Evaluation sommative en simulation Travail de mémoire Diplôme Universitaire de Formateur à l’Enseignement de la Médecine sur Simulateur Faculté de médecine de Paris Descartes, Paris Avril 2016 Jacques Berthod, infirmier anesthésiste Responsable de formation, Service d’Anesthésiologie et de Réanimation, CHVR, Hôpital du Valais, Suisse Evaluation sommative en simulation Jacques Berthod, infirmier anesthésiste Responsable de formation, Service d’Anesthésiologie et de Réanimation, CHVR, Hôpital du Valais, Suisse Table des matières 1. Préambule _____________________________________________________________ 2 2. Evaluation en simulation selon le modèle de Kirkpatrick, modifié par Phillips ______ 2 3. Les différentes formes d’évaluation en andragogie ____________________________ 3 3.1. L’évaluation formative ___________________________________________________ 4 3.2. L’évaluation sommative __________________________________________________ 4 3.3. L’auto-évaluation ________________________________________________________ 4 3.4. L’évaluation diagnostique _________________________________________________ 4 3.5. Les différentes formes d’évaluation dans le modèle de Kirkpatrick _______________ 4 4. Evaluation formative et évaluation sommative dans la formation suisse des infirmiers anesthésistes _______________________________________________________________ 4 4.1. 5. 6. Evaluation semestrielle sommative__________________________________________ 5 Evaluation formative et sommative en simulation en dehors de la santé ___________ 6 5.1. L’aéronautique __________________________________________________________ 6 5.2. La marine marchande ____________________________________________________ 7 5.3. L’industrie nucléaire _____________________________________________________ 7 Evaluation formative et sommative en simulation dans les professions de la santé ___ 7 6.1. Evaluation formative _____________________________________________________ 7 6.2. Evaluation sommative ____________________________________________________ 7 6.2.1. Expériences dans l’évaluation sommative en simulation chez les médecins anesthésistes ______ 8 6.2.2. Expériences dans l’évaluation sommative en simulation chez les infirmiers et les infirmiers anesthésistes. ________________________________________________________________________ 9 6.2.2. Limites de l’évaluation sommative en simulation ____________________________________ 10 6.3. Aspects psychométriques de l’évaluation sommative en simulation : ____________________ 10 les établissements de scores ____________________________________________________________ 10 7. Intégration de l’évaluation sommative en simulation pour les infirmiers en formation d’anesthésie ______________________________________________________________ 13 7.1. Analyse des données et constitution des situations cliniques ____________________ 13 7.2. Objectifs d’apprentissage ________________________________________________ 13 7.3. Types de situations et choix des scénarios ___________________________________ 14 7.4. Référencement pour la création de scénarios ________________________________ 14 7.5. Rédaction des scénarios et établissement des grilles d’évaluation________________ 16 7.6. Déroulement du projet __________________________________________________ 17 8. Evaluation en simulation dans les professions de la santé en formation continue ___ 17 9. Conclusion ___________________________________________________________ 19 10. Annexes _____________________________________________________________ 22 page 1/22 Evaluation sommative en simulation « L’évaluation influence fortement la motivation d’un étudiant à apprendre, en lui fournissant des informations qui participent à son sentiment de compétence par rapport aux tâches d’apprentissage proposées. » Jean Jouquan (12) 1. Préambule Responsable de formation pratique dans mon institution pour les professionnels infirmiers en formation d’anesthésiologie (PFA), je dois cependant suivre les instructions d’un centre de formation reconnu sur le plan suisse et auquel mon hôpital est lié par convention, le CHUV 1. Parmi mes tâches de formateur, je suis chargé d’évaluer régulièrement les PFA de manière formative, et également tous les six mois de façon sommative. Deux éléments doivent être évalués séparément : la réalisation d’une anesthésie générale et la qualité du travail du semestre écoulé. Les deux éléments doivent être validés pour poursuivre la formation. L’outil d’évaluation du travail des 6 derniers mois est basé sur une liste de 87 items, qui correspond chacun à une compétence précise. Un logiciel calcule ensuite le rapport entre les compétences dont le niveau est considéré comme « normatif » et celles où le niveau est insuffisant. Ce rapport en % du maximum de points possibles permet, en appliquant un tableau de correspondance, de connaître la note. Parmi ces 87 items, je dois notamment évaluer leurs compétences lorsque le patient se trouve en danger vital selon 5 critères pré-définis, et dont le niveau taxonomique évolue en cours de formation. Souvent, j’ai été confronté à la difficulté de savoir comment évaluer un PFA sur les compétences en situation d’urgence, parce que je n’avais pas réellement de situation vécue par le PFA me permettant d’avoir un jugement objectif, surtout en première année de formation. L’hypothèse de mon travail est que la simulation, sous certaines conditions, pourrait me permettre d’évaluer les PFA en situation d’urgence lors de séances de simulation. Des scénarios pré-établis seraient les cas d’examen. La complexité de ces situations et le niveau de compétences attendues grandirait avec l’expérience du PFA. 2. Evaluation en simulation selon le modèle de Kirkpatrick, modifié par Phillips Le travail du formateur ne consiste pas seulement à transmettre un savoir, mais également à vérifier que ce savoir a été assimilé par le participant. L’évaluation, sous différentes formes, doit pouvoir répondre à cette interrogation. Parmi les nombreuses théories sur l’évaluation, celle de Donald Kirkpatrick, chercheur américain, fait référence dans la formation en entreprise. Ce concept, publié en 1959, est composé de 4 niveaux. Il permet au formateur d’évaluer la qualité de sa formation. Certains, dont Phillips en 1997, ont proposé des variantes, en voulant également évaluer le retour sur investissement (1), ajoutant ainsi le critère de l’efficience de la formation. On aboutit ainsi à une échelle à 5 niveaux progressifs qui comprend : 1) La réaction (le degré de satisfaction des apprenants) 2) Les apprentissages (acquisition des connaissances, habiletés et/ou attitudes) 3) Les comportements (transfert sur le lieu de travail des apprentissages) 1 CHUV : Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, centre de formation auquel est rattaché l’Hôpital du Valais Page 2/22 4) Les résultats (impact de la formation sur l’entreprise avec augmentation de la performance) 5) Le retour sur investissement (rapport entre le coût de la formation et les bénéfices ou économies engendrées par celle-ci) L’échelle de Kirkpatrick est souvent utilisée pour évaluer la formation en simulation, habituellement sur les 3 premiers niveaux, rarement sur le 4ème niveau. Il est en effet difficile de prouver que l’amélioration de la qualité des soins aux patients est due uniquement à la formation en simulation. Le 5ème niveau ajouté par Philips qui concerne l’efficience est encore plus difficile à évaluer en médecine. La formation en simulation a souvent un coût élevé à cause de l’investissement en matériel, locaux, temps et personnel nécessaire. Si l’objectif de toute formation en santé est d’améliorer la qualité des soins aux patients, la formation en simulation vise souvent la réduction des événements graves indésirables en mettant les participants dans des situations critiques, comme l’arrêt cardiaque, ou l’intubation difficile. Comme tous les hôpitaux cherchent à diminuer ces événements, ils mettent en place différents moyens (p.ex. : création de check liste, algorithmes, colloques de revue morbidité-mortalité) pour y parvenir. La formation en simulation n’est qu’un des moyens et il est très difficile de quantifier l’impact de la simulation dans la diminution des événements graves indésirables, et donc des coûts de la santé pour un hôpital précis. 3. Les différentes formes d’évaluation en andragogie Si l’art et la science d’enseigner aux enfants désignent la pédagogie, le même concept appliqué aux adultes s’appelle l’andragogie. Dans la forme traditionnelle de l’enseignement aux enfants, l’enseignant décide du contenu de la formation, et son expérience sert de fondement à son apprentissage. La motivation des apprenants est stimulée par des signes extérieurs comme des notes ou des approbations. En andragogie, les adultes sont prêts à apprendre si les connaissances leur permettent d’affronter des situations réelles. L’apprentissage ne peut être dissocié du besoin de développement. Les adultes apprennent mieux si les connaissances, les compétences et les attitudes sont présentées dans le contexte de leur mise en application sur des situations réelles. Les adultes sont motivés intérieurement par le désir d’accroître leur satisfaction professionnelle et leur estime de soi (2). L’évaluation est l’action de comparer des éléments (processus, action, réflexion) issus d’un observable (ou référé) avec un référent (compétences et connaissances attendues) à l’aide de critères qualitatifs ou quantitatifs pour produire une information éclairante sur l’observable, afin de prendre une décision (3). Comme l’a expliqué le Pr. Jean-Michel Chabot dans le cours de pédagogie destiné aux formateurs en simulation, l’évaluation est l’élément le plus important du cercle vertueux de l’éducation qui comprend l’analyse des besoins, la formulation des objectifs, la définition des moyens d’apprentissage et enfin l’évaluation des compétences. Il conditionne l’apprentissage de l’étudiant et détermine ainsi un niveau minimal de connaissances ou de compétences à acquérir pour obtenir une certification, ou un diplôme. En pédagogie comme en andragogie, on trouve 4 différentes formes d’évaluation : - l’évaluation formative - l’évaluation sommative - l’auto-évaluation - l’évaluation diagnostique/ou pronostique Page 3/22 3.1. L’évaluation formative Elle fait partie intégrante du processus d’apprentissage et sert à recueillir les informations permettant de connaître le degré de maîtrise atteint, et situer les difficultés éventuelles des apprenants afin de leur proposer ou de leur faire découvrir les moyens de les surmonter. Elle se veut un outil d’aide aussi bien pour l’enseignant que pour l’apprenant. L’erreur de l’élève est perçue comme moyen de résolution des problèmes (4). Dans un programme de formation, elle devrait composer la majeure partie des différentes formes d’évaluation. 3.2. L’évaluation sommative Elle a pour but de sanctionner (positivement ou négativement) un acte d’apprentissage afin de valider un niveau de compétences correspondant à une norme. Une série d’indicateurs permet d’objectiver et de quantifier cette évaluation (5). Elle est nécessaire dans la formation initiale, car elle permet soit le passage à une étape ultérieure de formation, soit sur une reconnaissance officielle d’un niveau normé de compétences (certificat, diplôme). 