PARTIE I SAVANE de TROU POISSONS FICHE SYNTHETIQUE CARTE D’IDENTITE (CF. DESCRIPTION PARTIE 2) LOC ALIS AT IO N S U R FA C E Commune : Iracoubo / Lieu dit :Trou Poissons Coordonnées GPS (point central) : 5°24’50’’ N 53°06’17’’ W 2 200 ha C AR ACT ERIST IQUES ST RUCT URES PHYSIQ UE S D U SOL PH YSIQ UES D U COUVERT VEGET A L Sols sableux plus ou moins argileux (série de Coswine) 6 faciès remarquables avec, majoritairement, une savane basse inondable TABLEAU RECAPITULATIF DES INVENTAIRES TERRAINS Inventaire botanique Inventaire ornithologique Inventaire herpétologique 80 86 6 reptiles 11 amphibiens 1 1 - - 14 (10) 4 et une nouvelle espèce (Kentropyx striata) Nombre total d’espèces Espèces protégées et patrimoniales Espèces patrimoniales (dont espèces sentinelles) I NT ERET S ET MENACES Intérêt écologique Intérêt paysager Intérêt patrimonial Fort Faible S T AT UT FONCIER : ESSENTIELLEMENT DU DOMAINE DE L’ETAT MENACES EMPRISE AU SOL DE LA SAVANE DEPUIS 2001 Légende Limite de la savane Eléments de morcellements Zones agricoles Echelle : 1/55 000 Trou Poissons en oct. 2001 N Source : IGN 2001 Trou Poissons en oct.2005 Trou Poissons en oct. 2005 N Source : IGN 2005 LEGENDE Limite de la savane Eléments de morcellements Zones agricoles Extension zones agricoles Brûlis récent Echelle 1/55 000 En étudiant l’emprise au sol durant les 10 dernières années, 3 constats majeurs émergent : - une extension constante de la zone agricole située dans l’anse au sud-ouest qui a pour effet : de réduire la savane en zone agricole (canne à sucre, manioc, etc.,) avec tous les impacts liés (apports d’intrants, modification du faciès pédologique) la déforestation en limite de savane pour agrandir les zones d’exploitation le développement des pistes d’accès qui à terme peuvent conduire à un morcellement de la zone (par séparation du réseau hydrographique par exemple) - l’implantation d’une nouvelle exploitation agricole au nord qui témoignent de la réelle nécessité de mettre en place des orientations de gestion appropriées et cohérentes sur ces espaces particuliers - le brûlis régulier sur de grandes zones de savanes. Les brûlis récents sont illustrés par des limites jaunes, mais l’on perçoit très nettement des zones brûlées plus anciennes au sud des zones marquées, de chaque côté de la piste, avec des remontées de sable blanc LES DOCUMENTS D’URBANISMES & LES PROJETS D’AMENAGEMENT - Le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) : Cet outil de planification de l’aménagement du territoire illustre ses orientations par une Carte de destination générale des différentes parties du territoire. Le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) et tous les documents d’urbanismes doivent y être compatible. La savane de Trou Poissons se situe en grande partie sur une zone déterminée comme Espace naturel à forte valeur patrimoniale (en vert) et une faible partie en Espace rural de développement (en kaki). Trou poisson Trou Poissons Extrait de la Carte de destination générale des différentes parties du territoire – SAR Arrêté - Oct. 2007 - Le plan cadastral L’analyse cadastrale du site indique trois aspects majeurs : o Une grande partie de la savane est non cadastrée o La principale zone d’exploitation agricole dans l’anse au sud-ouest semble ne pas avoir bénéficiée d’autorisation o Les zones cadastrées se situent de part et d’autre de la RN1. Celles incluses dans la savane se partagent entre zones privées (3 parcelles), zones publiques (14 parcelles de la Direction Générale des Impôts ; 4 parcelles du Service des Impôts) et une concession agricole. - Le document d’urbanisme : Actuellement, la commune d’Iracoubo est en phase de réalisation de sa carte communale. Aucune zone n’a encore été définie. Toutefois, cette savane est déterminée majoritairement comme Espace naturel à forte valeur patrimoniale ainsi qu’en Espace Rural de Développement dans le Schéma d'Aménagement Régional (approuvé par décret en Conseil d'Etat le 