L’espace des fonctions continues Projet de fin d’étude. Filière SMA – Licence Faculté de Sciences Semlalia Auteur : Youssef BOUCHAMA Catégorie : Sciences Mathématique Myprojectz, C’est l’intitulé de cette plateforme d’éducation et de recherche destinée aux étudiants et aux chercheurs. Projet de fin d’étude, rapports de stage, conseils et formation. Vous aimeriez partager votre projet de fin d’étude, votre rapport de stage ou votre expérience. Soyez la bienvenue. Contacter nous E-mail: [email protected] Website: www.myprojectz.com Page Facebook : rejoindre Page Google + : rejoindre L’espace des fonctions continues Youssef BOUCHAMA 0 2 0 TABLE DES MATIÈRES Table des matières 1 Convergence simple et convergence uniforme 2 Théorème d‘Ascoli 2.1 Équicontinuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Théorème d‘Ascoli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 11 12 3 Théorème de Stone Weierstrass 3.1 l’algèbre C(E, K) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 théorème de Stone Weierstrass cas réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3 théorème de Stone Weierstrass cas complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 15 15 18 4 Propriétés algébriques de C(K) 4.1 Idéaux maximaux de C(K) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Automorphisme de C(K) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 21 22 3 7 0 TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS J0exprime ma profonde reconnaissance à mon encadrant le professeur M.LALAOUI qui a assuré avec beaucoup d’intérêt l’encadrement de ce mémoire. Je le remercie pour ses remarques, ses conseils et de m’avoir tracé le bon itinéraire pour avancer avec succès dans ce travail. Je remercie également les membres de jury :les Professeurs Mohamed AKKOUCHI et Houcine BENABDELLAH qui ont bien accepté de faire partie du jury de ce mémoire. Mes remérciements vont également au Professeur M.HOUIMDI qui nous a initié au logiciel de traitement de texte scientifique LATEX et à tous les Professeurs du département de Mathématiques qui nous ont assurés les cours de cycle de LICENCE. J’exprime mes sincères remerciements et ma profonde gratitude à toute ma famille qui m’a soutenue et encouragée tout au long de mes études en l’occurrence durant cette période de travail intense et difficile. Je remercie aussi tous mes camarades de la filière SMA qui m’ont aidés et soutenus durant toute l’année. 4 Introduction Dans ce mémoire, on étudie quelques propriétés topologiques des espaces de fonctions continues sur des compacts. Ce mémoire est formé de quatre chapitres : Dans le chapitre 1, on donne quelques rappels sur la notion de convergence simple et convergence uniforme. Le chapitre 2, fera l’objet de l’étude du théorème d’Ascoli qui par l’introduction de la notion d’équicontinuitè , nous servira à illustrer la puissance du formalisme topologique sur des espaces abstraits comme les espaces de fonctions. Dans le chapitre 3, on démontre le théorème de Stone-Weierstrass, qui donne des critères de densités pour les sous espaces des fonctions continues. Enfin, dans le chapitre 4, on traite quelques propriétès algébriques de l’espace des fonctions continues, plus précisément on caractérise les idéaux maximaux et les automorphisme de C(K) où K est un compact. Dans tout ce mémoire étant donné deux espaces métriques X et Y, on note par B(X,Y )l’ensemble des applications bornées de X dans Y , par C (X,Y ) l’ensemble des applications continues de X dans Y . 