3.3. L’auto-évaluation L’auto-évaluation est la seule des différentes formes d’évaluation qui est pratiquée par le participant, et non pas par le formateur. Son but est de permettre au participant de découvrir par lui-même ses forces et ses faiblesses, et également les moyens de s’améliorer. Cet apprentissage n’est pas toujours facile, parce qu’il implique de porter un regard critique sur soi-même, à l’aide de critères et de marqueurs prédéfinis (6). 3.4. L’évaluation diagnostique Elle a pour but de faire le point à un moment donné sur un certain niveau de compétences et/ou de connaissances. Tout processus idéal de formation devrait commencer par une évaluation diagnostique afin que le formateur adapte son cours en fonction des connaissances acquises. Pour le pédagogue Dominique Courtillot (7), l’évaluation diagnostique doit être courte, décontextualisée autant que possible, non notée et peut se faire individuellement ou en groupes. 3.5. Les différentes formes d’évaluation dans le modèle de Kirkpatrick Ces quatre formes d’évaluation se retrouvent dans les trois premiers niveaux du modèle de Kirkpatrick. En demandant au participant d’auto-évaluer son degré de satisfaction à la fin d’une formation, on recherche à quantifier le 1er niveau. Un pré-test avant une formation permet de faire une évaluation pronostique et servira à évaluer les apprentissages avec le posttest (2ème niveau). Le post-test, réalisé en fin de formation, est une évaluation formative ou sommative du 2ème niveau. Enfin, un examen des compétences réalisé au lit du patient, au terme d’une formation initiale, est une évaluation sommative du 3ème niveau du modèle de Kirckpatrick. 4. Evaluation formative et évaluation sommative dans la formation suisse des infirmiers anesthésistes Selon le référentiel des études post-diplôme (8) du CHUV, « l’évaluation formative est centrée sur le processus d’apprentissage du PFA. Elle permet de suivre l’évolution des compétences, le niveau d’atteinte des objectifs fixés et de déterminer les axes de progression. Elle ne fait pas l’objet d’une notation, mais d’annotations dans le référentiel de compétences. L’évaluation formative repose sur les capacités d’auto-évaluation et de réflexivité. Elle est pratiquée tout au long des études, entre autres lors d’enseignements cliniques, de supervision, d’analyse de pratiques, d’encadrements ponctuels ou d’études de cas. Page 4/22 L’évaluation sommative est une vérification intermédiaire ou finale d’une démarche d’apprentissage. L’évaluation sommative évalue les acquis et se solde par une note permettant une prise de décision : le passage du professionnel en formation d’une phase à une autre ou la certification finale de ses compétences. Les évaluations sommatives, conduites au terme de chacune des quatre périodes, font l’objet d’une notation sur une échelle de 0 à 6. La note de passage doit être 4 ». L'évaluation sommative des quatre périodes comporte deux volets : les connaissances et les compétences. Les connaissances sont évaluées par un examen écrit, tandis que les compétences sont objectivées de deux manières : une évaluation sur le travail du semestre écoulé, ainsi que la réalisation d’une anesthésie sur un patient, dont la difficulté de prise en charge doit être adaptée au niveau de formation. 4.1. Evaluation semestrielle sommative Lors de l’évaluation semestrielle, les différentes compétences observées pendant les 6 derniers mois sont notées selon une taxonomie prédéfinie (maîtrise initiale, maîtrise professionnelle partielle, maîtrise professionnelle affirmée et niveau d’expertise). Ces différents termes sont définis dans le document afin que l’évaluation soit le plus reproductible possible, indépendamment de la personne qui la réalise. 4 processus sont définis, et chacun est décliné en compétences spécifiques, qui sont détaillées selon une liste d’items. Chaque item doit être évalué par un niveau taxonomique différent en fonction de la période de formation, et dans des conditions de complexité de travail augmentant semestriellement. Il est possible de ne pas noter un item si le formateur n’a pas de critères pour l’évaluer (situation non observée pendant le semestre écoulé). Souvent, la compétence 1.3 (figure 1) est peu ou pas évaluée, parce qu’aucune situation clinique correspondant à cette compétence ne s’est présentée pendant le semestre écoulé. Figure 1 : compétence 1.3 du référentiel des études post-diplôme en soins d’anesthésiologie Cette compétence est pourtant essentielle en anesthésie, qui est une discipline médicale pendant laquelle le patient peut rapidement présenter des problèmes aigus, qu’il faut savoir reconnaître et traiter sans délai. Si la pratique clinique ne permet pas au formateur d’évaluer si l’apprenant possède les compétences nécessaires lors de ce type de situations, il paraît raisonnable d’envisager d’autres moyens d’évaluation. La simulation a l’avantage de créer les situations que l’on souhaite évaluer. De plus, une évaluation sommative pratiquée dans le contexte de la simulation garantit une certaine équité de traitement, puisque chaque étudiant peut être évalué dans la même situation aigüe, ce qui n’est jamais le cas dans la pratique clinique. Si le concept est attrayant, il paraît peu utilisé pour le moment. La simulation est essentiellement utilisée comme moyen pédagogique complémentaire, rarement en situation Page 5/22 d’examen. Pour valider ou non les performances du participant en simulation, le formateur devra s’aider d’outils spécifiques. Ces derniers devront provenir de concepts référencés et validés. Pratiquée de la sorte, l’évaluation sommative en simulation pourrait devenir une application précise et pertinente du 2ème niveau du modèle de Kirkpatrick. Afin de connaître comment réaliser ce type d’évaluation, la recherche de publications sur cette thématique est la première étape indispensable. 5. Evaluation formative et sommative en simulation en dehors de la santé La simulation est reconnue comme étant un moyen interactif et performant pour la formation initiale, comme pour la formation continue. Pourtant, la place de l’évaluation formative, et surtout sommative, n’a pas partout la même importance en fonction du milieu professionnel, et du contexte politique ou culturel. Dans un rapport de mission sur l’état de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé (9), la Haute Autorité de Santé (HAS) publie, grâce aux travaux du Pr Jean-Claude Granry et du Dr Marie-Christine Moll, le résultat de leurs recherches dans ce domaine. Selon eux, trois secteurs d’activité ont particulièrement développé la simulation dans leur domaine respectif : 1) L’aéronautique 2) La marine marchande 3) L’industrie nucléaire 5.1. L’aéronautique Si l’aéronautique est considérée comme un moyen de transport sûr (risque évalué à 1 :106) (10), c’est sans doute grâce à l’effort constant des compagnies aériennes pour améliorer la formation de leur personnel, et notamment des pilotes. Les réglementations internationales ont imposé la simulation comme formation continue afin d’entraîner les équipes à résoudre les pannes les plus diverses. Chaque situation fait l’objet d’une évaluation soit formative, soit sommative. Dans le guide du développement et d’évaluation des pilotes (11), publié en décembre 2014 par le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, un système de notation de quatre niveaux différents est développé : 1. Non acceptable : nécessite un réentraînement adapté ; 2. Acceptable mais inférieur au niveau standard requis par l’exploitant : nécessite un débriefing approfondi pour atteindre le niveau standard ; 3. Standard : un débriefing adapté pointera les éventuelles pistes d’amélioration ; 4. Excellent : compétences au-delà du standard attendu, le débriefing pointera les points forts. Comme la médecine l’a fait plus tard, l’aéronautique distingue les compétences techniques (applications des procédures, connaissances, pilotage manuel, utilisation des automatismes) et les compétences non-techniques (leadership et travail d’équipe, gestion de la charge de travail, conscience de la situation, communication, prise de décision). Des scénarios sont créés par les instructeurs pour permettre d’évaluer ces compétences. Une formation des instructeurs s’est révélée nécessaire notamment pour l’évaluation des compétences nontechniques, en insistant sur l’importance des débriefings et de la justification par des observations de faits techniques. Enfin, des indicateurs ont été créés afin de standardisation des évaluations. Ces évaluations permettent à détecter des pilotes en « zone grise », dont les compétences globales sont acceptables, mais pour lesquels des pistes de progrès importants ont été identifiés. Une formation adaptée peut alors leur être proposée afin de prévenir un échec lors d’un contrôle ultérieur. Page 6/22 L’évaluation formative et sommative fait donc partie intégrante de la formation initiale, mais également continue, d’un pilote professionnel. 5.2. La marine marchande Pour la marine marchande, les impératifs de sécurité rejoignent l’aéronautique et la médecine : l’accident n’est plus tolérable. Cela a abouti à une réglementation datant du 30 juin 1999. Celle-ci spécifie les caractéristiques des simulateurs utilisés pour des formations conduisant à la délivrance d’un titre de formation professionnelle maritime, ainsi que ceux utilisés pour évaluer les compétences requises ou pour toute démonstration du maintien des compétences. Cela fait donc plus de 15 ans que l’évaluation formative et sommative existe dans ce secteur professionnel. 5.3. L’industrie nucléaire L’entreprise EDF (Electricité de France) a développé depuis de nombreuses années des simulateurs partiels ou à l’échelle 1 :1 pour la formation des équipes de conduite des réacteurs nucléaires. Utilisée sans contestation pour l’évaluation en formation initiale, la simulation n’est utilisée que depuis 2005 pour le renouvellement de la validation des capacités. La compagnie EDF a rencontré une forte opposition d’une certaine catégorie du personnel, soutenue par des organisations syndicales. Les auteurs concluent que « l’évaluation continue par la simulation doit être intégrée très tôt dans l’organisation, sinon les habitudes prises peuvent délégitimer le simulateur comme outil d’évaluation ». Dans ce secteur professionnel où l’accident peut avoir des conséquences mortelles pour une grande population, l’évaluation formative et sommative fait partie intégrante des mesures de sécurité. 6. Evaluation formative et sommative en simulation dans les professions de la santé 6.1. Evaluation formative L’évaluation formative en simulation est une évidence pour la plupart des formateurs. Une séance de simulation se compose de plusieurs temps qui doivent se succéder : le briefing (explication du fonctionnement du matériel, de la situation de soins), le déroulement du scénario (la situation de soins), et le débriefing (discussion ouverte mais guidée sur le déroulement de la situation de soins). Pendant ce moment d’échange, le formateur va animer les discussions en les faisant évoluer par trois phases successives : la phase descriptive (expression des ressenti des participants, chronologie des événements décrits par les participants), la phase d’analyse qui permet de revenir sur les actions ou décisions inappropriées. Les compétences non-techniques sont également discutées à ce moment. Enfin, la phase de synthèse permet de résumer les points essentiels à retenir et d’envisager quelle serait l’attitude des participants si une situation se représentait à eux. Pratiqué de la sorte, le débriefing est le parfait exemple de l’évaluation formative. 