Historique et fondamentaux du développement durable par Jean

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Historique et fondamentaux du développement durable
par
Jean Milon,
Docteur de l'Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Economiste de l'Environnement
Chercheur au CIRTAI-Université du Havre
Christian Tschocke,
Ancien auditeur du Collège des Hautes Etudes pour l'Environnement et le
Développement Durable
Directeur du LEDD (Laboratoire d'études sur le développement durable)
1- Préambule
« Nous souffrons tous d’un manque d’information sérieuse et d’une absence de
communication honnête, au point même que beaucoup parmi nos concitoyens,
pensent que le développement durable n’est qu’une nouvelle théorie au service
exclusif de l’économie.
Nous savons qu’il n’en est rien et que le concept de développement durable est
étonnement proche des engagements humanistes portés par notre République. Ne
devons nous pas travailler à l’amélioration de la société ? N’est ce pas notre devoir
d'Homme que de réfléchir au monde dans lequel nous vivons ?
Une utopie certes, mais cette utopie qu’il nous faut bâtir s’adresse plus aux
générations futures qu’à nous même, son principe est fondateur d’une nouvelle
société solidaire et fraternelle où l’Homme retrouvera pleinement sa place. Elle
répond à un projet de nouvelle gouvernance.
2- L’historique du concept :
Il est admis que le premier rapport sur l’état de l’environnement dans le monde
publié en 1951 par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(U.I.C.N.) fut un précédent notable dans la recherche d’harmonisation entre
économie et écologie. Ce fut pourtant en 1970 dans son rapport « Halte à la
croissance » que le club de Rome alerta l’opinion sur les dangers que représente une
croissance économique liée à une démographie galopante quant à l’épuisement des
ressources, les blessures de la pollution et les dommages engendrés par la
surexploitation des systèmes naturels. A cette époque, la croissance zéro est prônée,
le développement économique et la protection de l'environnement étaient présentés
comme contradictoires. A la veille de la Conférence des Nations Unies sur
l’Environnement humain de Stockholm (1972), le réexamen des liens entre
environnement et développement animé par Maurice Strong, son organisateur,
permet d’introduire un modèle de développement économique compatible avec
l’équité sociale et la prudence écologique qui serait fondé sur la satisfaction des
besoins plutôt que sur une augmentation incontrôlée de l’offre. Le concept
d’écodéveloppement est né. Il sera repris par le français Ignacy
Sachs, qui y voit le moyen de réconcilier le développement humain et
l'environnement, indissociables l'un de l'autre, en affirmant la nécessité de remettre
en cause les modes de développement du Nord et du Sud, générateurs de pauvreté et
de dégradations environnementales. Il en découlera la création du Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) ainsi que le Programme des Nations
La doctrine de
Malthus (1766-1834)
élaborée à la fin du
18éme siècle, se base
sur le décalage entre
l’évolution rapide de
la démographie et
l’accroissement des
ressources qui est
beaucoup plus lente.
Afin de créer les
conditions de
l’équilibre il
préconise la
réduction du nombre
des naissances au
sein des populations
les plus pauvres.
Les progrès des
sciences et en
particulier de
l’agronomie, ont mis
à mal sa théorie qui
pourtant fait
aujourd’hui de
nouveaux émules. Le
néo-malthusianisme
fonde la pensée de
plusieurs courants
idéologiques en
prônant à nouveau la
limitation des
naissances comme
seul moyen de
préservation de
l’humanité.
Unies pour le Développement (PNUD).C’est à partir d’une prise de conscience
populaire qu’est née une nouvelle théorie fondée sur l’axiome suivant : « mettre en
place les conditions d’un développement permettant à la génération présente de
satisfaire ses besoins sans toutefois compromettre la capacité des générations futures
à satisfaire les leurs ».
Plus le temps passe, plus la société civile prend conscience de l’urgence de mettre en
place une solidarité « glocale » (globale et locale) pour faire face aux grands
bouleversements des équilibres naturels. Ainsi, au cours des années 1980, le grand
public découvre les pluies acides, le trou dans la couche d’ozone, l’effet de serre, la
déforestation et les catastrophes de Three Mill Land et de Tchernobyl.
Dès 1980, l’UICN parle pour la première fois de « Sustainable Development »
(traduit en français à l’époque par développement soutenable). Mais le terme passe
presque inaperçu jusqu’à sa reprise dans le rapport de Madame Gro Harlem
Brundtland, « Notre Avenir à tous », publié en 1987. À l’époque, alors Premier
ministre en Norvège et présidente de la Commission Mondiale sur l’Environnement
et le Développement, elle s’attacha à définir ce concept de « Sustainable
Development ». Depuis cette date, le concept de développement durable a été adopté
dans le monde entier.
3- Constat.
Le Développement Durable est un concept dont certains hommes politiques se sont
emparés « pour affichage médiatique », sans connaître exactement ce que cela
recouvre. Et surtout sans que toutes les expertises scientifiques aient été validées. Ce
concept, par ailleurs galvaudé, peut nous permettre de réfléchir aux façons et moyens
de transformer pacifiquement et humainement la société universelle. Le
développement durable est un concept qui reste à finaliser, à objectiver. Il nous
semble qu’un débat sur cette problématique doit être ouvert dans et par notre société
et ainsi introduire un peu de rêve dans nos vies menacées par le malthusianisme et le
"brunissement" des idées.
3.1/Situation mondiale
Nous consommons plus vite que ne le permet la capacité d’auto régénération de
notre planète. Les scientifiques nous signalent que nous sommes en train de dévorer
notre capital naturel, de dépasser toute une série de seuils de rendements durables, et
d’amorcer des conflits pour plusieurs générations du fait de la rareté grandissante des
ressources naturelles.
La détérioration régulière de la santé « biophysique » de la Terre est étroitement liée
à la stagnation voire à la diminution de la qualité de vie de la majorité des êtres
humains.
L'accroissement global de la population mondiale, une pauvreté persistante, des
inégalités croissantes et une désintégration sociale galopante ne sont que quelquesuns des problèmes posés.
L’hypothèse moyenne des projections démographiques semble la
plus probable avec une population estimée à 9,5 milliards en 2050. A
partir de cette date, la population mondiale diminuera pour retrouver
le niveau actuel vers 2300.
Selon les rapports des
Nations-Unies,
la
population mondiale, après
avoir grimpé de 1,6 milliard
d'habitants en 1900 à plus
de 6 milliards aujourd'hui,
devrait atteindre le chiffre
de 8 milliards en 2020
(malgré la baisse du taux de
fécondité).
Elle
se
stabilisera peut-être autour
de 9 à 10 milliards d'ici à
2050. Pendant la lecture de
ce travail, la population
nette de la planète aura
augmenté
de
3.600
personnes, tandis que 350
millions de couples environ
n'ont toujours pas accès à la
planification familiale.
3.11/En matière de pauvreté
Selon les Nations-Unies, entre 1990 et 1998, le taux de pauvreté dans les pays en
développement, établi sur la base d'un seuil mondial de pauvreté fixé à 1 dollar par
jour, a diminué de 29 à 23 %. Si cette tendance décroissante pouvait être maintenue à
ce rythme, le taux de pauvreté serait en 2015 quasiment inférieur de moitié à celui de
1990. Mais en raison de la croissance démographique, le nombre total de personnes
vivant dans la pauvreté a seulement légèrement diminué au cours des années 1990,
passant de 1,3 à 1,2 milliard de personnes. De plus, cette évolution globale cache de
fortes disparités régionales. Par exemple, en Afrique sub-saharienne, entre 1990 et
1998, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté est passé de 217 à 291
millions.
