1 Mémoire de DES E EKER

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LA REIRRADIATION DANS LES
CANCERS DES VOIES
AERODIGESTIVES SUPERIEURES.
Mémoire de DES d’Oncologie
option Radiothérapie
Soutenu par Elife EKER
Le 21 juin 2014
Sous la direction du Pr KRZISCH
1
Remerciements
A Madame le Professeur Joly,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Soyez assurée de ma reconnaissance et mon profond respect.
A Monsieur le Professeur Adenis,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Veuillez trouvez ici l’expression de ma sincère reconnaissance et mon respect..
A Monsieur le Professeur Bonneterre,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Veuillez trouvez ici l’expression de ma sincère reconnaissance et de mon profond respect.
A Monsieur le Professeur Chauffert,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Veuillez trouvez ici l’expression de mes sincères remerciements et de mon profond respect.
A Monsieur le Professeur Dubray,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Soyez assurée de ma reconnaissance et mon profond respect.
A Monsieur le Professeur Habrand,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Veuillez trouvez ici le témoignage de mes remerciements sincères.
A Monsieur le Professeur Hebbar,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Veuillez trouvez ici l’expression de mes sincères remerciement et mon respect.
A Monsieur le Professeur Héron,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Soyez remercié et assuré de mon plus profond respect.
A Monsieur le Professeur Krzisch,
Vous me faites l’honneur de juger et diriger ce travail,
Veuillez trouver ici l’expression de mes sincères remerciements et ma gratitude.
A Monsieur le Professeur Lartigau,
Vous me faites l’honneur de juger ce travail,
Veuillez trouvez ici ma sincère gratitude et mon profond respect.
2
Remerciements.
A ma mère,
J’aurai aimé que tu connaisses et prennes conscience de mon travail le jour de ma thèse, mais le destin en a voulu
autrement. A toi, qui a fait preuve de courage, qui a su garder ta joie de vivre et ta volonté de te battre même quand
tu étais au plus mal. Merci d’avoir toujours cru en moi, fait confiance à ma prise en charge, petite interne que
j’étais, même à des kilomètres de toi. A toi, ma mère courage, qui nous a élevé avec amour et bienveillance, valeurs
que tu nous as transmises, pour lesquelles je te dis merci.
A mon père,
Qui a souffert en silence de cette épreuve, mais qui est resté fort auprès de maman. Merci à toi papa, qui tout fait
pour que l’on se surpasse. Sois fier de ce que tu as accompli c.à.d. ce que nous sommes devenus.
A ma Figen,
Ma puke, ma sœur préférée, merci d’être celle sur qui je peux compter, cette personne ressource dont on a besoin
quand rien ne va. Saches que tu es celle qui nous a poussé à aller de l’avant, celle qui nous a ouvert la voie de la
réussite, et de la liberté. Pilier de notre fratrie, sans qui rien n’aurait été possible. Merci.
A Omer,
Sans qui je n’aurai jamais fait médecine !!! Merci de m’avoir soutenu et toujours été là quand je doutais de moi.
Merci d’avoir recadré les choses quand il le fallait, même quand je te faisais perdre les pédales. Merci d’être un
repère au quotidien, qui trouve toujours les bons mots. Au frère et au médecin que tu es…
A Kemal,
Mon kompir et kalak préféré, mon frère que je kiffe, merci de ta bonne humeur permanente! De ces petits moments
de fous rires à l’improviste, qui me font dire que j’ai de la chance de t’avoir. Merci de ton soutien et ta présence
infaillibles. Merci d’être là pour moi ! Au frère plein de sagesse que tu es…
On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, moi je vous remercie d’être la mienne.
A ma famille amiénoise (qui viennent presque tous d’ailleurs) :
Florence ma première cointerne et mon amie de toujours, à François, Reda, Romain, Sophie, Geoffrey et mon petit
Paul, Nico, Cristina, Vlad.
A Emma,
Ma binôme, jamais l’une sans l’autre : merci d’avoir été là, toujours disponible, merci de ton soutien. Merci d’être
une amie, une vraie avec qui je peux tout partager. Je te souhaite tout le bonheur du monde, avec Xavier alias mon
c__s et BABIIIII. (Tatie crocro t’attend impatiemment !!!!)
A Alexandre, le grand Dr Coutte,
Les premiers chefs restent toujours les premiers chefs ! Tu m’as convaincu de faire de la radiothérapie plus que de
l’oncologie avant même que je n’arrive à Amiens, et je ne le regrette pas. Je n'aurai pas assez de place sur ces
quelques lignes pour t'exprimer ma plus profonde reconnaissance, pour le radiothérapeute et la personne que tu es.
Je te dis merci pour tout.
A deux femmes admirables, au Dr Losserand et au Dr Piprot :
Qui restent des modèles à suivre pour moi, qui m’ont marqué par leur compétence, leur dévouement, leur passion,
leur empathie et leur humanité. Merci pour tout ce que vous m’avez appris.
A mes cointernes du semestre novembre 2013-mai 2014, qui ont eu a supporté ce travail de mémoire pendant tout un
semestre avec tout ce que cela peut impliquer… spéciale dédicace à Farid pour son calme et sa patience, pour toutes
les discussions philosophiques (ou pas) que l’on a pu avoir !!!!