6.2. Evaluation sommative Si la simulation en santé est un moyen pédagogique moderne qui se développe partout dans le monde, elle est encore peu utilisée pour juger, évaluer avec des notes, ou valider une formation. En médecine, on est encore loin des concepts de formation continue évaluative de l’aéronautique, de la marine marchande ou de l’industrie nucléaire. Page 7/22 6.2.1. Expériences dans l’évaluation sommative en simulation chez les médecins anesthésistes Selon le rapport sur l’état de l’art en simulation (8), l’utilisation de la simulation pour l’évaluation sanctionnante se développe progressivement, notamment dans le milieu médical en anesthésiologie. Ce rapport mentionne d’ailleurs certains pays (Israël, Australie, NouvelleZélande). Aux Etats-Unis, les praticiens étrangers qui désirent exercer dans le pays, ou ceux qui ont interrompu leur activité pendant un certain temps, sont évalués en simulation sur leurs compétences techniques et non-techniques (12). L’utilisation de la simulation a permis de mieux préparer les candidats, en travaillant l’approche des situations cliniques, d’évaluer les capacités techniques, la réponse à des problèmes cliniques, la capacité à résoudre des problèmes, ou encore la précision de la tenue des dossiers médicaux. L'utilisation de la simulation a permis l'exploration de la préparation d'un candidat, l'approche à des situations cliniques, les capacités techniques, la réponse à des problèmes cliniques, la capacité à résoudre des problèmes, et la précision de la tenue des dossiers médicaux. Les auteurs considèrent que la simulation est un outil précieux dans le processus d'évaluation des médecins ayant des compétences médicales qui n’ont plus été actualisées. La simulation est également utilisée en Amérique du Nord pour la recertification des anesthésistes (programme MOCA2), mais il n’y a pas encore d’épreuve sommative, puisque seule la participation suffit à valider cette formation. Le comité national israélien des examens en anesthésie utilise l’évaluation sommative en simulation pour valider la fin du cursus de formation des internes en anesthésie (13). Pour réaliser ce programme, les examinateurs ont d’abord défini les situations cliniques que tout anesthésiste devrait reconnaître et traiter. Ils ont défini ainsi cinq problématiques : a) La prise en charge du polytraumatisé dans une salle d’urgence selon les lignes directrices de l’ATLS3 b) La prise en charge de l’arrêt cardiaque selon les directives de l’ACLS4 c) La gestion de crises au bloc opératoire, lors d’une anesthésie, comme par exemple une crise hypertensive pendant une induction d) Le réglage de la ventilation mécanique, avec l’interprétation de gazométries e) La gestion d’une anesthésie locorégionale avec un patient standardisé, se plaignant de douleurs à l’injection et présentant des convulsions peu après. La deuxième étape a été de définir avec des experts quelles sont les actions pertinentes que le candidat devait entreprendre pour chaque situation : Par exemple, lors de l’examen d’un patient dyspnéique aux urgences, les bonnes actions étaient (entre parenthèses : la réponse de l’examinateur) : · examen du cou (jugulaires distendues) · auscultation symétrique (râles bilatéraux) · observation du monitoring : TA, pls, sat, fr. resp · administration d’oxygène : type de masque et débit en l/min Chaque scénario comprenait entre 12 et 20 items qui étaient notés binairement (fait/pas fait). L’exercice était considéré comme réussi quand 70 % des critères étaient atteints. 2 MOCA : Maintenance Of Certification in Anesthesiology ATLS : Advance Trauma Life Support (formation sur la prise en charge du patient polytraumatisé) 4 ACLS : Advance Cardiac Life Support (formation sur la prise en charge de l’arrêt cardiaque) 3 Page 8/22 Enfin, les experts en simulation ont imaginé des scénarios dans lesquels ces situations cliniques étaient vraisemblables. Les examinateurs étaient des anesthésistes-seniors, recommandés par leur institution. Ils n’avaient pas tous une expérience antérieure en simulation, mais ont été formés à cette technique avant les épreuves. Les étudiants examinés étaient majoritairement favorables à cette forme d’évaluation et déclaraient qu’ils préféraient ce type d’examen à un examen oral. L’expérience israélienne montre que l’évaluation sommative en simulation a toute sa place, e notamment pour la formation des médecins anesthésistes. Si cette approche est possible pour valider la formation des médecins anesthésistes, elle est certainement aussi réalisable et valable pour valider la formation des infirmiers anesthésiques. Pourtant, selon les auteurs de cet article, seulement 7 à 14 % des centres de simulation utilisent la simulation pour l’évaluation des compétences. 6.2.2. Expériences dans l’évaluation sommative en simulation chez les infirmiers et les infirmiers anesthésistes. En Suisse, depuis quelques années, le passage des écoles d’infirmiers au niveau des HES (Hautes Ecoles Supérieures) a augmenté sensiblement le nombre d’étudiants, alors que le nombre de places de stages, et spécialement en soins aigus, a diminué. Ce changement a incité les HES à imaginer des méthodes pédagogiques pour remplacer l’apprentissage au lit du patient. La simulation a ainsi été renforcée dans les HES sous diverses formes : mannequins procéduraux, simulateur de moyenne à haute fidélité ou patients standardisés permettent d’acquérir ou de développer différentes compétences. Ces techniques de simulation sont surtout utilisées comme moyens pédagogiques pour permettre un apprentissage sans (vrai) patient. Les ECOS (Examen Clinique à Objectifs Structurés) qui sont pratiqués dans les universités suisses (14) depuis longtemps ont commencé à se développer dans les HES depuis 2012 (15). Ils sont utilisés aussi bien pour l’évaluation formative et sommative. L’étudiant est confronté à une situation avec un patient standardisé (acteur engagé par l’HES) et doit mener une évaluation clinique, un geste technique, ou conduire un entretien. L’étudiant doit passer par plusieurs postes en suivant un parcours défini. Chaque station est évaluée par des formateurs de l’HES. Dans le milieu de la formation des infirmiers-anesthésistes, la simulation se développe de plus en plus. De nombreux centres en Suisse comme le CHUV ou le HUG5 ont un centre de simulation dédié et l’utilisent pour la formation des infirmiers anesthésistes, mais sans pratiquer d’évaluation sommative. En France, d’après le rapport de l’HAS, l’évaluation formative en simulation est peu développée, voire inexistante. Aux Etats-Unis, la simulation dans le milieu paramédical est très développée. Une étude doctorale récente (2014) a démontré que la simulation pouvait être un outil précieux pour l’évaluation des stagiaires en anesthésiste, la certification et le recertification des infirmiers anesthésistes (16). Dans le domaine de la formation continue en anesthésie, comme dans les secteurs de soins aigus (soins intensifs, urgences), plusieurs formations certifiantes (médicales ou paramédicales) concernant la réanimation (ACLS, ALS, ATLS, PALS) utilisent la simulation couplée à un test écrit pour valider la formation des participants. Souvent, c’est un second formateur qui fait office de participant aidant multiple, exécutant à perfection toutes les tâches 5 HUG : Hôpitaux Universitaires de Genève Page 9/22 du candidat. Ce dernier est ensuite évalué à l’aide d’une grille prédéfinie où toutes les actions sont listées de manière chronologique. L’évaluation de chaque action est notée comme étant excellente, acceptable, limite (bordeline) ou non-acquise. Les points essentiels de la prise en charge sont indiqués et une action notée non-acquise entraîne l’échec de l’examen. Une remédiation avec un autre scénario est souvent possible la même journée. Ces quelques exemples démontrent que l’évaluation sommative en simulation est possible, mais qu’elle nécessite le respect d’un certain nombre de critères. Elle répond d’ailleurs à l’une des 10 propositions de l’HAS (9) : La simulation peut être utilisée comme un outil de validation des compétences (ou de transfert de compétences) des professionnels au sein de structures « certifiées ». 6.2.2. Limites de l’évaluation sommative en simulation L’évaluation sommative en simulation a donc un certain intérêt, mais aussi des limites, comme l’a démontré Eric Wiel de Lille (17). Réalisée le plus souvent en fin de formation (ou d’une étape de formation), elle permet à l’apprenant d’optimiser ses compétences, afin de s’améliorer tout au long de son activité. Elle doit aussi inciter le formateur à se positionner sur le contenu de son programme formation, et à la réajuster si nécessaire. Lorsque cette évaluation sommative aboutit à un certificat, elle garantit la valeur du programme de formation et également l’acquisition de compétences pour celui qui l’a suivi. Les limites sont principalement de trois ordres : a) la disponibilité et la compétence de l’évaluateur, et la subjectivité de son jugement b) la contrainte de temps pour l’organisation des séances de simulation c) le ressenti négatif du participant par rapport au débriefing, vécu parfois comme une remise en cause de ses propres pratiques. Pour être le plus objectif possible, l’évaluation sommative doit s’appuyer sur des paramètres de mesure fiables et valides. C’est probablement la plus grande difficulté de ce concept. Si la réussite de l’examen sur simulateur dépend de l’obtention d’une certification, il faut être très vigilant sur le niveau de fidélité des simulateurs, afin qu’ils se comportent de façon standardisée lors des séances de simulation. Une différente de réponse du simulateur pour une même action effectuée par deux étudiants différents ne serait pas acceptable. L’évaluation sommative doit donc donner un jugement (dépassement d’un seuil prédéterminé), doit être valide (mesure de quelque chose de précis), reproductible (le même test répété donne les mêmes résultats), être accepté par les participants et bien sûr réalisable (18). L’évaluation sommative doit être intégrée un programme de formation, nécessite d’avoir des formateurs qualifiés sur le plan pédagogique et être experts dans le domaine évalué. Même sil existera toujours une part de subjectivité dans ce type d’évaluation, elle a le mérite d’être innovante et d’ouvrir de nouveaux horizons à la simulation. 