Par ailleurs, les inégalités dans la répartition des revenus à l'échelle mondiale se sont
accentuées au cours des dernières décennies, en raison essentiellement de l'écart qui
se creuse entre les pays les plus nantis et les pays les plus défavorisés. Les 20 % les
plus pauvres ne reçoivent que 1, 1 % du revenu mondial, ce qui représente une
diminution par rapport à 1991 (1,4 % du revenu mondial).
Les chiffres mondiaux sur la pauvreté « persistante » sont encore plus angoissants.
Environ 37000 enfants meurent chaque jour pour des raisons liées à la pauvreté, dont
5000 par manque d’eau potable ; plus de 260 millions d'enfants ne sont pas
scolarisés aux niveaux primaire et secondaire ; 840 millions de personnes souffrent
de dénutrition ; 850 millions d'adultes sont illettrés ; 880 millions d'individus n'ont
pas accès aux services de santé ; 1 milliard d'êtres humains n'ont pas d'abri digne de
ce nom ; 1,3 milliard de personnes (dont 70 % de femmes) essaient de vivre avec
moins de 1 dollar par jour, soit 200 millions de plus qu'au cours de la dernière
décennie ; 2 milliards d'individus n'ont pas d'électricité et 2,6 milliards ne disposent
pas d’installations sanitaires de base.
La misère se traduit par une perte massive des repères sociaux. Près de 1, 2 milliard
d'adultes sont au chômage ou honteusement sous-employés, avec une rémunération
en deçà du salaire de subsistance. Ce chiffre représente le tiers de la main d'oeuvre
mondiale (pourcentage le plus élevé depuis les années 30). Plus de 250 millions
d'enfants âgés de 5 à 14 ans font partie de la main d'oeuvre enfantine.
Une distorsion
géographique :
le poids du PIB
et les relations
Nord- Sud. Avec
une moyenne
inférieure à
3000 US$ par
an et par
habitant,
l’Afrique
disparait de la
carte du monde.
L'inégalité des revenus augmente au sein des nations et entre elles. On estime
aujourd'hui que la part du revenu mondial détenue par le cinquième des personnes
les plus riches du monde est 74 fois plus élevée que celle du cinquième le plus
pauvre : un écart qui a doublé au cours de ces trente dernières années. D'après le
magazine "Forbes ", la richesse cumulée des 225 plus grosses fortunes mondiales est
égale au revenu annuel cumulé de la moitié de l'humanité la plus pauvre.
L'accentuation de ces écarts engendre colère, frustration, aliénation et désespoir. Si
l’on cumule les avoirs des trois premiers milliardaires (180 milliards de dollars),
nous obtenons le PNB de l’Argentine, 33éme dans l’ordre mondial.
3.12/En matière de pression démographique
La pression démographique liée aux dangers économiques, écologiques et politiques
qu'elle entraîne, encourage les migrations internes et trans-frontalières. La migration
des zones rurales vers les zones urbaines engendre des mégalopoles, spécialement
dans les pays en voie de développement. Les experts médicaux, tout comme l’expert
toxicologue Jean François Narbonne, affirment que l'environnement
épidémiologique se détériore. Des maladies anciennes, comme la tuberculose,
resurgissent, et de nouvelles, comme le sida, font leur apparition.
3.13/En matière d’éducation et d’instruction
De quelle égalité des chances apportée par la mondialisation peut-il être question
quand les États-Unis comptent sur leur territoire plus d'ordinateurs que le reste de la
planète, quand la seule ville de Tokyo possède plus de lignes téléphoniques que
l'Afrique tout entière, quand 130 millions d'enfants en âge d'être scolarisés n'ont
aucune possibilité de fréquenter l'école primaire ?
3.14/En matière sanitaire
La situation de l'Afrique est certainement, de toutes, la
La situation de l'Afrique est
certainement, de toutes, la plus
tragique. Au cours du dernier quart
de siècle, le niveau des ressources et
de la consommation d'une famille
africaine moyenne a baissé de 20 %.
Sur 36 millions d'êtres humains
atteints par le virus du sida, 23
millions vivent en Afrique.
Du fait de la mortalité élevée
qu'entraîne cette terrible maladie,
l'espérance de vie de la population
privée d'accès à tout médicament
coûteux, est en constante régression :
d'après les pronostics des médecins,
de 59 ans aujourd'hui, elle devrait
tomber à 45 ans dans quelques
années. Elle n'est déjà plus que de 41
ans au Botswana !
3.15/En matière d’aide au développement
L’aide des pays développés est loin d'atteindre l'objectif fixé trente ans plutôt : au
lieu des 0,7 % de leur PIB promis, les actuels pays membres de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE) n'en assignent que 0,22 % à
des projets de développement dans le monde, et le pays le plus riche de la planète,
les États-Unis, moins de 0,15 %. Lors du Sommet de Madrid, en février 2002,
l'Union européenne a pris l'engagement de consacrer 0,39 % de son PIB au
développement, à l'échéance de 2010 !
Ainsi que constatons-nous ? Dans quel théâtre se joue la comédie humaine
universelle, cette divine comédie ?
Face à la conjoncture économique mondiale et à l'instauration de la pax americana,
la situation de certains pays développés (centres des Etats-Unis et de la Grande
Bretagne) se dégradent très rapidement. La crise s'approfondit. Les délocalisations
s'accroissent. Les entreprises européennes bradent leur potentiel et s'installent
ailleurs dans le monde, où les salaires pratiqués permettent à peine à ceux qui en
"bénéficient" de survivre, où les enfants sont exploités et meurent à la tâche, où le
progrès social est inexistant.
3.2 /La situation en Europe
Les accords de Maastricht ont été ratifiés par la majorité des pays européens et le
chômage s'aggrave. Il va s'en dire que le volet social de ces accords n'existent
pratiquement pas. La politique réalisée à Bruxelles relayée par les gouvernements
nationaux et régionaux et touchant "les services" prévoit la liquidation pure et simple
des services publics, l'abandon de pans industriels entiers, la mise en jachère de
plusieurs milliers d'hectares favorisant le passage de notre agriculture sous le joug
économique des USA.
3.3/Situation nationale
En France, nous soulignerons, seulement en cette période particulière, deux aspects
principaux qui illustrent ces déséquilibres sociétaux constatés :
1/ Nous avons environ 2 millions de chômeurs déclarés. 5 millions si nous comptons
tous les stages parking, les femmes obligées de regagner leurs foyers, les préretraités
etc. Enfin tous les exclus, tous ceux qui sont rejetés dans une France à deux vitesses,
où les écarts entre les différentes couches de la société se creusent…
2/ 90% des richesses de la France sont concentrés entre les mains de 10% d'entre
nous.
Face à cela, les gouvernements continuent de "ponctionner" les salariés, tout en
gratifiant les firmes qui finalement continuent de délocaliser, de licencier, de
précariser, de flexibiliser, de réaliser des plans sociaux toujours plus "saignants". On
nationalise le chômage et on privatise les aides au licenciement.
