Spondylodiscites bactériennes chez l`insuffisant rénal

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Spondylodiscites bactériennes
chez l’insuffisant rénal
Dr Virginie Zarrouk
Service de Médecine Interne
Hôpital Beaujon
5ème séminaire de FMC en Néphrologie
27 mars 2009
Généralités
• Pathologie infectieuse discovertébrale
• Rare mais grave, en particulier chez
l’hémodialysé
• 1 épisode/215 patients année (Abid et al, Hemodial Int,
2008)
• Importance de l’imagerie et de la ponction
biopsie dans la prise en charge
Physiopathologie
Voie hématogène la plus fréquente
Atteinte d’abord antérieure du corps vertébral
Extension au disque et vertèbres adjacentes
Dissémination secondaire antérieure et postérieure
Atteinte par voie postérieure plus rare (iatrogène+++)
Epidémiologie
• Age variable (10 mois - 85 ans) ; moyenne # 60 ans
• 70 ans en moyenne chez le dialysé
• Prépondérance masculine
• Terrain favorisant non spécifique :
– – – – – Age > 70 ans dans 20 % des cas
Diabète
Intoxication éthylique
Immunosuppression (corticoïdes, chimiothérapie)
Pas d’influence du VIH
• FDR chez le dialysé (étude cas témoin)
– Procédures invasives
– Abord vasculaire
– Bactériémie
Nolla, Semin Arthritis Rheum, 2002
Mc Henry, CID, 2002
Abid, Hemodial Int, 2008
Helewa, Infect Control Hosp Epidemiol, 2008
• Présentation clinique
• Délai diagnostique : 1.2 - 1.8 mois
• Douleur : motif de consultation
• Mécanique : 25 %
• Inflammatoire : 75 %
• Signes rachidiens : ≥ 90 %
• Fièvre : # 80 %
• En général un seul étage atteint: lombaire > thoracique >
cervical
• Atteinte neurologique : 1-25 % en fonction du recrutement
• 2/3 : signes radiculaires
• 1/3 : signes médullaires
Nolla, Semin Arthristis Rheu, 2002
Dufour, Semin Arthritis Rheum, 2005
Porte d’entrée
• Communautaire le plus souvent
 cutanée
 digestive
 urologique/gynécologique
 ORL/dentaire
• Cas nosocomiaux
 Cathéter veineux+++
 Autre dispositif
Bactériologie
• Streptocoques
• Staphylocoque
4 Coagulase +
4 Coagulase • Bacilles Gram négatif
• Autres
9-19 %
39-55 %
# 90 %
# 10 %
23-39 %
3-12 %
Mc Henry, CID, 2002
Nolla, Seminars, 2002
BACTERIES
STAPHYLOCOCCI
NOMBRE DE CAS (%)
14 (53,84%)
Staphylococcus aureus
MétiS
MétiR
7
3/7
4/7
Staphylococcus epidermidis
MétiS
MétiR
7
5/7
2/7
STREPTOCOCCI
6 (23,07%)
Streptococcus bovis
agalactiae
pyogenes A
anginosus
pneumoniae
salivarius
HAEMOPHILUS PARA-INFLUENZAE
1
1
1
1
1
1
1 (3,85%)
BRUCELLA
1 (3,85%)
PLURIMICROBIENS *
3 (11.5%)
ANAEROBIES
1 (3.85%)
• Syndrome inflammatoire dans 85-91 %
des cas
• Hyperleucocytose chez un tiers des
patients
Meys, Rev Rhum, 1991
Nolla, Seminars, 2002
Imagerie de première intention
• Radiographies standards
 retard radiologique de 2 à 4 semaines
 % de radios normales fonction du délai
d’évolution (11-50 %)
 signes initiaux
 pincement discal
 érosion des plateaux vertébraux
Scintigraphie osseuse
• sensibilité proche
de 100 %
• intérêt initial ++
Imagerie de deuxième intention :
TDM
• Intérêt du TDM +++
• Evaluation de l’atteinte osseuse
• corticale
• statique
• Abcès paravertébraux
• Calcifications
• Atteinte cervico-occipitale
Scanner : lésions osseuses
Atteinte cervicooccipitale
Scanner : abcès para-vertébraux
Scanner : calcifications
Imagerie de deuxième intention :
IRM
• Anomalies précoces (Se 96 %, Sp 92 %)
(hypersignal discal en T2)
• Justifiée initialement pour bilan lésionnel ++
• Nombre d’étages atteints
• Abcès paravertébraux
• Epidurite et/ou abcès épiduraux
IRM: les abcès para-vertébraux
Séquence T1: hypointense
Séquence T2: hyperintense; inhomogène
IRM : lésions discales et vertébrales
Hypo-intense en T1
Hyper-intense en T2
Spondylodiscite spontanée à pyogène :
diagnostic microbiologique
• Hémocultures positives dans 11 à 44 % des cas
• 77% chez le dialysé (Abid, Hemodial Int, 2008)
• Examen de référence : ponction-biopsie du disque
sous scanner
• Sensibilité dépend :
 De l’opérateur