6.3. Aspects psychométriques de l’évaluation sommative en simulation : les établissements de scores Les Pr Jean-Paul Fournier et Jacques Levraut, du CHU de Nice, ont étudié de manière exhaustive les aspects psychométriques liés à l’évaluation en éducation médicale par la simulation (19). La description ci-dessous reprend les grandes lignes de leur analyse. Page 10/22 S’ils estiment l’approche séduisante, ils relèvent des difficultés méthodologiques qui en limitent l’usage. Les sources dans la littérature sont limitées en ce qui concerne l’utilisation de simulateurs de haute et basse fidélité pour ce type de procédure. Pourtant, ces derniers ont l’avantage de pouvoir reproduire des situations rigoureusement standardisées, permettant ainsi d’évaluer des prises en charge complexes, avec notamment le travail d’équipe. La première étape consiste à définir les points à évaluer : connaissances professionnelles et compétences techniques, compétences non-techniques (prise de conscience de la situation, leadership, travail en équipe, prise de décision). Ensuite, il faudra préparer l’évaluation qui permettra de mesurer ces différents éléments définis plus tôt. Enfin, l’organisation matérielle de la séquence, afin de la rendre la plus fidèle possible, permettra la réalisation de la séquence, tout en acceptant les limites techniques du simulateur. La mesure de la performance par l’établissement de scores utilise les quatre critères principaux développés ci-dessous : a) La grille d’évaluation Appelée aussi processus explicite, elle permettra de valider des actions effectuées (totalement, en partie, pas du tout). Une bonne grille doit être développée à partir des données scientifiques et aura le mérite d’être objective. Le score obtenu pourra ainsi être très proche de l’évaluation globale. Certaines échelles ont été validées pour des simulateurs en fonction de la discipline médicale, comme la chirurgie (score OSATS6), l’anesthésie ou le travail d’équipe. La fidélité de ces scores est jugée acceptable par les experts. L’objectif est que les situations rencontrées sont proches de la vie réelle, l’extrapolation des résultats à la pratique réelle sera validée. b) L’évaluation globale Elle mesure un processus implicite. Au lieu de regarder la performance comme une succession d’actes, l’évaluateur apporte son jugement sur la performance globale. Pour autant que l’évaluateur soit un expert dans le domaine examiné, ce type d’évaluation est considéré valide et fidèle. La prise en charge complète du patient, son devenir, le délai dans la réalisation des actes et leur séquence peuvent être évalués. La communication et le travail en équipe sont des tâches complexes qui peuvent également être jugés par l’évaluation globale. Enfin, des options thérapeutiques inappropriées peuvent également êtres prises en compte, alors qu’elles n’apparaîtront habituellement pas dans les grilles. c) Le résultat explicite Il correspond au devenir du patient. Si la prise en charge a été correcte, son état s’est amélioré et ses constantes sont stables. Si ce paramètre est facile à mesurer avec des vrais patients, elle dépend non seulement de la prise en charge du simulateur patient par le participant, mais également de la manière dont le simulateur a été paramétré pour réagir aux soins qui lui ont été prodigués. d) Le résultat implicite C’est un élément que l’on peut observer sur un simulateur et dont on peut supposer (sans l’affirmer) que l’action sera de même qualité sur l’humain (pose de voie veineuse sur simulateur, intubation sur mannequin) Les scores obtenus par chacune des ces techniques d’évaluation sont significativement corrélés. Une évaluation complète utilise deux ou plusieurs de ces critères pour être le plus objectif possible. 6 OSATS : Objective Structured Assessment of Technical Skill, grille d’évaluation chirurgicale développée par Martin et collaborateurs Page 11/22 e) La généralisation Si le nombre de scénarios est faible, et leur nature est peu variée, les scores obtenus par ces exercices seront peu ou pas généralisables et la fidélité sera insuffisante. L’évaluation en simulation ne sera pas représentative de la compétence du domaine considéré et le résultat sera faussé, vers le haut ou vers le bas. Afin de ne pas tomber dans ce travers, il convient de préparer un nombre suffisant de cas pour l’examen et d’avoir plusieurs évaluateurs afin de limiter le risque d’avoir des jugements trop sévères ou trop indulgents. Une publication de Paskins (citée par JP Fournier et J Levraut) indique que 4 à 6 cas avec un ou deux examinateurs par cas permettent d’obtenir une fidélité acceptable. f) L’extrapolation L’objectif du travail sur simulateur est d’apprendre sur un mannequin afin d’utiliser auprès du patient les connaissances et compétences acquises en formation. Pour cela, il est essentiel que le contexte d’apprentissage soit le plus semblable à la réalité. Pour cela, il faut que les scénarios sont les plus réalistes possible et aient une certaine complexité. L’estimation de la performance des participants sera ainsi valide, pour autant qu’ils aient pu réaliser un nombre de cas suffisants et d’une durée permettant une évaluation et une généralisation acceptable. Une évaluation d’un cas pratique semble plus acceptable par les étudiants que celle obtenue par un examen écrit. L’examen réalisé sur simulateur permet de quantifier un niveau de compétence atteint le jour de l’évaluation, mais est également prédictible du futur. Nishiaki, (cité par JP Fournier et J Levraut) a montré que les erreurs commises lors de séances de simulation par des anesthésistes étaient reproduites lorsque ces professionnels retournaient dans la pratique clinique. g) La validation intrinsèque et extrinsèque des scores Le score obtenu doit pouvoir renseigner sur le niveau de performance des étudiants. Dans le cas d’une évaluation faible, voire insuffisante, il est important d’éliminer tous les éléments qui ont pour biaiser l’évaluation : briefing incomplet, examen trop court, programmation du simulateur, durée inadaptée du test, jugements trop disparates entre évaluateurs, grille insuffisante. Ces scores doivent avoir une bonne validité intrinsèque, c’est-à-dire qu’ils doivent être sensibles et spécifiques (20). Une bonne sensibilité d’un score signifie que tous les étudiants qui ont obtenu un nombre défini de points ont atteint le niveau de compétences recherché. Figure 2 : mesure de la validité d’un score Performance suffisante VP Performance insuffisante FP Evaluation suffisante FN VN Evaluation insuffisante VP : étudiants ayant accompli une performance suffisante, et dont le score était suffisant FP : étudiants ayant accompli une performance insuffisante, mais dont le score était suffisant FN : étudiants ayant accompli une performance suffisante, mais dont le score était insuffisant VN : étudiants ayant accompli une performance insuffisante, et dont le score était insuffisant La sensibilité est donnée par le rapport VP/VP + FN, le résultat idéal est de 1, soit 100 %. Ce qui signifie que tous les étudiants ayant des compétences suffisantes ont réussi le test. La spécificité est obtenue par le rapport VN/VN + FP, le résultat idéal est également de 1, soit 100 %. Dans ce cas, tous les étudiants n’ayant pas de compétences suffisantes ont obtenu lors de l’évaluation. Page 12/22 Si la validité intrinsèque d’un test permet de mesurer la compétence de l’étudiant sur simulateur et au moment de l’examen, la validité extrinsèque représente la qualité de ce test à évaluer les compétences de l’étudiant en situation réelle, au lit du patient. On parle alors de valeur prédictive positive, si les compétences évaluées comme suffisantes en simulation le sont également en situation réelle, et de valeur prédictive négative si les compétences qui étaient insuffisantes en simulation le sont toujours quand les étudiants retournent en clinique. La valeur prédictive positive est calculée par le rapport VP/VP+ FP, alors que la valeur prédictive négative s’obtient par le rapport VN/VN+FN. Pour améliorer ces scores, on peut également les comparer avec ceux obtenus lors d’autres évaluations sur des domaines de compétences identiques, lors d’un examen écrit ou d’une analyse de situation au lit du malade. Enfin, ces scores doivent également détecter le niveau différent des apprenants. Plus une personne a un cursus avancé dans sa formation (médecin senior, médecin junior, étudiant en médecine), plus son score doit être meilleur. 7. Intégration de l’évaluation sommative en simulation pour les infirmiers en formation d’anesthésie Pour mener à bien, une évaluation par la simulation, il faut réunir de nombreuses conditions, dont certaines ont déjà été développées avec les patients standardisés : 1. Définir les objectifs d’apprentissage à évaluer, en fonction du niveau de compétence attendue 2. Définir le nombre et le type de situations que chaque étudiant devra résoudre 3. Elaborer des scénarios permettant l’évaluation des objectifs fixés, tout en rédigeant simultanément des scores à l’aide de grilles (si possible publiées et validées) et d’évaluation globale 4. Choisir la technique de simulation appropriée 5. Veiller à obtenir une bonne généralisation de l’examen par différentes épreuves pour pouvoir extrapoler à la vie réelle les situations vécues en simulation 7.1. Analyse des données et constitution des situations cliniques L’analyse des différents thèmes développés plus haut démontre que l’évaluation sommative en simulation est possible, notamment en formation initiale, pour autant que le cadre est bien défini et que certaines règles soient respectées. Pour mener à bien à ce projet, il est essentiel d’avoir des situations cliniques qui permettent de définir les objectifs d’apprentissage à évaluer, en fonction des compétences attendues. 7.2. Objectifs d’apprentissage Pour ce projet, l’objectif est donné par le référentiel de formation des infirmiers anesthésistes (cf. figure 1) : A la fin de chaque semestre de formation, les professionnels en formation seront évalués sur leur compétence à… prendre les mesures d’urgence et/ou de réanimation pour le patient en danger en : 1) reconnaissant les situations où la vie du patient est menacée et en les analysant de façon systématique et rapide 2) planifiant les mesures prioritaires d’urgence requise 3) sollicitant les ressources nécessaires en personnel spécialisé ainsi qu’en matériel et en appareils 4) évaluant l’efficacité des mesures d’urgences et de réanimation et en les complétant au besoin Page 13/22 7.3. Types de situations et choix des scénarios En s’inspirant de l’exemple israélien pour la méthodologie, je vais lister d’abord les problématiques principales que je souhaite pouvoir évaluer. Dans ce domaine, la référence pour les anesthésistes est sans conteste le livre : Crisis Management in Anesthesiology (21). Les auteurs classent les situations de crises en quatre catégories : a) Les problèmes de matériel b) Les problèmes liés au patient c) Les problèmes liés à la chirurgie d) Les problèmes liés à l’anesthésie Cette approche est pertinente et à l’avantage d’être déjà validée. Je vais donc la prendre comme base de travail. En suivant le plan préconisé par les Pr Jean-Paul Fournier et Jacques Levraut, il faut ensuite déterminer le nombre et le type de scénarios à réaliser par étudiant. Selon Paksins, il faut 4 à 6 scénarios avec deux évaluateurs pour obtenir une fidélité acceptable. Il y a aura donc environ 24 scénarios d’examen (6 par semestre), en tenant compte que le niveau de compétences attendues (défini par le référentiel de formation) est progressif pendant la formation. La troisième étape qui constitue la création des scénarios, ainsi que la grille d’évaluation de chaque scénario est la plus grosse partie du travail. Pour choisir quelles sont les situations les plus représentatives des situations d’urgence, j’ai comparé cinq sources différentes. 