TABLE RONDE I LES JEUNES ET LA CRÉATION D'EMPLOIS Avec 200 millions de jeunes, l'Afrique est le plus jeune des continents. Selon les projections, la population africaine devrait passer à 3 milliards d'ici 2063, dont 30 % de citoyens âgés entre 15 et 24 ans. La population de jeunes en rapide augmentation est un puissant moteur de changement et de développement piloté par les citoyens ; en même temps, elle pose de sérieux défis quant à l'accès des jeunes à l'éducation, à la formation, au marché du travail ou à la sphère politique. Selon la Banque mondiale, la jeunesse représente aujourd'hui 60 % des chômeurs africains. Qui plus est, de nombreuses personnes bien formées sont victimes de sous-emploi ou d'autres formes de travail précaire, dépendant, par exemple, des revenus de sources multiples. Le manque de possibilités est la conséquence non seulement de l'accès difficile à l'éducation ou au marché du travail, mais d'une série de problèmes structurels. Comme suggéré par la Banque mondiale, les stratégies d'emploi en Afrique devront davantage tenir compte du développement rural, des investissements en agriculture, de l'urbanisation et des spécificités des marchés du travail contemporains. Pendant ce temps, l'Union européenne est confrontée à des changements démographiques sans précédent, avec un tableau démographique inverse. Le continent vieillit progressivement et même si les indicateurs de l'éducation montrent des tendances positives, le chômage des jeunes est un sujet de vive préoccupation pour les responsables politiques. De nombreux jeunes sont confrontés au chômage de longue durée ou au travail à temps partiel involontaire. Le rapport de l'Union européenne sur la jeunesse 2015 indique que la génération actuelle de jeunes est mieux formée que toutes les générations précédentes, mais la crise a créé de nouvelles divisions liées à l'inactivité, la pauvreté et l'exclusion de certains groupes. On peut observer des tendances similaires dans des contextes radicalement différents : les jeunes affrontent les taux de chômage élevés, le sous-emploi et le travail précaire. Les jeunes en Afrique et dans l'Union européenne font face à un manque d'opportunités. • Compte tenu de la croissance économique rapide et constante en Afrique, quels programmes et politiques pour le marché du travail seraient nécessaires afin de résoudre les problèmes structurels et garantir l'emploi de jeunes Africains ? De quelle manière pourrait-on le mieux combattre les inégalités croissantes entre les jeunes en Afrique et les jeunes dans l'Union européenne ? Le continent africain a connu une croissance économique et une transformation structurelle remarquables, ainsi qu'une urbanisation sans précèdent. De nombreux pays ont amélioré leurs conditions d'investissement et entamé des réformes des politiques macroéconomiques. Néanmoins, selon la Commission économique pour l'Afrique, vu son industrialisation tardive, l'Afrique a aujourd'hui la possibilité de prendre un chemin alternatif dans ce domaine. En ce qui concerne la création d'emplois à l'avenir il convient de souligner que, eu égard du pouvoir transformatif des technologies, les lignes entre le physique, le numérique et le biologique seront brouillées. • Quel sera l'effet de la croissance économique rapide sur les marches du travail en Afrique ? Comment la numérisation affectera-t-elle la création d'emploi « traditionnelle » en Europe et en Afrique ? Les jeunes jouent un rôle essentiel dans la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et ses objectifs. Leur importance est tout particulièrement soulignée dans le contexte de la croissance économique et de l'éducation. La participation des jeunes est mise en exergue également dans l'Agenda 2063 qui s'engage de soutenir les jeunes en tant que moteurs de la renaissance africaine. Cela n'implique pas seulement le renforcement du pouvoir économique ; afin de façonner leur avenir, les jeunes devront participer dans la prise de décisions politiques et leur voix devra-t-être entendue dans les structures du pouvoir. La vision de l'Union africaine pour 2017 est « Exploiter la dividende démographique par l'investissement dans la jeunesse ». Or il convient de souligner que seuls les investissements couvrant tous les grands défis structurels produiront des dividendes de la prospérité et du développement durable pour la jeunesse africaine, mais aussi européenne. • Comment les jeunes peuvent-ils être politiquement habilités ? Quel est leur rôle dans la lutte contre les inégalités croissantes et comment soutenir leurs initiatives quant à la démocratie, l'État de droit, les droits de l'homme et la liberté d'expression, la science, l'économie et d'autres domaines ? Quels sont les formes d'investissement nationales, régionales ou mondiales nécessaires pour tirer parti de la dividende démographique ? Les jeunes figurent au premier plan du 5e sommet Afrique-UE ; il est clair que la capacité d'utiliser leur potentiel pour parvenir à la prospérité sera indispensable également dans les futures relations entre l'Afrique et l'Union européenne. La table ronde se penchera sur les similitudes et les différences entre les deux continents, ainsi que sur les possibilités de coopération face à la complexité croissante du monde des jeunes, de leur rôle dans la société et de leur autonomisation à différents niveaux.