2 mai 2002). ESPACES NATURELS ET REGLEMENTATION La zone d’étude concernée se trouve en partie sur une ZNIEFF de type I1 (secteur de grand intérêt biologique et écologique). On peut remarquer les différentes acquisitions foncières faites par le Conservatoire du Littoral. D’autres projets d’acquisitions sont actuellement en cours sur cette zone d’études, notamment sur le bassin versant de Yiyi. A noter également la récente désignation de la Zone RAMSAR qui recouvre une partie de la savane, à l’est. Vue d’ensemble des secteurs d’intérêts écologiques N Source : IGN 2005 LEGENDE Limite de la savane ZNIEFF de type I ZNIEFF de type II Zone RAMSAR Conservatoire du Littoral Echelle 1/125 000 Notons aussi qu’il existe sur le périmètre de cette savane une désignation d’intérêt et de portée internationale puisque celle-ci, en association avec la savane Brigandin et Corrossony, a été reconnue par BirdLife International comme Zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO). Cet organisme mondial présent dans plus de 120 pays par l’intermédiaire des ONG nationales coordonne pour le compte de l’UICN la liste rouge des oiseaux. Elle porte également un programme ambitieux de désignation et de promotion d’un réseau d’espaces qui permette de stopper la disparition d’espèces par le maintient d’habitats remarquables. La savane de trou poisson, par la présence d’une espèce d’oiseau inscrite sur les listes rouges mondiales (Tyranneau barbu Polystictus pectoralis) a été désignée comme l’un des 12 sites prioritaires en Guyane pour le maintient de cette espèce. 1 Les ZNIEFF de type 1 sont des sites, de superficie en général limitée, identifiés et délimités parce qu'ils contiennent des espèces ou au moins un type d'habitat de grande valeur écologique. LES ENJEUX DE CONSERVATION L’ensemble des éléments précités conduit à dessiner les enjeux inhérents à cette savane. Les points importants à relever : - grande diversité des faciès végétaux - nombre d’espèces botaniques, ornithologiques, herpétologique très important bien que sous-estimées - attrait paysager fort - héritage culturel fort Les enjeux résultent de l’interaction entre les intérêts et les menaces. En ce qui concerne cette savane, les intérêts (écologiques, paysagers et patrimoniaux) forts sont soumis à des menaces fortes. Les enjeux de conservation qui en découlent sont donc de premier ordre. Autrement dit, les efforts à réaliser pour protéger cet espace sont d’autant plus importants qu’ils sont urgents et légitimes. LES ACTEURS POSSIBLES La commune Iracoubo est une des municipalités qui concentre le plus de savanes au travers desquelles une véritable identité à émergée. Cette particularité géographique est un atout indéniable qu’il convient de protéger. Dans le cadre de l’élaboration de sa carte communale nous invitons la municipalité d’Iracoubo à inscrire cette savane dans son ensemble géomorphologique en zone N pour permettre son maintient dans le temps et envisager une valorisation culturelle, paysagère, naturaliste et économique. Le classement de zones à vocations agricoles à proximité devra se réfléchir en terme d’impacts potentiels, notamment par le réseau hydrographique, mais également en terme de rentabilité au regard de l’extrême pauvreté avérée des sols de savanes. Le Conseil Régional Dans son Schéma d’Aménagement Régional, la collectivité en charge de l’aménagement du territoire a définit deux zonages : la partie Ouest de la savane est classée en Espace naturel à forte valeur patrimoniale et la seconde à l’Est, plus faible en terme de surface, en Espace rural de développement. Nous notons aussi dans cet outil de planification une certaine incohérence sur le choix des vocations ainsi que sur le zonage proposé. L’incompatibilité manifeste entre ces deux vocations (en terme de proximité ; l’une destinée à favoriser un développement agricole plutôt traditionnel mais qui permet des installations lourdes, l’autre à permettre une conservation et une