7.4. Référencement pour la création de scénarios La première est le catalogue des événements critiques en anesthésie, répertoriés dans le livre : Crisis Management in Anesthesiology (21). Les auteurs ont établi une liste impressionnante d’événements critiques en anesthésie : · Les événements généraux (hémorragie, arrêt cardiaque, intubation oesophagienne,…) · Les événements cardio-vasculaires (syndrome coronarien, oedème pulmonaire, embolie gazeuse,..) · Les événements pulmonaires (aspiration gastrique, épiglotitte, pneumothorax,..) · Les événements métaboliques (acido-cétose, hypoglycémie, hyperthermie maligne,…) · Les événements neurologiques (toxicité aux AL, atteinte du SNC, délire post-op,…) · Les événements liés au matériel (défaut de valve, erreur de médicament, déficit d’apport en oxygène, défectuosité du ventilateur) · Les événements en chirurgie cardiaque (troubles de la coagulation post-CEC, réaction à la protamine,…) · Les événements en obstétrique (voies aériennes difficiles, prééclampsie, hémorragie postpartum,…) · Les événements pédiatriques (l’hémorragie aigue, l’obstruction des voies aériennes, la bradycardie,…) Dans un cursus de formation de deux ans, il serait illusoire de vouloir vivre toutes ces situations en simulation, la préparation de tous ces scénarios et leur réalisation demanderait un temps colossal, aussi bien pour les formateurs, que pour les participants. La deuxième source qui a retenu mon intérêt est la liste de scénarios de simulation en anesthésie-réanimation (22) qu’a publié L’HAS sur son portail : · Toxicité des anesthésiques locaux · Syndrome coronarien aigu · Laryngospasme Page 14/22 · · · · · · · · · · · · · · · · · · Hyperthermie maligne Choc hémorragique Erreur de seringue ACR : FV réfractaire Bronchospasme et syndrome coronarien AG estomac plein Asthme aigu grave Embolie gazeuse Tamponade postcardiaque Problème sonde intubation TC grave Choc anaphylactique PNO suffocant Asthme grave Hyperthermie maligne Bronchospasme pédiatrie Choc hémorragique pédiatrie Laryngospasme pédiatrie 21 situations critiques y figurent, dont la plupart se trouvent également dans le catalogue des 99 événements cités plus haut. La 3ème source de références est israélienne (13). Les examinateurs israéliens ont défini les situations cliniques suivantes comme cas d’examen : · · · · · La prise en charge du polytraumatisé dans une salle d’urgence selon les lignes directrices de l’ATLS La prise en charge de l’arrêt cardiaque selon les directives de l’ACLS La gestion de crises au bloc opératoire, lors d’une anesthésie, comme par exemple une crise hypertensive pendant une induction Le réglage de la ventilation mécanique, avec l’interprétation de gazométries La gestion d’une anesthésie locorégionale avec un patient standardisé, se plaignant de douleurs à l’injection et présentant des convulsions peu après Les situations cliniques que doit savoir affronter un médecin en fin de formation peuvent être comparées à celles que peut rencontrer un infirmier anesthésiste ? Dans la pratique, ce dernier est souvent seul en salle. Le référentiel de formation (8) est clair par rapport à l’attitude attendue dans ce type de situation : l’infirmier-anesthésiste (en formation) doit reconnaître les situations avec menace pour la vie du patient, planifier les mesures prioritaires requises, solliciter les ressources nécessaires, et évaluer l’efficacité des mesures prises. La seule nuance est apportée par le niveau taxonomique attendu en fonction du moment de la formation. La 4ème source de référence est infirmière (23), et me conforte dans ma réflexion. Robert Rouderadjam, infirmier anesthésiste chargé de formation et formateur en simulation décrit un programme de formation par la simulation sur les 24 mois du cursus des infirmiers en formation d’anesthésie avec le déroulement suivant (en parenthèses est indiquée la formation certifiante correspondante, mais pas nécessairement effectuée dans cet hôpital) : En 1ère année (par ordre chronologique) : · ventilation au masque facial et intubation · accueil patient, induction standard Page 15/22 · · · · induction en séquence rapide avec/sans complications massage cardiaque externe et défibrillation (BLS-AED) pose du masque laryngé avec/sans complications éveil et extubation avec/sans complications En 2ème année (par ordre chronologique) : · induction par inhalation en anesthésie pédiatrique avec/sans complications · réanimation cardio-pulmonaire adulte en et au-dehors du bloc opératoire (ACLS – ALS) · réanimation cardio-pulmonaire pédiatrique en et au-dehors du bloc opératoire (PALS) La règle est que les étudiants doivent avoir effectuer une fois les gestes sur le simulateur avant de les réaliser sur un patient, répondant ainsi à l’une des propositions de la HAS (5) : La formation par les méthodes de simulation en santé doit être intégrée dans tous les programmes d’enseignement des professionnels de santé à toutes les étapes de leur cursus (initial et continu). Un objectif éthique devrait être prioritaire : « jamais la première fois sur le patient ». Comme on peut le voir dans le programme genevois, les compétences attendues par les infirmiers-anesthésistes sont complexes, et notamment en situations d’urgence. On demande aux futurs professionnels de savoir gérer les situations habituelles en anesthésie, mais aussi leurs complications. Dans le cas de la réanimation, on demande de connaître des compétences basiques en 1ère année, mais en deuxième année, ce sont des compétences avancées qui sont attendues, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant Enfin, le Professeur Pierre-Guy Chassot, dans le Précis d’anesthésie cardiaque (24), a étudié la sécurité en anesthésie. Selon une étude française qu’il cite7, 12% des décès surviennent à l’induction, 26 % pendant le maintien de l’anesthésie et 62 % au réveil de l’anesthésie ou dans la période post-opératoire. Les causes principales sont l’ischémie coronarienne, la broncho-aspiration et l’hypovolémie-anémie. J’ai décidé de faire une synthèse de ces différentes sources et de réaliser une liste de situations cliniques8. J’ai ensuite transmis cette liste à des collègues médecins anesthésistes et infirmiers anesthésistes. 12 infirmiers anesthésistes et 8 médecins anesthésistes ont répondu au questionnaire. Je leur ai demandé de classer les 20 situations qu’un infirmier anesthésiste devrait reconnaître et savoir traiter (dans une certaine marge de compétence) en fin de formation. J’ai effectué moi-même l’exercice et j’ai ensuite effectué le classement des 28 situations les mieux classées9 (7 points sur un maximum de 20, soit la moitié des points obtenus par la situation la plus citée) Ces situations constitueront les scénarios de simulation qui seront entraînés en simulation et, dans des contextes différents, seront les cas d’examen. 7.5. Rédaction des scénarios et établissement des grilles d’évaluation Pour chaque situation aigüe, un scénario correspondant va être écrit et sera accompagné d’une évaluation détaillée selon la grille utilisée par l’ERC10 pour les examens ALS. Les scénarios 7 Lienhart A, Auroy Y, Pequignot F, et al., Survey of anesthesia-related mortality in France. Anesthesiology 2006 ; 105 :1087-97 8 Annexe 1 : liste des situations cliniques en anesthésie 9 Annexe 2 a-b-c : liste des situations cliniques classées par ordre d’importance selon les infirmiers, les médecins, et les deux corporations ensemble 10 Annexe 3 a+b : feuille d’examen type ERC pour formation ALS Page 16/22 et les compétences attendues seront de complexité croissante en fonction de la période de formation. La simulation ne peut servir comme épreuve sommative que si les participants sont formés en simulation lors de séances précédentes et qu’ils ont acquis les connaissances et les compétences nécessaires à mener à bien ces prises en charge. Il convient donc de travailler ces situations de différentes manières (ateliers pratiques, cours théoriques, scénarios avec des situations semblables, étude de cas clinique) avant le jour de l’examen. L’évaluation sommative ne doit servir qu’à vérifier une acquisition de compétences et de connaissances, car il n’est pas légitime de mettre les étudiants dans une situation totalement nouvelle pour eux, sans base théorique et/ou pratique. Un programme de formation devra donc accompagner chaque scénario d’examen afin d’être sûr que l’étudiant a les ressources pour assumer la situation qu’il rencontrera. Le premier scénario qui servira de modèle pour les autres est celui de l’arrêt cardiocirculatoire11. Ce thème permet de créer de nombreux scénarios d’entraînement, comme des cas d’examen pour chacun des semestres de formation. Reprenant les aspects psychométriques de l’évaluation sommative en simulation décrits par Jean-Paul Fournier et Jacques Levraut, chaque scénario sera accompagné d’une grille d’évaluation12 mentionnant toutes les actions à réaliser. Comme pour l’examen israélien, le test sera réussi si 70 % des critères seront atteints. Un tableau d’évaluation globale, reprenant les critères du prestataire de formation (figure 1) permettra d’apporter une vision croisée des performances de l’étudiant, et garantit ainsi que le score obtenu a une bonne validité intrinsèque et extrinsèque. Chaque apprenant sera évalué sur 4 à 5 scénarios avec la présence de 2 évaluateurs formés à la simulation, afin de garantir une bonne généralisation des situations examinées. La recherche littéraire des situations aigues en anesthésie et le classement fait par les médecins et infirmiers anesthésistes permettent de garantir que les scénarios peuvent être facilement extrapolés à la pratique professionnelle et reflètent bien les situations que doivent connaître des infirmiers anesthésistes en fin de formation. Une synthèse des différentes évaluations permettra de rédiger l’évaluation finale. 7.6. Déroulement du projet Durant chaque semestre, différents modes de formation sont programmés pour les PFA. Des enseignements cliniques en salle d’opération, des ateliers pratiques permettant d’être à l’aise avec le matériel, ainsi des séances de simulation sont prévues. L’objectif est que les situations abordées lors de l’examen aient été vues ou discutées lors d’une formation antérieure. Un dossier contenant toutes les actions de formation avec leur contenu est rédigé et actualisé pour chaque étudiant. À la fin du semestre, cinq situations seront choisies comme cas d’examen. Ces séances de simulation d’examen seront filmées et permettront aux formateurs de revoir des séquences afin de confirmer ou d’infirmer leur jugement. Lors de cette journée, seul un débriefing formatif sera donné à l’étudiant. Le programme de formation et d’évaluation sera donné à l’étudiant en début de formation et la liste de toutes les situations critiques (selon l’annexe 1) leur sera distribuée. 