Cette situation économique n’est-elle pas périlleuse pour l'avenir de nos enfants et
petits enfants ? N'est ce pas là que le débat citoyen se doit d’intervenir ?
En dépit des contraintes et des difficultés liées à l'environnement économique qui
nous entrave, l'Humain est placé de façon systémique au cœur de la problématique.
En fait, nos perspectives s'inscrivent dans le concept de « développement de
l'économie sociétale » qui suppose la reprise de l'ensemble des valeurs
indispensables à la survie de la société humaine. C'est sur cette base que l'Humain
menacé tentera de reconstruire un nouvel équilibre systémique où l'économie
"économe" se proposera d'être au service de l'Humanité et non au service de tout ce
qui peut l'asservir. Cette reconstruction passe obligatoirement par un
approfondissement des connaissances, des sciences cognitives et une re-culturation
des individus.
Dans ce contexte, quelles sont les premières questions qui se posent?
Pourquoi l'existence du tiers et du quart monde, de la misère et de la pauvreté, de
l'illettrisme, des SDF dans nos sociétés dites développées ?
Quel est le processus socio-économique conduisant à ce formidable gâchis humain :
l'exclusion. Je soulignerai ici que le chômage est à l'origine de l’une des causes de
cette déliquescence sociétale.
John Meynard Keynes, théoricien économique du New-Deal et de la demande
effective, avançait dans sa "Théorie Générale", que le chômage est devenu le cancer
de nos sociétés, où l'économie de marché se transforme en marché de l'économie
donc de la désoccupation, de la désespérance et de la relégation.
Faudrait-il renoncer ? N'y a-t-il plus de travail pour redonner sa dignité à l'Homme ?
Le travail est-il le seul moyen de maintenir sa dignité ? Des questions sont posées, il
nous appartient, d’essayer d’y répondre.
Du travail, n’en existe-t-il pas, dans le cadre d'un développement économique
durable où l'intérêt général et à long terme prévaudra face à l'intérêt particulier
immédiat. Nous devons chercher à léguer aux générations futures un bien dépourvu
d’altérations. Sachant, disait Jean Jaurès,« qu’entre deux classes, entre deux groupes
d’intérêt, c’est une lutte incessante du salarié qui veut élever son salaire et du
capitaliste qui veut le réduire ; du salarié qui veut sa liberté et du capitaliste qui veut
le tenir dans la dépendance », n'y a-t-il plus de solutions, d'espérance et d'utopie ?
Sommes-nous condamnés à renoncer ? Sommes-nous condamnés à être conditionnés
et normalisés ?
Sommes-nous prêts à abandonner cette liberté qui nous est si précieuse ?
Nous nous devons de nous attaquer aux causes et non aux conséquences de ce mal
qui renvoie et rejette l'Homme dans les profondeurs des siècles et dans
l'obscurantisme, dans le servage et l'esclavage, dans les ténèbres.
Pour œuvrer contre l'exclusion et redonner à l'homme toute sa dignité et le droit
d'être libre, d’accéder à la liberté absolue de conscience, c'est « Poser un problème,
1. Christiane Desroches
Noblecourt : Egyptologue
c'est choquer des convictions et le souci d'un certain confort »1.
Alors, osons choquer et que s’entrechoquent les idées dans notre Pays. La
République demanderesse a besoin de femmes et d'hommes libres pour se régénérer.
L’inventaire que nous venons de dresser est préoccupant. Il nous faut orienter les
débats sociétaux, certes complexes, dans une direction plus humaine et plus
lumineuse. Faisons renaître les idéaux prônés par les philosophes et par les
humanistes du siècle des Lumières en les transposant dans le monde d’aujourd’hui et
de demain. Pour tous les citoyens, un chantier immense est ouvert !
4- La Notion de besoins
2. Biocénose : du grec ( bios,
vie ; et koinos, commun ) ;
ensemble d'êtres vivants qui
occupent de façon durable le
même biotope, c'est à dire le
même lieu de vie . La
biocénose comprend des
animaux et des plantes qui
peuvent avoir entre eux des
relations
d'entraide,
de
concurrence ou de prédation.
L'apparition d'une nouvelle
espèce au sein d'une biocénose
peut y jeter une perturbation
irréparable ou se solder par un
échec
rapide
(biocénose
fermée).
3. Contenu d'une partie de
cours de Jean Milon dispensée
à l'Université du Havre
Pour éviter une rupture irréversible entre deux mondes, celui des possédants et celui
des dépossédés, il est urgent de replacer l'Homme au centre de nos préoccupations et
de notre biocénose. 2
Il se révèle nécessaire de proposer des solutions à la fois, écologiques et humanistes
en matière d'économie. Nous appellerons cela le développement durable d'une
économie sociétale liée au développement humain.
La mesure du développement humain se fait par l'établissement d'indicateurs de
développement retenant comme dimension fondamentale, l'éducation, la santé et la
capacité à disposer d'un revenu suffisant pour mener une vie décente et méditative.
En effet, « comment estimer en termes de marché la beauté d'un lac ou d'un sommet
enneigé ? Comment justifier en termes de rentabilité le sauvetage d'animaux ou
d'insectes prétendus inutiles » ! Pour paraphraser Voltaire, nous tous aussi avons
droit au luxe et au rêve !
A ce sujet, « des biologistes et des économistes ont calculé en 1997 que la valeur des
services que nous rend la nature - air pur, eau pure, terres fertiles - pouvait être
estimée à 33 000 milliards de dollars par an. La nature ne nous réclame rien en
échange de ces services. Mais nos descendants ne seront-ils pas contraints, eux, de
dépenser des sommes comparables, sinon bien supérieures, pour tenter d'assainir la
planète que nous aurons polluée ? »
Aussi, convient-il de voir les points d'ancrage de cette nouvelle approche dans
l'évolution de la pensée économique. Avant d’aborder le concept de développement
durable, nous le positionnerons en fonction d’une science économique au service de
l’être humain.
LA SCIENCE ECONOMIQUE AU SERVICE DE L'ETRE HUMAIN.3
Selon les auteurs grecs de la période attique (1015 à 480 avant JC) la condition de
réalisation du bonheur pour tous tient à une meilleure organisation de la cité. Car la
cité est le lieu par excellence où la division des tâches affranchit le plus rapidement
l'être humain des contraintes matérielles et lui facilite l'accès à une vie où
prédominent l'activité contemplative et le développement de l'intellect, au sens de la
maïeutique (accouchement des esprits).
D’autres auteurs grecs et romains mettront l'accent sur l'individu plutôt que sur la
cité et sur la satisfaction des besoins.
La réponse des penseurs de la scolastique (Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)
notamment), au problème de la réalisation de bien être humain sera axée sur la
recherche du bien commun.
L'approche holistique qu’ils retiennent leur permet d'accorder la primauté au tout
social ; la société prime l’individu !
Avec les mercantilistes (XVI-XVII en Europe) les caractères principaux d'une
problématique de l'enrichissement que sont l'acquisition, l'accumulation et la
4. Siméon Fongang.
Chercheur africain.
Université de Poitiers.
compétition, reprennent le dessus.
