chevaulégers » qui votèrent avec les républicains et firent tomber le gouvernement. Pendant ce
temps, les républicains avaient progressé, d’élections partielles en élections partielles ; une
mouvance bonapartiste se reconstituait même. Ce fut une coalition hétéroclite de radicaux,
du centre gauche, d’orléanistes qui négocia la forme du régime qui devait être donné à la
France.
Le 30 janvier 1875, l’amendement Wallon entérina définitivement la IIIe République ; par
353 voix contre 352, il fut décidé que le président de la République serait élu pour sept ans
par la Chambre des députés et le Sénat réunis en congrès. Les autres lois constitutionnelles
furent votées jusqu’au 16 juillet. Le nouveau régime, sans préambule, reposait sur une
succession de textes relativement vagues, adaptables à toute situation : par exemple, le
président, irresponsable, élu pour sept ans, ressemble tout à fait à un monarque
constitutionnel. Le Sénat fut souhaité, pour des raisons diamétralement opposées, par
Gambetta et par Broglie. Il s’agissait d’un régime parlementaire dans lequel les ministres
étaient solidairement responsables devant les deux Chambres du Parlement. Il s’agissait
aussi d’un régime préservant soigneusement, Conseil d’État compris, les organes de
l’administration.
Contrairement aux espoirs des conservateurs monarchistes, les progrès républicains
continuèrent ; le Sénat même connut un certain équilibre des représentations politiques.
Mac-Mahon fut confronté aux échecs répétés de ses gouvernements devant la Chambre. Il
tenta, pour diviser les républicains, de nommer Jules Simon président du Conseil ; le
16 mai 1877, celui-ci fut contraint de démissionner. Le 20, les républicains signèrent le
manifeste des 363 contre une « politique de réaction et d’aventure » ; le 16 juin, MacMahon obtenait du Sénat, avec difficulté, la dissolution de la Chambre.
Les élections, malgré les multiples mesures techniques et politiques prises par le ministère
de l’Intérieur pour faire battre les républicains, confirmèrent leur implantation : les 363
s’étant présentés, il y eut 323 élus et, à droite, les bonapartistes étaient une centaine
contre une cinquantaine de légitimistes. Mac-Mahon dut reconnaître les limites des
pouvoirs du président et accepter un gouvernement de centre gauche dans lequel un
radical, Freycinet, obtenait les Travaux publics. Les élections suivantes, municipales et
surtout sénatoriales en janvier 1879, confirmèrent les victoires républicaines : les
conservateurs ayant été mis en minorité à la Chambre et au Sénat, Mac-Mahon
démissionna le 30 janvier. Les républicains avaient déjà choisi son successeur : Jules Grévy
devint le deuxième président de la IIIe République.
La république faisait maintenant consensus dans l’électorat, à quelques régions près. Le
débat politique allait désormais, essentiellement, opposer entre eux des républicains
modérés, radicaux ou socialistes. La victoire de la république, largement liée au sens
politique de Gambetta, avait reposé sur des thèmes simples : les républicains étaient les
« vrais conservateurs » hostiles au retour à l’Ancien Régime ; ils étaient des laïcs hostiles
au « cléricalisme » de l’Ordre moral ; ils étaient des hommes de gouvernement et le
prouvaient dans leurs communes ; l’action de Charles de Freycinet, qui relança avec le
réseau secondaire la construction ferroviaire et qui organisa l’Exposition universelle (mai
1878), fut unanimement reconnue. Bien loin des « partageux » et des « communards », ils
affirmèrent leur modérantisme rassurant.
3
LA « RÉPUBLIQUE ABSOLUE » (O. RUDELLE)
Les années 1879 à 1889 furent marquées, d’une part, par de grandes lois structurant la
société française : lois scolaires, autorisation des syndicats, lois sur le divorce ; d’autre
part, par une politique coloniale active ; enfin par deux scandales qui furent surmontés.