8. Evaluation en simulation dans les professions de la santé en formation continue Si le concept de l’évaluation sommative en formation initiale est facilement acceptable, il n’en est pas de même en formation continue. Les professionnels, médecins ou infirmiers 11 12 Annexe 4 a+b : scénario d’arrêt cardiaque (1er et 3ème semestre) Annexe 5 a+b : feuille d’évaluation du scénario de l’arrêt cardiaque (1er et 3ème semestre) Page 17/22 anesthésistes, ne sont pas encore prêts à se faire évaluer par des pairs sur leurs compétences professionnelles. Avant de parler de recertification obligatoire, validée par un examen sur simulateur par exemple, il est plus urgent de développer un concept de formation continue obligatoire. La formation tout au long de la vie, ou le « long life learning », appelée en France le Développement Professionnel Continu (DPC) n’est pas encore un fait établi dans les professions de la santé, en tous cas en Suisse. Si la formation continue est fortement encouragée par les fédérations nationales (la FSIA13 pour la Suisse), elle n’est pas encore une évidence pour les institutions hospitalières. Dans le meilleur des cas, un minimum de 2 ou 3 jours de possibilité de formation et par employé est garanti par convention collective. C’est au professionnel de chercher la formation qui l’intéresse et de demander à son institution le financement et la possibilité de quitter sa place de travail pour y assister. Pour les médecinsanesthésistes suisses, il est obligatoire d’obtenir 50 crédits-points de formation continue par année. Une heure de formation continue correspond à un crédit-point. Sur le plan des infirmiers-anesthésistes, la FSIA a mis au point un système de reconnaissance des formations, et attribue des crédits-points aux formations qui en font la demande. Cependant, aucune loi ou aucun règlement professionnel n’oblige l’infirmier-anesthésiste suisse à continuer à se former après l’obtention de son diplôme en anesthésie. La formation continue étant financée par les institutions de soins (hôpitaux ou cliniques privées), celles-ci ne sont pas très pressées de réglementer cette formation continue. Cette dernière est considérée au mieux comme un droit, mais pas encore comme un devoir. Dans ce contexte, l’évaluation sommative en formation continue, et à fortiori, en simulation en formation continue est bien sûr prématurée, en tous cas en ce qui concerne les infirmiers anesthésistes suisses. En France, d’après le rapport de l’HAS, l’évaluation formative en simulation est peu développée, voire inexistante. Pourtant, dans les pays anglo-saxons, la recertification est la règle pour de nombreuses professions, dont celles du milieu de la santé (25). Pour certaines spécialités médicales, elle est facultative, pour d’autres, elle est obligatoire. Aux Etats-Unis, les anesthésistes l’entreprennent en milieu de carrière. Les établissements ayant une proportion importante de médecins certifiés ont un taux de mortalité plus bas. En Grande-Bretagne, la recertification est obligatoire depuis peu. Au Canada, elle est facultative, sauf dans certains états comme l’Ontario. L’attribution de crédits-points nécessaire pour valider un cycle de formation continue encourage les praticiens à suivre des formations par la simulation, puisqu’elles rapportent 3 x plus de points que les formations conventionnelles. Toutefois, la simulation est utilisée avec une évaluation formative, rarement sommative. L’une des difficultés est que le participant n’est plus un novice plus ou moins formé, mais un praticien expérimenté. Le formateur en simulation, et donc l’évaluateur, doit avoir une compétence clinique réelle et crédible. Cette problématique rencontrée entre médecins est la même lorsque j’anime des séances de simulation avec mes collègues infirmiers anesthésistes ou avec des médecins juniors (internes). La situation évoquée lors de la simulation doit être maîtrisée par le formateur. Une recherche des bonnes pratiques et une validation par un médecin anesthésiste expert de la spécialité est indispensable. En France, même si la simulation se développe de plus en plus, elle reste encore l’apanage des centres universitaires. Le manque de disponibilité de cette technique l’empêche de s’imposer comme moyen de recertification. Par conséquent, l’évaluation sommative en formation continue lors de simulations n’est pas un sujet 13 FISA : Fédération Suisse des Infirmiers Anesthésistes, www.siga-fsia.ch Page 18/22 d’actualité. Il y a encore un important chemin à parcourir, aussi bien en France qu’en Suisse, avant d’y arriver. 9. Conclusion La simulation en santé s’impose petit à petit comme une méthode pédagogique innovante, permettant un apprentissage facilité et dont les connaissances et compétences apprises perdurent dans le temps. Dans certains pays, et notamment en Amérique du Nord, la simulation est utilisée également dans l’évaluation sommative en formation initiale, en reproduisant des situations cliniques avec des patients standardisés (ECOS), ou avec des mannequins de moyenne ou haute fidélité. La première limite de ce concept est l’accès à ces techniques, qui sont le plus souvent réservées aux centres universitaires ou aux écoles paramédicales. Leur coût important en matériel et en ressources humaines reste encore le principal frein de leur développement. Avant d’imaginer une recertification en simulation, il convient pour chaque profession médicale et paramédicale de se déterminer sur une formation continue obligatoire afin de garantir le maintien et l’amélioration des compétences. Le développement professionnel continu (DlPC) ou le « Long-life-learning » obligatoire, et notamment par la simulation, est une première étape dans la recertification professionnelle. A plus long terme, et pour autant que la simulation puisse se développer en dehors des centres universitaires, elle pourra être utilisée pour recertifier les médecins et les infirmiers anesthésistes. L’évaluation de l’acquisition des connaissances, des compétences et des attitudes fait d’ailleurs partie intégrante du deuxième niveau de l’échelle de Kirpartrick. L’innovation est que cette évaluation prenne un caractère sommatif, ce qui implique de définir auparavant ce qui sera admis comme performance suffisante, en utilisant des outils d’évaluation de la meilleure validité. L’utilisation de la vidéo afin de visionner des séquences pendant lesquelles les prestations des participants ont paru limites, ou insuffisantes est certainement utile. Mais avant cette étape, il faut d’abord que la simulation devienne une partie intégrante de leur formation continue. Pour accélérer le processus, des travaux de recherche sur la simulation devront démontrer que la formation et l’évaluation par la simulation améliorent non seulement les compétences des professionnels formés à ces techniques, mais également les soins aux patients. Sur ce dernier point, la littérature actuelle est très pauvre et demande à être développée. Jacques Berthod « Dis-moi ce que tu évalues, je te dirai ce que tu enseignes » Claudine Garcia-Debanc Page 19/22 9. Bibliographie (1) L’évaluation de la formation dans l’entreprise : état de la question et perspectives, Alain Dunberry, Céline Péchard (http://www.cpmt.gouv.qc.ca/publications/pdf/RECHERCHE_T3_Dunberry_Pech ard.pdf) (2) Pédagogie ou Andragogie, Jean-René Legris, (http://www.cedip.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/fichetech2_cle73e3ab-2.pdf), (3) Quelques éléments fondamentaux sur l’évaluation, F. Campanale (http://webcom.upmf-grenoble.fr/sciedu/pdessus/sapea/evaluationcampeval.pdf) (4) Evaluation formative, F. Dubouchet h/fdubou/staf11/ex1/evaluation.html) (5) L’évaluation en stage, Haute Ecole de la Santé, la Source, Lausanne (http://www.hesav.ch/docs/default-source/relations-internationales-docs/soinsinfirmiers/formation-pratique/praticiens-formateurs/l-39-évaluation_cours-pourréférents_oct2013.pdf?sfvrsn=2) (6) Pillonel, M. & Rouiller, J. (2002). Faire appel à l’auto-évaluation pour développer l’autonomie de l’apprenant, Résonances, 7, 28-31 (https://www.unige.ch/fapse/life/textes/Pillonel_Rouiller_A2002_01.html) (7) L’évaluation diagnostique, Enseigner les Sciences Physiques - de la 3ème à la Terminale, par Dominique Courtillot & Mathieu Ruffenach, Editions Bordas (http://www.danielhuilier.fr/Enseignement/IUFM/Documents_Pedagogiques/Livre_Courtillot-ESP3T/ESP_Courtillot_PartieI_ChapIII.PDF) (8) Référentiel des études post-diplôme en soins d’anesthésie, novembre 2015, CHUV, Suisse (http://www.chuv.ch/internet-for-docs/cfo_referentiel_epd_si_sa.pdf) (9) Rapport de mission, Etat de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé, janvier 2012, Haute Autorité de la Santé (http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201201/simulation_en_sante_-_rapport.pdf) (10) La sécurité en anesthésie, Précis d’anesthésie cardiaque, PG Chassot (http://www.pac4.ch/Chapitre2/Lasecenanesth.html) (11) Guide du développement et des compétences des pilotes, Direction générale de l’Aviation Civile et Direction de la sécurité de l’Aviation Civile, décembre 2014 http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/1(Guide_Developpement_et_evaluation_competences_pilotes_BD_web.pdf) (12) The use of a human patient simulator in the evaluation of and development of a (http://tecfaetu.unige.ch/staf/staf- Page 20/22 remedial prescription for an anesthesiologist with lapsed medical skills. Rosenblatt MA1, Abrams KJ; New York State Society of Anesthesiologists, Inc; Committee on Continuing Medical Education and Remediation; Remediation Sub-Committee. Anesth Analg. 2002 Jan;94(1):149-53 (13) Incorporating Simulation-Based Objective Structured Clinical Examination into the Israeli National Board Examination in Anesthesiology, Haim Berkenstadt, MD, Amitai Ziv, MD, MHA, Naomi Gafni, PhD, and Avner Sidi, MD, Jerusalem Israël ; Anesth Analg 2006;102:853–8 (http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.113.2122&rep=rep1&t ype=pdf) (14) Guide pour les examens des compétences cliniques (ECOS) à l’usage des évaluateurs, Université de Fribourg (http://www.unifr.ch/clinicalskills/assets/files/Examens/guide%20eval.pdf) (15) Examen clinique à objectifs structurés, Karine Lavoie, sept. 2013 (http://www.heds-fr.ch/FR/ecole/partenairesliens/Documents/Evaluation_Clinique_Objectif_standardise_ECOS.pdf) (16) Anesthesia Clinical Core Competencies and High Fidelity Human Simulation Jeffrey Colby James University of Tennessee – Knoxville, (http://trace.tennessee.edu/utk_graddiss/3139/) (17) La simulation en Santé, de la théorie à la pratique, Sylvain Boet, Jean-Claude Granry, Georges Savoldelli, Editions Springer 2013, chap. 25 : Intérêts et limites de la simulation pour l’évaluation certificative des professionnels de santé, E. Wiel, F. Nunes, E. Cluis, G. Lebuffe, p. 245 - 255 (18) L’évaluation des étudiants en médecine par la simulation, Pr Régis Coutant, Angers (http://www.afsarmu.fr/wp-content/uploads/2014/04/Evaluation-desétudiants.pdf) (19) La simulation en Santé, de la théorie à la pratique, Sylvain Boet, Jean-Claude Granry, Georges Savoldelli, Editions Springer 2013, chap. 26 : Simulation et évaluation en éducation médicale : Aspects psychométriques, JP Fournier et J Levraut, p.257-265 (20) Sensibilité et spécificité des tests en statistique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sensibilité_et_spécificité (21) Crisis Management in Anesthesiology, David M. Gaba, Kevin J. Fish, Steven K. Howard, Amanda R. Burbden, Edtions Elsevier, second edition, 2015 (22) Exemple de liste de scéanarios de simulation en anesthésie-réanimation pour concevorir des programmes de simulation (http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201301/04_exemple_de_liste_de_scenarios_de_simulation_en_anesthesiePage 21/22 reanimation_pour_concevoir_des_programmes_de_simulation.pdf) 10. (23) La simulation en Santé, de la théorie à la pratique, Sylvain Boet, Jean-Claude Granry, Georges Savoldelli, Editions Springer 2013, chap. 11 : Simulation et formation dans le domaine des soins infirmiers, R. Rouderadjam et S. Dorsaz, p. 99-107 (24) Morbi-mortalité en anesthésie, Pr. PG Chassot (http://www.pac4.ch/Chapitre2/Mortalanesth.html) (25) La simulation en Santé, de la théorie à la pratique, Sylvain Boet, Jean-Claude Granry, Georges Savoldelli, Editions Springer 2013, chap. 27 : Place de la simulation dans la recertification des professions de la santé, L. Beydon, B. Dureuil, A. Steib , p.267-276 Annexes 1. liste des situations cliniques en anesthésie 2. a-b-c: liste des situations cliniques classées par ordre d’importance selon les infirmiers, les médecins, et les deux corporations ensemble 3. a+b: feuille d’examen type ERC pour formation ALS 4. a+b : scénario d’arrêt cardiaque (1er et 3ème semestre) 5. a+b : feuille d’évaluation du scénario de l’arrêt cardiaque (1er et 3ème semestre) Page 22/22 Annexe no 1 : liste des situations critiques en anesthésie Situations critiques en anesthésie Dans le cadre de mon travail de mémoire pour le DU de formateur à l’enseignement de la médecine sur simulateur, je souhaite répertorier les situations aigues que devrait savoir reconnaître et traiter (dans une certaine marge de compétences) un infirmier-anesthésiste en fin de formation. Dans les différentes listes ci-dessous, veuillez mettre une croix devant les 20 situations que vous estimez les plus importantes de maîtriser en anesthésie. Vous pouvez d’autres cas cliniques à rajouter si vous le désirez. Veuillez indiquer votre formation professionnelle : Infirmier-ère anesthésiste Médecin-anesthésiste Autre (précisez) :……….. 