L'acquisition de biens extérieurs devient une fin en soi. Renversant la hiérarchie
établie par la scolastique, les biens matériels sont désormais au sommet de l'échelle
des valeurs. Même les biens du corps leur sont assujettis, ils ne servent que de
moyens en vue de l'acquisition de biens matériels (bonne santé et haute qualification
constituant le capital humain le plus productif). De ce fait, l'économie naîtra sous
l’égide d'une problématique de l'enrichissement.
Cette approche se développera chez les physiocrates (Quesnay,1758) et les auteurs
ultérieurs s'inscrivant dans la logique de la loi naturelle " du laisser faire".
De telles représentations abstraites de l'être humain ne sont pour le Professeur
Antonelli professeur de l’Université de Montpellier : « qu'une pure idée, c'est à dire
tout autre chose qu'un homme ». « J'appelle économie humaniste, dit-il, celle de
l'homme réel, vivant avec ses joies et ses peines, son bonheur et ses misères avec
toute sa vie matérielle et spirituelle, c'est l'économie de services et des liens humains
».
Ainsi loin d'être une nouvelle diversion : l'approche du développement humain se
fonde sur un héritage ancien et bien établi. Cette préoccupation se retrouve de
manière explicite dans les travaux des fondateurs de l'économie quantitative que sont
Quesnay, Lavoisier ou encore Lagrange, aussi bien que chez les précurseurs de
l'économie politique que sont Adam Smith, David Ricardo, Robert Malthus, Karl
Marx, ou encore John Stuart Mill.
Cette démarche analytique correspond, sauf chez Adam Smith, à celle qu'avaient
retenue ceux qui depuis Aristote, notamment les adeptes de la scolastique, avaient
opté pour la problématique humaine.
Dans leur démarche, une différence nette est faite entre l'être humain et les biens
matériels qui lui sont extérieurs. Ces philosophes montrent tous qu'en partant de
l'être humain, le besoin est le lien fondamental qui relie ces deux pôles. Avant même
d'en arriver à l'échange, c'est la nécessité de satisfaire le besoin qui est la base de tout
processus d'appropriation, de production et d'échanges.
Or, s'il est admis que certaines personnes peuvent n'avoir rien à offrir ou ne pas
trouver preneur pour leur offre, il est indéniable que tout être humain a des besoins
(voir les Systèmes d’Echanges Locaux, les SEL). La notion de besoin apparaît alors
dans cette approche comme le dénominateur commun à tout être humain et c'est de
là qu'il faut conduire l'analyse si l'on s'intéresse au bien être de l'individu, par le
simple fait qu'il est avant tout un être humain. D'où la préséance chronologique des
besoins sur les moyens requis pour les satisfaire.
Le regain d'intérêt pour la prise en compte du concept de besoin dans la pensée
économique mérite toutefois d'être relevé. Le Programme des Nations Unies pour le
Développement n'est pas seul à recommander la prise en compte des besoins dans
l'analyse et la mesure du progrès économique et social. Des organisations
internationales ont encouragé les travaux visant à intégrer les besoins dans l'analyse
économique.4
5 -Le Rapport Brundtland
Ainsi, les besoins seront privilégiés dans le rapport Brundtland de la commission
mondiale pour l'environnement et le développement, où l'on peut lire que: « Le
développement durable est un développement qui vise à satisfaire les besoins des
générations présentes sans compromettre les possibilités offertes aux générations
futures de satisfaire les leurs. Il contient deux concepts clés, bien souvent ignorés :
- le concept de besoins, en particulier les besoins fondamentaux des pauvres du
monde auxquels une priorité absolue doit être accordée,
- l'idée des limites imposées à l'état actuel de la technologie et de l'organisation
sociale par l'environnement quant à sa capacité à satisfaire les besoins présents et
futurs ».
La banque mondiale, dans son rapport sur le développement dans le monde 1992,
insiste également sur les besoins, en reprenant notamment la thèse de la commission
mondiale pour l'environnement et le développement ci-dessus citée, pour écrire
qu'un tel principe: "fait l'objet d'un large consensus (à notre humble avis d’un
consensus affadi) et le présent rapport y est tout à fait acquis".
Cette reconnaissance officielle de l'importance du rôle des besoins dans
l'appréciation du progrès socio-économique et de la qualité de la vie fait aussi suite
aux travaux insistants de plusieurs auteurs.
En 1988, avec la publication du Rapport Brundtland, Our common future (CMED,
1988), le concept de développement durable est proposé à partir d'une approche
environnementale découlant d'un double constat : la fragilité de la biosphère et de
ces mécanismes régulateurs et celle du développement lui-même.
Le développement durable est alors défini, nous l’avons souligné, comme «un
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs ». Cette définition est progressivement
adoptée par la communauté scientifique. C'est également la définition la plus
largement médiatisée. Ce type de développement repose donc sur plusieurs principes
:
- un principe de solidarité avec les générations futures et avec
les populations présentes sur la planète,
- un principe de précaution,
- un principe de participation de tous les acteurs de la société
civile au processus de décision. Il exige aussi de passer d'une
approche réparatrice des dégâts environnementaux,
jusqu'alors dominante, à une approche préventive.
Mme BRUNDLAND
On observera que la popularité de la définition proposée dans le Rapport Brundtland
peut s'expliquer par son imprécision et son caractère général. Elle permet en effet de
masquer nombre de conflits potentiels dont on pourrait débattre.
1. D'après Alain AlcouffeUniversité de Toulouse.
1/Les définitions du développement durable sont très nombreuses. Dès 1989, J.
Pozzey recensait trente sept définitions présentes dans la littérature. D'après les
travaux de F. Hatem, ces définitions peuvent se répartir selon qu'elles adoptent une
vision écocentrée du développement ou une vision anthropocentrée. Dans le premier
cas, la préservation de l'environnement est réalisée pour lui-même (il s'agit de
protéger tous les être vivants), alors que dans le second cas, elle est justifiée par
l'utilité que l'environnement procure à l'homme. Mais parmi les partisans de cette
deuxième vision selon laquelle le développement durable est celui qui permet
d'assurer le maintien ou l'augmentation dans le temps du - bien être humain @,, les
désaccords sont forts. La durabilité peut être très faible, faible ou forte (Faucheux,,
1995). Quoi qu'il en soit, cette opposition entre l'environnementalisme
anthropocentrique et humaniste et le biocentrisme de la Deep Ecology relève d'un
débat qui a pu être qualifié d'assez stérile (Bourg 2001), mais que d’aucuns
considèrent comme majeur.
2/Pour certains auteurs (Latouche, 1994), l'imprécision de la notion de
développement durable en fait un concept alibi - permettant d'aménager à la marge
les modes de développement actuels en intégrant quelques paramètres
environnementaux.1
6 -Le développement Durable
La genèse de ce concept qui apparaît dans les années 1960, au moment même où
l'idée d'une croissance illimitée commence à être remise en cause (Meadows, 1972) a
été rappelée dans notre préambule. La croissance zéro était alors considérée comme
une solution qui permettrait d'assurer le développement économique tout en
garantissant la protection de l'environnement (voir le plan Mansholt). A partir du
rapport « Our commun future » que Madame Gro Harlem Brundtland, présidente de
la commission mondiale sur le développement soumet à l’assemblée générale des
Nations Unies, nous venons de le voir, la notion de développement durable entre
véritablement dans la sphère politique. Ce rapport a été une étape essentielle dans le
chemin qui mène les Etats et les acteurs socio-économiques à reconnaître la
nécessaire évolution des modes de développement.