A mes des deux cointerCHU :
A Cora et François, je me dis que j’ai de la chance de vous avoir ce semestre, merci pour votre soutien et cette
amitié que l’on a crée en peu de temps…
Merci à toutes les équipes avec qui j’ai travaillé :
Au service de radiothérapie du CHU : spéciale dédicace à mes secrétaires et mes dosimétristes,
Au service d’oncologie du CHU, pour leur courage, leur travail, leur gentillesse,
3
Le B10 à St Q., pour leur accueil, leur confiance et leur gentillesse,
Aux radiologues du sud avec qui j’ai vraiment apprécié travaillé.
A Stéphanie et Nicolas, qui m’ont fait aimé la pneumo et fait douter de mon choix.
Merci particulièrement à l’équipe de physique de St Quentin qui m’a beaucoup appris et aux manips et à l’équipe,
qui m’ont soutenu sans faille !!!!
A Mehdi…juste merci…
A tous mes patients…
Ceux qui m’ont marqué, ceux qui ont cru en moi, ceux qui sont partis trop tôt, ceux que je n’ai pas pu accompagner
jusqu’au bout… pour votre courage et les leçons de vie que vous m’avez donné…
A tous ceux qui se battent au quotidien contre cette maladie,
« Nous ne gagnons pas toujours contre le mal, mais se battre contre lui est l’honneur et le sens de notre métier…»
4
Table des matières
INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 6
PATIENTS ET METHODES ................................................................................................................... 8
Patients : ............................................................................................................................................................... 8
Statistiques :........................................................................................................................................................ 8
RESULTATS ........................................................................................................................................... 10
A. Population : .................................................................................................................................................. 10
A-1 Premier traitement : ........................................................................................................................................... 10
A-2 Au second traitement : ....................................................................................................................................... 11
B. Traitement : caractéristiques de la radiothérapie......................................................................... 12
C. Analyse de Survie : ..................................................................................................................................... 12
C.1 Etude univariée...................................................................................................................................................... 15
C.2 Etude multivariée : analyse par modèle de Cox ....................................................................................... 18
D. Complications :............................................................................................................................................ 19
DISCUSSION ........................................................................................................................................... 21
Survie................................................................................................................................................................... 21
Complications ................................................................................................................................................... 23
CONCLUSION ......................................................................................................................................... 25
BIBILIOGRAPHIE ................................................................................................................................. 26
5
INTRODUCTION
Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) sont les quatrièmes cancers en
France. En 2000, 19600 cas ont été recensés : 16800 hommes et 2800 femmes. C’est la
quatrième cause de cancer chez l’homme et la quatorzième chez la femme. (1)
Le traitement repose sur la chirurgie plus ou moins associée à la radiothérapie associée ou
non à la chimiothérapie. Les taux de récidives restent élevés de 20 à 50% selon les séries (2 ; 3)
et surviennent souvent en territoire déjà irradié.
Le traitement des récidives en territoire irradié fait appel à la chirurgie de rattrapage
lorsque celle ci est réalisable, mais ce n’est pas souvent le cas. (4 ; 5). Dans l’étude de Temam et
al, 16 patients sur 69 sont éligibles à la chirurgie. 8 patients ont présentés des complications postopératoires dont 3 ruptures carotidiennes. La survie globale à 3ans et à 5 ans est de 20% et 11%
respectivement (4).
La chimiothérapie reste décevante dans les récidives : elle ne permet pas d’obtenir un
contrôle local à long terme, les taux de réponse sont de 10 à 40% selon les études avec une
médiane de survie réduite de 5 à 9 mois. (6-9). Elle est donc souvent proposée à visée palliative.
Dans la revue de Specenier et al, la chimiothérapie permet une survie variant de 3 à 5 mois. (8)
L’utilisation de combinaison de chimiothérapie augmente le taux de réponse, mais pas la survie
globale et ce au prix d’une toxicité plus importante. Dans l’étude EXTREME de phase III,
l’ajout d’une thérapie ciblée telle que le cetuximab à une combinaison de chimiothérapie, permet
d’augmenter la survie par rapport à la chimiothérapie seule: 10,1 mois contre 7,4 mois. (9)
Tortochaux et al, ont comparé la réirradiation associée à la chimiothérapie, au méthotrexate chez
57 patients, présentant une récidive ou un second cancer localement avancé, traité à visée
palliative. (10) Il n’existe pas de différence significative en terme de survie globale entre les
deux bras, cependant la réirradiation associée au protocole Vokes est beaucoup plus toxique que
le méthotrexate seul.
La réirradiation a été initialement considérée comme non réalisable du fait des contraintes
de doses et du risque de complications tardives liées à l’effet cumulé des doses biologiques. Mais
de nombreuses études ont montré le contraire. (11-14).
Les premières études concernent les réirradiations dans le cancer du cavum. Lee et al,
(11) ont étudié rétrospectivement 654 patients ayant un carcinome du nasopharynx entre 1976 et
1992 et traité par réirradiation. Les taux de survie actuariel à 5 ans sans chirurgie de rattrapage
et de survie sans complication sont de 23% et de 52% respectivement. 26% des patients
présentent des complications tardives.