5 0 TABLE DES MATIÈRES 6 Chapitre 1 Convergence simple et convergence uniforme Contexte Soit X une partie non vide . Soit fn une suite d’application de (X, d) dans un espace métrique (Y, d 0 ). Définition 1 1 On dit que la suite d’application ( fn )n∈N converge simplement sur X vers une application f si : ∀x ∈ X, ∀ε > 0, ∃N(x, ε) ∈ N (n > N(x, ε) ⇒ d 0 ( fn (x), f (x)) < ε). On note alors : CS fn −→ f sur X. 2 On dit que la suite d’application ( fn )n∈N converge uniformément sur X vers une application f si : ∀ε > 0, ∃N(ε) ∈ N, ∀n ∈ N (n > N(ε) ⇒ ∀x ∈ X d 0 ( fn (x), f (x)) < ε). On note alors : CU fn −→ f sur X. Remarque La convergence uniforme entraine la convergence simple. Définition 2 La topologie définie par d∞ sur B(X,Y ) est dite topologie de la convergence uniforme : d∞ ( f , g) = sup d 0 ( f (x), g(x)). x∈ X 7 1 CHAPITRE 1. CONVERGENCE SIMPLE ET CONVERGENCE UNIFORME Proposition 1 Soit fn une suite de fonctions continues sur un espace métrique (X, d) à valeurs CU dans un métrique (Y, d 0 ) on suppose que fn −→ f sur X. Alors la fonction limite f est continue sur X. Démonstration On suppose que la suite fn converge uniformément sur X vers une application f . Soit a ∈ X. Montrons que f est continue en a : CU Soit ε ∈ R∗+ , on a fn −→ f . Alors : ε ∃N ∈ N ∀n ∈ N (∀n > N =⇒ ∀x ∈ X d 0 ( fn (x), f (x)) < ). 3 On sait que fN est continue en a : Donc : ε ∃η ∈ R∗+ ∀x ∈ X d(x, a) < η =⇒ d 0 ( fN (x), fN (a)) < . 3 Pour un tel η ,on a alors : d(x, a) < η =⇒ d 0 ( f (x), f (a)) < d 0 ( fN (x), f (x))+d 0 ( fN (x), fN (a))+d 0 ( fN (a), f (a)) < ε On en déduit que f est continue sur X. Remarque La proposition précèdante permet de dire que l’ensemble Cb (X,Y )de fonctions continues bornées d’un espace métrique X dans un espace métrique Y est une partie fermée de B(X,Y ). Proposition 2 Soient X un ensemble et Y un espace métrique. Si Y est complet alors l’espace métrique (B(X,Y ), d∞ ) est lui aussi complet. Démonstration Soit fn une suite de Cauchy dans B(X,Y ). Donc : ∀ε > 0 ∃Nε ∈ N telque ∀n > Nε ∀m > Nε on a : d∞ ( fn , fm ) < ε. Soit x fixé ,donc on a : d 0 ( fn (x), fm (x)) < ε. Alors pour chaque x ∈ X,la suite fn (x) est de Cauchy dans l’espace complet Y, notons f (x) sa limite. 8 1 Montrons que f est bornée : Soit y ∈ Y . On a : ∀ε > 0 ∃Nε ∈ N tel que ∀n > Nε ∀m > Nε on a : d∞ ( fn , fm ) < ε Soit x fixé : ∀ε > 0 ∃Nε ∈ N telque ∀n > Nε ∀m > Nε on a : d 0 ( fn (x), fm (x)) < ε. Pour ε = 1, m = N1 on a : d 0 ( fn (x), y) 6 d 0 ( fn (x), fN1 (x))+d 0 ( fN1 (x), y) 6 1+d 0 ( fN1 (x), y) 6 1+d∞ ( fN1 , y) 6 1+M avec d∞ ( fN1 , y) = M. Par passage à la limite quand n tend vers l’infini montre que f est bornée. CU Montrons que fn −→ f : On a : ∀ε > 0 ∃Nε ∈ N tel que ∀n > Nε ∀m > Nε on a : d∞ ( fn , fm ) < ε. En faisant tendre m vers l’infini Donc on a : d∞ ( fn , f ) < ε. CU Alors fn −→ f . Donc (B(X,Y ), d∞ ) est complet. Théorème 1 ( Théorème de Dini) Soit K un espace métrique compact .Soit ( fn )n∈N une suite d’applications continues sur K et à valeurs réelles on suppose que : – ∀x ∈ K la suite ( fn (x))n∈N est croissante. – la suite fn converge simplement sur K vers une fonction f . – la fonction limite f est continue sur K. alors fn converge uniformément sur K vers f . Démonstration Soit ε ∈ R∗+ . Pour montrer que ( fn )converge uniformément sur K vers f , il faut trouver N tel que : n > N =⇒ ∀x ∈ K | fn (x) − f (x) |< ε. Posons : gn (x) = f (x) − fn (x). On a f et fn sont continues sur K donc gn est continue sur K. 9 1 CHAPITRE 1. CONVERGENCE SIMPLE ET CONVERGENCE UNIFORME CS De plus fn −→ f et fn est croissante. Donc f (x) − fn (x) ≥ 0. Alors gn est positive et décroissante Considérons pour chaque entier n > 0 : Un = {x ∈ K/ gn (x) < ε}. La suite Un est une suite croissante d’ouverts qui recouvrent K. Puisque K est compact il existe une partie finie J de N telle que : [ Uj = K j∈J Or Un est croissante ,ilexiste N(ε) telque [ U j = UN(ε) avec N(ε) = maxJ. j∈J D’où :∀n > N(ε) ∀x ∈ K 0 6 gn (x) 6 gN(ε) (x) < ε. D’où :∀x ∈ K f (x) − fn (x) < ε. CU Alors : fn −→ f . Remarque Le théorème de Dini reste vrai si :∀x ∈ K la suite ( fn (x))n∈N est décroissante. Exemples 1 On définit un par u1 = 0 et pour n > 1 : 1 un+1 (t) = un (t) + (t − u2n (t)) 2 √ Démontrons par récurrence que un+1 > un et un (t) 6 t dans [0, 1]. On a : √ √ 1 t − un+1 (t) = t − un (t) − (t − u2n (t)) 2 Soit : √ √ 1 √ (2) t − un+1 (t) = ( t − un (t))(1 − ( t + un (t))). 