Les lois scolaires furent en grande partie l’œuvre de Jules Ferry. Celui-ci, président du
Conseil du 25 septembre 1880 au 14 novembre 1881, puis du 21 février 1883 au 30 mars
1885, fut dès 1879 le titulaire inamovible du ministère de l’Instruction publique.
Chronologiquement, il fit d’abord créer des Écoles normales d’instituteurs dans tous les
départements (9 août 1879) ; le 27 février, les religieux furent exclus du Conseil supérieur
des universités ; le 18 mars 1880, la collation des grades universitaires redevint du seul
ressort de l’État, ce qui en excluait les religieux. Les « universités catholiques » devaient
d’ailleurs se débaptiser. Le 21 décembre 1880 furent institués les collèges et lycées de
jeunes filles, ainsi qu’une École normale supérieure de jeunes filles. Le 16 juin 1881, la loi
sur la gratuité de l’enseignement primaire fut adoptée ; le 28 mars 1882, celle sur la laïcité
et l’obligation l’est à son tour. La grande loi sur le personnel, qui menait à bien l’œuvre de
laïcisation de l’enseignement, fut votée après de longs atermoiements le 30 octobre 1886.
Fondée sur les lois Guizot de 1833 et Duruy en 1865, les lois Jules Ferry donnaient à
l’enseignement une mission immense. Il fallait achever l’alphabétisation des Français ; leur
inculquer une morale républicaine fondée sur la raison et l’esprit expérimental ; asseoir leur
patriotisme sur une culture unifiée. Autour de Ferry, des pédagogues comme Ferdinand
Buisson, des universitaires comme Émile Littré, Louis Liard ou Ernest Lavisse, des
politiques comme Camille Sée ou Paul Bert constituèrent une équipe remarquablement
active et cohérente qui façonna pour un demi-siècle le système scolaire et universitaire
français. À ces lois s’ajoutent celle sur le divorce (loi Naquet du 27 juillet 1884) qui
complète l’édifice de laïcisation de la société et la loi sur les syndicats, main tendue à une
gauche socialiste en voie de reconstitution après l’amnistie des communards en juillet
1880.
Ferry fut renversé sur la politique coloniale. Celle-ci fut très active : la France étendit, à
coup d’expéditions venant épauler des missions savantes ou religieuses, son empire en
Tunisie, à Madagascar, en Indochine. Il s’agissait, pour les républicains, d’exporter la
civilisation chez les « barbares » ; il s’agissait aussi d’établir de fructueuses relations
commerciales avec des réservoirs de richesses agricoles, minières voire humaines. Cette
politique cependant, onéreuse, jalonnée par des échecs parfois cuisants comme en Égypte
où la France dut laisser au Royaume-Uni le champ libre ou comme à Lang Són en Annam,
où l’armée française fut prise dans une embuscade, se heurta à l’opposition d’une partie de
l’opinion. « Ferry-Tonkin » y perdit son gouvernement. Les opposants à l’aventure coloniale
étaient aussi, outre de sincères démocrates militants des droits des peuples, souvent des
patriotes nationalistes : en effet, l’Allemagne bismarckienne encourageait l’expansion
française outre-mer, ce qui lui évitait éventuellement de se focaliser sur les « provinces
perdues » d’Alsace-Lorraine.
Deux affaires majeures renforcèrent cette fraction du patriotisme national, opposée au
parlementarisme, violemment xénophobe et antisémite. La première fut le « scandale des
décorations » et se conclut le 2 décembre 1887 par la démission de Jules Grévy, dont le
gendre, le député Wilson, avait monnayé la distribution de médailles. Grévy fut remplacé
par Sadi Carnot et l’affaire n’aurait pas eu une grande importance si elle n’était venue au
moment où se développait l’autre crise : la crise boulangiste.