La tolérance des différents tissus a été décrite par Nieder and al, en 2000, (12) montrant
que la réirradiation cutanée chez des souris après un intervalle libre de plus de 2 mois, permettait
de retrouver des toxicités similaires aux souris jamais irradiées. (13) Cette tolérance tissulaire
diminue lorsque l’intervalle libre entre les deux traitements est de un mois ou que la dose est
augmentée. K.Ang et al, montrent que la moelle des singes rhésus présente des capacités de
réparation tissulaire après une première irradiation, permettant ainsi une réirradiation avec une
bonne tolérance. (14).
Confirmant les données de l’étude de Langlois en 1985, 35 patients traités à l’Institut
Gustave Roussy de 1973 à 1981 bénéficient d’une réirradiation. La survie à 2 ans de 19% et un
contrôle local de 24%. La tolérance du traitement est variable selon les patients, mais il n’est pas
retrouvé une majoration significative des complications cutanées (15).
6
L’étude RTOG 96-10 montre la faisabilité de la réirradiation chez des patients sélectionnés avec
une survie à un an de 41,7%. (16)
Notre étude a pour objectif principal de montrer l’efficacité d’une réirradiation et de
déterminer les facteurs prédictifs de cette efficacité, ainsi que la tolérance de ce traitement.
7
PATIENTS ET METHODES
Il s'agit d'une étude rétrospective de 2003 à 2013, uni centrique, reprenant des irradiations
effectuées à titre compassionnel dans le service d'oncologie radiothérapique du CHU d'Amiens.
Patients :
116 patients ont été soumis à une réirradiation d’un cancer des VADS. 42 patients n’ont pas été
inclus dans l’étude. Parmi ces patients, 9 ont été réirradiés dans d’autres centres, 6 sont décédés
avant le début ou en cours de traitement, 4 sont irradiés pour un cancer autre que des VADS et
25 patients devaient bénéficier d’une réirradiation mais ne l’ont pas eu (refus de leur part,
impossibilité technique, progression métastatique avant le traitement) (Figure 1).
74 patients ont été ré irradiés, dont 3 ont été exclus du fait d’une irradiation à visée
symptomatique. Au total 71 patients ont été étudiés.
Les ré irradiations de ces 71 patients ont toutes été réalisées dans le service de radiothérapie du
CHU d’Amiens. Les patients ont bénéficié d’une irradiation conventionnelle 2D et
conformationnelle 3D. Les données dosimétriques ont été recueillies à partir des dossiers
techniques des patients.
La médiane de suivi est de 54,57 mois.
Les toxicités ont été cotées selon la classification CTCAE version 2 et 3 (17). L’état général est
déterminé par la classification OMS et le score de Charlson, score de comorbidité prédictif de
survie à 4 ans.
Statistiques :
L'analyse statistique a été menée en utilisant le logiciel R (packages "base", "date", "survival",
"leaps").
La comparaison des données qualitatives a été effectuée par le test de Fisher et le test du Chi2.
En ce qui concerne les données quantitatives la comparaison des moyennes a été effectuée par
les test U de Mann-Whitney ou Wilcoxon quant l'hypothèse de normalité n'était pas tenable, par
test t et anovadans le cas contraire.
8
La comparaison des survies a été effectuée par la méthode de Kaplan Meier et le Test du
Logrank pour les analyses univariées.
L'analyse multifactorielle a fait appel au modèle de Cox pour les études de la survie : analyse
descendante et ascendante pour la recherche des facteurs significatifs. Contrôle de la linéarité,
des données aberrantes et de la proportionnalité des risques.
Pour les données concernant les complications nous avons fait appel à une régression logistique
pour les données qualitatives
Pour toutes ces analyses, le seuil de p=0,05 a été retenu comme significatif.
9
RESULTATS
A. Population :
A-1 : premier traitement :
71 patients, dont 14 femmes et 57 hommes, ont bénéficié d’une réirradiation à visée curative au
CHU d’Amiens pour un cancer des VADS. Les données caractéristiques du premier traitement
sont décrites dans le Tableau 1.
Tableau 1 : Caractéristiques patients au premier traitement.
Age
Moyen
54 ans
Médian
53,4 ans
Range
32-84 ans
er
Localisation 1 cancer
Nombre de patients
0
Nasopharynx
20
Oropharynx
13
Hypopharynx
7
Larynx
31
Cavité orale
7
Tumeur d’origine inconnue
1
Parotide
Double localisation
Triple localisation
Histologie
Épidermoïde
Adénocarcinome
Autres
Ethylotabagisme
Oui
Non
indéterminé
OMS
0
1
2
3
4
NA
Charlson
Score < ou = 1
Score > ou = 1
TNM
Tumor
Tx
T1
T2
T3
T4
NA
Ganglions
Pourcentage
0
25,3
16,4
8,9
39,2
8,9
1,2
6
2
67
1
3
94,4
1,4
4,2
51
16
4
72
22,5
5,5
62
6
0
1
0
2
87
8,5
0
1,5
0
3
39
32
55
45
5
11
19
18
7
10
7
15
27
25
10
14
10
N0
N1
N2
N3
NA
Métastases
M0
M1
NA
Chirurgie
Oui
Non
Inconnu
Chimiothérapie concomitante
Oui
Non
23
9
22
7
10
32
13
31
10
14
61
0
10
86
0
14
46
21
4
65
30
5
22
49
31
69
L’intervalle libre entre la fin de la première radiothérapie et la date de récidive est en moyenne
de 250 semaines soit 57 mois, avec 33,3 mois de médiane (2,2 mois-415 mois).