2 √ √ On a : u1 = 0 6 t, et, si t > un (t), alors pour t ∈ [0, 1] on a : √ 1 √ ( t + un (t)) 6 t 6 1. √2 √ Et d’après (2), on a donc : t − u (t) > 0 et u (t) 6 t pour t ∈ [0, 1]. n+1 n+1 √ On a : t > un (t) pour tout n et tout t ∈ [0, 1] . La relation (1) montre que un (t) 6 un+1 (t) , la suite (un (t)) est croissante et bornée donc converge vers une limite v(t). D’après la relation (1) la fonction v doit vérifier : √ 1 v(t) = v(t) + (t − v2 (t)) =⇒ v(t) = t. 2 Comme v est continue et la suite (un ) est croissante, le théorème de Dini prouve que (un )n∈N converge uniformément vers v. (1) 10 Chapitre 2 Théorème d‘Ascoli Le théorème d’Ascoli énoncé par le mathématicien italien GIULOI Ascoli est un puissant résultat caractérisant les parties relativement compactes de l’espace des fonctions continues définies sur un espace compact à valeurs dans un espace métrique. 2.1 Équicontinuité Définition 3 Soient (X, d) et (Y, d 0 ) deux espaces métriques. Soit H une partie de C(X,Y ) et soit x0 ∈ X on dit que H est équicontinue en x0 si : ∀ε > 0 ∃V ∈ ϑ(x0 ) ∀x ∈ V ∀ f ∈ H d 0 ( f (x), f (x0 )) < ε) i.e : ∀ε > 0 ∃η > 0 ∀x ∈ X d(x, x0 ) < η =⇒ ∀ f ∈ H d 0 ( f (x), f (x0 )) < ε. • H est dite équicontinue si elle est équicontinue en tout point de X. • H est dite uniformément équicontinue si elle satisfait la condition suivante : ∀ε > 0 ∃η > 0 ∀x, y ∈ X d(x, y) < η =⇒ ∀ f ∈ H d 0 ( f (x), f (y)) < ε. Remarque ∗ Si f désigne une application continue de X dans Y , l’ensemble { f } est équicontinue mais n’est uniformément équicontinue que si f est uniformément équicontinue. ∗ Toute partie finie de C(X,Y ) est équicontinue. ∗ Toute partie d‘une partie équicontinue est équicontinue. ∗ Pour tout réel k > 0, l’ensemble des fonctions k − Lipschitzienne est uniformément équicontinue. 11 2 CHAPITRE 2. THÉORÈME D‘ASCOLI Exemples 2 πx fn (x) = n sin( ) est équicontinue ∀x ∈ [−1, 1] en effet : 2n ∀x, y ∈ [−1, 1] on a : | fn (x) − fn (y) |6 π2 | x − y | donc elle est lipschitzienne et par conséquent elle est équicontinue. Proposition 3 Soit X un espace métrique compact et soit Y un espace métrique. Toute partie équicontinue H de C(X,Y ) est uniformément équicontinue. Démonstration Soient H une partie équicontinue de C(X,Y ) ,ε un réel strictement positif et y dans X. ε Par hypothèse : ∀x ∈ X ∃ηx > 0 d(x, y) < ηx =⇒ ∀ f ∈ H d 0 ( f (x), f (y)) < . 2 Comme X est compact, par la propriété de Borel-Lebesgue, on peut choisir un nombre fini de points x1 , · · · , xr tels que : X= [ B(x j , ηx j /2) avec j = 1, · · · , r j Soit η = inf (ηx j /2). 1≤ j≤n Soient x et y deux points de X tel que d(x, y) < η. Si x ∈ X alors il existe j ∈ {1, ..., r} tel que x ∈ B(x j , ηx j /2) Alors x et y ∈ B(x j , ηx j ). Donc pour tout f ∈ H : d 0 ( f (y), f (x)) 6 d 0 ( f (y), f (x j )) + d 0 ( f (x j ), f (x)) 6 2.2 ε ε + = ε. 2 2 Théorème d‘Ascoli On rappelle tout d’abord la notion métrique de précompacité : Définition 4 Un espace métrique (X, d) est dit précompact si pour tout ε > 0 il existe un entier N et des éléments x1 ; ...; xN de X tels que : X= [ B(xi , ε) 16i6N 12 2 2.2. THÉORÈME D‘ASCOLI Théorème 2 (Théorème d‘Ascoli) soit X un espace compact et Y un espace métrique complet ,pour chaque partie H de C(X,Y ) il y’a équivalence entre les conditions suivantes : a H est relativement compact dans C(X,Y )(pour la distance de la conver gence uniforme). b (α) H est équicontinue sur X . et (β) Pour tout x ∈ X, H(x) est relativement compact sur Y. Démonstration Rappelons que C(X,Y) est complet pour la distance de convergence uniforme notèe d∞ a =⇒ b : Supposons que H soit compact. Pour chaque ε > 0 ,il existe des fonctions fi ∈ C(X,Y ) ( i ∈ J1, nK) en nombre fini telles que : H ⊂ H̄ ⊂ [ B( fi , ε). 