Le général Boulanger fut nommé ministre de la Guerre par Freycinet le 7 janvier 1886. Il
sut très vite créer autour de lui un courant d’enthousiasme en améliorant sensiblement les
conditions de vie des soldats et en tenant un discours nettement revanchard. À la suite
d’une obscure affaire d’espionnage, l’affaire Schnæbelé (20-30 avril 1887), Boulanger qui
pensait avoir fait plier l’Allemagne démissionna devant l’attitude trop conciliante du
gouvernement vis-à-vis de l’ennemi héréditaire. Mis en inactivité en mars 1888, Boulanger
se présenta alors aux législatives partielles dans le Nord, puis à Paris où il fut élu
triomphalement. Le 27 janvier 1889, il refusa de marcher sur l’Élysée pour prendre le
pouvoir alors que les républicains avaient organisé la résistance : menacé de passer en
Haute Cour pour trahison, Boulanger s’enfuit en avril à Bruxelles et se suicida en
septembre 1891 sur la tombe de sa maîtresse, s’attirant cette cruelle épitaphe de
Clemenceau : « Il est mort comme il a vécu : en sous-lieutenant. ».
Le boulangisme valait plus que ce mot cruel : il fut un rassemblement du peuple qui voulait
venger la Commune, des patriotes qui voulaient humilier l’Allemagne, des monarchistes
même qui espéraient pouvoir profiter de la vague boulangiste. Incarné par des hommes
aussi différents que Paul Déroulède, auteur de chansons militaires largement diffusées et
fondateur en 1882 de la Ligue des patriotes, l’ex-républicain, proche de la Commune, Henri
Rochefort converti au nationalisme antisémite exprimé dans l’Intransigeant, ou le sénateur
Naquet, il représenta la première apparition d’une vraie force politique antiparlementaire.
Outre
les
décisions
vigoureuses
des
républicains
(rétablissement
du
scrutin
d’arrondissement, interdiction de la Ligue des patriotes), outre les mesures symboliques
prises (centenaire de 1789, Exposition universelle, panthéonisations de Lazare Carnot,
grand-père de Sadi, et de trois autres révolutionnaires), l’échec fut sans doute le résultat
des contradictions irréductibles de cette coalition dont Boulanger était le seul ciment. La
république s’était sauvée une première fois. Mais, entre les années 1890 et 1914, de
nouvelles crises allaient se faire jour, entraînant un glissement vers la gauche de la
majorité et marquant le triomphe de la République radicale.
4
LA RÉPUBLIQUE RADICALE
Principaux adversaires de la IIIe République, les partis monarchistes ne cessèrent de
reculer aux différentes élections. La consolidation du nouveau régime semblait en bonne
voie et ce d’autant plus qu’avec le « toast d’Alger » du cardinal Lavigerie le 12 novembre
1890 et l’encyclique Inter sollicitudines du pape Léon XIII le 20 février 1892, l’Église s’était
ralliée à la République et la question cléricale paraissait résolue : la France se retrouvait
sans contradictions républicaine et catholique.
La République dut dans le même temps faire face à une vague d’attentats menée par les
anarchistes. La poussée anarchiste correspondit, chronologiquement, à la période 18901895. Elle renvoie, d’une part, à la tradition antiparlementaire française, d’autre part, à la
diffusion dans certains milieux d’un activisme inspiré à la fois de Proudhon et des nihilistes
russes ; elle renvoie enfin à la tradition, ancrée dans l’histoire du XIXe siècle, des sociétés
secrètes de résistance au pouvoir établi. Les attentats anarchistes se multiplièrent à partir
de 1892 ; en décembre 1893, Auguste Vaillant jeta une bombe dans la Chambre des
députés. Il fut décapité après que le président Carnot eut refusé sa grâce ; Santo Jeronimo
Caserio assassina celui-ci à Lyon en juin 1894. Ce meurtre entraîna des mesures de
répression
contre
lesquelles
la
gauche
s’éleva,
les
jugeant
« scélérates » ;
mais
l’anarchisme terroriste fut, rapidement, démantelé. Cette poussée anarchiste avait révélé
un trouble profond dans la société française, qui s’accentua avec la multiplication des
scandales politico financiers.