1. Situations critiques liés au matériel Erreur de médicament Problème sonde d’intubation Valve inspiratoire-expiratoire défectueuse Valve APL bloquée en position ouverte Évacuation des gaz anesthésistes en panne Panne électrique Panne d’alimentation en oxygène Panne d’alimentation en air comprimé Défaut d’administration des hallogénés Mélangeur de gaz électronique en panne Perfusion paraveineuse Fuite importante dans le circuit ventilatoire Chaux sodée non-fonctionnelle (saturée ou shuntée) Hernie du ballonnet du tube endotrachéal Fuite du ballonnet du tube endotrachéal Annexe no 1 : liste des situations critiques en anesthésie 2. Situations critiques liées au patient A : Airways Ventilation et intubation difficile -> impossible Intubation oesophagienne Epiglottite Oedème voies aériennes supérieures Extubation accidentelle (en différentes positions opératoires) Laryngospasme en pédiatrie Bronchospasme Obstruction des voies aériennes par un corps étranger B : Breathing Pneumothorax sous tension Crise d’asthme Bronchoaspiration Intubation sélective accidentelle Hypercarbie Hypoxie sous AG Hypoxie sous intubation unipulmonaire Stridor post-opératoire Embolie pulmonaire Haute pression inspiratoire en ventilation mécanique C : Cardiovasculaire Bradycardie sinusale Hypertension per anesthésique Tachycardies supraventriculaires Tachycardies ventriculaires Blocs atrio-ventriculaires Arrêt cardio-circulatoire Choc hypovolémique Choc septique Choc cardiogénique Choc distributif Tamponnade Syndrome coronarien aigu et infactus péri-opératoire Annexe no 1 : liste des situations critiques en anesthésie D : Neurologique Réveil prolongé Intoxications aux AL locaux TCC Coma post-opératoire E : Environnement – Autres causes – Troubles métaboliques Décompensation diabétique (acido-cétose) Hyperkaliémie Hypokaliémie Hypoglycémie Hypothermie Hyperthermie maligne Réaction transfusionnelle Vasoplégie sur protamine 3. Situations critiques liées à la chirurgie Embolie gazeuse en laparoscopie Pré-éclampsie et éclampsie Hémorragie du post-partum (ou de la délivrance) Trachétomie en urgence en ventilation spontanée 1. Situations critiques liés à l’anesthésie Rachianesthésie inefficace lors de césarienne Anesthésie rachidienne totale Induction chez patient obèse en urgence Patient non ventilable au masque laryngé Curarisation résiduelle en fin d’opération Lâchage de garrot sous anesthésie endo-veineuse MERCI BEAUCOUP POUR VOTRE COLLABORATION Jacques Berthod Annexe no 2-a: Classement infirmier des situations critiques en anesthésie INFIRMIERS Arrêt cardio-circulatoire Intubation sélective accidentelle Choc hypovolémique Panne d’alimentation en oxygène Extubation accidentelle (en différentes positions Intoxications aux AL locaux Fuite importante dans le circuit ventilatoire Ventilation et intubation difficile -> impossible Intubation oesophagienne Laryngospasme en pédiatrie Bronchospasme Embolie gazeuse en laparoscopie Curarisation résiduelle en fin d’opération Fuite du ballonnet du tube endotrachéal Pneumothorax sous tension Embolie pulmonaire Hypothermie Hémorragie du post-partum (ou de la délivrance) Rachianesthésie inefficace lors de césarienne Induction chez patient obèse en urgence Patient non ventilable au masque laryngé Perfusion paraveineuse Oedème voies aériennes supérieures Obstruction des voies aériennes par un corps étranger Bronchoaspiration Hypoxie sous AG Hypoxie sous intubation unipulmonaire Stridor post-opératoire Tachycardies ventriculaires Choc septique Choc cardiogénique Choc distributif Tamponnade Syndrome coronarien aigu et infactus péri-opératoire Trachétomie en urgence en ventilation spontanée Lâchage de garrot sous anesthésie endo-veineuse Erreur de médicament Problème sonde d’intubation Crise d’asthme Hypercarbie Haute pression inspiratoire en ventilation mécanique Réveil prolongé TCC Hypoglycémie Pré-éclampsie et éclampsie Anesthésie rachidienne totale MEDECINS TOTAUX 9 8 8 7 5 5 2 4 14 13 10 11 7 7 6 6 6 6 6 6 6 5 5 5 5 5 5 5 5 7 5 1 5 6 4 3 3 4 5 3 0 2 6 4 3 1 14 12 7 11 12 10 9 9 10 10 8 5 7 11 9 8 6 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 4 2 2 4 3 2 2 2 2 1 2 4 3 3 2 6 6 3 2 3 2 0 1 3 4 8 6 6 8 7 6 6 6 6 5 6 8 7 7 6 9 9 6 5 6 5 3 4 6 7 Annexe no 2-a: Classement infirmier des situations critiques en anesthésie Panne d’alimentation en air comprimé Bradycardie sinusale Hypertension per anesthésique (labileté hémodynamique) Agitation post-opératoire Hyperkaliémie Hyperthermie maligne Réaction transfusionnelle Valve inspiratoire-expiratoire défectueuse Valve APL bloquée en position ouverte Panne électrique Chaux sodée non-fonctionnelle (saturée ou shuntée) Panne analyse des gaz Epiglottite Lésions sur mandrin béquillé Haut volume en pression contrôlé Tachycardies supraventriculaires Coma post-opératoire Décompensation diabétique (acido-cétose) Vasoplégie sur protamine Troubles de la crase Embolie au liquide amniotique Césarienne urgente impiquable Évacuation des gaz anesthésistes en panne Défaut d’administration des hallogénés Mélangeur de gaz électronique en panne Hernie du ballonnet du tube endotrachéal Déconnection du circuit respiratoire Régurgitation sur intubation en séquence rapide Blocs atrio-ventriculaires Hypokaliémie 2 2 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 3 1 1 0 1 4 4 3 1 5 0 0 1 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 2 2 1 1 1 1 0 5 3 3 2 3 6 6 4 2 6 1 1 2 1 1 2 2 1 1 1 1 1 0 2 2 1 1 1 1 0 Annexe 2-b : Classement médical des situations critiques en anesthésie INFIRMIERS Extubation accidentelle (en différentes positions Intubation oesophagienne Hémorragie du post-partum (ou de la délivrance) Erreur de médicament Problème sonde d’intubation Arrêt cardio-circulatoire Intubation sélective accidentelle Intoxications aux AL locaux Ventilation et intubation difficile -> impossible Fuite du ballonnet du tube endotrachéal Panne électrique Panne d’alimentation en oxygène Laryngospasme en pédiatrie Curarisation résiduelle en fin d’opération Rachianesthésie inefficace lors de césarienne Perfusion paraveineuse Bronchoaspiration Tamponnade Anesthésie rachidienne totale Hyperthermie maligne Réaction transfusionnelle Bronchospasme Embolie gazeuse en laparoscopie Pneumothorax sous tension Induction chez patient obèse en urgence Hypoxie sous AG Syndrome coronarien aigu et infactus péri-opératoire Trachétomie en urgence en ventilation spontanée Crise d’asthme Haute pression inspiratoire en ventilation mécanique Pré-éclampsie et éclampsie Panne d’alimentation en air comprimé Valve inspiratoire-expiratoire défectueuse Choc hypovolémique Hypothermie Oedème voies aériennes supérieures Obstruction des voies aériennes par un corps étranger Hypoxie sous intubation unipulmonaire Stridor post-opératoire Tachycardies ventriculaires Choc septique Choc distributif Lâchage de garrot sous anesthésie endo-veineuse Hypercarbie Réveil prolongé MEDECINS TOTAUX 7 6 5 3 7 6 6 6 14 12 11 9 3 9 8 7 6 5 1 7 6 6 5 4 4 4 3 2 2 6 5 5 5 5 5 5 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 9 14 13 12 11 10 6 11 10 10 9 8 8 8 7 6 6 6 6 5 5 4 4 4 3 3 3 2 1 8 5 4 4 4 4 4 4 4 4 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 9 9 8 8 7 7 7 6 6 6 5 4 10 7 6 6 6 6 6 6 6 6 5 5 Annexe 2-b : Classement médical des situations critiques en anesthésie Défaut d’administration des hallogénés Mélangeur de gaz électronique en panne Fuite importante dans le circuit ventilatoire Patient non ventilable au masque laryngé Choc cardiogénique Hypoglycémie Bradycardie sinusale Hypertension per anesthésique (labileté hémodynamique) Hyperkaliémie Valve APL bloquée en position ouverte Epiglottite Tachycardies supraventriculaires Coma post-opératoire Hernie du ballonnet du tube endotrachéal Déconnection du circuit respiratoire Régurgitation sur intubation en séquence rapide Blocs atrio-ventriculaires Embolie pulmonaire TCC Agitation post-opératoire Chaux sodée non-fonctionnelle (saturée ou shuntée) Panne analyse des gaz Lésions sur mandrin béquillé Haut volume en pression contrôlé Décompensation diabétique (acido-cétose) Vasoplégie sur protamine Troubles de la crase Embolie au liquide amniotique Césarienne urgente impiquable Évacuation des gaz anesthésistes en panne Hypokaliémie 0 0 6 5 4 3 2 2 2 1 1 1 1 0 0 0 0 5 3 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 7 6 5 4 3 3 3 2 2 2 2 1 1 1 1 5 3 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 Annexe 2-c : Classement global des situations critiques en anesthésie INFIRMIERS Extubation accidentelle (en différentes positions Arrêt cardio-circulatoire Intubation sélective accidentelle Intubation oesophagienne Intoxications aux AL locaux Hémorragie du post-partum (ou de la délivrance) Ventilation et intubation difficile -> impossible Panne d’alimentation en oxygène Fuite du ballonnet du tube endotrachéal Laryngospasme en pédiatrie Curarisation résiduelle en fin d’opération Choc hypovolémique Erreur de médicament Problème sonde d’intubation Rachianesthésie inefficace lors de césarienne Bronchospasme Embolie gazeuse en laparoscopie Perfusion paraveineuse Bronchoaspiration Tamponnade Pneumothorax sous tension Induction chez patient obèse en urgence Anesthésie rachidienne totale Hypoxie sous AG Syndrome coronarien aigu et infactus péri-opératoire Trachétomie en urgence en ventilation spontanée Hypothermie Fuite importante dans le circuit ventilatoire Panne électrique Hyperthermie maligne Réaction transfusionnelle Crise d’asthme Haute pression inspiratoire en ventilation mécanique Pré-éclampsie et éclampsie Oedème voies aériennes supérieures Obstruction des voies aériennes par un corps étranger Hypoxie sous intubation unipulmonaire Stridor post-opératoire Tachycardies ventriculaires Choc septique Choc distributif Lâchage de garrot sous anesthésie endo-veineuse Patient non ventilable au masque laryngé Panne d’alimentation en air comprimé Hypercarbie MEDECINS TOTAUX 7 9 8 6 7 5 5 6 14 14 13 12 7 5 6 7 5 6 6 8 3 3 5 6 6 4 4 4 5 5 6 5 4 5 4 4 2 6 6 4 3 3 4 4 4 3 12 11 11 11 10 10 10 10 9 9 9 9 9 8 8 8 8 5 3 4 4 4 5 6 1 2 2 3 3 3 4 4 4 4 