Le drainage pleural

publicité
Ann. Kinésithér., 1987, t. 14,
© Masson, Paris, 1987
nO
7-8, pp. 351-353
NOTE DE TECHNIQUE
Le drainage pleural
D. DELPLANQUE
Kinésithérapeute,
certifié en kinésithérapie
respiratoire, Hôpital Saint-Joseph,
Le drainage pleural consiste en l'évacuation
instrumentale de tout épanchement aérique ou
liquidien accumulé dans l'espace virtuel pleural au niveau intra-thoraxique. Le choix du
point de ponction est fonction du type d'épanchement. Le drain peut être simplement mis
au bocal, constituant un système anti-rejlux.
Le drainage aspiratif nécessite un système
assurant en permanence une aspiration de
niveau stable. La surveillance doit être attentive et permanente, notamment chez des
patients ventilés artificiellement afin d'éviter
la survenue d'un pneumothorax suffocant.
Le drainage pleural est utilisé dans les
insuffisances respiratoires provoquées par des
épanchements pleuraux abondants (pneumothorax rebelle, suffocant, hémothorax, pleurésie) et
dans les suites de la chirurgie thoraxique.
La cavité pleurale est un espace virtuel ou
règne une pression dont les variations suivent
celles de la pression intra-thoraxique. Cet espace
virtuel restant en permanence vide.
Tout épanchement aérique ou liquidien entraînant des signes de décompensation respiratoire
ou hémodynamique est une indication au drainage thoraxique en urgence.
Indications
- En urgence :
- les hémothorax
ques,
Tirés à part:
7,
rue Pierre-Larrousse,
F. 75014 Paris.
- les pneumothorax suffocants,
- les pleurésies compressives.
- A froid
- la source principale est la chirurgie, à partir
du moment où elle intervient sur la cavité
pleurale.
Choix du point de ponction
- Une collection gazeuse (pneumothorax) est
habituellement drainée par ponction sur la ligne
médio-claviculaire dans le deuxième ou troisième espace intercostale. Néanmoins, le drain
étant dirigé vers le haut, chez un malade restant
en décubitus dorsal, certains préfèrent introduire
le drain en axillaire vers le cinquième espace et
le diriger en avant vers le cul de sac antérieur.
- Une collection liquidienne est habituellement drainée par ponction déclive sur la ligne
axillaire moyenne dans le neuvième espace
intercostal.
- Un hémopneumothorax est le plus souvent
drainé par un double drainage associant les deux
points de ponction ci-dessus décrits.
- Le drainage d'une collection enkystée nécessite un repérage radiologique (tomodensitométrie essentiellement) et une ponction exploratrice
à l'aiguille préalable.
Le drainage
et pneumothorax
D. DELPLANQUE, à l'adresse
traumati-
ci-dessus.
Le drain peut être simplement mis au bocal.
Le montage comprend un tuyau suffisamment
rigide pour qu'il ne puisse se collaber, assez
352
Ann. Kinésithér .• 1987, t. 14. nO 7-8
D
souple pour qu'il puisse être trait. Cette tubulure
est reliée à un tube plongeant dans un bocal
contenant du dakin. Un second tube plus court
met l'intérieur du bocal en relation avec l'air
ambiant. L'ensemble constitue un système antireflux, à l'expiration la différence de pression·
pleurale et barométrique permet l'évacuation de
l'épanchement vers le bocal. L'inspiration crée
une dépression entraînant une ascension du
niveau liquide dans le tuyau connecteur. Ce
tuyau doit donc toujours avoir une longueur
suffisante pour éviter le retour du liquide dans
l'espace pleural.
c
F
o
Le drainage aspiratif
Le drainage aspiratif exige l'utilisation d'une
dépression stable afin d'assurer un drainage
régulier pour une réexpansion pulmonaire plus
efficace. Un dispositif de sécurité, la « soupape
de Jeanneret », réalise ces conditions, notamment en ce qui concerne la stabilité, car la source
de vide associe le plus souvent forte dépression
et instabilité.