Pour la première fois étaient liées les notions d’environnement et de solidarité envers
les générations futures, ce qui induit, nous l’avons souligné, les principes de
responsabilité, de prévention, de précaution et l’échelle du long terme dans les prises
de décisions (et non pas la simple échelle d’un mandat électif). La solidarité entre les
générations (amont et aval) s’étend à la solidarité entre les pays développés et les
pays en développement, entre les pays du Nord et ceux du Sud, entre populations
riches et populations démunies. Elle s’étend à la lutte contre l’exclusion,- qui pour
notre part doit être une priorité absolue pour ce siècle qui commence - au niveau
international comme au niveau local.
6.1. Après le rapport Brundtland
L’adoption de l’agenda 21 de Rio va impulser la Création de Commission Nationales
du Développement Durable et la construction de stratégies nationales du
développement durable. Le développement durable inspire désormais toutes les
conférences internationales des Nations Unies.
En 1994, au Caire sur la population
En 1995, à Copenhague sur le développement social.
En 1995, à Pékin sur la place des femmes
En 1996, à Istanbul sur l’habitat.
En 1997, à Kyoto, sur les changements climatiques.
Enfin, parallèlement aux initiatives des Nations Unies, l’Union européenne inscrit
les objectifs du développement durable dans les traités de Maastricht (1992) et
d’Amsterdam (1996).
6.2. Les Enjeux du développement durable
Pour certains auteurs (Latouche, 1994), l'imprécision de la notion de développement
durable en fait un concept alibi -permettant d'aménager à la marge les modes de
développement actuels en intégrant quelques paramètres environnementaux.
Ils se déclinent en trois grands axes, objectifs, principes et défis.
Objectifs : Equité sociale, efficacité économique, amélioration de l’environnement
et simplicité de l’appareil de contrôle et de gestion.
Principes : Principe de solidarité dans le temps en ménageant des possibilités de
réversibilité, des solidarités dans l’espace, dans les rapports Nord-Sud et, tout aussi
essentiellement, à l’échelle d’un pays, d’une région, d’une agglomération urbaine à
l’égard des quartiers en difficulté, d’une solidarité entre ville et campagne.
Principe de transversalité, d’où l’idée centrale d’une planification qui traduise une
stratégie, c’est à dire un enchaînement d’actions conformes à des objectifs politiques.
Principe de participation qui évite de retomber dans une technocratie durable, en
organisant en même temps l’information et la participation des citoyens.
Principe de précaution et, enfin, principe de subsidiarité qui demande à traiter les
problèmes au plus près de l’endroit où ils se posent.
Défis : Comment concilier long terme et court terme et comment ménager les
transitions nécessaires ? Comment faire partager ces choix par l’ensemble de la
société des simples citoyens aux acteurs économiques et sociaux ?
6.3. Les Trois pôles du développement durable
Un développement économique ne peut plus se concevoir aujourd’hui et pour
l’avenir s’il ne prend pas en compte le progrès social et la lutte contre les inégalités
d’une part, la préservation de notre environnement et des ressources naturelles
d’autre part.
A l’inverse, la préoccupation de la préservation de l’environnement, des équilibres
écologiques actuels et futurs, doit prendre en compte la situation et les besoins des
pays pauvres et des populations en difficulté, comme ceux des pays ou des zones
économiquement développées.
En d’autres termes, le développement durable peut-être aujourd’hui défini comme la
recherche « d’un cercle vertueux » entre :
1- l’économique
2- l’écologique
3- le développement social et la lutte contre les inégalités.
GOUVERNANCE, DEMOCRATIE PARTICIPATIVE
Le social médiateur entre l’économique et l’écologique, c’est le pari du
développement durable.
La déclaration de Rio rappelle elle-même que « l’élimination de la pauvreté et la
réduction des inégalités entre les peuples sont les conditions essentielles d’un
développement qui satisfasse durablement les besoins de la majorité des habitants de
la planète ». Ainsi on retiendra la formule de René Passet : « une croissance du PIB
accompagnée d’exclusion sociale, de déculturation et d’une dégradation du milieu
naturel n’est pas un développement ». Pour sa part Albert Jacquard avance que «
Toute exclusion constitue un appauvrissement pour l’ensemble de la société ».
6.4. Les Principes du développement durable
Le principe fondamental du Développement Durable est le principe de solidarité
intergénérationnelle. Beaucoup de ceux qui s’expriment sur le développement
durable, en allant au plus court, se contentent de paraphraser la définition devenue
classique du rapport Brundtland.
Cette définition a parfois été traduite par des économistes comme simple exigence
conduisant dans le calcul économique un choix de taux d’actualisation plus bas
garantissant une accumulation de capital plus « durable » et à une tarification de
l’accès aux ressources naturelles non renouvelables qui en renchérit le coût et donc
en modère la consommation. Il n’est pas contestable qu’il y a là des instruments qui
entrent dans la panoplie à mettre en oeuvre, mais s’en tenir là serait très insuffisant.
Le développement durable, au-delà, repose sur d’autres principes qui se déclinent sur
plusieurs modes :
Solidarité dans le temps
Le rapport Brundtland et les documents adoptés à Rio en font un postulat : nous
devons dès à présent prendre en considération la survie des générations futures et
donc préserver les ressources naturelles et notre environnement. Dans cette optique,
il s’agit de promouvoir une forme de développement « respectant le taux de
renouvellement de la ressource dans le cas d’une ressource renouvelable et
prévoyant un échéancier de remplacement de la ressource dans le cas d’une
ressource non renouvelable ».
Ce principe s’applique également dans au souci de la conservation des ressources
génétiques et des espèces d’où la logique d’une convention sur la biodiversité dans la
ligne de la Conférence de Rio.
En complément de cette préoccupation de « durabilité », il faut aussi ménager des
possibilités de « réversibilité », en préservant des marges de manoeuvres qui
permettront de revenir en cas de nécessité sur certaines actions engagées.
Solidarités dans l’espace
Il s’agit ici d’abord des rapports Nord-Sud. Le développement durable appelle une
modification profonde des modes de développement : les choix techniques et
industriels doivent simultanément prendre en compte la nécessaire modification des
modes de développement du Nord et permettre au Sud de se développer.
Cette solidarité est tout aussi essentielle à l’échelle d’un pays, d’une région ou même
d’une ville : solidarité à l’égard des régions en crise économique, solidarité entre
ville et campagne, solidarité dans une agglomération urbaine à l’égard des quartiers
en difficulté qui sont des enjeux majeurs et encore sous-estimés.
Solidarité et transversalité
Le développement durable oblige à des rapprochements, à des confrontations et
parfois à une synthèse entre démarches et cultures, notamment dans les domaines
scientifiques ou techniques et des modes de vie : techniques des pays du Sud
confrontés avec ceux des pays industrialisés, habitudes de consommation, entre
sciences ou techniques « dures » et sciences humaines, entre chimie et biologie et
sciences de la nature, entre techniques de l’aménagement, sociologie et ethnologie.