Après le krach de l’Union générale en 1882, après le scandale des décorations, l’affaire de
Panamá montra en 1892 et 1893 avec évidence que le système engendrait une certaine
corruption : 147 « chéquards » avaient été dénoncés par l’un des corrupteurs.
L’affaire de Panamá, comme
la
crise
boulangiste,
révélait
aussi
les
progrès
de
l’antisémitisme en France. Celui-ci plonge ses racines dans la tradition catholique, mais
aussi dans certaines parties de l’idéologie socialiste qui fait des juifs les acteurs principaux
du grand capital, coupables de la corruption dans les affaires de l’Union générale et surtout
de Panamá ; mais aussi dans des thèses pseudo-scientifiques reposant sur un darwinisme
réducteur comme celles de Vacher de Lapouge ; et encore, enfin, dans le nationalisme qui
considère les juifs aux noms de consonance souvent allemande comme les « agents de
l’intérieur » de l’Allemagne. Les attaquer donnait de plus un nouveau thème de propagande
à l’antiparlementarisme : nombre d’israélites francs-maçons souvent étaient des soutiens
sans faille au système de la IIIe République. Le succès immense de la France juive
d’Édouard Drumont, paru en 1886, ainsi que celui de son journal, la Libre Parole, montra
l’influence croissante de l’antisémitisme en France, qu’allait confirmer l’affaire Dreyfus.
L’affaire Dreyfus dura plus de dix ans, de septembre 1894, date de la découverte des fuites
à l’état-major, au 12 juillet 1906. En substance, le capitaine Alfred Dreyfus fut condamné
pour espionnage en décembre 1894 ; son frère, puis le député Scheurer-Kestner, Émile
Zola, le colonel Picquard, convaincus de son innocence, se heurtèrent au silence de l’armée
qui refusa de dénoncer le vrai coupable, Esterhazy, et de réviser le procès de Dreyfus. Le
13 janvier 1898, la publication de J’accuse par Zola dans le journal de Clemenceau,
l’Aurore, fit de cette affaire l’Affaire. Démasqué, le commandant Henry qui avait fait un
faux pour accabler Dreyfus se suicida et une souscription fut ouverte pour élever à sa gloire
un monument. Les souscripteurs révélèrent, par leur sociologie et la teneur de leurs
messages, l’ampleur de la pénétration de l’antisémitisme dans la société française. La
révision du procès eut lieu à Rennes en juin 1899 et Dreyfus fut condamné de nouveau,
avec circonstances atténuantes puis gracié par le président Loubet. Il fallut attendre encore
six ans avant que la pleine réhabilitation de Dreyfus ne soit établie. Durant ces dix années,
dreyfusards et antidreyfusards s’étaient affrontés avec une passion inouïe. Paul Déroulède,
antidreyfusard, avait même tenté un coup d’État (23 février 1899). L’Affaire qui révélait la
profondeur de l’antisémitisme français mit aussi à mal le prestige de l’armée dont la
République avait fait une « arche sainte » pour préparer la revanche ; elle mit aussi à mal
le milieu parlementaire qui ne sut pas, à quelques individualités près, prendre nettement
position dans l’Affaire. La réhabilitation de Dreyfus fut l’un des plus grands titres de gloire
de Jaurès et Zola.