Entre les deux traitements, certains patients (6 au total) ont été traités par chimiothérapie
palliative initialement. En cours de chimiothérapie, une nouvelle irradiation a ensuite été
proposée.
A-2 Au second traitement :
L’âge moyen est de 60 ans, et la médiane est de 58 ans (39 ans-85 ans). Les données relatives au
second traitement sont décrites dans le tableau 2.
La récidive est définie par la survenue d’une lésion à moins de deux centimètres de la lésion
initiale et dans les trois ans. Le second cancer est défini par la survenue d’une lésion à plus de
2cm de la lésion initiale, ou dans le même site mais dans un délai supérieur à trois ans.
Tableau 2 : caractéristiques patients au second traitement.
Age
Moyen
60 ans
Médian
5 8,43 ans
Range
39-85 ans
Localisation
Nombre
2
Nasopharynx
19
Oropharynx
9
Hypopharynx
6
Larynx
35
Cavité orale
4
Tumeur origine inconnue
1
Parotide
Double localisation
Triple localisation
OMS
3
1
Nombre
Pourcentage
11
0
1
2
3
4
Type second traitement
Récidive
Seconde localisation
TNM
Tumor
T1
T2
T3
T4
NA
Nodes
N0
N1
N2
N3
NA
Métastase
M0
M1
NA
Chirurgie
Oui
Non
Chimiothérapie
Oui
Non
Type de chimiothérapie
Sels de platine
Cetuximab
6
40
20
4
1
8,5%
56,3%
28,2%
5,6%
1,4%
45
26
63%
37%
9
14
7
12
25
13%
2à%
10%
17%
35%
33
2
8
4
11
46%
3%
11%
6%
15%
51
2
18
72%
3%
25%
37
34
52%
48%
56
15
79%
21%
37
19
66%
34%
B. Traitement : caractéristiques de la radiothérapie.
Au premier traitement, la dose moyenne délivrée est de 63,25 Gy et la dose médiane de 66 Gy.
L’étalement médian est de 57 jours. Au second traitement, la dose médiane est de 60 Gy, avec
une dose moyenne de 57,17 Gy. L’étalement médian est de 50 jours (Tableau 3).
Tableau 3 : doses et étalements des traitements.
C. Analyse de Survie :
12
En se référant à la date de point du 01/03/2014, cette étude rétrospective nous a permis de
déterminer la survie globale des patients ré irradiés avec un suivi médian de 54,57 mois. La
médiane de survie globale est de 17,87 mois (Figure 1).
Celle ci a été étudiée selon le type de second traitement afin d’évaluer l’impact de la récidive ou
du second cancer sur la survie globale. Il existe une différence significative entre la souspopulation « récidive » et la sous-population « second cancer » avec un p= 0,00583. La survie
globale dans le groupe « second cancer » est meilleure que celle dans le groupe « récidive » avec
une médiane de survie globale à 25,71 mois contre 14,94 mois (Figure 5).
Temps (mois)
Nombre patients
6
67
12
50
18
37
26
24
30
23
32
21
40
16
48
12
60
9
76
6
87
5
Figure 1 : survie globale de la population en mois.
13
La survie sans récidive médiane est de 21,14 mois.
Temps (mois)
6
Nombre patients
62
Figure 2 : la survie sans récidive en mois.
12
37
18
27
22
19
32
16
38
14
47
10
82
4
La survie spécifique médiane est de 20,82 mois.
Temps (en mois)
Nombre patients
6
67
9
58
12
50
16
41
24
27
30
23
33
20
40
16
46
14
51
11
14
Figure 3 : survie spécifique en mois.
C.1 : Etude univariée
Nous avons cherché à trouver des facteurs prédictifs de survie.
Nous avons tout d’abord étudié les facteurs relatifs au patient :
- Le sexe : aucun rôle spécifique sur la survie, p=0,444.
- L’âge pas d’influence sur la survie.
- Le score de Charlson : score déterminé par les comorbidités des patients ne retrouve
aucun impact sur la survie spécifique (p=0,089) ni sur la survie globale (p=0,173).
- Le score OMS influence significativement la survie : p=0,046 (figure 4). La survie est
plus importante pour les scores OMS faibles. Survie médiane de 46,5 mois pour un OMS
à 0, de 17,87 mois pour un OMS à 1, de 16,52 mois pour un OMS à 2, et de 6,24 mois
pour un OMS à 3. Un seul patient OMS 4 avec une survie à 8,6 mois. Cette différence
n’est plus significative si l’on regroupe les OMS 0 et 1, et les autres : p= 0,0991.