valorisation douce pérenne) risque de ne pas permettre d’atteindre les deux objectifs fixés. Cependant, nous notons avec intérêt que la collectivité régionale à bien appréhendée l’enjeu majeur de conservation de cette savane qui se traduit par un zonage majoritairement en faveur d’une conservation durable. Le Conservatoire du littoral : En considérant l’ensemble des acquisitions réalisées, il semblerait cohérent de prolonger la maîtrise foncière vers le sud en englobant l’écosystème savane (savane Garré et savane de Trou Poisson) et une partie du bassin versant de Yiyi. Cela permettrait de créer une zone protégée incluant une mosaïque originale d’habitats, des vasières littorales à la forêt dense humide. En outre, le Conservatoire du littoral pourrait favoriser l’émergence d’un projet territorial écotouristique en apportant son expertise et ses moyens au service des collectivités (Sinnamary-Iracoubo). La Maison de la nature des pripris de Yiyi La proximité d’espaces naturels similaires et complémentaires gérés par la SEPANGUY et la mairie de Sinnamary, avec l’appui du Conservatoire du littoral doit permettre de créer un pôle d’excellence autour d’une volonté commune de préservation et de valorisation des savanes. La présence de savanes remarquables sur un secteur relativement concentré doit trouver une place originale et centrale dans les politiques d’aménagements et de développement économique. Cette articulation devrait rencontrer un fort écho au sein de la Communauté de commune du pays des savanes qui se créer entre Kourou, Sinnamary et Iracoubo. Le Parc naturel régional La révision actuelle de la charte s’accompagne d’une extension importante de son territoire devant couvrir désormais une partie des communes de Sinnamary et Iracoubo. Cependant, et malgré une demande en ce sens des associations de protection de l’environnement lors de l’enquête publique, seul le nord de la RN1 sera concerné par cette extension. Aussi, l’ensemble des mesures d’accompagnement de valorisation pour un développement harmonieux encouragées par la charte ne s’appliquera sur cette savane. Outre un manque manifeste de cohérence en terme de zonage, cette décision politique met en évidence un contour de projet de Parc non aboutit. Nous appelons de nos vœux à une révision de ce périmètre pour ne pas compromettre la conservation d’une des plus remarquables des savanes. Le Conservatoire des espaces naturels de Guyane (CENG) Cette association qui regroupe une grande diversité d’acteurs privés et publiques se fixe comme objectif (notamment) la valorisation des espaces naturels. Cette plateforme peut également jouer un rôle d’appui et de conseil auprès des municipalités. Un rapprochement serait souhaitable pour envisager des scénarios et des partenariats. LES PROPOSITIONS DE MESURES DE GESTION Il existe de nombreux outils réglementaires de valorisation, de conservation et de protection applicables pour l’habitat savane. Certaines mesures sont d’ordre incitatives tandis que d’autres d’ordre plus ou moins restrictives. Dans le cas de la savane de Trou poissons, nous pensons qu’au regard des enjeux exceptionnels de conservation révélés, une mesure visant à la maîtrise de son foncier pour en garantir son maintient dans le temps est indispensable. Une acquisition du périmètre par le Conservatoire du littoral apporterait une réponse adéquate à l’ambition précité tout en permettant une nécessaire valorisation. La gestion pourrait être confiée à la commune, avec l’appui de la SEPANGUY et du Conservatoire des espaces naturels pour la définitions des orientations de gestion. Une alternative innovante pourrait être à l’initiative de la Région par le classement de cette savane en Réserve Naturelle Régionale. Cet outil permet désormais aux collectivités régionales d’être moteur dans la désignation d’espaces naturels protégés. Enfin l’état peut également, par l’intermédiaire des Réserves Naturelles Nationales, renforcer son réseau d’espaces