Cette affaire provoqua
une
importante
évolution
politique
du
régime :
face
aux
antidreyfusards qui s’en prenaient à la République même, se constitua le « Bloc des
gauches », composé des socialistes et des radicaux, qui formèrent un gouvernement de
« défense républicaine » en 1899. L’arrivée au pouvoir des radicaux se traduisit par
l’adoption de plusieurs mesures visant à neutraliser l’influence politique de l’Église qui
soutint, dans sa grande majorité, les antidreyfusards. La séparation des Églises et de l’État,
qui fit suite à l’interdiction pour les congrégations d’enseigner, marqua en 1905
l’aboutissement de cette politique anticléricale qui, l’année suivante, suscita de véritables
affrontements, lors de la querelle sur les inventaires des biens de l’Église, et provoqua la
démission du gouvernement Rouvier. L’attitude plus conciliante d’Aristide Briand, ministre
de l’Instruction publique et des Cultes en 1906, permit un relatif apaisement. Mais,
victorieuse sur le plan laïc, la République, bien que dirigée par les radicaux, eut à faire face
à une nouvelle opposition constituée par les différents partis socialistes. Très divisés dans
les années 1880-1890 entre différentes mouvances marxiste, réformiste, libertaire et entre
différents chefs parmi lesquels se distinguèrent Jules Guesde et Jean Jaurès, ils
s’uniformisèrent peu à peu jusqu’à la formation en avril 1905 de la Section française de
l’Internationale ouvrière (SFIO) qui unifiait les différents partis socialistes. Jaurès en était le
chef, et l’Humanité fondée l’année précédente, l’organe officiel. Les progrès électoraux du
socialisme, représenté dans toutes les Assemblées et dont des transfuges comme
Alexandre Millerand accédaient aux fonctions ministérielles, allaient de pair avec ceux du
syndicalisme. En 1895, les différents syndicats de branches avaient constitué la
Confédération générale du travail (CGT), laquelle se dota d’un programme avec la charte
d’Amiens en 1906. Le syndicalisme français entendait placer son action sur le seul terrain
de la lutte sociale ; l’objectif mythique était l’organisation de la grève générale, du « grand
soir » où, les ouvriers cessant tous ensemble le travail, le système capitaliste devait
s’écrouler. Internationalistes et pacifistes, les partis socialistes et les syndicats s’opposèrent
à la fois à la politique coloniale et à la politique d’armement du gouvernement. De plus, les
années 1904 à 1907 furent des moments de crises sociales graves où Clemenceau devint le
« briseur de grèves » honni par les ouvriers. Le recours à la troupe fut largement utilisé
contre les grévistes, en particulier les postiers et les viticulteurs du sud-est de la France. La
période, que certains, après la Grande Guerre, qualifieraient de « Belle Époque », fut
surtout celle d’affrontements de classes d’une très grande violence dont le massacre de
Fourmies (9 morts le 1er mai 1891) n’est qu’un exemple. Au total, le socialisme et le
syndicalisme français, qui n’avaient pas choisi la stratégie de la social-démocratie
allemande, progressaient sensiblement dans l’opinion.
Cependant, depuis le début des années 1890, la question de la revanche et du retour des
« provinces perdues » tendaient à prendre le pas sur tous les autres problèmes et
dominaient en arrière-fond la vie politique du pays. Toute une littérature, d’ailleurs
abondamment relayée par l’école, développait à l’envi ce thème : Paul Déroulède, bien sûr,
et son Clairon ; Maurice Barrès et Colette Baudoche ou encore, emblème de ce
nationalisme pédagogique, le Tour de France par deux enfants de G. Bruno, de son vrai
nom madame Guyau. La mise en place de l’école républicaine, la métaphore même
désignant les instituteurs comme les « hussards noirs de la République », tout cela était
destiné aussi à préparer l’armée qui reconquerrait l’Alsace et la Lorraine.
Tout ceci s’inscrivit aussi dans le cadre diplomatique et stratégique nouveau lié à la
reconstitution d’alliances par la IIIe République ; d’abord avec la Russie en 1892, puis,
après nombre de péripéties comme l’affaire de Fachoda (1898), avec le Royaume-Uni en
1904. La France constituait une nouvelle armée, équipée des fusils Lebel et des fameux
canons de 75, composée par une conscription universelle (« les curés, sac au dos ! ») pour
un service militaire réduit à deux ans (1907) puis à nouveau porté à trois ans (1913). Les
confrontations économiques et coloniales avec l’Allemagne se firent plus nombreuses,
parfois sur le plan symbolique lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris, parfois de
façon très concrète lors des crises marocaines de 1905 et 1911.
