Logement et Accompagnement Pour une Citoyenneté retrouvée Dr Dolorès Lina TORRES Psychiatre des Hôpitaux et Présidente d’ Alternative 11 C.H. ED. TOULOUSE – MARSEILLE Journées ANPCME Strasbourg 2013 Contexte social en France et évolution des textes Hôpital psychiatrique : il demeure le lieu de la Psychose. Les discours de Foucault, Basaglia, Bonnafé et des psychiatres « des tréteaux » leur sont destinés. 1970 : Séparation du sanitaire et du social : budgets différents. 1975 : loi sur le Handicap, l’AAH mal acceptée par les psy. Le secteur est enfermé dans le sanitaire, mais le parcours de vie d’un usager : social sanitaire et inversement. La part sanitaire du secteur s’est développée, la part sociale a été « refoulée ». On a fermé des lits, on a développé les CMP, HDJ, les CATTP mais peu de structures avec hébergement. 40 ans après, malgré une mise en place du secteur, ou habiter si on souffre de psychose? Enquête Psylog: Tenter un travail de réflexion et d’évalution sur « logement et troubles psychiques » Pourquoi? On cherche un lit désespérément tous les jours Patients attachés aux urgences, pas de place d’aval On héberge des patients dans le secteur d’à coté, pas de continuité des soins Beaucoup de patients stabilisés voudraient quitter l’hôpital mais ne savent pas où habiter L’enquête consiste à savoir combien de patients un jour donné dans les services, n’ont pas de logement pérenne Mais aussi qui ils sont, et quels projets possibles pour eux Quel état des lieux en matière de logement et d’hébergement en santé mentale? Sanitaire: Apparts thérapeutiques, AFT, HDN, et apparts associatifs à partir des secteurs….. Médico social: Foyers de vie, FAM, MAS… Social: Foyers, CHRS, Maisons relais, familles gouvernantes, lieux de vie…. Et de l’accompagnement: Sanitaire: équipes de secteur Médico social: Samsah Social: SAVS, équipes mobiles précarité Pas de plan d’ensemble, tout s’est développé au gré des initiatives, pas de données d’évaluation 1- Résultats enquête Psylog 2012 Marseille CH E Toulouse 51% des patients hospitalisés: pas de logement pérenne 65% sont des hommes, âge moyen 48 ans 92% : 760 euros ou moins et 66% : mesure de protection 83% sont célibataires, 26% ont des enfants, 44 % ont un soutien familial, 67% souffrent de schizophrénie, 12% de tr bipolaires, 10% de polyhandicaps et de tr apparus dans l’enfance Avant l’hospitalisation 48% vivaient dans leur famille 47% des patients ont un projet et si les lieux existaient, 24 % des patients sans logement pourraient sortir très vite 2- Résultats enquête psylog 2012 Marseille CH E Toulouse L’analyse des projets met en évidence 3 catégories: Pour 26%: Apparts, avec conventions, partenariat et + équipes pour l’accompagnement. La 2ème catégorie concerne des situations intermédiaires: 33% nécessitant plus de soutien, plus de présence et qui requiert la création d’un nombre de places, de FAM, d’AFT de places en Familles Gouvernantes ou de places en Maison Relais Ces situations nécessitent + d’accompagnement, tout comme les appartements, avec la création de SAMSAH, ou de SAVS 3ème groupe : patients avec pathologie sévère ou perte d’autonomie ++: MAS, maisons de retraite, ou longs séjours Projets Donner un droit de CITE aux usagers Plan de développement des alternatives à l’hospitalisation Vaste projet de réhabilitation associant l’accompagnement au logement dans la Cité pour un suivi rapproché de qualité Ces différents projets permettront de: Desserrer l’étau autour des unités d’hospitalisation, D’éviter la chronicisation de jeunes patients, D’éviter que les malades ne se retrouvent dans la rue D’éviter de longs séjours , si ce n’est pas justifié, sur le plan du soin Nécessité d’une palette d’outils Du plus léger au plus contenant: Apparts en intermédiation locative, apparts relais, associatifs, communautaires, thérapeutiques mais toujours avec accompagnement de l’ équipe de secteur et si besoin SAVS ou SAMSAH, + aux de vie, IDE libéraux…. Familles gouvernantes, AFT, maisons relais Foyers de vie, FAM, MAS: mais pas de budget!! Inventons un réseau de lieux de vie adaptés ou les usagers poursuivront leurs soins en ayant la sécurité d’un toit Dans chaque secteur créer une coordination logement Il faut dépasser le clivage sanitaire/social et médico social Propositions « secteur rénové » Logement, hébergement et accompagnement Maintien dans le logement avec un accompagnement adapté( sanitaire, social ou médico-social) Accès au logement: Création d’un plan national « Santé mentale et logement » avec les représentants des usagers et des familles, décliné ensuite par les ARS avec des objectifs: Identifier ce qui existe, évaluer le cout de chaque dispositif, proposer la création ou le développement de projets en fonction de l’état des lieux, et des besoins qui seront mis en évidence par les équipes de secteur, articuler ce projet à la réflexion sur le séjour des patients au long cours, organiser un projet de recherche sur ce plan, sa réalisation et son impact sur la qualité de vie des usagers Mais ces projets pour le logement doivent s’intégrer dans des pratiques sectorielles de qualité Soins de proximité, continuité des soins et inclusion avec: •CMP Pivot et accueil tous les jours sans RDV, Le CMP doit être la 1ère porte d’entrée dans la psychiatrie. •Réflexion sur Parcours de soin et de vie •Importance des VAD et du travail avec les familles Dispositif « DIVAS » : prévention des rechutes •Hospitalisations courtes , mais de qualité. •Construction d’un partenariat avec l’ensemble des acteurs, à partir d’un diagnostic de territoire, du secteur concerné •Conseil de secteur avec la mairie de proximité et Conseil local de santé mentale ou de santé C’est le secteur rénové! Quelques réflexions à propos de la clinique Travailler avec le temps, dans le long cours, durer, CAD maintenir des liens transférentiels de qualité: référents Liens transférentiels, mais dans la discontinuité: travail dans les interstices, autour du manque qui facilite l ’ émergence d ’ une « demande ou du désir » Espaces intermédiaires, sortir du tout ou rien dans la relation, tisser des liens ensemble, dans l’échange, et dans la vie sociale, et non dans l’espace « artificiel » de l’hôpital Prendre soin de l’autre, soigner: Cure and Care L’aider à « reprendre en main son destin », c’est la « réhabilitation », ou « l’empowerment », ou « recovery » Disponibilité « être là pour l’autre » vite, pour éviter que les mécanismes de défense psychotiques ne se remettent en place massivement Accepter la persistance du délire sans qu’il n’envahisse l’espace de la relation Conclusion : le soin dans la cité est politique, c’est le secteur rénové Un patient est un citoyen qui souffre, et pour lequel les différents acteurs, qu’ils viennent du social ou du sanitaire, doivent travailler ensemble… Inventons une nouvelle clinique, Ensemble : celle de l’accompagnement dans la Cité, par des acteurs engagés, quelle que soit leur formation, … La formation des acteurs sera un des axes majeurs, de la santé mentale de demain, pour accompagner les usagers dans la cité S’ils ont un toit, s’ils sont accompagnés, si des soins de proximité sont organisés, si les pratiques sectorielles sont réinventées, cette insertion sera possible. Pour cela, l‘alliance Usagers-Familles-ProfessionnelsPolitiques est indispensable Le secteur rénové représente l’enjeu d’une qualité de soin et d’accompagnement pour une Citoyenneté enfin reconnue des usagers en santé mentale