protégés déjà en place en comblant un oubli substantiel puisque aucune savane en Guyane ne présente de mesures de conservation. PARTIE 2 SAVANE DE TROU POISSONS DESCRIPTIF ET REFERENCES LA SAVANE : DESCRIPTION DU MILIEU 6 faciès remarquables : Le type de savane le mieux représenté, c’est à dire couvrant les plus grandes surfaces, est la savane basse inondable. La végétation herbacée est caractérisée par un tapis de végétation très basse (10-20cm) d’où émergent de façon irrégulière des touffes de Lagenocarpus rigidus ainsi que des Byrsonima verbascifolia. Ces savanes présentent une grande diversité de Lentibulariacées qui ponctuent de façon plus ou moins dense le tapis herbacé. Dans les parties déprimées des savanes basses inondables, on trouve quelques taches de savanes hautes inondées. Ces savanes se caractérisent par une végétation herbacée haute (entre 1m et 1,5m) et relativement peu diversifiée. La progression y est très difficile en raison de l’irrégularité du sol marqué par de hautes buttes d’enracinement de la végétation autour desquelles serpentent des canaux de circulation de l’eau. On note la présence occasionnelle de savanes herbacées sèches, de hauteur moyenne et possédant un recouvrement assez important. Ces savanes sont assez homogènes et présentent une végétation relativement diversifiée. Le long de la piste forestière, on observe une savane haute inondable caractérisée là encore par un sol très difficilement praticable en raison de l’alternance de buttes et de creux. La hauteur de la végétation herbacée varie entre 1m et 1,5m, le taux de recouvrement est fort et atteint souvent 100%. Il n’y a pas d’arbres mais on note la présence de buissons de même hauteur que la végétation herbacée. Vers le lieu dit « Moucaya » à 05°24’05N et 053°07’45W on note la présence d’une petite savane-roche de quelques dizaines de mètres carrés située à la lisière entre une savane haute sèche et une forêt marécageuse. A proximité de cette dalle, en savane, deux roches nues de quelques mètres carrés émergent de la végétation herbacée. Une petite surface de savane haute sèche et arbustive se trouve à l’entrée de la piste. C’est un milieu probablement secondaire puisqu’on note la présence de manioc doux d’un côté de la piste et d’une rangée d’eucalyptus de l’autre côté. La savane de Trou Poissons présente des intérêts écologiques divers. Une grande variété de milieux tout d’abord avec une grande variété de savanes herbacées. Les savanes arbustives y sont peu et mal représentées (la seule savane arbustive est probablement secondaire). Ces différentes savanes sont réparties sur une surface relativement importante ce qui permet de conserver les gradients écologiques existant entre elles. LES INVENTAIRES ( D’après CHAIX M., HEQUET V., BLANC M., TOSTAIN O., DEVILLE T., GOMBAULD P., 2002 – Connaissance et conservation des savanes de Guyane. IFRD–WWF Guyane, 108 pages + annexes) - Botanique : L’inventaire botanique a permis de dénombrer près de 80 espèces végétales. Ces savanes abritent un certain nombre d’espèces rares comme Genlisea pygmae, plante soumise à protection et localement abondante dans les savanes basses inondables. Au cœur des savanes basses inondables, on rencontre parfois quelques bosquets arbustifs d’une surface n’excédant pas quelques mètres carrés. On y trouve des Clusiacées, des Myrtacées, des espèces telles que Davilla kunthii (DILLENIACEAE), Maprounea guianensis (EUPHORBIACEAE), Myrtaceae gen sp (MYRTACEAE). Cette savane, du fait de la relative diversité des habitats, présente une diversité floristique abondante. - Ornithologique : La savane a été visitée en août 2001 pour en faire l’inventaire des espèces d’oiseaux. Le site a fait l’objet d’une recherche attentive durant deux journées complètes de l’aube au crépuscule. 