5
LA RÉPUBLIQUE
(H. DUBIEF)
EN
GUERRE
ET
LA
« FIN
D'UN
MONDE »
La Première Guerre mondiale fut l’occasion d’un reclassement politique général. D’une part,
l’assassinat de Jaurès en juillet 1914 priva la tendance pacifiste de son meilleur chef, et la
politique d’Union sacrée adoptée dès le mois d’août sembla l’anéantir. D’autre part, l’échec
du plan de guerre français et la guerre des tranchées montrèrent les limites des options
choisies par les ministres de la Guerre jusqu’en 1914 ; Clemenceau eut ce mot célèbre :
« La guerre est une chose trop sérieuse pour être laissée à des militaires » : un
renouvellement considérable eut lieu dans l’état-major, permettant la promotion d’un Joffre
ou d’un Pétain. Troisième point, la révolution bolchevique qui privait par ailleurs la TripleEntente de l’un de ses membres entraîna une scission chez les socialistes français, scission
effectuée en décembre 1920 au congrès de Tours. Quatrième point, la victoire acquise au
prix de 1,4 million de victimes laissa un goût amer ; un régime incapable d’empêcher les
inutiles boucheries commanditées par Nivelle en Champagne ou par ses pairs, un régime
faisant porter le poids des sacrifices sur les seuls « poilus » tandis qu’à l’arrière, les
« embusqués » semblaient être épargnés, ce qui devenait forcément suspect. Les
contestations des intellectuels (Paul Valéry) ou des artistes des mouvements dada et
surréaliste, venaient étoffer des contestations politiques venues de l’extrême droite avec
l’Action française et ses relais chez les anciens combattants ultra nationalistes, et de
l’extrême gauche avec l’activisme du Parti communiste français (PCF) (créé au congrès de
Tours) et de la CGT unifiée issue d’une scission de la CGT en juillet 1920. Les partis de
gouvernement traditionnels, les radicaux en particulier, apparaissaient usés et incapables
d’incarner cette modernité née sur les ruines de 1918.
Jusqu’en 1939, l’histoire politique de la IIIe République fut celle d’une résistance des
institutions à un irréversible déclin. La reconstruction des provinces littéralement dévastées
dans le Nord et le Nord-Est et les problèmes de reconversion pour plusieurs centaines de
milliers d’hommes que la guerre avait mutilés ou privés de leur emploi créèrent un grave
trouble
économique,
commun
à
tous
les
pays
d’Europe
et
dont
une
agitation
probolchevique tenta de profiter (1920-1921). La crise fut également monétaire : après un
siècle de stabilité, l’épuisement des réserves d’or et le recours systématique à l’emprunt
entraînèrent une dévaluation du franc-germinal qui, en particulier, ruina la bourgeoisie
rentière. Face à ces problèmes, les gouvernements successifs, marqués tantôt plutôt à
droite (Bloc national de Millerand), tantôt plutôt à gauche (Cartel des gauches d’Édouard
Herriot), prirent, d’une part, des mesures techniques comme la mutation du franc (« franc
Poincaré »), mesure relativement efficace d’ailleurs, et d’autre part, des mesures
économiques de protectionnisme et de contrôle des changes.