16i6n On en déduit immédiatement que pour chaque x ∈ X : On a : [ H(x) ⊂ BY ( fi (x), ε) 16i6n comme l’adhérance d’une partie prècompacte est prècompacte. Alors H(x) est prècompacte, et fermée dans Y. Comme Y est complet alors H(x) est complète. Et par conséquent H(x) est compacte. =⇒ (β) est démontrée . Montrons (α) : Pour chaque x ∈ X et chaque i ∈ J1, nK fi est continue en x. Donc il existe un voisinage Ui (x) de x dans X tel que pour tout y ∈ Ui (x) on ait : d 0 ( fi (x), fi (y)) 6 ε. Pour chaque x dans X posons U(x) = \ Ui (x) 16i6n Soit f ∈ H et soit i tel que f ∈ B( fi , ε), alors pour y ∈ U(x). on a : d( f (y), f (x)) ≤ d( f (y), fi (y)) + d( fi (y), fi (x)) + d( fi (x), f (x)) ≤ 3ε. Ce qui montre que H est équicontinue en x pour tout x ∈ X. réciproquement : On va montrer que H est prècompacte , comme dans un espace métrique l’adhèrance 13 2 CHAPITRE 2. THÉORÈME D‘ASCOLI d’un prècompacte est un prècompacte , on aura H est prècompacte et fermée dans l’espace C(X,Y) donc H sera compacte et par conséquent H sera relativement compact. Soit ε > 0 d’après (α) pour tout x ∈ X, il existe un voisinage ouvert U(x) de x tel que pour tout y dans U(x) et toute f ∈ H, on ait : (1) d( f (x), f (y)) ≤ ε. Comme X est compact on peut recouvrir X par un nombre fini d’ouverts U(x) ,et il [ existe x1 . . . xn ∈ X tels que : X = U(xi ). 16i6n D’après (β) [ pour chaque entier i ∈ J1, nK , H(xi ) est relativement compact dans Y. Donc K = H(xi ) est relativement compact dans Y. 16i6n Donc il existe un nombre fini de points de Y ,soient y1 . . . yn tels que : K⊂ [ B(yi , ε). 16i6m Soit φ l’ensemble de toutes les fonctions de {1, 2, . . . , n} dans {1, 2, . . . , m} Pour chaque fonction ϕ ∈ φ , soitHϕ l’ensemble des fonctions f ∈ H telles que : pour tout i ∈ J1, nK, on ait : (2) d( f (xi ), yϕ(i) ) 6 ε Par construction on a :H = [ Hϕ . ϕ∈φ Montrons pour toute ϕ ∈ φ, on a : d∞ (Hϕ ) 6 4ε , ce qui terminera la preuve. Soient f,g dans Hϕ ,soit x ∈ X et soit i ∈ J1, nK tel que x ∈ U(xi ) on a d’après (1) : d( f (x), f (xi )) 6 ε et d(g(x), g(xi )) 6 ε D’après (2) : d( f (x), g(x)) 6 d( f (x), f (xi )) + d( f (xi ), yϕ(i) ) + d(yϕ(i) , g(xi )) + d(g(xi ), g(x)) Et il en résulte : d( f (x), g(x)) 6 4ε . Comme x est quelconque dans X on obtient d∞ (Hϕ ) 6 4ε Corollaire 1 Soient X un espace compact et Y un espace métrique complet. Si ( fn )n∈N est une suite équicontine de C(X,Y ) telle que pour tout x ∈ X, l’ensemble des ( fn (x)) soit relativement compact dans Y, alors on peut extraire de ( fn ) une suite convergeant uniformément dans X. 14 Chapitre 3 Théorème de Stone Weierstrass Dans toute la suite on munit, C(E, K)(K=R, ou C) de la topologie de la convergence uniforme. 3.1 l’algèbre C(E, K) Pour tout espace métrique E ,le K-espace vectoriel C(E, K) peut être muni d’une multiplication pour f et g dans C(E, K) et x ∈ E on pose : ( f g)(x) = f (x)g(x) (1) Il est facile de vérifier que ( f , g) −→ f g est une application K bilinéaire et associative , donc C(E, K) est muni d’une structure d’anneau dont l’élément neutre est la fonction identiquement nulle et qui a pour élément unité la fonction constante égale à 1. Pour tout λ ∈ K et tout couple f,g de C(E, K) on a :λ( f g) = f (λg) = (λ f )g On dit alors que C(E, K) est une K algèbre . Lemme 1 Pour toute partie A de C(E, K) qui est une sous algèbre l’adhérence A de A est encore une sous algèbre. Démonstration Découle du fait que dans C(E, K) la somme et le produit de deux suites uniformément convergentes sont convergentes. 