86 espèces ont été recensées. Certainement la savane la plus riche de par la grande variété d’habitats qu’on y trouve : savane sèche, savane humide, marais, savane arbustive, palmiers bâches. Elle est très intéressante tant par la qualité que par la quantité des espèces rencontrées. Ainsi des grands vols de Aratinga leucophtalmus, Aratinga pertinax, Chelidoptera tenebrosa et Tyrannus savana ont été vus. A noter la présence d’espèces rares ou localisées : Buteo albicaudatus, Columba speciosa, Aratinga solstitialis, Anthracothorax viridigula, Amazilia chionopectus, Berlepschia rikeri, Polystictus pectoralis. En mars 2008, une nouvelle prospection de terrain a été réalisé par le GEPOG. Les espèces précédemment répertoriées ont été confirmées. Une nouvelle espèce pour ce site a été répertoriée, Gallinago undulata (Bécassine géante), espèce patrimoniale dont l’enjeu de conservation est particulièrement fort. Au cours de cette prospection, nous avons pu caractériser le type de milieu favorable pour le maintient de l’espèce emblématique en terme d’enjeu de conservation : le Tyranneau barbu. Ce tyrannidé est classé sur la liste rouge de l’UICN et se trouve inféodé à un habitat particulier. Nous avons contacté 34 couples de Polystictus pectoralis, ce qui permet de classer cette zone en ZICO (Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux). Les démarches sont actuellement en cours et menées par le GEPOG et BirdLife International. Polystictus pectoralis : Le Polystictus pectoralis a une distribution très localisée et disjointe. Il est connu dans les Andes de la Colombie, au Vénézuela, au Guyana, au sud du Surinam, au Nord de la Guyane Française, à l’extrême nord du Brésil, au Paraguay, au sud de l’Uruguay, à l’est de la Bolivie (données anciennes). C'est un visiteur d'été dans le centre est de l’Argentine. Il occupe différents types de milieu ouvert type prairie ou savane qui ont, en point commun, un taux de recouvrement arbustif variable et la présence ou la proximité d’eau (qui semble être un facteur important). Son statut d’espèce quasi menacée est principalement dû à la dégradation ou au changement de son milieu. Au Brésil, les deux tiers des cerrados ont été plus ou moins lourdement modifiés lors de la réforme foncière gouvernementale qui a encouragé la conversion de l’agriculture au profit de plantations d’eucalyptus, du soja et du pacage. Les prairies du Paraguay et de l’Argentine font face à des menaces similaires combinées à de l’élevage de bétail extensif. Ailleurs, le pâturage intensif et les incendies fréquent ont réduit l’habitat convenable à quelques sites dispersés. (Source : Birdlife International) Sur Trou Poissons, il est présent dans des formations végétales non inondées mais humides, et peu denses, présentant différents niveaux bien représentés, dominés par des tiges arbustives. Formation favorable au Polystictus pectoralis - Herpétologie L’inventaire des reptiles et amphibiens des savanes a été effectué en juin 2001 durant ½ jour et ½ nuit. Les méthodes de prospections ont consisté en : - Une recherche systématique des points d’eau susceptibles de permettre une reproduction d’amphibiens dans le but d’y trouver des têtards ou des adultes. - Une fouille de tout abri potentiel (troncs, détritus, planches, carbets, etc.) - Les amphibiens ont été repérés au chant et à vue, les reptiles à vue. Cet inventaire a permis de répertorier 6 reptiles (5 lézards et un serpent) : Lézards Polychrotidae Teiidae Gymnophtalmidae Serpents Colubridae Anolis auratus Kentropyx striata (nouvelle espèce) Tupinambis teguixin Cnemidophorus cryptus Cercosaura ocellata* Leptophis ahaetulla * espèce patrimoniale Au cours de la prospection de mars 2008, une autre espèce de serpent est à rajouter à cette liste, il s’agit du Liophis lineatus ainsi que la Tortue charbonière (Chelonoidis carbonaria) Liophis lineatus Et 11 amphibiens ont été inventoriés : Bufonidae Bufo marinus Hylidae Hyla gaucheri* Hyla punctata Hyla raniceps* Phrynohyas hadroceps Phyllomedusa hypochondrialis* Scinax boesemani Scinax nebulosus Leptodactylidae Adenomera andreae Adenomera hylaedactyla Leptodactylus