Description du p.rincipe de fonctionnement de
la soupape de Jeanneret (fig. 1).
Il s'agit d'un tube à double compartiment dont
l'un a une fonction de limitateur de vide (A) et
l'autre de soupape hydraulique (B) (système
anti-retour). Les deux chambres communiquent
par leur partie supérieure et sont reliées à une
même source de vide. Chaque compartiment
comporte un tube plongeant. Celui du limitateur
de vide est calibré de 0 à 30 cm d'eau, celui de
l'obturateur hydraulique est calibré de 0 à 10 cm
d'eau et est relié au patient par l'intermédiaire
d'un bocal collecteur.
La dépression fournie au système est transmise au cylindre. L'air aspiré de l'extérieur
refoule la colonne d'eau du tube plongeant dans
le compartiment A et s'échappe par son extrémité sous forme de bulle. Le niveau d'eau dans
le compartiment A donne en cm d'eau la valeur
de la dépression utilisée pour drainer l'épanchement pleural. Le bullage représente donc l'excédent de dépression.
Ce système permet de conserver en permanence une dépression. stable.
0-°11~O
0
-0 00
E
B
A
FIG. 1. La soupape de Jeanneret
A.
B.
C.
D.
E.
F.
Compartiment régulateur de vide
Compartiment de soupape hydraulique
Pression atmosphérique
Vide
Bocal de recueil
Vers le drain thoraxique
Ce montage constitue la première partie du
circuit, la deuxième partie comprend
- le ou les drains,
- le ou les bocaux,
- les tuyaux de liaisons.
Chaque drain doit être relié à un bocal de
recueil par un tuyau de longueur réduite de
façon à éviter une interruption de l'aspiration
par siphonnage, longueur suffisante pour déplacer le malade.
Surveillance du drainage
1) Drainage d'un épanchement gazeux
a) En l'absence de fistule broncho-pleurale,
il se produit· un bullage initial témoignant de
l'évacuation de l'air pleural, ensuite seule la
soupape bulle. Il faut vérifier radiologiquement
le retour du poumon à la paroi et la perméabilité
du drain. Pour s'en assurer, on débranche la
Ann. Kinésithér., 1987, t. 14, n° 7-8 353
soupape, le niveau d'eau dans le tuyau doit alors
Il convient de s'alarmer dès qu'un drain, dans
osciller avec les mouvements respiratoires. Si le ces conditions, cesse de buller. Pour ces mêmes
niveau reste immobile, le drain est dit exclu. raisons, il importe de ne jamais laisser clamper
b) En cas de fistule broncho-pleurale, le un tel drain.
bullage persiste par communication entre l'air
ambiant et la plèvre. Dans tout les cas, il faut
vérifier l'absence de fuite par la méthode des Transport d'un malade porteur d'un drainage
clampages successifs sur l'ensemble du circuit pleural
de drainage.
Lors d'un transport et particulièrement chez
des
patients sous ventilation mécanique, le
2) Drainage d'un hémothorax
drainage aspiratif est suspendu, tout en conserLe risque majeur est le caillottage du sang vant le circuit jusqu'au bocal de recueil, fixé en
dans le drain. Aussi faut-il en permanence traire un point bas. Il ne faut jamais clamper le drain
le drain et vérifier sa perméabilité.
d'un tel patient. L'utilisation d'une valve unidirectionnelle doit être très prudente de par le
3) Drainage pleural sous ventilation
risque d'obstruction par un éCQulement séreux
mécanique
ou hémorragique.
Elle doit être attentive et permanente. En effet
une fistule broncho-pleurale est souvent entretenue par la pression positive de la ventilation
mécanique. De plus si le drain s'exclu par En conclusion
coudure ou obstruction, un pneumothorax suffoLa surveillance d'un drainage pleural doit être
cant risque de survenir en quelques minutes, le
respirateur continuant à insuffler sous pression rigoureuse, particulièrement lorsque le patient
dans la plèvre.
est sous ventilation mécanique.
Téléchargement