3.2 théorème de Stone Weierstrass cas réel Définition 5 On dit qu’une partie A de C(E, K) sépare les points de E si pour tout couple (x,y) de points distincts de E, il existe une fonction f de A telle que f (x) 6= f (y). 15 3 CHAPITRE 3. THÉORÈME DE STONE WEIERSTRASS Théorème 3 (théorème de Stone Weierstrass cas réel) Soit E un espace métrique compact si une sous algèbre A de C(E,R) contient les fonctions constantes et sépare les points de E. Alors A est dense dans l’espace de Banach C(E, R). La démonstration va se faire en prouvant successivement plusieurs résultats intermédiaires : Lemme 2 Il existe un suite de polynômes réels un définies sur [0, 1] est croissante et √ converge uniformément vers la fonction t −→ t. Démonstration On définit un par récurrence en posant u1 = 0 et pour n > 1 : 1 un+1 (t) = un (t) + (t − u2n (t)) 2 √ Démontrons par récurrence que un+1 > un et un (t) 6 t dans [0, 1]. voir exemple 1 de théorème de Dini. (1) Lemme 3 Pour toute fonction f de A, la fonction | f | appartient à Ā. Démonstration Posons a =k f k = sup| f (x)|. x∈E Et considérons la suite de fonctions : vn : x −→ un ( f 2 (x) ) a2 On peut supposer a 6= 0, car sinon f = 0 et | f | = f ∈ A. f 2 (x) On a alors pour tout x ∈ E : ∈ [0, 1] et vn est bien définie. a2 De plus comme A est une algèbre et comme un est un polynôme, donc vn ∈ A pour tout n. Soit ε > 0, il existe n0 tel que pour tout n > n0 , on ait : √ sup |un (t) − t| 6 ε. t∈[0,1] ( f (x))2 Soit n > n0 , pour tout x dans E on a : ∈ [0, 1] ; donc a2 s ( f (x))2 | 6 ε. sup|vn (x) − a2 x∈X 16 3 3.2. THÉORÈME DE STONE WEIERSTRASS CAS RÉEL Ceci montre que la suite (vn ) converge uniformément dans C(E,R) vers la fonction s ( f (x))2 | f (x)| x −→ = a a2 On a donc : |f| a ∈ A et comme A est une sous algèbre on a : |f| = a |f| ∈ A. a Lemme 4 Soient f1 , . . . , f p des fonctions de Ā avec p > 2 alors les fonctions inf( f1 , . . . , f p ) et sup( f1 , . . . , f p ) appartiennent à Ā. Démonstration Montrons-le pour p=2 en prenant f = f1 et g = f2 . On a :sup( f , g) = 21 ( f + g + | f − g|) et in f ( f , g) = 21 ( f + g − | f − g|) En utilisant lemme 2 pour la sous-algèbre Ā, on voit que sup( f , g) et inf( f , g) sont dans Ā¯ = Ā. Pour p > 2 on a : in f ( f1 . . . f p ) = in f ( f1 , in f ( f2 . . . f p )) et sup( f1 , sup( f2 . . . f p )). Donc par récurrence on montre que :inf( f1 . . . f p ) ∈ Ā et sup( f1 . . . f p ) ∈ Ā. Lemme 5 Pour tout couple de points distincts x,y de E et tout couple de nombres réels α , β il existe une fonction f de A telle que f (x) = β et f (y) = α. Démonstration Par hypothèse, il existe une fonction g de A telle que g(x) 6= g(y) comme A contient les fonctions constantes, la fonction f de E dans R z −→ β + (α − β) g(z) − g(x) g(y) − g(x) appartient à l’algèbre A et vérifie f (x) = β et f (y) = α. Lemme 6 Pour toute fonction f ∈ C(E, R), tout point x de E et tout ε > 0, il existe une fonction g de Ā telle que : g(x) = f (x) et g(y) 6 f (y) + ε pour tout y dans E . 