Figure 4 : Survie globale selon le score OMS.
Puis les facteurs relatifs au cancer ont été étudiés.
- La durée de l’intervalle libre, moins ou plus d’un an, n’a pas d’effet sur la survie globale
(p=0,259), ni sur la survie spécifique (p=0,402).
15
-
Le type de cancer : il existe une différence significative entre la récidive et le second
cancer. Ce dernier est de meilleur pronostic avec une survie de 25,71 mois. p= 0,00583. (
figure 5)
Temps (mois)
6
12 16 20 26 32 40 48 51 60 76
Récidive (45 patients)
42 30 23 17 13 12 8
5
4
2
Second cancer (26 patients)
25 20 18 16 12 10 7
Figure 5 : Survie globale selon le type de second traitement en mois : « récidive vs second cancer ».
-
-
87
4
La localisation des réirradiations semble impacter sur la survie, mais non
significativement (figure 6). En effet, survie de 15,99 mois pour une atteinte de
l’hypopharynx, de 12,68 mois pour une atteinte du larynx, de 13,43 mois pour une
atteinte de la cavité orale, et de 20,1 mois pour une atteinte de l’oropharynx. Pour les
autres localisations, la survie est de 40,2 mois.
Pas d’influence du type de récidive (locale, locorégionale ou régionale) sur la survie
(p=0,16).
16
Figure 6 : Survie globale selon le type de localisation.
Nous avons par la suite étudié les facteurs relatifs au traitement :
- Aucun rôle de la chirurgie de la récidive ou du second cancer sur la survie spécifique, p=
0,0642.
- Pas de différence significative entre les protocoles de chimiothérapie utilisés lors de la
réirradiation. En effet, 15 patients n’ont pas eu de chimiothérapie, 37 ont bénéficié d’une
chimiothérapie classique (CDDP OU CBDCA +/- 5FU) et 19 une thérapie ciblée par
Cetuximab (p= 0,254).
- Pas d’effet sur la survie d’une chimiothérapie entre les deux traitements, p= 0,422
- Les patients présentant des complications au second traitement, vivent plus longtemps
(p= 0,02) avec une survie de 30 mois pour les patients ayant eu des complications contre
16,3 mois pour ceux qui n’en ont pas eu (figure 7).
17
-
Pas de différence significative entre les patients ayant bénéficié d’une nutrition entérale
par rapport à ceux qui n’en ont pas eu.
Temps en mois
Pas de complications (46 patients)
Complications (25 patients)
12
30
20
20
18
-
16
17
30
12
32
11
-
50
5
-
60
5
76
3
87
3
-
Figure 7 : survie en fonction de la survenue ou non de complications.
C.2 Etude multivariée : analyse par modèle de Cox
L'analyse multifactorielle a fait appel au modèle de Cox pour les études de la survie : analyse
descendante et ascendante pour la recherche des facteurs significatifs (tableau 3).
18
Tableau 3 : analyse multifactorielle : facteurs significatifs
Population totale (N=71)
Hazard Ratio
IC 95%
Charslon
≤1
≥2
1
1,36
OMS
0
≥1
1
2,21
0,21-3,62
Localisation
Adénopathie isolée
Hypopharynx
Larynx
Cavité orale
Oropharynx
1
10,7
13,03
3,35
4,78
2,75-41,6
3,27-51,8
1,12- 9,9
1,45-15,74
Type second traitement
Récidive
Second cancer
1
0,25
Radiochimiothérapie au 1er traitement
Oui
Non
1
0,55
p-value
0,004
0, 30 - 2,877
0,00028
0,0006
0,0003
0,03
0,01
0,0002
0,12-0,52
0,09
-1,7-0,35
Nous retenons de cette analyse multivariée 4 facteurs importants : le score de Charlson et le
score OMS, le type de localisation, le type de second traitement (récidive vs second cancer).
Si le score de Charlson augmente d’un point, la survie diminue d’un facteur de 1,36.
Si le score OMS augmente d’un point, la survie diminue d’un facteur 2,21.
Une localisation telle que l’hypopharynx diminue la survie d’un facteur 10,7.
Dans le cas d’une récidive par rapport à un second cancer, le risque de survenue de décès est
divisé par 4.
D. Complications :
La tolérance du traitement et notamment ses complications ont été étudiées afin de déterminer la
faisabilité de cette réirradiation. Seules les toxicités de grade 3-4 ont été retenues.
Tableau 4 : Description des complications
n
Rupture carotidienne
Oui
1
Non
70
Ostéoradionécrose
Oui
10
Non
61
Perte de poids
Moyen
3,2kg
Médiane
3 kg
Range
0-10 kg
%
1
99
14
86
19
Dysphagie
Trismus
Xérostomie
5
4
10
7
5,6
14
Tableau 5 : Les doses équivalentes biologiques (BED) pour chaque traitement ont été
calculées afin de caractériser les toxicités tardives.