 Mise en culture immédiate dans flacons aéro/
anaérobie
 Anapath systématique
 Hémocultures après le geste +++
 PCR ARN 16 S si antibiotiques préalables
Procédures diagnostiques
Zarrouk et al, Rheum, 2007
Traitement: trois axes
– Antibiothérapie
– Chirurgie
– Immobilisation
• Adaptée au germe identifié et à l’antibiogramme
• Si possible à bonne diffusion intra-osseuse
• A forte dose (≥ dose pour bactériémie) pour obtenir
des concentrations plasmatiques élevées
• Initialement parentérale
• Bithérapie :
– Quasi systématique pour le traitement d’attaque (↑
bactéricidie, ↓ sélection de mutants résistants)
– Pendant toute la durée du traitement pour certains germes
d’éradication difficile (Staphylococcus spp.,
Propionibacterium acnes) – choisir si possible un Ab
diffusant dans le biofilm (Rifampicine)
– Toujours pour Rifampicine, Fosfomycine, acide fusidique
(taux de mutations élevé pour ces Ab)
• Relais oral : à discuter individuellement
Bonne
diffusion
Diffusion
bonne
ou moyenne
Quinolones Clindamycine
Macrolides
Teicoplanine
Rifampicine
Cyclines
Triméthoprime
Linezolide ?
Diffusion
moyenne
Diffusion
moyenne
ou faible
C2G, C3G
Fosfomycine
Acide
fusidique
Vancomycine
Pénicillines
+/- Inh de
BLase
C1G
Aminosides
SFM
Aucune donnée concernant la pristinamycine +++
Boselli E, Presse Med 1999 ; Dellamonica P, Antibiotiques 2001
Durée de traitement
• Durée de traitement non définie :
 # 6 semaines pour anglosaxons
 # 3 mois en France
 73 % de décès ou rechute si traitement ≤ 4
semaines (Mc Henry, CID, 2002)
 Adapter en fonction
4 de la sensibilité du germe
4 des antibiotiques utilisables
4 des lésions des parties molles
Immobilisation et contention
• Mal documenté ; très controversé
• Contention indispensable si :
 Complications neurologiques
 Atteinte cervicale
 Toute localisation destructrice menaçant
la statique rachidienne
 (Patient indiscipliné)
Chirurgie
• A visée diagnostique si ponction-biopsie négative
• A visée thérapeutique
 atteinte neurologique déficitaire
 drainage d’abcès volumineux
 instabilité rachidienne ; limitation du
risque de cyphose
• 6 à 43 % des patients opérés selon les séries
Surveillance sous traitement
• Clinique : douleur, déficit, fièvre
• Biologie : VS, CRP
• Radiologie : Rx standard, TDM, si problème de
statique
• Place de l’IRM dans le suivi mal connue
Evolution
• Rechute
 5-14 % dans séries récente
• Séquelles
 Douleur résiduelle
 Déficit résiduel
 Facteur de risque :
4 délai diagnostique > 2 mois
4 déficit neurologique initial
4 infection nosocomiale
 Déformation rachidienne, gibbosité
• Mortalité : 6-11 %, souvent indirecte, 46% chez
l’hémodialysé Nolla, Seminars, 2002 ; Mc Henry, CID, 2002
Évolution des
lésions
radiologiques
Aggravation initiale possible
Evolution vers une fusion
osseuse possible
Suivi clinique médian de 17,5 mois (3-59)
après arrêt des ATB de 12 mois (0-53).
Consommation d’antalgiques
au cours du temps
Lors de l’arrêt des ATB, 11/26 malades (42%) avaient au moins
une image pathologique
10: œdème vertébral (38 %)
8: abcès discal (31 %),
2: abcès épidural (8 %)
• La persistance d’images pathologiques, alors que
l’évolution clinico - biologique est favorable, est
fréquente à la fin du traitement antibiotique des
SPI et n’est pas associée à la survenue de rechutes.
• En conséquence:
– la présence de telles anomalies ne doit pas faire
prolonger la durée de l’antibiothérapie si l’évolution
clinico-biologique est favorable.
– Il n’est pas nécessaire de réaliser d’imagerie de
contrôle dans les SPI bactériennes à pyogènes évoluant
favorablement sous traitement.
Conclusions
• Affection rare parfois de présentation
trompeuse
• IRM = « gold standard » pour le diagnostic
lésionnel
• Nécessité absolue de documenter
microbiologiquement
• Traitement 3 mois, bientôt 6 semaines?
• Suivi imagerie par radiographie standard, IRM
pas systématique
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