D’où l’idée centrale d’une planification qui traduise en stratégie, c’est à dire en
enchaînement d’actions, les objectifs politiques.
Principe de participation
Pour que ces démarches ne retombent pas dans « une technocratie durable », il faut
en même temps organiser l’information et la participation des citoyens. Le
développement durable pour se traduire dans les faits implique, en effet, une
adhésion qui exige elle-même en amont information, sensibilisation, actions de
formation et débat véritablement démocratique. En fait, il implique une nouvelle
gouvernance.
Principe de précaution
Lorsqu’il y a un doute, prendre des mesures de prévention ? C’est le cas, par
exemple, de l’effet de serre. L’état de la connaissance ne permet pas aujourd’hui de
prévoir toutes les incidences que peuvent avoir les émissions de CO2 sur les
changements climatiques. Mais en attendant de pouvoir dissiper les incertitudes
scientifiques dans ce domaine, il convient de prendre un certain nombre de mesures
de précaution visant à limiter ou à diminuer les rejets de dioxyde de carbone dans
l’atmosphère (voir la Charte de l’environnement adossée à la Constitution de la
Vème
République).
6.5. Le rôle des Villes dans le développement durable
Les villes des pays développés
qui rassemblent la plus grande
partie de la population
mondiale et qui accueillent,
d’année en année, une part plus
importante de celle des autres
pays, sont particulièrement
concernées, notamment par
l’ancrage local et territorial du
Développement Durable (voir
Agendas 21 locaux).
7- Les 27 principes de la Déclaration de Rio de Janeiro (juin 1992)
L'homme est au centre des préoccupations dans le respect des générations présentes
et futures. Les Etats, qui doivent coopérer de bonne foi, ont le droit souverain
d'exploiter leurs ressources sans nuire aux autres Etats qu'ils doivent avertir de toute
catastrophe ou activités dangereuses pouvant les affecter. La protection de
l'environnement est partie intégrante du processus de développement.
Elle est conditionnée par la lutte contre la pauvreté et concerne tous les pays selon
des responsabilités communes mais différenciées. Les modes de production et de
consommation non viables (non durables) doivent être éliminés au profit de ceux qui
seraient viables et dont la diffusion doit être favorisée.
1. D'après de Programme des
Nations Unies pour
l'Environnement(PNUE/www,
grida.no)
2. D'après une étude /
programme de la Communauté
Urbaine de Lyon (Courly)
Le public doit être impliqué dans la préparation des décisions. Celles-ci seront
traduites par des mesures législatives efficaces au plan économique qui
internaliseront les coûts grâce au principe pollueur payeur, ou par des études
d'impact. Ces mesures, en effet, ne doivent pas constituer des barrières injustifiées au
commerce, mais doivent engager la responsabilité de ceux qui causent les dommages
tout en évitant le transfert d'activités polluantes. Le principe de précaution doit être
mis en oeuvre. Un certain nombre de groupes majeurs ont un rôle particulier à jouer :
les femmes, les jeunes, les communautés locales et autochtones. La paix, le
développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et
indissociables.
Malheureusement, en 2002, au sommet de Johannesbourg le constat a été amer. Les
promesses faites dix ans plus tôt n’étaient pas tenues. Les contributions des états qui
devaient être de 0,7% du PIB n’étaient que de 0,2%. L’Agenda 21 est resté lettre
morte mis à part quelques accords sur la propriété intellectuelle, les services et
l’agriculture. En outre, ces accords n’ont pas été respectés par les USA qui
continuent à subventionner leur agriculture, ce qui a des conséquences dramatiques
pour les agriculteurs du tiers monde. Enfin le principe retenu de la création d’une
Organisation Mondiale de l’Environnement (OME) a été relayé par l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) dotée de moyens colossaux.
Après avoir dressé ce panorama plutôt alarmant sur le contexte économique et social
mondial et afin de dépasser le discours théorique, nous illustrerons notre propos par
deux exemples précis qui ont des incidences profondes sur l’activité endogène et
exogène de notre planète :
- les changements climatiques et leurs impacts.1
- la crise de l'eau et le déséquilibre des ressources communes.2
On notera que ces deux phénomènes touchent deux éléments vitaux pour la vie et la
survie de l’Humanité : la qualité de l’air et celle de l’eau.
Ces deux exemples nous aideront à réfléchir et à nous positionner en fonction des
efforts à consentir et des résultats déjà obtenus (CFC).
8- Les changements climatiques.
Le GIEC est un de ces outils et son travail est remarquable. L’étude de l’évolution
climatique et de sa projection selon plusieurs scenarii est plus qu’inquiétante pour
l’avenir de l’humanité, qui en moins d’un siècle devra limiter ses excès, s’adapter à
de nouvelles conditions environnementales, ou bien disparaître. Notre histoire est
parsemée de civilisations brillantes qui ont disparu plus ou moins brutalement. Parmi
les thèses avancées, celle prônée par Jared Diamond dans son livre « Effondrement
». Il montre qu’à chaque fois ces collectivités avaient effectué une prédation trop
intense sur leur environnement qui n’avait plus le temps de se régénérer.
Dans ce contexte, imaginons alors l’intrusion soudaine d’un événement climatique
comme deux ou trois années consécutives de sécheresse, ou une éruption volcanique
majeure abaissant de deux degrés la température moyenne du globe. Plus d’eau, plus
de récolte. Pression trop grande sur notre biotope et aléas du climat ont fait que la
terre nourricière ne pouvant plus assumer son rôle, la vie se restreint tant en quantité
qu’en diversité. Puisque l’homme est au sommet de la chaîne trophique, il a
programmé en grande partie sa propre disparition. Les Vikings du Groenland, les
grandes civilisations d’Amérique centrale (Mosche, Maya, Toltèques…) les
Pasquans furent tous victimes de leur appétit. Cependant, ces disparitions furent
locales, tout au plus régionales. Aujourd’hui la dimension du problème est
planétaire, c’est l’humanité entière qui est fragilisée et menacée.
Les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère augmentent. Les
températures moyennes s'élèvent partout dans le monde. La fréquence et l'intensité
des phénomènes naturels s'amplifient. La surcharge de nitrates et autres fertilisants
acidifie les eaux et en déplace les équilibres chimiques et biologiques. Les rayons
ultraviolets sont de moins en moins filtrés. Les métaux lourds toxiques s'accumulent
régulièrement dans les organismes et les écosystèmes. Tous les dix ans, il y a
triplement du nombre de catastrophes naturelles. L’augmentation très sensible de la
concentration de certains perturbateurs endocriniens, chez les humains, pourrait
engendrer la stérilité de l’espèce d’ici une cinquantaine d‘années
De nombreux experts considèrent aujourd'hui qu'un changement climatique majeur
verra le jour dans le courant du 21ème siècle. Si ce bouleversement est probable et si
les tendances se réalisent, la température moyenne de la terre augmentera de deux
degrés d'ici 2100, entraînant une hausse probable d'un demi-mètre du niveau des
mers (les estimations allant, selon les scenarii de 1 à 3,5 degrés et de 15 cm à 1
mètre, ou selon certains experts jusqu’à 7 m). Ces estimations reposent, sur les
hypothèses suivantes :
- une consommation d'énergie fossile conduisant à un doublement des émissions de
dioxyde de carbone (CO2) avant le milieu du siècle
- une élévation considérable de la concentration de ce gaz dans la haute atmosphère,
s'ajoutant à d'autres sources (dioxyde nitreux, méthane, déforestation), pourrait
provoquer le réchauffement prévu.