leptodactyloides * espèces patrimoniales - Mammalogique : L’inventaire mammalogique n’a pas été réalisé en 2008, mais des contacts ont été pris durant la prospection de mars 2008, notamment avec : - le Grand Tamanoir (Myrmecophaga tridactyla) : espèce intégralement protégée par l’arrêté ministériel du 15 mai 1986 le Hurleur roux (Alouata seniculus) Grand Tamanoir JP POLICARD – 03/2008 INTERET ET MENACES : - INTERETS ECOLOGIQUES : FORTS Sur le seul site de la savane, nous pouvons trouver pas moins de 80 espèces de plantes, 86 d’oiseaux, 8 de reptiles et 11 d’amphibiens. A noter que les prospections ne sont pas exhaustives et qu’elle témoigne simplement de la grande richesse de ce milieu. D’autres études de terrain seraient nécessaires pour espérer présenter un inventaire précis. Parmi ces espèces déjà inventoriées, on trouve : - 1 espèce de plante protégée - 6 espèces d’oiseaux protégées dont une inscrite sur la liste rouge de l’UICN (Polystictus pectoralis) - une espèce nouvelle de lézard (Kentropyx striata) ZOOM SUR L’INTERET ORNITHOLOGIQUE 48 espèces bioindicatrices sur les 70 décrites (plus de 2/3) 6 espèces protégées 1 espèce sur la liste Rouge de l’UICN De plus, selon les critères de Birdlife International, les récents inventaires menés par le GEPOG permettent d’inscrire cette zone dans une ZICO (Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux) d’intérêt mondial et souligne encore davantage l'importance de cette savane. Concernant les mammifères présents sur zone, le manque de données ne nous permet pas d’avancer un chiffre précis mais une seule sortie terrain nous à permis de contacter le Grand Tamanoir, Myrmecophaga tridactyla (espèce intégralement protégées) et le Hurleur roux, Alouata seniculus (interdit au commerce), ce qui laisse présager une toute aussi grande diversité que dans les autres classes. Une partie de la savane est située en ZNIEFF de type I. Un inventaire sur zone a conduit à classer une partie de la savane comme un secteur de grand intérêt biologique et écologique, ce qui est confirmé par le rapport de l’IFRD-WWF de 2001 (M. CHAIX, 2001) et par nos récentes prospections. Retenons simplement que cette savane présente une très grande biodiversité, du fait de ses différents types d’habitats, de sa situation géographique dans la frange littorale, et surtout de son bon état de conservation. Elle mérite une attention toute particulière et on ne saurait conseiller la mise en place de nouvelles campagnes d’études de terrain pour approfondir les données écologiques. Cet espace pourrait être le lieu privilégié d’investigations des naturalistes et scientifiques guyanais (pour appréhender le système savanicole dans son ensemble et créer une référence nationale sur ce thème) et en même temps offrir toute les composantes pour une activité récréative durable et respectueuse de l’environnement. - INTERETS PATRIMONIAUX : FORTS Deux sites d’occupations amérindiennes de plein air ont été répertoriés au cours de l’étude de 2001 (M. CHAIX, 2001). Ces deux sites se trouvent en zones inondables, le long de la piste amenant au cimetière des Pères. Les sites archéologiques bénéficient d’une réglementation particulière dictée par la loi du 27 septembre 1941, par la loi n° 80-532 du 15 juillet 1980, par la Loi n°2001-44 du 17 janvier 2001, par le décret n°93-245 du 25 février 1993, par l’article 79 du code minier et par le décret n°94-423 du 27 mai 1994. Tout projet d’aménagement entraînant des modifications de terrain doit tenir compte de cette législation. Un lieu historique se trouve au bout de la savane de Trou Poissons, à Conamama : le Cimetière des Pères. La déportation des prêtres par la Convention révolutionnaire, après la constitution civile du clergé lors de la Révolution française, est peu connue du grand public. Des centaines de prêtres ou prisonniers politiques français furent déportés en Guyane ou aux Seychelles pour y mourir à petit feu. Ce fut la "guillotine sèche", pour