SEMINAIRE DE METAPHYSIQUE ET D’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE - FILO 2900 La réception philosophique du Prologue de Jean Année 2009-2010, sous la direction du Prof. Jean LECLERCQ Mardi de 10.45-12.45 - Ier quadrimestre Ière séance le mardi 29/09/2009 Objectifs : Au terme du séminaire l’étudiant aura la capacité : de traiter un thème de recherche dans le domaine de la métaphysique et de l’histoire de la philosophie sur la base d’une analyse critique des principaux travaux et textes d’auteurs abordant le thème en question ainsi que des contributions présentées dans le cadre du séminaire ; de rédiger une communication scientifique sur une question de recherche précise et pertinente au regard du thème abordé par le séminaire ; de prendre part activement à une recherche collective en métaphysique et histoire de la philosophie, notamment par la participation à la discussion de contributions dans le cadre du séminaire. A ceci s’ajoute que l’étudiant participera à la constitution progressive d’une bibliographie portant sur le thème retenu. Évaluation : l’évaluation portera sur la communication écrite rédigée par l’étudiant et sur sa participation à la dynamique du séminaire. Argumentaire : Le séminaire voudrait se déployer à partir d’une hypothèse philosophique chère à Michel Henry, dont l’ouvrage C’est moi la vérité (1996) sera en quelque sorte le point d’horizon. D’un point de vue méthodologique, Michel Henry a tenu que la « philosophie n’est pas condamnée à se référer à des textes appartenant à un corpus canonique réputé philosophique et délimité une fois pour toutes. Des intuitions essentielles se trouvent aussi bien ailleurs, dans la poésie, la littérature, dans les textes dits spirituels, ou religieux, ou sacrés. Dans les textes initiatiques de Jean par exemple. Son fameux Prologue exprime-t-il autre chose que ce procès d’autogénération de la vie comme génération en elle d’un Premier Soi vivant en lequel elle s’éprouve et se révèle à ellemême ? » (Dans Phénoménologie de la vie. Tome I, p. 208.) C’est à partir de ce constat que M. Henry entendra rejouer sa critique de l’intentionnalité, pour faire valoir que seule la vie se donne accès à elle-même, au gré d’une autorévélation. Ainsi, deux paroles du Prologue de Jean retiennent l’attention de M. Henry : « Au commencement était le Verbe » et « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,1 et 14). La première assure que toute vie implique en soi le Soi dans lequel elle s’éprouve et la seconde donne une rationalité à l’Incarnation du Verbe. C’est-à-dire une Archi-passibilité, immanente à toute chair, qui est aussi une Archi-intelligibilité. En effet, il y a entre le Verbe et la chair une « identité d’essence » qui est celle de la Vie absolue et le Verbe de Vie est devenu condition de possibilité de la chose, au même moment où celui-ci donne à la chair son principe de fondation. Telle est la relation d’intériorité phénoménologique entre la Vie absolue et le Premier Soi vivant. Partant de cette hypothèse située, qu’il conviendra de cerner et d’éprouver, le séminaire voudrait, pour la mettre en relief et l’interroger, questionner quelques grands moments philosophiques de l’interprétation du Prologue de Jean, dans cette interaction sans cesse questionnée entre Logos du christianisme et philosophies de la vie. Le Logos johannique donnerait-il alors une « intuition » essentielle et la figure/image de Jean serait-elle celle d’un « Lehrer » capable de mener la religion vers sa tâche d’accomplissement d’une « Lehre fondamentale » ? Programme prévisionnel des lectures • PROLOGUE de l’Évangile de Jean (Jn I, 1-14 - Grec, Latin et Français). • MAITRE ECKHART [1260-1327], Commentaire sur le Prologue de Jean, Paragraphes 1 à 84, (Trad. Libera-Wéber-Zum Brunn, Cerf, 2007, pp. 25-165). • J. G. FICHTE [1762-1814], Méthode pour arriver à la vie bienheureuse ou La Doctrine de la religion, Sixième et Septième Leçons (Trad. Bouillier, Sulliver, 2000, pp. 105-152). • G. W. F. HEGEL [1770-1831] : Leçons sur la philosophie de l’histoire, Troisième partie, Troisième section, Chapitre II : Le christianisme (Trad. Gibelin, Vrin, 1945, pp. 291-304). • M.-FR.-P. GONTIER DE BIRAN [1766-1824], Dernière philosophie. Morale et religion, Notes sur l’Évangile de Jean (Edition de Launay, Vrin, 1987, pp. 149-163). • F. W. J. SCHELLING [1775-1854], Philosophie de la révélation, Deuxième partie, Livre III, Leçons XXIV à XXVIII (Trad. Marquet-Courtine ss dir., PUF, 1994, pp. 23-137). • MICHEL HENRY [1922-2002], « Archi-christologie » et « L’Incarnation dans une phénoménologie radicale », dans Phénoménologie de la vie, Tome IV (Paris, PUF, 2004, pp. 113-129 et 145-154).