Notes pays MALI Le Mali met un accent particulier sur le développement des chaînes de valeur mondiales (CVM) grâce notamment au programme de compétitivité et de diversification agricoles (PCDA) et aux Initiatives intégrées pour la croissance économique (IICM). Le PCDA est un projet de promotion des chaînes d’approvisionnement initié par le gouvernement. Il a pour objectif le développement, l’accroissement et la diversification des revenus et des opportunités économiques en milieu rural, à travers des améliorations dans l’organisation et les performances des chaînes d’approvisionnement (de la production à la mise sur le marché) des filières agricoles, d’élevage et de pêche à vocation commerciale pour lesquelles le Mali jouit d’un avantage compétitif confirmé. Le projet a pour ambition de promouvoir l’agriculture commerciale comme alternative à l’agriculture de subsistance et constitue une opportunité pour les professionnels d’élargir leur base de revenu dans le cadre d’une agriculture de marché plus adaptée et plus performante. Il vise à transformer des filières commerciales à valeur ajoutée en industrie à part entière, porteuse de développement et intégrant le secteur privé et le paysannat dans une logique de croissance partagée. Les interventions sont basées sur la notion de filière et visent la création de valeur à tous les maillons de la chaîne. Elles sont réalisées à la demande et initiées par le secteur privé. Il s’agit de favoriser le dialogue et la création de partenariats public-privé en mettant en place des arrangements contractuels permettant d’intégrer les producteurs aux marchés. Les filières concernées sont : la mangue, la pomme de terre, l’échalote, l’oignon, le karité, la papaye, la tomate, le poisson, le lait, le bétail sur pied et la viande. Pour le Mali, l’intégration aux CVM offre de réelles opportunités en termes de création d’emplois, en particulier pour les jeunes. Elle devrait également permettre l’accès à des technologies nouvelles avec la formation de meilleures compétences nationales, et le développement d’activités économiques à plus forte valeur ajoutée pouvant contribuer à l’industrialisation du pays. Toutefois, des menaces pourraient être associées au développement des CVM à travers l’apparition d’enclaves économiques étrangères n’ayant pas assez de liens avec l’économie locale, la surexploitation et l’épuisement des ressources naturelles, la dégradation des normes sociales et environnementales (notamment dans le secteur des mines), ainsi que l’exposition à des crises importées en raison d’une plus grande connectivité à l’économie mondiale. Le pays dispose de potentialités pour tirer parti des CVM dans les secteurs de l’industrie extractive, de l’agro-industrie, de l’élevage, de l’artisanat et du tourisme. Afin de mettre à profit ces opportunités, le gouvernement devrait adopter des politiques et stratégies permettant de corriger certaines faiblesses identifiées telles que l’enclavement du pays, l’accessibilité et la fiabilité de l’énergie, la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée, le faible pouvoir d’achat et la corruption. L’installation de l’unité de transformation de mangues de la coopérative des femmes « Diguiya » de Yanfolila, soutenue par le gouvernement du Mali et le PNUD, est un bon exemple de projet destiné à accroître la valeur ajoutée des fruits et légumes exportés. Elle permet le développement des capacités des membres de la coopérative et l’amélioration des conditions de vie des femmes. La capacité de production est d’environ 150 000 pots de confitures par an destinés au marché national et à l’exportation. Une diversification ultérieure pourrait permettre la transformation d’autres fruits. Le chiffre d’affaires indicatif est de 37.7 millions XOF la première année et devrait atteindre 205 millions au bout de cinq ans. L’unité permet d’employer 20 salariés, auxquels s’ajoutent les emplois indirects constitués par les producteurs de fruits et légumes de la localité, les cueilleurs qui approvisionnent l’unité et les fournisseurs d’intrants. Dans le secteur du coton, 2e produit d’exportation du Mali, le projet d’appui à la filière cotontextile (PAFICOT), financé par la Banque africaine de développement, participe également au développement des chaînes de valeur. Il soutient non seulement l’amélioration de la production et de la productivité (promotion des intrants améliorés, recherche agricole et coopération scientifique régionale, facilitation de l’accès au crédit des cotonculteurs), mais met aussi l’accent sur la commercialisation/distribution (établissement de liens producteurs-marchés, construction/ 152 Perspectives économiques en Afrique - Édition thématique © BAfD, OCDE, PNUD 2014 www.africaneconomicoutlook.org/fr/pays réhabilitation de pistes rurales, construction de magasins de stockage) et la transformation (création et renforcement des capacités des centres nationaux de transformation). Les partenaires potentiels pour développer les chaînes de valeur avec le Mali sont : l’Europe notamment dans le cadre du partenariat UE/ACP, la Chine, certains pays émergents (Inde, Brésil, Turquie, Venezuela, etc.) et maghrébins (Maroc, Egypte, Tunisie) avec lesquels le pays développe d’intenses relations commerciales, financières et économiques. En guise d’illustration, la Banque internationale pour le Mali (BIM), qui a été rachetée par le Groupe marocain Attijariwafa Bank, travaille déjà au renforcement des relations commerciales et industrielles entre les entreprises maliennes et marocaines. Elle devrait jouer à l’avenir un rôle majeur dans le développement des chaînes de valeur au Mali en facilitant la création de joint ventures maroco-maliennes. Le Groupe Attijariwafa Bank devra offrir des services permettant d’attirer davantage de capital marocain dans les filières disposant de potentialités. De même, l’installation d’une usine de montage de tracteurs indienne dans la ville de Samaya, à quelques kilomètres de Bamako, pourrait servir de point de départ au développement d’une autre chaîne de valeur. © BAfD, OCDE, PNUD 2014 Perspectives économiques en Afrique - Édition thématique 153