ne pas les exécuter en métropole, et provoquer alors des émeutes populaires. En 1798, près de 300 prêtres sont déportés à Conamama. Ce cimetière vient de vivre une grande rénovation. Cimetière des Pères - INTERETS PAYSAGERS : FORTS La savane de Trou Poissons présente une étonnante diversité de milieux qui lui confère un atout considérable en terme d’aspect paysager. De grandes étendues verdoyantes, parsemés d’îlots forestiers offre à la vue un sentiment d’évasion africaine. Outre le fait qu’elle soit peuplée d’espèces végétales et animales particulières, elle présente aussi un intérêt culturel avec les sites d’occupations amérindiennes et le cimetière des Pères. Il n’est pas rare de croiser sur la piste en terre, le week-end, des promeneurs à pieds ou à vélo, qui profitent du panorama aux premières lueurs. Le tracé existant de la piste, qui va de la RN 1 jusqu’au Cimetière des Pères, traverse la savane et permet d’apprécier les différents écosystèmes, des savanes sèches aux savanes inondées. Cette ballade est d’ailleurs souvent référencée dans les guides de Guyane et offre de belles perspectives en terme de développement écotouristique. - MENACES : Les menaces qui peuvent peser sur ce type de milieu proviennent principalement des activités humaines, mais nous aborderons succinctement la théorie de la fermeture du milieu dans la partie Approche générale. Activités agricoles : L’étude cartographique depuis 2001 permet de visualiser l’évolution des pratiques agricoles et des surfaces utilisées. L’exploitation située au sud-est connaît depuis 10 ans une extension croissante. Par projection et sans mesures réglementaires, il semblerait que l’anse du sud-est soit totalement condamnée à terme par l’exploitation. Cela entraînerait bien évidemment une perte en terme de biodiversité mais aussi en terme d’attrait paysager puisque les savanes roches ainsi que le cimetière des Pères sont situés dans cette zone. Une réflexion doit être menée avec les exploitants afin de Vue de l’extension trouver une solution pérenne et réglementaire. L’installation d’une nouvelle exploitation le long de la piste au nord entraîne irrémédiablement un morcellement de la zone supplémentaire et un risque de détérioration du milieu par les activités opérées (apports d’intrants, déforestation des îlots paraforestiers, brûlis, …). Ce nouveau point rouge sur la carte devrait constituer un signal d’avertissement fort pour les acteurs de l’aménagement du territoire guyanais. Brûlis : Comme on peut le voir sur la photo aérienne de 2005 une importante surface de brûlis est visible sur la savane. Ces brûlis découlent de l’action humaine et, sans porter un quelconque préjudice, on peut peut être y voir une conséquence directe de l’implantation des différentes exploitations. Remarque : l’action du brûlis sur les savanes guyanaises a été étudiée par J. HOOK, 1971 et une synthèse se trouve dans la partie Approche générale. Projets de grande ampleur : Par projet de grande ampleur, on entend les projets faisant intervenir une importante logistique, sur une grande surface, avec d’importants moyens financiers et qui vont entraîner un changement majeur du milieu avec des risques de perturbations irréversibles. Dans les années précédentes, on peut citer le projet sucrier qui concernait les Savanes de Trou Poissons, de Corrossony et de Brigandin. Bien que ce projet soit abandonné, plusieurs études sont menées pour apprécier la possibilité d’un développement d’une filière d’agrocarburants dans le département. Nous ne développerons pas ici le choix des espèces visées ni la faisabilité technique des procédés envisagés, mais nous souhaitons mettre en évidence une incompatibilité totale entre le développement d’une agriculture intensive, agressive et coûteuse (forte empreinte écologique) avec l’ambition de voir naître une agriculture intégrée et raisonnée, compatible avec des objectifs de conservation. 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