Personne ne peut aujourd'hui dresser une carte, même approximative des
conséquences économiques et écologiques futures d'une telle modification
climatique. La liste des impacts potentiels cités est cependant très impressionnante :
 fréquences accrues des événements météorologiques exceptionnels (sécheresse,
inondations, tornades, incendies) et donc dérèglement majeur du cycle de l'eau
 recul et érosions des terres côtières
 réduction des glaciers (1/3 des glaciers)
 mutation de la couverture forestière (concernant un tiers des forêts)
 modification de la distribution géographique des cultures
 extension des déserts
 augmentation de la salinité de l'eau
 bouleversement des courants océaniques et des zones de pêche.
Les forêts se rétrécissent et les zones humides hautement productives de biomasse
disparaissent, surtout dans les régions côtières. Les récifs coralliens meurent ; des
écosystèmes naturels se perdent en raison des taux exponentiels de changements
dans l'utilisation de la terre ; les invasions de nuisibles en dehors de leur territoire
naturel augmentent à cause du trafic mondial et les espèces s'éteignent beaucoup plus
vite que la normale. Nous notons également une nette et rapide acidification des
eaux de surface et des eaux plus profondes.
Le CO2 stocké sous forme de
carbonates représente 10000 fois
la quantité de carbone présent
dans l’ensemble des
combustibles fossiles.
L’acidification des eaux entraine
un déplacement de l’équilibre
calcocarbonique libérant ainsi
du CO2 dans l’atmosphère.
Enfant nous avons fait
l’expérience de la goutte de
vinaigre sur un morceau de
craie. Le bouillonnement
observé était du gaz carbonique
et si tout le CO2 des roches
sédimentaires était libéré par un
excès d’acidification des eaux,
la température moyenne à la
surface de notre Terre
augmenterait de 14°C.
Sources : GIEC
Le texte de la conférence de Kyoto (1997) impose à 38 pays occidentaux et de
l'Europe de l'Est de réduire de 5,2% en moyenne, entre 2008 et 2012, leurs rejets
dans l'atmosphère des six gaz responsables de l'effet de serre, le CO2 en tête. Les
réductions sont différenciées selon le degré de pollution des pays. En principe les
Etats Unis, premier pollueur de la planète (ils génèrent 36 % des émissions de CO2,
avec 5% de la population mondiale, ils rejettent 25% des émissions mondiales de gaz
à effet de serre), devront consentir un effort de réduction de 7%, le Japon de 6 % et
l'Union européenne de 8%.
Dans un premier rapport, les scientifiques avaient prédit une hausse des températures
de 1,4 à 5,8°C pour 2100, plus que prévu et une montée du niveau des océans entre 9
cm et 88 cm. Pour le deuxième rapport, les experts ont tenu compte des phénomènes
déjà tangibles: fonte des glaciers, floraisons précoces, dégel du permafrost, ce sol
perpétuellement gelé des régions arctiques. Leurs prédictions sont les suivantes :




-augmentation du paludisme et du choléra
-accroissement des précipitations
-aggravations des sécheresses
-diminution des récoltes dans les régions tropicales et subtropicales.
Ils ont montré que ce réchauffement frappera plus durement les pays les plus pauvres
et renforcera le déséquilibre Nord-Sud.
Aujourd'hui, pour la plupart des scientifiques, il ne fait aucun doute que le principal
responsable de cette variation climatique est l'activité humaine et l'augmentation de
CO2 dans l'atmosphère due à la combustion de carburants fossiles qui renforce l'effet
de serre.
L'effet de serre va aussi dépendre de la façon dont la Chine et l'Inde vont se
développer. Et puis, il y a des effets « retard » : si l'on stabilisait les émissions de gaz
aujourd'hui d'un coup de baguette magique, il faudrait attendre plusieurs dizaines
d'années avant que le CO2 ne se stabilise, puis encore des années avant que la
température n'augmente plus.
Les évaluations macro économiques existantes rendent en fait mal compte de
l'ampleur des redistributions économiques et géopolitiques qu'un tel phénomène
pourrait entraîner, tous les secteurs et tous les pays étant d'une manière ou d'une
autre concernés.
L'effet de serre reste encore une abstraction; il pourrait devenir une discontinuité
majeure de ce siècle naissant.
9- La crise de l'eau
Les usages de
l’eau dans le
monde.
1. En Suède, les
prélèvements d'eau par
l'industrie du papier ont été
divisés par 2 entre 1960 et
1980 alors que la production
était doublée.
2. Si l'on tient compte du
réchauffement éventuel et de
la planète, c'est près des deux
tiers de la population
mondiale qui pourraient être
affectés par ce système
hydrique en 2030 selon
l'Organisation
météorologique mondiale.
Pour quelques ressources communes comme l'eau, les pêcheries, le bois de feu, les
sols cultivables, tout se passera de plus en plus comme s'il fallait gérer des stocks en
diminution, sous une pression croissante et sans système de prix de régulation
convenablement adapté.
Il faut que nous comprenions, comme le dit si bien Jean Marc Jancovici, « que les
menaces qui pèsent sur l'intégrité, la productivité et la résistance des systèmes
naturels et sociaux qui assurent notre existence, ont été largement soulignées par les
scientifiques ces dernières années ». Parmi les exemples bien documentés, citons la
surexploitation des stocks de poissons, la diminution alarmante des eaux souterraines
sur l’ensemble des continents, l'assèchement des rivières, le surpâturage et l'érosion
du sol.
Les perspectives sont particulièrement préoccupantes, même si l'expérience a montré
que l'eau était un domaine où les économies de consommation pouvaient être
particulièrement efficaces1 et si les prévisions d'accroissement de la demande
mondiale (+50 % en un demi-siècle) sont relativement modestes. D'ores et déjà près
d'un tiers de la population mondiale habite dans des régions affectées par des déficits
en eau et un peu plus d'une vingtaine de pays, souffrent de "stress hydrique"
permanent, avec une consommation qui approche au moins le quart de la ressource
disponible. Si cette proportion d'un tiers de la population mondiale est supposée ne
pas varier d'ici le milieu du 21ème siècle, le nombre de personnes affectées sera,
naturellement, beaucoup plus grand et surtout le nombre de pays souffrant de
problèmes graves pourrait doubler dès l'horizon 2030 : une partie du continent
Indien, le centre des Etats Unis, l'Europe du Sud, certaines régions de la Russie, étant
à leur tour concernées, après l'Afrique et le Moyen Orient. Ces prévisions ne tiennent
pas compte d'un éventuel changement climatique et des effets de la pollution2. Il faut
1. Actuellement, deux
milliards d'habitants des pays
en développement n'ont pas
d'accès à l'eau potable et près
du double n'ont pas
d'assainissement. (Source
Banque Mondiale)
2. Un quart des terres
agricoles mondiales sont
affecté par la dégradation des
sols. Les quantités annuelles
d'éléments nutritifs entraînés
par l'érosion dont le rythme a
doublé depuis les années 70
sont ainsi équivalentes à
celles apportées par les
engrais minéraux. 5 millions
d'hectares par an sont
transformés en désert et l'on
estime qu'un cinquième des
terres irriguées est saturée ou
saline (Source FAO)
par ailleurs rappeler que, compte tenu de la situation actuelle et de l'accroissement
démographique, c'est plus de trois milliards d'habitants qu'il faudra approvisionner
en eau potable et équiper en assainissement pour satisfaire les besoins, à l'horizon
des trente cinq prochaines années.1
L’eau et les Hommes.