4 4 4 4 5 2 3 3 4 3 3 3 2 1 5 4 4 3 3 3 2 2 2 2 2 2 2 2 1 3 2 8 7 7 7 7 7 7 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 5 5 Annexe 2-c : Classement global des situations critiques en anesthésie Réveil prolongé Choc cardiogénique Embolie pulmonaire Valve inspiratoire-expiratoire défectueuse Hypoglycémie Bradycardie sinusale Hypertension per anesthésique (labileté hémodynamique) Hyperkaliémie TCC Défaut d’administration des hallogénés Mélangeur de gaz électronique en panne Valve APL bloquée en position ouverte Epiglottite Tachycardies supraventriculaires Coma post-opératoire Agitation post-opératoire Hernie du ballonnet du tube endotrachéal Déconnection du circuit respiratoire Régurgitation sur intubation en séquence rapide Blocs atrio-ventriculaires Chaux sodée non-fonctionnelle (saturée ou shuntée) Panne analyse des gaz Lésions sur mandrin béquillé Haut volume en pression contrôlé Décompensation diabétique (acido-cétose) Vasoplégie sur protamine Troubles de la crase Embolie au liquide amniotique Césarienne urgente impiquable Évacuation des gaz anesthésistes en panne Hypokaliémie 3 4 5 1 3 2 2 2 3 0 0 1 1 1 1 2 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 2 1 0 3 1 1 1 1 0 2 2 1 1 1 1 0 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5 5 5 4 4 3 3 3 3 2 2 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 Annexe no 3 : feuille d'examen type ERC pour l'examen ALS Annexe no 4-a: arrêt circulatoire en salle de soins post-interventionnelle (niveau 1er semestre) Objectifs pédagogiques Médicaux : CRM : 1. Utilisation du ABCDE pour l’évaluation 1. identification gravité cas (appel à l’aide) clinique du patient qui s’aggrave 2. répartition des rôles 2. Reconnaissance de l’arrêt cardiaque 3. travail d’équipe 4. prise de décision 3. Massage cardiaque et ventilation efficace 4. Défibrillation précoce 5. Administration des médicaments de la réanimation dans le bon timing Objectifs secondaires - connaissance algorithmes de l’ACR causes réversibles de l’ACR traitement post-réanimation (coronographie et dilatation ) Briefing Etat initial – Briefing : Patient de 60 ans, tabagique 50 UPA, HTA ttt par beta-bloquant, a été opéré d’une cholécystectomie par laparatomie. Il est arrivé depuis 20 minutes, et somnolent mais est réveillable à l’appel. Vous remplacez votre collègue qui est parti en pause, et devez le prendre en charge. Renseignements obtenus après interrogatoire : douleurs 6/10, pertes de sang pas connues, opération plus longue que prévu (120 minutes), tendance à l’hypotension per-op, nombreuses injections de néosynéphrine per-op. Actuellement, TA 105/60, pls 88, sat 96 sous 4 l O2 1) 2) 3) 4) 5) Evolution du scénario appel du patient : « je ne me sens pas bien, j’ai mal » 2 minutes plus tard : « les douleurs augmentent, j’ai de la peine à respirer » 1 minute plus tard : ACR sur Fibrillation ventriculaire Après 3ème choc, 1 mg Adrénaline et 300 mg Cordarone => ROSC en SR Retour de conscience du patient avec paramètres stables Arrêt du scénario Formateurs, apprenants et rôles Annexe no 4-a: Poste de contrôle : une personne (commande de scénarios, et information clinique = briefing) Débriefing : 1 formateur + 1 médecin cadre Facilitateur : le médecin cadre appelé en renfort = 2ème formateur Nombre d’apprenants :1 infirmier anesthésiste, 2 autres infirmiers disponible sur appel Aide supplémentaire : 1 médecin cadre (sur appel ou si situation dépassée) Voix du simulateur : patient Préparation de la salle Environnement type : salle de SSPI avec médicaments prêts (atropine, éphédrine et néosynéphrine), Défibrillateur à proximité, bouton d’urgence Préparation physique du simulateur Equipement : patient avec une VVP fonctionnelle, 1er RL en cours, scopé (TA, sat, NIBP), lunettes O2 à 4 l Programmation du simulateur Base TA 105/60, pls 88, sat 96 sous 4 l O2, SR avec ESV Patient somnolent 0 TA 80/45, pls 110, sat 93 (en 5 minutes), 1er appel du patient : minute 0 ESV fréquentes et sus-décalage ST 2ème appel du patient : minute 5 1 FV (en 2 minutes) 2 TA 95/60, pls 95, sat 95, sus-décalage Patient répond à l’appel, respire spontanément présent 6 FIN DU SCENARIO Perte de conscience Annexe no 4 b: arrêt circulatoire en service de soins (niveau 3ème semestre) Objectifs pédagogiques Médicaux : CRM : 1. Utilisation du ABCDE pour l’évaluation 1. identification gravité cas (appel à l’aide) clinique du patient qui s’aggrave 2. répartition des rôles 2. Gestion de l’hypotension à causes 3. travail d’équipe 4. prise de décision multiples (Hémorragie + locorégionale) 3. Reconnaissance rapide de l’AESP 4. Réanimation commencée sans délai 5. Recherche des causes réversibles Objectifs secondaires - conduite de la réanimation tout en recherchant les causes possibles penser à l’intoxication aux AL traitement du choc hémorragique (remplissage, commande de sang, équipement : 2ème VVP, monitoring continu, cath artériel) Briefing Etat initial – Briefing : Service de nuit, Appel d’une infirmière d’étage pour une patiente de 60 ans opérée d’une laparotomie pour hystérectomie qui est sous ttt de péridurale. La TA est basse depuis le retour de salle d’op en fin d’après-midi. Le patient a de la peine de se remettre de la narcose. Demande d’aide pour évaluation si le ttt par péridurale n’est pas trop fort. Renseignements obtenus après interrogatoire : TA actuelle 85/45, pls 100, sat 96 sous 6l 02 Péridurale bupi 0.125 % d+ fentanyl à 6 ml/h. Pas de bolus reçu depuis le retour de salle. Pas de douleurs avec le ttt, Dermatome sensitif T4, pas de bloc moteur. Diurèse : 100 ml sur les 4 dernières heures 1) 2) 3) 4) 5) 6) Evolution du scénario arrivée en chambre, patiente somnolente, réveillable, non algique, mais très fatiguée 5 minutes plus tard, respiration plus faible, avec hypotension importante 1 minute plus tard : arrêt respiratoire en AESP Après deux cycles de massage cardiaque, et 1 mg Adrénaline => ROSC en SR Pas de retour de conscience, réaction à la douleur, respiration autonome insuffisante Décision de transférer la patiente en salle d’opération Arrêt du scénario Formateurs, apprenants et rôles Annexe no 4 b: Poste de contrôle : une personne (commande de scénarios, et information clinique = briefing) Débriefing : 1 formateur + 1 médecin cadre Facilitateur : un infirmier d’étage responsable du patient = 2ème formateur Nombre d’apprenants :1 infirmier anesthésiste, 1 infirmier d’étage (joué par un infirmier anesthésiste), Aide supplémentaire : 1 médecin cadre (sur appel ou si situation dépassée) Voix du simulateur : patiente Préparation de la salle Environnement type : chambre de patient, avec patient perfusé, aucun médicament prêt et pas de matériel de réanimation à disposition (ce matériel est disponible dans le service, ce qui nécessite des aller-retour pour aller le chercher) Préparation physique du simulateur Equipement : patiente avec une VVP fonctionnelle, 1er RL en cours, lunettes O2 à 6 l, pompe de péridurale qui coule à 6ml/h Programmation du simulateur Base TA actuelle 85/45, pls 100, sat 96 Patiente somnolente, mais réveillable 0 En 5 min : TA 60/35, pls 120, sat 89 Réaction à la douleur, respiration faible 1 En 1 min (AESP) : TA 0, pls 140, sat 0 Apnée, pas de réaction à la stimulation 2 Après 2 cycles, remplissage et adrénaline : TA 90/60, pls110, sat 95 Respiration faible (a besoin d’être assistée), réaction à la douleur 6 FIN DU SCENARIO Annexe 5a : 1. Grille d'évaluation du scénario ACR (1er semestre) Action entreprise excellent acceptable limite insuffisant approche ABCDE augmente 02, relève dossier vérifie accès veineux traite l'HypoTA (vasopresseur + perfusion) appel à l'aide administre de la morphine reconnaît ACR appelle à l'aide débute MCE et demande le défibrillateur met les électrodes multifonctions et analyse le rythme donne le 1er choc en sécurité fait reprendre le massage et la ventilation vérifie qualité MCE et la ventilation fait nouvelle analyse après 2 min donne le 2ème choc en sécurité fait reprendre le massage et la ventilation vérifie qualité MCE et la ventilation fait préparer adrénaline et cordarone recherche causes réversibles fait nouvelle analyse après 2 min donne le 3ème choc en sécurité administre l'adrénaline et la cordarone fait reprendre le massage et la ventilation fait arrêter le massage lors de réaction du patient recherche du pouls evaluation ABCDE ECG 12 dérivations et labo transfert en salle de coronagraphie compétences CRM répartit le travail pendant la réanimation fait changer le masseur chaque 2 minutes donne des ordres clairs et précis écoute les remarques des collaborateurs réduit les interruptions de MCE Evaluation globale selon les objectifs d'apprentissage selon le PEC, compétence 3.1 NMI NMP NMA NE Reconnaît la situation où la vie du patient est menacée et en les analysant de façon systématique et rapide En planifiant les mesures prioritaires d'urgence requises En exécutant sans délai les gestes nécessaires selon les algorithmes définis En sollicitant les ressources nécessaires en personnel spécialisé ainsi qu'en matériel et en appareils en évaluant l'efficacité des mesures de réanimation et les complète au besoins NI : niveau initial de maîtrise professionelle = novice NMP : niveau de maîtrise professionnelle partiel = capable NMA : niveau de maîtrise professionnelle affirmée = compétent NE : niveau d'expertise de maîtrise professionnelle = expert cible pour le 1er semestre Annexe 5b : 1. Grille d'évaluation du scénario ACR (3ème semestre) Action entreprise excellent acceptable limite insuffisant anamnèse auprès de l'infimier d'étage évaluation ABCDE de la patiente demande monitoring (ECG,TA, SAT) vérifie accès veineux et remplissage rapide traite l'hypoTA (vasopresseur) appel à l'aide (infirmier d'étage) arrêt de la PCEA (péridurale) reconnaît choc hémorragique appelle à l'aide (médecin anesthésiste + chirurgien) pose 2ème VVP, fait labo (FSS ou gazo veineuse) met oxygène à haut débit reconnaît AESP appel de l'équipe de réanimation fait débuter MCE et ventilation assure la ventilation si peu de ressources vérifie qualité MCE et la ventilation demande de préparer de l'adrénaline demande gazo en urgence, ou hémocue commande de flacons en urgence administre l'adrénaline dès qu'elle est prête fait nouvelle analyse après 2 min diagnostic de l'AESP fait reprendre le massage et la ventilation reçoit résultat de labo : confirme choc hypovolémique appelle salle d'op pour réserver une salle fait nouvelle analyse après 2 min diagnostic de l'AESP fait reprendre le massage et la ventilation fait arrêter le massage lors de réaction du patient recherche du pouls evaluation ABCDE ECG 12 dérivations transfert en salle d'op compétences CRM répartit le travail pendant la réanimation fait changer le masseur chaque 2 minutes donne des ordres clairs et précis écoute les remarques des collaborateurs réduit les interruptions de MCE Evaluation globale selon les objectifs d'apprentissage selon le PEC, compétence 3.1 NMI NMP NMA NE Reconnaît la situation où la vie du patient est menacée et en les analysant de façon systématique et rapide En planifiant les mesures prioritaires d'urgence requises En exécutant sans délai les gestes nécessaires selon les algorithmes définis En sollicitant les ressources nécessaires en personnel spécialisé ainsi qu'en matériel et en appareils en évaluant l'efficacité des mesures de réanimation et les complète au besoins cible pour le 3ème semestre