17 3 CHAPITRE 3. THÉORÈME DE STONE WEIERSTRASS Démonstration Soient f , x et ε > 0 montrons d’abord que pour chaque y dans E il existe hy tel que : hy (x) = f (x) et hy (y) 6 ε + f (y) 2 (3) Si y=x, il suffit de poser hx = f Si y 6= x, l’existence de hy résulte de lemme 4 avec f (x) = β et f (y) + 2ε = α Comme les fonctions hy et f sont continues en y , il existe un voisinage ouvert V(y) de y tel que : pour tout z dans V(y) on a : hy (z) 6 f (z) + ε (4) comme E est compact , il existe y1 . . . , ym dans E tels que : E = V (y1 ) ∪ . . . ∪V (ym ) Posons g = inf(hy1 , . . . , hym ) D’après lemme 3 on a : g ∈ Ā.Et d’après (3) on a g(x) = f (x) . Soit maintenant y dans E, il existe i tel que V (yi ) contienne y et d’après (4)on a : g(y) 6 hyi (y) 6 f (y) + ε Donc la fonction g convient. Montrons maintenant : Ā = C(E, R) Soient f dans C(E, R) et ε > 0. Pour chaque x dans E, soit g(x) la fonction de Ā telle que gx (x) = f (x) et gx (y) 6 f (y) + ε pour tout y dans E. La fonction gx − f est continue et nulle en x ,donc il existe un voisinage ouvert U(x) de x tel que : Pour tout y dans U(x) −ε 6 gx (y) − f (y) (5) E est compact donc on a :E = U(x1 ) ∪ . . . ∪U(x p ) avec xi ∈ E D’après lemme 3 la fonction h = sup(gx1 . . . , gx p ) appartient à Ā. Soit maintenant y dans E ,il existe i tel que U(xi ) contienne y et avec (5)on a : f (y) − ε 6 gx (y) 6 h(y) 6 f (y) + ε Autrement dit ,k f − hk 6 ε ,on a donc f ∈ Ā¯ = Ā et Ā = C(E, R). Le théorème correspondant pour C(E, C) est faux , on a seulement le résultat suivant. 3.3 théorème de Stone Weierstrass cas complexe Théorème 4 Soit E un espace métrique compact si une sous C-algèbre A de C(E,C) contient les fonctions constantes, sépare les points de E et est telle que pour toute f ∈ A la fonction conjuguée f¯ appartient aussi à A ; alors A est dense dans C(E,C). 18 3 3.3. THÉORÈME DE STONE WEIERSTRASS CAS COMPLEXE Démonstration Soit A0 l’ensemble des fonctions de A qui sont à valeurs réelles . Alors A0 est une sous R-algèbre de C(E,C) qui contient les fonctions constantes à valeurs réelles , de plus pour f dans A les fonctions Re( f ) = 21 ( f + f¯) et Im( f ) = 1 ¯ 2i ( f − f ) sont dans A et à valeurs réelles ,donc appartiennent à A0 . Montrons que A0 sépare les points de E : Pour x 6= y dans E, il existe une fonction f de A telle que f (x) 6= f (y) ; donc l’une des fonctions Re( f ) et Im( f ) prend des valeurs différentes en x et y . Alors il résulte de (S.W cas réel)que A0 est dense dans C(E,R). Soit maintenant f dans C(E,C) et ε > 0.Posons f = f1 + i f2 avec f1 et f2 à valeurs réelles . Il existe u et v dans A0 telles que pour tout x dans E : | u(x) − f1 (x) |6 ε et | v(x) − f2 (x) |6 ε. Donc la fonction g = u + iv ∈ A, et pour tout x dans E ,on a : | g(x) − f (x) |2 =| u(x) − f1 (x) |2 + | v(x) − f2 (x) |6 2ε2 Ce qui montre que A est dense dans C(E,C). comme application on considère le théorème suivant : Théorème 5 Soit E une partie compacte de Rn . Toute fonction continue de E dans R est limite uniforme sur E d’une suite de fonctions polynômes à n variables. Démonstration Soit A l’ensemble des restrictions à E des fonctions polynômes à n variables. Alors A est une sous algèbre de C(E; R) qui contient les fonctions constantes et les fonctions (x1 , ..., xn ) −→ xi pour chaque i. Donc A sépare les points de E et le théorème résulte de théorème de Stone Weierstrass cas réel . 19 3 CHAPITRE 3. THÉORÈME DE STONE WEIERSTRASS 20 Chapitre 4 Propriétés algébriques de C(K) 4.1 Idéaux maximaux de C(K) On va déterminer les idéaux maximaux de l’anneau commutatif C(K) = C(K; R), où K est un espace métrique compact. Rappelons qu’un idéal d’un anneau commutatif (A, +, .) est une partie I de A vérifiant les propriétés suivantes : N I est un sous-groupe additif . N Pour tout a ∈ A, on a aI ⊆ I. On dit qu’un idéal I ⊆ A est maximal si I 6= A et si I n’est strictement contenu dans aucun idéal J 6= A. Soit K un espace métrique compact. Pour tout point a ∈ K, l’ensemble Ia = { f ∈ C(K); f (a) = 0} est visiblement un idéal de l’anneau C(K), et Ia 6= C(K). De plus