BED 3Gy
1er traitement
2ème traitement
Cumul
Moyenne
105,4 Gy
96,6 Gy
201,5 Gy
Médiane
110 Gy
99,96 Gy
206,6 Gy
Min
64,97 Gy
13,3 Gy
101,6 Gy
Max
123,3 Gy
116,6 Gy
236, 6 Gy
Nous avons cherchés des facteurs pouvant influencer les complications tardives :
- Absence de corrélation entre dysphagie sévère et perte de poids, p =0,56.
- En revanche, corrélation non significative entre ostéoradionécrose et chirurgie au second
traitement avec un odd ratio de 4,33, p=0,087.
- Pas de corrélation entre la BED 3 Gy cumulée et l’ostéoradionécrose, p = 0,54.
- Ni avec les autres complications tardives, p= 0,49.
- Absence d’impact de la BED 10Gy du second traitement.
Aucun facteur pronostique n’est donc retrouvé en monovarié (test de Fisher et test du Chi2), ni
en multivarié (régression logistique) en testant l’âge, l’administration lors du premier traitement
d’une chimiothérapie, l’intervalle libre entre les irradiations, la BED 3Gy cumulée, le volume
irradié lors du second traitement (radiothérapie locale, ganglionnaire ou locorégionale), la
chirurgie de seconde localisation ou de récidive, le type de traitement concomitant administré
(chimiothérapie, cetuximab ou rien) et la localisation du traitement.
20
DISCUSSION
Survie
Dans notre étude, 71 patients ont été étudiés. Nous avons pris le parti d’exclure trois patients qui
ont bénéficié d’une réirradiation à visée palliative.
La médiane de suivi est de 54,57 mois. Dans la plupart des études, le suivi médian est d’environ
16 mois, ce suivi prolongé nous permet d’avoir des résultats à long terme, comme ceux de
Langlois et al, (15) et Salama et al (18).
La survie globale est de 17,87 mois, avec une survie à un an de 69% dans notre étude et de
19,3% à 5 ans. Les données de survie globale sont très variables dans la littérature : elle varie de
13 à 93% en fonction des études, comme le décrit A.L. Creak dans une revue de la littérature.
(19) Ceci s’explique en partie par la diversité des patients inclus dans les principales études.
En effet, la première étude de De Crevoisier et al (20) retrouve une survie globale de 21% à 2
ans et de 9% à 5 ans. L’étude finale du RTOG 96-10, retrouve des taux de survie à 1 an de
40,5% et 3,8% à 5 ans. (21). Ces résultats diffèrent de nos résultats, car en effet dans ces deux
études, les patients sont inopérables. Dans notre population, lors du second traitement 37 patients
ont eu une chirurgie. Dans l’étude de Salama et al, 49 patients sur 116 ont bénéficié d’une
chirurgie, avec une survie globale à 3 ans de 22%.(18)
Certains facteurs pronostiques semblent se distinguer dans notre étude.
L’état général du patient ainsi que ses comorbidités semblent être des facteurs prédictifs de
survie dans l’étude de Tanvetyanon et al (22). Les patients n’ayant pas de comorbidités, avec un
score de Charlson faible, ont une meilleure survie globale que les patients ayant un Charlson
supérieur à 1. La survie est de 21,2 mois contre 12,8 mois.
Dans notre étude, en analyse univariée, le score de Charlson ne semble pas déterminant, p=
0,173. Le score OMS, quant à lui nous montre une différence significative sur la survie. La
survie globale des OMS faibles est bien meilleure que celle des OMS élevés, allant dans le même
sens que les résultats de Tanvetyanon et al. (22). En analyse multivariée, ces deux facteurs se
distinguent, et statistiquement cette différence est significative, en accord avec la littérature (21).
Un score de Charlson supérieure ou égal à 2, diminue la survie d’un facteur de 1,36. (p=0,004).
Il en va de même pour l’OMS, plus celui augmente, plus la survie diminue d’un facteur 2,21,
avec un p significatif à 0,00028. Ces résultats semblent logiques, car un patient ayant un bon état
général tolère mieux le traitement et augmente
La localisation des réirradiations semble impacter sur la survie. Dawson et al, dans leur analyse
multivariée montre que certaines localisations, comme le nasopharynx et le larynx ont un bien
meilleur pronostic que les autres localisations. (23) Dans notre étude, la localisation de la
réirradiation semble influencer la survie mais de façon non significative, p =0,18. Mais les
localisations ne sont pas les mêmes que celles de l’étude de Dawson et al. En effet dans notre
étude le traitement d’une localisation telle que l’adénopathie cervicale de primitif inconnu,
l’oropharynx ou la parotide ou le nasopharynx ont un meilleur pronostic. Nous retrouvons une
survie de 40,2 mois pour les patients présentant une adénopathie cervicale de primitif inconnu.
En ce qui concerne le nasopharynx, les données concordent avec celle de la littérature, comme
celle de Wang et al et de Lee et al. (24-25)
La durée de l’intervalle est retrouvée dans plusieurs études (26-27, 31) mais dans notre étude,
elle n’est pas un facteur prédictif de survie comme dans l’étude de Dawson et al.
21
L’impact du type de récidive régionale, locale ou locorégionale a été étudié, mais il ne semble
pas significatif. Mais l’analyse manque probablement de puissance, nous n’avons en effet que 42
patients pour lesquels le type de récidive a pu être analysé.