La responsabilité de cette crise fut attribuée dans un premier temps à l’Allemagne : le mot
d’ordre était « l’Allemagne paiera ! » pour le Bloc national. En fait, les négociations
internationales entre 1922 et 1929 obligèrent la France à réduire considérablement le
montant des dommages de guerre (plan Dawes, 1924 ; plan Young, 1929). Non seulement
l’Allemagne refusait de payer, ce qui entraîna l’occupation de la Ruhr en 1923, mais le
Royaume-Uni, soucieux de ne pas laisser à la France une prépondérance exclusive sur le
continent, et les États-Unis firent pression contre les exigences françaises. De plus, les
années vingt virent l’espoir d’une paix universelle garantie par la Société des Nations
(SDN) devenir plus fort : la France reconnut l’Union des républiques socialistes soviétiques
(URSS) en 1924, l’Allemagne entra à la SDN en 1926 ; Aristide Briand pour la France et
Gustav Stresemann pour l’Allemagne, très actifs, entamèrent une série de discussions qui,
du pacte de Locarno en 1925 au pacte Briand-Kellogg de 1928, aboutirent à déclarer « la
guerre hors la loi ».
Entre les discours nationalistes et le mirage pacifiste, entre la crise endémique et les excès
des « Années folles », dans la succession des majorités et la « valse des ministères »
(1930, 1933), le régime républicain connaissait des oppositions de plus en plus
importantes. Des incidents comme le bref mandat du président Paul Deschanel (1920)
ajoutèrent un peu plus au discrédit pesant sur la classe politique. La gauche communiste
qui s’implantait dans les banlieues ouvrières (constitution de la « ceinture rouge » de Paris)
dénonçait l’argent des « deux cents familles » et pratiquait une agitation sociale
systématique, conformément aux consignes données par le Komintern en URSS. La droite
nationaliste, au travers de certaines associations d’anciens combattants, constituait des
ligues comme les Croix-de-Feu au discours de plus en plus antiparlementaire et virulent.
L’affaire Stavisky éclata en décembre 1933, alors que la France avait été depuis 1931
atteinte par la crise venue des États-Unis (crise économique de 1929) et que le climat
social était désastreux. Stavisky, escroc et maître chanteur très lié au milieu politique, fut
dénoncé en décembre 1933, tenta de fuir, fut rattrapé à Chamonix où la police le retrouva
mort (8 janvier 1934), bizarrement « suicidé ». La presse antiparlementaire dénonça les
liens entre la pègre et la politique, et les ligues organisèrent une immense démonstration
de force le 6 février 1934. La manifestation dégénéra, peut-être en tentative de
renversement du régime ; il y eut 20 morts place de la Concorde. Le président du Conseil,
Édouard Daladier, démissionna.
Cette manifestation, qui montrait la puissance et l’agressivité des ligues face au régime,
prouvait aussi le risque d’extension à la France du totalitarisme qui venait de s’installer en
Allemagne (Hitler était chancelier depuis le 30 janvier 1933). Les partis de gauche s’unirent
alors, communistes — avec l’aval du Komintern — socialistes et radicaux : la contremanifestation antifasciste du 9 février préludait à la constitution du Front populaire.
Alors que les gouvernements de centre droit échouaient à endiguer la crise par une
politique de déflation, le Front populaire apparut comme le seul recours. Il publia son
programme le 12 janvier 1936 où était combiné un discours social et collectiviste, avec des
réponses très inspirées par l’interventionnisme keynesien à la crise. Les élections du
26 avril et du 3 mai 1936 furent un triomphe pour le Front populaire. Léon Blum, le
dirigeant socialiste, accéda à la présidence du Conseil. Trois femmes entrèrent au
gouvernement alors qu’elles n’avaient pas encore le droit de vote. Les communistes
choisirent un « soutien sans participation » au gouvernement.
Les mois de mai et juin furent marqués par une vague de grèves sans précédent :
6 millions de grévistes furent comptés. L’occupation des lieux de travail était une
nouveauté et une atmosphère de fête accompagna la fin du printemps 1936. Léon Blum
convoqua à l’hôtel Matignon les syndicats et le patronat. Des négociations sortirent des
accords déterminant une hausse générale des salaires, une reconnaissance des droits
syndicaux de délégation et des conventions collectives. Sur le plan législatif, l’Assemblée
accorda les premiers congés payés de l’histoire ouvrière (quinze jours annuels) le 20 juin
1936 ainsi que la loi des quarante heures de travail hebdomadaire (22 juin). Enfin, les
usines d’armement furent nationalisées et, en 1937, la SNCF remplaça les grandes
compagnies ferroviaires. Les ligues d’extrême droite furent interdites — mais au mois de
juillet, l’ex-communiste et maire de Saint-Denis Jacques Doriot créa le Parti populaire
français (PPF), dont les thèmes et les pratiques étaient inspirés à la fois du fascisme et du
nazisme.