9 pays se partagent 60% des réserves mondiales d'eau,
80 pays souffrent de pénuries ponctuelles,
28 pays souffrent de pénuries régulières.
1,5 milliard d'habitants n'ont pas accès à l'eau potable.
2 milliards sont privés d'installations sanitaires.
4 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées au manque d'eau.
6 000 enfants meurent chaque jour dans le monde pour avoir consommé une eau
non potable, bien que ces maladies (comme la diarrhée) soient faciles à traiter
Aux crises déjà prévisibles dans le domaine de l'eau, des pêcheries et du bois de feu
s'ajoute un autre risque majeur pour le futur qui est celui du gaspillage et donc de la
pénurie des sols. Dans les trente dernières années, la déforestation, l'industrialisation
et des pratiques agricoles irraisonnées ont fortement accru le rythme d'érosion, de
désertification, de contamination ou de salinisation des sols2.
A ces causes s'ajouteront de plus en plus les effets de l'urbanisation, effets d'autant
plus redoutables qu'ils toucheront souvent des terres fertiles (c’est le cas de la
Mitidja en Algérie) : la surface occupée par l'urbanisation a ainsi, par exemple en
France, triplé depuis 35 ans; 90% du sol biologique de la région de Mexico ont déjà
disparu et ces tendances ne sont pas prêtes à s'inverser.
L’expérience du passé met en évidence les grands principes communs dont le respect
apparaît comme la condition nécessaire d’un développement durable. Ce sont ces
principes que le législateur français a rappelés dans l'article premier de la loi sur l'eau
de 1993:
« L'eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en
valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres
naturels, sont d'intérêt général ».
« L'usage de l'eau appartient à tous dans le cadre des lois et règlements ainsi que des
droits antérieurement établis ».
Promouvoir un développement durable, cela implique d'accorder la primauté à
l'intérêt général pour les générations actuelles et futures, d'asseoir la cohésion sociale
et territoriale sur l'équité et la transparence, d'assurer de façon pérenne un service sur
lequel les usagers puissent compter et qui soit en permanence capable de prendre en
compte l'évolution des besoins et des contraintes.
La question sous jacente, qui se pose à nous, aujourd'hui, est la suivante : l'eau, cet
élément vital pour la vie des personnes et pour l'équilibre de l'environnement, peutelle faire l'objet d'une marchandisation effrénée ? La réponse est soumise à
réflexions et à débats.
Albert Einstein disait : « Nous ne pouvons résoudre les problèmes que nous avons
créés avec les mêmes modes de pensée que ceux qui les ont créés ».
10- Conclusions : Développement Durable et Société
Dans ces conditions, ne faut-il pas plutôt s'attaquer aux causes qu'aux conséquences
des problèmes que nous avons créés et auxquels nous nous trouvons confrontés ?
1. D'après Mikhail
Gorbatchev-Prix Nobel de la
Paix
Edictons pour les générations futures le principe de précaution comme règle
intangible, pour une gestion durable de la planète. Ce principe de précaution qui
exige de nous d'imaginer l'improbable, d'intégrer la surprise et les effets erratiques
des activités humaines sur notre biocénose.
Un espace immense s'est ouvert. Nous devons nous emparer des concepts
humanistes fondamentaux du développement durable. Ils dessinent une nouvelle
société planétaire fraternelle où seront conjugués développement économique,
respect de l’environnement et respect des droits de l’Homme......à vivre. Nous avons
déjà réfléchi, même si cette réflexion n'est pas finalisée, à des pistes de
recomposition économique prenant en compte, dans une société nouvelle, la
dimension humaine de l'économie comme, par exemple, « Favoriser un secteur de
type coopératif, partiellement en concurrence avec un secteur « libre », permettrait
sans doute d’éviter le piège de l'étatisation totale, à condition bien sûr que ce secteur
coopératif ne se développe pas au point de rejoindre la première catégorie ». Face à
la crise que nous vivons, partant de l'économie informelle, nous pourrions
effectivement, par bonds progressifs, atteindre une économie sociale à réinventer.
Nous proposons à la réflexion de nos concitoyens le concept humaniste de
développement durable, parce que nous croyons qu'avant de refonder notre
République, nous estimons que celle-ci doit être porteuse d'un projet humaniste et
citoyen.
Nous ne ferons pas l'économie d'un tel débat qui porte sur l'état de la démocratie
dans
notre pays. Notre République sociale une et indivisible doit s'appuyer sur ses
principes fondateurs, Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité, Solidarité, mais pour
affronter les enjeux mondiaux tels que nous les avons décrits, elle doit se doter de
nouveaux principes complémentaires : le respect de l'Environnement, une Économie
humaniste, solidaire et sociale, la lutte contre la misère et la pauvreté, la lutte contre
le sexisme, la xénophobie, le racisme et toutes les formes d’asservissement. En
résumé, tout ce qui compose les objectifs et les perspectives contenus dans le
développement durable.
Avant de conclure, nous allons vous relater un conte bouddhiste qui pourrait
introduire les débats. Daisaku Ikeda a rapporté cette parabole orientale.1
« Supposons que les nénuphars d'un étang doublent chaque jour, en grandissant, la
surface qu'ils occupaient la veille. On compte qu'il leur faudra trente jours pour
recouvrir entièrement la surface de l'eau. Par conséquent, le vingt-neuvième jour,
seule une moitié de l'étang est recouverte. Ceux qui observent la pièce d'eau, ce jourlà, voient qu'une moitié de sa surface est encore libre, et pensent que la situation n'est
nullement catastrophique. En réalité, il ne reste plus qu'un jour avant que l'étang soit
entièrement envahi!
Et Daisaku Ikeda de conclure : Ainsi va le monde contemporain, avec ses problèmes
de croissance démographique et de surconsommation entraînant l'épuisement des
ressources naturelles et des sources d'énergie fossiles, il vit déjà son vingt-neuvième
jour. Il se peut fort bien qu'au trentième, il ne lui reste rien en réserve... »
Ainsi, si nos souffrances sont bien souvent individuelles, ne faisons pas en sorte
qu’elles soient, de par nos comportements irraisonnés, collectives. »
Jean Milon,
Docteur de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Economiste de l'Environnement
Chercheur au CIRTAI-Le Havre
Christian Tschocke,
Diplomé du Collège des Hautes Etudes pour l'Environnement et le Développement
Durable
Directeur du LEDD (Laboratoire d'études sur le développement durable)
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MILON J, 1999 -« Un outil d’analyse et de gestion des espaces urbains et ruraux »
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http://site.voila.fr/milon/index.jhtml
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