Nous ne retrouvons pas de rôle de la chirurgie dans la survie spécifique des patients.
Un essai randomisé multicentrique de phase III (99-01) conduit par le Groupe d’étude des
tumeurs de la tête et du cou (Gettec) et le Groupe d’oncologie et de radiothérapie tête et cou
(Gortec) a inclus 130 patients traités entre 1999 et 2005. (28) Il comparait, après chirurgie de
rattrapage, une réirradiation délivrée à dose curative associée à une chimiothérapie selon le
protocole Vokes (30) et une abstention avec surveillance clinique. La probabilité de survie sans
maladie était significativement meilleure dans le groupe traité avec un risque relatif de 1,68
(IC95 % : 1,13–2,50), sans différence statistiquement significative de survie globale. Cependant
l’étude de l’université de Chicago (18), montre que la chirurgie avant la réirradiation est un
facteur pronostique indépendant de la survie globale, du contrôle local et de la survie sans
progression. De plus, elle montre aussi que la chimiothérapie semble améliorer la survie. Les
différents protocoles de chimiothérapies étudiés montrent un bénéfice en terme de survie en
analyse multivariée. Hoebers et al, montre dans une étude rétrospective de 58 patients, le sous
groupe ayant bénéficié d’une chirurgie pré réirradiation ont un meilleur contrôle local à 5 ans
(76%) et une survie globale de 49%. Alors que les patients non opérés ont une survie globale à 5
ans de 13% et un contrôle local de 22%. (31)
Dans la récidive, la survie globale à un an est de 63,04% et de 9,78% à 5ans. La survie globale
moyenne est de 14,94 mois.
Dans les seconds cancers, la survie globale est de76% à un an et de 38,6% à 5 ans. La survie
globale est de 25, 71 mois.
Lors de la première publication du RTOG 9610 (16), nous retrouvons des résultats similaires,
avec une différence significative, entre les patients présentant une récidive et ceux présentant une
seconde localisation. La survie globale à un an est de 54 % pour les seconds cancers contre 38%
pour les récidives. La différence peut être expliquée par le fait que la population du RTOG 9610
éligible était des tumeurs non résécables. En revanche, nos résultats sont plus proches de ceux
de Stevens et al en 1994 (27), qui a étudié 15 patients avec un second cancer des VADS et 85
patients en récidive, ayant bénéficié d’une réirradiation entre 1964 et 1991. Le taux de survie
actuariel à 5 ans est de 37% pour les seconds cancers et de 17% pour les récidives. Ces
différences sont expliquées par l’agressivité et la radiorésistance des récidives.
Se pose donc la question des récidives ? Certains facteurs pronostiques pourraient il permettre
de déterminer une catégorie de patients qui pourraient bénéficier d’une réirradiation avec un
gain en survie, et de proposer une chimiothérapie à ceux qui ne tireront aucun bénéfice ?
Tortochaux et al, ont comparé la réirradiation avec une chimiothérapie selon le protocole de
Vokes au méthotrexate seul, chez 57 patients présentant une récidive ou un second cancer
localement avancé, traités à visée palliative. (10) La survie globale à 1an est similaire dans les
deux bras : 22% dans le bras méthotrexate contre 23% dans le bras radio chimiothérapie. Le taux
de survie à 6 mois est de 59% pour le bras méthotrexate contre 50%. Le bras radio
chimiothérapie semble beaucoup plus toxique que la chimiothérapie seule. La faible survie dans
le bras radio chimiothérapie semble s’expliquer par la fait que la population étudiée est traitée à
22
but palliatif. Cette population est représentée essentiellement par des stades T3-T4 de la
classification TNM.
Cependant, il existe parmi les récidives des survivants à long terme. Dans notre étude, 5 patients
réirradiés parmi les 42 patients présentant une récidive, sont vivants à la date de point, soit 12%.
Comme le montrait l’étude de Dawson et al, la localisation influence la survie de ces patients.
Les adénopathies cervicales de primitif inconnu ainsi que l’oropharynx ont un meilleur
pronostic. Parmi ces 5 patients, 2 patients présentaient une adénopathie cervicale de primitif
inconnu, et deux autres présentaient une atteinte de la base de la langue. Le dernier patient avait
une atteinte laryngée.
Tous les 5 patients présentaient un OMS à 0, et 4 patients avaient un score de Charlson inférieur
ou égal à 1. Le dernier patient avait un score de Charlson à 2. Ces données semblent concorder
avec celle de la littérature.
Ces patients récidivants pourraient être sélectionné en fonction d’un score qui prendrait en
compte l’état général, la localisation de la récidive, l’intervalle libre entre les deux traitements.
Celui ci permettrait de déterminer le meilleur traitement pour le patient.
De plus les nouvelles techniques telles que la radiothérapie conformationnelle par modulation
d’intensité (RCMI ou l’IMRT) ou l’irradiation stéréotaxique permettent une meilleure
couverture du volume tumorale et une épargne des organes à risques. De nombreuses études ont
montré la faisabilité de ces nouvelles techniques ainsi que leur efficacité.
