04 La Tour Info n° 6 – Juin 2006 Anesthésie Endormir la douleur L' anesthésie est la discipline médicale qui prend en charge la gestion de la douleur avant, pendant et après une intervention chirurgicale mais aussi, par exemple, lors d’accouchements. Le mot anesthésie vient du grec anaisthêsia qui signifie «insensibilité». Rendre insensible à la douleur signifie, en effet, priver le corps ou une partie du corps de sa sensibilité. Ne pas souffrir est un droit élémentaire pour chaque patient. A l’Hôpital de la Tour, tout est fait pour qu’il soit respecté. La question de la douleur fait du reste l’objet d’un groupe de réflexion et de travail spécialisé, baptisé Synapse. Douleur aux multiples visages Autocontrôle Le travail des médecins anesthésistes est tout en finesse quand il s’agit d’appréhender le besoin des patients, la douleur n’étant pas une donnée universelle, transposable et précisément quantifiable. Chaque individu la gère à sa manière, c’est pourquoi les professionnels distinguent la douleur, soit un message qui arrive au cerveau, de la souffrance, c’est-à-dire la façon de gérer cette dernière. Si la douleur n’est pas un élément précisément mesurable, une série de signes physiques – grimaces, activité cardiaque, tension, transpiration, agitation – facilement interprétables, fonctionnent comme indicateurs objectifs. Ils sont le plus souvent corrélés à l’échelle de la douleur, c’est-à-dire à une indication fournie par le patient lui-même qui doit situer l’intensité de son mal sur une échelle de 1 à 10. Cette échelle est surtout révélatrice au niveau du suivi puisqu’elle permet de mesurer les progrès faits dans la gestion du mal. Une méthode privilégiée lors d’opérations réputées douloureuses est la pose d’une PCA (Patient Contolled Analgesia). Il s’agit d’une pompe, installée en salle de réveil, avant que l’opéré ne sorte de la narcose. Le débit est réglé, et l’appareil dispense automatiquement une quantité prédéterminée de morphine ou de dérivés morphiniques. Au besoin, le patient peut actionner la pompe pour recevoir davantage de substance analgésique. De nombreux moyens pour soulager Les anesthésistes ont différents moyens à leur disposition pour soulager les patients. Les substances varient en fonction de l’âge et du type de chirurgie. Calmer la souffrance, c’est souvent d’abord calmer l’angoisse. Les mots et la présence restent, dans ce cas, le moyen le plus efficace. Pour calmer la douleur, pilules, injections, pompes, bloc nerveux dans la région opérée ou bloc centraux (péridurale) peuvent se combiner ou s’utiliser séparément. Enfanter dans la douleur ? C’est lors des accouchements que le rôle des médecins anesthésistes est le plus gratifiant. Ils sont bien souvent considérés comme des sauveurs par les parturientes ! Si pour des raisons physiologiques ou religieuses, certaines femmes préfèrent supporter la douleur de l’accouchement beaucoup de mères imminentes bénéficient d’une anesthésie péridurale, qu’elles accouchent par voie basse ou par césarienne. La péridurale s’effectue à la demande de l’accouchée et/ou de l’accoucheur. Ne pas enfanter dans la douleur facilite l’accouchement et favorise la relation psychique mère-enfant de même que de ne pas souffrir après une opération accélère le rétablissement. Propos recueillis auprès des Drs Polet et Aeberhard, anesthésistes