Ia est également maximal. En effet, si J est un idéal de C(K) contenant strictement Ia , alors il existe une fonction g ∈ J telle que g(a) 6= 0. Pour toute fonction f ∈ C(K), la fonction f (a) f (a) u = f − g(a) g appartient à Ia , donc à J, et par conséquent f = u + g(a) g ∈ J : ainsi on a J = C(K) Proposition 4 Tout idéal maximal de C(K) est de la forme Ia , pour un certain point a ∈ K. Démonstration Il suffit de montrer que tout idéal I 6= C(K) est contenu dans un certain Ia , autrement dit que si I est un idéal de C(K) et I 6= C(K), alors il existe un point a ∈ K tel que toutes les fonctions de I s’annulent en a. Soit I un idéal de C(K). On raisonne par contraposée en supposant que pour tout point x ∈ X, il existe une fonction fx ∈ I telle que fx (x) 6= 0 : on doit alors montrer que I = C(K). Pour tout x ∈ K, la continuité de fx permet de trouver un voisinage ouvert Vx de x 21 4 CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS ALGÉBRIQUES DE C(K) tel que fx ne s’annule pas sur Vx . La famille (Vx )x∈K est un recouvrement ouvert [ du compact K donc on peut trouver x1 , . . . , xm tels que K = Vxi . 16i6m Posons Vi = Vxi et fi = fxi , alors la fonction : f= ∑ fi2 16i6m appartient à I. De plus, f ne s’annule pas sur K : si x ∈ K, alors x est dans un certain Vi , et on a donc f (x) > fi (x)2 > 0 car fi ne s’annule pas sur Vi . Ainsi, la fonction f est inversible dans C(K) et appartient a l’idéal I : cela prouve que I = C(K). 4.2 Automorphisme de C(K) Pour x ∈ K ,δx est la masse de Dirac en x ,définie par :< δx , f >= f (x). Soit T un automorphisme de C(K). Lemme 7 Soit x dans K ,il existe un et un seul y de K tel que la forme linéaire δx ◦ T définie sur C(K) ait pour noyau ker(δy ). Démonstration T induit une bijection de l’ensemble des idéaux maximaux dans lui même alors d’après la proposition 4 : ∃!y tel que ker(δx ◦ T ) = ker(δy ). Remarque On pose dans ce cas y = ϕ(x). Lemme 8 ϕ est un homéomorphisme de K sur lui-même. Démonstration Soient ψ une application associée à T −1 et ϕ une application associé à T. On a : ϕ ◦ ψ = ψ ◦ ϕ = IdK , alors ϕ est bijective. Montrons alors que ϕ est continue. Soit (xn )n∈N une suite tendant vers x dans K . Comme K est compact pour montrer que ((yn ) = ϕ(xn ))n∈N converge vers ϕ(x), il suffit de montrer que la seule valeur d’adhérance de (yn )n∈N est ϕ(x). Supposons que (yn )n∈N tende vers y 6= ϕ(x). 22 4 4.2. AUTOMORPHISME DE C(K) la partie unicité de lemme 7 montre qu’il existe f ∈ C(K) telque T f (x) 6= 0 et f (y) = 0. T étant un automorphisme de C(K) , T(1)=1. Si on pose fn = f − T f (xn ) on a alors T fn (xn ) = 0 pour tout n ∈ N. Ainsi,d’après lemme 7, fn (ϕ(xn )) = 0 c’est à dire : f (ϕ(xn ) = T f (xn ). f étant continue on obtient alors en passant à la limite : 0 = f (y) = T f (x) 6= 0 ce qui est absurde. Théorème 6 Les automorphismes de C(K) sont les opérateurs : f 7→ f ◦ ϕ, où ϕ est un homéomorphisme de K . Démonstration f 7→ f ◦ ϕ est un automorphisme de C(K) d’inverse g 7→ g ◦ ϕ−1 . Réciproquement Soit T un automorphisme de C(K). ∀x ∈ K ∃λx 6= 0 δx ◦ T = λx δϕ(x) On déduit : ∀x ∈ K, ∀ f ∈ C(K), T f (x) = λx f ◦ ϕ(x) Il reste alors á écrire T (1) = 1 pour obtenir que λx vaut 1 pour tout x de K, et ainsi T est bien de la forme f 7→ f ◦ ϕ. 23 4 CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS ALGÉBRIQUES DE C(K) 24 Conclusion Il reste d’autres propriétés des espaces de fonctions continues qu’on n’a pas eu le temps, ni l’espace de traiter dans ce mémoire, à savoir par exemple : 1. Isométries de C(K) 2. Séparabilité de C(K) et qui peuvent faire l’objet d’éventuels projets de mémoire. 25 4 CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS ALGÉBRIQUES DE C(K) 26 Les références : 1 G.CHOQUET,cours d’analyse tome 2 Topologie, Moisson, Paris 1973. 