Unger et al en 2010 ont publié une série de 65 patients réirradiés avec une chimiothérapie
concomitante. (32) Ils ont observé 54% de réponse complète, 27% de réponse partielle et 20% de
maladie stable. La survie globale était de 12 mois, avec un taux de survie à 2 ans de 41%. 9% des
patients présentent des complications tardives sévères, contre 30% dans la littérature (16,18, 20).
L’étude française de phase II de Lartigau et al, retrouve des résultats similaires 56 patients ont
été traité par irradiation stéréotaxique par Cyberknife. (33) Le suivi médian était de 11,4 mois. A
3 mois, le taux de réponse était de 58,4%. La survie globale à un an était de 47,5%. L’irradiation
stéréotaxique permet donc un contrôle local avec des toxicités acceptables.
L’irradiation par RCMI permet elle aussi un contrôle local et un bénéfice en survie. Sulman et al,
en 2009, ont analysé 74 patients réirradiés. (34) Parmi ses patients 27% ont eu une chirurgie et
49% une chimiothérapie concomitante. Le suivi médian était de 25 mois. La survie globale et le
taux de contrôle local à 2 ans étaient de 58% et 64% respectivement. 20% de toxicités tardives
ont été décrites. Ses résultats sont retrouvés dans de nombreuses études, confirmant ainsi la
faisabilité de la radiothérapie avec un bon contrôle local. (35-38)
Complications
Les complications dues à la radiothérapie ont longtemps limité les indications de réirradiation.
Mais de nombreuses études ont permis de montrer que ces toxicités radio-induites restaient
tolérables. Les travaux de Ang et al, sur les singes ont permis de mettre en évidence une
réparation des lésions induites par une dose de 44 Gy au niveau de la moelle. Cette réparation
dépend de la dose initiale et de l’intervalle entre les deux traitements. (14)
Dans notre étude, nous ne retrouvons qu’une seule rupture carotidienne, soit 1% de la
population. Mc Donald et al, dans leur revue de la littérature, ont retrouvés 41 cas de ruptures
23
pour une population de 1554 patients, soit 2,6%. (39) Il n’existait pas de corrélation entre la
survenue de rupture carotidienne et la réalisation d’une chirurgie ou d’une chimiothérapie. Dans
notre étude aussi, par régression logistique nous ne retrouvons pas de facteur pronostique de sa
survenue (chimiothérapie, chirurgie, BED 3Gy cumulée, l’intervalle entre les deux traitements.)
Il existe 14% d’ostéoradionécrose dans notre population. Une étude rétrospective sur 58 patients,
réalisée par Hoebers et al en 2011, retrouve 15% d’ostéoradionécrose (31) alors que dans l’étude
française de l’IGR ce taux est de 8% (20) et de l’université de Chicago est 11% (18). Notre
analyse ne nous a pas permis d’établir une relation entre la dose délivrée et l’apparition de la
radionécrose.
Nous décrivons une perte de poids médiane de 3kg.
Nous n’avons pas étudiés les toxicités aigues du fait de nombreuses données manquantes dans
les dossiers traités.
La BED 3Gy a été calculée afin d’étudier les toxicités à long terme. Nous n’avons pas mis en
évidence d’impact de la BED 3Gy ou la BED 3Gy cumulée des deux irradiations sur les toxicités
tardives. De plus, du fait de nombreuses données manquantes dans certains dossiers nous
n’avons pas pu étudier certaines toxicités tardives telles que le trismus, ou la fibrose cutanée.
Il existerait dans notre étude, un bénéfice à présenter des complications : survie de 30 mois,
contre 16,2mois pour ceux qui n’ont pas présenté de complications. Mais ce résultat peut être
expliqué par le fait, que l’irradiation a permis un contrôle local, entrainant une espérance de vie
suffisamment longue, pour voir les toxicités tardives apparaître.
24
CONCLUSION
Notre étude, rétrospective, menée au CHU d’Amiens, nous a permis de montrer que la
réirradiation des cancers des VADS permettait chez certains patients d’améliorer le pronostic et
d’augmenter la survie globale, notamment dans les cas de seconds cancers. Nous pouvons
l’envisager comme une thérapeutique à visée curative, avec une toxicité tolérable, notamment
dans la survenue de second cancer, pour qui le pronostique est similaire à un cancer de novo,
avec un taux de survie à 5 ans de 30%. Il convient donc de proposer un traitement optimal, avec
une prise en charge chirurgicale si celle ci est possible, suivie d’une réirradiation qui semble
s’imposer comme traitement standard.
En ce qui concerne les récidives, il serait nécessaire de réaliser d’autres études à plus grandes
échelles afin de déterminer les facteurs prédictifs, permettant de caractériser un sous groupe
pouvant bénéficier de la réirradiation et un sous groupe pour qui une chimiothérapie palliative
serait plus judicieuse. Le score OMS ou de Charlson, la localisation, la durée d’intervalle libre
entre les deux traitements sembleraient pouvoir définir un score décisionnel. Ce score permettrait
de sélectionner les patients qui pourraient bénéficier d’un gain de survie, étant donné que la
survie à 5 ans n’est pas nulle.
25
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