Très vite, le Front populaire fut confronté à de graves problèmes économiques qui
contraignirent Blum à annoncer en janvier 1937 la « pause des réformes ». Les
communistes avaient enlevé leur soutien dès le mois de septembre à Blum qui refusait
d’intervenir dans la guerre d’Espagne pour aider la République espagnole contre le
pronunciamento du général Franco ; le 17 novembre, Roger Salengro, ministre socialiste de
l’Intérieur, s’était suicidé à la suite d’une campagne antisémite haineuse et calomnieuse
menée par l’extrême droite. Blum demanda le 21 juin les pleins pouvoirs face à la
résurgence de l’activisme d’extrême droite ; devant le refus du Sénat, il démissionna.
Les risques d’une nouvelle guerre mondiale se précisaient avec la remilitarisation de la
Rhénanie, l’Anschluss de l’Autriche, l’invasion et le dépeçage de la Tchécoslovaquie avalisés
en dépit de tous les accords par le Royaume-Uni et la France lors de la conférence de
Munich en septembre 1938 (voir Munich, accords de). Signe supplémentaire de crise : le
gouvernement avait, face à une Assemblée de plus en plus divisée, recours aux décrets-lois
pour gouverner. L’invasion de la Pologne déclencha effectivement la guerre : la
mobilisation fut décrétée le 1er septembre 1939. Le 26, le parti communiste était interdit
pour avoir dénoncé la guerre (l’URSS avait signé avec l’Allemagne un pacte de non
agression le 23 août 1939).
La « drôle de guerre » et l’échec de l’expédition de Narvik montrèrent les faiblesses de
l’armée
franco-britannique.
La
débâcle,
du
10 mai
au
22 juin
1940,
obligea
le
gouvernement et le Parlement à fuir à Bordeaux (10 juin). Le 16 juin, le maréchal Pétain
devenait président du Conseil ; immédiatement, il demandait l’arrêt des combats avec
l’appui de Pierre Laval. Le 2 juillet, le gouvernement Pétain qui avait signé le 22 juin
l’armistice de Rethondes s’installait à Vichy et convoquait le Parlement. Le 10 juillet,
donnant au maréchal Pétain les pleins pouvoirs à une écrasante majorité (569 voix contre
80 et 17 abstentions), le Parlement se sabordait lui-même et exécutait la IIIe République
(voir Vichy, gouvernement de).
Ce long régime avait enraciné en France l’idée républicaine par l’école, par l’armée, par le
chemin de fer qui pénétra au fond des campagnes. Il avait servi de cadre à une
modernisation complète du pays : électricité, téléphone, radio et automobiles étaient
largement diffusés. À la France des paysans et des rentiers de la Belle Époque, il avait
substitué la France des ouvriers et des employés. Aux combats sur lesquels il avait
construit son implantation, la revanche, la laïcité, l’égalité et les libertés individuelles
s’étaient substitués d’autres combats face à de nouveaux adversaires, les communistes et
les nationalistes d’extrême droite. Tous deux étaient apparus à l’échelle planétaire, sur les
ruines morales et politiques du premier conflit mondial. Si les premiers pouvaient à
l’occasion être ralliés au régime, les seconds en furent les irréductibles ennemis et
fournirent à l’idéologie de la révolution nationale ses cadres les plus agressifs. Née et
constituée autour d’une problématique nationale, la IIIe République mourut de n’avoir pas
su s’adapter à une crise mondiale.
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