2 Makki. NACIRI, A.RAOUJ, S.SOUHAIL, Topologie, Licence mathématique. 3 L.SHWARTZ, Topologie génèrale et fonctionnelle, Hermann, Paris 1970. 4 C.WAGSHAL,Topologie et analyse fonctionnelle, Hermann, Paris 1995. 5 C.TISSERON, Notion de Topologie, Introduction aux espaces fonctionelles, Hermann, Paris 6 G.COSTANTINI www.bacamaths.net 7 www.bibmath.net 8 fr.wikipedia.org 4 CHAPITRE 4. PROPRIÉTÉS ALGÉBRIQUES DE C(K) 28 Biographie : Giulio Ascoli (20 janvier 1843 [Trieste] - 12 juillet 1896 [Milan]) . On sait peu de choses de la vie du mathématicien juif italien Giulio Ascoli, si ce n’est qu’il étudie à l’Ecole Normale Supérieure de Pise dont il est diplômé en 1868. Il enseigne ensuite à l’école polytechnique de Milan. Les contributions principales d’Ascoli concernent la théorie des fonctions et les séries de Fourier. Avec son collègue italien Arzela, il est un précurseur de l’analyse fonctionnelle et est le premier à considérer des espaces de fonctions continues. Il introduit notamment la notion d’équicontinuité. Karl Theodor Weierstrass était, aux dires de son collègue Hermite, le législateur de l’analyse. Ce qualificatif de législateur n’est pas associé aux études de droit que Weierstrass a mené, mais à la rigueur nouvelle qu’il a imposé : qu’a-t-on, et que n’a-t-on pas le droit de faire en analyse. Karl Weierstrass est né le 31 octobre 1815 à Ostenfelde (en Allemagne). Son père était inspecteur des impôts, et père de 4 enfants dont bizarrement aucun ne s’est marié. Au lycée, Weierstrass est très brillant, et il acquiert des compétences en mathématiques déjà très intéressantes. En dépit de cela, son père le contraint à suivre des études de droit et d’économie. Mais Weierstrass ne fréquente guère les amphithéâtres, et au lieu de cela s’adonne à l’escrime, à la boisson et aux mathématiques. Après 4 ans à l’université de Bonn, il ressort sans le moindre diplôme. Néanmoins, son père consent à financer encore 2 ans d’étude à l’Académie théologique et philosophique de Munster, afin que Weierstrass puisse obtenir les titres nécessaires au professorat dans le secondaire. A Munster, Weierstrass rencontre Guddermann, qui l’éveillera complètement aux mathématiques. Une grande estime mutuelle caractérisa la relation entre les deux hommes. Weierstrass contribue grandement à la théorie des fonctions analytiques, qu’il définit comme somme de puissances convergentes à l’intérieur d’un disque (les séries entières). Il y démontre les théorèmes de dérivation terme à terme, le principe du prolongement analytique. La fin de la vie de Weierstrass est assez pénible. Dès 1850, il souffre de graves problèmes de santé, qui sont peut-être conséquences de ses excès de jeunesse. En 1861, il est victime d’une attaque qui l’éloigne de ses cours pendant un an. A compter de cette date, il se contentera de dicter ses cours assis, en laissant le soin à un étudiant d’écrire au tableau. Puis, deux événements vont gravement le marquer. D’abord, en 1877, il s’oppose assez violemment à son collègue et pourtant ami Kronecker au sujet des découvertes troublantes de Georg Cantor. Ensuite, Sonia Kovaleskaya, qu’il avait tant aidé, et avec qui il avait échangé une large correspondance, décède en 1891. Weierstrass est très affecté, et brûle même toutes ses lettres. Il passe ses 3 dernières années dans un fauteuil roulant, et décède le 19 février 1897 à Berlin. Marshall Harvey Stone (8 avril 1903, New York City - Janvier 9, 1989, Madras, Inde ) était un américain mathématiciens qui a contribué à l’analyse réelle , analyse fonctionnelle , et l’étude de l’ algèbre de Boole 4 4.2. AUTOMORPHISME DE C(K) 31